Chapitre 7 : C'est pour aujourd'hui

Cette journée puait. Je l'avais compris dès mon réveil. Premièrement je m'étais réveillée vingt minutes avant que mon alarme ne sonne ce qui m'avait légèrement contrariée. Deuxièmement, je m'étais coupée le doigt avec l'opercule en aluminium de ma bouteille de lait. Troisièmement, j'avais passé trente minutes à trouver une tenue descente avec le peu de vêtements propres qu'il me restait. Et même si jusque-là, tout cela pouvait paraître normal lorsqu'on me connaissait un peu, j'avais un très mauvais pressentiment. Quelque chose allait se passer et j'avais de gros soupçon pour que cela ait un rapport avec des corbeaux dont je n'avais pas entendu parler depuis la fameuse soirée chez Sasori, il y avait de cela trois jours.

Ce sentiment oppressant était si puissant que je me forçai à attraper mon sac de cours et à passer la porte de mon appartement. Je n'avais pas du tout envie de sortir de mon cocon aujourd'hui. J'aurai voulu rester enfermer et me faire oublier jusqu'au lendemain matin. Mais s'il y avait bien une chose que je ne pouvais pas reprocher à mes amis, c'était le fait qu'il m'oublie. Il ne m'oubliait clairement pas assez ces derniers temps, pensai-je en découvrant Tenten derrière ma porte.

- T'es passée en mode rebelle et sexy ? Me demanda Tenten en me détaillant de haut en bas.

- Tu peux pas simplement me dire bonjour ? Grognai-je en levant les yeux au ciel.

Je portais un jean slim bleu nuit déchiré à plusieurs endroits, un sweat noir large avec une photo en noir et blanc dessus et des bottines m'arrivant aux dessus des chevilles en cuir noir et à lacets. Mes cheveux étaient lâchés et pas vraiment brossés par manque de temps. Je m'étais maquillée rapidement avec un trait épais d'eye-liner et une bonne couche de mascara.

La seule chose positif de cette journée était qu'avec l'arrivée du printemps, les températures étaient drastiquement remontées et je pouvais donc me défaire de mon look de bonhomme Michelin pendant quelques jours.

- Bonjour mon rayon de soleil ! Me salua Tenten avec un sourire narquois.

- J'ai mis un temps fou à m'habiller et je ne suis toujours pas satisfaite alors désolée mais j'ai pas envie qu'on me fasse de remarque sur ma tenue, expliquais-je à Tenten tandis que nous rejoignions Hinata à l'ascenseur. Tu vas bien Hina ?

- Oui super ! Répondit Hinata en nous gratifiant d'un doux sourire. Je trouve ta tenue sensationnelle aujourd'hui Sakura ! Ca te va hyper bien le style rockeuse !

- Merci Hinata mais je n'ai pas cherché à avoir un style comme ça, dis-je démoralisée.

- Bon arrêtons de parler de ça ! Quels garçons commençaient à neuf heures à part Neji, Naruto et Kiba ? Nous interrogea Tenten.

- Shika', répondis-je. »

On rejoignit les garçons qui nous attendaient devant la résidence comme d'habitude. Je trainais le pas derrière les filles. Vraiment, je n'avais pas envie d'y aller. J'étais à deux doigts d'appeler ma mère pour lui demander de me faire un mot d'excuse, ce qui ne passait clairement plus à mon âge. Au moindre signe, j'étais prête à courir vers mon appartement.

- Saku' le style rockeuse rebelle te va trop bien ! T'es trop sexy comme ça, me lança Kiba avec un grand sourire.

C'était bien un signe ça, non ? Je fis demi-tour avec la ferme intention de rentrer chez moi et de m'y enfermer toute la journée. Mais c'était sans compter sur Hinata qui me rattrapa en plein élan.

- Hop Saku' tu n'iras nul part! Me fit Hinata.

- Kiba, t'as vraiment le chic pour sortir les phrases interdites, reprocha Tenten à Kiba.

- Ben quoi ? C'était un compliment ! Se défendit Kiba.

- C'est vrai, Kiba a rien fait, et puis je suis d'accord avec lui, je te redemanderai presque de sortir avec moi habillée comme ça Saku', surenchérit Shikamaru.

Toujours plus, celui-là. Et dire qu'il y a deux semaines, il voulait me caser avec mon blond de service attitré.

- Mais oui mais oui. Bon on y va avant d'être en retard ? Demandais-je lassée.

- C'est parti Miss Sunshine ! S'exclama Naruto pendant que nous faisions signe d'au revoir à Shikamaru.

Je lançai un regard blasé à Naruto, lui communiquant silencieusement qu'il n'était pas drôle mais il riait déjà tout seul de sa remarque. Sa tête d'imbécile heureux m'arracha un faible sourire en coin.

- Qu'est-ce que t'as Saku' ? Me chuchota Tenten dans l'oreille en marchant près de moi.

- Cette journée, je la sens mal. On a pas de nouvelles depuis samedi soir, j'en peux plus, je suis au bord de la crise de nerfs, lui murmurais-je.

Mon amie hocha la tête doucement, me signifiant qu'elle partageait le même sentiment. Elle avait passé toute la nuit de samedi à dimanche à parler avec Neji. Tenten m'avait fait un débrief rapide le lendemain m'expliquant que Neji l'avait simplement écouté. Elle lui avait tout déballé, elle en avait parlé pendant des heures, avait exprimé tout ce qu'elle ressentait et il l'avait simplement écouté. A la fin, il avait mis le dessin animé préféré de Tenten à la télévision, puis il lui avait prêté son épaule jusqu'à ce qu'elle s'endorme. La réaction de Neji ne me surprenait pas mais j'avais remercié le Tout Puissant, pour une fois, d'avoir offert un aussi bon confident à ma meilleure amie.

A vrai dire, nous avions tous beaucoup de chance de s'être trouvé. On pouvait se plaindre de temps en temps les uns des autres mais on s'aimait tous sincèrement et on prenait soin les uns des autres avec bienveillance. Je ne savais pas ce que je ferais sans eux. Ils étaient tous essentiels à ma vie. Mon regard se reposa sur Naruto qui expliquait gaiement à Kiba que l'intensité de leurs entrainements allait augmenter à partir d'aujourd'hui. De tous mes amis, j'étais sans doute la plus chanceuse, de l'avoir lui.

- C'est pour aujourd'hui, dit Tenten, me sortant de mes pensées.

Je tournais un regard surprise vers elle. Je m'étais tellement perdue dans mes pensées que j'en avais oublié le fil de la conversation. Les Uchiwa. Elle pensait que c'était pour aujourd'hui. Je le savais, je le savais depuis que mes yeux s'étaient ouverts avant que mon alarme ne retentisse. Je le sentais. Je me voilais la face depuis samedi mais bientôt je ne pourrais plus le faire. Bientôt, je devrais affronter la réalité et je n'avais pas préparé le terrain. Mes yeux se dirigèrent à nouveau vers le sourire de mon meilleur ami. Je n'avais pas pu lui dire, je n'avais pas su lui dire. Et je ne comprenais pas pourquoi.

J'avais peur de comprendre pourquoi.

Naruto se retourna vers moi pour me souhaiter une bonne journée et je lui souris faiblement. Il fronça légèrement les sourcils mais ne chercha pas à en savoir plus avant de se diriger vers le gymnase.

- Tu lui as toujours pas dit, n'est-ce pas ? Me demanda doucement Hinata.

Je me tournais vers elle. Tenten et Hinata me regardaient d'un air inquiet.

- Je ne sais pas trop comment aborder le sujet. Puis je me sens un peu ridicule, je veux dire, on fait comme si c'était hyper important alors que c'est rien comparé à… terminai-je en jetant à nouveau un regard vers le gymnase, à son histoire à lui.

- Ce n'est pas parce que c'est différent que ça minimise l'importance que ça a eu dans ta vie. Tu sais qu'il ne te jugera pas, bien au contraire, expliqua calmement Hinata, mais s'il l'apprend de quelqu'un d'autre, il sera vexé que tu ne lui ai pas confié cette histoire.

Elle avait raison. Je le savais. Après tout, cela faisait cinq jours que je ruminais chez moi à faire les cent pas, à vouloir aller toquer chez lui puis à me raviser et ainsi de suite.

- Je sais, Hina. Je lui dirai, en temps voulu. Et si c'est trop tard, je gérerai… J'ai l'habitude, conclus-je avec un léger sourire sincère.

- D'accord, répondit-elle. Bon je fonce, je vais être en retard ! Bonne journée !

La journée fût étonnement excellente jusqu'au moment où je réalisai que Tenten et moi pourrions parfaitement lancer notre entreprise de diseuses de bonne fortune.

Je sortais de la faculté à vingt heures après mon cours de traditions culturelles. La bande attendait déjà de pied ferme devant ma faculté. Nous avions pris la mauvaise habitude de manger au fast-food tous les mardis et Tenten et moi étions les dernières à finir les cours. Je dis au revoir à Sasori et Deidara et me dirigeais vers le groupe accompagnée de ma brunette.

- Saku' le style rockeuse est fait pour toi avec tes cheveux roses ça rend trop bien ! Me complimenta Ino à peine fus-je arriver devant elle.

Décidemment, j'allais laisser trainer la corvée de machines plus longtemps dorénavant si cela me permettait d'avoir autant de compliments.

- On va pas me lâcher avec ça ! Me plaignis-je.

- Tu vas pas te plaindre alors que même Deidara et Sasori t'ont complimenté sur ton style aujourd'hui, enfin surtout Sasori... Me reprocha Tenten.

- J'en connais une qui a une touche ! S'exclama Temari.

- Dites les mecs, appela Kiba en regardant derrière nous, ce serait pas Sasuke, le nouveau de notre équipe là-bas ?

Mon sang ne fit qu'un tour. Première information, il y avait un nouveau dans l'équipe des garçons et je ne le savais pas et deuxième information, il se trouvait qu'il s'appelait Sasuke, prénom qui ne courrait malheureusement pas les rues. Depuis quand la communication avait-elle cessé dans ce groupe ? Que Neji ne nous l'ait pas dit, certes, mais Kiba et Naruto étaient des vraies pipelettes, ne pouvaient-ils pas nous tenir au courant des informations importantes plutôt que de nous raconter leurs dernières blagues de cul apprises dans les vestiaires ?

Je me figeai et devinais que les filles avaient fait de même. Ino regardait derrière moi avec des yeux grands ouverts puis détourna son regard vers moi. Elle était inquiète. Après tout, elle avait connu la Sakura du collège, elle avait vu mon sourire flamboyant de cette époque disparaitre quelques temps avant de renaitre. J'aurai voulu lui donner une image confiante de moi pour la rassurer mais la panique me prit aussitôt. Pourquoi maintenant ? Pourquoi devant tout le monde ? Pourquoi fallait-il qu'il vienne pile le soir où nous devions tous nous retrouver devant ma faculté ? Sûrement parce que Sasori lui avait dit que je serais là.

Qu'est-ce que je devais dire, faire ? J'avais envie de fuir, j'avais envie de disparaitre mais il était trop tard et ma chevelure rose avait dû me trahir à des kilomètres.

- C'est qui le mec avec lui ? Son frère ? Demanda Naruto, sa voix résonnant dans ma tête comme un lointain écho.

Mon pouls s'accéléra et Temari fit un pas vers moi frottant son épaule contre la mienne et regardant dans la direction opposée à la mienne. Il fallait que je me reprenne. Ils étaient peut-être venu à deux, ce qui en Uchiwa comptait pour dix personnes normales, mais nous, nous étions onze. Enfin sept personnes ayant connaissance de la situation et quatre autres personnes perdues, mon blondinet inclus.

- Salut les mecs, salua une voix juste derrière moi.

Il était là, c'était fini. Je regardai Naruto par réflexe. Il souriait, prêt à lui répondre.

- Tenten, Ino, Hinata, Temari, ça fait un longtemps, poursuivit le nouvel arrivant.

Mon meilleur ami fronça les sourcils, les mots restant bloqués dans sa gorge. Une vague d'incompréhension traversa son visage. Le temps s'arrêta. Je ne savais même pas si les filles avaient répondu à ces salutations.

- Sakura, tu comptes me tourner le dos combien de temps ?

Je ne savais pas si c'était sa voix prononçant mon prénom pour la première fois depuis quatre ans ou le regard surpris de Naru qui me sortit de ma torpeur mais je me retournai pleine d'assurance.

- Ton style rockeuse rebelle est à tomber, Sakura, entendis-je Itachi s'exclamer.

J'eus à peine le temps de penser « Achevez-moi » que mon regard se planta dans celui de Sasuke. Il avait grandi, était plus musclé, plus masculin et encore plus beau. Il me fixait. Ses yeux, ils m'avaient hanté pendant tellement de temps, je les avais tellement aimé. Je l'avais tellement aimé.

Je l'avais rencontré en sixième. Je ne connaissais personne dans ma classe et le professeur nous avait placé en fonction de notre genre, une fille à côté d'un garçon. Je m'étais retrouvée à côté de Sasuke. Il m'avait un peu effrayé au premier abord et puis ses yeux d'un profond noir me perturbaient énormément à l'époque. Sa beauté accentuait l'aura froide qu'il dégageait. J'avais été très intimidée lors de notre première rencontre. Nous étions en plein cours d'histoire lorsqu'il me parla pour la première fois.

- Qu'est-ce que c'est chiant ce cours. On s'en fou, ils sont morts de toute façon, marmonna-t-il.

- Je ne te le fais pas dire, lui répondis-je par réflexe.

Il me regarda surpris et me sourit. Le genre de sourire qui vous détend et vous oblige à retourner l'attention.

- Moi c'est Sasuke, se présenta-t-il en souriant encore plus.

- Sakura.

C'était le début de tout. On devint rapidement amis, il me présenta Temari et d'autres de ses amis tandis que je lui présentais Tenten avec qui j'avais sympathisé le jour de la rentrée.

- Sasuke ! Déjà en train de draguer ! T'es pas mon petit frère pour rien toi !

- Mais lâche-moi et arrête de dire n'importe quoi ! Je vous présente mon frère Itachi, il est en troisième.

- Enchantée les filles ! Nous lança ce dernier faisant rougir Tenten plus que de raison.

Pour Tenten, ça avait été le coup de foudre. Sa façon d'aimer Itachi était innocente, elle se contentait de l'admirer, elle veillait sur lui de loin comme une admiratrice dans l'ombre. Son regard ne pouvait s'empêcher de dévier dans la direction du grand-frère Uchiwa dès qu'ils étaient réunis. Elle parlait de lui à longueur de journée, décrivant toutes ses qualités et les dernière fois qu'il avait interagi avec elle.
On passait la plupart de nos samedis chez les Uchiwa. Leur père, Fugaku était un homme d'affaire qui se déplaçait souvent. Quant à leur mère…

- Sakura, tu es tellement mignonne, j'aurais aimé avoir une fille comme toi. Alors écoute-moi, quoiqu'il arrive même si un jour tu ne parles plus à mes fils, n'hésite jamais à venir me voir. Et si mes fils t'embêtent, dis-le moi, je leur mettrais une bonne correction. Dis-moi, mercredi après-midi, ça te dirait une virée shopping ?

A cette époque, ma mère travaillait beaucoup et j'étais naturellement devenue très proche de Mikoto Uchiwa. C'était la première à avoir su, en quatrième, que je pensais aimer Sasuke. Je lui avais avoué toute timide et elle s'était toute de suite réjoui de la nouvelle.

- Je le savais et je suis sûre qu'il t'aime aussi ma chérie. Mais tu le connais, il ne l'avouera jamais. Alors il va falloir que tu sois patiente mais ça en vaudra la peine, j'en suis sûre.

Le dernier jour de mon année scolaire de quatrième, je m'étais retrouvée seule avec Sasuke à attendre que quelqu'un passe nous chercher. Mikoto avait fait exprès d'être en retard et avait même appelé ma mère pour que cette dernière fasse de même. Quand j'y repensais, j'en rigolais encore. Mikoto était vraiment incroyable, dans tous les sens du terme.

- Sakura.

- Oui ? Dis-je en me retournant vers Sasuke

C'est alors qu'il m'embrassa pour la première fois. C'était un baiser maladroit et lorsqu'il s'était détaché de moi, son visage était rouge d'embarras.

- Je ne suis pas du genre à dire « je t'aime », me dit-il en cessant son baiser.

- Je sais.

- Je n'aime pas les élans d'affection en public.

- Je sais.

- Alors sors avec moi, me demanda-t-il avant que je l'embrasse.

Sasuke était un bon petit ami, nous nous aimions terriblement, nous étions notre premier véritable amour. On était sorti ensemble pendant un an. Nous avions rigolé ensemble, nous nous étions disputés, j'avais pleuré et nous nous étions réconciliés, tout cela tellement de fois que je ne les comptais plus. Lors d'un premier amour adolescent, toutes les émotions étaient décuplés et nous l'avions vécu à cent pour cent.

- Sakura ?

- Oui Tenten ?

- Je lui ai dit... A Itachi, je lui ai dit que je l'aimais.

- Qu'est-ce qu'il a répondu ?

- Il a dit que j'étais trop jeune.

- Et alors ?

- Quand j'aurai dix-huit ans, il n'aura plus d'excuse.

Puis un jour, alors qu'on révisait pour passer le brevet, il m'annonça ce qui allait nous séparer.

- Sakura.

- Oui ? Sasuke, tu veux bien m'aider à faire cet exo, j'y arrive vraiment pas, lui dis-je avant de relever la tête et de croiser son regard si triste. Qu'est-ce qu'il y a ?

- Mon père a eu une promotion.

- Oh mais c'est génial ! Il pourra rester plus souvent chez toi non ?

- Sakura, il est muté à New-York, nous déménageons après le brevet, dans une semaine.

Je m'étais contentée de hocher la tête tandis que les larmes se répandaient sur mes joues sans que je ne puisse les contrôler. Il avait posé son stylo et m'avait pris désespérément dans ses bras. Nous nous étions serrés si fort que je ne savais pas comment on avait pu continuer à respirer. Le jour de son départ, je les avais accompagné jusqu'à l'aéroport. Je n'avais plus de larmes. Je les regardais simplement sans expression.

Je dis au revoir à chaque membre de la famille un à un. Itachi me serra fort dans ses bras ce qui me surprit légèrement me faisant réaliser la gravité de la situation. Puis vint le tour de Sasuke. Fugaku et Itachi avaient entraîné Mikoto plus loin pour que nous puissions être seuls. Je n'arrivais pas à le regarder. Je tremblais. Il m'avait tiré vers lui et pris dans ses bras avant de m'embrasser passionnément. C'était notre dernier baiser, on le savait, voilà pourquoi nous étions si désespérés. Nous avions été toutes nos premières fois et nous nous disions adieu. Car notre amour aussi passionné soit-il ne survivrait pas à cela.

- Je t'aime, me chuchota-t-il lorsque nos lèvres se séparèrent.

Je vis à ce moment une larme couler sur sa joue. Je lui fis un dernier baiser avant qu'il ne parte. Je n'arrivais pas à lui répondre, il le savait. Il ne m'en voudrait pas, mais moi, je m'en voudrais toute ma vie si je ne lui répondais pas.

- Je t'aime aussi Sasuke ! Je t'aime, criais-je dans l'aéroport, me croyant dans une vieille comédie romantique pleine de cliché, devant tous les voyageurs et leur famille, devant Mikoto qui ne pouvait plus voir tellement elle pleurait.

Il se retourna vers moi en souriant. Je lui souris à mon tour. Puis il partit et je fis demi-tour, je rentrais chez moi comme une machine, sans réfléchir, j'étais vidée de tout. Je montais dans ma chambre, sans répondre aux appels de mes parents inquiets. Il me fallut trois jours pour ressentir un manque assez fort qu'il fit craquer toutes mes barrières. Il me fallut trois jours pour commencer à pleurer.

Je ne sortis pas de ma chambre pendant une semaine. Ino, Temari et Hinata vinrent me rendre visite à tour de rôle mais je ne leur répondais pas lorsqu'elles me parlaient. J'étais une coquille vide. On ne m'avait pas enlevé ma moitié mais l'entièreté de mon âme. Enfin c'est ce que je pensais à cette époque.

Puis un soir, Tenten débarqua chez moi, les yeux rougis par les larmes et un sac avec ses affaires pour la nuit dans les bras. Ma mère la laissa entrer, elle vint me voir, s'assit à côté de moi dans mon lit et nous passâmes la nuit à nous goinfrer et à pleurer devant des films à l'eau de rose que nous détestions. Le lendemain matin, nous nous levâmes, prîmes le petit déjeuner avec mes parents et allâmes en ville avec les filles.

Nous ne laisserions pas l'amour nous vaincre si facilement. Nous étions fortes. J'étais plus forte que cette histoire brisée par le destin.

A présent, lorsque j'y repensais, je me trouvais pathétique. Avoir été si malheureuse pour le départ d'un garçon qui ne m'avait jamais rappeler, ça ne me ressemblait pas. Je ne dis pas que je n'en avais pas souffert, que ça ne me faisait plus rien, ce genre de choses ne s'oublie pas parce qu'on l'a décidé bien malheureusement. Simplement, je ne voulais plus être abandonnée et oubliée par des personnes m'étant si chères. Je pensais que cette histoire d'amour digne d'un des nombreux films que je ne supportais pas, n'avait plus aucun sens à présent. J'étais devenue plus mature et j'avais acquis de l'expérience avec les garçons. Je savais maintenant que notre histoire n'aurait pas durée, que les histoires d'amour de l'enfance et l'adolescence ne pouvait durer et après plusieurs relations amoureuses, j'en étais venue à ne plus croire en un amour capable de durer jusqu'à la fin de ma vie.

Je le fixai et dans ses yeux, je vis qu'il avait changé. Je vis la maturité qu'il avait gagné. Le fait que je ne savais pas ce qu'il pensait, ce qu'il ressentait, me fit comprendre à quel point je ne le connaissais plus. Nous avions grandi, prit des chemins différents et évolué différemment. Je n'étais plus la Sakura intimidée par lui et il n'était plus le Don Juan fou amoureux de moi.

- Sasuke, je vois que tu es bien rentré au pays, le saluai-je d'une voix indifférente.

Ma gorge était aussi sèche que ma voix. Quand était la dernière fois que j'avais bu de l'eau ? Une once de surprise traversa le visage du cadet des corbeaux. Cela ne dura que quelques secondes avant qu'il ne retrouve son assurance héréditaire et qu'il ne s'approche de moi pour m'enlacer.

Mon cerveau se vida sous le coup de la surprise, tout mon corps se raidit et il me fallut quelques secondes pour me rappeler de respirer. Je… Que… Depuis quand aimait-il les élans d'affection en public ? Devant tous mes amis ? Devant… Oh non. Je n'eus pas le temps de repousser le brun qu'on me tira en arrière. Un bras fit barrage entre Sasuke et moi.

- Qu'est-ce que tu fous, mec ? gronda mon meilleur ami. Tu te crois où, là ?

Je n'eus pas le temps de réagir que Gaara posa sa main sur l'épaule de Naruto.

- Détends-toi, Naruto, commença mon sauveur roux. Ils se connaissent.

- Rien à battre, continua mon meilleur ami.

Cela faisait trop d'inconnus dans l'équation de mon blondinet. Il ne comprenait pas la situation et son instinct protecteur avait repris le dessus. Il m'avait vu perdue et tétanisée et n'avait pas pu s'empêcher de réagir. Il fallait que je me calme et que je le calme.

Je pris une profonde inspiration et soupirais silencieusement. Je souris à Sasuke qui m'interrogea du regard puis je levai la main pour la poser sur le bras de Naruto. Mes yeux vinrent se planter dans ceux de mon meilleur ami et je poussais légèrement la main, lui indiquant de baisser son bras. Il obéit d'instinct sans détacher son regard azur du mien.

- On était au collège ensemble, Naru. Sasuke est mon ex.

« Merci et désolée » furent les deux mots que je tentais de lui communiquer. Merci de s'inquiéter pour la piètre meilleure amie que j'étais et désolée de lui avoir caché cela.

- Excuse-moi si je me suis un peu emballé Sasuke, dit Naruto en se grattant l'arrière de la tête avec un sourire gêné sur le visage.

- Y'a pas de soucis, je ne pouvais pas savoir que vous étiez en couple, bredouilla Sasuke un peu confus.

Mes yeux devinrent aussi rond que des oranges. Et je fus bien contente d'avoir la gorge assez sèche et de ne pas avoir assez de salives pour m'étouffer. Le sourire de Naruto se figea.

- Et voilà Sasuke, tu les as fait bugué, s'exclama Temari. Ils sont pas en couple, Uchiwa.

Merci Temari, je te la revaudrai celle-là.

- Je vois, répondit Sasuke.

- Est-ce que quelqu'un compte nous présenter à un moment donné ou faut qu'on devine tout, tout seuls ? s'exclama un Shikamaru passablement énervé.

La situation était simple. Le Tout Puissant avait décidé de commencer une nouvelle bataille de son jeu démoniaque et je n'étais pas certaine de pouvoir la gagner car il me faudrait encore quelques temps pour comprendre que la guerre avait commencé bien avant aujourd'hui. Cela faisait bien longtemps que j'avais perdu le contrôle de la situation et j'allais très bientôt le découvrir.