Auteur : kitsu34
Origine : Saint Seiya
Couple : CaMilo, parce que ce sont les seuls qui conviennent niveau caractère avec ce que je veux faire… J'ai essayé avec d'autres, notamment mes jumeaux préférés, mais ça ne marche pas… Par contre, il y aura des couples secondaires qui apparaîtront petit à petit.
Disclaimers : Rien à moi dans l'univers Saint Seiya…
Merci à tous pour vos reviews ou vos favoris !
Réponse à C : Merci pour tes compliments sur mon écriture, ils me font très plaisir, vraiment, car c'est difficile pour un auteur de se faire une idée de ce qu'il écrit. C'est grâce aux réactions des lecteurs que l'on se rend compte des choses. En effet, Camus a vécu une adolescence difficile et notamment un traumatisme qui sera évoqué par la suite. Ses réticences deviendront claires, je l'espère, à ce moment-là. Effectivement Milo culpabilise et il n'y est pas habitué^^, mais nos deux protagonistes vont se trouver rapidement réunis par la force des choses dans un chapitre prochain.
Note : Désolé pour l'attente de ce chapitre et la réponse à certaines reviews. J'ai passé un certain temps alité et ai fait un petit tour à l'hôpital. Ma santé me joue encore des tours et cela risque de durer. Si j'ai omis de vous répondre, ne le prenez pas mal, cela n'est en aucun cas dirigé contre vous, mais je n'ai pas suivi le compte des commentaires de la même façon que d'habitude. Je vais tâcher de réparer cela dans les jours prochains et toutes mes excuses à ceux que j'ai « zappé ».
Pour ce qui est de la suite de cette histoire et du personnage de Milo/Red : oui, il est cruel et oui, il humilie Camus. Mais il est un tueur, entraîné à ne pas ressentir et de plus, sa couverture en temps que Red le fait se heurter lui-même à la malveillance, la jalousie et l'humiliation sans arrêt. Pour beaucoup (dont Drüger et Tanizer, d'ailleurs), il est à peine plus qu'un gigolo ou un escort qui couche pour une rémunération (par des infos et non de l'argent, mais symboliquement la relation de rémunération existe). Alors pour lui, ce genre de « piques » et d'humiliations font partie du quotidien. Il n'imagine pas comme cela peut être dur et violent pour une personne « normale », pas plus qu'il n'imagine le passé de Camus et la façon dont ce genre de scène peut le toucher. Combien d'entre nous n'ont pas, ainsi, évalué correctement l'impact que nos propos ou nos comportements pouvaient avoir sur les autres ? Red n'est pas parfait, et il a un vécu qui fait que ses valeurs sont perverties et ne correspondent pas à la norme. Et c'est cela qui m'intéresse : voir comment ce monstre d'inhumanité, créé par le « Sanctuaire » (qui s'appelle Iéros ici) va redevenir humain grâce à l'influence de Camus. Cela ne va pas se faire du jour au lendemain, bien entendu, et Camus va avoir fort à faire. Mais il va y arriver. La transformation a déjà commencé et je vous laisse la découvrir.
Juste une petite précision : Red n'abuse pas de Camus, il le sauve en pratiquant du bouche à bouche. En le faisant, il cède à son désir (dont lui est parfaitement conscient depuis le début) et à son soulagement : il a eu affreusement peur de le perdre et ce genre de soulagement peut amener parfois des dérapages, particulièrement chez quelqu'un de totalement et tristement désinhibé au niveau de sa sexualité et ne sachant pas gérer ses émotions et sentiments. Cela n'est pas une excuse à un tel comportement et au baiser qu'il lui impose, bien entendu : voilà pourquoi Lilian intervient ^^. Grâce lui soit rendue !^^
Red Love – Chapitre 8
La foule, élégante et raffinée, discute à voix feutrée. Les femmes, en robes de haute couture, ont des bijoux et des coiffures compliquées, tandis que les hommes, en smokings griffés arborent des nœuds papillons et des boutons de manchettes.
Camus circule efficacement entre les convives, plateau aérien en main et sourire aux lèvres. De temps en temps, une main surgit et saisit une flûte. Rien ne dénote, rien ne heurte. La réception bat son plein et elle est parfaite.
Une main d'une beauté douloureuse surgit et saisit une flûte comme si elle était faite de nuages, avec grâce et précision. Le temps se suspend, les mouvements se figent, les visages s'affadissent et les conversations se fondent dans un murmure inaudible. L'instant prend la saveur de l'atemporel, comme un fragment d'éternité.
« Aloïs... »
La voix est suave, soyeuse comme une caresse, et roule langoureusement sur les syllabes de son prénom. La voix est chaude, chargée de soleil et de lumière, comme le zénith d'une journée d'été. Elle est également sensuelle, traversée et porteuse d'érotisme brûlant, comme la pierre sous le soleil impitoyable du désert ardent.
Camus se retourne lentement, souffle suspendu. Dans sa poitrine de longs coups puissants retentissent et l'ébranlent, le laissant essoufflé et pantelant. Presque épuisé. Et fébrile, en même temps.
Devant lui se tient un jeune homme, beau à couper le souffle. Ses cheveux sombres et sa peau dorée lui donnent un air méditerranéen et ses yeux bruns, pailletés de vert, sont attachés sur lui. Avec ferveur. Camus frémit longuement, de ce frisson de reddition de l'être qui va se donner. Le temps est toujours suspendu et anormalement ralenti.
La main dépose la flûte sur le plateau et saisit sa taille. Camus se voit doucement tiré vers ce beau jeune homme qui affole son être. Leurs corps entrent en contact et leurs visages se rapprochent. Une chaleur puissante, impossible à arrêter se loge dans son ventre et pulse doucement, comme un second cœur qui circule dans ses veines. Milo fixe sa bouche intensément. La chaleur s'accroît et devient brasier ardent. Camus gémit sourdement, ferme les yeux et entrouvre les lèvres. Son corps se tend péniblement.
Il ressent intensément la caresse de lèvres douces sur les siennes. Le baiser est respectueux et brûlant en même temps. Les mains de Milo s'insinuent sous ses vêtements. Les siennes se mettent aussi en mouvement et défont la chemise du jeune photographe. Sa peau est étonnamment fraîche et aussi veloutée qu'il l'imaginait.
« Aloïs… Es-tu sûr de vouloir ce qui va suivre ? »
La voix chaude est tendre et l'interrogation urgente qui la traverse est touchante. Comme une note de fragilité et de pudeur, mâtinée de passion et d'envie. Camus gémit encore. Il a envie de plus, de bien plus qu'un simple baiser et quelques caresses timides. Il le veut tout entier contre lui, en lui, vite, très vite. Soudain la faim lui tord le ventre. Faim de cet homme, là, dans ses bras. Une passion qu'il n'a jamais ressentie encore, un incendie violent qui le consume. Il enlace étroitement Milo et l'embrasse à son tour avec une urgence proche de la frénésie. Oubliées ses réticences d'une autre époque, sombre et douloureuse, envolée sa peur née d'une terrible humiliation. Plus rien d'autre n'a d'importance. Il ne reste que Milo et cette faim incroyable qui le pousse invinciblement vers lui, comme s'ils étaient deux parties d'un tout longtemps dissociées qui se retrouvent enfin après plusieurs vies à se chercher.
« Oui, Milo, je le veux. Fais-moi l'amour !
- Comme tu voudras. »
Voilà, il l'a dit, il l'a acceptée, cette partie de lui qu'il refuse depuis… Depuis cette douleur jamais oubliée complètement.
Soudain, il est couché sur une surface moelleuse et l'air frais qui coule sur sa peau le fait frissonner. Lentement la silhouette masculine harmonieuse et élégante de prédateur le surplombe, à contre-jour. Les mains saisissent ses genoux et les écartent, glissant sur ses cuisses, affolant les longs coups douloureux dans sa poitrine et attisant le brasier dans son ventre.
« Tu verras, tu vas aimer. »
Camus se fige soudain. La chaleur change de nature et les coups puissants s'affolent davantage encore. Sa respiration se fait sifflante et difficile, comme si l'air n'arrivait plus dans ses poumons. Ses yeux s'habituent à la luminosité et un gémissement d'incompréhension et de panique l'étreint. La chevelure, longue soudain, qui ruisselle sur son corps nu, a l'éclat de l'or , et le regard transperçant qui le vrille méchamment est d'un bleu lagon radieux et éclatant.
Mais ce regard cruel change et se fait intense, habité de colère et de déception mêlées. Et hanté d'une question non exprimée, que la peur accompagne.
« Aloïs... Je suis désolé. Je regrette. Pourras-tu me pardonner ? »
Camus porte les mains à son visage, sur ses yeux. Il ne peut plus supporter l'intensité de ce regard d'été suppliant. La chaleur est toujours là et la faim aussi. Comment est-ce possible ? Pourquoi éprouve-t-il cela pour cet homme entre tous ? Que lui arrive-t-il ? Est-il vraiment ce qu'ils disaient de lui ? Une sale pédale qui ne pense qu'à se faire grimper ? Un animal en rut ?
La chaleur se transforme en sueur glacée et il se débat, se débat avec violence et désespoir. Il ne veut pas !
Camus se redressa d'un coup, avec un cri de détresse, dans son lit. Par le velux unique de son taudis un jour blafard et sale se levait sur Paris. Il était encore très tôt, c'était à peine l'aube. Il serra les bras sur son corps et frissonna longuement sans pouvoir se calmer ni se réchauffer. Puis petit à petit l'apaisement et le calme revinrent. Il se recoucha et fixa longuement le plafond. Il devait se reprendre et comprendre ce qui lui arrivait. Se voiler la face n'avait jamais mené nulle part et il n'avait jamais fui ses difficultés. Ce matin, il n'irait pas en cours. Il allait retourner à la galerie et faire face à ses questions. Peut-être trouverait-il des réponses...
oOoOo
Dans la chambre aux rideaux tirés se déroule un corps à corps intense. Les râles, les soupirs, les froissements de tissu et les grincements du lit se mêlent, révélant l'union passionnée de deux corps. Un cri soudain, d'extase et de surprise jointes, s'élève et la silhouette du dessus, couchée sur l'autre, se cambre avec délectation et se fige dans sa contemplation.
Aloïs est si beau, étendu sous lui, éperdu sous ses baisers et ses caresses. Ses incroyables yeux d'ambre rougeoyant sont à demi fermés sous l'onde de plaisir et de volupté qu'il vient de lui arracher. Ses lèvres gonflées et rougies se pincent pour retenir ses soupirs et ses cris de plaisir. Et sa chevelure de mercure rouge incroyable tranche sur le blanc des draps, dessinant des arabesques écarlates d'une stupéfiante beauté.
Red, d'un mouvement de tête renvoie sa propre chevelure en arrière, pour mieux le contempler. Il le sent frémissant sous lui, autour de lui, palpitant et brûlant. Que c'est bon… Ça n'a jamais été aussi bon. Jamais. Que se passe-t-il ? Quel sort Aloïs lui a-t-il jeté ? Il caresse tendrement la bouche obstinément fermée, qui tente de contrôler le surgissement du plaisir. Puis il sourit d'un air narquois. Il a envie de jouer. Ça aussi, c'est nouveau... Un mouvement de hanche, lent et précis, parfaitement dirigé.
Le cri troublé et étonné retentit à nouveau dans la moiteur du lit et Red rit doucement. Il adore ça. L'entendre crier de plaisir dans ses bras, par l'action de son corps. Il adore lui faire du bien. C'est important comme jamais. Jamais.
« Oooh oui… Oui… Là, comme ça. Encore. Encore, Milo ! »
De longs coups profonds et puissants se lèvent soudain en lui. Une décharge violente le parcourt. Que vient de dire Aloïs ? Quel prénom a-t-il utilisé ? Pourquoi ? Comment ? Comment voit-il ce que personne avant lui n'a ne serait-ce qu'imaginé ? Quel est ce pouvoir qu'il a sur lui ? Cette clairvoyance semblable à aucune autre ? Est-il magicien ? Elfe ? Fée ?
« Plus vite, Milo ! Plus fort ! »
La fièvre s'empare de lui et ses pensées se disloquent. Il n'est plus que faim et urgence et son corps se met en mouvement, guidé uniquement par cette passion qui les consume tous les deux. Les à-coups se font plus vifs et les gestes deviennent frénétiques. Les respirations se hachent de cris et de gémissements des deux côtés. Soudain, le corps sous lui se tend brutalement, les ongles se plantent dans son dos et le cri retentit, puissant et comblé.
« Milooo ! »
Et subitement, un râle étonné sort de sa gorge. Son corps s'embrase et le contrôle qu'il garde toujours lui échappe. La vague de chaleur est si forte qu'elle l'entraîne dans un mouvement d'une intensité affolante qu'il ne peut maîtriser. Il va et vient encore avec affolement, jusqu'à l'implosion et son esprit se déchire dans un blanc luminescent et douloureux. Son souffle se perd et il s'abat, parcouru de tremblements violents sur Aloïs.
Ils reprennent doucement leur souffle, enlacés. Milo sombre doucement dans un noir apaisé et émerveillé qu'il ne connaît pas. Ses nuits sont invariablement parcourues de visages, traversées de cris et de sanglots. Mais là, il est à l'abri. A sa place, de toute éternité. Il vient brusquement de retrouver son port d'attache, si longtemps perdu, dans une autre vie, dans une autre réalité. Il peut s'endormir, enfin…
« Pourquoi m'as-tu fait ça, Red ? »
Avec un tressaillement, immédiatement sur le qui-vive, corps tendu, Red s'éveilla et se redressa dans son lit. Interdit, il reprit pied dans la réalité à l'instant même de son réveil, la main crispée sur l'arme à ses côtés, fruit d'une longue pratique de l'obscurité et de ses lois cruelles. Ne jamais s'endormir totalement et encore moins désarmé.
Immédiatement aussi, le regard de mer d'été se fit transperçant et embrassa rapidement la pièce, notant tous les détails, vérifiant les pièges installés pour décourager d'éventuels assaillants. Une fois assuré que rien n'avait été dérangé et qu'il était seul avec lui-même, il se détendit enfin et s'autorisa à revenir à ce qui venait de se passer.
Les sourcils d'or se froncèrent. Non seulement il venait de s'endormir suffisamment pour rêver, mais en plus il avait fait un rêve érotique. Un vrai. Un de ceux qui ont ce genre de résultat, songea-t-il, perplexe et ennuyé, en baissant les yeux sur son corps. La sensation humide et collante le frappa soudain et il se mordit violemment la lèvre inférieure avec un léger cri. Il jeta un coup d'œil sous le drap et son visage s'assombrit encore. Il ne se comprenait plus. Son propre fonctionnement lui échappait. C'était totalement inédit. Et grave.
Sa force venait de son impassibilité. Il était le meilleur parce qu'il était un instrument, une machine, sans émotion, capable de tout et d'effectuer tous les ordres sans jamais envisager la cible, ce qu'elle pouvait bien éprouver, qui elle était. Et il fallait que cela reste ainsi, ou il cesserait d'être le meilleur. Les dents se crispèrent à nouveau sur la lèvre du bas et une goutte de sang apparut. Il fallait qu'il reste dépourvu d'émotion, en contrôle absolu, ou il deviendrait fou, comme il avait bien pensé le devenir… Au début…
Rejetant le drap avec un juron sous l'effet de la friction pénible sur son corps palpitant et tendu, Red se dirigea d'un pas rageur vers la salle de bain. Il ouvrit l'arrivée d'eau et eut un hoquet sous la morsure du froid. Fermant les yeux et plongeant en lui-même, il calma sa respiration et s'attela à reprendre le contrôle de son corps. Petit à petit sa concentration et l'action de l'eau froide vinrent à bout de la situation embarrassante.
Avec un soupir de soulagement, Red tourna le robinet et une eau chaude bienfaisante coula sur son corps. Avec un gémissement de bien-être, les yeux toujours fermés, levant le visage et l'offrant à l'eau qui coulait sur lui, il savoura sa douche. Il prit le savon et commença à se frictionner lentement. Son corps était courbaturé, ses muscles douloureux, comme s'il avait vraiment fait l'amour avec Aloïs, cette nuit.
Aloïs…
Un visage de porcelaine, aux lèvres de soie et au regard d'ambre rouge, s'imprima sous ses paupières. La douceur de longs cheveux écarlates se glissa dans sa main. La fragrance délicate et fraîche du givre sur des bourgeons naissants, pure et envoûtante senteur des froids matins de printemps, se leva. Il gémit et ses mains gagnèrent un endroit de son corps qui répondait invinciblement à l'évocation du jeune homme.
Plus vite, Milo. Plus fort !
Ses mains se firent de plus en plus rapides et son souffle erratique. Avec un long gémissement de délivrance, il s'abattit contre la paroi froide de la cabine de douche, la respiration sifflante. Il était perdu. Totalement perdu. Jamais il n'avait réagi ainsi, qui plus est en songeant à un jeune homme rencontré la veille seulement, avec lequel il n'avait passé qu'un court instant et auquel il n'avait donné que deux baisers. Si encore ils avaient réellement passé la nuit ensemble, il pourrait peut-être comprendre, mais là… Que se passait-il ?
Reprenant difficilement son souffle, il arrêta l'eau et sortit de la douche. Croisant son reflet dans la glace, il eut un haut le corps en voyant ses yeux cernés à la lueur étrange, son visage rougi et ses lèvres gonflées. Il s'approcha de l'image face à lui et tendit la main vers le miroir. C'était un visage troublant, de plaisir et de sensualité comblée. Un visage indécent. Un visage qu'il ne se connaissait pas…
Le regard de mer d'été se durcit, la bouche gonflée se pinça. En superposition, un visage de neige exsangue apparut, aux yeux d'ambre rouge heurtés et peinés, aux lèvres de soie tremblantes.
Pourquoi m'as-tu fait cela, Red ?
Le poing s'abattit violemment sur la vasque. Red se courba sur le meuble en gémissant.
Qu'avait-il fait ?
oOoOo
Thétis Spirakis, véritable étoile… Filante !
La belle Thétis, qui a joué dans la dernière trilogie, adaptation du film d'animation à succès La Reine des Neiges, de la société Walt Disney, se révèle bien plus proche de son rôle que ne laissait imaginer son image lisse de jeune fille parfaitement convenable. L'actrice partage en effet avec son rôle titre, la reine Elsa, le goût de la surprise et de l'imprévu ainsi qu'un penchant avéré pour la rébellion et la transgression des règles. La belle se plaît à s'amuser et a été vue dans plusieurs soirées branchées, au bras de trois hommes différents chez lesquels elle a apparemment passé la nuit. Au cours de ces sauteries, l'alcool et la drogue circulaient et Thétis s'est offert le goût du frisson, ainsi qu'en témoignent deux selfies de l'actrice et de son amant d'un soir, verre et pilules colorées à la main.
Reste à savoir ce que son public va penser de ces excès, pour lequel elle représente une sorte d'icône idéale dont rêvent les petites filles… Va-t-il continuer de la soutenir ? Et même si son public accepte ses écarts de conduite, il y a fort à parier que ceux-ci ne soient pas du goût de la société Walt Disney, très strict sur la conduite de vie de ses stars pour enfants. Rappelons-nous de la chute de la dernière star Walt Disney, écartée de la compagnie pour avoir été ivre en public… Thétis sera-t-elle une nouvelle étoile filante dans les cieux cinématographiques pour jeune public ? Les clauses de son contrat, que nous avons pu nous procurer incluaient une clause de moralité valant rupture immédiate, si les valeurs véhiculées par l'actrice s'éloignaient de celle de la société…
Farewell, Thétis. Mais cette fin, si triste soit-elle, reste après tout plus proche de la véritable fin du conte de la Reine des Neiges. Bien joué, Thétis, quelle abnégation dans ton rôle. Et bonne chance pour la suite.
RED
Penché sur le journal, Kanon émit un sifflement appréciateur. Pour le coup, le scoop était parfait ! Et cruel, en effet. Le regard du serveur glissa sur les clichés qui accompagnaient l'article et sur l'encart décrivant brièvement la montée du beau journaliste dans la chambre de la star. En photos, Thétis souriant à Red lui tenait le bras et sur l'autre cliché, celui du photographe ceinturait la taille de la jeune femme. Les yeux de l'actrice étaient candidement admiratifs et elle paraissait subjuguée, tandis que le journaliste qui avait écrit l'encart et pris la photo ne laissait planer aucun doute sur la manœuvre de Red et la façon triviale dont il obtenait ses scoops… Une égratignure de plus sur la réputation de la jeune femme. Un peu plus bas, Red embrassait et tripotait une fille en petite tenue sur le parvis d'un hôtel.
Après cela, il était évident que l'actrice verrait son contrat rompu et pourrait s'asseoir sur le fait que Walt Disney voulait faire d'elle une héroïne récurrente de sa nouvelle série.
Kanon revint pensivement à la photo avec la groupie et se mit à rire doucement. Ce Red était un beau salaud ! Très fort, décidément. Il avait parfaitement réussi son coup. Le regard d'océan passa aux selfies de l'actrice éméchée avec deux hommes différents, plutôt louches. Il accrocha les détails sordides : les bouteilles vides et les pilules devant eux. Pas besoin de se demander d'où venaient les clichés. C'était visiblement Thétis qui prenait les photos : ils devaient venir de son téléphone… Coucher avec un requin comme Red et omettre de verrouiller son portable, voir son ordinateur, puisque Red semblait avoir eu accès au contrat de la jeune femme… Kanon soupira. C'était triste pour elle, mais elle l'avait un peu cherché, à ce niveau. Ce journaliste était une hyène. Le sourire du serveur s'accentua en glissant sur la silhouette de dos du photographe enlaçant Thétis. Non, il était injuste. Une hyène était trop laide pour pouvoir soutenir la comparaison avec Red. Le jeune homme tenait plus du loup ou du tigre, d'un animal puissant et terrible, mais d'une beauté et d'une élégance certaines.
La clochette de la porte d'entrée de la brasserie détourna l'attention de Kanon du journal qu'il jeta machinalement sur le comptoir lustré en se levant. Le serveur eut un large sourire en avisant le nouvel arrivé, sourire qui se figea et disparut pour laisser place à une préoccupation sincère devant les traits tirés du visage bien connu.
« Oh, Camus, ça va ? Tu n'as pas l'air dans ton assiette, ce matin. Dure nuit ? A cause du boulot ?
- Bonjour Kanon. Oui, en effet, le travail n'a pas été de tout repos.
- Tiens, tu as pris froid ?
- Pourquoi dis-tu cela ?
- Tu as la voix enrouée et tu portes un foulard. C'est étrange, vu que tu n'es pas vraiment sensé parler si j'ai bien compris ton job.
- J'ai été négligent et suis rentré sans me couvrir suffisamment après une soirée passée dans la chaleur de la galerie. J'ai dû m'enrhumer à ce moment-là.
- Décidément Saga a raison quand il dit que tu ne fais pas assez attention à ta santé et que tu devrais te couvrir mieux. On est encore en hiver, je te rappelle.
- Je te remercie, Kanon. Je tâcherai de m'en souvenir.
- Je t'en prie, j'aime rendre service, comme tu sais. »
La clochette de la porte d'entrée retentit à nouveau interrompant le badinage des deux jeunes gens. Kanon étouffa un juron entre ses dents, la mâchoire soudain raide et tendue et Camus, étonné, se retourna.
« Good morning everybody. Fine weather for a winter day, isn't it ? »
Avec un tressaillement de surprise, Camus vit le client anglais dont la maladresse avait tant fait rire Lilian et Kanon la veille, gagner sa place pour s'asseoir et sortir un journal, levant la main vers le serveur. La sonnerie retentit de nouveau indiquant une nouvelle arrivée.
« Putain, mais qu'est-ce qu'il fout là, celui-là ! C'est pas la seule brasserie du quartier quand même !
- Pas la seule mais celle dont le service est le meilleur, bien loin au dessus des autres établissements. Sans contestation possible !
- Lilian !
- Oh, je prends ça comme un compliment.
- Mais tout à fait. Et un gros compliments, venant d'un expert, sois-en certain.
- Lilian ! Mais tu n'es vraiment pas sortable !
- Je suis assez d'accord avec Aloïs sur ce point et je vous prierai d'être plus discrets tous les deux.
- Oulà ! Voilà la maréchaussée ! Aux abris, Lilian !
- Whouahou, les gars, vous êtes vraiment identiques, c'est dingue !
- Je te prierai de ne pas m'insulter, Lilian !
- Kanon ! Arrête de dire des conneries, tu veux. Tu n'avais pas des choses à faire ce matin ?
- Oui chef ! Bien chef ! A vos ordres chef ! Je suis parti, chef ! »
Et sur un clin d'oeil à l'adresse de Camus amusé et Lilian hilare, Kanon se détourna avec raideur et sortit d'un pas martial. Saga poussa un soupir à fendre l'âme en regardant son frère quitter la brasserie et tendit la main à Lilian.
« Ravi de faire ta connaissance, Lilian. Je m'appelle Saga et comme tu l'as finement observé, je suis le frère de cet énergumène qui vient de partir.
- Enchanté de te rencontrer. J'étais curieux de mesurer votre ressemblance et je ne suis pas déçu. Je pense que je ne parviendrai pas à vous différencier sans Camus.
- Oui, Aloïs ne se trompe jamais.
- Comment fais-tu ?
- Mais j'ai mes petits secrets, comme tout bon magicien.
- Ahahah, sacré Rastignac, il n'y a que toi pour sortir ce genre de chose d'un air pince sans rire, avec la classe d'un gentilhomme d'autrefois. Je suis soulagé de voir que tu t'es remis des événements d'hier et…
- Bon, ce n'est pas tout, mais j'ai du boulot ! Je file à la bibliothèque Sainte-Geneviève ! Tu m'accompagnes ?
- Euh… Sans façon, vraiment.
- Très bien, à plus tard. Saga, à tout à l'heure. Je repasserai cet après-midi. »
Sur un bref salut de la main, Camus sortit précipitamment de la brasserie, main crispée sur son foulard. Le bref éclat du regard de Saga ne lui avait pas échappé lorsque les yeux d'océan s'étaient posés sur son cou. Sa main s'agita convulsivement et il secoua la tête, tout en allongeant le pas, repoussant les images violentes et le sentiment d'insécurité qui s'emparait de lui. Il ne fallait plus y penser, avait-il décidé. Il allait mettre tout cela derrière lui et immédiatement ! Le regard d'ambre rouge se chargea de défi et Camus releva fièrement la tête. Il avait décidé de ne plus être une victime !
Dans la brasserie, Lilian regardait avec étonnement la réplique parfaite de Kanon tournée vers la rue. Quelque chose avait changé dans le beau serveur blond et son attitude. Si la ressemblance entre les deux était époustouflante, ils étaient malgré tout profondément différents. Il émanait de Saga une dureté et une rigidité que Lilian n'avait pas perçues dans Kanon. Le jeune homme se remémora les mots de ce dernier, la veille, quand il avait parlé de son frère : « une maman tigre protégeant ses petits »…
Saga se retourna. Son visage était avenant et il souriait. Pourtant aucune chaleur ne se dégageait de lui, bien au contraire. Instinctivement, Lilian recula d'un pas. Le regard d'océan s'animait et se chargeait de vagues impérieuses et puissantes et chaque ligne du beau visage devenait coupante. Une autorité effrayante, intransigeante, se levait tout à coup et l'enserrait, comme dans des rets. Lilian recula à nouveau d'un pas, brusquement sur le qui-vive. L'obscurité venait de surgir devant lui et il réalisait trop tard le piège. Cet homme était effrayant. Et mortellement dangereux. Il devait fuir.
Mais tout à coup, comme elle était venue, l'ombre disparut et Saga se détourna. Il prit une carte et un plateau et se dirigea vers l'Anglais.
« May I take your order, sir ? »
Lilian n'entendit pas la réponse du client, trop occupé à reprendre ses esprits. Il devait rapidement se mettre hors d'atteinte et quitter cet endroit. Mais il n'en eut pas le temps. Le bras s'abattit sur le sien et le cloua sur un tabouret au comptoir. Incapable de se dégager de l'étreinte, comme fasciné par l'ascendant que cet homme venait de prendre sur son esprit, Lilian regarda Saga s'asseoir à côté de lui et le tourner vers lui comme une poupée de chiffon docile. Comme s'il était sous hypnose ou sous emprise, dépourvu d'individualité, et que Saga régnait dans son esprit.
« Bien, à nous deux maintenant. Que s'est-il passé hier au juste, dont Aloïs aurait eu besoin « de se remettre » ? Pourquoi porte-t-il un foulard ? »
oOoOo
A peine sorti de la douche, Red entendit frapper discrètement à la porte de sa chambre et une enveloppe blanche fut glissée sous le battant fermé. Il l'attrapa avec un léger sourire. Décidément, c'était très « old fashioned » cette façon de faire.
Il ouvrit l'enveloppe et trouva une carte imprimée muni de ces seuls mots : « Le Café Drouot. 15 heures. Gemini. » Jetant un coup d'œil sur son portable, Red nota qu'il avait juste le temps de se préparer à sortir sans être remarqué.
Ça y était, enfin. La mission allait commencer.
oOoOo
