Alors que je me dirigeais vers la salle de classe de divination, dans la tour nord de l'école, je repensai à la réaction de Drago, lorsque Fred m'avait embrassée. Plus le temps passait et plus j'appréhendais la moindre de ses réactions. Heureusement, le match de quidditch de cet après-midi me permettrait d'oublier tout ça.
Je grimpai une à une les marches de la tour. Le baiser de Fred me revenant en tête constamment, je sentais le rose me monter aux joues. Au bout de quelques minutes, essoufflée, je me demandai s'ils n'avaient pas perché aussi haut la classe de divination pour éviter que nous n'assistions au cours du professeur Trelawney. Je pratiquais la cartomancie depuis très jeune, et j'espérais sincèrement en connaître davantage sur la divination dans ce cours.
Lorsque j'entrai enfin dans la salle de classe, une odeur entêtante d'encens au patchouli m'emplit les narines. La salle ne contenait pas de pupitres comme dans les autres cours. Ici, il n'y avait que des petits guéridons recouverts de napperons colorés. La salle était décorée avec un goût particulièrement douteux. Je jetai mon dévolu sur une table excentrée et déposai mes affaires. Je sortis mon exemplaire de « Lever le voile du futur » de Cassandra Vablatsky, et commençai à le feuilleter.
Peu à peu les étudiants entraient dans la classe. J'étais étonnée de voir qu'autant d'élèves avaient choisi cette discipline. La divination étant vue par beaucoup comme étant hasardeuse, je m'étais dit que peu d'étudiants l'auraient choisie. Le jeune Gryffondor qui était à la table d'Hermione dans le cours de potions, s'installa à ma table, tout penaud. Il ne semblait pas du tout à l'aise dans cet environnement.
Notre professeure sortit enfin de son bureau, se présentant à nous. Elle était bien différente de tous les autres professeurs que j'avais vus jusqu'à présent. Le stéréotype même de ce que les moldus devaient imaginer lorsque l'on parlait d'une voyante. Une femme à qui l'on n'arrivait pas réellement à donner un âge, habillée avec des vêtements amples, aux tissus identiques à ceux qui habillaient ses guéridons. Elle portait une paire de bésicles aux verres aussi épais que des culs de bouteilles, ce qui donnait l'impression qu'elle avait de tous petits yeux. Elle parlait d'une manière si théâtrale que j'en venais à me demander comment j'arriverais à me concentrer en l'écoutant parler. Elle débuta son cours en se présentant et en développant sur le fait que les élèves n'ayant pas le don de voyance n'arriveraient à rien dans son cours. Voilà qui était dit. Maintenant, il ne restait qu'à voir si j'avais ce fameux «don» qu'elle évoquait.
Nous allions débuter le trimestre par l'étude des feuilles de thé. Je n'avais jamais testé cette technique. Nous bûmes chacun notre breuvage, puis, faisant tourner les feuilles plusieurs fois dans la tasse de la main gauche, nous la retournâmes contre la petite coupelle afin de pouvoir lire notre prédiction. Je pris la tasse de mon voisin, Neville, et commençai à étudier les signes qui s'en dégageaient. Il me regarda, tremblotant, comme s'il avait peur de ce que j'y lirais :
- Neville c'est ça ? Tu ne devrais pas t'inquiéter comme ça, je ne mords pas, promis, lui dis-je en plaisantant. Apparemment, lui n'était pas du genre à plaisanter. Mes mots ne le rassurèrent absolument pas.
- Oh, je n'ai pas peur de toi. C'est de cette tasse dont j'ai peur !
Je repris la lecture de sa tasse, en m'appuyant sur les descriptions de notre manuel, lorsque le professeur Trelawney s'avança à notre table. Toujours avec cet air théâtral, elle demanda à mon camarade si sa grand-mère allait bien. Il n'en fallait pas plus pour le déstabiliser. Où voulait-elle en venir ? En tout cas, elle n'avait pas son pareil pour mettre les gens dans un total état de stress. Notre professeur de divination passa de table en table, jusqu'à ce qu'elle s'arrête à celle de Harry. Ce pauvre Harry. Moi qui pensais que le sort s'acharnait sur moi, j'avais l'impression que je n'étais pas la seule dans ce cas. Elle prit sa tasse des mains de Ron, et la regarda quelques instants avant de lâcher un cri d'horreur, et de la reposer sur la table. Cette femme était exaspérante au possible. Elle lut au jeune Gryffondor, un présage de mort, rien de moins, sous la forme d'un sinistros. Pris de peur, Neville lâcha ma tasse qu'il tenait encore entre ses mains, celle-ci se brisant au sol. Je m'agenouillai près de lui pour l'aider à ramasser les morceaux. Il était tout tremblant. Je ne sais pas ce qui avait pu arriver à ce garçon, mais j'avais l'impression qu'il avait peur de tout, même de son ombre. Je lui pris la main, et passai mon pouce sur le dos de celle-ci pour le calmer. Il me regarda de ses yeux larmoyant.
- Tout va bien, Neville. Ne prends pas trop en compte ce que dit le professeur Trelawnay. Dans la divination, tout n'est qu'histoire d'interprétation.
- Elle m'a parlé de ma grand-mère et maintenant elle parle de la mort d'Harry…
- Ne prends pas tout pour argent comptant. Peut-être que ta grand-mère va parfaitement bien. Elle n'a rien évoqué d'alarmant en soi. Et pour Harry, c'est sa façon d'interpréter la tasse qui donne cette prédiction. Chacun y lira une chose différente, et surtout Harry.
Il se rassit, déposant les morceaux de porcelaine sur la table. Cette fois-ci, mes mots atteignirent leur but. Le jeune garçon semblait un peu plus détendu. Quant à ce cours, pour ma part, je restais dubitative. L'idée même d'étudier la divination m'avait exaltée, mais aujourd'hui, en voyant notre professeur, j'en venais à remettre en question mon choix.
Après plusieurs prédictions concernant une grande majorité de la classe, le cours se termina. Particulièrement déçue par cette première approche, je me demandais si je n'allais pas tenter de m'inscrire à un autre cours.
Cette longue, très longue matinée se terminait enfin. Je repassai au dortoir pour me changer et y déposer mes affaires de cours. Cette après-midi, j'allais assister au premier match de Quidditch de Gryffondor, et j'avais vraiment hâte de voir leur niveau. J'avais appris par notre maître des potions, que je ne pourrais pas postuler pour faire partie de l'équipe de notre maison, cette année. Et les cours de Quidditch n'étaient réservés qu'aux première année, ce qui me laissait peu de temps pour pouvoir monter sur mon balai. Moi qui attendais ça avec impatience, j'allais devoir me contenter de jouer les groupies.
Je troquai mon uniforme contre une tenue plus confortable ; le temps de cet après-midi n'annonçait rien de bon. Je me rendis dans la Grande Salle, et trouvai ma sœur et son amie, installées à la table des Poufsouffle pour manger.
- Mesdames, bien le bonjour. Puis-je me joindre à vous ?
L'idée même de devoir passer ce repas, seule, me donnait le cafard. Par chance, Marie accepta tout sourire.
- Je crois que nous n'avons pas encore eu la chance de nous présenter, dis-je à la petite blonde qui la côtoyait.
- En effet, je m'appelle Miyo, Miyo Pilgrim. Et tu es Pandore n'est-ce pas ? Marie me parle continuellement de toi !
- C'est bien ça, oui. Je suis contente que vous vous soyez trouvées, toutes les deux. On ne peut pas dire que j'ai autant de chance que vous. Les Serpentards sont si...
- Antipathiques ? Complètement. Je pensais que leur réputation était surfaite, mais apparemment je me suis complètement trompée.
Alors que nous échangions avec Miyo et Marie sur la partie de Quidditch qui allait se tenir cet après-midi, quelqu'un apparut juste derrière moi, appuyant ses mains sur mes épaules en enroulant une grosse écharpe rouge et jaune autour de mon cou. En relevant la tête, je reconnus les yeux noisette de mon jumeau préféré.
- Il ne fait pas si froid à l'intérieur, Mr Weasley.
- J'anticipe. Il est hors de question que tu m'encourages en portant les couleurs vertes et grises.
Faussement choquée, je lui donnai une tape sur le bras.
- Oh, tiens donc. Ma maison n'est pas assez bien pour toi, peut-être ?
Il s'installa juste à côté de moi, jouant du bout des doigts avec la petite mèche blanche qui entachait ma chevelure brune, et me regarda dans les yeux.
- Oh, mais toi tu es parfaite pour moi, Pandore.
Je me mis à piquer un fard, quand Miyo et Marie éclatèrent de rire, ce qui attira l'attention de plusieurs élèves des autres tables.
- Fred. Tu es le pire dragueur que la terre ait connue. Va-t'en avant qu'on ne commence à te lancer des trucs, lui envoya ma sœur.
- « Oh, mais toi tu es parfaite pour moi, Pandore », répéta Miyo d'une voix mielleuse.
Et elles rirent de plus belle. Leur fou rire devint contagieux, et je me mis à pouffer devant leurs grimaces. Fred, pas vexé le moins du monde, s'avança vers elle, un sourire en coin.
- Ah, les filles. Je me demande ce que Seamus dirait Miyo, s'il savait pour… et toi Marie ? Leur dit-il en leur lançant un clin d'œil.
- Quoi, Marie ? Lui demandai-je en me tournant vers la principale concernée.
Il se leva, me déposa un baiser sur la joue, me fit un de ses clins d'œil dont il était le maître, et partit sans un mot.
- Il s'en va après avoir lâché une bombe pareille. Bon tu peux développer, Marie ?
- Mais il n'y a rien, il a dit ça pour te faire marcher.
Je n'en croyais pas un mot, évidemment. Il allait falloir que je creuse la question. Pourquoi Fred était plus au courant que moi des amourettes de ma sœur ? Alors que nous reprenions notre conversation là où nous l'avions quittée, Miyo regarda au fond de la salle, interloquée.
- Je ne sais pas ce que tu lui as fait à celui-ci, mais il ne t'a pas quittée des yeux depuis que Fred est parti.
Ma sœur chercha des yeux de qui elle parlait.
- Oh, je crois que c'est lui, Drago, me dit ma sœur.
- Blond, l'air arrogant ?
Elles acquiescèrent à l'unisson.
- Oui c'est lui…
