Bonjour tout le monde ! J'espère que vous allez bien et qu'il fait un peu plus de douze degrés chez vous XD
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Réponses aux reviews :
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luxcie : Oui, la haine Severus/Harry c'était obligé que je la reprenne, mais c'est pour mieux y remédier XD Je ne sais absolument pas quelle autre option a choisi Draco, on sait qu'il a pris soins aux créatures magiques mais franchement, je le vois mal suivre les runes ou l'arithmancie XD Dumbledore en vrai ce sera le personnage qui interviendra quand il le faudra XD Sinon ... x) Draco a passé les tests lui aussi mais contrairement à Blaise, il les a réussis, c'est pour ça que c'est lui qui a été nommé préfet XD C'est drôle que tu te demandes pourquoi Pansy déteste Daphné car je viens d'écrire le chapitre où il y a la réponse x) J'espère que personne n'est pressé, du coup XD Et c'est pareil pour Harry : il va falloir attendre tout aussi longtemps pour qu'il soit pris en main :/ Merci pour ta review, c'est toujours un plaisir de les (re)lire !
Butterfly Fictions : Il va falloir attendre la rentrée pour savoir comment Draco va se comporter envers Harry, plus que quelques chapitres ;) Tu poses exactement les bonnes questions concernant Severus, les réponses arriveront plus tard mais je me suis en effet basée sur le rôle d'espion de Severus :) Pour Harry, c'est justement parce que sa séance chez la psychomage ne lui a pas fait du bien qu'il veut fabriquer des potions de sommeil sans rêves :/ Sauf qu'il est un peu dans le déni ^^ Merci pour ta review =)
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Je vous laisse avec le nouveau chapitre dans lequel on en apprend plus sur la vie sentimentale de Harry ;)
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8 – Potion et révélation
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(samedi 12/08) POV Harry
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L'annonce que Sirius et Remus avaient faite à Harry quatre jours plus tôt avait considérablement changé l'ambiance au Square. Harry ne s'en était pas vraiment rendu compte sur le moment mais avant que Sirius et Remus ne lui avouent qu'ils allaient (re)devenir professeurs à la rentrée, l'atmosphère était souvent tendue car ils devaient sans cesse faire attention à ne pas commettre d'impair. Ils devaient lui cacher la vérité et cela n'avait pas dû être simple pour eux. Harry s'était souvenu du nombre de fois où ils avaient semblé sur le point de dire quelque chose avant de se raviser. Il était bien content de savoir la vérité, désormais.
Étrangement, il s'était davantage rapproché de Remus en sachant qu'il le verrait toujours quotidiennement à la rentrée. Il ne lui était pas venu une seule seconde à l'esprit de se remettre à l'appeler «professeur». Bien au contraire. À la demande de Remus, Harry s'était mis à le tutoyer, au prix d'un effort surhumain. Cette fois, il n'avait pas eu besoin d'un plan des deux Maraudeurs pour accéder à la requête de Remus. Il avait sûrement été traumatisé par la mascarade puérile dont il avait été la victime deux semaines plus tôt pour en subir une autre.
Il s'était évidemment encore plus rapproché de Sirius également. Savoir qu'il n'allait pas passer quatre mois sans le voir à partir de la rentrée l'avait grandement soulagé. Il ne se sentait pas prêt à retrouver une vie sans Sirius, même si ce n'était qu'éphémère. Pour la première fois de sa vie, il avait l'impression d'avoir une famille. Une vraie famille. Car Sirius et Remus étaient clairement devenus une famille pour lui. Même si cela ne faisait qu'un mois et demi qu'il vivait avec eux. Il connaissait déjà bien Remus avant cet été, et Sirius... eh bien, c'était son parrain. Ils étaient tous deux là pour lui et ils ne le laisseraient jamais tomber. Tout cela lui suffisait pour les considérer comme étant sa famille.
Avec les deux annonces simultanées qu'ils lui avaient faites, Harry n'avait pas eu l'occasion de leur demander de l'emmener sur le Chemin de Traverse pour acheter les ingrédients dont il avait besoin pour sa potion de sommeil sans rêves. Ses nuits étaient de plus en plus courtes et il n'en pouvait vraiment plus. Mais il avait peur que Sirius et Remus se doutent de quelque chose. Ils allaient se demander pourquoi il était si pressé d'aller sur le Chemin de Traverse alors qu'il était censé y aller la semaine suivante avec Ron et Hermione.
Comme à chaque fois qu'il avait un sujet délicat à aborder, il alla voir Remus qui remettait en ordre une pièce au deuxième étage. La porte était ouverte mais il préféra quand-même toquer afin de signaler sa présence. Remus leva les yeux et lui sourit.
- Eh bien Harry, que me vaut ta visite ?
- Euh... j'aimerais te parler. Mais je dérange peut-être...
- Oh oui, beaucoup. Je m'éclatais à ranger cette pièce, vois-tu. Plus sérieusement, tu ne déranges jamais, tu le sais bien. Alors, qu'est-ce qui se passe ?
Harry décida d'y aller de but en blanc.
- Je souhaiterais aller sur le Chemin de Traverse.
- Mais tu es censé y aller jeudi prochain avec tes amis, si je me souviens bien.
- Oui mais je voudrais y aller avant. Je pense que tu l'auras compris mais je veux vraiment être tranquille, cette année. Je ne veux avoir aucun professeur sur le dos. Et surtout pas Snape. Pardon, le professeur Snape, rectifia Harry en grimaçant. Je ne veux pas qu'il ait des raisons de me persécuter en cours. Je veux qu'il me laisse tranquille. Si je me mets à avoir des notes acceptables en potions, il n'aura rien à me dire. J'aimerais donc m'améliorer. Mais pour ça il faut que je m'entraîne. Il faut donc je m'exerce ici. Mais je n'ai pas assez d'ingrédients. C'est pour ça qu'il faut que j'aille sur le Chemin de Traverse.
- D'accord, je comprends mieux. Je t'avoue être un peu surpris. Je ne pensais pas que tu irais jusqu'à être prêt à faire des potions en vacances pour espérer être tranquille en cours de potions. Tu dois vraiment être désespéré.
- Je suis sûr que ça peut devenir un plaisir de préparer des potions si je n'ai pas le professeur Snape derrière moi. Il me bloque à épier chacun de mes faits et gestes en attendant que je fasse une erreur pour m'humilier et me mettre un zéro pointé. Là je serai tout seul, je pourrai recommencer autant de fois que je le veux si je me trompe. J'irai à mon rythme. Je n'aurai pas de pression.
Remus hocha la tête.
- Encore une fois je te comprends. Et je t'approuve totalement. Ce n'est pas moi qui vais te décourager à faire des efforts avec ton professeur de potions. Tu es plus raisonnable que Sirius, en tout cas. D'ailleurs, pourquoi n'es-tu pas allé le voir, lui ?
- Parce que je ne suis pas sûr qu'il m'aurait compris comme toi. Ça lui aurait sûrement semblé absurde que je veuille faire des potions alors que je suis en vacances.
- Non, tu te trompes. Il trouverait sûrement que c'est une bonne idée. Même si, lui, ne serait pas prêt à en faire autant. Mais je vais t'éviter la peine de lui en parler car je dois moi aussi aller sur le Chemin de Traverse. Il faut que je m'achète de nouvelles robes ainsi qu'une nouvelle mallette. Je n'aurai qu'à te demander devant Sirius si tu veux venir avec moi pour que tu sortes un peu. Avec un peu de chance, il voudra peut-être venir avec nous.
- Ce serait bien, approuva Harry. En plus il doit faire des achats pour la rentrée, lui aussi. Il lui faut tout ce qu'un enseignant doit avoir. Il va sûrement être paumé, le pauvre. C'est nouveau, pour lui. Il ne va pas savoir quoi acheter.
- Ne t'en fais pas, je serai là pour l'aider. On parlera de tout cela ce midi. En attendant tu veux bien m'aider à rendre cette pièce un peu plus... sympathique ?
- C'est Sirius qui t'a demandé de t'occuper de ce taudis ?
- Non, c'est moi qui l'ait décidé tout seul. Je me suis dit que si je me trouvais quelque chose d'utile à faire dans cette maison, ton parrain arrêterait de me demander toutes les heures si je veux l'aider à repeindre les murs.
Harry éclata de rire.
- Il est persévérant ! Mais je trouve que ce n'est pas si mal de refaire les murs en couleur ocre. Ça va bien avec le style de la maison. C'est neutre et il a choisi une nuance d'ocre plutôt jolie. Je ne dis pas que l'ancienne couleur était moche, au contraire, mais... je trouve que celle-ci correspond davantage à la maison.
- Je trouve aussi.
Harry haussa les sourcils.
- Je croyais que tu étais contre cette idée ?
- À la base, oui. Disons que ça m'énervait que Sirius veuille tout repeindre alors qu'on avait passé des mois avant ton arrivée à dépoussiérer la maison, enlever la crasse sur les murs, les rendre plus lisses, puis les repeindre. Mais maintenant que presque tous les murs sont repeints, je dois avouer que c'était une bonne idée. Mais ne le dis surtout pas à Sirius. Sinon je n'ai pas fini d'en entendre parler. À chaque fois que je vais être contre une de ses idées, il va me rappeler l'histoire des murs pour me faire changer d'avis.
- Ce n'est pas très gentil pour lui de ne pas lui dire ce que tu penses vraiment.
- Harry, si tu lui dis quoi que ce soit, je te colle dès la rentrée.
Harry écarquilla les yeux, choqué.
- Tu es sérieux ?! Mais... tu n'as pas le droit !
- Oh ne t'en fais pas, je ferai ça de façon subtile. Disons que je ferai en sorte que tu acceptes de m'aider à ranger ma salle de classe entre dix-sept et dix-neuf heures. Comme ça, ce ne sera pas une vraie retenue mais je te priverai quand-même de ta soirée.
- C'est très Serpentard, ça.
- On a tous un côté Serpentard en nous, Harry.
- Pffff... Je suis sûr que tu ne le feras pas.
- Tu ne devrais pas me sous-estimer. Bon, alors, tu veux bien m'aider ?
- Si je refuse, c'est quoi la menace ?
Remus se mit à rire.
- Aucune ! Je ne suis pas un monstre, voyons. La menace de la colle c'est juste pour éviter d'avoir Sirius sur le dos dès que je critiquerai une de ses idées. Tu ne peux pas savoir combien il peut être énervant.
Harry sourit.
- D'accord, je ne dirai rien. Et je suis d'accord pour t'aider. Je n'ai rien d'autre à faire d'urgent de toute façon. Non, je te préviens, dit Harry en voyant Remus ouvrir la bouche. Si tu me parles des devoirs, je te laisse te débrouiller tout seul.
Remus feignit d'être impressionné par la menace de Harry.
- Message reçu. Je ne vais pas t'embêter avec ça. Après tout, tu es assez grand pour gérer toi-même tes devoirs. Je suis sûr qu'il ne te reste plus grand-chose à faire.
Harry retint une grimace. Il était presque certain que Remus savait, qu'en réalité, il était très en retard sur ses devoirs. Mais quelle idée aussi de donner des devoirs à faire pendant les vacances d'été ! Il préféra cependant mentir et affirma :
- Oui, il ne me reste qu'un devoir et ce sera bon.
Sur ces mots, il se mit au rangement en ignorant le regard délibérément moqueur de Remus. Fichu Maraudeur !
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Quelques heures plus tard, Sirius, Remus et Harry se rendirent sur le Chemin de Traverse. Sirius n'avait émis aucune objection à l'idée d'y aller ce jour-là, estimant qu'il était grand temps pour lui de se préparer pour la rentrée. Au grand soulagement de Harry, il lui avait proposé d'aller acheter ses ingrédients pendant que Remus et lui-même allaient faire leurs propres achats, Sirius ayant besoin de «l'avis éclairé» de Remus. Connaissant son parrain, Harry se dit qu'il allait sûrement mettre des heures et des heures à choisir la malle où il mettrait ses cours de la journée. Étant donné que ce n'était pas le seul achat que Sirius allait devoir faire, Harry avait donc tout son temps devant lui. Il pouvait flâner avant de se rendre chez l'apothicaire. Et c'est ce qu'il fit. Il ne put s'empêcher de passer par le magasin d'accessoires de Quidditch, même s'il ne comptait rien acheter pour le moment. Il voulait juste voir les dernières nouveautés. Il y ferait certainement des achats lorsqu'il retournerait sur le Chemin de Traverse avec Ron et Hermione. Après avoir admiré tout ce qui se trouvait dans les vitrines, il se rendit au Royaume des Hiboux. Il voulait acheter de la nourriture et des friandises pour Hedwige, sa chouette et sa toute première amie. Ou plutôt sa deuxième amie, si l'on comptait Hagrid. Lorsqu'il arriva dans l'animalerie, il se demanda s'il n'allait pas repasser plus tard. Il y avait beaucoup trop de monde. Il n'était pas à l'aise dans les endroits trop bondés. Il avait vite l'impression de manquer d'air. Il s'apprêtait à faire demi-tour lorsque quelqu'un l'appela. Il se retourna et vit deux Gryffondor de son année : Dean Thomas et Seamus Finnigan. Comme il avait le temps, il décida d'aller les voir au lieu de simplement leur faire un signe de la main. Il ne voulait pas paraître asocial !
- Salut, Dean, salut Seamus, dit-il en s'approchant. Vous êtes venus faire vos achats pour la rentrée ?
- Ouais, comme ça ce sera fait. Et toi ? Tu es tout seul ?
- Oui et non. Mais je ne suis pas avec Ron et Hermione, si c'était ça ta question. Je ferai mes courses plus tard avec eux.
Harry remarqua que Seamus fixait le haut de sa robe avec insistance.
- Tu cherches quelque chose, Seamus ? demanda-t-il.
L'irlandais releva la tête.
- Tu ne te promènes pas avec ton badge ?
Harry fronça les sourcils. Un badge ? Quel badge ? Avait-il raté un épisode ? Était-ce une nouveauté de Poudlard dont il n'était pas au courant ?
- De quel badge parles-tu ?
- Je veux dire... ton insigne de préfet. Tu as bien été nommé préfet, non ?
- Oh...
Harry ne s'attendait pas à cela. Cela lui rappela la lettre de Hermione dans laquelle son amie lui disait qu'elle était hyper heureuse à l'idée de faire les rondes avec lui. Il s'était senti affreusement gêné. Non pas pour lui, mais pour Hermione qui se faisait des films et pour le véritable heureux élu auquel elle n'avait pas pensé comme son potentiel binôme... Harry, lui, s'en fichait de ne pas avoir été nommé préfet. Il ne s'était même pas imaginé se voir attribuer ce titre. Cela n'aurait pas été compatible avec son envie de passer une année tranquille. Oui, il était énervant avec ça mais il souhaitait vraiment avoir une année paisible. Et puis, pour être totalement franc, il n'avait jamais vraiment voulu devenir préfet. Il ne se voyait pas dans ce rôle. Cela ne lui ressemblait pas de faire la loi dans l'école. Il ne s'imaginait pas du tout arpenter les couloirs pour réprimander tous les élèves qui ne respecteraient pas le règlement. C'était plutôt dans le caractère de Hermione de faire ça.
Ce qui l'avait gêné, également, c'était le fait qu'elle semblait vraiment persuadée que c'était lui son homologue. Alors qu'en réalité c'était Ron, comme il l'avait appris dans une lettre que ce dernier lui avait envoyée. Il était sincèrement content pour son meilleur ami. Il espérait que cela l'aiderait à avoir davantage confiance en lui. Si on l'avait nommé préfet, ce n'était pas hasard. Il avait beaucoup à y gagner.
Harry sortit de ses pensées et répondit à Seamus :
- Non, je n'ai pas été nommé préfet. Je ne sais pas pourquoi tout le monde pense que c'est moi mais ce titre a été attribué à quelqu'un d'autre.
- Ah bon ? Mais... ce n'est pas normal, lâcha Seamus, perplexe. Ça aurait dû être toi, le préfet.
- Pourquoi ? Parce que je suis encore plus célèbre que je ne l'étais avant ? Je sais qu'il faut être un minimum populaire auprès des autres élèves pour être nommé préfet. Mais je n'ai jamais voulu de cette popularité. Ni lorsque j'ai involontairement fait disparaître Voldemort quand j'avais un an, ni lorsque je l'ai tué il y a un mois et demi avec mon bon vieil Expelliarmus. J'aimerais juste qu'on m'oublie, en fait. Je crois que je suis le seul à être content que ce ne soit pas moi qui ait été nommé préfet.
Conscient qu'il avait pu être sec dans ses paroles, Harry se radoucit :
- Excuse-moi, Seamus. Je ne voulais pas être désagréable mais... c'est juste que j'en ai un peu marre. Je voudrais me fondre dans la masse mais c'est impossible. Si tu veux féliciter quelqu'un, tu peux envoyer une lettre à Ron. C'est lui le préfet. Je ne pense pas qu'il m'en voudra de te l'avoir dit. Ça lui fera plaisir de recevoir des félicitations.
Dean haussa les sourcils.
- Ron, préfet ? Étonnant. Mais il doit avoir les qualités nécessaires sinon il n'aurait pas été choisi. Et puis ça l'aidera sûrement à croire plus en lui.
- C'est ce que je me suis dit aussi, dit Harry en souriant.
- Tu ne lui en veux pas, alors ?
- Non, pas du tout. Je trouve ça chouette pour lui.
- Cool. J'ai eu peur un instant que ce soit tendu dans le dortoir à la rentrée. J'espère qu'il ne va pas nous empêcher de parler tard le soir !
- Ron sera toujours le premier à participer à de longues discussions tardives. Ce n'est pas un simple insigne de préfet qui va le changer du tout au tout. Dans le dortoir, il restera le même.
- Tant mieux. Bon, on repassera plus tard dans cette boutique, il y a beaucoup trop de monde. À la rentrée, Harry !
Dean et Seamus s'en allèrent et quittèrent la boutique. Harry soupira. Cette discussion était un aperçu de ce qui l'attendait à la rentrée. Pour la première fois depuis le début des vacances, il se demanda s'il souhaitait réellement retourner à Poudlard. D'accord, il y aurait Sirius, d'accord, il y aurait Remus, d'accord il y aurait Ron et Hermione... Mais il était fatigué. Fatigué de tout. Il ne se sentait pas le courage d'affronter le regard de tous les élèves. Il ne voulait pas répondre à leurs questions. Il ne voulait pas qu'on l'interroge sur... Il voulait qu'on le laisse tranquille.
Désireux de quitter au plus vite cet endroit bondé, Harry se dirigea vers le rayon des friandises pour hiboux. Il dut zigzaguer entre les gens pour y parvenir. Tout le monde avait décidé de s'acheter un hibou ou quoi ?! Une fois arrivé dans le rayon, il chercha les friandises mais ne les trouva pas. Il leva les yeux et grogna. Évidemment, il fallait qu'elles soient en hauteur ! Il tenta de les attraper mais l'étagère était beaucoup trop haute. Même en se mettant sur la pointe des pieds, il ne pouvait pas les atteindre. Il avait beau avoir pris plusieurs centimètres durant l'été, il restait petit pour un garçon de son âge, ne mesurant qu'un mètre soixante-sept. Et cette étagère devait être à au moins un mètre quatre vingt dix du sol.
- Besoin d'aide ?
Il sursauta et se retourna. Deux garçons le regardaient avec un air légèrement moqueur. Harry les reconnut comme étant membres de l'équipe de Quidditch de Serpentard. Par contre il ne se souvenait plus du tout de leurs noms. Les Serpentard avaient la fâcheuse habitude de faire partie de l'équipe de leur maison une année, puis s'en aller l'année d'après, puis revenir l'année suivante... C'était compliqué de s'y retrouver. Mais mis à part ça, Harry se demandait pourquoi l'un de ces deux garçons lui proposait son aide. Depuis quand un Serpentard se montrait-il courtois envers un Gryffondor ? Surtout qu'ils avaient dû le reconnaître... Le plus grand des deux Serpentard dut remarquer son air méfiant puisqu'il lui dit ::
- Ne nous regarde pas comme ça, on ne va pas t'attaquer !
- Désolé mais quand je me retrouve face à deux Serpentard, je me sens rarement rassuré.
- Nous ne sommes pas des Serpentard comme les autres. Nous ne cherchons pas les ennuis auprès des autres maisons. Nous sommes des êtres pacifiques.
- Oui, on s'en fiche que tu sois de Gryffondor, de Poufsouffle ou de Serdaigle. Nous faisons juste une bonne action en te proposant notre aide. Accepte-la.
Ne voulant pas passer pour un asocial une fois de plus, Harry décida de baisser sa garde :
- D'accord, j'accepte.
- Qu'est-ce qu'il te faut ?
- Le sachet de friandises sur l'étagère d'en haut.
Le plus grand des deux Serpentard attrapa le sachet et le tendit à Harry. En le prenant, celui-ci grimaça.
- Et zut, je me suis fait avoir. Ce ne sont pas les bonnes. Hedwige ne digère pas celles-là.
- Fragile, ta chouette. Un peu comme toi, en fait.
La remarque et la façon dont le Serpentard regarda Harry rendirent ce dernier mal à l'aise. Déjà, il le regardait un peu trop intensément. Ensuite, pour qui se prenait-il à lui faire une remarque pareille ? Afin de le faire redescendre un peu, il demanda à lui et à son ami :
- Au fait, vous vous appelez comment ? Je n'arrive jamais à retenir les noms des joueurs de l'équipe de Serpentard.
Les deux garçons semblèrent piqués au vif mais ce fut sur un ton neutre que le plus petit d'entre eux répondit :
- Moi c'est Cassius Warrington et lui c'est Adrian Pucey. Nous comptons tous les deux réintégrer l'équipe de notre maison, alors je te conseille de retenir nos noms.
- Après, je peux faire en sorte que tu retiennes le mien plus facilement. Il suffirait qu'on passe du temps ensemble, dit Pucey à Harry sur un ton lourd de sous-entendus. Allez, on y va, Cassius. On doit justement se ravitailler en matériel pour lustrer nos balais. De Quidditch, je précise, ajouta le Serpentard en faisant un clin d'oeil à Harry.
Les deux garçons prirent congé de Harry qui était devenu rouge comme une tomate à cause de ce que lui avait dit Pucey. C'était la première fois qu'un garçon le draguait ouvertement. Enfin, là, ce n'était même plus de la drague. C'était carrément du rentre-dedans. C'était gênant. Il se demandait si Pucey savait qu'il était gay ou s'il avait tenté sa chance au hasard. Si c'était la première option, Harry ne savait pas comment Pucey aurait pu apprendre ses préférences. Il n'était sorti qu'avec deux garçons et il avait gardé ces deux relations secrètes. Il ne voyait donc pas comment Pucey aurait pu prendre connaissance de son attirance pour les garçons. Mais c'était pourtant l'explication la plus probable. Harry n'imaginait pas quelqu'un venir le draguer sans avoir vérifié au préalable qu'il était bien gay... Il préféra oublier cette entrevue avec les deux Serpentard. Il devait se rendre à la boutique de l'apothicaire. Tant pis pour les friandises de Hedwige, il les achèterait lorsqu'il reviendrait avec Ron et Hermione.
Il sortit donc de l'animalerie et retrouva avec bonheur l'air libre. Il avait l'impression de beaucoup mieux respirer, à présent. Il s'apprêtait à se rendre chez l'apothicaire quand il se souvint qu'il y avait une autre ménagerie magique. Vu qu'il avait le temps, il décida d'y aller. Alors qu'il était presque arrivé, il vit une vingtaine de personnes sortir en trombe du magasin. Elles ne firent même pas attention au garçon qu'elles bousculèrent, voulant visiblement mettre le plus de distance possible entre elles et l'animalerie. En bon Sauveur qu'il était, Harry décida de porter secours au garçon qui se retrouvait par terre. En s'approchant, il reconnut Nott, un élève de son année. Ah non, pas encore un Serpentard ! Il fut presque tenté de faire demi-tour. Avant de se souvenir que Nott ne lui avait jamais rien dit, jamais rien fait. En fait, c'était à peine si Harry connaissait son existence, tellement Nott était discret et réservé. Il s'avança davantage et tendit sa main au Serpentard qui la regarda, l'air surpris. «Si je te la tends c'est pour que tu l'attrapes, pas pour que tu la contemples» se dit Harry. Il s'abstint néanmoins d'exprimer à voix haute ses pensées. En fait, il se rendit compte que Nott avait exactement la même attitude que lui-même avait eu avec les deux Serpentard au Royaume des Hiboux. «Décidément, les clichés vont bon train entre les maisons...» pensa Harry. Nott finit par se remettre de sa surprise et attrapa sa main. Harry l'aida à se relever. Une grimace déforma pendant quelques secondes les traits du Serpentard.
- Ça va ? demanda Harry, inquiet.
- Oui, rien de bien méchant. Merci de m'avoir aidé.
Nott regarda Harry de la tête aux pieds et parut de nouveau surpris :
- Tu n'as pas...
Pensant qu'il allait lui parler de l'insigne de préfet comme l'avait fait Seamus une demie-heure plus tôt, Harry le coupa :
- Non, je ne suis pas le préfet de cette année.
Nott haussa les sourcils.
- Ce n'est pas la question que je voulais te poser. J'allais juste te demander si tu n'avais pas trop chaud, comme ça.
- Oh...
Harry se sentit bête, tout à coup. Il s'était mépris sur les intentions de Nott. De plus, celui-ci avait raison. Harry était chaudement habillé pour une journée où les températures avoisinaient les vingt-huit degrés. Mais il s'était rendu compte qu'il avait perdu du poids depuis le début de l'été et il avait eu peur que cela se voit s'il s'habillait seulement de sa robe de sorcier. Il avait donc préféré accumuler les couches de vêtements. Et, en effet, ça tenait chaud. Mais il préféra mentir :
- Non, je n'ai pas chaud du tout. Tu sais ce qui s'est passé dans l'animalerie ? demanda-t-il afin de changer de sujet.
- Oh, c'est sûrement un fléreur qui a encore fait des siennes. Ça n'arrête pas depuis le début du mois.
Harry fronça les sourcils.
- Tu viens ici tous les jours ?
Nott sembla mal à l'aise quelques secondes avant de reprendre un visage neutre :
- Je loge au Chaudron Baveur.
- Oh...
Harry avait l'impression de beaucoup prononcer la quinzième lettre de l'alphabet depuis le début de cette discussion. Nott allait finir par croire qu'il était limité intellectuellement parlant. Il se demanda pourquoi Nott passait ses vacances au Chaudron Baveur mais il n'eut pas le temps de poser la question car la réponse lui vint soudain à l'esprit. Et heureusement qu'il ne l'avait pas posée,, d'ailleurs. Il aurait sûrement mis de nouveau le Serpentard mal à l'aise.
- J'y ai aussi passé mes vacances il y a deux ans et j'ai trouvé l'auberge plutôt pas mal. En plus c'est sympa de pouvoir se balader sur le Chemin de Traverse quand on veut.
Le visage de Nott se détendit. Il esquissa même un sourire.
- C'est sûr que ça fait du bien d'avoir un peu de liberté. J'ai beaucoup parlé avec le vendeur de glaces.
Harry sourit à son tour.
- Il t'a aidé pour le devoir d'histoire de la magie ?
- Je l'avais déjà fait, répondit Nott en grimaçant. Mais c'était un de nos sujets de prédilection, en effet. Il est passionné et il connaît plein de choses. Ça fait du bien de pouvoir parler d'histoire avec quelqu'un.
- Tu pourrais en parler avec Hermione. Elle aussi adore cette matière.
- On se voit juste en runes et en arithmancie. On n'a pas vraiment beaucoup d'occasions de se parler.
- Vous pouvez vous voir en-dehors de ces deux options, lâcha Harry, perplexe.
- Non, ce serait trop compliqué. Hermione et moi avons chacun nos amis et il se trouve que nos amis respectifs ne s'entendent pas très bien. Ça créerait trop de conflits.
- Je vois, dit Harry en retenant de justesse un troisième «Oh». Désolé, je crois que je fais partie du lot. Mais Malfoy et moi... c'est juste pas possible.
- J'ai cru le comprendre, se moqua gentiment Nott. Tu me permets de lui dire que tu n'es pas le préfet de Gryffondor ? Ça va le mettre en joie pour le reste de ses vacances.
- Je t'en prie, je ne voudrais pas le priver d'une joie pareille, ironisa Harry. Tu pourras lui dire que je suis au moins autant ravi que lui.
- Navré mais je ne fais pas office de hibou. Je suis en faveur des échanges directs. Tu peux lui envoyer une lettre pour le lui dire, si tu veux. Ça me fera bien rire quand il me dira avoir reçu une lettre de toi. Ça va le rendre parano. Il sera persuadé que tu avais de mauvaises intentions, qu'il y avait des menaces cachées dans ta lettre ou que sais-je encore.
- Pour qu'il me prenne la tête à la rentrée ? Non merci. Comme je le répète à tout le monde depuis un mois, je veux passer une année tranquille.
- Je lui ferai passer le message.
- Je croyais que tu ne voulais pas servir de hibou ?
- Il y a des messages plus importants que d'autres. Je dois y aller, passe une bonne fin de vacances.
Nott s'en alla sur ces mots. Il laissa derrière lui un Harry un peu déboussolé. Venait-il réellement d'avoir eu une discussion civilisée avec un Serpentard pendant plus de dix minutes ? D'accord, il n'avait jamais eu d'ennuis avec Nott, mais de là à parler avec lui aussi longtemps... En fait, s'il devait être honnête, il l'avait trouvé très sympathique. C'était plutôt agréable de discuter avec lui. Nott était quelqu'un de... différent. Harry n'avait pas d'autres mots pour le qualifier. Mais il restait un Serpentard. Harry pouvait-il faire confiance à une personne de cette maison ? Il n'en savait rien. Il soupira. Mieux valait ne plus y penser. Il avait eu sa dose de Serpentard pour la journée. Il se remit en route vers la boutique de l'apothicaire en priant pour qu'il ne lui arrive rien d'autre sur le trajet. Au bout de quelques minutes, il entra dans la boutique sans avoir rencontré d'autre obstacle sur son chemin. Il prit tout un tas d'ingrédients mais pas suffisamment pour que cela lui fasse l'année. Il comptait bien y retourner avec Ron et Hermione. S'il leur disait qu'il n'avait pas besoin d'acheter d'ingrédients, il allait devoir leur expliquer sa résolution de s'améliorer en potions et il n'en avait pas très envie. Surtout qu'il allait devoir leur mentir à eux aussi en leur cachant son projet de fabriquer des potions de sommeil sans rêves. Après avoir réglé ses achats, il sortit et tomba nez à nez avec Sirius et Remus.
- Tu as ce qu'il te faut ? lui demanda gaiement son parrain.
- Oui, et toi ? Tu as trouvé ton bonheur, on dirait, dit Harry en lorgnant sur la malle que tenait Sirius à la main.
- Oui, elle est parfaite pour moi ! Remus m'a beaucoup aidé. Il devrait se reconvertir dans la vente. Il est très doué pour conseiller les clients.
- Ne lui donne pas des idées comme ça, sinon il ne va pas revenir à Poudlard, protesta Harry. Tu comptes toujours revenir enseigner, hein Remus ? ajouta-t-il en regardant son ex-professeur de Défense Contre les Forces du Mal, futur professeur de métamorphose et futur directeur de maison.
- Bien sûr, quelle question ! N'écoute pas Sirius, la vente, ce n'est pas mon truc. Bon, si on rentrait ? À moins que tu aies d'autres courses à faire, Harry.
- Non, c'est bon. J'achèterai le reste la semaine prochaine avec Ron et Hermione.
- Bien, rentrons, alors, déclara Sirius. Poudre de Cheminette ou transplanage ? demanda-t-il à Harry.
Celui-ci grimaça.
- Si on peut éviter le transplanage...
Sirius voulut se moquer mais Remus l'en dissuada d'un regard noir, ce qui amusa beaucoup Harry. Il se dit qu'il avait vraiment de la chance de les avoir et il était vraiment heureux à l'idée de les avoir près de lui lorsqu'il retournerait à Poudlard.
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(lundi 14/08) POV Harry
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Deux jours après avoir acheté les ingrédients, Harry se mit à la préparation de la potion de sommeil sans rêves. Il s'était procuré la recette et avait remarqué qu'il y avait quatre ingrédients qui se retrouvaient également dans le philtre de paix : la poudre bleue, la poudre rose, la poudre de pierre de lune et le sirop d'ellébore. Il y avait aussi des baies de gui, du jus de figue, de l'huile de rose, de la livèche et de la menthe poivrée. Il y avait beaucoup de composants et c'était peut-être là que se trouvait la difficulté de la potion, même si elle semblait plutôt facile à préparer. Malgré tout, Harry avait peur de se lancer. Et s'il ratait la potion ? Et s'il la buvait et s'empoisonnait ? Non, il ne la boirait pas tant qu'il ne serait pas sûr qu'elle était correctement préparée. Il ne la boirait que si elle avait la couleur escomptée.
Il prit une grande inspiration et fit chauffer de l'eau dans son chaudron. Il vérifia une énième fois les ingrédients :
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8 grammes de baies de gui
4 cl de jus de figue
6 cl d'huile de rose
8 grammes de lavande
2 grammes de livèche
5 grammes de menthe poivrée
5 grammes de poudre bleue
5 grammes de poudre rose
5 grammes de poudre de pierre de lune
5 cl de sirop d'ellébore
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Il avait tout ce qu'il fallait. Il lut ensuite de nouveau la recette :
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1) Ajouter 4 grammes de baies de gui
2) Tourner 2 fois dans le sens des aiguilles d'une montre
3) Verser 4 cl de jus de figue
4) Faire chauffer jusqu'à obtenir une couleur rose
5) Verser 5 cl de sirop d'ellébore
6) Tourner 2 fois dans le sens inverse des aiguilles d'une montre
7) Ajouter 5 grammes de poudre bleue
8) Ajouter 5 grammes de poudre rose
9) Tourner 4 fois dans le sens des aiguilles d'une montre
10) Chauffer pendant deux minutes à 75°C
11) Ajouter 2 grammes de livèche
12) Tourner 2 fois dans le sens des aiguilles d'une montre
13) Ajouter 4 grammes de baies de gui
14) Chauffer pendant trois minutes à 75°C
15) Ajouter 5 grammes de menthe poivrée
16) Ajouter 8 grammes de lavande
17) Tourner 4 fois dans le sens inverse des aiguilles d'une montre
18) Verser 6 cl d'huile de rose
19) Tourner 2 fois dans le sens des aiguilles d'une montre
20) Ajouter 4 grammes de poudre de pierre de lune
21) Tourner 3 fois dans le sens des aiguilles d'une montre
22) Chauffer à 70°C jusqu'à ce que la potion devienne bleu ciel.
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Harry regretta ce qu'il avait pensé. La fabrication de cette potion n'était pas aussi simple qu'il le croyait. Trop de chiffres, trop d'étapes, trop de précisions... Elle n'était pourtant pas si longue que ça à préparer. Il souffla pour se donner du courage et s'attela à la tâche. Il mit quatre grammes de baies de gui dans son chaudron et tourna deux fois dans le sens des aiguilles d'une montre. Il devait faire bien attention à ne pas se tromper de sens. C'était souvent ce qui lui faisait défaut en cours de potions. Il versa ensuite quatre centilitres de jus de figue. Il fit chauffer la potion puis, lorsqu'elle devint rose, il incorpora cinq centilitres de sirop d'ellébore. Il tourna ensuite quatre fois dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Zut ! Il s'était trompé. Il fallait tourner trois fois, et non pas quatre fois. Stupide erreur d'inattention ! Il soupira de frustration et vida le contenu de son chaudron. Au moins, il n'avait pas Snape derrière son dos qui se moquait de lui. Ce fut donc en confiance qu'il recommença la potion.
Il refit les six premières étapes correctement sans se tromper sur le nombre de tours. Arrivé à la septième étape, il ajouta cinq grammes de poudre bleue et cinq grammes de poudre rose. Puis il tourna quatre fois dans le sens des aiguille d'une montre et chauffa la potion pendant deux minutes à soixante-quinze degrés. Il ajouta ensuite deux grammes de livèche et tourna deux fois dans le sens des aiguilles d'une montre. Il chauffa pendant trois minutes à soixante-quinze degrés et ajouta cinq grammes de menthe poivrée ainsi que huit grammes de lavande. Puis il tourna quatre fois dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Alors qu'il s'apprêtait à doser les six centilitres d'huile de rose, il remarqua qu'il lui restait quelques grammes de baies de gui. Il lui semblait pourtant qu'à ce stade de la préparation, il ne devait plus lui en rester. Il fronça les sourcils et relut la recette. Arrivé à la treizième étape, il se sentit blêmir. Oh non... C'était à ce moment-là qu'il aurait dû mettre les quatre grammes restants de baies de gui ! Il avait complètement oublié cette étape. Il se morigéna. Ce n'était pas étonnant qu'il soit aussi nul en potions ! Il n'était pas assez attentif. Il ne lisait pas bien les consignes. Il souffla et vida de nouveau le contenu de son chaudron. «Cette fois sera la bonne» se dit-il.
Il recommença et redoubla de vigilance. Il commençait à connaître les six étapes par coeur puisque c'était la troisième fois qu'il les faisait. Les six suivantes furent également assez faciles. Lorsqu'il parvint à la treizième étape, il fut tout particulièrement attentif. Il veilla bien à mettre les quatre grammes de baies de gui restants et resta très concentré jusqu'à la dix-neuvième étape qu'il n'avait pas encore réalisée jusque-là. Il souffla longuement. Il ne restait que quatre étapes. Il s'efforça de calmer les tremblements de son bras droit et tourna deux fois dans le sens des aiguilles d'une montre. Puis il ajouta quatre grammes de poudre de lune. Il tourna ensuite trois fois dans le sens des aiguilles d'une montre et chauffa la potion à soixante-dix degrés en espérant qu'elle devienne bleue. Les quelques minutes qui suivirent furent horriblement longues pour lui. Lorsque, enfin, la potion devint bleue, il crut qu'il allait s'évanouir. Il avait réussi. Il osait à peine y croire. Était-ce bien réel ? Lui, Harry Potter, avait-il vraiment réussi à faire une potion ? Il regarda de nouveau celle qu'il venait de préparer. Elle était bel et bien bleue. Et bleu ciel, en plus. Comme c'était marqué dans la recette. C'était sûrement un coup de chance. Ou bien la chance du débutant. Car c'était la première fois qu'il réalisait cette potion. Il n'aurait jamais pensé qu'il la réussirait au bout de la troisième tentative seulement ! Non, il devait simplement avoir eu de la chance, il n'y avait pas d'autre explication.
Il estima rapidement combien de fioles il pouvait remplir avec le contenu de son chaudron. Il pensa pouvoir en remplir une douzaine, ce qui lui assurait environ deux semaines de potions de sommeil sans rêves. Ça n'allait pas l'amener jusqu'à la rentrée. Il allait devoir en refaire. Mais plus tard. Déjà, il en prendrait le soir-même et il verrait le lendemain si ça avait réellement marché. Si c'était le cas, il avait une dizaine de jours pour en refaire. Heureusement, il avait pensé à acheter plein de fioles. Il vida le chaudron et fut satisfait en constatant qu'il avait pu remplir quinze flacons. C'était plus qu'il ne l'espérait.
Comme il avait dit à Sirius et Remus qu'il souhaitait s'entraîner, il décida de préparer une potion qu'il avait déjà apprise en cours. Il prit son manuel de quatrième année et opta pour la potion d'aiguise-méninges. Il se rappelait vaguement l'avoir préparée dans les cachots quelques mois plus tôt mais il ne savait plus du tout s'il avait eu un Piètre ou un Désolant.
Il vérifia d'abord s'il avait les ingrédients nécessaires pour la potion d'aiguise-méninges et fut rassuré de voir que c'était le cas. Il se mit alors au travail. C'était une potion relativement courte à préparer. Mais elle demandait beaucoup de précision et d'attention. Plusieurs ingrédients devaient être finement réduits en poudre, ce qui n'était pas forcément simple à faire. Le scarabée glissait entre les doigts, refusant de se laisser facilement émietter. Les épines de porc-épic étaient elles aussi difficiles à réduire en poudre. Elles étaient beaucoup trop fines ! Tout ce que Harry réussissait à faire, c'était les couper en tout petits morceaux. Mais il n'arrivait pas à en faire de la poudre. Cela lui paraissait impossible à faire. Il songea prendre un livre et l'abattre sur les épines, mais il douta de l'efficacité de la méthode. Surtout qu'il ne pensait pas que c'était autorisé en cours... Même s'il n'avait pas Snape derrière lui, il devait se mettre dans les conditions dans lesquelles il était en cours. S'il abattait son livre de potions sur un ingrédient en plein cours, cela lui coûterait certainement dix points en moins pour Gryffondor ainsi qu'une retenue pour dégradation de matériel. Mieux valait ne pas y songer. Il fallait qu'il trouve une autre solution pour réduire en poudre les épines. Il avisa le couteau qu'il avait utilisé pour les couper en morceaux. S'il se servait du plat de la lame, cela marcherait peut-être mieux... Il essaya, appuya fort le plat de la lame sur une épine, releva le couteau... et eut l'agréable surprise de voir que cela avait fonctionné. Son épine formait à présent un petit tas de poudre. Il les incorpora dans la potion et prit une fiole de bile de tatou. Il en mesura cinq centilitres et les versa dans le chaudron. Il mit six grammes de poudre brune, ajouta de nouveau de la bile de tatou et mélangea jusqu'à ce que la potion prenne une couleur violette.
Il avait réussi. Était-ce aussi simple que cela ? Il n'en revenait pas. Il venait de préparer correctement deux potions coup sur coup. D'accord, il était censé maîtriser la potion d'aiguise-méninges puisqu'elle était au programme de la quatrième année, mais pour quelqu'un d'aussi nul que lui, la réussir du premier coup, c'était quelque chose d'inespéré. Il fallait cependant relativiser. Cette potion était quand-même très simple. Il n'avait aucun mérite. Mais il était tout de même fier de lui. Et il regrettait de ne pas être capable de réaliser de tels exploits en cours. Il savait que c'était à cause de la pression que Snape lui mettait. Mais il trouvait ça vraiment dommage. Il avait les capacités d'être un bon élève en potions et il se cantonnait pourtant aux zéros et autres mauvaises notes. Tout ça parce qu'il se laissait déstabiliser par son professeur. Ce dernier lui avait bien fait comprendre dès le premier cours qu'il était nul, le lui avait répété cours après cours, semaine après semaine, mois après mois, année après année, et à force, Harry avait fini par s'en convaincre. Mais maintenant il avait la preuve qu'il pouvait être bon. Il lui suffirait juste d'ignorer son professeur dès la rentrée. Ne pas faire attention à lui quand il tournerait autour de son chaudron. Ne pas faire attention à ses moyens de pression. Ne pas faire attention à ses remarques désobligeantes. Ne pas faire attention à son regard qu'il sentirait sur lui. Il fallait qu'il se blinde. Faire comme si Snape n'existait pas. Il n'aurait qu'à se concentrer uniquement sur sa potion. Il en était capable, il le savait.
Fier de son succès, il récupéra un extrait de la potion dans une fiole, sortit de la pièce qu'il avait réquisitionnée et se rendit au salon où se trouvaient Sirius et Remus.
- Tu as fini ta séance d'entraînement ? lui demanda Sirius.
Harry acquiesça et lui tendit la fiole.
- C'est de la potion d'aiguise-méninges.
Sirius regarda attentivement le contenu de la fiole, tout comme Remus qui se pencha pour l'examiner.
- Elle me paraît parfaite ! Je me souviens un peu de cette potion, je sais qu'à la fin elle doit être violette. Mais comment as-tu réussi cette potion ? D'après ce que tu m'as dit, ton niveau ne permet pas d'avoir un aussi bon résultat...
- Je ne sais pas, je me sentais en confiance. Bien plus qu'en cours. J'étais tout seul, j'arrivais mieux à me concentrer. Je n'avais pas de remarques toutes les cinq minutes.
- Attends, tu es en train de me dire que c'est uniquement à cause de Servilus que tu es une bouse de dragon en potions ? Je me doutais qu'il avait une grande part de responsabilité mais je pensais qu'il y avait aussi un certain désintérêt de ta part pour cette matière...
- Si j'ai eu un désintérêt, c'est à cause de Snape. Dès le premier cours il a fait en sorte de me dégoûter de son cours. Mais je viens de me rendre compte que je n'ai jamais vraiment haï la matière en elle-même. C'est plutôt cool, les potions. J'aime bien ce qui est pratique. Je sais que vous allez me dire que je ne dois pas rejeter toute la faute sur lui mais je pense vraiment que c'est à cause de Snape que je suis devenu nul. Il ne m'a pas laissé l'occasion de faire mes preuves. Il m'a catalogué comme mauvais élève dès la première seconde où il m'a vu. Il m'a bombardé de questions comme s'il s'attendait à ce que j'aie appris par coeur le programme durant l'été. Alors que j'ai à peine eu le temps d'ouvrir mon livre. Je venais tout juste d'apprendre ma condition de sorcier, j'avais autre chose à penser !
Harry baissa les yeux en se rendant compte qu'il était en train d'assassiner verbalement son professeur de potions.
- Pardon, je ne voulais pas dire tout ça...
- Ne t'excuse pas, je pense que c'était nécessaire, dit doucement Remus. Sirius et moi essaierons d'avoir une discussion avec ton professeur à ce sujet. Nous allons mettre les choses au clair avec lui.
- Vous allez lui demander d'arrêter de me persécuter ?
- Disons qu'on va tout faire pour que ça se passe le mieux possible entre vous cette année.
- On pourrait lui montrer la potion que Harry vient de faire ! suggéra Sirius.
- J'adorerais mais il dirait sûrement que nous l'avons aidé, soupira Remus. Il ne voudra jamais croire que Harry a réussi cette potion tout seul alors qu'il n'a jamais été bon durant ses cours...
Remus se tourna vers Harry.
- Il va falloir que tu lui prouves que tu n'es pas l'élève nul qu'il pense que tu es. Si tu peux réussir une potion du niveau de quatrième année ici, il n'y a pas de raison pour que tu ne puisses pas le faire à Poudlard. Fais comme si tu étais ici et tu y arriveras. Tu es bon, Harry. Il faut juste que tu oublies ton professeur.
- C'est ce que je me suis dit, répondit Harry. Je me suis promis de l'ignorer dès la rentrée. Dans la mesure du possible, bien sûr. S'il me pose une question, je répondrai. Mais s'il me fait une remarque, je n'y ferai pas attention.
- Voilà de très bonnes décisions, approuva Remus. Mais tu n'as fait que cette potion en deux heures ?
- Non, j'en ai fait d'autres mais de niveau de deuxième ou troisième année, mentit Harry. J'ai préféré vous montrer celle du niveau auquel je dois être. Je pense que je ne vais pas me risquer aux potions du programme de cinquième année. Snape va vraiment trouver ça trop suspect si je réussis à les faire du premier coup en cours.
- Le professeur Snape, Harry, le réprimanda gentiment Remus. Si tu veux que ça se passe bien entre vous, tu dois commencer par le respecter en tant que professeur quand tu nous parles de lui. Ça vaut pour tout le monde, d'ailleurs, ajouta-t-il en glissant un regard vers Sirius.
- J'ai dit que je ferai des efforts, répliqua celui-ci. Mais s'il m'appelle «le cabot» je ne pourrai pas le laisser m'insulter sans réagir.
- C'est pourtant la meilleure chose que tu auras à faire... L'ignorer va l'énerver davantage que si tu lui répondais. Mais bon, on ne va pas revenir là-dessus. Au fait, tu as reçu une lettre, Harry. On a préféré attendre que tu reviennes pour te la donner. On ne voulait pas te déranger en plein travail.
- C'est gentil, dit Harry en souriant.
Il prit la lettre que Remus lui tendait, la déplia et la lut.
- Oh c'est Hermione, elle ne peut pas aller sur le Chemin de Traverse jeudi, du coup elle décale à jeudi de la semaine prochaine si je suis libre. Elle a déjà la réponse de Ron qui est d'accord pour ce jour-là.
- Tu peux lui dire que tu seras libre aussi, affirma Sirius. Nous ne sommes pas des gens très occupés, vois-tu. Nous n'avons pas grand-chose de prévu. C'est triste, hein ?
Harry se mit à rire.
- Non, pas du tout. Nous sommes un peu sortis quand-même. Entre la bibliothèque municipale, le parc d'animaux magiques et le Chemin de Traverse... Bon, d'accord, le parc était fermé, mais ça nous a fait tout de même une petite sortie.
- Tant mieux si ça t'a plu. Mais je suis déçu pour le parc. Je suis sûr que ça t'aurait beaucoup plu.
- Ce sera pour les prochaines vacances, assura Harry.
- Ça, c'est sûr et certain, dit Sirius avec conviction. Au fait, en parlant de choses prévues... Est-ce que ça te dérangerait si on invitait Tonks à dîner, un soir ?
Harry haussa les sourcils, surpris par cette question.
- Non, pas du tout. Tu peux inviter qui tu veux, je n'ai pas mon mot à dire...
- Bien sûr que si. Tu habites ici, tu as donc ton avis à donner, objecta Sirius. Du coup tu serais d'accord ?
- Oui, tu ne m'en as dit que du bien, alors j'ai envie de la connaître.
- Super ! Je suis sûr que tu vas l'adorer. Elle viendra sûrement un dimanche, elle travaille toute la semaine et elle n'a pas beaucoup de soirées libres. Je vais lui envoyer une lettre pour lui dire qu'on l'attend un soir où elle sera disponible.
- Et moi je retourne m'entraîner.
- Vas-y doucement, Harry. Ne force pas trop. Tu es en vacances, ne l'oublie pas, rappela Remus. C'est fait avant tout pour se reposer.
- Je sais, dit Harry d'un ton rassurant. Mais je suis motivé. Je veux en profiter. Et puis qui sait, peut-être vais-je finalement décider de m'essayer aux potions du programme de cinquième année !
- C'est bien d'avoir de l'ambition, se moqua Sirius.
Harry lui tira la langue en guise de réponse et retourna dans sa pièce de brassage. Cette fois il n'avait pas menti : il comptait réellement s'entraîner. Il voulait être prêt pour la rentrée et, foi de Potter, il le serait.
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(mercredi 16/08) POV Remus
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- Encore un Mangemort arrêté, dit Sirius en parcourant la première page de la Gazette. Il ne doit plus en rester beaucoup...
- On ne sait pas trop combien ils sont. Le Ministère refuse de donner un nombre exact.
- Tu m'étonnes, il ne veut pas que les lecteurs fassent le décompte dans la Gazette et se rendent compte à quel point les Aurors sont lents...
- Ils font de leur mieux, tempéra Remus.
- Oui eh bien ce n'est pas assez. Il y a encore trop de Mangemorts en liberté. Les Malfoy n'ont toujours pas été arrêtés, par exemple. Mais bon, je ne pense pas que ce soit le Mangemort le plus dangereux.
- S'il est avec sa femme, il fera tout pour la protéger.
Du coin de l'oeil, Remus vit Harry relever soudain la tête.
- Je n'avais pas encore percuté mais... ils n'ont pas pris leur fils avec eux ?
- Non, puisqu'il était encore à Poudlard, répondit Remus.
- Mais alors... il est où ?
Remus échangea un regard avec Sirius. Ce dernier n'avait pas raconté à Harry sa visite chez le Maître des Potions. Il ne lui avait donc pas dit qu'il avait trouvé Draco Malfoy là-bas. Sirius savait depuis longtemps que Severus était le parrain de l'adolescent mais Harry, lui, ne devait sûrement pas être au courant. Était-ce nécessaire de le lui dire ? Remus n'en était pas sûr. Il craignait que Harry n'utilise cette information contre Draco. Il fit donc un «non» imperceptible de la tête à Sirius. Celui-ci signifia son accord tout aussi discrètement et répondit à Harry :
- Il doit forcément être en sécurité. Il est mineur, le Ministère a dû lui trouver un endroit où aller.
Harry acquiesça et reporta son attention sur son livre. Remus remarqua cependant qu'il avait l'air triste.
- Quelque ne chose ne va pas, Harry ? demanda-t-il doucement.
L'adolescent hésita avant d'avouer :
- J'ai beau détester Malfoy, je suis quand-même triste pour lui. C'est comme s'il était orphelin, maintenant. Et je sais ce que c'est. Sauf que moi, je l'ai toujours été. Alors que lui se retrouve sans parents du jour au lendemain. Ça doit être violent. J'espère juste qu'il n'en souffre pas trop.
Harry reprit une nouvelle fois sa lecture. Remus tourna la tête vers Sirius et croisa son regard. Son ami avait l'air mal à l'aise. Remus tenta le rassurer en lui souriant. Cela sembla marcher puisque Sirius se concentra de nouveau sur la Gazette. Il se passa quelques minutes avant que Sirius ne fasse un autre commentaire sur ce qu'il était en train de lire :
- Tiens, les Harpies de Holyhead ont encore écrasé leurs adversaires. Elles vont faire un carton, cette année.
- Ce ne serait pas étonnant, c'est l'une des meilleures équipes à l'heure actuelle, commenta Harry.
- Je ne savais pas que tu t'intéressais à cette équipe.
- Elle est connue, Sirius. Évidemment que je m'y intéresse. Il faut bien que je me tienne un minimum informé.
- C'est ton équipe préférée ?
- Non, pas vraiment. Je n'ai pas d'équipe préférée, en fait. Mais j'aime beaucoup les Harpies de Holyhead pour le talent de leurs joueuses.
- C'est vrai qu'elles sont douées. Et elles sont plutôt jolies.
- Si tu le dis...
- Tu n'es pas d'accord avec moi ? s'étonna Sirius.
- Il n'y a que leur talent qui m'intéresse. Ce n'est pas leur beauté qui font d'elles d'excellentes joueuses. D'ailleurs, pendant un match, je suis sûr qu'elles préfèrent qu'on les regarde pour leur façon de voler plutôt que pour leur physique.
- Un point pour toi. C'est très bien raisonné. Et puis, en y réfléchissant, je comprends qu'elles ne t'intéressent pas. Elles sont trop vieilles pour toi.
Remus se retint de se prendre la tête entre ses mains. Il était désespéré. Et il n'était pas le seul. En voyant la mine déconfite de Harry, Remus eut de la peine pour lui. Cela faisait un moment qu'il se posait des questions, mais à présent il n'avait plus de doutes. Depuis le début des vacances, Harry n'arrêtait pas d'envoyer des signaux pour le faire comprendre à Sirius. Mais celui-ci ne voyait absolument rien. Il fallait pourtant que la situation se décante. Ça ne pouvait pas continuer ainsi.
- Est-ce que la Gazette parle du Club de Flaquemare ? s'enquit soudain Harry.
- Euh... pas à ma connaissance, répondit Sirius. Pourquoi ?
- Juste pour savoir. J'aime beaucoup cette équipe. En fait, si je devais vraiment en choisir une, ce serait elle mon équipe préférée. Mais je ne la connais pas assez bien pour ça. Ça ne fait que peu de temps que je connais le Quidditch, après tout. Et ça fait encore moins de temps que je m'intéresse aux équipes internationales.
- C'est vrai, j'ai tendance à oublier que ça ne fait que quatre ans que tu es entré dans le monde magique, avoua Sirius, piteux.
Sentant venir une séquence de «Si je n'avais pas passé douze ans à Azkaban, je t'aurais élevé et tu serais beaucoup plus familier avec le monde sorcier et on n'en serait pas là», Remus décida d'intervenir dans la discussion :
- Qu'est-ce qui te plaît tant dans cette équipe, Harry ?
Sirius et Harry le regardèrent, surpris. Remus n'était pas du tout du genre à s'intéresser au Quidditch. Mais la question sembla beaucoup plaire à Harry.
- Tout, répondit-il, les yeux brillants. Déjà, ils sont hyper bons. Ils ont gagné plus de vingt fois la Coupe de la Ligue, c'est énorme ! Et puis j'adore leur style de jeu. Et d'après ce que m'a dit quelqu'un qui a rejoint l'équipe il y a peu de temps, les joueurs sont tous sympa.
- Tu connais quelqu'un qui fait partie du Club de Flaquemare ? demanda Sirius, l'air étonné.
- Oui, Olivier Dubois, l'ex-capitaine de l'équipe de Gryffondor. On a gagné le tournoi de Quidditch lors de sa dernière année à Poudlard. Il est parti il y a un an mais nous sommes restés en contact. Il se plaît beaucoup dans cette équipe, apparemment. Il ne tarit pas d'éloges sur elle. Et sur ses coéquipiers.
- Tu as l'air vraiment passionné, remarqua Sirius.
«Et pas seulement par l'équipe en elle-même» pensa Remus.
- Je l'aime bien, oui.
- Ça te plairait d'assister à la Coupe de la Ligue ?
- Oh oui, beaucoup ! Mais j'aimerais assister à tous les matchs pour me mettre au point sur les équipes. Sauf que ça risque d'être compliqué. Ils ont lieu sur toute l'année.
- C'est sûr que tu pourras difficilement tous les suivre. Mais quand tu auras quitté Poudlard tu pourras peut-être suivre davantage de matchs. Bon, il va falloir que tu trouves du temps pour ça, ce qui risque d'être compliqué. Entre ta formation de je ne sais quoi, te trouver une copine et rendre visite à ton vieux parrain, tu vas être déjà bien assez occupé comme ça.
- Tu peux déjà enlever «trouver une copine» de la liste, répliqua Harry d'un ton agacé.
- Oui, c'est vrai, tu as raison. La formation d'abord. Les filles après. Enfin, ça se trouve, tu tomberas peut-être amoureux d'une fille durant ta...
Sirius fut coupé dans sa phrase par Harry qui se leva brusquement et qui quitta le salon en claquant la porte derrière lui. Sirius se tourna vers Remus avec un air perdu, ne comprenant visiblement pas la raison de la réaction de son filleul.
- Qu'est-ce qui lui prend ?
Remus soupira.
- Tu l'as encore embêté avec les filles. Je t'ai pourtant dit d'arrêter.
- J'ai été si lourd que ça ? Je ne m'en suis pas rendu compte... Je vais aller le voir.
- NON ! s'écria Remus. Surtout pas.
- Et pourquoi ça ? C'est mon filleul, je te rappelle, répliqua Sirius, vexé. J'ai le droit d'aller le voir si je veux.
- Non, c'est moi qui vais aller lui parler. Crois-moi, ça vaut vraiment mieux que ce soit moi qui y aille. Tu me fais confiance, n'est-ce pas ?
- Oui, bien sûr que oui, affirma Sirius en se radoucissant. Mais je ne comprends pas pourquoi tu veux m'écarter.
- Je ne t'écarte pas. Je veux juste débloquer la situation pour que tu aies toutes les cartes en main. À ce moment-là, tu pourras aller le voir. D'accord ?
- D'accord, répéta Sirius.
- Bien. J'y vais.
Remus quitta à son tour le salon et se rendit à l'étage. Une fois arrivé devant la chambre de Harry, il frappa quelques coups à la porte. Il n'obtint pas de réponse. Sachant que Harry ne lui en voudrait pas d'entrer sans avoir attendu sa permission, Remus ouvrit la porte. Il découvrit l'adolescent assis sur le rebord de sa fenêtre, adossé contre le renfoncement, la tête tournée vers l'extérieur. Remus avança tout doucement, ne voulant pas lui faire peur même s'il savait qu'il l'avait entendu. Alors que Remus s'apprêtait à lui parler, Harry le devança :
- Je suis désolé. Je n'aurais pas dû claquer la porte en partant. Je ne le referai plus, c'est promis.
- Je pense que c'est à Sirius que tu devras présenter tes excuses. Mais lui aussi devra t'en faire.
Harry tourna vivement la tête vers Remus.
- Comment ça ? Pourquoi devrait-il s'excuser ?
- Eh bien, pour avoir été un peu trop lourd sur un certain sujet.
Harry dévia le regard, l'air gêné.
- Je ne vois pas de quoi tu veux parler.
- Si, je crois que tu vois très bien, au contraire. Je ne suis pas venu pour t'embêter, Harry. Mais pour t'aider. Je crois que tu devrais mettre les choses au clair avec Sirius. Mais d'abord j'aimerais en discuter avec toi. Tu veux bien ?
Harry acquiesça.
- Allons nous asseoir ailleurs, dans ce cas. Ça ne doit pas être très confortable, un rebord de fenêtre.
- Je te l'accorde, dit Harry en souriant.
Il quitta son siège de fortune et alla s'asseoir au bout de son lit. Remus le rejoignit et chercha la meilleure façon d'aborder le sujet. Il décida d'y aller franco :
- Les filles ne sont pas ta tasse de thé, je me trompe ?
Harry secoua doucement la tête. Puis il demanda :
- Comment l'as-tu deviné ?
- Je dois être plus clairvoyant que Sirius. Ou alors est-ce toi qui a essayé de faire passer des messages subliminaux.
Harry grimaça.
- Ça n'a pas marché alors. Sirius n'a absolument rien compris.
- J'avoue qu'il est un peu long à la détente. Je crois qu'il faut lui dire les choses clairement.
- Je n'ai pas le courage, Remus. Je veux bien en discuter avec lui mais à condition qu'il vienne m'en parler de lui-même. J'ai déjà assez donné. À lui de faire des efforts.
Remus retint un soupir. Il se retrouvait face à un dilemme. Harry n'était visiblement pas en mesure d'annoncer à Sirius qu'il était gay. Ou, plutôt, il n'en avait pas la force. Car cela faisait maintenant plus d'un mois que Harry tentait de le lui faire comprendre mais toutes ses tentatives s'étaient soldées par un échec. Remus pouvait comprendre qu'il en avait marre. C'est pourquoi il décida de l'aider, même si ce n'était pas forcément la meilleure des solutions.
- Je vais le dire à Sirius. Je ne sais pas encore comment je vais m'y prendre mais je vais lui parler. Mais pas ce soir. Demain. Il vaut mieux laisser la tension retomber. Par contre je te préviens tout de suite : une fois que je le lui aurai dit, je l'enverrai te voir. Je ne vais pas lui laisser le choix. Donc attends-toi à avoir une discussion avec lui. Hors de question que tu te défiles. Vous devez vous parler.
- D'accord. Tant qu'il est au courant et que c'est lui qui vient me voir, je suis prêt à en parler avec lui.
- Bien. Je m'occupe de tout alors.
- Merci, Remus, dit sincèrement Harry. Je ne sais pas ce qu'on ferait sans toi. On serait perdus, je crois. Je ne sais pas comment tu fais. Tu n'as jamais eu d'enfants, comme Sirius, et pourtant tu t'en sors beaucoup mieux que lui... C'est impressionnant.
- C'est sûrement le caractère qui fait ça, suggéra Remus en souriant. Et puis j'ai été au contact d'adolescents pendant près d'un an, ça doit aider. Bon, maintenant qu'on a traité le sujet «Sirius», je veux tout savoir. Olivier Dubois, c'était vraiment juste ton capitaine ?
Harry se mit à rougir furieusement. Remus fut amusé de constater qu'il avait vu juste. Harry oublia cependant vite sa gêne et lui raconta tout. Ils échangèrent ensuite des anecdotes sur l'année qu'ils avaient passée ensemble à Poudlard et ce ne fut qu'à l'heure du dîner qu'ils redescendirent dans le salon. D'un accord tacite, personne ne reparla de ce qui s'était passé quelques heures plus tôt. Surtout que Harry avait retrouvé sa joie et sa bonne humeur, ce qui n'était pas arrivé depuis un moment. Hors de question de gâcher cela ! Remus ne put s'empêcher de se dire que Harry était inconsciemment heureux et soulagé de s'être confié. Et qu'il le serait encore plus lorsqu'il aurait parlé à Sirius. Remus allait devoir jouer cartes sur table avec son ami. Il n'était pas particulièrement stressé. Il savait comment parler à Sirius. Il espérait juste que tout se passerait bien. Que parrain et filleul réussiraient à se parler et que leurs liens s'en retrouveraient renforcés. Leur relation était toute fraîche, ils ne se connaissaient pas encore très bien, ils cafouillaient et c'était parfaitement normal. Mais ils étaient déjà énormément attachés l'un à l'autre. Ils avaient une relation à construire et ils y arriveraient, Remus en était intimement persuadé.
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(jeudi 17/08) POV Sirius
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Le lendemain, sitôt après avoir pris son petit-déjeuner, Harry retourna dans sa chambre. Cela intrigua beaucoup Sirius qui avait l'impression que son filleul fuyait sa compagnie. Il se rendit à la cuisine pour y retrouver Remus qui était en train de faire la vaisselle.
- Je crois que Harry me fuit, déclara Sirius sans préambule.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ? demanda tranquillement Remus.
Il avait le ton de celui qui ne croyait pas un mot de ce que venait de dire son ami.
- Il n'est resté que vingt minutes dans le salon. D'habitude il attend au moins une ou deux heures avant d'aller dans sa chambre. Parfois il reste même dans le salon jusqu'au déjeuner. C'est comme s'il était gêné d'être avec moi. Je suis sûr que si tu avais été là, il ne serait pas parti.
- Ne crois pas ça. Ça n'aurait rien changé. Je crois plutôt que c'est un message qu'il voulait me faire passer. Un genre de signal.
- Un signal ?
Sirius ne comprenait rien. Remus coupa l'eau et se tourna vers lui, l'air sérieux.
- Je dois te parler.
Sirius retint une grimace. Il n'aimait pas ça.
- De quoi ?
- De Harry. Je n'ai rien voulu te dire hier soir parce qu'il valait mieux apaiser les tensions plutôt que les raviver. En plus Harry était joyeux lors du dîner. Je ne voulais pas plomber l'ambiance lorsqu'il est parti. Mais là je pense que c'est le bon moment.
- Arrête de tourner autour du pot, Remus. Qu'est-ce qu'il y a ? C'est à propos de ce qui s'est passé hier quand il est parti en furie ?
- Oui, et plus précisément à cause de ce que tu lui as dit.
- On ne va pas revenir là-dessus... soupira Sirius.
- Si, parce qu'il y a une chose que tu n'as pas compris.
- Laquelle ?
- Harry n'est pas intéressé par les filles.
- Oui, je sais, merci. Le message est passé. Ce n'est pas grave, il s'y intéressa plus tard, un point c'est tout.
- Non, justement. Il ne s'y intéressera pas. Il ne s'y intéressera jamais. Il est attiré par les garçons, Sirius. Et ne viens pas me dire qu'il est trop tôt pour qu'il le sache. J'ai beaucoup discuté avec lui. Il est sûr de son orientation.
Sirius resta sans réaction pendant plusieurs secondes, choqué par la révélation de Remus. Il s'assit sur la seule chaise présente dans la cuisine et se passa une main sur le visage.
- Ça fait un mois et demi que je le saoule avec les filles alors qu'il n'en a strictement rien à faire. Comment est-ce que j'ai pu être à ce point à côté de la plaque ?
- Je me le demande aussi, se moqua Remus. Pourtant Harry a souvent essayé de te le faire comprendre. Mais tu es resté imperméable à tous les signaux qu'il t'a envoyés ! C'était vraiment désespérant à voir, tu sais. C'est comme si tu ne voulais pas voir la vérité en face. Comme si tu refusais l'idée que Harry puisse être gay.
- Ce n'est pas ça...
- Pourquoi n'as-tu rien vu alors ? Car excuse-moi mais c'était quand-même assez flagrant...
- Je sais, je m'en rends compte maintenant... Mais c'est juste que... tu connaissais James... un vrai dragueur... Comme Lily le repoussait sans cesse, il jetait son dévolu sur toutes les jolies filles qui passaient devant lui... alors je me suis dit que le fils de Prongs devait être pareil...
Remus soupira. Sirius baissa les yeux. Il savait que ce que son ami allait lui dire. Et cela ne manqua pas :
- Combien de fois t'ai-je pourtant dit que Harry n'était pas James ?! Que, même s'il lui ressemblait beaucoup physiquement parlant, son comportement n'était pas du tout le même que celui de son père ? Combien de fois t'ai-je dit d'arrêter de les comparer l'un à l'autre ? Tu vois où ça te mène, tes difficultés à dissocier Harry de James ?
Sirius accusa le coup. Remus avait tout à fait raison, il le savait. Il faisait beaucoup trop souvent le rapprochement entre Harry et James. Et il devait arrêter de le faire. S'il avait vu Harry tel qu'il était vraiment, il aurait sans doute compris beaucoup plus tôt que les filles n'étaient pas son truc. Qu'est-ce que Harry devait penser de lui ? Qu'il voulait absolument que son filleul soit hétéro ? C'était complètement stupide ! Mais vu comment il avait été lourd au sujet des filles, Harry pourrait facilement le croire. Mais il ne fallait pas. Car c'était entièrement faux. Sirius ne voulait pas que Harry se force à aimer les filles. Tout ce qu'il voulait, c'était que son filleul soit heureux.
Sirius osa lever le regard vers Remus. Celui-ci le regardait avec beaucoup de compassion.
- Va lui parler, lui dit-il doucement. C'était prévu que je te dise la vérité sur son orientation sexuelle et que je t'envoie ensuite lui parler. Alors vas-y. Il s'attend à ta visite et il est prêt à en discuter avec toi. Il veut juste que ce soit toi qui fasse le premier pas. Tu te sens capable de faire au moins ça ?
- Bien sûr, je suis un Gryffondor, je te rappelle ! Qu'est-ce que tu crois ? Je ne vais pas me défiler ! Mais... euh... tu crois qu'il va bien m'accueillir ? Je dois l'avoir déçu...
- Non, il est juste un peu désespéré. Mais il t'aime. À l'heure actuelle, tu es la personne la plus importante pour lui au monde. À toi de lui prouver que c'est réciproque.
Les mots de Remus touchèrent énormément Sirius. Il s'en voulut encore plus de n'avoir rien vu. Il sortit de la cuisine en hâte et se rendit à la chambre de son filleul. Il toqua et entendit un timide «Entrez». Il ouvrit la porte. Harry était assis à son bureau et était visiblement en train de faire un devoir. Sirius s'approcha, s'éclaircit la voix et dit :
- Harry, j'aimerais qu'on ait une petite discussion, toi et moi.
Harry tourna la tête vers lui.
- Remus t'a dit ?
- Oui.
Sirius attira un pouf à lui d'un informulé et s'assit dessus. Ainsi, il était à la même hauteur que son filleul.
- Pourquoi ne me l'as-tu pas dit clairement ? demanda-t-il doucement.
Harry baissa le regard.
- Tu n'arrêtais de me parler des filles... Comme si c'était obligé pour toi que je sois intéressé par elles... Comme s'il ne pouvait pas en être autrement. Je n'ai pas voulu te décevoir...
Le coeur de Sirius se serra à l'entente de ces mots. Il fallait qu'il rassure Harry, et vite.
- Tu ne me décevras jamais par ton orientation, Harry, dit-il d'une voix douce. Tant que tu es heureux, tu peux sortir avec qui tu veux. Que ce soit avec un garçon ou une fille. Ta sexualité t'appartient. Personne ne doit la juger. Tu as le droit d'aimer qui tu veux. Bon, si tu pouvais éviter de sortir avec un prof de Poudlard, ce serait cool.
Harry éclata de rire.
- Ça n'arrivera pas, je te le promets !
Il redevint plus sérieux et planta son regard émeraude dans celui gris de Sirius.
- Merci de m'accepter tel que je suis. Je me doutais bien que tu étais ouvert d'esprit mais... je ne sais pas ce qu'en pense le monde sorcier, en fait. Chez les moldus, c'est assez mal vu par de nombreuses personnes alors je me demandais si c'était pareil chez les sorciers...
Sirius soupira. Une discussion s'imposait vraiment. Harry avait beaucoup de choses à apprendre sur le monde sorcier. Et c'était à lui, son parrain, de l'instruire comme il se le devait.
- Je crois que les plus ouverts d'esprit sont les Sang-Mêlés. Ils n'ont pas l'idéologie drastique des Sang-Pur et ne vivent généralement pas dans le monde moldu.
- Les Sang-Pur sont contre l'homosexualité ?
- C'est plus compliqué que ça. Vois-tu, si je n'avais pas été renié à seize ans, en sortant de Poudlard, j'aurais été obligé de me marier avec une Sang-Pur et d'avoir un héritier le plus vite possible. Cette obligation se retrouve chez toutes les familles de Sang-Pur qui veulent absolument garder la pureté de leur sang. La norme est qu'un homme doive se marier avec une femme et vice-versa, alors il n'y a pas de raison d'y déroger. Surtout que, dès ses douze ou treize ans, une Sang-Pur est d'ores et déjà promise à un Sang-Pur. Ce choix se fait en fonction des intérêts que trouvent les deux familles à travers ce futur mariage. Pour moi il était hors de question que je me retrouve dans ce genre d'union. Je voulais être libre. Bon, j'étais loin d'imaginer que, trois ans après avoir quitté Poudlard, je me retrouverais enfermé à Azkaban... Question liberté, on repassera. Mais au moins, il n'y a pas eu d'enfant qui a souffert pendant de longues années de l'absence de son père. Enfin bref, tout ça pour te dire que, chez les Sang-Pur, un homme n'a pas de raison de sortir avec un autre homme. Après, je pense que ce même genre d'idées se retrouvent chez les moldus. Mais pour un Sang-Mêlé qui n'a pas à s'occuper de la pureté de son sang, l'idée de se marier avec une personne du même sexe est moins dérangeante. Bon, après il faut que le Sang-Mêlé ait des parents cool sur le sujet, évidemment. Même si certains arrivent à s'émanciper des idées de leurs parents. Dans tous les cas, il ne faut pas que tu te caches parce que tu as peur de la réaction des autres. Il y aura toujours des gens qui t'insulteront, ça, tu ne pourras pas y échapper. Si ce n'est pas pour tes préférences, ce sera pour autre chose. Ça se calmera avec le temps, les gens finiront s'y faire. Au bout d'un moment ils se lasseront. Ils trouveront une autre personne sur qui rejeter leur haine.
- Tu es en train de me pousser à afficher publiquement mes préférences quand je serai à Poudlard ? s'étonna Harry.
- Je veux surtout que tu ne t'empêches pas de vivre ta vie comme tu le souhaites par peur de recevoir des moqueries. Je te l'ai dit : tu as le droit de sortir avec qui tu veux. Si tu reçois des remarques, dis-le-moi, je m'occuperai de ces personnes qui oseront t'en faire. Tu peux aussi en parler à tes autres professeurs. Ils ne peuvent pas laisser passer un comportement pareil. Ils sont obligés de convoquer les personnes concernées. Est-ce que tout ça est clair pour toi ?
Harry acquiesça.
- Bien alors maintenant, dis-moi comment tu as découvert ton attirance envers les garçons. Enfin, si tu veux en parler, bien sûr.
- Va demander à Remus. Il m'a tiré les vers du nez hier après-midi.
Sirius éclata de rire devant la mine boudeuse de Harry.
- Il est terrible pour ça ! Il n'a pas l'air comme ça mais il peut te faire dire tout ce qu'il veut savoir ! Mais je ne veux pas avoir des informations sur ta vie amoureuse par l'intermédiaire de Remus. Ce ne serait pas juste. Alors vas-y, raconte tes histoires d'amour à ton parrain adoré.
- Je n'en ai pas eu tant que ça, protesta Harry. Je suis sorti avec seulement deux garçons. Mais je peux juste te parler du premier, pas du deuxième. Je veux l'oublier alors je n'ai pas très envie d'en parler.
- Bon, très bien. Dis-moi tout sur ta première histoire d'amour, alors.
- Tu te souviens de la discussion qu'on a eue sur les équipes internationales de Quidditch, hier ?
- Tu veux dire la discussion durant laquelle tu es parti en claquant la porte derrière toi ? se moqua Sirius.
- Ce n'est pas très gentil de me rappeler ça, maugréa Harry. Mais oui, c'est bien de ça dont je veux parler. Durant cette discussion j'ai mentionné Olivier Dubois qui fait partie du Club de Flaquemare. Eh bien c'est lui qui a été mon premier petit-ami.
Sirius haussa les sourcils.
- Mais il doit être bien plus vieux que toi...
- Il a quatre ans de plus que moi, confirma Harry en rougissant légèrement.
«Ah oui, quand-même» pensa Sirius.
- Quand es-tu sorti avec lui ?
- Au début de ma troisième année. Je te rassure, je savais ce que je faisais. Il ne m'a pas intimidé, manipulé ou que sais-je encore. Il me plaisait vraiment. Mais ce n'est pas moi qui ai fait le premier pas. En fait ça faisait un moment que je le regardais. Il s'en est rendu compte, il m'a retenu un soir après l'entraînement de Quidditch, on s'est rapproché, il m'a embrassé et c'est comme ça qu'on a commencé à sortir ensemble. Mais c'était plus un flirt qu'autre chose. En plus comme on voulait que ça reste secret, ce n'était franchement pas évident de se retrouver et de rester ensemble assez longtemps. On s'est quitté à l'amiable au bout de trois mois, en janvier, peu après la rentrée.
- Tu n'as pas l'air d'avoir beaucoup souffert de cette rupture, constata Sirius.
- Ce n'était pas vraiment une histoire d'amour, répondit Harry. Il n'a jamais été question qu'on reste ensemble toute la vie, qu'on se marie et qu'on ait des enfants. J'étais trop jeune pour me caser, de toute façon. C'était un flirt qui a duré quelques mois, voilà tout.
- Et tu n'étais jamais sorti avec une fille avant ça ? Tu es sorti avec ce Olivier Dubois et ça a suffi à te fixer sur ton orientation ?
- Ben... oui. Je n'ai jamais regardé les filles. Je crois que ça veut dire ce que ça veut dire...
- En effet, pas besoin d'aller chercher plus loin, dit Sirius en souriant. Et tu ne veux vraiment pas me parler du deuxième garçon avec qui tu es sorti ?
Harry secoua la tête.
- Bien, comme tu veux. Tu n'as personne en vue, en ce moment ?
- Non, et je ne sais pas si je suis prêt à me lancer dans une nouvelle histoire. Et j'espère que tu ne vas pas te mettre à m'épier à chaque fois que je vais discuter avec un garçon ! s'exclama Harry.
- C'est mon rôle de tuteur de surveiller tes fréquentations, jeune homme, dit Sirius en haussant un sourcil.
- Les autres élèves n'ont pas leurs parents à Poudlard pour les espionner, protesta Harry. Et puis en-dehors de tes appartements, je serai ton élève, et non ton filleul. Alors si tu me vois en train de discuter avec un garçon dans les couloirs ou dans la Grande Salle, tu n'auras rien à dire. Et tu n'auras pas à t'en mêler.
- Ooooh monsieur veut avoir son petit jardin secret, railla Sirius.
- Exactement, bougonna Harry.
- Tu ne pourras pas le garder secret bien longtemps. Je vais être aux aguets pour savoir si tu sors avec quelqu'un.
- C'est ce qu'on verra, rétorqua Harry. De toute façon, si j'ai un petit-ami, je ne compte pas m'en cacher. Je vais m'afficher avec lui, comme ça tout le monde saura que je suis gay.
- Donc tu es décidé à rendre cette information publique ?
- Oui. Je n'ai pas peur des remarques. Je suis habitué à être montré du doigt. Sauf que cette fois, ce sera pour quelque chose de vrai. En deuxième année, on m'a accusé de pétrifier les nés-moldus. C'était faux. Mais beaucoup d'élèves le pensaient. En quatrième année, on m'a accusé d'avoir mis mon nom dans la Coupe. Là aussi c'était faux. Et c'était pourtant ce que presque toute l'école croyait. Même Ron s'est détourné de moi. Mais quand je m'afficherai avec un garçon et que tout le monde parlera de moi, ce sera différent des rumeurs précédentes. Car celle-là sera vraie. Donc en fait je m'en fiche un peu. Si ça ne leur plaît pas, eh bien qu'ils regardent ailleurs.
- Très bien dit ! C'est à eux de s'y faire, et non à toi de te conformer à leur esprit étriqué. Bon, maintenant que tout est clair entre nous à ce sujet, tu veux bien redescendre avec moi au salon ?
- Avec grand plaisir ! Je suis désolé d'être parti si tôt tout à l'heure mais c'était pour que Remus puisse te parler...
- Oui, je sais, il me l'a dit, dit Sirius en souriant. Mais la prochaine fois, n'hésite pas à me dire les choses directement. Je peux tout entendre.
- D'accord, j'y penserai, promit Harry. On y va ?
- Je te suis !
Ce fut d'un pas léger que Harry sortit de sa chambre, suivi de près par Sirius. Celui-ci remarqua que son filleul avait l'air plus détendu. Comme si un gros poids s'était enlevé de ses épaules. Sirius se promit alors d'être davantage à l'écoute de son filleul. C'était vraiment une bonne chose qu'il devienne professeur à Poudlard. Il pourrait ainsi continuer à créer des liens avec Harry. Bien sûr, il savait qu'en semaine, il devrait le considérer comme un simple élève. Mais, chaque week-end, il était toujours décidé à l'inviter prendre le thé chez lui afin de discuter de la semaine écoulée. Que ce soit concernant les cours de Harry, ses amis, ses entraînements de Quidditch, les ragots de l'école... Ils en auraient pour des heures de discussion et Sirius était sûr que cela allait les rapprocher. Il protégerait Harry et lui offrirait tout l'amour qu'il n'avait pas eu durant ses quatorze premières années. Il s'en faisait la promesse.
