Lui faire plaisir

J'ai eu du mal à réaliser ce qu'il se passait actuellement. Il y avait des gens autour de moi, beaucoup de gens, des gens que je connais, habillés de manière étrange, pas comme d'habitude. Nous sommes dans un lieu étrange aussi, enfin je le connais, mais là encore, c'est pas comme d'habitude. Je reconnais le jardin où nous avons planté ces immenses arbres. Je reconnais la terrasse que j'ai galéré à monter parce que quelqu'un que je connais trop bien n'arrêtait pas de tout faire tomber. J'ai bien ris malgré tout … cette même terrasse où les tables étaient mises sur les côtés et qui étaient dressées, apprêtées, décorées de bouquets et sur lesquelles il y avait des petits fours. Elle n'était pas comme d'habitude. L'allée menant où je suis actuellement, à la gauche de mon meilleur ami, d'ordinaire ressemblant à une simple allée de pierre menant au petit jardin, était entourée de chaque côté par plusieurs rangées de chaises sur lesquelles tous nos amis sont assis et je remarque Aizawa-sensei coiffé, bien habillé… Rien n'était comme d'habitude. Moi aussi je n'étais pas comme d'habitude, je portais cette espèce de veste immonde bleue que Deku adore parce qu'il trouve qu'elle me rend sexy. Et moi pour lui faire plaisir je l'ai mise.

Je fais beaucoup de chose pour Izuku juste pour lui faire plaisir. Tiens, l'appeler par son prénom sans utiliser son nom de code, c'est pour lui que je le fais, car personne d'autre ne l'appelle comme ça à part sa mère et ça me rend encore plus spécial à ce qu'il m'a dit. Je couche avec lui, je pense que je suis déjà assez « spécial » comme ça mais bon. Quand on a emménagé ensemble, ça a été pareil, moi je voulais un appartement avec terrasse, mais Deku, lui, préférait avoir une maison avec jardin pour nos enfants... Des enfants ? A notre âge ? Sérieusement ? Enfin bref, il m'a sorti tout une tripoté d'arguments auxquels j'ai simplement répondu « va pour une maison alors » mais je lui ai expliqué en long en large et en travers que je ne m'occuperai pas du jardin, éventuellement arroser les fleurs, et pourquoi pas tondre la pelouse quand il est fatigué et très exceptionnellement tailler les haies … Bon en définitive c'est moi qui m'occupe du jardin, Deku n'a pas la main verte, et puis ça me détend.

La cuisine c'est pareil. Je suis plutôt bon cuisinier, mais Deku insiste pour me remplacer aux fourneaux tous les vendredis soirs car je rentre tard, je lui ai pourtant répété maintes et maintes fois « quand je rentre du boulot j'ai juste envie de manger un bon repas, pas m'intoxiquer ». Mais chaque vendredi je rentre, mon repas est prêt et c'était une infection. Mais ce qui était au début une sorte de mixture étrange est devenue avec le temps mangeable et aujourd'hui je crois que je ne pourrais plus me passer de son riz pas assez cuit et trop cuit à la fois chaque vendredi soir, au final ça me réchauffe le cœur et je sais qu'il le fait pour me soulager quelque part.

J'accepte beaucoup de chose pour lui. Je cède sur les destinations des vacances, sur le choix de la décoration, car après tout, tout ça c'est pas important … Mais pourquoi j'ai cédé sur cette journée ?

Un soir ou je suis rentré du boulot, je suis arrivé et Deku avait sorti le grand jeu. Dîner aux chandelles, mon repas préféré sur la table, un verre de vin, rouge évidemment, une petite musique de fond. Il s'est approché, m'a embrassé et m'a invité à danser quelques secondes avant de me poser cette question qui devait lui brûler les lèvres depuis … depuis toujours connaissant cet obsessionnel. « Kacchan, veux tu m'épouser ? ». Je n'ai pas su quoi répondre … et je ne pouvais pas ne rien dire ça aurait été horriblement gênant et Izuku aurait pleuré. Mais quand même j'ai réfléchi deux secondes, moi en costard cravate, devant une assemblée de nos amis, collègues et fans, scellant notre amour publiquement, avec une rose infâme épinglée à ma poitrine qu'il voudra certainement que je porte. Et j'ai dis ce qui était le plus logique sur le moment « oui » … parce que je l'aime et que ça lui fait plaisir.

Et me voilà, presque un an plus tard, en costard cravate, devant une assemblée de nos amis, collègues, et fans, prêt à sceller notre amour publiquement … avec sans oublier la rose infâme épinglée à ma poitrine tout comme ce satané nerd le voulait. Tout le monde était habillé comme il se devait, les filles maquillées, les garçons bien coiffés, tout le monde était souriant … sauf moi. Moi ? Et ben ...

_ Inspire … Expire …

Moi, je paniquais.

_ Kirishima … murmure-je à mon témoin juste à côté de moi.

_ Hm ?

_ Je peux pas faire ça.

_ Hein ?

_ Je peux pas faire ça, c'est pas moi, tout ça, ça me ressemble pas. J'ai dis oui pour Izuku parce que je l'aime, j'ai envie de lui faire plaisir et tout mais moi tout ça, ça me fait pas plaisir. Je sais pas quoi faire, je peux pas. Et si on faisait une connerie ? On a pas besoin de mariage pour s'aimer, on était très bien sans faire ça.

_ Ok là tu nous fait le Midoriya qui panique et qui pense beaucoup trop. Déjà, tu viens de le dire, tu l'aimes, alors c'est tout naturel que vous en soyez là, ça fait combien de temps que vous êtes ensemble ? Sept ou huit ans ?

_ Huit ans et deux mois.

_ Tu vois ? Panique pas Bakubro, tout va bien se passer, il va arriver, il va se présenter devant toi, et tu vas savoir tout de suite que c'est pas une connerie.

_ Ok.

_ Qui aurait cru que tu serais du genre à paniquer ?

_ La ferme, et si jamais tu le dis à quelqu'un et surtout si tu le dis à Deku, j'explose ta tête d'ortie.

_ Ah ! Là je te reconnais mieux ! Ha ha ! Tu crois que c'est possible que tu puisses accepter de te marier si tu n'en as pas vraiment envie au fond de toi ? Hm ?

La musique se lance et les invités se taisent. Et Izuku est entré. Il porte un costume blanc avec une cravate rouge rappelant ses légendaires baskets du lycée. Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire. Je m'avance dans l'allée en direction de mon fiancé et devant lui je m'arrête pour le détailler. Tête d'ortie a raison, en voyant le visage radieux de Deku, je sais que tout ceci, la décoration, la fête, le repas, ne sont que des détails et que l'homme en face de moi, ce n'est pas une connerie.

_ Je t'aime.

Ses yeux s'illuminent instantanément et une petite larme de joie coule le long de sa joue. Je l'essuie du pouce et tend mon bras pour qu'il le prenne et nous nous avançons jusque devant le maire, entourée de Kirishima et la tête d'œuf qui sert de témoins à mon futur mari. Je ne fais pas ça uniquement pour lui. Tout ce que je fais pour lui je le fais aussi pour moi.