Hello!

Qui dit que la poésie n'inspire pas? Je me suis replongée dans un recueil "Le goût de la poésie amoureuse", que j'avais étudié au lycée. Et je suis tombée sous le charme de Elégie, de Marceline Desbordes-Valmore, qui m'a inspirée pour ce OS, écrit en moins d'une heure hier soir (et traduit dans la foulée en anglais). Allez lire le poème, il vaut vraiment le coup (et en fait tout le recueil Elégies)

Je n'avais jamais écrit d'UA âmes sœurs, et c'était l'occasion (peut-être que je développerai l'idée, je ne sais pas encore). Dans cet UA, qui suit l'intrigue du manga, chacun entend à son réveil le jour de ses quinze ans le nom de son âme sœur. Et tous les ans, tant qu'ils ne se sont pas (ré)unis, ils entendent ce nom dans leur cœur.

Alors c'est un peu angst, mais vous avez droit à une belle fin!

Bonne lecture!


L'un des moments que Roy Mustang attendait le plus dans sa vie était le jour de ses quinze ans. Il connaîtrait ce jour-là le nom de son âme sœur, murmuré en secret au plus profond de son cœur.

Il avait commencé son apprentissage depuis quelques mois déjà lorsque ce jour arriva. Mais à son réveil, il n'y avait que le silence. Un vide immense qui remplissait son être, et qu'il pensait ne jamais pouvoir combler. Il avait espéré. Il avait espéré un nom, même inconnu, qui lui dirait « Tu es digne d'aimer, tu es digne d'être aimé. »

Il savait que des personnes tenaient à lui ; sa tante, ses sœurs, peut-être même Riza, derrière sa façade d'indifférence et ses silences butés chaque fois qu'il lui adressait la parole.

Mais après ce jour muet, où aucun nom ne lui avait été murmuré, il se plongea dans ses études, ne sortit de sa chambre que pour ses leçons, les repas et parfois prendre l'air. Il remarqua les regards plus fréquents, et l'air inquiet que lui portait la fille de son maître, mais l'alchimie consuma tout son temps. Il s'interdit de penser à autre chose. Il n'en avait pas le droit, n'est-ce-pas ?

Sa décision d'entrer à l'école militaire fut facile. S'il ne pouvait pas aimer, s'il ne pouvait pas être aimé, au moins pouvait-il protéger. Il pouvait protéger son pays, il pouvait protéger ses habitants. Ça au moins il en était capable, et il ferait en sorte d'y consacrer sa vie.

Mais une nuit, inattendu, un nom résonna. Roy s'assit dans son lit et pleura. Comment avait-il pu passer à côté d'une telle évidence ? Elle avait été là. Elle avait veillé sur lui. Elle l'avait tiré de ces journées de labeur, qu'il passait plongé dans ses livres et ses carnets. Mais son regard n'avait fait que passer sur elle, sans s'y attarder.

C'était trop tard. Il ne pouvait pas revenir et lui faire face comme si rien n'avait changé. Parce qu'elle aussi avait entendu. Elle avait entendu son nom à lui.


Riza vit partir Roy pour l'académie avec un pincement au cœur. Elle savait qu'il n'était pas pour elle, parce que lorsqu'il avait eu quinze ans, elle n'avait rien entendu. Elle n'était pas son âme sœur, mais elle n'avait jamais pu s'empêcher d'espérer. Parce qu'il n'avait rien dit, même s'il avait soudain pris ses distances.

Quelques semaines plus tard, le dernier jour de sa quinzième année, elle se coucha sans espoir. Sans l'espoir d'entendre son nom.

La lune la réveilla, dardant ses rayons argentés sur son oreiller. A moins que ce ne fussent ses larmes, qui coulaient sur ses joues sans raison. Sans raison ? Non, c'était ce nom qui résonnait dans son cœur, ce nom qu'elle n'aurait jamais cru entendre et qui la faisait souffrir.

Parce qu'elle savait. Elle savait qu'il y avait peu de chances qu'il revienne. Même s'il avait entendu son nom à elle, que pouvait-il y faire ?


Mais elle le revit avec surprise lorsqu'il frappa à la porte un jour d'hiver. Son nom avait sonné, doux mais pressant chaque fois qu'une année avait passé, loin de lui.

Leurs regards se croisèrent et ils comprirent. Ils surent que l'autre avait entendu son nom, qu'ils étaient liés et ne pouvaient rien y faire. Les circonstances étaient trop difficiles, et quand il partit de nouveau, Riza décida que quoiqu'il se passe dans sa vie, elle voulait en faire partie d'une manière ou d'une autre.

Et encore des années durant, leurs noms résonnèrent dans le cœur de l'autre, pendant qu'ils s'appelaient « Commandant » et « Cadet », « Lieutenant-colonel » et « Sous-lieutenant », « Colonel » et « Lieutenant », « Général » et « Capitaine » puis « Commandant ».

C'était un appel qui sonnait toujours plus fort, toujours plus difficile à combattre, toujours plus intense. Et chaque fois que l'un d'eux passait à l'année suivante, ils se réveillaient les larmes aux yeux dans un lit à moitié vide.


- Riza Hawkeye, je te reçois comme épouse et je me donne à toi pour t'aimer fidèlement tout au long de notre vie.

- Roy Mustang, je te reçois comme époux et je me donne à toi pour t'aimer fidèlement tout au long de notre vie.

Jamais plus ils n'entendraient ce nom dans leur cœur, prononcé par une voix inconnue, deux minuscules fois par an. Enfin ils pourraient le dire à l'autre chaque jour, tout haut, dans un murmure, un susurrement, une exclamation, un gémissement, un cri.