CHAPITRE HUIT
Nouvelle Donne.
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Le téléphone vibrait sur le bois de la table de chevet quand il réveilla Judy. La lapine était profondément endormie, la tête sur le torse de Nick, encore nue après ses ébats de la nuit. Elle avait cependant l'ouïe plus fine que le renard, et finit par ouvrir un œil difficilement.
Son portable indiquant qu'elle avait plusieurs appels en absence, deux de Clauwhauser et un du chef Bogo. Judy regarda l'heure au réveil. 9h27, soit bien plus qu'à son habitude. Elle avait si bien dormi…
Nick grogna légèrement quand elle s'extirpa de ses bras pour se lever. À peine eut-elle posé la patte à terre qu'une douleur sourde irradia son bas-ventre et son intimité. Elle retint un petit cri de douleur en marchant difficilement vers la salle de bain attenante. Elle savait parfaitement ce qu'elle avait. Malgré toute la douceur dont il avait fait preuve, et tout le plaisir qu'elle avait ressenti, Nick lui avait fait mal. Mais elle ne s'inquiéta pas outre mesure, elle savait que c'était courant pour les femelles la première fois. Sa première fois. « J'ai couché avec Nick. J'ai fait l'amour avec lui. » ne put-elle s'empêcher de penser, ne réalisant pas tout à fait ce qu'il s'était passé. Elle ressentait encore les conséquences du membre de Nick dans sa chair, et pourtant elle n'avait qu'une seule idée en tête : recommencer au plus vite.
Alors qu'elle s'apprêtait à prendre une longue douche pour se laver des fluides intimes qui la couvraient, son téléphone sonna une nouvelle fois. Elle n'eut pas besoin de voir le numéro pour savoir qu'il n'y avait que Clawhauser pour la harceler de la sorte avant le petit-déjeuner. Elle sourit, certaine que le guépard venait chercher de quoi alimenter ses commérages à leur sujet.
-Benji ! Comment ça va ?demanda Judy avec enthousiasme. Avoue que je te manque !
-Judy.
La voix de Clawhauser n'avait rien de sa bonne humeur débordante qui le caractérisait. Il avait un ton froid empli d'une tristesse que Judy ne lui connaissait pas. Elle sût qu'il y avait un problème.
-Ben…Qu'est-ce qui se passe ?
-Judy…Tu peux venir au poste ? Il faut que tu viennes. J'ai essayé d'appeler Nick, mais il ne réponds pas..
-Nick est avec moi, il dort. Ben, dis-moi ce qui se passe, força-elle.
-Judy…Il y a eu…
-Quoi, Ben ?hurla-elle presque d'angoisse.
-Wolford…Mike…Il est mort, Judy.
Les légers ronflements bienheureux de Nick cessèrent d'un coup lorsqu'il entendit le bruit d'une chute de téléphone et une plainte de désespoir étouffé venant de sa salle de bain.
-SILENCE !tonitrua Bogo. Je n'en sais pas plus que vous, alors fermez-là !
Il se tenait sur la petite estrade du poste de police, celle habituellement réservée aux conférences de presse du ZPD, et faisait face à une marée d'uniforme bleus désireux de savoir ce qui était arrivé à leur collègue. La mort d'un policier, même dans l'exercice de ses fonctions, était un fait rare, la dernière remontant à plusieurs décennies. Même si tous les flics y étaient préparés, voir cette réalité les mettaient dans un état d'angoisse extrême.
Judy et Nick étaient arrivés au poste moins de dix minutes auparavant, temps que Judy avait majoritairement passé à consoler ce pauvre Clawhauser qui ne parvenait pas à retenir ses larmes. Le guépard officiait à l'accueil et aux communications, et était apprécié de tous, aussi connaissait-il personnellement tous les membres du Commissariat Central.
La mort de Wolford affectait également Nick, étant l'un des seuls canidés avec le renard. Ils avaient souvent discuté et plaisantaient beaucoup à la pause café. Si Nick pouvait se lier d'amitié avec policiers, Mike aurait été l'un de ses premiers choix.
-Hopps ! Wilde ! Salle de briefing !leur cria Bogo une fois que ses officiers se furent momentanément calmés.
Judy et Nick se regardèrent en se demandant la raison de cette demande, avant d'emprunter le chemin menant à la salle où ils se réunissaient habituellement chaque matin. Ils traînèrent les pattes dans l'ambiance maussade jusqu'à ce qu'ils arrivent dans la salle. Il y avait avec eux quatre autres mammifères en plus de Bogo. Sans surprise ils retrouvèrent l'Officier Delgato, le lion qui faisait équipe habituellement avec Wolford, ainsi que Lisbeth Fangmeyer, sa femme. La tigresse pleurait toutes les larmes de son corps en silence dans un coin de la salle. Le couple avait apprit par Bogo qu'elle et Mike étaient mariés depuis quelques années, et Judy dut faire preuve de tout son sang froid pour ne pas se ruer vers elle pour la soutenir.
Les deux autres mammifères, cependant, n'étaient pas inconnus de Nick. Beretta et Winchester, les deux agents du ZPDIS se tenaient devant les autres, dans le dos de Bogo. Le visage de Nick se crispa, et Judy comprit à sa patte qui se serra dans la sienne qui étaient ces deux mammifères en costume sombre.
-Asseyez-vous, ordonna Bogo une fois que Nick et Judy furent entrés dans la pièce.
Le buffle avait les traits tirés, épuisés, et Judy remarqua que sa patte tremblait en serrant le petit dossier posé devant lui. Il tentait de rester professionnel même dans ces circonstances.
-Qu'est-ce qu'ils font là ?demanda Nick en serrant les dents.
-J'y viens, Wilde, dit Bogo.
-La bonne question est de savoir ce que vous faîtes ici, Monsieur Wilde. Il me semble que vous et Mademoiselle Hopps n'êtes pas en service actif, dit l'agent Beretta. Si tant est que vous ayez pu l'être un jour…ajouta là Lynx à mi-voix.
-Je gère mes Officiers comme je l'entends, Beretta, cingla Bogo en la regardant. Hopps et Wilde sont ici parce qu'en plus d'être la meilleure équipe de mon service, ils sont également les seuls à pouvoir nous fournir des réponses dans cette affaire.
-Des réponses, chef ?demanda Judy qui ne comprenait pas tout ce qui se passait.
Bogo se tourna vers elle et soupira avant d'enlever ses lunettes et de se pincer les arêtes du nez.
-Bon, je vais refaire un point complet, dit-il en inspirant longuement. Hier soir, aux alentours de 23h, une patrouille a été appelée pour tapage nocturne aux alentours de Tundratown. Les voisins ont appelé pour une bagarre de rue. Une fois sur place la patrouille est arrivée et…
La voix de Bogo resta coincée dans sa gorge, et il déglutit en regardant Lisbeth Fangmeyer du coin de l'œil.
-…Et a trouvé sur place l'Officier Wolford, battu à mort. Il était déjà trop tard quand nos hommes sont arrivés sur place…
Un long silence s'installa dans la salle de briefing, seulement interrompus par les sanglots de la tigresse qui reprirent de plus belle. Judy posa une patte réconfortante sur son bras. « Ça doit être horrible pour elle d'entendre ça ».
-Nous ne savons pas ce que Wolford faisait là, ni pourquoi il y était, cependant…
-Cependant des sacs de drogue ont été retrouvés sur son cadavre, acheva Beretta.
-QUOI ?!hurlèrent en même temps Nick et Delgato.
-Comme on ne peut exclure aucune théories, le Maire a ordonné aux agents Beretta et Winchester, du ZPDIS, de participer à l'enquête pour éclaircir cette affaire.
-Votre copain est un ripoux, clama sans gêne l'agent Winchester.
-Comment OSEZ-VOUS !hurla Delgato qui bondit de son siège.
-ASSIS !hurla encore plus fort Bogo. Et vous, Winchester, fermez votre museau avant d'accuser mes hommes !
-Chef Bogo, excusez-moi mais ça n'explique pas en quoi Nick et moi pouvons vous aider plus que d'autres, intervint Judy non sans lancer un regard assassin aux deux agents.
-La drogue retrouvée est un dérivé de Hurleur Nocturne, Hopps, lui expliqua Bogo en gardant son calme à grand peine. Vous êtes les deux seuls officiers a avoir été mêlés d'assez près à cette substance.
-Vous allez vraiment confier ce cas à eux ?demanda Winchester avec un rictus.
-J'ai…
-Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?coupa Judy en se redressant sur la chaise qu'elle partageait avec Nick. C'est quoi au juste votre problème ? D'abord vous insultez mon partenaire, puis vous accusez un collègue de traffic, et maintenant vous osez remettre en doute les décisions du chef ?
Judy fusillait les deux agents du regard. Elle n'aimait pas du tout le ton que le bison avait employé, et les paroles qu'il avait dit à Nick ne l'aidaient pas à se calmer. Bogo également semblait très irrité par l'attitude des deux mammifères, et leur jeta un regard lourd de sens en attendant leur réponse. Quant à Nick, il se contentait de serrer les mâchoires en se retenant de hurler toutes griffes dehors. Il savait qu'il devait se maîtriser, sans quoi la situation empirerait drastiquement pour lui comme pour les autres.
-Comment osez-…commença à dire le bison en baissant le tête pour montrer ses cornes.
-Nous ne faisons que notre travail, Officier Hopps, intervint la lynx en se plaçant au milieu des deux. On ne doit pas exclure cette hypothèse selon vos considérations personnelles. Et ce que mon colègue voulait dire, c'est que vous et l'Officier Wilde, vous êtes pour l'instant suspendus. Mais nous acceptons bien évidement la décision du chef Bogo. N'est-ce pas, Andrew, ajouta-elle à l'attention du bison avec un regard entendu.
Le bison renifla furieusement plusieurs fois avant de se calmer et de reprendre une attitude plus détendue, du moins en apparence.
-ERRM, fit Bogo en s'éclaircissait la gorge. Les ordres du Maire sont limpides dans cette affaire. Le ZPD va collaborer avec le Service Interne. Point final. Vous deux, dit-il à l'adresse de Winchester et Beretta, allez dans mon bureau. On règlera les détails quand j'aurai terminé mon briefing.
-Mais Bogo, nous…
-J'ai dit après, Agent Beretta.
Le regard qu'il lui lança la fit reculer de peur. Le buffle était enragé, et même Winchester ne put qu'accéder à sa requête. Non sans lancer un regard venimeux à Nick et Judy, il sorti en trombe de la salle de briefing en claquant la porte. La lynx fronça les sourcils, mais une lueur de culpabilité passa dans son regard avant qu'elle n'emboîte le pas de son collègue.
Une fois les deux mammifères sortis, tous les officiers sur place poussèrent un soupir de soulagement. Judy quitta immédiatement son siège pour aller aux cotés de Lisbeth, qui s'effondra presque dans ses bras. Bogo vint également lui poser une patte paternelle sur l'épaule, et tous se détendirent en étant enfin entre eux.
-Écoutez Fangmeyer, commença Bogo, je sais à quel point c'est difficile pour vous de gérer ça. Ça nous concerne tous. Le ZPD a été touché de près, alors il faut que cette affaire soit éclaircie au plus vite. Hopps et Wilde sont les mieux placés pour ça et je tiens ce que tout ça soit résolu par nous. Un des nôtres a été attaqué. Je vous promets, Lisbeth, que je ne laisserait personne se mettre dans nos pattes. Je me fous du Maire, et je me cogne du ZPDIS. Nous ne resterons pas sans rien faire.
-Ne vous en faîtes pas, Chef. On les aura.
Tous tournèrent la tête vers Judy. La lapine affichait une détermination que Nick n'avait encore jamais vu, même lorsqu'elle avait été sur l'affaire Bellweather.
-Merci, Judy…parvint à murmurer Lisbeth entre deux sanglots.
-On est tous avec vous, Fangmeyer, dit Bogo. Maintenant, vous et Delgato avez plusieurs choses à régler avant…de procéder à l'inhumation. Je vais m'occuper de tout, d'accord.
Il fit signe à Delgato de les rejoindre, et le lion prit la main de la tigresse pour l'aider à la faire se lever. Judy fit un sourire de compassion à l'autre femelle avant de les laisser tous deux partir, laissant Nick et elle seuls dans la pièce avec le chef.
-Par où doit-on commencer ?demanda Nick.
C'était la première fois qu'il parlait depuis plusieurs minutes, et Judy savait que c'était signe qu'il était tourmenté.
-Je comptais sur vous pour me le dire, Wilde. J'ai beau détester ces deux imbéciles du ZPDIS, ils ont raison quand ils disent qu'on a rien pour l'instant. Le rapport d'autopsie de Wolford est en chemin, de même que le compte-rendu d'analyse. Mais même si ça me coute de l'avouer, tout porte à croire que Wolford était dans un sale coup. S'il s'était agit de quelqu'un d'autre, on aurait immédiatement penché dans ce sens.
-On ne sait vraiment pas pourquoi Mike était là-bas ?demanda Nick.
-Pas du tout. Il n'était pas en service, son équipier n'était au courant de rien, et il a seulement dit à Fangmeyer qu'il allait faire des courses à l'épicerie. Ils vivent tous deux à quelques pâtés de maison du lieu de l'attaque. Nous n'avons pas encore interrogé sa famille, mais je ne pense pas qu'il puisse être impliqué dans un quelconque traffic.
-Il ne nous reste plus que les Hurleurs Nocturnes, alors…maugréa Judy. Je croyais que tout avait été récupéré quand Bellweather avait été emprisonné, et elle a avoué elle-même que le métro était leur seul lieu de production.
-Elle a pu nous mentir, Carotte, intervint Nick.
-Ou alors elle n'est pas au courant. Nous n'avons pas réussi à retrouver Doug, et c'est lui qui fabriquait le sérum…
-Quoi qu'il en soit, vous êtes les seuls à avoir au moins une vague idée de ce qu'il faut faire. Hopps, vous vous sentez en état ?demanda Bogo.
-Bien sûr, Chef, s'empressa de répondre la lapine.
Ce n'était qu'une demi-vérité, mais elle refusait de laisser sa blessure impacter son travail, surtout pas maintenant.
-Parfait, dans ce cas-là rendez-vous à l'armurerie récupérer votre équipement, et passez voir Clawhauser pour qu'il vous donne le dossier complet. Je m'occupe de parler à la famille. Les parents de Wolford doivent passer me voir en début d'après midi par le premier train. Vous avez carte blanche, Hopps.
-Merci, Chef. Et pour moi ? demanda Nick que le chef n'avait pas cité.
Bogo soupira en se tournant vers le renard.
-Wilde, vous êtes encore sous le coup de votre mise à pied. Je sais que c'est vous qui l'avez demandé, mais vous ne pouvez pas officiellement reprendre du service avant la fin de la semaine. Désolé, mais Hopps devra se passer de vous quelques jours. Nous ne pouvons pas risquer de donner au ZPDIS une nouvelle raison de nous mettre des bâtons dans les roues.
-Ça sera comme au bon vieux temps, dans ce cas, fit Nick avec un petit sourire à Judy.
-Qu'importe, dit Bogo. Mais je veux que vous soyez très prudent, vous deux. On a déjà perdu un Officier aujourd'hui. Je ne veux pas en perdre un autre. C'est bien compris ?
-Oui, chef…dit Judy à mi-voix.
-Allez-y, vous deux, j'ai quelques mots à dire à ces deux gugus. Ça va être une longue semaine…
Judy courrait presque dans le couloir, mais Nick savait qu'elle était en réalité bouleversée. Pour Judy, les évènements s'étaient enchainés à une vitesse folle. Moins de deux heures plus tôt elle se réveillait aux cotés de son amour et amant, et maintenant elle était en charge d'une enquête sur la mort d'un de ses collègues, dont elle venait de serrer la femme dans ses bras. Elle sentait la réalité l'écraser, et elle réagit de la seule façon qu'elle maîtrisait : l'action. Elle devait se mettre au travail le plus vite possible. Nick désirait lui aussi l'aider au mieux, mais il eut une petite déception égoïste. Il aurait aimé pouvoir passer la journée en sa compagnie, d'autant qu'il se sentait plus près d'elle qu'il ne l'avait jamais été, après leur nuit d'appartenance.
En entrant dans le hall du poste, ils furent cependant soulagé de voir que la plupart des officiers avaient repris leur travail dans un certain calme. Les deux policiers arrivèrent au bureau de Clawhauser, et le guépard les accueilli avec un petit sourire dépité. Il n'était manifestement pas remis lui non plus de la nouvelle.
-Hey, Benji, comment tu vas ?demanda Judy en lui posant une patte amicale sur l'épaule.
-On fait aller, ma Juju… C'est…c'est terrible, je…
-Je sais, Ben. C'est pour ça qu'on est là, dit Nick en tentant d'être le plus chaleureux possible. On peut avoir le dossier de l'affaire ?
-Je…Oui, je vais vous donner ça, dit le guépard en se reprenant quelque peu.
-Nick ! Tu aurais pu être plus compréhensif, le houspilla la lapine une fois Clawhauser parti vers la salle des archives.
-Je ne pense pas que c'est ce dont il a besoin, Carotte. Il faut qu'il agisse pour avancer.
-Tu crois ?
-J'en suis sûr, mon cœur. Et il est pas le seul, d'ailleurs, ajouta-il en lui donnant un petit coup d'épaule affectueux.
Il lui prit la patte et la serra doucement dans la sienne pour la réconforter. À défaut de pouvoir soulager son chagrin, il pouvait lui montrer qu'il était là pour elle, maintenant et pour toujours. Il la sentit trembler entre ses doigts.
-Mon cœur, regarde-moi, dit doucement Nick en posant sa patte sur sa joue. Tout va bien se passer. On pourra surmonter ça, comme tout le reste, d'accord ?
Elle tourna vers lui ses yeux violets dont on pouvait voir les larmes difficilement retenues. Elle devait rester lucide et professionnelle, mais son émotivité était trop grande pour être contenue trop longtemps. Le renard caressa ses oreilles, et elle serra contre lui. L'affaire pouvait bien attendre quelques minutes de plus, Judy avait besoin de son mâle maintenant.
-Hooooooow, fit une voix guillerette dans leur dos.
Clawhauser était de retour des archives, un petit dossier entre les pattes. Au moins affichait-il un grand sourire en voyant le couple se séparer, Judy rouge jusqu'aux oreilles.
-Oh, ne vous arrêtez surtout pas pour moi ! Vous êtes le couple le plus mignon du monde !dit-il d'un air enjoué.
-Tu devrais éviter de dire ce mot, camarade, lui dit Nick jetant un coup d'œil à Judy.
-Pas du tout, répliqua Clawhauser toujours souriant. Après tout, j'ai bien le droit de me venger, vu que Mademoiselle Je-Dis-Rien-Aux-Copains a fait des cachoteries.
-Oh, heu, désolé Benji, c'est juste que…dit Judy embarrassée.
-T'en fais pas, ma Juju, je comprends, dit le guépard. C'est pas simple pour tout le monde, mais tu me dois quand même un café et une montagne de détails !
-Crois-moi, elle aura beaucoup de choses à te raconter, dit Nick d'un air moqueur. Même des anecdotes toutes fraîches de ce matin…Ou de cette nuit, suivant l'heure.
-NICK !râla Judy en frappant le renard à l'épaule, lui faisant pousser un petit cri de douleur et de surprise. Inutile de parler de ça ! Ni maintenant ni jamais !ajouta-elle a l'adresse de Clawhauser qui allait poser une question.
-Inutile, d'être timide avec moi, Judy, je finis toujours pas être au courant de tout, dit le policier d'accueil. Je sais tout sur tout le monde ! Même Lisbeth et Mike n'ont pas pu…
Il s'interrompit brusquement à la mention de son collègue. Son visage s'assombri, de même que ceux de Nick et Judy. Le renard décida de briser le silence pesant qui venait de s'installer en prenant le dossier des mains du guépard.
-T'en fais pas, camarade, on va s'occuper de ça, d'accord.
-Oui…J'espère que vous y arriverez.
-On…on doit y aller, Benji, dit Judy en lui souriant. On te tiendras au courant, promis.
-Je… D' accord, Judy, on fait ça. Mais surtout…soyez prudent, tous les deux…
-Pourquoi tout le monde nous dit ça ?demanda Nick tandis qu'ils se rendaient à l'armurerie. On croirait qu'ils n'ont pas confiance en nous.
-Ne dis pas de bêtises, Nick, ils se font du soucis pour nous. D'ailleurs, moi aussi je m'inquiète. C'est normal, répondit la lapine en présentant son badge à l'officier en charge de l'équipement.
Le rhinocéros leva un sourcil en voyant la liste que Judy demandait, et mis un certain temps à retrouver la grosse caisse qui contenait tout son matériel de police. En flic prévoyante, Judy emportait toujours de quoi parer à toutes les éventualités, du kit de secours au fusil à pompe en passant par des batteries de secours pour son Taser. Mais à la différence des autres, Nick approuvait son choix. Il détestait seulement d'être tenu à l'écart ces quelques prochains jours, certain que toutes ces babioles ne valait pas le fait qu'il soit à ses cotés. Certes, il serait présent, mais il n'aurait rien d'autre que ses belles paroles pour la protéger, et il s'en sentait frustré.
-Tout ce que je sais, Carotte, c'est qu'avant toute chose il te faut une bonne douche.
Judy leva un sourcil. Elle aimait à penser avoir une bonne hygiène, mais elle avait remarqué que Nick, tout comme Fangmeyer et Clawhauser, n'avaient cessé de renifler étrangement depuis qu'elle était arrivée au poste. Elle avait mis ça sur le compte du chagrin qui les assaillaient, mais maintenant que Nick lui faisait remarquer, son odeur lui semblait assez inhabituelle. Le renard lui lança un regard appuyé, et la lumière se fit dans l'esprit de la lapine. « Ils sentent Nick ! Je sens Nick sur moi ! Ils savent qu'on a…Oh nom d'une carotte ! » . Elle rougit des pattes à la tête, et s'empressa de regagner l'extérieur du commissariat.
-Nick !le houspilla-elle une fois devant la voiture du renard. Pourquoi tu ne m'as pas prévenu AVANT qu'on vienne ici ?
-Au cas où tu ne l'aurait pas remarqué, on était toi et moi sous le choc. J'avais autre chose à penser que du potentiel embarras de la situation. Et puis, je ne pensais pas que tu devrais travailler aujourd'hui. Il n'y a pas de honte, tu sais, ça arrive à tout le monde, et je compte que ça arrive encore. Alors pour l'instant, on va retourner chez nous et récupérer ton uniforme, d'accord ?
Judy allait râler une nouvelle fois quand elle tiqua.
-Nick…Tu as dit… « chez nous »… dit-elle à voix basse, les joues rouges.
Le renard se figea, la patte sur la poignée de la portière. Sa bouche gardait un petit rictus et ses oreilles étaient en arrière comme un gamin prit la patte dans le pot à cookies.
-J'ai dit ça, moi ?fit-il d'un air innocent.
-Tu l'as dit, Nick, confirma Judy.
Son cœur battait la chamade. Elle se rapprocha du renard sans pouvoir le quitter des yeux. Elle posa les pattes sur son torse, le museau a quelques centimètres du sien, et l'embrassa très doucement. Nick lui rendit y son baiser en passant ses bras dans son dos pour lui caresser les oreilles. Elle ne s'était jamais senti aussi en sécurité.
-Je l'ai dit, lui murmura Nick une fois leur étreinte terminée.
Ils se regardèrent dans les yeux un long instant, et Judy su que rien ne pouvait arriver tant qu'elle aurait ce regard sur elle.
-Rentrons chez nous, Bébé, dit-elle en lui caressant la joue.
