DISCLAIMER:
Cette fanfiction est basée sur le monde merveilleux d'Harry Potter, propriété de J. K. Rowling. La plupart des personnages, lieux, etc. lui appartiennent.
Cette histoire est la traduction française de Living with Danger, premier volet de la fabuleuse série Dangerverse, écrite par la talentueuse Whydoyouneedtoknow. J'ai obtenu l'accord de l'autrice pour publier cette traduction.
Chapitre 8 : S'il en est ainsi, rêvons…
Les amis d'Aletha Freeman savaient que son humeur pouvait toujours être jugée avec précision selon la musique qu'elle décidait de jouer lorsqu'elle s'installait au piano.
Pendant ses années à Poudlard, elle avait rarement joué quelque chose de plus lent qu'une valse, excepté lors des jours d'examens, durant lesquels elle jouait des marches funèbres en l'honneur de ses notes et celles de ses collègues de classes. Après Poudlard, alors que les jours devenaient plus sombres, elle avait ajouté de nombreuses pièces lentes et troublantes à son répertoire, mais les vieilles pièces joyeuses revenaient parfois, alors que ses amis se mariaient ou commençaient à avoir des enfants. Elle avait joué au mariage des Potter et avait même composé une chanson pour la naissance d'Harry, même si elle n'avait pu être présente.
C'était cette chanson, sa propre composition, qu'elle jouait ce soir alors qu'elle attendait.
« Oh, my love, you are my child, (Oh mon amour, tu es mon enfant,)
Though you bear another's name. (même si tu porte le nom d'un autre.)
Whatever you do, all throughout your life, (Quoi que tu fasses, toute ta vie,),
I'll love you still the same. (je t'aimerai toujours de la même manière.)
And if you should cry, I'll hear you, (Et si tu pleure, je t'entendrai,)
And if you should call, I'll come. (et si tu apelle, je viendrai.)
For although you were not born to me, (Parce que même si je ne t'ai pas mis au monde,)
You are my little one. (Tu es mon petit.) »
Après ce qui lui parut des heures, elle entendit finalement le camion arriver et se stationner à l'avant. Elle se contrôla—elle était supposée n'être qu'une amie de la famille et leur propriétaire, elle ne pouvait pas être vue se précipitant pour les accueillir. Ils allaient entrer par leur propre porte, puis, une fois qu'elle serait refermée derrière eux, elle pourrait traverser et aller voir Harry…
Danger traversa rapidement l'arcade dissimulée dans le mur mitoyen et s'arrêta d'un coup devant Aletha. « As-tu quelque chose de laid dont tu voudrais te débarrasser? » demanda-t-elle d'une voix venimeuse.
« Le vase sur le manteau de la cheminée. » dit promptement Aletha, en le désignant du doigt. « Attends une seconde. »
Elle sortit sa baguette et lança un sortilège de silence sur la zone de la cheminée, puis fit un signe de tête à Danger, qui se dirigea vers celle-ci et éclata violement le vase au sol avant d'en écraser chaque morceau délibérément sous ses pieds. Lorsque le vase fut réduit en poussière, elle s'assit mollement sur le canapé, comme vidée de toute force.
Aletha leva le sortilège. « C'est si mauvais? » demanda-t-elle avec une mauvaise sensation dans l'estomac.
« Pire encore. » confirma Danger en fixant le plafond. « On dirait qu'ils l'ont négligé de plus en plus, jusqu'à ce qu'ils l'oublient pour une journée entière. Peut-être plus. »
Aletha relança le sort de silence sur le piano, puis frappa violement sur les clés. Sans le bruit, c'était un peu moins satisfaisant qu'à l'habitude, mais ça ferait l'affaire. « Maudits. Soient. Ils. » dit-elle entre ses dents, chaque mot accompagné de son propre coup sur les touches du piano.
« Trop tard. » dit Remus avec un sourire féroce, étant entré dans la pièce juste à temps pour entendre ces dernières paroles. « C'est déjà fait. »
Aletha aurait demandé une explication, si Remus n'était pas entré en tenant Harry dans ses bras, qui captura toute son attention immédiatement. Le bambin dormait d'un sommeil agité, se réveillant en sursaut à chaque instant. Elle appela son nom doucement et il ouvrit les yeux. « Letha. » dit-il avec un petit sourire d'un ton endormi avant de tendre les bras vers elle. Remus le lui tendit, et son souffle se coupa lorsqu'elle réalisa à quel point il était léger.
« Nous allons prendre bien soin de toi, Harry. » lui murmura-t-elle alors qu'elle le berçait tendrement. « Ça ne t'arrivera plus jamais. Nous ne le laisserons pas arriver. »
Danger poussa un soupir. « Il a besoin d'un bain. » dit-elle en se levant. « Puis de quelque chose à manger, et ensuite au lit. »
« Devrions-nous le coucher tout seul ? » demanda Remus. « Je ne pense pas qu'on devrait le laisser seul trop longtemps. Ou pas du tout, si c'est possible. »
« Je suppose que je pourrais le coucher avec moi, » dit Aletha d'un ton hésitant. « Mais il pourrait tomber. »
« Non je pensais à autre chose. » dit Remus. « Supposons qu'on dorme tous ici pour quelques temps. On pourrait descendre les matelas et se faire un nid, une tanière peut-être, sur le sol. Les enfants pourraient dormir au milieu et les adultes sur les côtés. »
Danger opina. « C'est une bonne idée. Nous devons nous assurer que la vie d'Harry soit opposée au maximum à celle qu'il a vécu aux mains des Dursley. Alors, pour chaque moment où ils l'ont laissé seul, nous devons lui donner du contact humain. »
« J'aime ça. » dit Aletha, toujours en berçant Harry. « Veux-tu lui donner son bain, Danger, et Remus et moi allons nous occuper des matelas? »
Les matelas furent dument lévités en bas de l'escalier, avec leurs draps, couvertures et oreillers intacts. Aletha se changea pour la nuit tandis que Remus transférait Neenie de son lit de bébé à la tanière nouvellement installée, sur le plancher devant la cheminée des White. Danger et Remus se changèrent alors qu'Aletha faisait manger Harry, puis tous furent prêts pour la nuit.
Aletha n'avait jamais partagé un lit avant, excepté avec Sirius, et même cela n'était pas arrivé si souvent. Et il sera ici avec nous dans deux jours, pensa-t-elle avec un petit soupir de contentement en faisant glisser ses doigts dans les cheveux de Harry pour l'endormir doucement. Ça se transforme en ma vie rêvée.
Bon, si on oublie la partie " se cacher du reste du monde", mais on ne peut pas tout avoir.
Partager son espace de sommeil avec des gens qu'elle considérait son frère, sa sœur, sa nièce et son presque-fils, plutôt que de lui faire ressentir un sentiment d'étrangeté comme elle s'y attendait, était en fait apaisant. Presque comme si elle redécouvrait une partie de son enfance, quelque chose de trop loin pour qu'elle puisse s'en souvenir…
Silencieusement, elle fredonna.
Yes, if you should cry, I'll hear you,
And if you should call, I'll come.
For although you were not born to me,
You are my little one.
Ses yeux se fermèrent devant la paisible scène de Neenie blottie contre Danger, Remus les couvrant toute deux de son bras. La respiration d'Harry était profonde et égale. Elle respirait avec lui, en tempo…
Danger cligna des yeux en se réveillant. Où suis-je?
Oh. C'est vrai. Nous sommes en tanière. Pour qu'Harry ne se sente pas abandonné.
Elle regarda tout autour et rit doucement. Les enfants étaient empêtrés au milieu des matelas, le bras de Neenie dont le pouce n'était pas dans sa bouche reposant sur le torse d'Harry, les jambes d'Harry par-dessus celles de Neenie. Ils sont adorables. Nous devrions faire ça plus souvent.
Quelle heure est-il? Elle se tortilla pour sortir des bras de Remus et regarda l'horloge. Oh-oh.
« Letha, réveilles-toi. » dit-elle à voix haute.
« Quoooiii ? » dit Aletha en baillant.
« Tu travailles dans quarante-cinq minutes, tu vas être en retard. »
« Bon d'accord, je me lève. » Aletha s'assit et regarda autour d'elle avec confusion, avant que la mémoire ne lui revienne. « Oh oui. Nous avons dormi par terre, c'est vrai. J'ai besoin d'une douche. » Elle se leva et s'étira le dos, avant de se diriger avec hâte apparemment à travers le mur, là où Danger savait que l'arche entre les deux maisons se trouvait.
« Est-ce que je dois me lever aussi? » demanda Remus.
« Oui, nous allons devoir prendre la route bientôt. Mais tu pourras dormir dans la voiture. Ce qui me rappelles, nous devons donner cette potion à Neenie. »
« C'est vrai. » Remus bailla puis se leva. « Je vais la chercher. »
Aletha avait préparé une potion de sommeil qui ferait dormir Neenie pendant quarante-huit heures, sans lui causer d'inconfort. Danger détestait avoir à faire ça à sa sœur, mais c'était nécessaire, puisque Remus et elle devait l'emmener pour deux jours de voiture.
Et elle n'aime pas vraiment être dans son banc d'auto en plus. Elle ferait une crise monstrueuse avant la fin de la journée, et nous n'avons réellement pas besoin de ça avec tout ce que nous avons déjà à accomplir. Mais on ne peut pas non plus la laisser ici, il n'y a personne pour la garder, et le fait de l'emmener avec nous nous rends bien moins suspects.
Après tout, qui irait chercher un dangereux meurtrier avec deux bambins dans la voiture?
Harry ne pouvait pas prendre la potion puisqu'il était impossible de savoir comment elle réagirait avec son système affaibli, mais il n'en aurait pas besoin. Dans son état, tant qu'ils le nourrissaient à des intervalles réguliers, souvent et en petites quantités, et qu'il était entouré de gens en tout temps, il dormirait probablement les deux prochains jours sans problèmes.
Mais maintenant je dois me préparer à y aller.
Parce qu'aujourd'hui est le jour entre les deux nuits les plus illégales de toute ma vie…
Il faisait toujours sombre. Il y avait seulement des moments où il faisait encore plus sombre que d'habitude.
Il y avait seulement trois choses à faire : faire les cent pas, se concentrer sur la vérité et écouter les autres prisonniers crier.
En fait quatre choses.
Me demander à quel moment je me mettrai à crier aussi. Ça occupe de plus en plus de mon temps dernièrement…
Sirius Black regardait paresseusement la touche de lumière sur le mur, qu'il savait être la haute fenêtre à barreaux de sa cellule. On dirait la lumière de la lune. C'est peut-être la pleine lune ce soir…
Même s'il savait que les pleines lunes avaient déjà compté parmis ses moments préférés, il ne pouvait se rappeler avec clarté les choses qu'il avait faites en compagnie des autres maraudeurs. C'était de beaux souvenirs, donc les détraqueurs les avaient pris en premiers.
En fait, pas tout à fait en premiers. Il savait quels étaient les deux souvenirs qu'il avait perdu en premier, même s'il ne pouvait pas se rappeler dans quel ordre. Théoriquement, les détraqueurs volaient les meilleurs souvenirs en premier, suivi par ceux qui n'étaient pas aussi heureux. Donc, son premier souvenir disparu devait avoir été le meilleur moment de sa vie.
C'était soit mon premier baiser avec Aletha, ou la première fois que j'ai tenu Harry dans mes bras. Je ne suis pas certain lequel.
Il savait que ces choses étaient arrivées, mais il ne pouvait pas s'en rappeler. C'était à rendre fou.
Et c'est justement le but d'Azkaban.
Il retourna au premier item sur son horaire : faire les cent pas. La cellule faisait quatre pas de long par trois de large. Il le savait vraiment, vraiment trop bien.
Et je ne suis ici que depuis… Merlin, j'ai perdu le compte. Comment ai-je pu perdre le compte? Mais ça ne fait pas si longtemps. Le fils Croupton est mort il n'y a pas longtemps.
Il grogna. Croupton n'a eu que ce qu'il méritait. Bâtard. J'espère que sa vie va lui exploser en pleine figure.
Cette phrase ramena un des souvenirs qu'il avait toujours. Avançant en trébuchant le long d'une rue couverte de poussière, apercevoir la brume verte surplombant la maison détruite et comprendre dans cet instant, comprendre que ses actions, ses mots, avaient condamnés ses amis. Savoir qu'en essayant de sauver les Potter, il les avait tués…
Il essaya de se défendre. Je n'étais pas le traitre. Je n'ai jamais été un mangemort. C'était Peter, ça a toujours été Peter…
Mais c'est quand même ma faute, ma faute s'ils sont morts, ma faute si Harry est un orphelin… quel parrain que je suis, incapable de m'occuper de lui… il ne me connaitra jamais, sauf comme l'homme à cause duquel il n'a plus de famille…
Un son rauque interrompit ses pensées.
Quoi…
Quelqu'un tire le loquet. Quelqu'un tire le loquet de ma porte, pour l'ouvrir. Ce n'est certainement pas l'heure de manger déjà, c'est le milieu de la nuit! Qu'est-ce qui se passe?
La seule raison qu'auraient les détraqueurs de venir ici, ce serait que des ordres aient été donnés à mon sujet. L'ordre de me ramener au ministère – aucunes chances – ou…
Son sang se glaça. L'ordre de m'administrer le baiser…
La porte s'ouvrit. La lumière de la lune se déversa sur le sol de la cellule.
Sirius resta où il était, dans le coin opposé. Je ne vais pas vous rendre ça plus facile que ce doit l'être. Vous devrez venir me chercher.
Puis il vit ce qui se trouvait dans l'embrasure de la porte, et il oublia sa peur dans son étonnement.
Qu'est-ce que…?
Quatre pattes. Fourrure. Et, à moins que je ne me trompe, des yeux étrangement familiers…
C'est officiel, j'ai perdu la tête. J'hallucine, maintenant.
C'est drôle, quand même, je n'ai jamais pensé que j'hallucinerais Lunard en premier, avant, disons, James, Lily ou Harry… et certainement pas Lunard sous sa forme de loup-garou…
Un instant. C'est un loup-garou, je suis un humain. Je n'ai aucun moyen de défense. Il devrait m'attaquer. À la place il… Sirius plissa les yeux contre la lumière qui, bien que faible, était plus forte que ce à quoi ses yeux étaient habitués. Mais qu'est-ce qu'il fait?
Le loup-garou levait une patte au-dessus de son museau, la frottant contre ses yeux.
Je ne l'ai jamais vu agir comme ça. Jamais.
Une autre preuve que j'hallucine.
Hallucination ou pas, je devrais probablement me transformer maintenant… Je préfèrerais ne pas me prendre pour un loup-garou, et il doit certainement se préparer à m'attaquer d'une minute à l'autre…
Il se transforma en Patmol et approcha tranquillement, se tenant en position de soumission amicale. S'il te plait n'attaque pas; je ne te veux pas de mal, disait-il en langage animal, qui était approximatif et principalement gestuel, mais suffisant.
Le loup-garou s'approcha. Compagnon-de-meute, communiqua-t-il de la même manière. Suis-moi.
Compagnon-de-meute ? Maintenant je suis certain que j'hallucine. Lunard me déteste, il croit que j'ai trahit James et Lily… il ne m'appellerait jamais compagnon-de-meute, c'est ce que les loups ont de plus proche du mot frère.
Tout de même, il suivit le loup-garou hors de la cellule et le regarda fermer délicatement la porte et remettre le verrou en place. Il le suivit le long des corridors, évitant les détraqueurs qui faisaient leurs rondes, et à l'extérieur du bâtiment, en passant à travers les barreaux. Hallucination ou pas, c'est intéressant. Première chose intéressante qui se passe depuis… six mois. Plus ou moins.
Hey, je me suis rappelé. C'est étrange. Mon esprit devrait devenir plus confus, pas plus clair…
Le loup-garou descendit soigneusement vers la plage le long des rochers. Sirius le suivit.
Nous nageons, communiqua le loup-garou. Suis-moi. Nos compagnes, nos louveteaux, notre tanière. Ensemble. Viens.
Sirius opina avec hésitation. L'eau sera sacrément froide… mais sous forme canine, je devrais pouvoir le supporter. Et si on peut atteindre le rive…
Mais à quoi est-ce que je pense? Ce n'est pas réel! C'est impossible que ce soit réel!
Le loup-garou grogna. Viens, répéta-t-il d'un ton sans ambiguïté.
D'un autre côté, si ce n'est pas réel, je ne risque rien à essayer.
Je viens, communiqua-t-il.
Le loup-garou renifla. Les mots prononcés, s'il avait été humain en ce moment, auraient été : Bon, enfin!
Sirius se glissa dans l'eau, à côté du loup-garou, et commença à nager. L'étoile du nord était derrière eux à droite, remarqua-t-il. C'était bien… il savait qu'Azkaban était au nord des îles britanniques, mais il ne savait pas à quelle distance. Ni dans quelle autre direction.
J'espère qu'il sait où il va.
Remus Lupin nageait à vitesse constante, les yeux fixés sur l'océan devant lui.
Devant lui, visible seulement à ses yeux, brillait un jet de lumière argentée, le reliant à sa bien-aimée.
Sirius nagea un peu maladroitement au début, jusqu'à ce qu'il s'y habitue. Lunard n'est habituellement pas aussi cohérent lors de ses transformations. C'est le plus lucide que je ne l'ai jamais vu.
Il soupira. Et c'est seulement parce que… c'est vrai, Sirius. C'est une hallucination. Ou un rêve.
Sur le siège arrière d'un camion verrouillé, près de la rive en Écosse, une femme dormait entre deux siège-auto, tenant les mains de deux enfants.
Ses yeux bougeaient derrière ses paupières closes.
Sirius éternua lorsqu'un peu d'eau remonta dans son nez. Qu'est-ce qu'il a dit, déjà? " Nos compagnes, nos louveteaux, notre tanière " ? Qu'est-ce que ça veut dire?
Je n'ai pas de compagne – Eh bien, peut-être qu'Aletha compte, mais je ne pense pas qu'elle soit toujours intéressée par moi ces temps-ci.
Aletha Freeman referma la porte derrière elle et alluma les lumières.
Elle déposa sa propre baguette de bois de rose sur la table près de l'entrée, suivie d'une baguette d'acajou élégante, et alla chercher le réconfort de sa musique.
Et des louveteaux. Je n'ai pas d'enfants, humains ou canins. En tout cas, pas à ma connaissance.
Je suppose, si on étire un peu la définition, qu'on pourrait dire qu'Harry est le mien… mais ce n'est pas comme si je pouvais mettre la main – ou la patte—sur lui dans un futur rapproché.
L'un des enfants tenant la main de la jeune femme remua dans son sommeil, puis relaxa à nouveau, dans une nouvelle position.
Sous la lumière de la lune, ses cheveux noirs avaient un reflet argenté.
Alors, dans l'ensemble, tout ceci est totalement impossible, fou et n'est pas réellement en train de se produire, conclut Sirius. Mais j'aime ça. Je souhaiterais que ce soit réel.
Ses jambes protestèrent. Il n'avait pas été aussi actif depuis un bon moment, et il le ressentait. Ce serait vraiment un mauvais endroit pour avoir une crampe.
Il risqua un coup d'œil derrière son épaule. Ils devaient avoir nagés plus longtemps qu'il ne le croyait. L'ile était complètement hors de vue.
C'est étrange, même les prisonniers qui sont fous ne sont jamais heureux, pensa-t-il paresseusement, pour s'empêcher de penser à ses jambes. Même les prisonniers qui ont totalement perdu l'esprit ne vont pas à un bel endroit dans leur psychée. Personne n'est heureux à Azkaban, même les cinglés.
Mais ça me rend heureux. L'idée d'avoir un ami qui viendrait me chercher, la possibilité de trouver comment sortir d'ici… ça me rend heureux. Même si ce n'est pas réel, je me sens heureux.
Personne n'est heureux à Azkaban. Et je suis heureux maintenant.
Il haussa les épaules. J'imagine que j'emprunte une route différente des autres vers la folie.
Neenie dormait à poings fermés.
À ce moment de sa vie, elle était incapable d'articuler clairement le sentiment, " La plupart des sorciers n'ont pas une once de logique. "
Alors, si je deviens fou, au moins, j'aimerais choisir mon hallucination.
Pourquoi pas Aletha, jouant du piano? Quelque chose de joli, comme elle jouait souvent.
Aletha regarda ses mains avec surprise lorsqu'elles commencèrent une nouvelle pièce de leur propre accord. C'était une pièce de Bach, une partie de sa série " Le Clavier bien tempéré", une chanson simple et répétitive que presque tous les étudiants de pianos apprenaient. Les rythmes doux en hausse et en baisse de la musique lui faisaient penser à des vagues, à la nage…
C'est pour eux, là-bas sur l'océan. Pour les ramener à la maison en sécurité.
Elle se perdit dans la musique, vivant seulement le moment, n'existant que pour jouer la prochaine phase, puis la suivante, et la suivante…
C'est charmant, vraiment charmant. Ça a même un rythme que je peux suivre en nageant.
Sirius nagea en écoutant la musique, ne remarquant pas la diminution de la douleur dans ses jambes.
Remus renifla. L'odeur de la terre était là, il pouvait même la voir faiblement à l'horizon – mais trop loin. Et la lune descendait rapidement.
Nous n'allons pas y arriver. Oh, Danger, mon amour, c'est ce dont j'avais peur…
Dans son sommeil, Danger sourit.
Elle leva une main et fit le geste de tirer.
La chanson arriva à son terme dans un bruit assourdissant.
Remus sentit l'eau couler contre lui à toute vitesse alors qu'une étrange force le tirait vers la rive.
Ses pattes avant touchèrent le fond.
Sirius se frappa les pattes sur le fonds et poussa un petit cri de douleur.
Terre? Nous avons touché terre?
Quand est-ce arrivé?
Eh bien, à l'instant, j'imagine…
Le loup-garou sortait lentement de l'eau, détrempé et frissonnant. Sirius le suivit, s'éloigna du bord de l'eau et se secoua. Fort.
Il se sentait soudainement plus léger d'environ dix livres, sans toute l'eau qui alourdissait sa fourrure. Il se sentait aussi extrêmement fatigué.
Il s'assit, puis se coucha. Le sol était rocailleux, mas ça n'était pas très grave.
Ça fait du bien. Je pourrais dormir toute une semaine. Ou quelques jours, en tout cas. Je devrais me réveiller pour manger.
Le loup-garou s'enfonça entre les arbres. Sirius le regarda partir, légèrement déconcerté. Où part-il avec un tel empressement? Ce n'est pas mon problème, mais je suis curieux…
Ses yeux se fermèrent et il les laissa faire. Je pourrai être curieux lorsque je me réveillerai. Maintenant, je suis trop fatigué.
Remus émergea du couvert des arbres, humain, la baguette à la main. Sirius n'avait pas bougé, profondément endormi.
C'est probablement mieux de le laisser dormir, au moins jusqu'à ce qu'il soit plus…euh… socialement acceptable, pensa Remus avant de pétrifier son ami d'un coup de baguette magique. Un charme de nettoyage s'occupa d'une bonne partie du problème et, après avoir retransformé Sirius en sa forme humaine, un charme de rasage fit des merveilles. Il arriva à descendre la plupart des nœuds dans les cheveux de Sirius en dessous du niveau des oreilles, puis coupa minutieusement cette portion. Finalement, il fit disparaître les habits souillés de Sirius et le rhabilla.
Une chance que j'ai l'habitude. Sirius s'était saoulé presque toutes les deux semaines durant sa septième année à Poudlard. James avait été l'un de ses plus fréquents partenaires de boisson et Remus avait été leur "metteur-au-lit" personnel.
Eh bien, c'est le temps de le réveiller. Remus approcha le petit panier pique-nique qu'il avait emporté. Nous allons déjeuner, puis nous irons rencontrer Danger.
J'ai beaucoup d'explications à lui donner…
