Yo ! Je suis de retour (pour vous jouer un mauvais tour) ! xD Je me suis réveillée une heure plus tôt que d'habitude à cause de mon andouille de chat (car je fait du cat-sitting cette semaine) qui avait faim... Je suis légèrement zombifiée... Le dodo, c'est sacré, j'ai du mal à m'en remettre quand on perturbe mon sommeil !

Mais passons x)

Mon examen est passé, je suis... relativement confiante. Il ne me reste plus qu'à passer l'oral le 31 mai, et j'en aurait fini avec ce semestre. J'espère que ça va bien se passer =/

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Enfin bref ! Quoi de neuf ? De mon côté, je suis toujours à fond sur le Wisdom-verse, my fic BNHA. J'en suis à 380 pages d'écrites, je ne pensais pas avoir autant d'inspi ! Mais bon, j'attends de voir si je peux atteindre les 500 pages. Mes fics commencent en général à s'essouffler une fois que j'atteint les 400 pages... On verra si ça fait pareil avec les aventures de Toki...

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Passons aux réponses aux reviews !

Sooooo... Désolée d'avance, mais la semaine a été assez infernale avec les révisions, l'examen et tout, et du coup je n'ai pas répondu à toutes vos reviews =/ J'ai essayé de répondre à tous ceux qui avaient des questions, cela dit !

Yo Tiph l'Andouille ! EN effet c'est Kisame qui est supposé détenir l'épée Samehada : il tue son ancien possesseur et déserte Kiri avant le début du canon. Mais là, on peut supposer que quelque chose s'est mal passé... Mwahahaha. Sinon, pour Mei Terumi, t'inquiète ! Elle est pas morte ! Elle aussi on la verra plus tard. Pour ce qui est d'Orochimaru et de son plan pour envahir Konoha, par contre, tu sera surprise d'à quel point j'ai pu conserver le canon relativement intact...

Salut Nuage25 ! Ah ah, c'est cool que tu note toutes les infos au compte-goutte, elles ont quasiment toujours utiles après coup. Et ouiii, Tsunami et ses prises de tête niveau relationnel, ça m'a bien amusé aussi xD Pour ce qui est de Sakura nope, je vais définitivement diverger du canon. Si elle devient une médic ça sera un rôle purement accessoire aux autres trucs que je prévoie x) Pour ce qui est d'Orochi, n'oublie pas que s'il avait repris contact avec Tsunade dans le canon, c'était pour qu'elle le soigne... Or, à ce point de l'histoire, il n'est pas (encore?) blessé ! Et donc pas du tout en contact avec elle...

Coucou liamireldib-b ! Oui j'imagine que Hashirama avait le béguin pour Madara mais était juste trop con pour le réaliser x) Il lui aurait sauté dessus, ça aurait bien simplifié les choses ! Pour ce qui est d'Hakui et de Tsunami, je ne sais pas encore quel sera leur devenir. Mais l'idée de caser Tsunami avec un/une Senju est tellement ironique que ça m'attire xD Sinon, bien vu pour Izumi, elle est badass mais plutôt comme Itachi que comme Tsunami/Madara/Kakashi et les autre powerhouses de l'univers de Naruto. Silencieuse et mortelle, tout à fait !

Nope Naptis, je n'arrive pas à imaginer Tsunami dans une relation hétéro normale non plus, mon cerveau bloque dessus x) Mais je ne sais pas non plus dans quel genre de relation elle va finir... Il faut garder un peu de mystère dans l'écriture x) Pour ce qui est de Jiraya, ah ah, ça va être fun !

Salut neah20 ! En effet Tsunami n'est pas dans une position facile, niveau possibles relations romantiques. Mais ouais, être mère célibataire, ça pourrait être pas mal xD C'est une option !

Hello Shinlya ! Nope, le fait qu'il y ait un utilisateur de Senjutsu à proximité n'affecte pas le kinjutsu... Enfin je ne pense pas... Mais sinon c'est vrai que cette équipe pourrait être spécialisée dans les explosions xD Sinon j'adore comment tu décris Tsunade et Tsunami comme "une vieille bique et une grande gueule" xDDDD C'est pas faux !

Coucou Mayne ! En effet Orochimaru aurait pu s'allier à Kiri plutôt qu'à Suna, mais leur leadership est trop récent. Pas le temps de mener des négociations pour s'allier avec leur Kage avant le début de l'examen. Pas assez d'intérêts communs, non plus : Orochimaru veut disséquer les keikei genkai, ça va forcément mettre mal à l'aise Kiri qui ressort d'une purge... Enfin bref. Pakura pourrait bien te surprendre ! Sinon, j'ai encore 14 chapitres de prêts, donc j'ai de la marge x)

Merci Rose-Eliade ! Comme tu as du le deviner avec le titre du chapitre, en effet, ça va chauffer ! xD

Salut Klonoa ! Nope pour Kisame, tu fais fausse route, il a en fait quitté Kiri plus tôt que dans le canon... Pour des raisons qui seront découvertes plus tard x)

Helloooooo Yuedra ! Je penses que c'est une de tes plus longues reviews x) Il y avait beaucoup à dire ! Alors, dans l'ordre... NOPE nope nope ce n'est pas Tenzô, mwahahaha, mais ça aurait pu, en effet ! Et oui, Tenzô est l'unique personne (avec le Sandaime) à savoir pour le Kinjutsu de Hotaru. Ensuite, oui Hikari a un Dôjutsu (et il m'a fallu desmois pour me décider, quand même xD), et ça va pas lui faciliter la vie. Mais bon, c'est encore loin. Le prochain problème qui se présentera pour les Uchiha, comme tu l'as deviné, c'est la mission de pays des Vagues de Sasuke... Et ensuite, l'examen Chuunin ! Sinon, ouais, destruction du canon ! Mangetsu Mizukage ! Mais... Qu'est-ce qui te fais croire que Suigetsu est en sécurité ? Car après tout, il a été enlevé, dans le canon, vers l'âge de 12 ans environ (soit un an avant le début du canon) parce qu'Orochimaru était intéressé par son keikkei genkai. Et quelles sont les chances pour que ça ait changé ? Ah ah. AHEM. BREF. Bien vu pour Shikaku et Tsunami ! Même si vu tout ce qui a changé depuis que j'ai commencé à écrire cette fic (les personnages évoluent par eux-mêmes, c'est fou u_u), il commece à devenir fort possible que Tsunami soit Hokage à un moment. Mais ouais, Shikaku est actuellement en train de l'entraîner à lui succéder. Elle n'a pas son esprit analytique mais elle est intelligente, et surtout il ne trouvera personne de plus férocement dévoué à la protection du village. Voilà voilà. Pour ce qui est de l'impact socio-économique d'une société centrée autour des ninjas, ah ah, bah pour moi la solution est à la fois simple et compliquée... Ce sont les clans ninjas qui assurent la protection/gestion des trucs industriels comme nourriture/vêtements/armes. Genre les Akimichi avec la bouffe. Ca permet aux civils de ne pas se faire marcher dessus par Konoha, car ils ont la protection d'un clan. ET OUI CASER UNE SENJU AVEC TSUNAM SERAIT TROP MARRANT. Honnêtement j'y réfléchi xDDDDD Mais rien n'est sûr !

Yo Leen Hogwarts ! Ah ah je t'ai fait bugger avec l'annonce du Mizukage ? Tant mieux ! Nan mais l'univers a définitivement divergé du canon. Oui les Kages sont différents, et oui, bien vu, l'Akatsuki est différente aussi. Et tu m'a bien fait rigoler avec "hum il a quel Uchiha en ligne de mire là" à propos d'Orochimaru, c'est vrai qu'on dirait un trafic xD

Salut B-8 ! Ah ah, oui, j'ai bien dézingué le canon de Kiri. Tu as cependant faux, aux examens Chuunins on ne verras si Suigetsu ni Mei... x) Pour ce qui est de Tsunami, elle agiter les choses, hein ? x) Pauvre Sasuke qui se retrouve affublé d'un surnom mignon devants es coéquipiers x) Mais j'aime bien me moquer de lui, ça le rend plus humain ! Enfin, bref, pour ce qui est de Tsunami et Tsunade, ça va swinguer, en effet. Je ne t'en dis plus ! Enjoy le chapitre !

Coucou Lazy Cocombre ! Juste à temps pour ta review ! Oui, avec le changement du canon, on va avoir un gros impact sur la psychée de Sasuke... On en verra plus dans le prochain chap' !

Yo Redheadead ! En effet le précédent chapitre servait à faire une pose, revenir aux bases, et puis intégrer de nouvelles informations. Et se moquer de Tsunami et son crush, aussi xD Mais bref ! Ce chapitre sera plus riche en rebondissements... Pas tant de combats que ça (malheureusement) mais plein de tensions et d'émotions ! Eh oui, Uchiha et Senju, c'est toujours explosif...

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Et voilà ! Sans plus attendre... Voici le chapitre ! Pour rappel, dans le chap' précédent, Tsunami a appris que Konoha va accueillir et le Kazekage, et sa rivale qui veut l'assassiner (Pakura), et le Mizukage... Et ça, c'est uniquement ce qui est officiel. Personne ne sait encore qu'Orochimaru va attaquer ! Il est donc temps de ramener les Sannins au village...

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Uchiha et Senju

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On aurait pu penser que Jiraya, avec sa haute stature, ses vêtements bariolés, et sa tignasse blanche, serait plus facilement repérable que Tsunade. Tsunami se souvenait bien de la facilité avec laquelle elle-même et Genma (avec la taupe de la Racine qui les avait accompagnés en mission), avaient retrouvé l'Ermite des Crapauds lors de leur mission d'apprentissage du Fūinjutsu. Le plus difficile avait été de trouver un endroit où Jiraya était passé en personne. Après… Il n'avait pas été dur de trouver des témoins, des gens qui l'avaient vu passer, des femmes qui avaient été draguées par lui, des passants dont le regard avait été attiré par sa carrure ou son haori rouge. Mais c'était Tsunade dont la dernière localisation était connue, et c'était elle qui deviendrait Godaime Hokage, alors ce fut sur les traces de la princesse Senju que Tsunami se lança.

Elle lança quand même un Kage Bunshin sur la piste de Jiraya. Eh oui, en revenant de cette fameuse mission avec la Team Tenzō, la première chose que Tsunami avait fait, ça avait été de traquer Hayama-sensei pour lui demander de lui apprendre la technique du Kage Bunshin ! Avec le Sharingan, elle l'avait copié en deux minutes… Mais ensuite, il lui avait bien fallu une après-midi d'entraînement pour maîtriser cette technique.

Elle ressentait un respect tout neuf pour Naruto, qui (dans le canon) avait appris ce Jutsu sans aide, et en une nuit. Ok, Tsunami avait mis trois heures à le faire, mais elle était une Jounin. Une Jounin de vingt ans, spécialisée en ninjutsu. Alors que Naruto, lui, était un simple Genin, avec un contrôle de son chakra absolument abominable. Le fait qu'il ait réussi cet exploit en si peu de temps… C'était impressionnant.

Bref. Tsunami avait envoyé un Kage Bunshin sur les traces de Jiraya, et avait découvert avec jubilation qu'elle pouvait exploiter ce Jutsu à l'infini. Eh oui ! Tous ses clones se matérialisaient avec une copie exacte de tout ce qu'elle avait sur sa personne. Son équipement, mais aussi ses tatouages. Plus précisément, le Sceau Seimon tatoué sur sa nuque, qui lui permettait de stocker du chakra. En ouvrant ce sceau, le Kage Bunshin pouvait se recharger. Et c'était vachement utile ! Un Kage Bunshin se dissipait quand il était à court de chakra (soit à force d'usure dans le temps, soit parce qu'il était dispersé d'un coup violent) : mais comme le Kage Bunshin de Tsunami avait une réserve secrète… Il allait durer nettement plus longtemps qu'un clone normal. Bon sang, Tsunami se demandait même si son clone n'allait pas être plus résistant qu'un humain normal, avec la quantité d'énergie stocké dans le Sceau Seimon ! Son clone pourrait sans doute durer plusieurs semaines, sans manger ni dormir, avant de vider totalement son sceau. Elle avait hâte de tester ses limites.

(Quoique. Elle appréhendait un peu le moment où le clone se dissiperait et où elle recevrait tous ses souvenirs. Est-ce qu'elle recevrait aussi la fatigue de plusieurs jours de traque ? Bon sang, elle espérait que non !)

Tsunami partit donc sur la piste de Tsunade. Ce fut étonnamment facile. La princesse Senju ne devait pas s'attendre à être traquée. D'un autre côté, qui serait assez bête pour essayer ? Le Sandaime n'avait jamais ordonné son retour. Les ninjas ennemis la craignaient. Et la plupart des gens avaient vaguement conscience qu'il valait mieux rester dans les bonnes grâce de la médic-nin prodigieuse qui acceptait de soigner n'importe qui. Tsunade n'avait jamais pris la peine de brouiller sa piste. Elle n'en avait jamais eu besoin.

En à peine une semaine (quatre jours pour parvenir au village où Tsunade avait été aperçue pour la dernière fois, trois pour rattraper le trajet qu'elle avait effectué depuis), Tsunami l'avait retrouvée.

Dans un casino.

Surprise.

Tsunami, étonnamment, n'était jamais allée dans un casino. Elle connaissait plein de jeux, mais ils lui avaient été enseignés par des collègues de la Section Commandement, par des amis de la Section Sensorielle, ou par Anko. Mais bon, ce n'était pas si impressionnant. Les armes étaient interdites, alors Tsunami remit sagement sa pochette de kunai au vigile de l'entrée (mais ne mentionna pas la centaine de kunais, le millier de shurikens, la demi-douzaine de dagues, et le katana acéré cachés dans les sceaux de stockages imprimés sur sa ceinture ou dans ses poches). Elle entra, parcourut la salle du regard, et se dirigea d'un pas désinvolte vers les l'endroit où une grande blonde portant un haori vert était en train de s'énerver contre la machine à sous devant laquelle elle était assise, tandis qu'une petite brune portant un cochon nain dans ses bras soupirait avec une résignation amusée.

Tsunade ne semblait pas avoir plus de vingt-cinq ans. C'était presque choquant. Et, ne put s'empêcher de remarquer Tsunami en la dévisageant, elle était plutôt jolie. Pas seulement physiquement, même si elle avait un visage régulier et expressif, et… ok, une énorme poitrine. Tsunami n'était guère intéressée par cette partie de son anatomie (honnêtement, le fétichisme qu'avaient les hommes pour la poitrine féminine lui passait au-dessus de la tête : ce qui attirait l'attention de Tsunami chez une femme, c'était ses yeux, ses épaules, sa façon de bouger…), mais c'était quand même impressionnant à voir. On aurait cru qu'elle avait rembourré son soutien-gorge avec deux pastèques. Comment Tsunade pouvait-elle ne pas avoir de problèmes de dos, avec ce poids permanent pesant sur sa cage thoracique ?!

Mais passons. Tsunade était jolie, mais ça, objectivement, Tsunami s'en foutait. Ce qui avait attiré son attention, c'était… Qu'elle était énergique. Elle bougeait, gesticulait, s'exclamait. Elle occupait l'espace avec une férocité digne de Tsume Inuzuka ou d'Anko Mitarashi, mais avec quelque chose de plus… concentré, attentif, acéré, quelque chose qui évoquait presque Shikaku Nara. Même de loin, même dans une atmosphère détendue, Tsunade irradiait le pouvoir contenu.

La jeune Uchiha s'adossa au mur, et scruta la Sannin. Tsunade Senju, la légendaire petite-fille du Shodaime. La chef du clan Senju, même si le clan était officiellement éteint. Tsunami ne put s'empêcher de la dévisager, cherchant une ressemblance avec les Senju qu'elle connaissait, mais… Tsunade avait beau être la petite-fille du Shodaime, elle n'avait guère les traits typiques de son clan. Elle avait des yeux noisette d'une nuance plus clairs que ceux de Tenten, des cheveux d'un blond pâle qui évoquaient davantage les Yamanaka que la tignasse de Tenzō ou encore la chevelure soyeuse d'Hakui, une peau plus pâle que celle de Genma ou Ibiki…

– Hey ! Tu veux ma photo ?

Tsunami se raidit, prise en flagrant délit, quand la Sannin se tourna brusquement vers elle. Pendant une seconde, elle ne sut pas quoi dire. C'était Tsunade Senju, bordel de nouilles. La future Godaime Hokage.

Puis, Kami-sama soit loué, son cerveau revint en ligne et elle se remémora ce qu'elle avait prévu de dire, et déclara d'un ton plat :

– J'allais vous proposer une partie de cartes.

Tsunade étrécit les yeux d'un air soupçonneux.

– Toi, tu veux quelque chose…

Absurdement, Tsunami réalisa que la Sannin faisait presque une demi-tête de moins qu'elle. Wow. D'accord, Tsunami était plutôt grande pour une kunoichi (un mètre quatre-vingt-deux, plus précisément), mais c'était étrangement surréaliste, de se rendre compte qu'on faisait dix bons centimètres de plus qu'une figure de légende.

– En quelque sorte, biaisa la jeune Uchiha.

– De l'argent facile ? Une consultation médicale ? Un coup de main en mission ? Si c'est ça, laisse tomber. Je ne m'implique pas dans les affaires de Konoha.

Son regard s'était attardé sur la plaque de métal à l'emblème du village, cousue à la ceinture de Tsunami. La jeune femme ne se dégonfla pas :

– On parie ?

Tsunami n'était pas trop axée paris. Elle aimait garder le contrôle. Quand elle jouait aux cartes, c'était généralement sans enjeux, pour le fun. Mais il fallait faire appel aux vices de Tsunade, et la Sannin mordit à l'hameçon. Avec un reniflement amusé, elle se dirigea vers une table de poker. Tsunami la suivi. Derrière, elle entendit Shizune (car ça ne pouvait être qu'elle, l'apprentie de Tsunade qui se baladait partout en tenant Ton-Ton le cochon dans ses bras) inspirer brusquement. Elle avait sans doute vu le symbole Uchiha brodé dans le dos de son haori.

Le poker était simple. Il fallait piocher les bonnes cartes et bluffer. C'était plus intéressant quand les joueurs étaient une demi-douzaine, au moins, alors Tsunade et Tsunami rejoignirent une tablée à moitié pleine. Par un coup du hasard, elles s'assirent face à face. Parfaitement positionnées pour s'observer. Les cartes furent distribuées, et le jeu commença.

Premier tour. Tsunami jeta un bref coup d'œil à son jeu sans laisser son expression trahir le moindre sentiment. Hum, elle avait déjà une reine, ça partait bien. Autour de la table, personne ne laissait transparaître son ressenti face à ses cartes. Ce n'était pas pour rien qu'un visage de marbre était aussi appelé poker face. Trois cartes furent retournées au centre de la table, puis le premier joueur annonça sa mise, et poussa l'argent vers le centre de la table. Le second suivit. Le troisième, avec un rictus narquois qui pouvait aussi bien être sincère qu'un pur coup de bluff, doubla la mise. Tsunami le suivit. Le joueur suivant, puis le suivant, puis Tsunade firent de même. Chacun gardait un visage complètement inexpressif, mais c'était Tsunade Senju que Tsunami observait, et c'était elle que la Sannin fixait en retour.

– Tu es un peu loin de chez toi, non ? lâcha Tsunade d'un ton faussement désinvolte.

– La distance est relative pour un shinobi.

– Hum. Tu es en mission ?

Tsunami considéra sa réponse un instant. Puis elle augmenta sa mise, et répondit d'un ton léger :

– Pas vraiment une mission officielle, non. Mais… Quelque chose comme ça.

– En solo ? Étonnant.

– Oh, je vous assure, il est inutile de vous inquiéter pour moi.

Tsunade plissa les yeux. Quand son tour vint, elle augmenta sa mise également. Les autres joueurs échangèrent de brefs regards : le pot commençait à être important, mais aucun d'entre eux n'avait manqué de remarquer la tension entre les deux kunoichi. Ils savaient de toute évidence qui était Tsunade, et auraient dû être aveugles pour rater les sous-entendus dans sa conversation avec Tsunami. Un premier joueur annonça qu'il se couchait, et abandonna la partie.

– Tu es bien confiante, gamine.

Tsunami haussa un sourcil, imitant l'assurance sans faille de Shikaku Nara :

– Vous savez qui je suis ?

– Personne de réellement important ne dit ce genre de chose, lâcha dédaigneusement Tsunade.

Et bam, prends-toi ça. Tsunami serra les dents, mais garda un visage de marbre.

– Ça veut dire non, j'imagine. Hum, ça explique que vous n'ayez pas relevé l'ironie de la situation.

En retrait, Shizune émit un gloussement nerveux. Tsunade tiqua, réalisant sans doute qu'elle avait manqué un élément important. Une de ses paupières tressaillit. Agacement, ou tic nerveux indiquant qu'elle bluffait ? Dans tous les cas, c'était un avantage. Tsunami enchaîna d'un ton onctueux :

– C'est beaucoup plus drôle pour moi, du coup. J'imagine déjà la tête que va faire votre cousine en l'apprenant.

– Je n'ai pas de cousine, lâcha sèchement Tsunade.

– Ah, oui, désolée. J'avais oublié que votre clan reniait ses enfants à la naissance.

Tsunami savait pertinemment qu'elle tordait les faits. Le clan Senju était un clan guerrier : le nom de famille n'était accordé qu'aux combattants. Mais à titre personnel, Tsunami trouvait ça absurde, comme une hérésie, de refuser un nom de famille à quelqu'un. Comme les Uchiha l'avaient fait pour Hikari, par exemple. Refuser de reconnaître un enfant, c'était le désavouer. Les Senju ne reconnaissaient leurs bébés que s'ils prouvaient leur utilité. Alors qu'un nom, une marque d'amour et d'appartenance, on ne devrait pas avoir besoin de le mériter. C'était… Comme s'il fallait prouver qu'on était digne d'être au sein d'une famille !

Mais peut-être qu'elle pensait comme ça parce qu'elle était une Uchiha… Non, parce qu'elle était Tsunami. Pas seulement Tsunami, celle qui avait toujours fait passer sa famille avant tout, mais Tsunami, celle qui avait les souvenirs et la culture d'une autre vie, d'un autre monde, où la filiation d'un enfant était considérée comme un dû et non pas comme un privilège. Peut-être qu'à l'époque des guerres claniques, ça avait eu du sens d'exclure ceux qu'on voulait garder à l'écart des conflits. Mais… Pour Tsunami, un nom n'était pas juste un badge d'appartenance à une armée, c'était un lien d'amour, et… La coutume des Senju lui semblait barbare, tout simplement.

Et puis, le but de cette remarque n'était pas juste d'exprimer son mépris pour cette coutume. C'était de faire réagir Tsunade, et sur ce coup, la réussite était totale.

Pardon ?! feula Tsunade.

Sa main gauche avait agrippé la table, et le bois gémit sous la pression. Plusieurs joueurs reculèrent légèrement, inquiets. Un autre se coucha également, abandonnant hâtivement la partie. L'atmosphère était devenue électrique.

– J'ai tort ? la provoqua Tsunami. Vous partagez le même sang, mais vous les avez reniés et abandonnés.

Ok, Tsunami n'avait pas exactement prévu d'aller autant dans la provocation mais bon, elle avait un peu creusé sa tombe, là. Et puis, abandonner et renier son clan, c'était un sujet un poil sensible pour elle. Qui avait abandonné qui en premier, entre elle et les Uchiha, entre les Uchiha et sa mère, entre Shisui et Itachi ?

Elle s'attendait presque à ce que Tsunade renverse la table, parce que c'était ce qu'elle-même aurait fait, si on lui avait jeté ce genre d'accusation au visage. Mais Tsunade se contenta d'une exclamation incrédule :

– Le clan Senju se porte bien mieux sans moi.

C'était tellement invraisemblable que Tsunami en resta brièvement sans voix. Puis elle étréci les yeux :

– Il n'y a plus de clan Senju. Sans chef de clan pour reconnaître les membres du clan, ils ont été réduits à néant.

– Est-ce que ce n'est pas mieux pour tout le monde ? lâcha froidement Tsunade. Ce n'est pas un nom facile à porter.

Et Tsunami comprit pourquoi, dans le canon, Tsunade n'avait jamais reconnu aucun de ses lointains cousins comme membres du clan Senju. Elle esquissa un sourire amer. Si Tsunade avait su qui exactement était assise en face d'elle, est-ce qu'elle aurait parlé avec la même arrogance de noms difficiles à porter ?

– J'ai un ami qui a le même avis que vous, finit-elle par lâcher.

– Tu discutes beaucoup avec tes amis de la renommée d'un clan qui n'est pas le tien ? lâcha Tsunade avec dérision.

Tsunami la fixa avec surprise (comment pouvait-elle savoir ça, avait-elle deviné qui elle était ?), et la Sannin haussa les épaules.

– Les Senju connaissent le système. Ils savent qu'on peut être du clan sans jamais en porter le fardeau. Tu es beaucoup trop indignée pour avoir grandi avec ça.

Elle n'avait pas tort. Tsunami inspira, se força à relâcher la frustration impuissante au creux de son estomac, puis expira. C'était à elle de miser. Elle suivit les autres joueurs. Lorsqu'elle prit la parole à nouveau, sa voix était claire et plate, sans aucune inflexion.

– Mon ami est personnellement concerné.

– Oh ? fit Tsunade en haussant les sourcils. Sommes-nous apparentés ?

– Probablement, concéda Tsunami avec une pointe d'amertume. Pas que ça lui soit d'une grande utilité, au fond. Non, il se sent concerné parce qu'il a… Hum. Disons qu'il ressemble à votre grand-père. Pour lui, prendre de la distance avec les Senju n'est pas vraiment une option.

Pour la première fois, Tsunade eut l'air interloquée.

– Mon grand-père ?

C'était le dernier tour de la partie. Tsunami jeta un bref regard à ses cartes, puis augmenta sa mise. Les autres joueurs firent la grimace, puis suivirent. Tsunade, dont l'assurance avait été ébranlée, fit de même d'un geste automatique… Puis vint le moment où il fallut dévoiler ses cartes.

Un joueur avait une paire de neuf. Un autre n'avait rien. Le troisième exhiba fièrement un brelan de sept. Tsunade, avec un rictus mauvais, abattit sur la table une paire de deux.

Tsunami aligna trois reines, et remporta la partie. Mentalement, elle poussa un soupir de soulagement. Il y avait un pas entre savoir que Tsunade était malchanceuse, et parvenir à remporter une partie de cartes quand la seule version du jeu qu'on connaissait était le strip-poker. Eh oui, Tsunami avait appris à jouer aux cartes avec Anko. Qui, à l'époque, était aussi sa petite-amie. A quoi d'autre pouvait-on possiblement s'attendre ?

Tsunami rassembla son butin, qui disparut promptement dans les poches de son haori, ou plutôt dans sa Dimension de Poche, et lâcha avec une pointe de sarcasme :

– Sans rancune ?

Tsunade ne sourit pas. Elle posa un regard étréci sur la jeune Uchiha.

– Qu'est-ce que tu disais à propos de ton ami ?

Il y avait quelque chose de froid dans sa voix. Tsunami soupesa ses options. Elle n'avait pas prévu d'amener Tenzō dans la conversation, au départ. Mais son Mokuton n'était plus vraiment un secret, pas vrai ? Pas après qu'il l'ait utilisé devant tous ces gens lors de la désastreuse mission de rang C de son équipe. D'une façon ou d'une autre, ce secret était définitivement éventé.

Mais bon, parler de Mokuton était quand même assez tabou, surtout dans un casino plein d'espions potentiels, alors Tsunami essaya de rester vague.

– Il a le… Vous savez.

– Non, claqua la voix de Tsunade. Qu'est-ce qu'il a exactement ?!

Elle s'était tendue, et avait haussé le ton. Quelque part, elle avait sans doute déjà deviné de quoi il s'agissait, mais se refusait à y croire. Tsunami hésita. Trop de gens écoutaient leur conversation pour qu'elle ose révéler le kekkei genkai de Tenzō. Il y avait une différence entre savoir qu'il avait utilisé le Mokuton devant des témoins, et se mettre à clamer en public qu'un ninja de Konoha possédait le kekkei genkai du Shodaime !

Alors elle fixa Tsunade droit dans les yeux, et fit le mudrâ du serpent. C'était le geste classique qui initiait toutes les techniques Mokuton. Les yeux de Tsunade s'agrandirent en comprenant, et Tsunami esquissa un fin sourire victorieux…

Puis elle plongea sur le côté, parce que Tsunade venait de renverser la table avec un hurlement de rage.

(Cette fois, Tsunami avait définitivement attiré son attention.)

oOoOoOo

Huit tables renversées, un mur pulvérisé, une bagarre générale, une éjection du casino, et pas mal de hurlements plus tard, Tsunami retrouva Tsunade dans un bar. Après le casino, ce n'était pas exactement une surprise. La Sannin était allée détruire quelques maisons et/ou noyer son chagrin après avoir été chassée de la salle de jeu, et Tsunami avait prudemment décidé de la laisser se calmer.

Ou plutôt, Tsunade avait déraciné un arbre et lui avait balancé à la gueule, alors Tsunami avait opéré une retraite stratégique.

Bref. La jeune Uchiha attendit le soir, puis se rendit dans le bar où le chakra de Tsunade s'était réfugié. Le bar était quasiment déserté, comme si la clientèle avait été chassée par l'air misérable et l'agressivité de la Sannin. Celle-ci se trouvait à l'une des tables les plus reculées, trois bouteilles de saké vide à ses côtés, et une à demi-pleine à la main. Elle fixait sa coupe d'alcool d'un air morose. Quand elle vit Tsunami approcher, elle releva la tête, et posa sur elle un regard mauvais.

– Uchiha.

Shizune avait vendu la mèche. Tsunami haussa un sourcil, et rétorqua sur le même ton :

– Senju.

Elle aussi, elle pouvait être malpolie. Tsunade émit un reniflement amusé, percevant sans doute l'ironie. Uchiha et Senju, comme les deux faces d'une pièce de monnaie. Comme à l'aube de Konoha. La Sannin donna un coup de pied dans le tabouret en face d'elle, le décalant de la table et invitant implicitement Tsunami à s'installer. Puis, une fois que la jeune Jounin se fut assise avec prudence, Tsunade s'appuya contre son dossier, croisa les bras sous son imposante poitrine, et fixa sur elle un regard sévère.

– Allez, parle. Qui t'as envoyé ?

Tsunami grimaça :

– Personne. Pas vraiment. Le sujet est venu lors d'un conseil restreint et c'est moi qui ai hérité de l'affaire.

– L'affaire, répéta la Sannin d'un ton acerbe. Me ramener à Konoha, pas vrai ? Non, ce n'est pas la peine de nier. Il n'y a qu'une seule raison pour laquelle ce foutu village viendrait me balancer au visage que j'ai un cousin détenteur du Mokuton.

Elle but sa coupe de saké cul-sec, puis la claqua sur la table et fixa Tsunami.

– Allez. Je veux la vérité cette fois. Sur ce cousin, sur pourquoi tu es venue, sur ce qui se trame. Ensuite, je t'enverrai au diable, mais avant ça, je veux la version longue.

– Euh… C'est une longue histoire, justement.

Tsunade étrécit les yeux :

– J'ai tout mon temps.

Tsunami jeta un regard au bar. Personne ne se trouvait à proximité immédiate. Puis elle remarqua Shizune, qui avait l'air de picoler toute seule mais qui était en réalité en train de créer une sorte de périmètre autour de leur table, leur assurant toute tranquillité. C'était bien pensé. Cela traduisait une longue entente entre maître et élève, une compréhension instinctive.

– Alors ? s'impatienta la Sannin.

Tsunami s'appuya contre son dossier. C'était sa chance de convaincre Tsunade de revenir à Konoha, mais soudain, elle ne savait pas quoi dire. Il y avait tellement de choses, et en même temps, si peu d'argument… Alors Tsunami inspira profondément, et décida de juste dire ce qu'elle avait sur le cœur.

– Je ne sais pas par quoi commencer. Il y a trop d'évènements qui s'entrecroisent, qui s'influencent. Je pourrais vous parler d'Orochimaru, de ce qu'il a fait après votre départ. Des enfants qu'il kidnappait, torturait, transformait en rats de laboratoires. Je pourrais vous parler de Danzō Shimura, qui utilisait les rejets d'Orochimaru ou kidnappait des enfants de clans ninjas pour créer sa propre armée au sein de l'ANBU. Je pourrais vous parler du clan Senju qui a diminué jusqu'à disparaître, et je pourrais vous parler de tous ces jeunes gens qui viennent du clan, qui en sont dignes, et qui ont grandi en pensant qu'ils n'étaient que des orphelins sans famille, parce que leurs parents n'avaient pas le droit de leur transmettre leur patronyme. Je pourrais vous parler d'Hakui, ou de Tenten, ou d'Atsuo. Je pourrais vous parler des secrets, du danger : de ceux qui savaient mais qui ont gardé le silence, parce que c'était les ordres, ou pour sauver leur peau. Je pourrais vous parler de Shisui Uchiha et de son suicide, d'un sceau explosif dont l'Hokage a interdit la mention, d'un prétendu héros dont tous les hauts-gardés du village ont enterré la traîtrise. Je pourrais vous parler du sentiment d'impuissance qu'on ressent quand on fait face à une institution, et pas à un bête ennemi qu'on pourrait tuer. Je pourrais vous parler de Karin Uzumaki, et ce qui a été fait à sa famille. Je pourrais vous parler de Naruto Uzumaki, et de ce qui lui a été fait à lui. Je pourrais vous parler de l'ANBU, du genre d'enfance qu'on peut avoir en grandissant derrière un masque, sans même avoir le droit à un prénom. Je pourrais vous parler de la Racine, et de ce qu'elle est devenue après la mort de Danzō. Je pourrais vous parler de Shin, de Sai… et de mon ami, Tenzō.

Elle s'interrompit, et inspira lentement. Les mots lui venaient plus facilement, d'un coup, comme s'ils se bousculaient sur ses lèvres.

– Mais la vérité, c'est que ce qui est arrivé à tous ces gens est tragique, mais ce n'est pas surprenant. Konoha est considéré comme le gentil village, mais dans le monde où nous vivons, est-ce que le vernis de décence humaine dont se pare Konoha peut être qualifié de gentillesse ? Les Hyuga pratiquent l'esclavage. Les Uchiha sont appelés le clan fratricide, et à raison. On vit là-dedans. On croit que c'est normal. Les enfants kidnappés, c'est une histoire triste qui met la larme à l'œil, mais qu'en est-il des enfants qui ne sont pas kidnappés, qu'on envoie sur le champ de bataille à douze ans et qui reviennent dans un sac mortuaire ?

– Tu crois que je ne le sais pas ? lâcha Tsunade avec amertume.

La Senju reposa brusquement sa coupe de saké sur la table, et se pencha en avant, menaçante :

– Tu crois que je ne sais pas à quel point la vie d'un shinobi est difficile ? Tu crois que je ne sais pas à quel point c'est dur, de voir mourir des gamins ? De voir mourir des amis, des alliés, des innocents, des coupables, tous ces gens emportés par la guerre et qui auraient pu vivre et vieillir tranquillement au lieu d'être fauchés sur le champ de bataille ?!

– Je sais, dit doucement Tsunami.

– Non tu ne sais pas, lâcha rageusement la Sannin. J'ai passé la majeure partie de ma vie en guerre, gamine. J'avais un frère, des cousins, des parents, un fiancé…

Sa voix s'étrangla brièvement, et dans d'autres circonstances peut-être que Tsunade se serait arrêtée là, se serait drapée dans sa rage ou son apathie, et aurait gardé le silence sur ce qu'elle ressentait. Mais là, peut-être avait-elle trop bu, ou peut-être que Tsunami avait touché une corde sensible en parlant de la cruauté du monde ninja. La voix de Tsunade vacilla mais ne se brisa pas, et la Sannin enchaîna sans ralentir :

– Ils n'avaient pas à mourir. Leur mort n'a rien changé. Ce n'était ni héroïque ni significatif. Ils ne protégeaient personne, ils n'ont rien fait d'important. Ils ont été envoyés à la guerre et la guerre les a tués. Ils étaient si nombreux, et ils sont tous mort pour rien. Tu penses que je blâme Konoha ?! Ça va bien au-delà de Konoha. C'est la faute de personne, et la responsabilité de tout le monde. Les guerres auraient pu se terminer plus tôt. Il aurait pu y avoir un autre moyen. Mais non, toutes ces morts inutiles ont continué, durant des années et des années, et est-ce que pleurer sur l'injustice du monde va les faire revenir ?! Non. Alors tu peux garder ton sermon, Uchiha. Je sais que le monde est injuste. Je sais qu'il ne changera jamais. Un jour, toi aussi tu sauras ce que c'est, de voir chaque personne à qui tu t'es attachée t'être arraché stupidement, inutilement, broyé par la marche du monde, aussi insensée qu'inévitable…

Tsunade s'arrêta, avec un hoquet, le souffle court. Elle lâcha un rire amer, se resservit une coupe, puis secoua la tête :

– Non, tu ne sais pas. Mais moi, je sais. Et c'est pour ça que j'ai fini de me battre.

– Tsunade-sama, je…

– Non, garde ton souffle, Uchiha. Me parler du Mokuton était bien tenté, mais tu peux rentrer chez toi. Je n'ai plus envie de me battre pour quoi que ce soit à Konoha.

Tsunami avala sa salive de travers. Elle n'était pas douée pour parler. Elle pouvait faire de grands monologues passionnés, mais si on lui demandait de répondre au tact-au-tac, de trouver des contre-arguments logiques, de raisonner et de débattre…

– Même pas pour votre famille ? tenta-t-elle. Hakui est votre nièce au second degré : son grand-père était le frère de votre père. Elle est autant apparentée au Shodaime que vous. Tenten descend du clan Senju depuis six générations. Atsuo a hérité du talent en Doton de votre clan. Tenzō… Tenzō ne sait pas qui sont ses parents, mais ils étaient des Senju, et le fait qu'Orochimaru lui ait injecté des cellules du Shodaime et qu'il ait été le seul à survivre le prouve. Genma…

– Ça suffit, murmura Tsunade.

Sa rage semblait l'avoir désertée. Elle vacillait presque sur son siège, comme si son coup d'éclat l'avait drainée de son énergie. Tsunami refusa obstinément de se taire.

– Ils ont des noms, des visages, des histoires. Ce sont des gens et ils existent. Et même au-delà d'eux, le village existe. Il y a des milliers de gens qui méritent d'être protégés.

– Est-ce qu'ils le méritent, après ton sermon sur la gentillesse de Konoha ? persifla la Sannin.

– Oui, fit Tsunami sans se dégonfler. Il y a des ordures, et des crétins, et des tueurs, et des profiteurs, et tout un tas de gens mauvais. Je sais ça. Mais même s'il n'y avait que des gens mauvais, ce sont les nôtres. On n'a qu'un seul village qui peut protéger nos êtres chers. On n'a qu'un seul village qui nous acceptera pour qui nous sommes, vous et moi, Uchiha et Senju : on n'a que cet endroit à défendre, on n'a que cet endroit pour vivre. Alors il mérite qu'on se batte pour lui.

Tsunade poussa un profond soupir. Elle semblait très lasse.

– Je te l'ai dit, gamine. Je ne veux pas me battre pour Konoha.

Tsunami abattit son poing sur la table, et explosa :

– Alors changez Konoha ! Changez ce qui vous déplaît, changez les gens, l'âge du diplôme de Genin, les règles de l'ANBU, les restrictions des clans, changez-les ! Se battre, ce n'est pas juste enfoncer un kunai dans la poitrine de l'ennemi ! C'est aussi… Discuter avec des gens qu'on n'aime pas, s'engueuler, et arriver à un compromis ! Ou faire des recherches et distribuer des informations ! Ou convaincre les gens de changer leur façon d'agir !

Tsunami tremblait presque, de rage ou d'impuissance ou d'excitation fébrile, elle ne savait pas. C'était libérateur et terrifiant à la fois, d'enfin lâcher ce qu'elle avait sur le cœur. Se battre ce n'était pas juste de la violence, c'était aussi avancer vers quelque chose de différent. Et depuis l'apparition du chakra dans ce monde, les gens n'avaient fait que se battre, mais ils pouvaient faire les choses différemment, ils pouvaient se parler se comprendre, et Tsunami voulait désespérément, désespérément le faire voir à Tsunade. Parce que si elle pouvait lui faire voir… Si elle pouvait lui faire comprendre… !

– Tu penses que c'est si simple ? lâcha la Sannin d'un ton amer.

Tsunami secoua vivement la tête :

– Évidemment que ce n'est pas simple ! C'est dur, c'est compliqué, c'est effrayant. Il faut parler, écouter, comprendre, compatir. Mais on peut le faire. Juste parce que c'est plus simple de se sauter à la gorge ne signifie pas que ça devrait être la réponse à tout !

Si Danzō avait compris ça, ou Fugaku, ou Itachi, ou même Tomichi Uchiha, est-ce que le massacre aurait eu lieu ?! C'était le genre de question qui lui donnait envie de hurler, parce que depuis la naissance les gens étaient formatés à la méfiance et à la violence, mais ce n'était pas juste ! Ce n'était pas normal, ce n'était pas bien, ils pouvaient être tellement différents… Mais personne n'essayait de changer, parce que personne ne savait comment, personne n'y pensait. Mais si au moins une personne ouvrait la voie… !

Tsunade émit un reniflement incrédule :

– Tu penses que tu peux faire ça ?

– Au moins je suis prête à essayer ! rétorqua farouchement la jeune Uchiha. Il n'y aura jamais de paix, de monde meilleur, si personne ne se donne la peine d'avancer dans cette direction !

La conversation avait décidément complètement dérivé. Mais peut-être que c'était mieux ainsi. Plus de faux-semblants, à présent. Évoquer Tenzō pour attirer Tsunade à Konoha n'avait pas mis Tsunami à l'aise, de toute façon. Au moins, là, elle était honnête. Peut-être plus honnête qu'elle ne l'avait été de toute sa vie.

– Essayer ne veut pas dire réussir, lâcha la Sannin.

Tsunami serra les dents. Elle pensa au clan Uchiha, à la façon dont elle leur avait tourné le dos, à la mort de sa mère, au massacre, au regard hanté de Sasuke. Alors elle serra les dents, et rétorqua :

– Si j'essaie, l'échec est une possibilité. Mais si je n'essaie même pas, alors c'est une certitude.

Tsunade baissa les yeux, et ses épaules s'affaissèrent. Elle attrapa la bouteille de saké pour se resservir, mais il ne restait que quelques gouttes. A peine de quoi remplir une demi-coupe. Tsunade laissa la bouteille tomber sur le côté, et fixa sa coupe, les yeux dans le vague.

– Et tu veux que moi, je répare ce putain de village ? lâcha-t-elle d'une voix rauque.

Oui. Non. Peut-être. Tsunami n'était pas sûre. Elle resta silencieuse quelques secondes, cherchant ses mots. Puis elle déclara prudemment :

– Je veux que vous m'aidiez à le faire.

– La paix dans le monde, marmonna la Sannin sans quitter son saké des yeux. Avec ce genre d'ânerie, tu devrais courir après Jiraya, pas moi.

Tsunami grimaça.

– Jiraya-sensei cherche la paix hors de Konoha. Il court après une chimère, mais il a un but, et il ne s'en détachera pas. Vous… Eh bien, vous ne faites que fuir.

– Pas assez loin apparemment, grinça Tsunade d'un ton acerbe.

Tsunami haussa les épaules :

– Sauf votre respect, Tsunade-sama… Fuir ne sert à rien si on n'a nulle part où aller.

La Sannin émit un rire rauque. Elle but sa dernière coupe de saké, lentement, puis la reposa sur la table d'un geste brusque mais sans violence. La colère semblait lui être passée. Lorsqu'elle releva les yeux sur Tsunami, son regard était étrangement indéchiffrable.

– Et s'ils étaient tous morts ? demanda-t-elle abruptement.

– Qui ? fit bêtement Tsunami.

– Tes êtres chers, tous ces gens que tu veux protéger. Ceux pour qui tu veux discuter, écouter, compatir. Et s'ils étaient tous morts, hein ? Que ferais-tu ?

La question était comme un poignard en plein cœur. Izumi, Hikari, Neji, Karin, Sasuke, Tenten, Shin… Iruka, Atsuo, Tokuma, Hayama-sensei, Anko, Tessen, Kumadori, Yūgao, Gai, Genma, Kotetsu, Izumo, Tenzō… Tsunami essaya de les imaginer, tous morts. Elle essaya de s'imaginer toute seule… Mais ce n'était pas possible, parce que Tsunami ne pouvait pas concevoir être seule.

Elle savait qu'ils pouvaient mourir. Elle savait qu'elle mettrait le monde à feu et à sang si ça se produisait. Mais elle savait aussi qu'elle ne serait jamais seule pour ça. Elle avait tout un village à ses côtés. Même si ses êtres chers lui étaient arrachés, alors ils vivraient encore à travers d'autres gens, d'autres rêves. Même si Neji et Hikari étaient tués, Tsunami essaierait quand même de détruire la Sôke. Même si Izumi mourrait, il y aurait quand même des gens avec sa compassion et sa dangerosité, comme Hakui et Hana, et un peu d'Izumi transparaitrait dans leur sourire et dans leur détermination. Alors… Même si les gens qu'elle aimait mourraient, Tsunami ne pouvait pas concevoir fuir, ou s'arrêter de se battre, parce que… Parce que le monde était tellement vaste. Il y avait tellement de choses à préserver, tellement de gens qui méritaient mieux.

Tsunami n'avait pas le cœur tendre comme Hikari, qui aimait si facilement. Elle n'avait pas non plus la patience d'Izumi, qui compatissait si aisément. Mais elle était leur sœur… La fille d'Hazuki la romantique et de Kaiji l'optimiste. Elle était une enfant du clan Uchiha, et elle n'était pas étrangère à l'amour ou à la passion. Tsunami aimait férocement, possessivement, égoïstement, mais elle aimait malgré tout. Ce village, avec ses crimes et ses défauts, était le sien : le seul endroit où elle pourrait vivre et prospérer. Alors elle le défendrait, lui et tous ses habitants. Elle les protégeait tous.

Alors elle répondit, le plus honnêtement possible :

– S'ils étaient tous morts, il n'y aurait plus de village.

Tsunade eut l'air brièvement choquée, et porta la main à son cou. Non, à son collier, plutôt : un pendentif de cristal bleu entouré de deux billes de métal. Puis elle laissa retomber sa main, et esquissa un sourire sans joie.

– Tu as un trop grand cœur, Uchiha. Ça te perdra.

Tsunami haussa les épaules, et déclara à voix basse :

– Ce n'est pas une mauvaise façon de finir.

Il y eut un silence. Le bar était complètement désert, à présent. Que ce soit à cause des éclats de voix ou à cause de Shizune (qui se tenait à l'entrée du bâtiment, l'air sévère), il n'y avait plus un seul client dans la salle. Même le patron semblait avoir battu en retraite. Dehors, la nuit était complètement tombée, alors que le soleil ne touchait pas encore l'horizon quand Tsunami était entrée. La pénombre donnait à la scène un air étrangement surréel.

– Comment tu t'appelles ? lâcha brusquement la Sannin.

Tsunami cligna des yeux, prise au dépourvue.

– Tsunami. Tsunami Uchiha.

La Senju la regarda un instant, puis un éclat de réalisation passa dans son regard, et elle émit un rire étranglé.

– La chef du clan Uchiha… Ah ! Je vois l'ironie, maintenant. Très bien, Tsunami Uchiha. Je viens avec toi.

La mâchoire de Tsunami se décrocha.

– Vraiment ?!

La Sannin se leva sans lui accorder un regard. Elle ne vacillait même pas, alors qu'elle avait ingurgité assez de saké pour tuer un homme adulte, ou même deux. Lorsqu'elle fixa Tsunami, son regard était vif et limpide.

– Ne m'oblige pas à me répéter. Je veux voir ce nouveau village dont tu me parles. Prouve-moi que ce ne sont pas des paroles en l'air.

Elle se pencha en avant, et déclara d'un ton sans appel :

– Prouve-moi que tu peux changer la marche du monde.

Tsunami n'aimait pas les paris. Mais celui-ci, elle l'acceptait sans hésitation. Après tout, ne l'avait-elle pas déjà emporté plus d'une fois par le passé ?

oOoOoOo

Après avoir récupéré Tsunade, Tsunami hésita brièvement à partir à la recherche de Jiraya. Puis elle récupéra les souvenirs de son clone, qui choicit ce moment pour se disperser. Outre une affreuse migraine (elle ne récupérait pas la fatigue physique d'une semaine sans manger ni dormir, mais outch, il y avait un sacré contrecoup mental !), un violent saignement de nez et un quasi-évanouissement (note à soi-même : le Kage Bunshin était à utiliser avec modération)… Elle eut droit au souvenir de la conversation de son clone avec Jiraya. Apparemment son Kage Bunshin avait déclaré qu'elle ramenait Tsunade à Konoha, et l'Hermite aux Crapauds en avait été tellement choqué qu'il s'était immédiatement mis en route pour voir ça de ses propres yeux.

Tsunami ne manqua pas de le mentionner à la Sannin sur le chemin du retour. Elle avait encore un peu de mal à en revenir : elle était avec Tsunade (et Shizune, évidemment) sur le chemin de Konoha. Elle avait réussi sa mission. Wow.

Enfin bref. Du coup, elles parlèrent un peu de Jiraya (Tsunade n'avait pas manqué de remarquer que Tsunami l'appelait Jiraya-sensei). Tsunami appris ainsi quelques anecdotes marrantes qu'elle ne manquerait pas de rappeler à l'Ermite aux Crapauds quand elle le reverrait. Puis la conversation dériva sur des sujets plus sensibles, comme Tenzō et son Mokuton. Orochimaru, aussi. Et puis… Le Sandaime. Ou plutôt, le devenir de son joli chapeau triangulaire…

– Je sais que le Conseil va essayer de me refiler la corvée, Uchiha. Je ne suis pas sénile.

– Mais je n'ai rien dit, fit innocemment Tsunami.

– Tu n'en a pas eu besoin, renifla la Sannin avec dédain. C'était assez transparent. Me ramener à Konoha ? Que je t'aide à changer le village ? Sensei est vieux, je sais qu'il a besoin d'un successeur.

Tsunami lui jeta un regard oblique. Elle avait essayé d'éviter le sujet autant que possible, mais…

– Et vous le ferez ?

– Non, répondit franchement Tsunade.

Et bam, autant pour ses espoirs. Les épaules de Tsunami s'affaissèrent. Mais bon, si le Sandaime claquait, et que Tsunade était déjà à Konoha, y avait repris ses marques, et se sentait impliquée… Elle accepterait le rôle, Tsunami n'en doutait guère.

– Vous êtes sûre ? insista-t-elle quand même.

Tsunade lui adressa un sourire de requin :

– Absolument. Je pense que toi, tu ferais une excellente Godaime, en revanche.

Tsunami émit un rire nerveux, songeant au conseil restreint où la même chose avait été évoquée. La Senju plaisantait, pas vrai ?

– Je suis trop jeune, Tsunade-sama.

– Pas plus que le Yondaime, lâcha la Sannin avec dérision. Et puis, il est grand temps qu'un Uchiha mène le village. Ton clan a fondé Konoha tout autant que les Senju. Oui, vraiment, l'idée me plait. C'est décidé ! Le jour où on me demandera de devenir Hokage, je proposerais ta candidature.

Et elle avait l'air absolument sérieuse. Tsunami ralentit le pas, horrifiée à l'idée que la Sannin mette réellement sa menace à l'exécution. Nooon, elle n'oserait pas… Personne ne voudrait d'un Uchiha menant le village, de toute façon. Hein ? Et pourtant, Tsunami ne pouvait s'empêcher d'avoir un mauvais pressentiment. Oh là là, sa mission allait peut-être se poursuivre au-delà du fait de ramener Tsunade à Konoha… Parce que, à la mort du Sandaime, il n'était pas question qu'elle se défile !

Tsunami chercha hâtivement en moyen de changer de sujet, et jeta un regard en coin à Shizune. L'apprentie de Tsunade n'était pas hostile, mais elle ne parlait guère. Timidité ? Méfiance envers les Uchiha ? Tsunami ne voulait pas être parano, mais c'était quand même assez courant. Histoire de briser la glace, elle se tourna donc vers Shizune et demanda d'un ton naturel :

– Je n'ai pas pensé à te poser la question, mais est-ce que ça te va, de revenir à Konoha ?

Shizune eut l'air un peu prise au dépourvue :

– Je vais où Tsunade-sama va. Je n'ai pas de problème avec Konoha.

– Tu aurais pu, tu es partie depuis… Euh… Un certain temps.

– Quatorze ans, oui.

– Non d'un chien, fit Tsunami d'un air impressionné. Tu avais quel âge ?

– Treize ans, bientôt quatorze. Je venais de passer Chuunin. J'étais l'apprentie de Tsunade-sama depuis à peine trois mois quand elle m'a annoncé qu'elle partait.

– Et tu l'as suivie ? s'enquit Tsunami. C'est très loyal. Je ne suis pas sûre que mes élèves feraient ça.

Quoique. Karin, Neji, Tenten, Shin… Ils avaient toutes des racines profondes à Konoha. Des gens qu'ils aimaient, des gens qu'ils refuseraient de quitter. Mais si Tsunami se retrouvait au fond du trou, comme Tsunade l'avait été… Eh bien, est-ce que Karin hésiterait vraiment à dire au revoir à ses amis ? Est-ce que Neji, Shin, Tenten ne feraient pas de même ?

– Tu as des élèves ? lâcha Tsunade d'un air surpris.

– Quatre. Karin Uzumaki est mon apprentie en Fūinjutsu. Et je suis la Jounin-sensei de Neji Hyuga, Shin, et Tenten…

Elle se mit à parler de ses élèves, d'abord avec modestie puis de plus en plus passionnément. Karin avait un sale caractère, mais tellement de détermination ! Neji était un prodige, inégalé au Poing Souple. Tenten avait un talent inné avec les armes, et sa polyvalence en ninjutsu la promettait à un avenir brillant. Shin avait surmonté tellement d'épreuve avec son passé et ses problèmes de santé, et il était arrivé si loin ! Et puis, de là, la conversation dériva sur les autres gamins de Tsunami. Hikari, son petit frère, petit surdoué du taijutsu et des shurikens, aux instincts latents de pyromane. Izumi, sa petite sœur, la première Uchiha médic-nin. Sasuke, son cousin grognon et tourmenté, si doué, si loyal, si plein de potentiel. Et puis ses amis : Iruka, Atsuo, Tokuma, Tessen, Kumadori, Anko, Natsu…

Tsunami ne parlait pas de Konoha comme en parlerait la plupart des gens, en décrivant les hauts arbres, l'architecture abracadabrante, le paysage unique la falaise majestueuse sculptée du visage des Hokage précédents. Tsunami parlait de Konoha tel que Konoha existait pour elle, alors elle ne parlait pas des lieux, elle parlait des gens, des progrès qu'ils avaient fait. Iruka et ses élèves. L'Académie et ses réformes, avec les conseils de nutritionnistes, l'accent mis sur le travail d'équipe, plus de leçons d'Histoire. Atsuo et Tokuma, ses amis et partenaires. Yūgao, l'épéiste. L'ANBU et son système de commandement, et la façon dont la Racine avait été dissoute. Genma, faussement désinvolte, secrètement aussi inquiet qu'une mère-poule. Kotetsu et Izumo, et leurs pitreries éternelles. Anko, Natsu, Tessen, les membres de la police. Le fonctionnement de la police, leurs techniques non-létales, la façon dont Hayama-sensei essayait de promouvoir les compétences de médic-nin au sein de l'institution.

Le village était déjà très différent de celui que Tsunade Senju avait laissé derrière elle. Évidemment, puisqu'elle était partie il y avait quatorze ans de cela. Mais la plupart des changements étaient récents. La plupart des changements étaient nés, indirectement, de l'influence de Tsunami. Elle n'avait rien fait seule. Tout le mérite allait aux gens avec du pouvoir, les gens qui avaient fait pression ou donné des instructions, qui avaient créé le changement. Mais Tsunami avait été là, au tout début de presque chaque nouveau bouleversement, à créer l'impulsion de départ, à donner de nouvelles idées.

Prouve-moi que tu peux changer la marche du monde, avait ordonné Tsunade. Ah ! C'était un défi qu'elle avait relevé depuis des années déjà.

Au bout du deuxième jour de voyage, tandis qu'ils se rapprochaient de Konoha, la conversation dériva sur le futur immédiat du village. Pas ce que Tsunami comptait en faire, dans un lointain futur, mais ce qui allait arriver bientôt, ce que Tsunade aurait à affronter à son retour. Tsunami avait décrit Konoha et ses changements, mais elle n'avait pas vraiment parlé du futur. L'examen Chuunin qui approchait. Les différentes équipes de rookies qui allaient y entrer. Le fait que le Kazekage serait là. Le fait que Suna soit au bord du coup d'état, et que l'opposante politique du Kazekage allait aussi être présente, et que ça allait très certainement se finir avec un meurtre. Et puis il y avait le fait que Kiri avait un nouveau Mizukage, ou en aurait un très prochainement, et qu'il allait venir lui aussi à cet examen. Pour tisser des alliances mais aussi peut-être pour rapatrier les immigrés du pays de l'Eau qui vivaient à Konoha depuis plusieurs années, et dont la plupart des gamins étaient devenus Genins du village, d'ailleurs. Bref, il y avait un potentiel spectaculaire pour que tout explose.

Il y avait une chose que Tsunami ne pouvait pas dire, cependant : le fait que, dans le canon, Orochimaru envahissait Konoha lors de l'examen Chuunin. Parce que ça, personne ne le savait. Oh, la Section Commandement se préparait à une traîtrise, un coup en traître, une attaque, bien évidemment. De la part de Suna, de la part de Kiri, de la part de tout le monde. Mais ils ne s'attendaient pas à Orochimaru. Comment auraient-ils pu s'y attendre ?

Et Tsunami n'avait trouvé aucun moyen de prévenir Shikaku, parce que, à sa grande frustration, elle n'avait trouvé aucune preuve.

Mais… Est-ce qu'elle avait besoin de les prévenir ? Elle ne savait même pas si cela arriverait, dans ce monde. L'univers avait déjà tellement changé. Le village d'Oto n'existait pas. Orochimaru semblait avoir conquis Kusa à la place. Tsunami n'en avait aucune preuve bien sûr, mais pas mal des sbires d'Orochimaru (qui, dans le canon, étaient liés à Oto) portaient l'emblème du village caché du pays de l'Herbe. Mais ce n'était pas n'importe quels sbires : c'était des personnages secondaires important, reconnaissables, allant de Dosu à Sakon en passant par Kabuto. Ce n'était pas rien. Est-ce que cela signifiait qu'Orochimaru avait une approche différente ? Est-ce que sa soif de conquête était apaisée ? Est-ce que ses forces étaient plus importantes, ou au contraire diminuées ? Car personne ne connaissait la situation politique de Kusa. Le village était aussi secret et paranoïaque qu'Ame (et, comme Ame, était mené par un nukenin de rang S…. ce qui expliquait sans doute la paranoïa).

Outre la question des forces d'Orochimaru se posait aussi la question de ses motivations. Et là… C'était plus compliqué. Tsunami pouvait envoyer des espions, creuser, chercher, enquêter, essayer de savoir quel était la situation politique de tel ou tel endroit. Mais elle n'avait aucun moyen de savoir ce qui se tramait dans le cerveau dérangé d'Orochimaru. Dans le canon, il courrait après le pouvoir du Sharingan, mais en était-il de même ici ? Tsunami ignorait si Orochimaru avait rencontré Itachi. Elle ignorait si Itachi avait rejoint l'Akatsuki. Elle ignorait si le Sannin allait continuer sa quête du Sharingan à Konoha… Et si c'était le cas, s'il oserait s'en prendre à Sasuke maintenant que celui-ci avait un clan pour le défendre. A moins qu'il n'essaie de s'en prendre à Tsunami, la seule du clan qui avait officiellement activé son Dôjutsu ? L'idée n'était pas très rassurante. Rien que d'y penser, en fait, et Tsunami sentait une sueur froide perler dans son dos.

Tsunami était la plus puissante kunoichi de son clan. Sans doute une des plus puissante ninjas de Konoha. Mais elle n'était même pas proche du niveau du Sannin. C'était Orochimaru. Il était à un tel niveau que Kakashi Hatake, un Chidori à la main, ne lui apparaissait même pas comme une menace ! Face à lui, Tsunami serait complètement, horriblement et mortellement dépassée. C'était une évidence.

Et pourtant, s'il fallait se placer entre lui et Sasuke… Elle le ferait, n'est-ce pas ?

Elle aurait aimé se dire qu'elle n'était pas le genre de personne qui tournait le dos aux siens, ou qu'elle ne saurait jamais se regarder dans un miroir si elle abandonnait quelqu'un qu'elle s'était jurée de défendre. Mais elle savait que ce n'était pas vrai. Elle l'avait déjà fait, encore et encore. Avec Shisui, avec les Uchiha, avec Hiroki Hyuga, avec tous ceux qu'elle avait laissé mourir parce qu'il avait été plus sûr, plus pratique, de rester en arrière ou de cacher ses capacités. Ils étaient morts parce qu'elle n'avait pas voulu se mettre en danger pour eux. Oserait-elle se mettre en danger, face à Orochimaru ?

Lui laisserait-il le choix ?

(Non, sans doute pas. Et c'était là qu'était la différence. Tsunami n'avait pas gagné en courage ou en noblesse. Elle avait juste… perdu l'option de la neutralité, perdu la possibilité de rester en dehors de l'affrontement. Elle n'avait pas d'autre choix que de se battre à présent : alors elle n'avait pas d'autre choix que d'aimer ce pour quoi elle allait se battre, férocement et totalement, parce qu'il était inacceptable qu'elle perde. Sasuke, les Uchiha, le village tout entier : ils étaient à elle, à présent, et il fallait que ça en vaille la peine.)

Mais ce n'était pas le genre de chose qu'elle pouvait partager avec Tsunade Senju, qui commençait tout juste à accepter l'idée de revenir au village, et qui était encore loin d'avoir pardonné à Konoha. Alors Tsunami gardait ses pensées pour elle. Plus tard, peut-être, elle pourrait s'en ouvrir à quelqu'un. Mais pas aujourd'hui. Pas avec Tsunade Senju.

Le retour vers Konoha sembla passer très vite. Tsunade n'était pas toujours de bonne compagnie, et elle avait son caractère, mais Shizune était là pour arrondir les angles et se montrer diplomatique. Oh, elle restait toujours beaucoup en retrait, cela dit. Honnêtement Tsunami se sentait un peu incertaine vis-à-vis d'elle. Autant Tsunade était carrée et directe (un peu comme elle d'ailleurs… ce qui expliquait sans doute pourquoi la Senju et l'Uchiha se heurtaient autant), Shizune avait davantage tendance à tourner autour du pot et éluder les questions. Cinq jours de voyage, et Tsunami n'avait pas réussi à lui arracher une seule réponse nette sur ses compétences en ninjutsu médical, ses ambitions, ou même sa couleur préférée !

Mais bon. Les cinq jours passèrent et les trois kunoichi se retrouvèrent aux portes du village. Ah, Tsunami avait hâte de rentrer chez elle, prendre un bon bain chaud, revoir ses élèves… Elle était enfin à la maison.

Mais elle n'était pas la seule.

– TSUNADE-HIME !

Jiraya sembla tomber du ciel, dans toute sa gloire et son volume sonore habituel, avec sa crinière de cheveux blancs hirsute, ses vêtements aux couleurs criardes, et ses sandales de bois clouté qui faisaient un vacarme épouvantable sur la route pavée. Il saisit Tsunade par la taille et l'étreignit dans un grand élan d'allégresse. La Senju lui accorda généreusement trente seconde d'embrassade avant de lui écraser le pied, ce qui fit que Jiraya la lâcha avec un glapissement de douleur et se mit à sautiller en cercle en pleurnichant. Tsunami avait presque envie de sortir un paquet de pop-corn de sa Dimension de Poche. Ça faisait moins de dix secondes qu'ils étaient dans le village, et déjà c'était le cirque. Elle sentait que le futur allait être très divertissant.

– Tsunade-hime, pourquoiiiii tant de violence ?

– Garde tes grosses paluches loin de moi, espèce de gros rustre puant. Et qu'est-ce que tu fais là, d'abord ?!

– Quelle question, je suis venue te voir évidemment !

– Et tu as dû attendre que je revienne pour ça ?! Kami-sama, je ne suis pas dure à trouver pourtant !

– Ah ah, hime, tu comprends, j'ai été très occupé… Beaucoup de recherches, uh uh uh…

– Toujours aussi stupide, à ce que je vois !

Tsunami ricana discrètement, amusée par les enfantillages des Sannins. Cela suffit soudain pour que Jiraya se rappelle de se présence. Il se retourna avec un grand sourire, cligna des yeux d'un air surpris, puis la regarda des pieds à la tête d'un air appréciateur.

– Ah, la petite Tsunami Uchiha ! Tu as bien grandi, dis donc…

Tsunami leva les yeux au ciel. Il ne changerait jamais. Mais, alors que Tsunami avait toujours trouvé Jiraya irritant avec son côté pervers qu'il arborait comme un masque pour cacher son esprit froidement calculateur… Eh bien, à présent… Elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une sorte d'affection exaspérée. Sans doute parce que c'était la première fois qu'ils se voyaient depuis presque sept ans, et que l'absence rendait le cœur plus doux.

– J'avais quatorze ans quand vous m'avez vu pour la dernière fois, sensei, ça me paraît logique. Vous n'avez pas changé par contre, toujours l'air d'un vieux croûton ignare et sans aucun goût littéraire.

Jiraya éclata de rire, et lui ébouriffa vigoureusement les cheveux. Tsunami en fut tellement surprise qu'elle le laissa faire, alors que quand elle avait été son élève, l'Ermite aux Crapaud n'avait jamais été quelqu'un de très affectueux. Jiraya la relâcha en lâchant d'un ton bourru :

– Ça me fait plaisir de te revoir malgré tout, fillette. Et… Merci d'avoir ramené Tsunade.

– Je ne suis plus une fillette, marmonna la jeune Uchiha en essayant de remettre de l'ordre dans ses cheveux. Et, euh, ce n'est rien.

Depuis combien de temps Jiraya et Tsunade ne s'étaient-ils pas vus ? Des années, sans doute. Jiraya était un puissant ninja, mais il était aussi traumatisé que le reste des vétérans de ce village. Tsunami l'avait oublié, parce qu'il était tellement plus facile de ne voir en lui qu'un pitre qui sur-jouait son côté pervers… Mais Jiraya avait vécu deux guerres mondiales, avait perdu sa famille, avait cru perdre ses élèves d'Ame, avait été impuissant à aider Tsunade quand elle avait quitté le village, avait vu mourir son élève le Yondaime, et assisté à la trahison de son meilleur ami Orochimaru, qu'il avait ensuite passé sa vie à chasser sans le moindre succès.

– Tsunade-hime ! s'écria Jiraya en se retournant vers la Senju. Viens, il faut fêter ça. Je t'invite à boire !

Tsunade eut l'air de tergiverser, mais Jiraya lui avait manqué, à elle aussi. Elle lui donna une claque dans le dos (Jiraya faillit s'écraser sur les pavés tant elle avait mis de force dans cette petite tape amicale), et sourit jusqu'aux oreilles :

– Allez, testons ta tolérance à l'alcool.

Puis elle se retourna vers Tsunami, et celle-ci leva promptement les mains d'un geste défensif. Elle ne savait pas si Tsunade comptait l'inviter ou pas, mais dans tous les cas, elle avait des projets.

– Ne vous occupez pas de moi. Il faut que j'aille voir si ma famille n'a pas mis le feu à la maison, et que je vérifie que mes élèves n'ont pas profité de mon absence pour glander au lieu de s'entraîner. Allez picoler, rendez visite à vos amis, faites chialer le Sandaime ! Le reste peut attendre demain.

Tsunade renifla avec amusement, mais accepta l'arrangement avec aisance. Bras dessus bras dessous, elle et Jiraya se dirigèrent vers le bar le plus proche. Shizune leva les yeux au ciel, mais les suivit en marmonnant quelque chose à propose de supervision adulte (ce en quoi elle n'avait pas tort). Tsunami, quant à elle, prit le chemin de chez elle d'un pas léger.

Oui, elle savait bien qu'il était trop tôt pour se reposer sur ses lauriers. L'examen Chuunin approchait, Sasuke partirait bientôt en mission au pays des Vagues, Orochimaru allait attaquer, il y avait tout un tas de problèmes potentiels avec le nouveau Mizukage, et encore, Tsunami n'avait pas encore réfléchi aux problèmes futurs, comme l'Akatsuki. Mais… Elle rentrait d'une mission cruciale qu'elle avait réussi à accomplir sans problèmes ni combats, alors elle avait bien mérité un peu de repos.

Le reste pouvait bien attendre demain.

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Ce chapitre, bon sang, ce chapitre... C'était DUR d'écrire la rencontre entre Tsunami et Tsunade. J'ai peiné. Puis je suis arrivé à leur conversation dans le bar et je me suis déchaînée. Wow, je suis fière de moi sur ce chap, ce passage déborde d'émotions.

Also, Tsunami est absolument une emmerdeuse moralisatrice x)

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Prochain chapitre... Le pays des Vagues !

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