.
"Il est dehors ?" je demande à Alice quand elle arrive le lendemain.
Elle me lance un regard satisfait.
"Je pense que quelqu'un est amoureux," se moque-t-elle.
"Ce n'est pas moi !" je nie.
"Je ne parle pas de toi quoique que cette robe soit très suggestive," dit-elle.
Je me regarde et soupire en regardant la robe portefeuille noire qui montre un beau mais décent décolleté.
"Ouais, déjeuner avec le Conseil aujourd'hui," dis-je.
"Et tu es le divertissement ?" plaisante Alice.
"Garce !" je halète.
"Gros mot, maman," dit Charlotte avec une respiration sifflante.
"Désolée Char," je grimace.
"Et elle n'en révèle pas tant que ça Alice," j'objecte.
"Je sais mais tu es sexy. Je te ferais… tu sais si tu n'étais pas ma sœur et que je sois attirée par les filles. Seigneur, il me faut un homme." Elle soupire.
"J'ai oublié à quoi ressemble le sexe," je songe à voix haute.
"Ses !" dit Charlotte.
"Je dois arrêter de lui apprendre ces choses ou je vais payer pour sa santé mentale ainsi que pour sa santé physique," dis-je ironiquement.
Un klaxon retentit à l'extérieur.
Je roule des yeux.
"Je jure que cet homme... " je me penche pour embrasser Charlotte. "On se revoit dans un petit moment, j'ai préparé ses affaires. A plus tard."
J'attrape mon manteau, mon écharpe et mon sac à main et il klaxonne à nouveau, deux fois, de façon prolongée pour que ça donne l'impression d'être une corne de brume.
J'ouvre la porte et me penche dehors.
"Retenez vos foutus chevaux, j'arrive !" je crie. Je retourne à l'intérieur et souris "Je vous vois bientôt toutes les deux. Bébé sois sage avec tante Alice."
Charlotte hoche la tête solennellement.
Je me renfrogne et retourne dehors face à un Edward tout aussi renfrogné, fermant la porte sur le rire d'Alice.
Je monte gracieusement dans la voiture.
"Ça vous a pris du temps. Maintenant nous allons être en retard," grogne-t-il.
"Je disais au revoir à ma fille," j'explique lentement comme si je parlais à un enfant de six ans.
"Je ne suis jamais en retard," dit-il laconiquement.
"Oh non ! Le monde est sur le point de disparaître. Le grand Dr Cullen est en retard au travail," je me moque.
Je me mords la lèvre pour ne pas rire et je regarde par la vitre à la place. J'adore le mettre en rogne.
Nous sommes arrivés cinq minutes en retard. Il a traversé cet hôpital, l'air tellement énervé que les gens dans l'ascenseur sont sortis quand il y est entré. Je suis juste montée calmement et me suis tenue à côté de lui, un sourire sur le visage.
Des choses comme ça font ma journée.
Le travail a commencé immédiatement. J'ai répondu aux appels téléphoniques et il a fait tout ce qu'il fait derrière ses portes closes, chiots ou stagiaires torturés ou battus, peu importe…
A neuf heures précises j'ai appuyé sur le bouton de l'interphone.
"Dr Cullen je vais au rendez-vous avec le Dr O'Connell maintenant," dis-je.
Il marmonne quelque chose d'inintelligble.
"Très bien alors. Je vais juste mettre le répondeur," dis-je en prenant cela comme une permission.
Je suis extrêmement choquée quand il sort de son bureau et reste à la porte à m'attendre.
"Je viens avec vous," dit-il comme si cela aurait dû être évident.
"Pourquoi ?"
"Pourquoi pas," riposte-t-il.
"Charlotte est mon enfant. Je dois y aller."
"Le Dr O'Connell est mon médecin. De plus, je lui ai donné ce cas."
"Elle n'a rien au cerveau," j'argumente.
"Et y a-t-il quelque chose qui ne va pas avec le vôtre ? " demande-t-il.
"Excusez-moi !" je halète.
"Bon nous sommes là en train de nous disputer alors que nous pourrions parler du traitement de l'enfant," dit-il.
Hum… il marque un point.
Comme si j'allais l'admettre un jour.
Je le frôle et me dirige vers l'entrée principale. Mais à partir de là, je suis perdue. Il fait un sourire narquois en passant devant moi et je n'ai pas d'autre choix que de le suivre. Je grogne dans ma barbe.
"C'était quoi ça ?" demande-t-il d'un air suffisant.
Je ne lui réponds pas.
Nous arrivons à la salle d'examen ou le Dr O'Connell attend avec impatience. Alice a l'air frustrée et Charlotte confuse.
"'Hé," dis-je légèrement en essayant de remonter le moral.
"Maman," hurle Charlotte. Je m'approche d'elle et lui fait un gros câlin. Son sourire a toujours rendu ma journée tellement meilleure. Après tout, j'ai fait tout ça pour elle.
"Ça va ?" je demande à Alice.
Elle tourne simplement la tête vers le Dr O'Connelll et roule des yeux.
Ah c'est ce médecin qui lui fait des misères. Je peux le voir. Je lui serre le bras avec sympathie et m'assois à côté de la table d'examen.
"Maintenant que nous sommes enfin tous ici, nous allons commencer. "Le Dr O'Connell pose un stéthoscope sur la poitrine de Charlotte et Charlotte s'éloigne d'elle.
"Il est trop froid, vous devez le réchauffer," dit Alice.
"Est-ce que je vous ai demandé quelque chose Dr Swan ?" dit-elle froidement.
"Non mais quiconque a une once de bon sens saurait que c'est trop froid pour un enfant," dit Alice.
"Alice," dis-je doucement essayant de la calmer.
"Qu'essayez-vous de dire Dr Swan ?" demande le Dr O'Connell le sourcil levé.
"J'essaie de dire qu'il faut réchauffer le stéthoscope ou elle refusera de coopérer."
"Sortez."
"Comment ? Non," J'interviens. "Alice est ma sœur. Elle est ma seule famille ainsi que celle de Charlotte. Elle reste ou je pars et j'emmène Charlotte avec moi et je retourne à l'hôpital d'Olympic Med. Ce genre de cas peut aider votre carrière, Dr O'Connell. Et je détesterai vous voir le perdre pour tout problème que vous avez avec la tante de Charlotte," dis-je.
"Ici à Forks General nous savons comment tuer les gens ou les faire revenir. Chez Olympic Med ils savent juste comment les tuer. Pourquoi confieriez-vous les soins pour votre fille à un hôpital comme celui-là ?" demande-t-elle.
"Ils travaillent bénévolement et ici vous ne le faites pas," dis-je doucement.
Le silence descend après ma déclaration pendant un bref instant.
Le Dr O'Connell fait glisser vigoureusement le stéthoscope sur son vêtement et le place avec précaution sur la poitrine de Charlotte. Elle le laisse là.
"Le rythme cardiaque est très irrégulier, j'entends un souffle important. Il n'y a manifestement pas assez d'oxygène qui passe. Sa dernière opération remonte à quand ? " demande-t-elle.
"Avant de quitter Boston, il y a neuf mois. Ils nous ont dit que c'était trop risqué de faire une autre chirurgie à moins que ce ne soit une greffe."
"Ça se comprend. J'ai vérifié auprès de l'UNOS. Vous êtes en cinquième position."
"C'est mieux que le mois dernier. J'étais en neuvième," dis-je.
"Je vais augmenter sa Ventoline à deux sprays toutes les quatre heures, ses traitements par nébuliseur toutes les six heures et je vais ajouter du Carvédilol et du Diovan, ainsi que continuer ses traitements à l'oxygène - mieux vaut plus que moins. De plus, je vais lui prescrire un appareil CPP à utiliser la nuit. Si elle s'aggrave ou a trop de difficultés à respirer pendant une longue période, hospitalisez-la immédiatement," dit-elle.
"Bien sûr."
"Puis-je vous parler dehors un moment ? Vous et le Dr Swan ?" demande-t-elle.
J'hésite.
"Je resterai avec elle," dit Edward.
Je le regarde avec méfiance.
"Allez," dit-il.
"Maman et Alice vont revenir. Sois sage avec le Dr Cullen."
Elle le regarde timidement sous ses gros cils.
Je sors et rejoins le Dr O'Connell et Alice.
"Qu'y-a-t-il?" je demande.
"Je ne vais pas tourner autour du pot. Elle est en phase terminale. Si vous n'avez pas de cœur, bientôt il n'y aura rien que nous puissions faire si ce n'est de la faire respirer artificiellement et même cela ne pourrait pas l'aider longtemps. C'est un miracle qu'elle soit arrivée jusqu'ici mais nous avons besoin de ce cœur. Hier."
Je le sais déjà mais l'entendre ne rend pas les choses plus faciles. En fait, ça les rend encore plus difficiles.
"Combien de temps ?" je m'étouffe.
"Quelques mois au maximum."
Je retiens un sanglot puis hoche la tête.
"Merci Dr O'Connell."
Alice m'attire contre elle.
"Tout ira bien, tu verras," dit-elle.
"Bon sang, ça va le faire," dis-je courageusement.
"Va dire au revoir à Charlotte avant que je la ramène à la maison."
J'ouvre la porte de la salle d'examen et je m'arrête net.
Car ce qui me fait face dans la pièce me surprend vraiment.
Charlotte s'est glissée sur les genoux d'Edward et il lui chante Itsy Bitsy Spider avec des mouvements de la main. Elle rit encore et encore et il fait toutes ces voix amusantes en chantant.
Qualité rédemptrice 1 : Edward Cullen aime les enfants.
"D'accord chérie, il est temps de partir avec tante Alice et tu sais quoi ?" je lui demande.
"Quoi ?" demande-t-elle.
"Tu vas voir Madame Esmée," lui dis-je.
Elle fait son grand sourire et je la serre dans mes bras à nouveau. J'envoie une prière pour que quelque chose de bien arrive. Je lutte pour garder mon sang-froid car je sais qu'Edward regarde depuis sa voiture où il m'attend pour le déjeuner.
"Tu vas t'amuser bébé," je m'étouffe. Je m'assure que son siège auto est correctement fixé et je ferme la portière après un dernier baiser. Je fais un petit sourire à Alice.
"Ça va aller," dit-elle fermement.
Je me racle la gorge.
"Bien sûr que oui," dis-je avec beaucoup plus de confiance que je n'en ressens.
Elle me serre et moi aussi. Elle est sans aucun doute mon plus grand soutien.
"Je t'aime, Alice," dis-je.
"De même."
"Il faut que j'y aille," dis-je.
Elle hoche la tête et je vais vers Edward qui une fois de plus attend impatiemment.
"Hé Bella !"
Je me retourne vers Alice.
"Souviens-toi Soeurs par hasard…"
"Meilleures amies par choix," je finis doucement.
Elle sourit et rentre dans sa voiture. Je la regarde partir, prends une profonde inspiration et affiche de nouveau un faux sourire pendant que je me dirige vers Edward.
"Désolée, nous ferions mieux d'y aller. Je sais à quel point vous détestez être en retard," dis-je d'un ton calme. Vous voyez je peux le faire. Je pourrai être une mère avec un enfant qui a des mois à vivre et aucune perspective qu'elle s'améliore et continue à travailler et d'être gentille et calme.
"C'est moi le patron. Je peux être en retard si je le souhaite," dit-il avec arrogance.
"C'est vrai mais il est quand même impoli de faire attendre les gens. Le ferons-nous ?" J'attrape la poignée de la portière en même temps que lui et nos mains se touchent. Je sursaute à l'étincelle vigoureuse qui monte dans mon bras.
"Vous m'avez électrocutée !" je l'accuse.
Edward a une expression bizarre sur le visage.
"Peut-être que c'est vous qui l'avez fait," contre-t-il.
Je roule des yeux.
"Peu importe. On peut y aller maintenant ? Il commence à pleuvoir et je ne veux pas avoir l'air de la gagnante d'un concours de T-shirt mouillé."
J'aperçois ses yeux s'égarer sous mon cou. Je ricane de mépris, je croise mes bras sur mes seins et me détourne de lui. Je lui laisse ouvrir ma portière et j'entre sans autre distraction.
Il s'approche de son côté et glisse gracieusement à l'intérieur. Il a un sourire suffisant sur le visage.
"Quoi ?" je demande.
"Rien."
"Pas rien. Vous avez ce sourire diabolique de mangeur de merde sur votre visage. Expliquez-vous." je demande.
"Croiser les bras comme ça..." Il montre ma poitrine. "Ça les rend juste encore plus visibles."
"Arrêtez de regarder !"
"Je suis un homme, Mlle Swan. J'aime les seins. C'est loin d'être un crime," rétorque-t-il, amusé.
"Eh bien, regardez les seins de Blondie. Elle avait un grand sourire pour vous," dis-je.
Il me regarde comme si j'étais un puzzle qu'il n'arrivait pas à comprendre.
"Je m'en souviendrai, Miss Swan."
"Faites-le. Maintenant, conduisez. Je suis affamée."
Il ne fait pas de commentaire et fait juste exactement ce que je lui ai dit de faire.
Eh bien, je suppose qu'il y a une première fois pour tout.
Quand il s'arrête devant mon ancien lieu de travail, je le regarde fixement.
"Sérieusement ?"
"Quoi ? Je mange ici tout le temps !" dit-il.
"Sérieusement ?" je répète.
"Oui, sérieusement."
"Sérieusement !"
"C'est quoi le problème, putain ?" crie-t-il de frustration.
"Vous m'avez fait virer de cet endroit et maintenant vous allez me ramener ici pour déjeuner avec peu importe qui et pour quoi ? C'est comme ça que vous prenez votre pied ?" Je demande.
"Je ne vous suis pas."
"Vous m'avez fait virer d'ici. Et maintenant je travaille pour vous. Ça ne vous fait pas paraître... je ne sais pas… capricieux ?"
"Ah, je vois. Non, je ne pense pas que ça me rende... quel est le mot que vous avez utilisé ?"
"Capricieux."
"Oui, capricieux. Non, ça ne me rend pas comme ça, quoi que ça veuille dire. Je pense que ça me rend intelligent.
"Comment ça ?" je demande.
"N'aimeriez-vous pas le savoir, Mlle Swan ?" demande-t-il.
Ensuite il sort de la voiture et j'ouvre ma portière en râlant. Je suis complètement surprise quand elle se referme assez brusquement et presque sur ma jambe. Je regarde par la vitre vers Edward qui est en train de faire pareil. Ensuite il rouvre et me tend la main. Je le regarde fixement, moi aussi.
"C'était quoi ce bordel ?" je demande à voix haute.
"Un gentleman ouvre la portière à une dame. Maintenant, prenez ma main pour que je puisse vous escorter jusqu'au restaurant," dit-il gentiment mais je peux entendre les sous-entendus acerbes.
Ah je vois. Les gens regardent. Je feins un sourire, oui, encore, et je prends sa main tendue.
"Comme vous le souhaitez, Monsieur," dis-je, à travers les dents serrées.
"Voilà. Maintenant, si vous pouviez toujours être aussi accommodante..." Il sourit.
Nous commençons à avancer et j'écrase accidentellement mon talon sur sa chaussure en cuir. Il grimace, lâche un juron et me regarde fixement.
"Oh, je suis désolée. Je suis tellement maladroite dans ces chaussures..." dis-je innocemment.
"Rentrons, d'accord ?" dit-il en serrant les dents.
L'hôtesse et Rose discutent quand nous entrons. Rose se retourne pour saluer Edward, un large sourire de bienvenue sur son visage... qui s'efface à la seconde où elle voit ma main sur son bras.
"Bella !" s'exclame-t-elle, ses yeux errant entre nous deux alors qu'elle essaie de comprendre pourquoi nous mangerions ensemble.
"Rose," dis-je de manière neutre, en essayant de ne pas être amère. Après tout, son travail ne rapportait pas grand-chose comparé à celui d'Edward.
"N'est-ce pas intéressant ," déclare-t-elle, pensant manifestement que nous sortons ensemble.
J'ouvre la bouche pour rejeter cette idée quand Edward prend la parole.
"N'est-ce pas, cependant ? Votre perte est certainement mon gain. Notre table est-elle prête ?" demande-t-il.
"Oui, bien sûr. Vos invités sont déjà arrivés. Vous avez un peu de retard," lui dit-il.
"On ne pouvait pas arriver plus tôt," répond-il, en la contournant et en m'escortant vers la table en question.
Quand nous arrivons, je suis ravie de voir l'homme gentil qui était là la première fois que j'ai rencontré Edward.
Pendant qu'Edward bavarde, cire les pompes ou je ne sais quoi, l'homme s'approche de moi.
"Bonjour ma chère, c'est un plaisir de vous revoir mais cette fois dans de bien meilleures circonstances."
Il rigole.
"C'est juste une question d'appréciation, Monsieur," je plaisante.
Il regardé par-dessus ma tête, là où Edward parle à trois hommes plus âgés.
"C'est un homme difficile à connaître mais il en vaut la peine," dit-il.
"Ouais, ok. Mais je travaille juste pour lui, donc tout ce que j'ai besoin de savoir c'est comment il aime son café et tout ça..." dis-je avec un sourire.
Il me regarde pensivement.
"Bien sûr, ma chère," accepte-t-il tout en me faisant comprendre qu'il n'est pas d'accord. Il me plait.
"Je semble avoir oublié mes manières, je suis Aro Volturi."
Son nom m'est familier mais avant que je puisse lui poser d'autres questions, Edward demande à tout le monde de s'asseoir. Ma place est directement à sa droite, tandis qu'Aro est à sa gauche. Je suis la seule femme présente. Cependant, personne ne semble regarder mes seins. Je ne sais pas si j'en suis soulagée ou insultée.
Ce sont de très beaux seins.
Quand le serveur arrive, je souris et saute de mon siège, sans me soucier du fait que tous les yeux sont sur moi. Je serre fort Riley dans mes bras et l'embrasse sur la joue.
"Tu es fabuleuse, Bella. Très sexy," me complimente-t-il.
"Merci."
"Comment va Charlotte ?"
Mon sourire quitte mon visage et je prends une profonde inspiration.
"Tout va s'arranger," dit-il.
"Pouvons-nous commander s'il vous plaît, ou est-ce trop demander ?" intervient Edward impoliment.
Je souris sympathiquement à Riley puis me retourne pour lancer un regard furieux à Edward.
"Arrêtez de faire le con !" lui dis-je.
Soudain, il n'y a plus de bruit. Vraiment aucun. Pas de bavardage, pas de voix étouffées, pas de cliquetis d'argenterie. Je crois même que personne ne respire. Je fronce les sourcils en regardant tout le monde. Qu'est-ce qu'il se passe ?
Tout le monde est trop occupé à me regarder avec une expression choquée sur le visage. Oh. c'est vrai. Non, personne ne répond à son Altesse. Je retourne m'asseoir, je pose ma serviette sur mes genoux en prenant une gorgée d'eau.
Je regarde Edward, droit dans les yeux. Ouais, tu ne m'intimides pas, connard.
"Commandons, d'accord ?" dit-il, en détournant le regard. Tout le monde prend ça comme une permission pour bouger.
Il penche sa tête près de la mienne. C'est parti.
"Le filet mignon est assez bon," me confie-t-il et ensuite il revient à son menu.
Je suis choquée.
"Je m'en souviendrai, Dr Cullen,"dis-je, répétant ses mots précédents prononcés dans la voiture.
"Je crains que nous ayons été interrompus plus tôt et je n'ai pas saisi votre nom," dit Aro.
"Bella Swan," dis-je en souriant chaleureusement.
"Swan…" fait-il avec une drôle d'expression sur le visage. " Vous lui ressemblez beaucoup," dit-il.
Je fronce les sourcils.
"À qui ?"
"Votre père. " répond-il.
Mon froncement de sourcils s'accentue.
"Oui et les ressemblances s'arrêtent là, je vous l'assure," lui dis-je aussi aimablement que je le peux. Ce qui n'était pas très aimable du tout. Mon "père" est un point sensible pour moi.
"Je ne suis pas si sûr de ça."
"Moi si," dis-je fermement.
"Il est... une force de la nature mais il veut bien faire," dit-il pour sa défense. Il ne pensait qu'à défendre les hommes aujourd'hui.
"Il m'a renié quand je lui ai dit que j'étais enceinte. Il m'a retiré tout soutien financier quand je n'ai pas voulu avorter. J'ai dû abandonner la fac de médecine mais ça n'a pas d'importance parce que j'ai ma fille."
"De qui s'agit-il ?" demande Edward.
Je supplie Aro du regard pour qu'il ne dise pas son nom.
"Quelqu'un que j'ai connu il y a longtemps..." explique-t-il.
Edward plisse les yeux avec méfiance mais heureusement la nourriture arrive et il laisse tomber.
Le repas se déroule sans problème et avant que je ne m'en rende compte, nous sommes sur le chemin du retour au bureau. Je regarde par la vitre alors que les immeubles défilent, perdue dans mes pensées.
Des pensées sur mon père, mon passé et Charlotte tourbillonnent dans mon esprit. Un futur sans mon bébé semble impossible mais malheureusement c'est très possible. Les larmes me piquent les yeux. Je sursaute lorsque la voiture s'arrête. J'essuie mes yeux et regarde autour de moi, choquée que nous soyons devant chez moi.
Je regarde Edward.
"Vous avez eu une journée plutôt éprouvante. Je pense que ce dont vous avez besoin c'est d'être à la maison avec Charlotte."
"Mais le travail..."
"Sera toujours là demain," dit-il fermement. "Maintenant allez-y, avant que je ne change d'avis."
Je prends mon sac à main, puis je lui souris, sincèrement, pour la première fois depuis que je l'ai rencontré.
"Merci," dis-je.
"De rien," répond-il avec un soupçon de sourire.
Je n'ai aucune excuse pour ce que j'ai fait ensuite. Je me penche vers lui et embrasse doucement sa joue.
"Non, vraiment. Merci." dis-je.
Il a l'air choqué. Je me mords la lèvre et sors de la voiture, en priant pour que ça ne me fasse pas virer.
Mais je ne pense pas que ça arrive car quand je me retourne, il est assis là, distraitement, à se frotter la joue.
Je me demande si ça brûle comme mes lèvres.
Je secoue la tête et chasse toutes les autres pensées de mon esprit.
J'ouvre la porte et je crie.
"Je suis rentrée !"
La personne la plus importante de ma vie me sourit et juste comme ça, plus rien d'autre ne compte.
