Yo ! Merci beaucoup à Ya et à Mijoqui pour leurs commentaires !
Encore 500 mots pile poil. Et j'ai même pas eu à supprimer des trucs cette fois.
Jour 8 : Mascarade
La faune
Six autour d'une table. Une ambiance de vieux casino, ça papote et ça rit. Ça joue.
« Tu bluffes, La Mouette. »
Son demi-masque, blanc descendant en un bec jaune, laisse quand même voir son sourire. Deviner, plus tôt. Elle prend une gorgée de son cocktail à la paille, pose ses jetons. Sans un mot. Ses yeux bleus pétillent. Sur son jean délavé, les tâches de peinture s'accumulent. Elle est venue là juste après l'atelier.
« Je rêve ou La Hyène a peur ? »
Celle qui a lancé ça, la voix brûlante comme une tartine de tabasco, c'est La Cigale. Elle s'est peut-être changée, mais elle a gardé sur elle les paillettes de la danse, l'odeur du bar et de la sueur. On l'appelle La Cigale parce qu'elle parle aussi bien qu'elle chante, parce qu'on croit qu'on pourrait l'écouter des heures et se laisser charmer par les émeraudes qui lui servent d'yeux.
« On joue pas à la parlante, La Cigale. C'est ton tour, tu suis ou tu te couches ? »
Aussi parce qu'elles trouvent toujours à se contredire, avec La Fourmi. Elles sont un drôle de duo, les deux brunes. La Cigale avance ses jetons, La Fourmi couche ses cartes. Le rire de La Hyène les entoure.
« Tout ça pour ça ? Vous êtes drôles, vraiment drôles. Au fait, La Chienne, on m'a donné un boulot pour toi.
— Quoi, comme boulot ? »
La Chienne, elle joue un peu distraitement. Les yeux marrons, la peau mate, brune, en tailleur pantalon du même anthracite que son demi-masque, elle serait presque discrète. Le jeu continue sans elle, elle pose un coude sur la table, rallume sa cigarette. La blonde, La Hyène, fait glisser un bout de papier sur le tapis de jeu. La lionne rugit, sa tignasse rouge s'agite quand elle dit que La Hyène triche — ce qui est vrai, La Hyène triche toujours un peu. La Chienne déplie le papier, se lève pour atteindre le cendrier au milieu de la table. Elle regarde sa cendre tomber au ralenti avant de récupérer sa cigarette.
« Je me couche. Faut que je bouge.
— Mais le mardi soir, c'est sacré.
— Parle pas de sacré avec moi, Fourmi. Ça finit jamais bien. »
La Fourmi plie la bouche, vexée, et La Lionne termine le jeu en abattant ses cartes. La Hyène prend la mise, La Cigale se lève pour remplir son verre. Elle laisse la bouteille sur la table. La Fourmi rapproche le cendrier d'elle, en vengeance, et La Mouette fait :
« Aaaah. »
La Mouette ne parle pas. C'est la plus bizarre. La plus secrète. Personne ne se souvient d'où lui vient son nom, mais il lui va bien. Elles ont toutes vécu ça. Les limbes de l'inconscient, et puis sa voix. Comme une femme à la mer qui entend le chant de la mouette et reprend espoir. Une ligne de vie.
« OK, je reste. Mais demain, je m'occupe du frère de La Lionne, et Fourmi m'accompagne. »
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Est-ce que vous avez pu repérer qui est qui ?
Je sais pas, j'avais juste envie de cette petite ambiance de partie de cartes avec alcool et tabac.
Oh, je trouvais pas de tire et je sais pas, j'ai pensé à la chanson Amazones de Héro écho (extra, mille fois extra, à écouter et ré-écouter), où y a la phrase « Si tu erres sur les terres des Amazones … Tu fais partie de la faune, ici les rois perdent la tête ».
A demain !
