Chapitre 7 :
Harry mange avec délice les macarons que Ophiuchus Leto a apporté. Il essaie de ne pas gémir devant l'explosion de saveur qui éclate sous sa langue mais c'est difficile et il croit qu'il est amoureux pour la première fois de sa vie d'une denrée alimentaire.
-Ceux-là sont à la mélasse et au sésame noir, dit Leto en plaçant une assiette de macarons blancs et noirs juste sous son nez.
Harry bouge sa main dans leur direction avant même que son ancien élève n'ait terminé sa phrase.
-Bordel ! gémit-il après avoir croqué dans une de ses nouvelles merveilles.
A côté de lui, les doigts de O'Flaherty tambourinent impatiemment sur la table. Il grogne en lui jetant un regard mauvais : « -On pourrait peut-être en venir au but de la réunion ? A moins qu'elle ne consiste à voir Harry Potter molester des gâteaux.»
-On attend encore quelqu'un, répond Hermione.
Harry ne l'écoute qu'à moitié et s'en fiche de la mauvaise humeur de Devnet. Il vient de sortir d'une affaire épuisante et c'est sa première après-midi de libre depuis une éternité. En vérité, il aurait préféré rentrer chez lui et dormir mais il a déjà loupé les deux dernières réunions à cause du boulot et il n'est pas sûr qu'Hermione lui pardonne une troisième absence pour une cause aussi triviale que dormir.
Il se demande vaguement qui ils attendent. Leurs réunions pour l'association LGBTS ne comportent pas d'autres membres exclusifs que Hermione, Ron, Devnet, Ophiuchus et lui mais parfois Percy vient aussi, pour les questions juridiques. Donc Harry suppose qu'il est celui que tout le monde attend même s'il n'a jamais vu de sa vie Perceval Weasley arriver en retard. Pas que ça le gêne, ça fait plus de macarons pour les gens ponctuels.
-Tu ne vas rien manger, ce soir, dit Hermione alors qu'il engouffre un nouveau macaron.
Mais la mise-en-garde n'a aucun effet sur lui, il n'est pas comme Ron, à obéir piteusement à Hermione. Son ami s'est arrêté de manger au premier coup d'œil sévère de son épouse, il est tellement apprivoisé que c'est affligeant à voir. Harry lui est un homme libre.
En tant que rebelle, il sourit effrontément à son amie avant de prendre un nouveau macaron. Hermione soupire mais ce qu'elle s'apprête à dire (surement de nouvelles remontrances à base du si menaçant taux de cholestérols) est stoppé par deux coups secs frappés à sa porte d'entrée.
-Ah, le voilà ! dit-elle en souriant, alors que Ron est déjà debout pour aller ouvrir la porte.
Sauf que ce n'est pas Percy que Ron ramène finalement dans son sillage. Les yeux de Harry englobent la silhouette de Draco Malfoy dans un battement de cœur et son corps se tend immédiatement.
-Bonjour, fait Malfoy d'une voix calme et distante, en glissant ses yeux gris sur chaque membre de leur petite assemblée.
-Qu'est-ce…qu'est-ce que tu fais là ? croasse Harry qui se sent d'un seul coup incroyablement conscient de lui.
Il cesse de se balancer sur sa chaise, redresse ses lunettes correctement sur son nez, se demande si ses cheveux ne sont pas trop horribles et si son t-shirt n'est pas trop lâche et trop bleu et il s'en veut immédiatement de penser à son allure mais il ne peut s'en empêcher car devant lui Draco Malfoy est impeccable d'élégance et de sobriété.
-J'ai demandé à Draco de faire partie de l'association, répond Hermione, et il a bien voulu accepter.
Harry la fixe, se sentant trahi de ne pas avoir été informé plus tôt de ce léger détail aristocratique d'un mètre 86. Et quand il croise le regard fuyant de Ron, il comprend que le complot a été étendu jusqu'à son meilleur ami. Ouaip, trahit par les siens.
O'Flaherty et Leto accueillent Malfoy chaleureusement, ils ont l'air même un peu impressionné de se retrouver devant un professeur car Devet aussi se tient mieux et Ophiuchus lui propose immédiatement ses macarons. Les petits fayots.
-Je peux partir si ça gêne, dit Malfoy en le fixant car Harry a gardé un silence obstiné après la petite bombe d'Hermione.
Harry hausse les épaules. Ce n'est pas la première fois qu'il croise Malfoy mais il ne s'attendait pas à ce que ça se fasse si tôt. D'habitude il se passe des semaines, si ce n'est des mois, entre chacune de leur rencontre ce qui lui laisse le temps de souffler mais là l'anniversaire de Neville a eu lieu seulement quatre jours plutôt.
-Pourquoi devrais-je être gêné ? répond-t-il un peu crânement. Je suis simplement surpris que tu rejoignes notre petite cause.
-Granger a dit que je pouvais être utile et c'est ma cause aussi.
Certes, pense Harry.
Mais il connait Malfoy et il n'est pas du genre à s'engager dans actions politisée aussi casse gueule, juste par altruisme. Il doit avoir une bonne raison pour se trouver ici ce soir. Il décide de taire son scepticisme pour cette fois. Depuis bientôt un an, Malfoy a toujours tout fait pour agir cordialement avec lui et ce n'est pas Harry qui va détruire cette paix par de l'agressivité à première vue arbitraire.
-Bienvenue alors, répond-il.
Il est récompensé par un sourire en coin estampillé Malfoy et qui lui donne légèrement le vertige mais ça il a l'habitude.
Le reste de la réunion se passe bien et Harry doit admettre que l'humour pince-sans-rire de Draco et son esprit acéré a séduit Hermione et les deux garçons. Ron heureusement est toujours aussi hermétique au charme de l'ancien serpentard. En ce qui le concerne, Harry sait qu'il est une cause perdue pour toujours avec cet homme mais sa volonté de rester à l'écart du danger qu'il représente n'a jamais été aussi forte. Même si Draco Malfoy lui coupe toujours le souffle, Harry est persuadé qu'il peut vivre avec. Après tout, chacune de leurs précédentes réunions s'est bien déroulée, même si l'une d'entre elle lui a valu de quitter Anthony plus abruptement que prévu. Cependant Harry préfère ne pas s'attarder sur cette histoire et ce qu'elle pourrait vouloir dire en vrai.
Le samedi qui suit, trois jours après la réunion, Harry est au pub avec Hermione, Ron, Georges, Neville et Ginny, lorsque Malfoy fait son apparition. Neville s'empresse de lui demander de venir s'assoir avec eux et ça n'a l'air de ne gêner personne autour de la table à part Ron qui pousse un soupir à fendre l'âme avant d'avaler sa bière cul sec.
Malfoy accepte et s'installe entre Neville et Hermione en précisant qu'il ne peut pas rester longtemps. Il ne reste pas longtemps et il est sarcastique au possible mais sans être blessant. Ses yeux gris sont comme le ciel dehors mais en plus intense. Harry écoute tout ce qu'il dit sans vraiment participer à la conversation ni à aucune autre. Malgré lui, il sourit à aux traits d'esprits du professeur de Magie Noire et quand finalement Draco se lève et prend congé, il se sent déçu de ne pas pouvoir profiter un peu plus de sa compagnie.
Les semaines passent et sans que Harry comprenne comment, il voit plus souvent maintenant Draco que quand ils étaient ensemble.
Malfoy vient à chaque réunion hebdomadaire du LGBTS du mercredi et le samedi quand Harry sort avec ses amis, Malfoy est là aussi. Harry le voit même au ministère car Malfoy profite de ses vacances pour travailler en tant que consultant sur une affaire avec les Aurors (ce n'est pas une affaire de Harry mais ils finissent tout de même par se croiser lors de leurs pauses respectives).
Puis une matinée plutôt fraiche pour la fin août Ron arrive au bureau, étrangement calme. Harry ne s'en soucie pas trop au début, pensant qu'il est juste encore un peu endormi. Mais les heures passent et Ron a les yeux fixés sur la même page d'un dossier depuis qu'il est arrivé et ne parle que si Harry lui adresse d'abord la parole avec des réponses qui sont au mieux évasives.
-Ron, c'est quoi le problème ? demande finalement Harry à bout de patience.
Ron lui adresse un sourire maladroit. Le même qu'il avait en cinquième et sixième année à chaque fois qu'il était sur le point d'entrer sur le terrain de quidditch, celui qui disait qu'il était la fois heureux et malade d'anxiété à l'idée de jouer.
-Y'a aucun problème, répond-t-il. Juste…Hermione est enceinte.
Harry sent son cœur se gonfler d'allégresse comme si c'était lui le futur père et saute dans les bras de son meilleur ami en riant. Ron rit aussi mais son rire est bref et nerveux ce qui oblige Harry à le lâcher et à l'interroger du regard.
-Je…ça ne fait qu'un mois, explique le rouquin devant sa question silencieuse. Je n'aurais même pas du te le dire encore mais depuis qu'elle m'a annoncé ça hier, je suis partagé entre la joie et l'angoisse. Je devrais être juste heureux mais j'arrive pas à m'arrêter de penser qu'elle peut faire une fausse couche et l'idée qu'on doive faire face à ça une nouvelle fois, ça m'effraie. Je ne sais pas si je pourrais la regarder pleurer et l'entendre se persuader que tout est de sa faute et…
-Bien sûr que tu feras face, coupe Harry efficacement. Tu es toujours là, Ron. Tu es celui sur qui on peut compter. Hermione le sait aussi. C'est pour ça qu'elle t'aime.
Ron le considère un instant.
-Moi qui pensais que c'était à cause de mon corps de rêve, répond-il finalement et cette fois son sourire est beaucoup plus joyeux.
-Non, ça c'est la raison pour laquelle moi je t'aime !
-C'est compréhensible. Je suis chaud comme bouillote !
Harry hausse les sourcils.
-En tous cas, tu sais te mettre en valeur, commente-t-il.
Ron ricane et lui tape dans le dos. Il a l'air moins inquiet que tout à l'heure mais pas totalement rassuré non plus et Harry trouve injuste qu'il ne puisse pas simplement se sentir heureux à l'idée d'être bientôt père alors qu'il en rêve depuis des années.
-Ce soir, je t'emmène fêter ça ! dit-il. On embarque Hermione aussi, on lui fera boire des tonnes de boissons non alcoolisées, ça va être génial !
-Non ! cette fois Ron a l'air affolé. Elle n'est pas au courant que tu es déjà au courant ! J'étais censé attendre au moins le troisième mois.
-Oh… D'accord, pas de soucis…Plus tard alors.
La déception de Harry doit être palpable car Ron enclenche immédiatement sur le fait, qu'ils peuvent très bien aller boire un verre tous les deux après le boulot pour une célébration modérée et clandestine.
Harry décide de s'en contenter.
Ils se retrouvent donc le soir même dans un bar situé devant le ministère qui semble être le fief des Aurors, bien que Harry y repère aussi quelques juristes.
Ron est apprécié de ses collègues. Plus que Harry car Harry est gay et pour certains des Aurors (dont le mot virilité rime apparemment aux nombres de nana qu'ils baisent) c'est un peu comme s'il avait la peste. Harry suppose qu'ils ont peur qu'il s'en prenne à leurs culs de crétins. Comme si ça pouvait arriver…
Il n'est donc pas vraiment surpris quand on les laisse siroter leusr bières dans leur coin et s'estime même plutôt heureux que personne ne lui rappelle son orientation sexuelle à coups de remarques évidement péjoratives.
-Comment ça se passe avec Malfoy ? demande soudainement Ron et cette question sort tellement de nulle part que Harry s'étouffe avec sa boisson, au point que le rouquin est obligé de lui taper dans le dos.
-C'est quoi cette question ? croasse Harry une fois que sa capacité à respirer est revenue à la normale.
-C'est une question tout ce qu'il a de plus ordinaire, répond Ron en haussant les épaules. Il est souvent dans les parages, à traîner avec toi, je veux dire…Donc je me demandais s'il y avait quelque chose que tu devrais m'annoncer.
-Il y a rien à annoncer ! s'exclame Harry sur la défensive et un peu dégouté car il a suffi que Ron prononce le nom de Malfoy pour que son cœur fasse une putain d'embardée.
Le regard que lui jette son meilleur ami est, au mieux, sceptique.
-Ok. Si tu le dis.
-Et si Malfoy est dans les parages c'est parce que ta femme et toi l'invitez toutes les semaines aux réunions ! se sent obligé d'argumenter Harry.
-Réunions que tu ne loupes étrangement plus jamais.
Harry a le souffle coupé devant un tel coup bas, ça n'a rien à voir avec Draco Malfoy si Harry s'investit plus. Il a juste décidé d'être plus engagé. C'est ce que font les hommes…engagés.
-Je suis assidu car Hermione me reprochait justement le contraire ! grogne-t-il. Et si Malfoy traîne avec nous le samedi soir c'est parce que Neville l'invite. Je n'y suis pour rien.
-Tu n'as pas l'air de mépriser sa compagnie, commente Ron tranquillement.
Et futur père ou pas, Harry a envie de lui faire ingérer par sa bière par les trous de nez.
-Tu veux que je lui crache dessus la prochaine fois ? Bon sang, je suis juste poli, Ron ! Je me comporte en adulte et lui aussi et ça ne va pas plus loin !
La main de Ron se pose sur son épaule et seulement maintenant il se rend compte qu'il est tendu.
- Calme-toi, dit Ron doucement en le regardant avec inquiétude, ce n'était qu'une question.
Harry se sent totalement idiot.
-Une question ridicule ! grogne-t-il tout de même pour la forme.
Mais Ron a un point, il n'a aucune raison de s'énerver comme ça. Il ne sait pas pourquoi tout ce qui concerne Draco Malfoy le touche encore autant.
-Tu n'aimes pas le côtoyer ? demande Ron sincèrement curieux. Je peux dire à Mione d'arrêter de l'inviter.
Harry hésite car c'est tentant mais ça serait complétement inutile. Après leur rupture, il a fui pendant longtemps, prenant toutes les missions à l'étranger qui se présentaient et ça n'était pas non plus la bonne solution. Ses sentiments sont trop ancrés en lui. Malfoy a laissé sa marque indélébile et pas seulement sur son poignet.
-Non, soupire-t-il finalement décidé à s'expliquer à son meilleur ami, qui de toute façon le connaît tellement bien qu'il doit déjà être au courant de ce que Harry ressent toujours pour Malfoy. « C'est juste que ça a l'air si facile pour lui de me voir toutes les semaines et d'agir comme si…comme si on avait rien vécu de spécial. Je sais que c'est ce qu'on a décidé tous les deux. Mais moi dès que je le croise, je...j'arrête pas de repenser à des trucs ridicules, comme la façon dont ses yeux s'éclairent quand il rit. Ou comment il souffle sur ses mains pour les réchauffer. Ou la manière dont il fronçait les sourcils quand il préparait ses cours…ça me rend fou. Mais c'est moi qui suis stupide. Il n'y est pour rien.
-Tu oublies le reflet scintillant dans ses cheveux de soie quand la lune les éclaire…, rajoute Ron solennellement.
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-Oh, ta gueule ! sourit Harry en lui donnant un coup d'épaule, puis il se racle la gorge, carre ses épaules et commande une autre tournée de bière en espérant avoir l'air très viril.
-J'arrive pas à croire que je vais dire ça, souffle son meilleur ami pas le moins du monde impressionné, mais pourquoi tu n'essaierais pas de nouveau avec lui ? C'est le seul homme avec qui je t'ai vu heureux et il est évident qu'après tout ce temps, tu ressens toujours quelque chose pour lui.
-Je ne peux pas, répond Harry simplement tandis que ses doigts se crispent sur son pichet de bière. Et je ne veux pas !
Il est dans l'incapacité d'expliquer à Ron que c'est impossible. Déjà Malfoy ne l'aime plus. Et même sans cet obstacle insurmontable, ce qu'Harry a souffert en se séparant de Draco, il refuse de le revivre.
Heureusement Ron semble se contenter de cet argumentaire digne d'un enfant de cinq ans en plein caprice. Et c'est, en autre, pour ce genre de chose que Ron est son meilleur ami.
Deux jours plus tard, Harry se trouve en salle de pause en train de survoler du regard le Daily Prophète. Il se sent agité car l'heure de son face-à-face arrive bientôt. Il sait que Malfoy est en train de travailler avec Goundar et Smith, deux vieux renards d'Aurors rompus au métier avec un nombre impressionnant de résolution d'enquête à leur actif. Et si Goundar et Smith sont doués dans leur boulot ils sont aussi des hommes d'habitude et leur pause a lieu tous les jours à la même heure, à la minute près. Ils la prennent avec deux dames du département des Mystères avec lesquelles ils flirtent éternellement depuis une trentaine d'année. Ce qui est à la fois mignon et bizarre. Mais comme les quatre personnes concernées semblent très bien avec ça, Harry ne voit pas l'intérêt de leur faire part de ses observations.
Mais ce qu'il sait c'est que Malfoy ne va pas tarder à venir prendre un thé ici, seul. Bien entendu la pause de Harry va se terminer à ce moment-là mais pas avant qu'ils ne se croisent et échangent des salutations d'usages. Juste le temps nécessaire pour le voir mais pas assez pour que Harry se sente en danger.
C'est une conduite qui d'un point de vue extérieur peut éventuellement paraitre excentrique, voir carrément à la limite de la folie mais Harry s'en moque car personne d'autre que lui n'est au courant de ses petites manœuvres.
Après un énième coup d'œil à l'horloge murale, Harry se lève et sort de la salle de repos, il ralentit dans le couloir mais ne tarde pas à entendre le pas tranquille de Draco venant dans sa direction alors il s'oblige à lire son journal tout en marchant, attendant que Malfoy l'interpelle. Et si les mots sont un peu flous sous ses yeux et que son pouls s'accélère, Harry se persuade que ça n'a aucune sorte d'importance.
Sauf que Draco ne l'interpelle pas mais lui rentre dedans.
-Hey ! Halète Harry en se rattrapant au blond qui semble tout aussi surpris que lui.
-Potter ? la voix de Malfoy est stupéfaite et toujours aussi délicieusement traînante. Désolé, j'étais perdu dans mes pensées !
-Et moi dans mon journal, répond Harry esquissant un sourire qu'il souhaite désinvolte mais qui doit probablement ressembler à une stupide grimace.
Puis il se rend compte que le mélange de chaleur et de frissons qu'il ressent dans chaque pore de sa peau est dû au fait qu'une de ses mains est encore agrippée au biceps de Draco, l'autre tient toujours le journal, mais leurs torses se touchent presque et leurs souffles se mélangent presque et les yeux gris sont si proches que Harry peut y voir un léger reflet métallique de plus en plus sombre. Il déglutit et son regard descend malgré lui sur la bouche de Malfoy qui a toujours été juste comme il fallait. Avec des lèvres ni trop fines, ni trop épaisses dont le joli arc de cupidon n'est actuellement gâché par aucune moue dédaigneuse. Et qui paraissent gercées mais si possible, ça donne encore plus envie à Harry de les sentir entre ses dents.
Puis les lèvres de Draco bougent et Harry le lâche, recule de deux pas, horrifié par le fil de ses pensées.
Il se demande si Draco va s'apercevoir de son émoi s'il se met soudainement à courir pour s'enfermer dans son bureau. Probablement.
Pendant qu'il hésite sur la marche à suivre, et donc reste là à cligner intelligemment des yeux, Malfoy fouille dans sa veste et y sort une enveloppe.
-Comme je pensais te croiser ce matin, Mc Gonnagall m'a chargé de te la donner.
Harry fronce les sourcils et prend l'enveloppe.
Il y a un timbre anglais dessus, suivi de son nom avec simplement « école de Poudlard, Ecosse » pour toute adresse.
-Merci, murmure Harry.
L'excitation qu'il a ressentie s'est évaporée en même temps qu'un poids déplaisant a pris place dans sa poitrine, ce qui est bizarre car il ne sait même pas ce qu'il y a dans cette enveloppe. Il comprend juste que ça vient de la poste moldue. Il n'a aucune véritable raison de se sentir oppressé, sauf que c'est quand même le cas.
-Il faut que j'aille travailler, dit-il à Malfoy. Passe une bonne journée.
-Oui, toi aussi. La voix du blond est hésitante. On se voit mercredi…à la réunion ?
-Bien sûr ! acquiesce Harry.
Les yeux gris le fixent si intensément que Harry à l'impression que Malfoy tente de percer un trou dans son cerveau. Alors au cas où l'ancien serpentard s'essaie à de la légimentie sur lui, Harry chantonne hargneusement l'hymne de Poudlard dans sa tête.
Une fois arrivé au bureau qu'il partage avec Ron, il lâche l'enveloppe sur sa table de travail comme s'il elle était en train de lui brûler les doigts.
Elle reste là toute la journée, avec le courrier non-urgent et Harry fait son job comme d'habitude, plaisante avec Ron comme d'habitude, râle sur sa pile de dossier en retard comme d'habitude. Et à 19 heures Ron part, Harry devrait rentrer chez lui aussi mais il reste assis sur son fauteuil.
La permanence de nuit des Aurors prend son poste et Harry les entends plaisanter de l'autre côté de sa porte alors il attrape l'enveloppe et l'ouvre.
Il reconnait l'écriture même si elle a changé depuis l'époque où il essayait de la déchiffrer sur des cahiers d'écolier, parce qu'il devait recopier les cours au propre et faire les devoirs d'un autre.
Il prend une profonde inspiration et commence à lire.
« Harry,
Je ne savais pas où t'écrire mais je me souvenais du nom de ton école et qu'elle se trouvait en Ecosse. Je ne sais pas si ma lettre arrivera jusqu'à cet endroit et je me doute que tu ne vas plus à l'école mais j'espère que le personnel a gardé un dossier sur toi et saura te retrouver.
J'espère aussi que ce ne sera pas trop tard quand tu liras cette lettre.
Mon père est malade, il est au Royal Marsden Hospital à Londres, aux soins palliatifs, il a un cancer du pancréas. Les médecins ne lui donnent plus longtemps à vivre. Au mieux quelques semaines.
Je sais que je n'ai aucun droit de te demander ça mais il s'agit du souhait d'un mourant, papa appelle après toi.
Je sais aussi que la manière dont nous t'avons traité était abjecte, je n'étais qu'un enfant mais au fond de moi je savais déjà que ce n'était pas juste. J'aurai dû te traiter en frère. Ils auraient dû te traiter en fils.
Mon père veut juste partir en paix, c'est pour ça qu'il demande à te voir. Il voudrait te demander pardon et être en règle avec Dieu. Sa foi en Dieu n'a jamais été aussi forte depuis qu'il se sait condamné. Personnellement je pense surtout qu'il a peur de mourir.
Je comprendrais et ne t'en voudrais pas si tu ne viens pas mais je me devais d'essayer.
Si ça peut aider, j'aimerai te revoir aussi. Tu as deux petits cousins tu sais (une fille et un garçon).
A bientôt, j'espère.
Dudley. »
« Ah… », pense Harry les yeux encore fixés sur le papier bien longtemps après qu'il est fini de lire, « D'accord. Oncle Vernon va mourir. »
Puis il froisse la lettre et la jette dans la poubelle avant attraper sa veste pour sortir. Il s'en fout de tout ça. Les Dursley, c'est du passé. Ils sont déjà tous morts pour lui de toute façon. Cependant, il croit qu'il va être malade, il se sent nauséeux. Il termine son avancée jusqu'au réseau de cheminettes du ministère en titubant presque, prend de la poudre et prononce le nom de sa maison d'une voix qu'il ne reconnait pas.
A l'arrivée il vomit sur le tapis de son salon ce qui le dégoute car c'est un tapis oriental qu'il adore et il met ça sur le voyage en cheminette. Et puis c'est tout. Il se rince la bouche puis nettoie les dégâts, mange, bouquine, va dormir. Sa vie continue.
Et pendant plus de deux semaines il ne pense plus à la lettre, ni aux Dursley et tout va bien de nouveau.
Et puis lors de la première réunion hebdomadaire de septembre chez Hermione et Ron, Malfoy lui tend une nouvelle enveloppe.
-Pas que ça me déplaise de jouer au hibou, car c'est une expérience intéressante, fait le blond d'un ton sarcastique. Mais tu devrais peut-être donner ton adresse aux moldus qui t'écrivent, par soucis de logistique.
Harry récupère la missive d'un geste brusque et ne manque pas le regard surpris de Malfoy mais pour l'instant il s'en fout.
-Dis, aux autres que j'arrive. Je vais prendre l'air.
Il n'attend pas la confirmation de Draco et sort. Il ne sait pas où il va, en fait il veut juste marcher. Il ouvre l'enveloppe et la lit tout en continuant de marcher.
Quand il arrive juste au coin de la rue, il a fini sa lecture et il s'aperçoit qu'on l'appelle. Quand il se retourne c'est pour voir Malfoy courir jusqu'à lui.
-Un problème ? demande-t-il surpris et inquiet car la préoccupation qu'il peut voir sur le visage de Malfoy est communicative et ses pensées vont directement vers Hermione qui est enceinte.
-C'est à moi de te demander ça, répond Malfoy d'une voix inhabituellement douce.
Harry ne comprend honnêtement pas la question car il va très bien, merci, néanmoins il est soulagé que rien de grave ne semble être arrivé chez ses amis durant sa brève absence.
-Tout va bien, affirme-t-il.
-De toute évidence, non. Tu es tout pâle et tes mains tremblent.
-ça va, répond Harry en cachant rapidement ses mains dans les poches de son pantalon, y engouffrant en même temps la lettre. Tu es tout pâle aussi et je ne t'embête jamais avec ça.
Sa tentative de plaisanterie ne reçoit qu'un soulèvement incrédule de sourcil blond pour tout accueil.
-Non, tu ne vas pas bien, répète Draco dont les yeux gris cherchent à fouiller son âme. Qu'est-ce qu'il y a dans cette lettre ?
-J'en sais rien ! répond Harry agacé car il n'a pas besoin de la soudaine sollicitude de Draco Malfoy.
-C'est de ta famille moldue ? questionne de nouveau Malfoy qui Harry s'en rend compte à présent est beaucoup trop proche.
« En quoi ça te concerne ? » veut répliquer Harry, mais il ne se sent pas bien à nouveau et le sol se dérobe sous ses pieds.
Il entend le blond crier son nom.
Harry ne tombe pas inconscient et grâce à Draco il ne tombe pas tout court mais son malaise est assez puissant pour que l'ancien serpentard doive le soutenir et qu'ils soient obligés de s'assoir sur le bord du trottoir.
-Désolé, grogne Harry toujours accroché au blond et pour tout dire incapable de le lâcher.
-Ne sois pas ridicule. Tu veux que j'aille chercher Granger ou Weasley ? Non, O'Flaherty ! Il est médicomage, n'est pas ? dit Malfoy très vite en essayant de se lever, mais comme ça signifie lever Harry en même temps, il n'y arrive pas.
-Non, c'est juste un malaise. Je vais déjà mieux. Inutile d'alerter tout me monde.
C'est difficile de quitter les bras de Malfoy car ils sont étrangement réconfortants mais il y parvient et Malfoy le laisse se dégager sans le retenir. Par contre Harry ne se lève pas tout de suite et penche sa tête entre ses genoux pour propulser le flux sanguin vers son cerveau.
Au bout de quelques minutes dans cette position, il rit nerveusement devant le ridicule de tout ça. Il pense à Malfoy assit à côté de lui et qui n'a même pas eu l'air dégouté alors qu'il y a une tâche suspecte sur le goudron.
-Je suis désolé, dit-il ne sachant pas s'il s'excuse pour le rire venu de nulle part ou pour avoir fait un malaise ou pour laisser Malfoy s'assoir sur ce qui semble être du vieux pipi de chien.
Malfoy ne répond rien, mais Harry sent une main tremblante se poser sur sa tête et commencer à caresser ses cheveux. Il se crispe, son cœur loupe un battement et des frissons traversent son épine dorsale mais il ne dit pas à Malfoy d'arrêter. Ce qui ne l'empêche pas de se sentir tellement idiot d'être bouleversé par ce simple geste.
Les doigts de Malfoy massent doucement son cuir chevelu et c'est tellement bon que Harry veut passer le reste de sa vie comme ça.
-Mon malaise…c'est une réaction disproportionnée, explique Harry d'une voix rauque mais la tête toujours penchée entre ses genoux car c'est beaucoup plus facile de parler de ça à Malfoy sans le regarder, je ne comprends pas. Tout ça c'est du passé. La lettre, elle dit que mon oncle est mort. Mon cousin aimerait que je sois à l'enterrement. Ça tombe ce samedi.
-Tu vas y aller ? questionne Draco simplement.
-Non.
S'il pense le choquer en donnant cette réponse, c'est raté. Mais il suppose que Malfoy a aussi eu sa part d'oncles et tantes tarés auxquels il n'a pas voulu assisté aux enterrements.
-Tu ne m'as jamais parlé de ton passé, reprend l'ancien serpentard, de ton enfance chez ta famille moldue.
C'est vrai pas une seule fois, durant toute la durée de leur relation, il n'a su lui expliquer à quel point les Dursley l'avaient abimé. Pas physiquement. Harry n'a pas été un enfant battu. Ce fut une autre forme de négligence. Il a été un enfant qui a grandi sans être aimé. Il a été traité de monstre parce que quand on lui coupait les cheveux, le lendemain ils avaient déjà repoussé avec tous ses épis habituels que son oncle et sa tante détestaient tant. Et il y avait aussi la fois où pour fuir Dudley à l'école Harry s'était retrouvé sur le toit de la cantine en un clignement de paupière. Il se passait toujours des choses étranges avec lui et qu'il ne comprenait pas non plus. Mais il se souvient avoir essayé encore et encore vainement de grappiller quelques marques d'affection de la part de la seule famille qu'il connaissait. Et de n'avoir finalement connu que le rejet. D'avoir cru qu'il n'était pas digne d'être aimé parce que Dudley était aimé lui, donc le problème ne venait pas des Dursley. Ça venait forcément de lui. Si on ne l'aimait pas c'est parce qu'il devait vraiment être un monstre.
Ce qu'il l'a sauvé c'est une lettre. C'est un château magique. C'est des amis. Des professeurs. Des aventures.
S'il a eu autant de mal à dévoiler son homosexualité c'est qu'il ne voulait pas être rejeté par les sorciers. C'était comme si Draco en lui demandant ça, avait exigé qu'il retourne dans le placard sous l'escalier du 4 Privet Drive. S'il avait su expliquer ça à Draco, alors ils seraient probablement encore ensemble.
Et maintenant avec les lettres de Dudley tout lui revient en pleine face et il comprend l'influence qu'a eu cette éducation et cet absence d'amour sur lui. Et pire, il comprend l'influence qu'elle a encore et qu'elle aura sur lui toute sa vie. Et ça le rend malade et triste et furieux. Il est content qu'oncle Vernon soit mort et il se sent triste aussi car c'est la seule figure paternelle qu'il a connu durant ses onze premières années et il déteste se sentir triste pour lui. Pour cet homme qui l'enfermait dans un placard.
-Parle-moi ! implore Draco, son souffle chaud contre son oreille.
Il a un bras autour de sa taille et une main sur sa nuque, alors seulement maintenant constate qu'il est en train de pleurer.
Et à présent qu'il sait qu'il pleure, il n'arrive plus à s'en empêcher. Et ce n'est pas mesuré et digne comme ce qu'il a pu voir parfois dans les films. Ses sanglots à lui viennent du fond de ses tripes. Ils sont bruyants et laids, de la morve coule de son nez et les larmes dévalent ses joues encore et encore brouillant tout autour de lui.
Malfoy le serre fort et Harry est sûr de ruiner son t-shirt mais le blond ne le lâche pas et continue de caresser ses cheveux en lui demandant encore et encore de lui parler.
Alors Harry le fait. Car quelque part il sait qu'il lui doit bien ça. C'est correct pour Draco de savoir pourquoi Harry n'a pas pu se battre pour eux. Il parle de sa voix entrecoupée de sanglots et il ne sait pas s'il est cohérent, si Malfoy parviendra seulement à le comprendre mais il parle encore et encore.
Il raconte le placard, les insultes, les corvées, les vieux vêtements, Vernon, Pétunia, Big D, et même la tante Marge et ses chiens. Il raconte tout et Malfoy écoute et Malfoy le serre contre lui et lui dit que c'est ok, qu'il comprend et qu'il est là.
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Après ça, Harry pensait qu'il se sentirait bizarre ou honteux d'avoir vidé son sac de cette façon, d'avoir pleuré aussi pitoyablement devant Malfoy entre tous mais ce n'est pas le cas. En fait tout au plus, il se sent soulagé d'avoir pu verbaliser cette partie de sa vie.
Et quand le samedi, le jour de l'enterrement arrive, et qu'il se retrouve à leur pub habituel avec tout le monde –et ça fait un moment déjà que Neville n'a plus besoin d'inviter Draco car il vient de lui-même, parfaitement intégré à leur petite bande -, il boit peut-être plus que d'habitude, Ron lui fait remarquer qu'il va avoir besoin d'aide pour renter mais Harry se contente de passer un bras autour des épaules de son meilleur ami et d'entamer bruyamment l'hymne de l'équipe d'Irlande de Quidditch et comme le pub est irlandais, tout le monde le suit dans la salle.
Il n'a pas dit à Hermione et à Ron pour son oncle. Il leur dira bien sûr, plus tard. Mais il a peur que Hermione soit déçue par le fait qu'il ne soit pas allé à l'enterrement. Pas pour faire plaisir à son cousin mais parce qu'elle va sûrement penser que faire face à cette épreuve, ne peut que l'aider à faire la paix avec son passé. Mais Harry trouve que faire la fête et boire est une aide bien plus efficace.
Plus tard, Draco propose de le ramener et il ne voit aucune bonne raison de refuser car il ne reste quasiment plus personne dans le pub. Le groupe d'irlandais avec qui il a chanté une bonne partie de la nuit vient de partir.
Ils prennent la poudre de cheminette car Draco ne sait toujours pas faire de magie et Harry a trop bu pour les faire transplaner.
Ça aussi il devrait trouver ça bizarre, d'avoir Draco Malfoy chez lui, mais Harry ressent en fait une chaleur agréable à le voir dans son salon. Il pense qu'il est finalement parvenu à voir le blond comme un vrai ami et s'en félicite. Mais peut-être que cette sensation de paix est dû à l'alcool. Puis la chaleur agréable devient rapidement de plus en plus suffocante.
-Tu veux boire un truc ? demande-t-il car il est un hôte de qualité et que lui ne serait pas contre un autre petit verre.
-Je veux bien un café, répond le blond.
Harry fronce les sourcils et balaie cette réponse d'un geste de la main avant de tenter de s'éventer.
-Ne sois pas rabat joie ! s'exclame-t-il. J'ai un whisky pur feu de jenesaisplus combien d'année âge…Tu aimais ça avant.
Draco a un drôle de sourire un peu triste et Harry se demande si ses lèvres goutent toujours comme le paradis et aussi pourquoi il fait cette tête.
-Je vais rentrer à Poudlard, répond-t-il simplement.
Harry soupire, il a tellement chaud ! Alors il enlève son t-shirt, il enlève même le poignet de force qui ne quitte jamais son bras et la marque que Malfoy lui a laissé danse joyeusement sous ses yeux. Malfoy le fixe comme un hibou et c'est un regard tellement anti-malfoy que Harry se demande si le blond est cassé.
Il veut réparer Draco mais il a toujours chaud et il commence à se sentir à l'étroit dans son jean. Donc la réparation attendra qu'il soit nu. C'est de la faute à Draco bien sûr parce qu'Harry a envie de le baiser ou de se faire baiser par lui, peu importe. Il n'est pas très sectaire. Quoique les deux façons, ça serait bien, une bonne manière de départager tout ça. Maintenant il faut juste se décider pour savoir juste par quoi commencer…
Il galère un peu avec sa ceinture mais parvient finalement à s'en débarrasser car il est le putain de sauveur du monde sorcier. Cette ceinture n'avait aucune chance.
-Mets-toi à l'aise, dit-il à Draco car se déshabiller semble être la meilleure chose à faire en ce moment. Tu dois avoir chaud aussi.
Draco pousse un drôle de gémissement quand Harry se retrouve finalement en caleçon.
-Je vais rentrer à Poudlard ? répète Malfoy d'une drôle de voix et ça ressemble plus à une question qu'à un vrai projet.
Il a les yeux qui regardent partout sauf sur Harry et ses pommettes sont bizarrement rouges. Harry est persuadé que Malfoy a très chaud aussi. Il presse, sans y penser, le talon de sa main contre le devant de son caleçon, histoire de calmer son début d'érection. Mais ça lui donne encore plus envie de se prendre en main et puis Malfoy est là, chez lui, beau et rouge et il se tient tout droit comme un piquet. N'importe qui d'autre aurait envie de lui à sa place.
Avec un grognement Harry se débarrasse de son caleçon et soupire de plaisir quand sa main entoure sa queue et commence à bouger. Malfoy sursaute et jette un regard affolé dans sa direction avant d'émettre une sorte de glapissement et l'instant d'après il a disparu.
Harry cligne des yeux et hausse les épaules même si une partie de lui se sent tristement abandonné, il s'affale sur son fauteuil préféré pour poursuivre sa plaisante activité manuelle.
Et quand plusieurs minutes plus tard, il jouit, le nom du blond s'échappe de ses lèvres et tout se sent comme le ciel.
A suivreuh…
