/!\ Disclaimer : La série ne m'appartient pas et j'écris pour le plaisir. Je ne touche évidemment pas d'argent.


La nouvelle dynamique de leur couple – puisque c'était ce qu'ils étaient à présent – apporta une nouvelle forme de sérénité à Faith. Ils se connaissaient suffisamment et depuis tellement longtemps qu'ils étaient en mesure de respecter les limites de l'un et de l'autre sans avoir besoin d'en parler, et Faith se sentait soutenue sans pour autant perdre la sensation d'être indépendante et forte. Elle ne s'était jamais sentie faible et rabaissée aux côtés de Bosco, que ce soit au boulot ou en tant qu'amis, mais ressentir cela au sein de son couple était quelque chose de nouveau et rafraîchissant pour elle, après tant d'années à se faire critiquer, contrôler et rabaisser par Fred.

Ils avaient d'ailleurs beaucoup discuté à ce sujet, quand était venue la question d'annoncer la naissance d'un nouvel enfant dans la famille à Emily et à Charlie. Faith lui avait confié des choses qu'elle n'avait jamais eu le courage de lui dire, soit par honte soit par peur de l'ennuyer davantage avec ses problèmes. Bosco quant à lui ne s'en cacha pas : il n'avait jamais apprécié Fred, se contentant de relations cordiales avec lui par respect pour Faith, mais plus il en apprenait et plus son opinion de l'ex-mari se dégradait un peu plus.

Il avait fait de Faith un tas de ruines émotionnelles, et il était surpris de ne s'en rendre compte que maintenant. Elle s'était beaucoup plainte de Fred au fil des années passées à patrouiller à ses côtés, mais il n'avait jamais réellement cherché à voir au-delà de ça. Au-delà des fissures dans son armure. Une armure qu'elle n'avait plus lieu de porter quand elle était avec lui, du moins la plupart du temps.

Tous les deux avaient continué de trouver leur rythme, se découvrant et se redécouvrant dans de nombreux domaines. Il y avait entre eux un naturel étonnant qu'ils mettaient sur le compte des solides fondations qu'avait permis leurs nombreuses années d'amitié. Ils avaient traversé le meilleur comme le pire, physiquement et émotionnellement, ils s'étaient déchirés comme personne avant de se retrouver, plus soudés que jamais. Et c'était cela précisément qui leur faisait savoir que, quoi qu'il arrive à l'avenir, ils s'en sortiraient.

A la 55e le mot avait vite fait le tour des couloirs après qu'une patrouille du deuxième quart ait croisé leur chemin alors qu'ils se baladaient main dans la main dans les rues de New York un jour où ils étaient sortis faire des achats pour préparer l'arrivée prochaine de leur fille.

D'eux deux ce fut Bosco qui en entendit le plus parler, recevant d'un côté des tapes purement machistes dans le dos comme si avoir réussi à mettre dans son lit l'inspectrice était un exploit olympique, et de l'autre des railleries. Mais dans un sens comme dans l'autre Bosco les ignorait. Les seuls avis auxquels il prêtait un peu d'importance étaient ceux de leurs amis communs. Ces derniers se réjouirent sincèrement pour eux et proposèrent leur aide s'ils avaient besoin d'un coup de main pour préparer l'arrivée de l'enfant. Quand Bosco lui rapporta ces propos, Faith en fut touchée. A vrai dire, elle avait eu un peur que ses anciens collègues l'aient mise à distance depuis qu'elle avait été promue. La vérité c'était qu'elle n'avait plus beaucoup le temps de les rejoindre chez Haggerty's, et quand c'était le cas elle était généralement bien trop fatiguée par une semaine complète de journées à rallonge. Elle était soulagée de voir que personne ne lui en tenait rigueur, et se fit la promesse qu'elle ferait en sorte de profiter de son congé maternité pour essayer de retourner les voir un peu plus souvent.

En revanche s'il y avait bien une personne dont la réaction resterait gravée dans les annales, c'était bien Rose Boscorelli. Jusqu'à présent Bosco avait su tenir sa langue, ne se voyant pas expliquer à sa mère que Faith était enceinte, qu'il était le père, mais qu'ils ne partageaient rien de plus et qu'ils n'étaient même pas certains de garder l'enfant. Mais maintenant que tout ceci était réglé, Faith avait suggéré l'idée de la mettre au courant. Après tout elle était concernée par cette histoire puisqu'elle allait officiellement être grand-mère.

Bosco avait demandé à sa mère s'il pouvait passer la voir pour déjeuner lors de son prochain déjeuner, et s'il pouvait venir accompagné. Evidemment il n'avait pas précisé de qui il serait accompagné, voulant préserver l'effet de surprise. Aussi Rose fut agréablement surprise de la voir aux côtés de son fils lorsqu'elle ouvrit la porte. Plus encore lorsque Faith passa la porte et révéla à son regard l'évidence de sa grossesse.

« Félicitations, ma belle ! s'était alors écrié la vielle dame avant de la serrer prudemment dans ses bras. A combien en es-tu ?

- Huit mois et demi.

- Huit mois ? Mau' pourquoi ne m'as-tu rien dit ?! s'indigna-t-elle. Bon, j'ai encore un peu de temps pour te trouver un petit cadeau de naissance.

- Ma' t'es pas obligée…

- Toi je ne t'ai rien demandé, fils ingrat. »

Bosco leva alors les yeux au ciel tandis que Faith riait de bon cœur. Le couple échangea ensuite un regard entendu avant de suivre la vieille dame dans l'appartement. Ils l'aidèrent à mettre la table avant de s'installer avec elle pour manger.

« Alors, est-ce que tu sais si ce sera une fille ou un garçon ? lui demanda Rose au cours du repas. Ou bien as-tu décidé de garder la surprise ?

- Eh bien… fit-elle en reposant ses couverts. Elle tourna brièvement la tête vers son compagnon, qui lui fit un clin d'œil, avant de déclarer : Ce sera une petite fille.

- Une petite Boscorelli, Ma', t'imagines ?

- Avec un peu de chance elle aura meilleur caractère que toi et ton frère, répondit Rose du tac au tac, avant de s'arrêter subitement. Elle les dévisagea ensuite tous les deux, confuse, prenant conscience de ce qui venait d'être dit, et murmura : Quoi… ?

- Surprise, fit Bosco qui jubilait. »

Rose se leva prudemment de sa chaise, une expression indéchiffrable sur le visage, et soudain Faith et Bosco n'en menait plus large. Puis, les surprenant l'un comme l'autre, la vieille dame se saisit de sa serviette en tissu et frappa la tête de son fils avec.

« Maurice Lewis Boscorelli ! Comment oses-tu plaisanter sur ces choses, là ! le gronda-t-elle.

- Maman, stop ! protesta Bosco en se protégeant de ses bras.

- Rose, arrêtez, riait Faith. C'est la vérité.

- Vraiment ? »

Faith hocha la tête avec un sourire d'excuse sur les lèvres.

« Maurice et moi attendons un enfant.

- Mon dieu… murmura-t-elle en portant une main sur son cœur alors que ses yeux s'embrumaient d'émotion. Je vais être grand-mère ?

- Oui, Ma'.

- Et toi tu attends huit mois pour me le dire ?! s'exclama Rose en recommençant à l'attaquer de son torchon. Fils indigne !

- C'est de ma faute, le défendit Faith en essayant de contenir un nouvel éclat de rire. »

Rose se rassit, intriguée par les paroles de l'inspectrice.

« Faith… fit Bosco, et ils échangèrent un dialogue silencieux.

- Je n'ai pas honte de le dire, Bos', lui dit-elle avant de se tourner vers Rose : J'ai fait un déni de grossesse, je ne l'ai pas su tout de suite.

- Oh, ma pauvre chérie… commenta Rose en lui prenant la main.

- Le principal c'est que le bébé est en bonne santé, rappela Bosco qui n'avait pas vraiment envie que sa mère apprenne comment lui et Faith en étaient arrivés là. »

Rose n'aurait clairement pas apprécié de savoir qu'il avait traité Faith de cette façon, peu importe que la faute soit partagée. Faith avait une place spéciale dans le cœur de sa mère – à juste titre – et si quelque chose se passait entre eux, il était à ses yeux le seul à devoir porter le chapeau.

« Pour une fois je dois reconnaître que tu as raison, mon fils, admit Rose. En tout cas je suis contente pour vous deux. Je me suis toujours demandé si mon idiot de fils finirait par se rendre compte de la femme formidable que tu es, Faith.

- Maman… protesta ce dernier en se cachant le visage dans les mains. »

Faith ne répondit rien, ne sachant plus trop où se mettre, et la rougeur de ses joues parla pour elle. En réalité elle n'était pas sûre duquel d'eux deux avait le plus de chance d'avoir l'autre dans sa vie. Pour Rose son fils ne pourrait trouver mieux qu'elle, mais Faith ne voyait pas les choses de cette façon. Bosco avait toute les femmes à ses pieds et pourtant il l'avait choisi elle. Sans doute que les circonstances lui avaient un peu forcé la main, mais elle voulait croire que Bosco ne serait pas resté juste par pitié. Il n'était pas comme ça, ce n'était pas son genre, même avec elle.

« Je suis sérieuse ! continua Rose. Maintenant dis-moi : quand est-ce que tu comptes l'épouser ? »

Bosco grogna, le visage toujours enfoui dans ses mains tandis que Faith s'étouffait avec son verre d'eau. Voilà une chose à laquelle elle ne s'attendait pas. Ce n'était pas quelque chose dont ils avaient parlé tous les deux et, si elle devait être honnête, ce n'était même pas une pensée qui lui avait effleuré l'esprit. A vrai dire elle avait eu sa dose avec Fred, et elle n'était pas certaine de vouloir passer par-là à nouveau. Maintenant, si Bosco se décidait…

« On n'en est pas là, déclara-t-elle pour mettre fin au malaise, sans pour autant orienter le débat dans un sens ou dans l'autre.

- Oui, enfin, moi je dis ça…

- Tu t'emballes trop, Ma'.

- Oui, bon… Qui veut du dessert ? »

Le couple échangea un regard quand Rose se leva pour retourner en cuisine chercher la tarte dans le four. Faith lui offrit un sourire en secouant doucement la tête et Bosco sembla soulagé. Comme s'il avait eu peur que l'insistance de sa mère ne l'ait mise mal à l'aise.

« Bienvenue dans la famille, lui dit-il avec un sourire d'excuse.

- Je suis heureuse d'en faire partie. »

Faith se pencha vers lui, posa une main sur sa joue et l'embrassa.


Alors ? =)