La seconde semaine de vacances commença de façon plus légère, les choses ayant été mise sur la table et acceptée, tous avaient pu retrouvé une attitude plus naturelle. La complicité entre les Gryffondor était redevenue ce qu'elle avait toujours été, bien qu'Hermione s'échappait parfois, soit physiquement, soit dans ses pensées. Les garçons semblaient avoir compris quand la laisser tranquille, Ginny leur avait parlé du mauvais sommeil de la jeune femme et particulièrement lorsqu'il pleuvait. Impuissant pour ça, ils essayaient de la distraire au maximum durant les journées.

Cependant, lorsqu'un orage éclata en fin de journée, le vendredi, ils entendirent un cri dans la chambre que partageaient les filles. Ils déboulèrent à toute vitesse dans la pièce et restèrent stupéfait devant le spectacle qui se déroulait devant eux.

-Hermione, Hermione, l'appelait Ginny, en vain, alors que la brune était replié sur elle-même, les yeux exorbités, les larmes roulant sur ses joues sans un bruit, se grattant le bras à l'endroit de sa cicatrice.

-Hermione, tu m'entends ? Demanda encore une fois la rousse.

-Qu'est-ce qu'on fait ?

-Va chercher les parents Gin.

Elle revint deux minutes plus tard avec Molly, Arthur, George et Bill.

-Elle ne répond pas, leur dit Harry qui avait essayé à son tour de lui parler.

-Hermione, tenta Molly. Mais elle n'obtint pas plus de réaction.

-Qu'est ce qu'elle a ? Paniqua Ron.

-C'est l'orage, les informa Ginny, c'est l'orage qui lui fait ça. Je l'ai déjà vue comme ça.

-Pourquoi ? S'inquiéta Arthur

-A cause de ce qu'il s'est passé au Manoir, réalisa Harry dans un Manoir des Malefoy, avec Bellatrix. Il y avait de l'orage.

Ron sembla comprendre à son tour et s'approcha de son amie, comme pour la protéger. Tous les deux essayèrent de parler à la brune, de la rassurer mais rien ne sembla y faire.

Au bout d'une demie-heure, ils désespèrent de pouvoir aider la jeune femme et l'orage ne semblait pas décider à se calmer.

-Bon Ginny, comment ça s'est passé la dernière fois ?

-On était dans la salle commune, l'orage a éclaté, elle s'est figée et elle a eu ce regard qu'elle a maintenant, on voyait qu'elle paniquait et...

-Et ?

-Et bien je ne sais pas ce qu'il y a eu ensuite.

-Comment ça ?

-Elle est sortie de la salle commune.

-Au moins elle réagissait, commenta George.

-Pas vraiment en fait.

Puis, voyant que tout le monde attendait qu'elle poursuive, elle ajouta :

-Drago est venu la chercher.

-Drago ? Malefoy ? Demanda Arthur,surpris.

-Oui, confirmèrent les trois Gryffondor.

-Pourquoi Drago Malefoy aiderait Hermione ? S'exclama Molly.

-Ils sont amis, dit Ron, enfin plus ou moins.

-C'est compliqué, poursuivit Harry.

-Le cadeau, c'était de lui, conclut Ginny.

-Bon, alors on sait quoi faire.

Tous regardèrent Bill.

-Il faut aller chercher Drago, lâcha-t-il.

Bien que perdu par toutes les informations et inquiet pour Hermione, Molly et Arthur se bougèrent rapidement pour ramener le jeune homme. Le dernier envoya un Patronus à Miverna McGonagall en tâchant de lui expliquer la situation le plus simplement, puis la matriarche des Weasley parti pour Poudlard, une fois que la directrice eut ouvert la cheminée de son bureau. Elle revint rapidement avec le Serpentard, celui-ci n'avait pas eu besoin de beaucoup de temps pour se décider. Dès que la directrice l'avait convoqué et qu'il avait vu Madame Weasley dans le bureau, il avait compris qu'il y avait un problème. Dès que la femme devant lui avait mentionné Hermione et l'orage qui tonnait chez eux, il l'avait suivi sans discuté.

Lorsqu'ils arrivèrent au Terrier, il se retrouva devant des têtes bien connues, essentiellement rousses et il sentit le malaise s'insinuer en lui.

-Bonjour Drago, le salua Ginny, tout naturellement.

-Où est-elle ? Demanda-t-il sans s'embarrasser de politesse.

-Première porte à droite, au premier étage.

Il se précipita aussitôt dans la direction qu'elle lui avait donné.

-Tu es sur de ton coup ? Demanda Ron à sa soeur en regardant le Serpentard disparaitre à l'étage.

-Certaine. Faite lui confiance. Ou faites confiance à Hermione.

Une demie heure passa sans qu'un bruit se fit entendre, plusieurs fois Ginny dut retenir sa mère, son frère et Harry de monter voir. Puis, le bruit la porte se fit entendre et ils virent Drago redescendre.

-Elle arrive, se contenta-t-il de dire en haussant les épaules. Mal à l'aise, il fourra ses mains dans ses poches.

-Comment va-t-elle ?

-Mal, Potter, je vais pas te mentir. Mais elle y arrive. Elle est forte.

Il avait dit ça calmement, comme s'il parlait à une vieille connaissance plus qu'à son vieil ennemi.

-Je suis désolée, dit Hermione, en entrant dans la pièce à son tour.

-Oh non ma chérie, ne sois pas désolée enfin, tu n'as rien fais de mal, s'écria Molly en se précipitant vers elle pour la prendre dans ses bras.

-Non, intervint Drago. S'il vous plaît, laissez lui de l'espace, elle en a physiquement besoin.

La surprise se peignit sur le visage de la femme mais elle respecta la demande, polie, du jeune homme et recula d'un pas.

-Désolée Molly, souffla Hermione.

-Ce n'est vraiment rien ma chérie. Venez vous asseoir tous les deux, si vous voulez bien.

Elle adressa un sourire à Drago et il la suivit pour se retrouver assis en face des deux meilleures amis de sa brune et à côté des deux autres frères Weasley. Il avait reconnu George, l'autre devait être Bill au vu des cicatrices qu'il avait sur son visage. Au bout de la table, le père était assis et Drago se souvint qu'il s'appelait Arthur et que son père aimait l'humilier. Il sentit aussitôt la culpabilité l'enserrer. Heureusement, Ginny s'installa à l'autre bout de la table et invita Hermione à s'asseoir à sa droite, à la gauche du blond.

-Ça été Noël Drago ? Demanda la jeune femme, toujours aussi souriante et motivée à détendre l'atmosphère.

-Oui, très bien.

Le silence se réinstalla.

-Et pour vous ? Poursuivit-il.

-Très bien aussi, répondit Harry, contre toute attente. On s'est gâté les uns les autres.

Il était poli, calme, d'ailleurs il semblait tous plutôt calme face à la bizarrerie de la situation et il se demanda ce qu'il savait exactement.

-Hermione a beaucoup aimé ses cadeaux, rajouta Ginny, taquine.

Il se tourna vers la concernée et ne put retenir un sourire lorsqu'il vit le lion d'or autour de son cou. Il n'avait pas pris le temps de faire attention jusque là mais il était ravi qu'il lui plaise. Elle lui sourit en retour et discrètement, il releva sa manche sous la table. Elle sourit un peu plus en voyant le bracelet en cuir qu'elle avait choisi pour lui. Les lanières de cuir s'entremêlaient à la manière de serpents qui s'entre-dévorent, il était nuancé dans des tons noirs, gris et vert foncé. Elle avait trouvé son cadeau un peu ridicule mais apparemment, il lui avait plu. Ils échangèrent un long regard et les garçons fassent à eux comprirent ce que Ginny leur avait expliqué. On aurait dit qu'ils se parlaient sans un mot.

-Drago, tu veux manger quelque chose ? Proposa Arthur, cordial, et complètement imperméable à ce qu'il venait de se passer sous leurs yeux, tout comme Molly.

-Non, merci, Monsieur Weasley, c'est gentil.

-Appelle moi Arthur, je t'en prie.

-Comment va ta mère Male...Drago ? Demanda Harry. Le lapsus n'était pas passé inaperçu mais il apprécia l'effort, d'autant plus que la question était posée avec un réel intérêt. Harry Potter était intervenu en la faveur de sa mère lors de son procès, il l'avait défendue avec ferveur, assurant que sans elle il ne serait plus en vie. Il avait fait de même pour lui, ce qui méritait au moins son respect.

-Bien, très bien. Elle s'est débarrassé du Manoir et a acheté un cottage près de Bristol, elle s'occupe de son jardin et elle apprend à cuisiner.

-C'est bien qu'elle puisse faire ce qu'elle aime, dit Molly.

-Oui, ça la change.

-Et ton père ? Osa Arthur.

Lucius Malefoy était à Azkaban, qui n'était certes plus surveillés par des détraqueurs mais restait malgré tout un endroit lugubre et angoissant. Il y passerait sans aucun doute le reste de sa vie.

-Je ne sais pas, je ne l'ai pas vu depuis son procès.

Hermione le savait, il lui en avait parlé.

-Ah bon ? Interrogea Ron.

-J'avais besoin de...d'avancer, de tourner la page. Sans lui.

-Il faut faire ce qui est le mieux pour toi.

-Fais attention, Hermione, j'ai l'impression de m'entendre.

-Apparemment, tu ne dis pas que des idioties.

-Je ne dis pas d'idioties.

-Ah, là je reconnais le Malefoy qu'on a connu ! Rit George. Prétentieux et altier.

-George ! Excuses-toi.

-Ce n'est rien Madame Weasley, je ne peux pas m'offusquer des paroles d'un Gryffondor, rétorqua Drago, le sourire aux lèvres.

George rit de bon coeur, tout comme Bill, Arthur et Ginny, même Harry et Ron eurent un franc sourire.

-Tu dis ça alors que tu es dans une fausse aux lions, pour infos, l'informa ce dernier.

-Je prend le risque.

-Du courage chez un Serpentard ? Poudlard a vraiment changé alors !

-Tu n'as pas idée, Potter. Je dors plus ou moins dans ton lit alors tu vois, niveau changement.

-Celui au centre, près de la fenêtre, sur la droite ?

-Non, là c'est Blaise, Théo sur sa droite, puis moi sur sa gauche et en face...

-Neville, Dean et Seamus ?

-Oui.

-Blaise dors dans mon lit alors.

-Tu dors dans le mien.

-Génial, soupira faussement le blond.

-J'espère qu'ils ont changé les draps, je dormais avec un faux rat jusqu'en troisième année.

-Ron !

-Pardon Maman. Elle n'aime pas qu'on parle de lui, souffla-t-il au blond.

La discussion se poursuivit dans la nuit, l'ambiance se réchauffant à mesure que le temps passait. Finalement, Drago avait accepté un bout de gâteau puis en avait repris, comme les autres. L'orage semblait être passé et la brune à côté de lui semblait calmée. Cependant, il restait inquiet pour elle aussi, lorsqu'elle quitta la pièce pour aller se rafraîchir, il se tourna vers les trois Gryffondor de sa génération.

-Ecoutez, elle va vous faire croire que ça va, elle va sourire et rire. Vous la connaissez, je ne vous apprend rien en vous disant qu'elle fera passer tout le monde avant elle. Surveillez son regard, s'ils se voilent c'est qu'elle a peur, si ses yeux s'agrandissent c'est qu'elle panique ou qu'elle étouffe. Ne la forcez pas à parler, n'insistez pas, laissez la venir à vous.

-D'accord, dit Ginny.

-On avait du mal à y croire, quand Ginny nous l'a expliqué, commença Ron, mais tu veilles vraiment sur elle.

-Et elle avait raison, poursuivit Harry, vous vous comprenez.

-Oui.

-On va essayer de faire comme tu as dis.

-Bien.

-Drago, intervint Molly, tu voudrais rester avec nous pour le week-end ? Avant que vous ne rentriez à Poudlard avec Ginny ?

Pris de court, le jeune homme ne sut quoi dire.

-Il y a de place, maintenant que les garçons ont presque tous quitté la maison, continua-t-elle.

-Je ne voudrais pas vous déranger, Madame.

-Molly, je t'en prie. Tu ne nous déranges pas.

-Ca ferait peut être du bien à Hermione, dit Ginny.

-Et puis... On apprendrait éventuellement à se supporter, ajouta Ron.

-Tu n'es pas obligé pour autant.

-C'est à Hermione de décider.

-Décider quoi ? Demanda l'intéressée qui avait enfilé son pyjama.

-J'ai proposer à Drago de rester, pour le week-end.

-Tu veux ?

Elle regarda longuement le blond, cherchant à savoir s'il avait envie de rester ou s'il se forçait pour elle. Il hocha imperceptiblement la tête.

-Oui, ce serait sympa que tu restes.

-D'accord alors.

-Je vais te préparer l'ancienne chambre de Charlie, s'extasia Molly.

-Attends Maman, moi je vais rentrer, intervint Bill en se levant, il est tard et Fleur m'attend.

-Oh d'accord mon chéri.

Elle embrassa son fils et monta, tandis qu'il faisait le tour de la table pour dire au revoir. Arrivé au blond, il lui tendit la main avec le même sourire qu'aux autres hommes de la pièce.

-A bientôt, Drago.

Il hocha la tête simplement la tête en réponse, appréciant la cordialité de l'homme face à lui et de toute sa famille. Tout ça était vraiment très différent de ce qu'il connaissait et il avait l'impression de planer en dehors de la réalité. Il était assis chez les Weasley, avec Harry Potter et la fratrie. Il allait dormir chez les Weasley. Si son père voyait ça.

-Tu souris, constata Hermione.

-Je pensais à mon père, je me demandais la tête qu'il ferait en me voyant ici. Sans critique, Monsieur, ajouta-t-il à l'intention d'Arthur. Je vous suis très reconnaissant de votre accueil.

-Arthur, sourit l'homme, et sincèrement je pense que sa tête me ferait rire aussi.

-On peut faire une photo et lui envoyer si vous voulez, proposa George.

-C'est le meilleur moyen de l'achever je pense, rit Drago. Excusez-moi, je dois vous paraître cynique.

-Pour être honnête, j'aurais plutôt dit impressionnant.

-Merci Mon...Arthur.

-Voilà, vos chambres sont prêtes, on devrait tous aller dormir. Drago, la tienne est après celle d'Harry et Ron, ils vont te montrer.

-Merci Molly, c'est très gentil.

-Avec plaisir mon chéri.

-Je crois qu'elle va t'adopter aussi, souffla Ginny à son intention.

-Aussi ?

-Comme Harry et Hermione.

-Ah.

-Allez viens Malefoy, on va te montrer ta chambre.

-Ronald !

-Quoi ? Ah oui, désolé. Drago.

-C'est rien, les habitudes ont la dent dure.

Ils montèrent tous, George en tête. Il rejoignit son ancienne chambre, qu'il occupait le temps des vacances, Ginny souhaita à son tour bonne nuit à tout le monde et entra la chambre qu'elle partageait avec Hermione.

-Bonne nuit, dit celle-ci aux garçons, bien qu'elle ne regardait que Drago. Et merci.

-Pas de quoi. Bonne nuit, Princesse des Bouffondors.

Elle sourit, un peu gênée par les regards de ses deux meilleurs amis qui les observaient. Elle entra dans sa chambre à son tour, laissant les trois garçons seuls.

-Voilà, ta chambre est juste là et nous on est à côté, si t'as besoin d'un truc.

-Merci.

-Merci à toi... Pour Hermione, je veux dire.

-Elle en fait autant pour moi.

-Ah bon ? S'intéressa Ron.

-Elle m'a défendu face à Daphné et les autres.

-Sérieux ? Pourquoi ?

-Ils n'arrivaient pas à comprendre... Tout ça, et elle oui. Ils m'oppressaient, sans le vouloir, alors elle a parlé pour moi.

-Un peu comme toi pour elle, finalement. Ou Ginny.

-Ginny a compris certains trucs oui, et je ne vous ai pas dit grand chose à vous, j'ai juste...Elle avait besoin d'un truc et je pouvais lui apporter.

-Nous on ne peut pas.

C'était une constatation, pas un reproche mais Drago se sentit désolé pour eux. C'était pareil avec ses amis, ils ne pouvaient pas lui apporter ce dont il avait besoin, seule Hermione y arrivait.

-Vous n'êtes pas inutiles pour autant. Vous lui apportez des bonnes choses, comme mes amis m'apportent de bonnes choses mais il y a des choses... Cette noirceur, comme elle l'appelle, vous ne pouvez pas la comprendre.

-Je n'aurais jamais pensé dire ça... Mais je suis content que tu sois là pour elle, dit Harry.

-Morgane, le monde ne tourne plus rond, ricana Drago.

-Drago Malefoy dors dans la chambre de mon frère, il aide ma meilleure amie, on peut définitivement dire que rien ne va plus.

Sur ces dernières paroles, ils se dirent bonne nuit et allèrent se coucher.

Moins d'une demie-heure plus tard, la porte de la chambre du blond s'ouvrit.

-Je savais que tu viendrais, dit-il.

-Ca ne te dérange pas ?

-Je ne dors pas Granger, tu le sais pourtant. Viens t'asseoir.

Elle obtempéra, en restant à bonne distance de lui.

-Alors, tes vacances ?

Il se lança dans le récit de son noël et de tout ce qu'il avait fait, avant de l'écouter à son tour.

Sans s'en rendre compte, ils se sentirent tous les deux beaucoup mieux, seuls assis à discuter dans le noir, ensemble.

Et voilà ! J'espère que ces chapitres vous ont plus, qu'ils n'ont pas été trop descriptif ou trop guimauve, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !

A tout bientôt, Nalia