Quand je me réveillai, il était déjà parti. La place près de moi ne laissait paraître que le drap blanc défait. Je me redressai sur le lit et pris le temps de m'habituer à ce nouveau jour.

Où avait-il pu aller ? Je n'avais même pas remarqué son départ. Ce qui me fit penser que nous avions oublié d'informer les autres de notre position la veille. Je fis tomber mes jambes à l'extérieur du lit et me levai, encore somnolente, pour me diriger vers la salle de bain. Lorsque je poussai la porte, l'air humide et étouffant m'enveloppa. En levant les yeux, je le vis.

Ah, le voilà.

Debout sous le jet d'eau de la douche, le Commandant de la deuxième division se rinçait distraitement les cheveux. Je me surpris à parcourir du regard la course des gouttes qui dégoulinaient à flots sur son corps nu, mais il ne tarda pas à me remarquer à travers la buée.

Eh merde.

« D-Désolée ! Je ne savais pas que... Je sors ! m'exclamai-je en me détournant avec hâte.

— Oh Nami, tu peux me passer la serviette ? »

Sa demande me figea une seconde. Je trouvai la fameuse serviette accrochée près de la porte, et lui tendis en fuyant du regard, honteuse.

« Merci. »

Je sortis au plus vite.

Idiote, idiote, idiote !

Je mis les vêtements de la veille, à savoir un large et fin pull bleu marine et un short en jean, et m'assis sur le bord du matelas pour enfiler les sandales orange à talons que j'avais achetées. C'est à ce moment qu'il revint, la serviette enroulée autour de son bassin.

« Il est quelle heure ? demanda-t-il.

— Il sera bientôt neuf heures. On devrait se dépêcher si on ne veut pas rater le petit-déjeuner. »

Il avait sans doute oublié que le petit-déjeuner était servi, puisqu'à mes mots, il prit vivement de quoi s'habiller et s'apprêtait à se changer sur place. Il se reçut d'ailleurs une de mes sandales sur la figure pour son manque de pudeur.

Je me coiffai d'un chignon évadé sur le bas-côté, laissant une mèche tomber du côté opposé, tandis qu'Ace, presque complètement habillé, se séchait les cheveux à l'aide de sa serviette, puis nous descendîmes au rez-de-chaussée afin de prendre notre repas. Mon cher Commandant gardait un large sourire heureux malgré la trace qu'avait malencontreusement laissé ma chaussure — sans doute à cause du sel marin qui s'y trouvait.

« Hé dis, entrepris-je. On n'a pas donné notre position hier, ça ira ?

— Ah ouais, constata-t-il entre deux bouchées, pas grave, ça arrive souvent.

— Je vois. Tu as un plan pour aujourd'hui ?

— Pas vraiment. Je pensais juste visiter.

— J'ai un peu étudié les environs sur la carte. Il y a une forêt pas loin d'ici. Ça te dit d'aller voir ?

— Carrément ! »

Nous demandâmes quelques informations sur la forêt au propriétaire. Les bois seraient en fait infectés par une maladie peu commune qui les transformerait en marbre. Curieux de cette étrange rumeur, nous décidâmes de nous y rendre. Sur le chemin, je repensai aux incidents de ce matin. Ace n'avait pas l'air de s'en soucier, tandis que je ne pouvais enlever cette gêne de mon esprit. En y repensant, c'est moi qui étais bizarre. D'habitude, ces choses superficielles comme la nudité ne m'atteignaient pas. Ça ne m'aurait probablement rien fait si ç'avait été Sanji, Zoro, ni aucun autre homme de mon équipage, et encore moins un inconnu. Avec Ace, c'était différent. Il avait le don de bousculer mon cœur d'un simple sourire, de transpercer mon être d'un seul regard. Et puis quel regard ! Indéchiffrable, impénétrable, et pourtant si profond. Sans parler du moindre contact tactile entre nos peaux qui peut emporter au loin mon esprit. L'attirance était indéniable, mais… l'amour ? Si tôt ? Impossible.

« Nami ! »

Encore ce sourire. Il n'a vraiment pas l'air de se rendre compte de l'effet qu'il me fait.

« Regarde ça ! Ils sont bien en marbre ! »

Je levai la tête. Devant nous se dressaient de majestueux arbres d'une éclatante blancheur nacrée. Nous n'en revenions pas. Le Nouveau Monde était vraiment fascinant. Les branches, la verdure habituelle, tout type de plantes et de fleurs était figé dans ce riche matériau. Certaines parties avaient gardé leur couleur originelle. Sans doute n'était-ce qu'une question de temps avant que le reste de vie ne soit entièrement absorbée.

« C'est merveilleux.

— Ça l'est. Mais c'est aussi triste, avoua-t-il avec une pointe de regret.

— Pourquoi ?

— Tout est mort. Il n'y a plus rien de vivant ici. »

Il marqua un silence, puis reprit :

« J'avais l'habitude de vivre en forêt avec Luffy quand nous étions enfants. Les arbres étaient nos maisons, la nature notre environnement. Nous respections les animaux, même s'il fallait les tuer pour nous nourrir. Bien sûr, nous avions aussi une maison que l'on partageait avec des bandits de la montagne.

— Des bandits ? J'ai entendu Luffy nous raconter qu'il avait un jour été enlevé par des bandits de la montagne et qu'à cause de lui, Shanks le Roux, le Grand Empereur, a perdu un bras en le sauvant.

— C'était avant que l'on se connaisse. J'ai rencontré Shanks avant d'entrer dans l'équipage de Barbe Blanche pour le remercier. C'est un homme bien.

— Comment ça avant que vous ne vous connaissiez ?

— Luffy ne vous a pas dit ? Nous ne sommes pas frères de sang.

— Quoi ?!

— Tu connais peut-être le grand-père de Luffy, le Vice-Amiral Garp ?

— Oui, il a essayé de nous tuer quand nous fuyions de l'île de Water Seven.

— Ouais, il est assez spécial. »

Toi aussi...

« Garp m'a recueilli, puis placé sous leur responsabilité, reprit-il. Quand j'avais dix ans, il a amené Luffy qui en avait sept. On avait une relation plutôt compliquée au départ. On ne faisait que de se disputer.

— Comment était Luffy quand il était petit ?

— Ton Capitaine était d'une faiblesse démesurée.

— Je ne te crois pas !

— Et c'est pourtant vrai. Il ne faisait que des conneries, ne savait absolument pas se servir de son pouvoir et encore moins de son cerveau.

— Rien que ça ?

— Il ne nous causait que des ennuis. Mais ça n'a pas trop changé, pas vrai ? »

Nous riions ainsi en marchant, oubliant presque que nous étions en terrain inconnu.

« Alors, repris-je, vous viviez tous les deux avec une bande de brigands ?

— Nous n'étions pas que tous les deux. Nous... avions un deuxième frère... Il s'appelait Sabo... »

Sa voix se brisa.

« Je suis désolée...

— Nous avions un rêve commun. Nous voulions tous les trois prendre la mer à dix-sept ans à la recherche de la liberté. Sabo était fils de noble et emprisonné dans un quotidien monotone qui le vouait à gagner de l'or sur le dos des autres, à épouser une riche princesse et poursuivre la lignée. Il a pris la route un peu trop tôt...

— Il a fui pour échapper au poids de sa famille...

— Notre montagne était au fin fond d'un royaume de la haute-bourgeoisie. Les gens qui y habitaient semblaient tous fous. Ils ne pensaient qu'à leur gueule et préféraient brûler tous ceux qui n'avaient pas le sang noble. Femmes et enfants compris. »

En écoutant son histoire, je repensai à mon Capitaine. Il avait vécu la mort d'un être cher si jeune. Ce traumatisme était peut-être à l'origine de sa volonté d'être toujours plus fort pour protéger ceux qu'il aime. Et ce n'était probablement pas le seul, d'ailleurs. Ace aussi avait ce trait de caractère. Connaître leur passé m'émouvait énormément. Je me sentais être à mille lieux d'eux et en même temps plus proche que jamais. Ace partageait un bout de sa vie avec moi. Je ne pouvais pas être plus fière à ce moment précis. Mais pris par l'émotion, nous n'avions rien vu venir.

Un rugissement féroce se fit entendre, et à la seconde d'après, je me retrouvai propulsée par terre à plusieurs mètres. Ace venait de me projeter hors de la portée du gigantesque tigre de plus de quinze mètres de haut qui s'était jeté sur nous. Je le vis en train de lutter sous les épaisses pattes du fauve enragé, la gueule grande ouverte, prêt à dévorer sa proie.

« Ace !

— Nami, ne t'approche pas ! Planque-toi quelque part, je m'en occupe ! »

Il saisit les pattes de l'animal, puis l'enflamma. La bête prit peur et lâcha prise. Ace en profita pour sauter et le renverser sur le dos afin de l'emprisonner. La scène était époustouflante. Il combattait sans mal ni peur un fauve qui faisait plus de cinquante fois son poids. Mais au moment où il s'apprêtait à l'incendier, je lui criai d'arrêter. Il s'immobilisa dans son élan et me regarda, étonné.

« Eh, ne le tue pas ! Il est apeuré !

— Il allait nous bouffer.

— Il n'a plus d'endroit où vivre. Regarde sa queue et ses oreilles ; elles sont blanches. Il est aussi touché par la contagion du marbre. Il doit beaucoup souffrir et doit être affamé. Et surtout, on ne sait pas si tu ne risques pas d'être contaminé aussi ! »

Ace comprit et bondit jusqu'à moi. Le tigre s'enfuit précipitamment, mais au même moment, d'innombrables autres immenses animaux sauvages surgirent du décor et se ruèrent sur nous. Je déglutis.

« Là non plus ? demanda-t-il, exaspéré.

— Là non plus, répondis-je, crispée.

— Alors cours ! »

Nous traçâmes les lieux le plus rapidement possible, poursuivis par une horde de bêtes crève-la-faim.

« JE CROYAIS QU'IL N'Y AVAIT PLUS DE VIE ICI ! hurlai-je en larmes.

— FIGURE-TOI QUE MOI AUSSI !

— MAIS C'EST QUOI CETTE ÎLE ?! ILS SONT TOUS CONTAMINÉS ! C'EST UNE VÉRITABLE ÉPIDÉMIE !

— ON VA FINIR COMME ÇA NOUS AUSSI ?! »

La course-poursuite nous paraissait interminable, mais nous arrivâmes finalement à trouver la sortie. Ace fit un barrage de flammes et nous pûmes déboucher à la ville. Je m'écroulai, à bout de souffle.

« Ils ne nous suivent plus, hein ?

— Non ça a l'air d'être bon, répondit-il, essoufflé.

— Et maintenant ?

— Je vais passer un coup de fil aux autres pour les prévenir du danger de la forêt. »

Il sortit son escargophone et informa le reste de l'équipage de notre position et de l'épidémie qui s'était propagée dans les bois. Il raccrocha, puis m'annonça :

« On rejoint Marco et Thatch dans un bar pas trop loin.

— Je croyais que les Commandants devaient éviter de s'afficher ensemble.

— Ça ira si on n'est que trois. De toute façon, la différence entre être seul ou à plusieurs n'est que minime. On n'est jamais vraiment à l'abris.

— Alors allons-y ! »

Le bar n'était en effet pas bien loin. Nous entrâmes et trouvâmes rapidement nos deux camarades assis à table en train de manger. Ace se faufila rapidement au comptoir pour commander une assiette et je demandai un verre d'alcool. Nous rejoignîmes Marco-san et Thatch-san, puis racontâmes notre périple. Ils nous rassurèrent sur la maladie du marbre en nous apprenant qu'elle ne touchait que certaines espèces sauvages qui vivaient dans ces bois depuis trop longtemps, d'après ce qu'ils venaient d'apprendre en posant quelques questions à des habitants. Nous parlions ainsi jusqu'à la tombée de la nuit.

Deux jeunes femmes s'étaient assises à nos côtés et écoutaient les récits d'aventure de mes compagnons de route. J'en savais assez sur les désirs féminins pour comprendre qu'elles flirtaient plus qu'elles ne s'intéressaient à leur discours. Elles étaient d'une grande beauté, mais je ne sous-estimais pas la mienne. L'une des deux femmes s'était collée à Ace et lui parlait d'une voix mielleuse. Je n'aimais pas cette vue, mais la jalousie me répugnait.

Je décidai de sortir prendre un peu l'air, mon verre en main. La musique était forte et bourdonnait dans ma tête. Une fois dehors, je m'adossai au mur marbré de l'établissement et laissai la douce brise me rafraîchir. Quelques instants passèrent ainsi, jusqu'à ce qu'une voix suave et masculine m'interpelle.

« Irritée ? »

L'homme qui m'avait rejoint avait les cheveux soigneusement ébouriffés et de couleur platine. Ses yeux luisaient comme de l'or et étaient mystérieusement tirés en amande. Il me regardait d'un air amusé.

« Pas vraiment, répondis-je nonchalante.

— Besoin de réconfort ?

— Pas vraiment.

— Pas très bavarde, toi. »

Je bus une gorgée d'alcool et l'inconnu s'accroupit au sol.

« C'est la pleine lune ce soir. Elle est vachement belle ! » sourit-il.

L'astre dominait le ciel et le marbre de l'île reflétait son éclat de manière sublime.

« Elle est magnifique, murmurai-je.

— Ah, alors tu sais parler, finalement. »

Il me fixa un moment, puis ajouta :

« Ça te va bien la nuit.

— Merci. »

Soit j'étais bourrée, soit c'était une rencontre vraiment étrange. Il était jeune — environ mon âge sûrement — et avait le visage fin et malicieux. Il portait un pantalon large blanc — un baggy peut-être ou un sarouel — un débardeur noir qui moulait parfaitement les lignes de ses muscles abdominaux, ainsi que des sandales de la même couleur et un foulard à carreaux gris autour du cou. Une boucle d'oreille argentée en forme de lame pointue pendait de son lobe et scintillait à la lueur nocturne. Ce type était d'une beauté peu commune. Une aura particulièrement mystérieuse émanait de lui et sa discrétion ne faisait qu'accentuer ma méfiance.

« Tu viens d'ici ? demandai-je.

— Tu as remarqué que non, pas vrai ? Alors dis-moi, d'où ai-je l'air d'être originaire ?

— Tu as l'apparence des voleurs du désert. »

Il rit, puis acquiesça.

« C'est juste.

— C'est pour ça que tu m'as abordée ? »

Il me dévisagea, surpris. Je repris :

« Tu m'as reconnue et tu as voulu te mesurer à moi. C'est pour ça que tu as cet air de défi qui ne se défait pas de ton visage. »

Je roulai les yeux sur lui avec indifférence et portai mon verre à mes lèvres. Il fronça les sourcils avec provocation et étira son sourire audacieux en se relevant.

« Nami la « Chatte voleuse ». Je ne savais pas que tu t'étais ralliée aux pirates de Barbe Blanche. Où as-tu laissé ton équipage ?

— Il s'est passé un certain nombre de choses. Qu'est-ce que tu me veux exactement ?

— Tu ne t'es pas trompée. Je suis curieux de savoir ce que vaut vraiment la fameuse voleuse aux « pattes de velours » des Chapeaux de Paille. J'entendais parler de toi avant même que tu deviennes pirate. La gamine pauvre qui volait les criminels pour racheter son village des pirates sanguinaires ayant pris possession de son île.

— Comment peux-tu savoir cela ?

— Ça t'étonne ? Nous sommes des voleurs. Aucun type d'information ne peut vraiment nous être caché. Encore moins ceux qui concernent nos concurrents. Tu devrais le savoir.

— Les motivations des gens ne m'ont jamais intéressée. Je ne touche pas au domaine privé.

— Tu mens.

— Je volais pour survivre. Je n'en ai pas fait le but de ma vie. »

Son sourire s'était fendu. Ses yeux de félin brillaient dans l'obscurité et me fixaient intensément, comme un poignard prêt à écorcher la peau d'une victime. J'avais dû heurter sa fierté. Il se rapprocha de moi à pas lents. Mon corps tout entier me hurlait de fuir, mais je ne voulais pas bouger. Il s'arrêta à quelques centimètres de moi et continuait de me regarder dédaigneusement, le menton levé avec arrogance. Mon cœur martelait de peur. Je m'attendais à une attaque, mais contre toute attente, il prit mon poignet délicatement.

« Je t'offre un verre ?

— Avec plaisir. »

Je le suivis jusqu'au comptoir et nous prîmes places. Il commanda deux chopes de bière, puis se tourna vers moi.

« Tu ne me demandes pas mon nom ?

— J'ai entendu parler de toi. Tu es le voleur sans nom. Tu agis dans l'ombre et personne ne connaît ta véritable identité. Tout ce que l'on sait, c'est que tu as grandi dans le désert. Tu es capable de dénicher le moindre détail de la vie sociale et personnelle des gens, mais tu peux aussi les faire disparaître. Le gouvernement n'a jamais pu te capturer et a tenté à de nombreuses reprises de faire appel à tes services en tant qu'espion, mais tu as toujours refusé.

— Je croyais que tu ne cherchais pas à connaître la vie privée des gens.

— Je lis les journaux. Mais dis-moi, à quoi cela te sert-il ? Qu'est-ce que tu y gagnes ?

— De l'or.

— Pardon ? »

Il approcha son visage du mien sans me lâcher de son regard perçant et effleura mon cou de ses doigts adroits, me faisant frémir.

« Les secrets valent de l'or, me souffla-t-il dans l'oreille. Tu n'imagines pas ce que les gens feraient pour acquérir la plus futile information ou encore pour obtenir la promesse du silence.

— Alors tu extorques ces personnes sans défense ?

— N'est-ce pas ce que font les voleurs ?

— Tu abuses de la faiblesse des autres. Quel mérite tires-tu de cette vie ?

— C'est eux qui viennent me voir ; ils ne peuvent en vouloir qu'à eux-mêmes. Et quant au mérite, je n'en ai absolument rien à faire. Ce qui m'importe en revanche, c'est d'avoir ce que je veux, comme tout le monde.

— Tu n'as donc pas de rêve ? À quoi te sert tout cet argent si c'est pour vivre aussi misérablement sur le dos des autres ? Tu n'as pas soif d'aventures ? »

Je l'avais encore contrarié. Il avait froncé les sourcils et gardait une mine sérieuse.

« Dis, c'est pas que ça me dérange, mais ton ami n'arrête pas de regarder dans notre direction. »

Je tournai la tête et rencontrai les yeux agacés d'Ace à travers la salle.

« Ou peut-être est-ce ton copain ? » articula le voleur des sables en étirant son sourire espiègle.

Il posa une main adroite sur ma cuisse et la remonta sensuellement jusqu'à ma hanche, puis longea mon cou de sa deuxième main et saisit fermement ma mâchoire. Il caressa du pouce mes lèvres et s'apprêtait à les immobiliser entre les siennes, mais s'arrêta au dernier moment pour jeter un air de défi à mon Commandant.

« Je ne suis pas ton jouet » lui lançai-je sèchement.

Il s'amusa de ma réflexion, mais ne me lâcha pas pour autant. Je jetai un coup d'œil au frère de mon Capitaine. Il avait détourné la tête et ne semblait plus se soucier de nous.

« Hm ? Il ne réagit pas, fit remarquer celui qui me tenait d'une moue boudeuse.

— Allez, lâche-moi maintenant. Ce n'est pas drôle. »

Il desserra son emprise et je me détachai, rassurée.

« Ou pas. »

Avant que j'aie le temps de voir quoi que ce soit arriver, il ressaisit ma joue et plaqua ses lèvres contre les miennes.