Hey, j'espère que vous allez bien ! Comme promis, voici un petit Victorian Johnlock. Plus d'infos après les RAR.
RAR
Katymyny : Merci, contente que ça t'ait plu ! C'est vrai que le titre est plutôt explicite. Mais c'est pareil dans la nouvelle sauf qu'Arthur Conan Doyle a ajouté une subtilité que je n'ai pas gardée dans son texte qui fait qu'on est surpris quand même. Je ne sais pas si tu as lue cette nouvelle alors, je te laisse le loisir de la (re)découvrir.
Ariniet (guest) : Merci pour ta review. Contente que ça t'ait plu !
TITRE : Non-dits
SITUATION : Les 3 Garrideb, inspiré d'une phrase prononcée par Holmes dans L'aventure du pied-du-diable (oui, oui encore, elle fait partie de mes favorites) : « Je n'ai jamais aimé, Watson, mais si j'aimais et si la femme que j'aimais mourrait de la sorte, je pourrais fort bien me comporter comme notre chasseur de lions » (ledit chasseur avait tué un homme pour venger le meurtre de la femme qu'il aimait).
PAIRING : Johnlock
DISCLAIMER : L'univers et les personnages de Sherlock Holmes ne m'appartiennent pas. Ils sont la propriété de Sir Arthur Conan Doyle.
RESUME : Rentré à Baker Street après avoir été blessé, Watson est pris d'un doute. Une phrase prononcée par Holmes quelques années auparavant lui revient…
Cet OS est inspiré du canon holmésien et non de la série. Pour ceux qui n'auraient pas lu, voici un petit topo : les 3 Garrideb est une nouvelle disponible dans le recueil Les Archives de Sherlock Holmes où, après avoir deviné la supercherie se cachant sous la recherche de trois individus mâles du nom de Garrideb, Holmes décide de confronter le faux-monnayeur qui avait organisé cette machination dans le but de récupérer une machine qui, justement, lui permettrait de fabriquer de faux billets. Alors qu'ils le surprennent en train de récupérer son attirail, Watson reçoit une balle dans la jambe. Holmes, pour l'une des seules fois de sa vie, montre toute l'affection qu'il porte à Watson en faisant preuve d'inquiétude à l'égard de son ami.
Je vous retranscris la scène concernée ci-dessous :
« Vous n'êtes pas blessé, Watson ? Pour l'amour de Dieu, dites- moi que vous n'êtes pas touché !
Cela valait bien une blessure, beaucoup de blessures, de mesurer enfin la profondeur de la loyauté et de l'affection qui se cachaient derrière ce masque impassible ! Pendant un moment je vis s'embuer les yeux durs, et frémir les lèvres fermes. Pour la première fois de ma vie , je sentais battre le grand cœur digne du grand cerveau. Cette révélation me paya de toutes mes années de service humble et désintéressé.
– Ce n'est rien, Holmes. Une simple égratignure.
Il avait déchiré mon pantalon avec son canif.
–Vous avez raison, s'écria-t-il en poussant un immense soupir de soulagement. La blessure est très superficielle…
Son visage prit la dureté du silex quand il se tourna vers notre prisonnier [NOTE : Killer Evans, le fameux faux-monnayeur, qui se dressait sur son séant avec une figure ahurie.
–Cela vaut mieux pour vous. Si vous aviez tué Watson, vous ne seriez pas sorti vivant de cette pièce. »
[D'après Arthur Conan Doyle, Les Archives de Sherlock Holmes, 1927]
Le OS prend donc place quelques jours après les événements de la nouvelle.
Au cours de ma longue amitié avec Sherlock Holmes, j'ai souvent partagé mon admiration et ma loyauté envers celui que j'ai toujours considéré et ne cesserai jamais de voir comme l'homme le plus sage et le plus extraordinaire qu'il m'ait été donné de rencontrer. Je dois cependant avouer qu'il m'est souvent arriver de rayer des lignes et des lignes que j'avais écrites, emporté par ma plume, que j'ai souvent retenu mon verbe, de peur de ne laisser entrevoir ce que je ressentais réellement pour lui.
Je ne sais si c'était la crainte du regard de la société sur mes penchants illicites, la peur des conséquences qu'une telle imprudence de ma part pourrait entraîner ou tout simplement la peur qu'il ne le découvre, qu'il se rende compte de tout et qu'il me demande de partir qui m'effrayaient le plus. Toujours était-il que personne ne sut jamais à propos des sentiments que je nourrissais à l'égard de mon colocataire, personne sauf ma regrettée Mary, ma confidente et amie.
Personne et en particulier le principal concerné. Je savais quelle répulsion il avait de l'amour, quelle futilité il lui accordait et quel mépris il lui portait. Peut-être que mon attitude vous paraîtra lâche, mais je préférais alors l'aimer en silence, en secret, plutôt que risquer l'amitié que je n'aurais jamais espéré obtenir de lui en lui révélant la profondeur de mes sentiments, plutôt que de m'aventurer à le perdre pour une passion qu'il ne me rendra jamais.
Et pourtant… pourtant, ce jour-là lorsque nous rentrâmes à Baker Street après avoir confondu Killer Evans, j'eus la première fois depuis les débuts de notre collaboration un sursaut d'espoir. Assis dans mon fauteuil après que Holmes se soit occupé de soigner ma blessure – j'avais eu beau lui répéter quelle était bénigne, il avait insisté ! – je me souvins de cette phrase qu'il avait prononcée cinq ans plus tôt.
« Je n'ai jamais aimé, Watson, mais si j'aimais et si la femme que j'aimais mourrait de la sorte, je pourrais fort bien me comporter comme notre chasseur de lions».
Il avait admis qu'il aurait pu tuer par amour. Mon cœur s'emballait à cette simple idée car il avait laissé entendre, très clairement, qu'Evans ne serait pas vivant si j'avais été tué.
Je n'osais pas croire que ce que j'imaginais puisse être vrai. Que ce fut possible. Qu'il puisse, par un miracle inexpliqué, me rendre mes sentiments. Je devais délirer et cet espoir, cet espoir qui grandissait et gonflait mon cœur n'était qu'une illusion. J'étais peut-être un incorrigible romantique et un grand rêveur mais j'étais aussi quelqu'un de rationnel. Mes désirs ne pouvaient être réalité. Je connaissais Holmes mieux que personne. Je savais que c'était impossible. Et pourtant l'espoir ne me quittait pas. Il grandissait, m'obsédait et prenait toujours plus de place. Je ne pensais qu'à ça.
Mais je n'étais pas certain de vouloir connaître la vérité. C'était lâche, je le savais. Pendant plusieurs jours, je m'enfermais dans un mutisme que Holmes ne semblait pas vouloir briser. Il avait lui aussi l'air préoccupé par je ne savais quel problème et même si nous ne recevions aucune proposition d'enquêtes, il ne m'apparaissait pas comme replongeant dans ses vieux démons dont, à mon grand damne, je ne parvenais à l'en tirer. J'avais l'impression que les sombres pensées qu'il ruminait l'occupaient trop pour qu'il songe à l'ennui que l'inaction provoquait chez lui. J'étais moi-même trop angoissé pour y faire vraiment attention.
Cet espoir me rongeait tout autant qu'il faisait battre mon cœur. Je savais que cette situation ne saurait s'éterniser sans qu'elle ne finisse par me rendre fou. Mais j'avais trop peur des conséquences qu'un aveu, une confrontation pourraient provoquer.
Le 221B fut beaucoup trop silencieux ces derniers jours. Mrs Hudson finit d'ailleurs par se rendre compte que quelque chose n'allait pas, un matin en m'apportant un thé. Holmes était sorti, me laissant seul avec mes pensées.
« Vous avez une mine bien triste, Dr Watson. Quelque chose vous tracasse, n'est-ce pas ?
Je souris à notre logeuse. Elle avait toujours fait montre de sollicitude à mon égard et à celui de Holmes. Je soupçonnais qu'elle nous considérât lui et moi comme les fils qu'elle n'avait jamais eus.
– Ce n'est rien.
– Holmes et vous vous seriez-vous disputés ?
Elle dut percevoir à l'expression sombre qui s'afficha sur mon visage que le cœur du problème était bien mon cher détective. Je fis cependant un signe de tête sans m'épancher sur les raisons de mon tracas. Comment le pourrais-je ? Même si Mrs Hudson était devenue, avec le temps, l'une de mes amies, je ne pouvais décemment pas lui confier mes penchants illicites. J'ignorais si, comme le reste du monde, elle les considérait comme un crime. Et je savais que dans ces cas-là, toutes les amitiés du monde ne sauraient me sauver.
– Vous devriez lui parler, docteur. Peu importe de quoi il s'agit.
Je savais qu'elle avait raison. Je me préparai alors au retour de Holmes à lui faire part de mes doutes. Je prendrai le risque. Mais je ne pouvais pas laisser la situation s'envenimer un peu plus.
J'étais assis dans mon fauteuil, face à la cheminée, pensif, quand il rentra. Sans savoir vraiment pourquoi, pris d'une impulsion soudaine, je me levai d'un bond pour lui faire face. Il m'adressa un regard intrigué et je ne pus m'empêcher de le détailler.
Même si les années avaient passé depuis la première fois que je l'avais aperçu, ce jour gris de ma vie dans les locaux de l'hôpital St Barts, dans la fleur de l'âge, mon cœur ne battait pas moins vite et moins fort pour ses cheveux noirs et soyeux que je rêvais de caresser, pour ses traits ciselés et volontaires, pour ses yeux d'acier pétillant d'intelligence, mais plus sombres, plus graves, depuis son retour des chutes de Reichenbach, pour sa silhouette gracile et mince, pour ses lèvres fines que je rêvais d'embrasser, ses mains pourvues de doigts longs et fins que je rêvais de tenir entre les miennes. J'avais, chaque fois que je le voyais, l'impression de tomber un peu plus amoureux de lui.
Lorsque je croisai son regard, ma gorge s'assécha soudainement. Je déglutis et avant que le courage ne m'ait définitivement quitté, je déclarai :
– Il faut que nous parlions.
Je vis s'allumer une lueur de tristesse et peut-être de peur dans son regard, en même temps que de la résignation. Je me demandai s'il savait de quoi je voulais m'entretenir avec lui. S'il l'avait deviné et si ces émotions, qui jamais ne transparaissaient chez lui, étaient une résultante de cela. Il ne me laissa pourtant pas le temps de m'expliquer.
– Je savais que vous finiriez par vous en apercevoir, lâcha-t-il d'une traite, comme s'il avait peur de ne pouvoir s'exprimer s'il s'arrêtait. Malgré toutes les fois où je rabaissais vos talents de déduction, je sais que vous êtes quelqu'un d'intelligent, Watson. Je savais qu'un jour où l'autre, vous le devineriez. J'ai été fou de croire que je pouvais vous le cacher. Mais je ne m'imposerai pas, je partirai si c'est ce que vous voulez…
– Je ne veux pas que vous partiez, Holmes, le coupai-je, incapable de me retenir.
Je ne pouvais pas le laisser. Il s'était interrompu et me lançai un regard perdu, abasourdi. Je souris.
– En vérité, je ne suis pas certain de supporter une seconde fois que vous disparaissiez de ma vie. Ces trois années sans vous ont été les pires de toute mon existence, Holmes. Je ne vous enverrai pas non plus aux travaux forcés.
Son expression me confirma ce que son discours laissait sous-entendre. Ce que les derniers jours laissaient sous-entendre. Ce qui, en fait, était évident depuis des années. Tous les signes que j'avais interprétés comme des manifestations de mes désirs profonds, que j'avais rangés soigneusement au fond de mon esprit parce que j'étais persuadé qu'il n'était que des illusions, en étaient des preuves.
– Ah… Ah bon ? bégaya Holmes, perdu, presque affolé.
Je me rapprochai de lui.
– Je pensais que vous l'aviez compris depuis longtemps et que vous ne faisiez que l'ignorer. J'attendais le jour où vous me confronteriez et où vous me chasseriez.
Il me contempla un instant, abasourdi. Je souris de nouveau et fis un autre pas vers lui. Nous n'étions qu'à quelques pouces l'un de l'autre. Si je me penchais un peu, je sentirais son souffle contre ma peau.
– Vous… murmura-t-il finalement, incertain.
– Depuis si longtemps, Holmes. Vous ne l'aviez vraiment pas compris ?
Il secoua la tête, l'air profondément ébranlé par la révélation. Je ne comprenais pas moi-même. J'avais eu tant de fois l'impression de m'être trahi. Comment n'avait-il pu rien voir ? Avais-je réellement réussi à cacher mes sentiments au meilleur détective que la Terre ait jamais connu ?
– J'étais trop occupé à cacher ma propre affection pour le remarquer, dit-il finalement, comme lisant mes pensées.
Nos regards se vrillèrent l'un dans l'autre. Mon cœur battait la chamade, mon souffle s'était fait plus court. Nous n'avions jamais été aussi proches physiquement. La tension dans l'air était palpable. J'avais l'impression que mon cœur allait exploser dans ma poitrine.
– Avons-nous été aussi aveugles tout ce temps ? soufflai-je.
Holmes sourit tristement.
– Que diriez-vous de rattraper le temps perdu ?
Je souris à mon tour. Et timidement, je l'embrassai. Ses lèvres contre les miennes étaient douces, elles avaient son goût, son odeur. Nos corps se pressèrent l'un contre l'autre tandis que mes doigts se glissaient dans ses mèches d'ébène, soyeuses. Il fit de même alors que nos langues se rencontraient enfin dans ce ballet langoureux dont j'avais espéré des années qu'il advienne.
Je mis fin à l'étreinte, bien trop tôt, mais j'avais besoin d'air. Je plongeai mon regard dans le sien. Ses yeux s'étaient assombris de désir. Je n'en menai pas plus large. Holmes posa ses doigts contre ma joue. Je frissonnai.
– Nous sommes stupides, Watson. Toutes ces années que nous avons laissées couler par peur…
– Quels amants ne le sont pas ? murmurai-je en posant mon front contre son torse, écoutant le battement frénétique de son cœur, doux écho du mien.
– Vous avez raison…
– Je vous aime, Sherlock, vous savez ?
Il se figea. Je relevai la tête. Un léger sourire naissait sur ses lèvres.
– Je vous aime aussi. »
Jamais de ma vie je ne fus plus heureux que ce jour-là.
Et voilà pour ce Victorian ! J'espère qu'il vous aura plu !
