Chapitre 8 :

La-fille-qui-a-survécu

"Je peux me joindre à toi ? Il n'y a plus de place nulle part..."

J'ai passé mon temps à chercher la famille Weasley dans le train et j'ai fini par trouver Ron quand le Poudlard Express a démarré : il était simplement assis dans notre compartiment, celui où on s'est rencontré la première fois. Je suis si bête ! Ça paraît évident qu'il serait ici si moi, je n'y étais pas.

"Euh... tu... oui, bien sûr. Viens."

Il a l'air affreusement gêné, un peu plus que je ne m'y attendait. Peut-être qu'il est plus à l'aise avec les garçons ? Oh, Ron... si tu savais...

"Au fait, je m'appelle Iris et toi ?"

"Ron. Ron Weasley."

Distraitement, je soulève ma frange comme si j'avais soudainement très chaud... ne me jugez pas, je n'ai pas trouvé de meilleure idée pour l'apprivoiser.

"M... m... t... tu as..."

"J'ai quoi ?! Une tâche ???"

"Non, sur ton front, c'est..."

"Je transpire ?!"

J'essaie de ne pas éclater de rire mais c'est difficile, Ron... tu verrais ta tête, mec. Tu es absolument ridicule, c'est trop drôle.

"Tu as la cicatrice !"

"Ouais, je sais, c'est incroyable. Je suis très célèbre, paraît-il."

"Mais co... co..."

"Coco ? C'est mon Boursoufflet mais il n'a rien à voir avec tout ça... à moins que... est-ce que tu crois que Coco le Boursoufflet est en réalité Lord Voldemort ?!"

"Ah !" s'écrie Ron, verdâtre.

Coco s'était niché dans mon cou et il sort timidement sa tête, en entendant son nom. Ron nous dévisage et j'ignore s'il est particulièrement choqué par ma cicatrice, le nom du Seigneur des Ténèbres ou par le fait que la Survivante ait une boule de poils ridicule qui s'appelle Coco. Un peu de tout ?

"Est-ce que tu es... Iris Potter ?"

"Est-ce que tu es... Ron Weasley ?"

Il a l'air surpris par ma question mais il ne se rend pas compte à quel point la sienne est ridicule. S'amuser avec un petit garçon de onze ans, c'est déloyal mais il est si naïf que je ne peux pas m'en empêcher.

"Bah oui, bien sûr que je suis Ron Weasley. Mais j'arrive pas à croire que tu sois bel et bien la-fille-qui-a-survécu."

"Et moi j'ai du mal à croire que tu sois bel et bien Ron Weasley... qu'est-ce qui me le prouve ?! Moi, au moins, j'ai une cicatrice."

Il ouvre la bouche. Il me dévisage... Il ferme la bouche.

La porte du compartiment s'ouvre, on nous dévisage... j'achète des bonbons et la porte du compartiment se referme.

"Tu semble avoir faim."

"C'est pour nous deux. Sers-toi."

Il rougit jusqu'à la racine de ses cheveux, ses yeux pétillent... comme s'il voyait enfin son idole en vrai... il me fait penser à Ginny et je me rend compte qu'il pourrait tomber amoureux de moi. Merde, j'y avais pas pensé.

"Je suis lesbienne."

"Hein ?!" sursaute-t-il.

"J'aime les filles, je tenais à te le dire..."

Ron n'a jamais brillé par son ouverture d'esprit, il est extrêmement fidèle mais je n'ai pas eu le temps de devenir son pote, sa meilleure amie. D'ici quelques jours, il m'aurait suivi jusqu'au bout du monde... mais là, maintenant ? Je m'y suis peut-être pris trop tôt : qu'est-ce qui m'est passé par la tête ?! Au moins, voyons le bon côté : je risque d'atterrir à Gryffondor, avec tout ça. J'ai eu peur pendant quelques instants que le Choixpeau fasse le con et m'envoie n'importe où, là j'ai agis en Gryffondor, n'importe qui pourrait le voir.

"Comment tu peux savoir ça, t'as onze ans !" dit-il, il a l'air choqué.

"Laisse tomber."

"Je... ça ne... ça va, je ne vais pas... enfin chaipas, n'ai pas peur, j'en parlerais pas mais je crois juste que c'est trop tôt." dit-il. "Je crois pas que tu sois... enfin... c'est trop tôt, quoi."

"Je pense exactement comme toi."

Bien sûr, on ne pense pas au même "trop tôt" : lui pense que je suis trop jeune pour savoir, moi je crois juste que je lui en ai parlé trop tôt. On ne m'y prendra plus, je vais attendre quelques années... je suis SÛRe de moi, évidemment mais le monde peut attendre un peu avant de savoir.

"En tous cas, merci pour les bonbons." dit-il.

"De rien, ça me fait plaisir : t'as l'air d'être un super gars."

Ça aurait pu virer à la catastrophe mais finalement, j'ai raison d'avoir confiance en Ron. Il est aussi sympa qu'il l'a toujours été et même s'il n'est pas encore mon ami, je sens qu'on pourra vivre de bons moments, tous les deux. J'ai plutôt bien joué mon coup...

La porte du compartiment s'ouvre sur Hermione, elle cherche le crapaud de Neville.

"Des lunettes rondes... les cheveux en batailles... nom d'un hibou : tu es Iris Potter !"

"Exactement. Et toi, qui es-tu ?"

"Hermione Granger, je suis en 1ère année. Qu'est-ce que l'institut Sainte Brutas ?"

"Oh." je sursaute et je jette un coup d'œil nerveux à mes vêtements. "C'est une blague... mon cousin m'a joué un tour et je n'avais plus le moindre vêtement à me mettre."

"Bien entendu, tu n'as pas pensé à tes robes d'école. Typique..."

Elle lève les yeux au ciel d'un air supérieur, son ton est agaçant mais je ne me laisserais pas faire : Hermione est mon amie et il est hors de question qu'elle risque sa vie à cause de nous. Dans cette réalité, elle n'ira pas pleurer dans les toilettes des filles le soir d'Halloween parce qu'on sera tous les trois en train de se marrer dans la Grande Salle, les trois meilleurs amis du monde.

"Je peux t'aider à trouver Trévor, ce n'est pas très compliqué."

"Qui est Trévor ?" demande-t-elle, le front plissé.

Oh. Merde... j'ai pas fait gaffe. Reprends-toi, H-Iris. Trouve un truc...

"C'est un synonyme pour crapaud..."

Mouais, elle n'a pas l'air convaincu et moi non plus. Ron semble totalement largué, derrière nous.

"Qui va m'aider à finir cette montagne de bonbons si tu pars à la chasse au crapaud ?" soupire-t-il.

"Je ne pars pas à la chasse, rassure-toi : nous sommes des sorciers... agissons comme tel."

Je sors ma baguette, j'espère que ça va fonctionner, je n'ai pas pu tester mes capacités magiques chez les Dursley car je ne suis pas suicidaire... loin de là, regardez-moi subir une nouvelle vie qui n'a aucun sens : je ne suis pas suicidaire, tout le contraire en fait.

"Accio Trévor !"

Il ne se passe rien, Hermione lève les yeux au ciel et sort sa baguette. Elle s'apprête à nous démontrer l'étendu de ses pouvoirs quand Trévor vole enfin jusqu'à moi... il était loin, ce bougre.

"Et voilà le travail, ce n'était pas si compliqué." je lance d'un air détaché. "Veux-tu te joindre à nous pour les bonbons ?"

"M... mais..." balbutie-t-elle. "Neville aimerait bien retrouver son crapaud alors je vais aller lui rendre, voilà."

Elle m'arrache Trévor des mains et me jette un regard... olala... je n'ai jamais vu autant de rancœur et de jalousie. Merde, j'ai totalement foiré mon coup.

"Ah au fait, tu es absolument ridiiicule, dans cette tenue : personne ne t'a appris à fermer tes jambes ?!" me lance-t-elle, cinglante. "Et toi, le rouquin : t'as une tâche sur le nez."

Elle claque la porte du compartiment, Coco se blottit contre moi qui désespère : qu'est-ce qui m'a prit ?!

"Nan mais pour qui elle se prend, elle ?!" s'écrie Ron. "Elle est malade, cette fille... vraiment."

-Fin du 8ème chapitre-

...à suivre...