Disclamer : Ni Supernatural, ni l'histoire ne m'appartiennent

Titre : One Thing Leads To Another

Auteur : Marianna Morgan

Traducteur : Ange Phoenix

Bêta : Antidote

Résumé : Pre-Series, Teenchesters - C'était juste une opération de routine. Mais c'était Sam. Rien n'était routinier avec lui. - Sam malade, blessé et hospitalisé, Dean inquiet et génial, John, Bobby et le pasteur Jim sont également présents.


One Thing Leads To Another, chapitre 8


Dean soupira, le son étant exceptionnellement fort dans le silence sinistre de la bibliothèque, et il se pencha en avant sur sa chaise, repoussant la pile de livres et posant ses coudes sur la table. Il couvrit son visage de ses deux mains, se frottant les yeux avec ses doigts avant de les déplacer latéralement pour se masser ses tempes.

Il était fatigué.

Il avait faim.

Et il était furieux.

Il avait été coincé dans cette bibliothèque de merde à faire des recherches toute la journée — bon sang, depuis qu'il était arrivé à Ida Grove — pendant que son père était à Je-Ne-Sais-Plus-Où, aux États-Unis.

Dean était arrivé à Ida Grove le mercredi, mais le soir même, John avait obtenu une piste pour une autre chasse à quelques villes d'ici. Manifestement frustré et agité par la nature fastidieuse de la chasse en cours, John était parti en demandant à Dean de poursuivre ses recherches en son absence, afin qu'ils puissent se mettre au travail à son retour.

« Je reste en contact », avait promis John tôt le jeudi matin, avant de monter dans son pick-up et de disparaître dans l'obscurité.

Dean avait secoué la tête. Après tous ses discours sur le fait de se soutenir mutuellement, John était juste parti... et Dean n'avait pas entendu un mot de son père depuis.

Typique de John Winchester.

Dean soupira de nouveau.

Lorsqu'il avait eu dix-huit ans il y a quelques mois, lorsque John lui avait donné les clés de l'Impala, Dean avait pensé qu'enfin son père le considérerait comme un adulte, comme un partenaire dont la contribution n'était pas seulement souhaitée, mais appréciée.

Il avait eu tort.

Son père s'attendait toujours à ce qu'il lui obéisse sans poser de questions — rester ici et faire des recherches... point final — et après ces derniers jours, Dean commençait à comprendre pourquoi Sam semblait se hérisser devant une telle attente : c'était un emmerdeur.

En parlant d'emmerdeur...

Dean sourit alors que ses pensées se tournaient vers son frère.

Il était inquiet, comme seuls les grands frères pouvaient l'être, et se sentait toujours coupable d'avoir dû quitter Sam — d'autant plus que son départ de chez Jim n'avait servi à rien puisque John s'était désisté... encore.

Dean avait essayé d'appeler tous les soirs pour prendre des nouvelles de son frère, mais chaque nuit depuis mercredi avait donné les mêmes résultats : des parasites sur la ligne, suivis d'un bip sonore et d'une voix de femme lui disant que l'appel ne pouvait aboutir à cette heure-ci... ou apparemment à toute autre heure.

Des jurons avaient rempli l'air tandis que Dean avait fulminé dans la chambre de motel vide après chaque tentative ratée de se connecter avec Jim... ou plus important, avec Sam. Il avait supposé que l'adage disait vrai — qu'aucune nouvelle était une bonne nouvelle — et il savait que Jim appellerait si quelque chose n'allait pas avec Sam, mais quand même...

Dean secoua la tête et fixa les livres devant lui. S'il avait su que « chercheur » serait sa fonction — et sa seule fonction — dans cette chasse, il serait resté chez Jim pour garder un œil sur son petit frère et aurait fait des recherches à partir de là, relayant toute information pertinente à John par téléphone.

Dean renifla.

C'est vrai. Cela fonctionnerait bien, car papa répondait toujours à mes appels et à mes messages.

Sur cette pensée, Dean sortit son téléphone de la poche de sa veste en cuir, pas surpris qu'il n'y ait pas d'appels manqués de John. Il savait que parfois le signal était mauvais et ne permettait pas de communiquer — comme en témoignait le fait qu'il avait essayé d'appeler et de prendre des nouvelles de Sam tous les soirs depuis mercredi — mais le plus souvent, son père s'en servait comme excuse pour être injoignable quand il ne voulait pas parler.

Dean continua à fixer son téléphone, comme s'il pouvait le forcer à sonner, et il fut surpris quand il le fit. Il cligna des yeux et se concentra sur l'affichage de l'appelant.

« Pasteur Jim ? » répondit-il, ignorant le regard de la bibliothécaire qui lui montrait le panneau « pas de téléphones portables ».

« Vous devez revenir ici. »

Jim ne perdait pas de temps en civilités, et sa voix était tendue, ce qui fit se lever Dean. « Pourquoi ? Qu'est-ce qui ne va pas ? »

« Sam est en soins intensifs. »

« Il est quoi ? »

« Shhhh ! » siffla la bibliothécaire, et Dean s'empressa de lui faire un doigt d'honneur.

« Aux soins intensifs », répéta lentement Jim, comme s'il ne comprenait pas non plus.

« C'est quoi ce bordel ? » Dean était resté bouche bée pendant que la bibliothécaire contournait le coin de son bureau et se dirigeait vers lui. « Que s'est-il passé ? »

Il y avait eu un silence.

« Jim ! » appela bruyamment Dean, se demandant si le signal avait été perdu... et si la bibliothécaire savait quel genre d'emmerdement allait la frapper si elle essayait de lui prendre le téléphone. « Qu'est-il arrivé à Sam ? »

Jim soupira. « Je ne sais pas. »

« Tu ne sais pas ? » répéta Dean avec incrédulité.

« Excusez-moi, monsieur. »

Dean lança un regard furieux à la bibliothécaire qui se tenait en bout de table.

« Les téléphones portables sont interdits », déclare-t-elle, les mains sur les hanches. « C'est le règlement. »

« Ah ouais ? » demanda Dean en feignant l'intérêt alors qu'il baissait le téléphone. « Eh bien, dans ce cas... allez vous faire foutre, vous et vos règles. »

La bibliothécaire sursauta et retourna vers son bureau.

« Dean ? »

« Ouais, je suis là », répondit Dean, regardant la bibliothécaire composer son propre numéro de téléphone, puis parler avec animation tout en jetant un coup d'œil dans sa direction. « Qu'est-ce qui ne va pas avec Sam ? »

« Tout va mal. »

Dean pouvait entendre le choc dans la voix du pasteur. « Qu'est-ce que ça veut dire ? »

« Son rythme cardiaque est trop rapide. Sa pression sanguine et son taux d'oxygène sont trop bas. Tout est juste mauvais. »

« Merde... » siffla Dean, à la fois à cause des informations que Jim venait de lui relayer et à cause des deux agents de la sécurité qui étaient soudainement apparus au coin de la rue.

« Le Dr. Collins dit... »

« Dr. Collins ? » l'interrompit Dean, arrachant sa veste en cuir du dossier de sa chaise.

« Le médecin traitant de Sam », expliqua brièvement Jim. « Il dit que c'est pour ça qu'il s'est effondré. »

« Effondré ? » hésita Dean, puis il disparut entre deux étagères, baissant la voix. « Quand ? Où ? »

Il s'était esquivé dans le hall, jetant un coup d'œil par-dessus son épaule aux deux agents de sécurité qui tournaient en rond, alors que la bibliothécaire ne semblait pas pouvoir se décider sur la direction qu'avait prise Dean.

« Jim ? »

« Il y a environ une heure à la maison. »

Dean soupira, essayant de garder son calme alors qu'il continuait dans le couloir. « Comment va-t-il maintenant ? »

Jim fit une pause. « Il est stable pour le moment, mais il est toujours couvert de bleus. Sur son estomac, sa poitrine, ses épaules... »

« Des bleus ? » cria Dean, fouillant dans la poche droite de son jean pour trouver les clés de l'Impala. « Du à quoi ? »

Plus de silence.

« Jim ! » Dean franchit les portes de la bibliothèque. « De quoi ? Que s'est-il passé ? »

« Il est tombé. »

Ces deux mots avaient fait que Dean s'était instantanément arrêté au milieu du trottoir, une douzaine de scénarios défilant dans son esprit, mais se terminant tous par la même conclusion : Sam était tombé... et je n'étais pas là pour le rattraper.

« Fils de pute ! »

« Dean — »

« Tu étais censé t'occuper de lui, Jim ! Où étais-tu, bordel ? » s'emporta Dean.

« Je suis désolé, Dean. Je — »

« Je t'avais dit de ne pas le laisser seul ! »

« Je sais. Je suis... »

« Alors pourquoi tu l'as laissé seul ? Où étais-tu ? »

Jim soupira. « Bobby s'était arrêté à la maison, et j'étais dehors avec lui quand c'est arrivé. »

« Où est-il tombé ? »

« Dans les escaliers. Il est remonté hier soir après le dîner et... »

« Hier soir ? » répéta Dean. « Pourquoi tu ne m'as pas appelé à ce moment-là ? »

« Parce que... »

Dean plissa les yeux. « Parce que ? »

« Parce que je ne le savais pas hier soir. »

Dean pressa son poing sur son front, les yeux fermés, marchant lentement en cercle serré en voulant se calmer. Il pouvait entendre le regret et la culpabilité dans la voix de Jim, et il ne pouvait pas en vouloir au pasteur.

Sam pouvait être une petite merde têtue, et aussi intrinsèquement bon que Sam était, il était aussi en train de devenir un sacré menteur. Retenir toute la vérité avec les bonnes intentions et pour les mauvaises raisons était le point fort de Sam ces derniers temps — sans parler du fait qu'il était capable de faire fonctionner la combinaison de cette frange et de ces yeux comme personne — donc Dean n'était pas surpris que son petit frère ait réussi à garder Jim dans l'ignorance.

Voir à travers les conneries de Sam et le rappeler à l'ordre était le travail de Dean.

Être là pour rattraper Sam quand il tombait, c'était le travail de Dean.

Prendre soin de Sam était le travail de Dean.

Et John Winchester l'avait éloigné de son travail.

« Je n'aurais jamais dû le quitter. »

« Dean... »

« J'aurais dû dire à papa de se foutre cette chasse dans le cul ! »

« Dean — »

« Je n'aurais jamais dû le quitter, Jim ! Des merdes arrivent... surtout à Sam... surtout quand je ne suis pas là. »

« Dean ! »

Dean soupira durement à la voix élevée du pasteur et commença à marcher vers l'Impala. « Alors les bleus... ils indiquent juste qu'il a été amoché ou quoi ? »

« Nous ne savons pas encore. Sa rate est élargie, probablement rompue, et ils suspectent une hémorragie interne en plus de... »

« Une hémorragie interne ? » l'interrompit Dean.

Putain.

« Rien n'est encore concluant », apaisa Jim.

« Pourquoi sa rate est-elle gonflée ? »

« Nous ne savons pas. Ils ont fait quelques analyses de sang, une échographie, mais ils vont attendre au moins jusqu'au matin avant de faire tous les autres tests. Il est à peine stable, et ils ont dit que faire autre chose maintenant serait trop pour lui. » Il y avait eu une autre pause, puis la voix du pasteur avait continué, empreinte de désespoir. « Dean... »

Dean s'était retrouvé debout à côté de l'Impala et il sentit sa mâchoire se serrer contre l'émotion qui l'avait soudainement envahi. Ce n'était pas possible. Pas à Sam. Rien ne pouvait arriver à Sam. Il pouvait gérer tout sauf ça.

« Quel hôpital ? »

« United. »

« Je suis en route. » Dean ouvrit la porte côté conducteur et se glissa derrière le volant. « Attends... est-ce qu'ils savent pour... »

« Cela n'a pas été mentionné », assura Jim, sachant que Dean était préoccupé par son problème d'assurance rencontré lors de l'opération de Sam. « D'ailleurs, Sam est admis sous le nom de "Sam Murphy" cette fois, et il est sur mon assurance. Tout est réglé de ce côté-là. »

« Jim, on ne peut pas... »

« Tais-toi, Dean. »

Dean fit ce qu'on lui dit, à la fois surpris et amusé par la réponse brutale du pasteur et son laconisme inhabituel... et aussi immensément reconnaissant pour ce qu'il avait fait. Ils n'avaient pas beaucoup d'amis, mais ceux qu'ils avaient été plutôt de la famille.

« La qualité prime sur la quantité », avait remarqué John, et Dean était d'accord.

« Est-ce que papa est au courant ? » demanda Dean en démarrant l'Impala.

« Il ne répond pas au téléphone, alors je t'ai appelé. »

Dean renifla. L'histoire de ma vie...

« Ouais, ben... » La voix de Dean se tut alors qu'il s'engageait dans la rue. « Je n'ai aucune idée d'où il est, mais je vais l'appeler aussi. »

« Attends, » dit Jim, le ton confus, puis agacé. « Que veux-tu dire par tu n'as aucune idée d'où il est ? Vous ne chassez pas ensemble ? »

« Pas depuis jeudi matin. Il a eu une piste dans une autre ville et est parti. »

« Où allait-il ? »

« Si je le savais... »

« Il ne l'a pas dit ? »

« Non. Il a juste eu l'info et est parti, vers le nord. »

« Tu as eu des nouvelles de lui ?

"Qu'est-ce que tu crois ?" demanda Dean avec sarcasme.

Il y avait eu un silence à l'autre bout de la ligne, et Dean s'était demandé, pas pour la première fois, si Jim avait déjà juré en silence. Si quelqu'un pouvait l'obliger à le faire, ce serait les Winchester.

"Je vais appeler Bobby", déclara Jim, comme si la décision était déjà prise. "Lui demander de retrouver ton père."

Maintenant, c'était au tour de Dean d'être silencieux. Le projet de mettre Bobby sur la piste de John confirmait ce qu'il savait déjà malgré les efforts de Jim pour l'apaiser : c'était du sérieux pour Sam.

Putain.

Il avait besoin d'entendre la voix de son petit frère.

"Sam est-il réveillé ?"

"Non. Il n'a pas été réveillé depuis qu'on a quitté la maison."

Dean déglutit, sa prise sur le volant se resserrant. "Eh bien, s'il se réveille avant que j'arrive, dis-lui..."

"Je lui dirai que tu es en route", interrompit Jim. "Il n'arrêtait pas de te demander tout à l'heure, ça devrait lui faire plaisir".

Le pasteur gloussa doucement, tristement, et Dean sentit les larmes lui piquer les yeux.

Le grondement de l'Impala remplit le silence avant que Dean ne se racle la gorge. "Je vais, hum..." Il se racla à nouveau la gorge. "Je te verrai bientôt", dit-il d'une voix rauque, en mettant fin à l'appel et en appuyant plus fort sur l'accélérateur.


Et voici le dernier chapitre du jour !

A la prochaine