Bonjour à tous, après une (très très) longue absence, me voilà de retour avec un chapitre. J'ai eu beaucoup de mal à l'écrire, une vraie panne sèche ! J'avais l'idée du scénario, mais j'ai vraiment eu beaucoup de mal à l'écrire. Je préfère vous prévenir, ça risque de se reproduire, parce que j'ai toujours du mal à écrire les "dénouements", les tournants (allez savoir pourquoi, je n'en ai pas la moindre idée !).

Ce n'est pas le dernier chapitre de cette fic (je préfère vous prévenir, parce que si vous pensez le contraire, la fin de ce chapitre ne vous conviendra pas du tout, ahah), je ne sais pas encore combien de chapitres exactement il y aura, mais entre 30 et 40, c'est certain.

J'espère toutefois que ce chapitre vous plaira, n'hésitez pas à me faire part de vos impressions, ça me fait toujours plaisir, je ne vous cache pas que je me suis forcée à continuer l'écriture après les deux dernières reviews que j'ai reçu récemment, vous m'avez rappelé que du travail m'attendait, ahah.

Pour ce chapitre, j'ai décidé de laisser un trou de trois semaines dans l'histoire pour aller directement à l'essentiel.

Réponses aux reviews :

Doudou et Guest : bonjour à vous, oui, il y a une suite, ahah, la voilà !

Pour les autres, je vous réponds en privé, comme d'habitude.

Bonne lecture !

Hermione avait les yeux grands ouverts, fixé au plafond dans la pénombre. Depuis peu, elle avait développé un trouble de l'insomnie. Ses nuits étaient courtes perturbées par sa difficulté à s'endormir et les cauchemars incessants qui la tiraient de son sommeil déjà trop court.

Elle n'était pas dupe. Ça lui était souvent arrivée. Elle avait toujours eu du mal à calmer son esprit, éteindre son cerveau qui tournait toujours à plein régime, mais cela faisait longtemps que ça ne lui était pas arrivé. Elle était trop perturbée par toutes ces pensées qui se bousculaient dans son crâne, une question en remplaçant une autre, un sentiment de peur repoussé par un sentiment de culpabilité qui bataillait lui-même avec orgueil qui lui rappelait sans cesse « N'aie pas de pitié pour lui, il n'en a pas eu pour toi, espèce de lâche ».

Elle serra les dents, couvrant ses paupières de ses paumes de main jusqu'à ce que des tâches blanches apparaissent devant ses yeux.

Elle entendait sa respiration, calme et régulière à côté d'elle.

Comment pouvait-il dormir ?

Parce que ce n'était pas lui qui avait failli mourir, agonisant dans cette minuscule pièce où des sorciers avaient tentés de l'empoisonner sous les yeux cruels de Lord Voldemort. Ce regard sanglant, froid, qui jubilait de voir la mort, l'horreur et la douleur dans ses yeux.

- Pense à autre chose, souffla-t-elle à elle-même.

Elle laissa ses yeux en paix, pressant ses paupières avec force.

Elle devait dormir. Il le fallait absolument pour pouvoir faire fonctionner son intelligence à pleine puissance. Et elle en aurait besoin.

Ça faisait maintenant trois semaines qu'elle était en convalescence, qu'elle s'assurait que Drago pense qu'elle était toujours fragile. Oh, elle l'était toujours. Elle n'aurait pas supporté les mauvais traitements que cette fichue prison infligeait à toutes les autres prisonniers, mais bien à l'abri dans la chambre du Général Drago Malefoy, elle s'était remise peu à peu.

Tous les jours elle s'était entrainée. Elle avait marché dans les couloirs, d'abord quelques minutes puis quelques heures, jusqu'à ce qu'elle n'en ressente plus aucune fatigue, que ses jambes ne soient plus douloureuses à la moindre marche d'escalier escaladée. Elle n'était plus si essoufflée. Elle n'avait plus la tête qui tournait si elle ne se redressait pas trop vite. Ses genoux ne la lâchaient plus lorsqu'elle se levait avec précaution.

Bien sûr, elle n'avait pas une forme olympique. Elle doutait de pouvoir courir sur plus d'un kilomètre sans que son corps ne lâche, elle ne pouvait pas se redresser trop vite au risque que sa vision se brouille et qu'elle s'écroule aussitôt. Elle ne pouvait toujours pas soulever certaines choses qui n'étaient pas hors de sa portée fut un temps.

Mais elle avait suffisamment récupéré pour fuir. C'était l'essentiel.

Hermione n'était même pas encore capable de marcher sans se tenir au mur lorsque Maxwell Roswell était venu la retrouver dans un couloir désert. Elle reprenait un peu son souffle quand il l'avait regardé avec un air inquiet.

- Tout va bien, Hermione ?

Elle hocha de la tête avec difficulté, la nuque raide.

- J'ai ce dont tu auras besoin, souffla-t-il en jetant un regard dans le couloir toujours désert.

Il sortit de sa poche intérieur une toute petite fiole verte fermée d'un bouchon de liège. Il y avait à peine une gorgée là-dedans. Hermione la prit, la soupesant de sa main. Elle espérait sincèrement que cela suffise.

- La potion de sommeil, c'est ça ?

Maxwell hocha gravement de la tête.

- Oui. Très puissante. A mettre dans ce que tu veux, ça donnera l'impression d'être ivre avant de le plonger dans un profond sommeil. C'est bien ce que tu voulais ?

- Oui. Tu as le reste ?

Cette fois, il sortit une petite boite métallique, cubique.

- C'est la poudre de cheminette. Je n'ai pas pu faire entrer une plus grande quantité, ils ont renforcé les contrôles, même pour les gardiens et les mangemorts. Il y a une drôle d'ambiance ici depuis … depuis … ton accident, finit-il.

Hermione fourra les deux ingrédients dans la poche de son pantalon, espérant que ça ne se voit pas.

- Le Lord a renforcé son emprise sur ses adeptes, y compris le Général. On n'ose pas désobéir au Général ni même dire quoique ce soit, car il a l'air plus instable que jamais. Je ne te raconte même pas ce qu'il a fait subir à certains … il n'épargne personne. Ni ses détenus ni ses hommes. Je crois qu'il essaie de reprendre le contrôle sur ce qui se passe ici. Et que le Lord le laisse ici pour ne pas que l'on entende parler du scandale de cette prison.

- Qu'est-ce qu'il en aurait à faire qu'on sache que Malefoy s'acoquine avec un sang de bourbe, franchement ? dit lentement Hermione, sceptique.

Maxwell jeta un nouveau regard dans le couloir.

- C'est une période difficile pour le Lord. Quelques mangemorts se sont réunis pour fuir le pays, il a perdu quelques adeptes, c'est la raison pour laquelle il s'assure qu'aucun ne puisse plus jamais s'enfuir de cette façon. Enfin si tu veux mon avis, personne n'osera. Ceux qui l'ont fait … ce sont des fous. Le Lord les retrouvera, et je n'ose pas imaginer ce qu'il va leur faire subir. Sans parler de l'Ordre qui a multiplié les attaques éclairs un peu partout dans le pays.

Hermione hocha de la tête une nouvelle fois, prenant une longue inspiration. Elle avait plusieurs couloirs à traverser avant de retrouver la chambre de Malefoy. Ses jambes promettaient de la faire souffrir en arrivant.

- Je devrais y aller. On va commencer à se dire qu'il me faut beaucoup de temps pour aller aux toilettes.

- A plus tard, alors.

- En tout cas, ne tarde pas trop. Les planques commencent à se faire rares. Il ne faut pas que l'on perde le peu qu'on a réussi à gagner, dit-il avec justesse. A plus tard.

Et cette conversation, elle l'avait eue il y a deux bonnes semaines maintenant. Maxwell n'était pas venue la trouver une deuxième fois, se contentant d'un regard quand personne ne pouvait le surprendre, mais Hermione savait ce que ce regard voulait dire : « qu'est-ce que tu attends ? ».

Malefoy bougea dans son sommeil, se roulant sur le dos. Hermione se déplaça silencieusement, se tournant sur le côté, une main sous la joue, l'observant silencieusement et le tourbillon de ses pensées se calma un peu. Même dans le noir, les cheveux blonds de Drago étaient visibles, presque blancs, emmêlés dans son sommeil.

Ça le rajeunissait un peu ainsi, il n'avait pas cette coupe parfaitement taillé avec des cheveux trop disciplinés, presque austères. Son profil parfait hypnotisait Hermione, avec son nez droit et son teint pâle. Endormi, il avait l'air plus aimable, plus beau. Hermione était certaine qu'il ne serait pas d'accord là-dessus, que l'impassibilité doit être de mise pour que l'élégance d'un Malefoy soit parfaite.

Elle eut envie de se gifler. Pourquoi le contemplait-elle ainsi ?

Il fallait qu'elle le haïsse de tout son être. Elle aurait dû ! Pourquoi ne le trouvait-elle pas hideux et monstrueux ? Pourquoi tout en lui ne lui rappelait pas les horreurs dont il était capable, de la lâcheté dont il avait fait preuve en la laissant crever devant Voldemort ? Pourquoi ?!

Est-ce que c'était possible d'en vouloir avec une telle force à quelqu'un qui avait failli vous tuer et continuer de l'aimer ? Visiblement ça l'était, sinon cette croix ne serait plus qu'un lointain souvenir. Elle n'en pouvait plus, tiraillé entre la rage qu'il provoquait en elle et les sentiments qu'elle ressentait ne cessaient de batailler encore et encore, au point de l'empêcher de dormir. C'était insoutenable.

Elle ferma les yeux une seconde, la gorge nouée.

Pourquoi n'arrivait-elle pas à le haïr ? Pourquoi devait-elle encore voir la part fragile en lui, la part qui avait su l'aider lorsqu'elle avait été sans défense, lorsqu'il avait tenté de la faire survivre coute que coute.

C'était un cercle vicieux et infernal de pensées. Elle bouillonnait de l'intérieur, repensant à son visage impassible, la regardant agoniser derrière cette vitre, puis son coeur lui rappelait comme il l'avait sauvé de ces hommes immondes au début de son incarcération, à toutes les fois où il lui avait donné de quoi survivre, son coeur s'apaisait alors, et le visage froid de Malefoy revenait encore, lui rappelant la lâcheté dont il était capable. Puis son coeur revenait à la charge, lui rappelant l'être sensible qu'il était capable d'être.

Quand il l'avait sorti de cet enfer l'espace d'une soirée.

Mais ça n'aurait pas dû lui suffire. Ce n'était rien, et ça lui paraissait si important, c'était seulement parce que c'était lui qui l'avait fait, lui qui ne lui avait jamais rien donné, qui n'avait jamais rien fait pour elle, qui lui avait imposé de vivre dans cet endroit. Si vraiment, il avait ressenti quelque chose pour elle, il l'aurait jeté dehors, il l'aurait libéré pour la protéger. Mais Malefoy était un être égoïste, il préférait la garder là pour ne jamais avoir à se justifier auprès de son maitre à propos d'une détenue échappée. Non, il l'avait gardé là.

Il avait à peine bougé le petit doigt pour rendre sa vie meilleure ici, se contentant de minuscules actions qui ne valaient rien. Et le jour où ça aurait pu compter, le jour où il aurait pu la sauver au prix d'un grand sacrifice, il n'avait rien fait. Il n'avait pas bougé.

Il la fait, pensa-t-elle. Il a juste tardé à le faire. Il t'a sorti de cette pièce, il t'a sauvé la vie, lui dit une petite voix.

Oui. Hermione arrivait à mener tout ce raisonnement en son fort intérieur. Elle savait que Malefoy n'en avait pas assez fait pour elle, qu'elle ne devrait rien ressentir pour cet être immonde et abimé. Elle était certaine de même pouvoir procéder à des calculs pour déterminer exactement le pourcentage de mauvais en lui.

Mais voilà, son cœur s'insinuait toujours dans son esprit et jetait à bas ce raisonnement, le piétinant en hurlant et en pleurant.

Elle observa la croix, toujours sur son poignet. Elle n'était pas partie. C'était bien la preuve que le cœur ne suivait pas toujours la raison.

Elle s'endormit, contemplant cette croix jusqu'à ce que le sommeil l'emporte et ne se réveilla que lorsque le réveil de Malefoy sonna le début de sa journée. Elle ne bougea pas, épuisée, ouvrant péniblement les yeux tandis que Malefoy s'était déjà extirpé des draps, torse nu et en caleçon. Il s'enferma dans la salle de bain pour se doucher et en sortit à peine 5 minutes plus tard, les cheveux humides et un peu plus foncés qu'à l'habitude à cause de l'eau. Il se frottait les cheveux dans une serviette, en caleçon bordeaux lorsqu'il surprit le regard de Hermione qui rougit aussitôt, se dépêchant de regarder autre chose que le corps dénudé et si parfait de Malefoy.

Le regard de Hermione accrocha son regard gris, froid et impassible qui se troublait toujours un peu quand elle le regardait. Encore plus depuis l'accident. Sans doute par culpabilité.

Il enfila une chemise d'un blanc immaculé, se contemplant dans le miroir à pied dans un coin de la chambre, puis un pantalon, boucla sa ceinture et tout cela dans le silence le plus complet, simplement perturbé par le tintement du métal de la ceinture.

- Tu vas faire quoi aujourd'hui ? demanda-t-il finalement, brisant le silence lourd de la chambre.

- Je ne sais pas. Essayer de marcher un peu, dit-elle en se redressant, grimaçant à l'excès.

Il la regarda faire, impassible. Hermione détestait cette façon qu'il avait de tout dissimulé derrière ce visage de glace. Elle avait toujours détesté ça. Mais ainsi était-il.

Il quitta la pièce et Hermione se rendormit un peu mais lorsqu'elle se réveilla, elle était tout aussi fatiguée que d'habitude. Hermione s'habilla lentement, prenant soin de dissimuler cette marque sur son poignet, un peu par habitude. Drago n'avait pas très bien réagi en la découvrant et à vrai dire, elle n'avait pas vraiment envie qu'il la voit une deuxième fois pour savoir s'il agirait différemment.

Il ne lui en avait jamais reparlé et Hermione préférait cela.

Elle finit par rejoindre les couloirs interminables de la prison et se risque à l'une des fenêtres qui donnaient sur le camp de travail. Ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas côtoyé ses semblables. Fred lui manquait. Mais elle savait qu'il valait mieux qu'elle ne s'approche pas de lui pour ne pas donner d'idées farfelues à Drago qui pourrait se mettre à croire qu'il était l'origine de la croix à son poignet.

- Psst !

Hermione avait levé le menton, observant le ciel d'un bleu parfait, sans nuage. Les beaux jours approchaient, il faisait encore froid mais le Soleil était là.

- Psst ! Hermione !

Cette fois, elle se retourna. Quelqu'un l'appelait. Elle scruta les alentours avec attention.

- Maxwell ?

Il se cachait dans un angle et Hermione s'approcha.

- Il faut que tu passes à l'action et vite, chuchota-t-il rapidement. Ils ont capturé le gardien du secret de la planque de l'Ordre. Il faut que tu agisses avant la fin de la semaine après ça … ce sera trop tard. L'Ordre devra se disperser et il n'y aura plus aucune chance qu'on puisse envahir la prison ! Tu n'auras qu'à jeter la poudre et dire « 16 avenue Lincoln, Londres », on attendra ton …

Un rire éclata au loin et Maxwell sursauta, avec un air effrayé. Il ne prit même pas le temps de saluer Hermione et se dépêcha de quitter les lieux, laissant Hermione le cœur battant. On était vendredi. Ça ne lui laissait que … deux jours pour agir.

Son cœur s'emballa plus encore et elle eut besoin de s'appuyer au mur.

La sirène qui annonçait l'heure du repas pour les détenus raisonna dans le bâtiment. Hermione resta là, dans son coin, observant l'entrée du réfectoire sans être capable de bouger.

Elle aperçut Drago qui entrait à son tour, sans doute pour rappeler à tous pourquoi ils avaient intérêt à se montrer efficace dans leur travail.

Non. Elle ne pouvait pas agir là. Elle ne pouvait pas partir maintenant, alors qu'il y avait cette chose étrange entre eux, entre le malaise et le froid, entre la haine, la rancœur, la culpabilité et la honte.

Hermione réussit à arracher ses pieds du sol et rejoignit au plus vite la chambre. Elle eut juste le temps de rejoindre la salle de bain et de se jeter sur la cuvette pour y vomir. Des larmes de douleur lui échappèrent. Elle toussota, essayant de dégager sa gorge, mal au point.

Lasse, elle s'assit contre le mur, rejetant la tête en arrière, laissant les larmes de peine se mêler à celles de douleur.

Il fallait qu'elle reprenne ses esprits. Elle devait faire un effort, elle devait passer à l'action. Malefoy ne demandait qu'à se laisser prendre, c'était évident. Il culpabilisait, c'était la seule raison pour laquelle il tenait temps à la garder à l'abri sans jamais lui demander quoique ce soit. Il regrettait son geste, elle en était certaine. Elle n'avait plus qu'à trouver un moyen pour lui administrer cette potion de sommeil et le reste serait très simple.

Si elle faisait ça … elle n'osait imaginer ce qu'on ferait subir à Malefoy. Il serait considéré comme le responsable si cette prison tombait. Il en était le chef. Et l'unique cheminée de cet endroit se trouvait dans sa chambre. Là où il hébergeait une sang de bourbe qui avait des liens avec Harry Potter et l'Ordre du Phénix. Il serait immédiatement soupçonné, c'était certain.

Il serait condamné à subir la rage de Voldemort. Il n'y survivrait peut-être pas.

Pouvait-elle être la coupable de la mort de quelqu'un ? De SA mort ?

Pourrait-elle simplement supporter qu'il soit mort ?

Rien qu'en y pensant, elle sentait son cœur se contracter douloureusement.

Non, elle ne pouvait pas.

Un sanglot lui échappa et elle ramena ses genoux contre elle, pleurant silencieusement.

Mais Fred.

Elle ne pouvait pas abandonner Fred ici.

Hermione resta allongée dans le lit toute l'après-midi, réfléchissant aux tenants et aux aboutissants, à quelle issue était la plus favorable, tentant d'éteindre la culpabilité grandissante en elle.

Elle ne se rendit compte que la nuit était déjà tombée que lorsque Drago entra dans la chambre, déboutonnant aussitôt sa chemise pour mieux respirer. D'un coup de baguette, il fit apparaitre deux plateaux bien garnis.

Tous les deux assis en tailleur chacun à une extrémité du lit, son plateau devant lui, ils mangeaient en silence. Hermione n'avait rien à dire et n'arrivait pas à décrocher son regard de ses haricots verts.

Hermione vivait un véritable supplice, elle ne pouvait pas s'empêcher de repenser aux paroles de Maxwell et le tiraillement dans son estomac se faisait de plus en plus intense. Elle lâcha sa fourchette, la gorge nouée.

- Tu n'as pas faim ? osa demander Drago.

Hermione sentit sa culpabilité monter d'un cran et elle flancha, détournant le regard, incapable de mentir si effrontément à Malefoy alors qu'elle cherchait le meilleur moyen de le droguer pour faire prendre d'assaut cette prison, quitte à le faire condamner pour qu'elle puisse s'échapper.

- Non. J'ai encore un peu mal à la gorge, dit-elle dans un murmure qu'elle sentait peu convaincant.

Pourtant Malefoy ne releva pas, mettant sans doute cela sur l'état de santé de Hermione.

Le silence retomba jusqu'à la lumière s'éteigne. Chacun était allongé sur le dos, les yeux fixés au plafond.

- Ne m'attends pas demain soir. Je rentrerai tard, dit finalement la voix rauque de Drago, brisant le silence lourd entre eux.

- Pourquoi ? osa demander Hermione, perplexe.

Drago ne rentrait jamais vraiment tard.

- J'ai une réunion avec …

- Une réunion du fanclub du Seigneur des Ténèbres ? dit Hermione, sarcastique.

Drago se tourna sur le côté pour l'observer. Hésitant, il attrapa la main de Hermione sous la couette. Elle frissonna et ferma les yeux une seconde, pressant ses paupières pour essayer d'ignorer cette sensation grisante en sentant le contact de Drago. Ça faisait si longtemps.

Si longtemps qu'ils n'avaient plus rien partagé, plus discuté. Plus vraiment. Il y avait ce malaise désagréable entre eux, ce gouffre de quelques centimètres qu'aucun d'eux n'arrivaient à franchir. Il y avait cette colère qui passait la barrière de ses lèvres chaque fois qu'elle lui parlait, cette rage qui la consumait qu'elle ne parvenait pas à réprimer.

- Je … commença-t-il.

Mais il s'arrêta là, et le cœur de Hermione bondit dans sa poitrine.

- Qu'est-ce qu'il y a ? murmura-t-elle.

- Je sens que tu t'éloignes de moi. Je le sais. Tous les soirs, je le ressens quand tu es juste là à côté de moi, à ruminer, à me détester. Tous les soirs je réfléchis à ce que je pourrais te dire pour que tout aille mieux entre nous mais …

Il se redressa brusquement, assis, le dos rond, ses deux mains crispées sur ses genoux.

- Jamais je n'ai eu aussi honte de ma lâcheté, Hermione. Je voulais te le dire. Avant … avant demain.

Hermione se redressa à son tour, parcourue de fourmillements.

- Qu'est-ce qui se passe demain ?

- Rien. Je ne serais pas là, et quand je reviendrais …

Il s'arrêta. Encore. Hermione avait l'impression que quelque chose se jouait à ce moment-là. Qu'il fallait qu'elle le retienne, qu'elle lui rappelle la part de bon en lui. Elle sentait que c'était essentiel, son instinct le lui dictait. Il se tourna vers elle, et elle vit alors la souffrance dans son regard gris, elle vit le regret sur les traits de son visage tiré.

Et rien n'aurait pu être aussi clair, pas même des mots.

Il approcha sa main, caressant doucement la joue de Hermione et elle accueillit cette caresse.

Elle pouvait s'accorder juste cette soirée. Une soirée où elle se laissait aller à ce qu'elle ressentait avant de tourner le dos à toutes ces émotions, tous ces sentiments qui la faisaient se sentir si coupable. Ensuite, elle laisserait libre court à toute la rancoeur qu'elle ressentait envers lui. Elle y noyerait sa culpabilité de le condamner à subir la colère du Lord lorsqu'il apprendrait ce qui s'était passé dans la pire prison de sang de bourbe du pays.

- Peu importe ce qui se passe demain, Granger …

Il s'arrêta, le regard perdu quelques part dans les draps quand il tourna brusquement la tête vers Hermione. Elle frissonna. Il y avait quelque chose de différent ce soir.

- Qu'est-ce qui doit se passer demain, Drago ?

Un instant, elle eut peur qu'il soupçonne quel était son plan, mais Drago écarta cette hypothèse.

- Je ne peux rien te dire, mais … tu m'en voudras. Je le sais. Mais toi et moi, nous ne sommes pas dans le même camp, tu le sais, n'est-ce pas ? Tout ça, c'est trop pour nous, on ne peut rien faire contre notre destin.

- Ne dis pas n'importe quoi, le coupa-t-elle en attrapant la main de Drago.

Il retira brusquement sa main.

- Comment peux-tu encore me regarder dans les yeux après tout ce que je t'ai fait subir ? Qu'est-ce que tu me trouves alors que j'ai failli te laisser mourir pour échapper au Lord ? Toi, la fille bien sous tous rapport avec ses principes à la con, comment tu peux voir du bon en moi, un lâche détestable qui n'a jamais su faire autre chose que répandre le désarroi autour de lui ?

Hermione ne répondit rien, mal à l'aise, couvrant la croix sur son poignet de sa paume de la main. Elle se rallongea lentement, la main brûlante, toujours engourdie du contact avec Malefoy. Son cœur lui donnait l'impression d'être faiblard, elle se sentait nauséeuse et plus faible que jamais. Ce n'était plus à cause de l'empoisonnement au gaz toxique qui avait failli la tuer. Non, c'était quelque chose de bien plus insidieux. Quelque chose qu'elle reniait à chaque instant alors que cette croix la mettait face à la vérité chaque jour.

- Et toi, Drago, qu'est-ce que je fais ici ? souffla-t-elle sans pouvoir le regarder. Qu'est-ce que je fais ici dans ce lit, avec toi, alors que tout nous sépare ? Je ne suis qu'une sang de bourbe, l'insupportable je sais tout qui était ami avec Harry Potter, ton pire ennemi depuis toujours.

Un petit rire lui échappa, brisant un peu l'ambiance lourde et exécrable qui les écrasait tous les deux.

Le bon vieux temps, ça réchauffait toujours les cœurs, même les plus durs. Même les cœurs de pierre.

- Ne cherche pas un cœur là où il n'y en a pas, Granger, dit-il dans un souffle. Ne cherche pas quelque chose de bon en moi, quelque chose qui pourrait te donner l'espoir de me changer. Tu le sais très bien, et c'est ton cœur de Gryffondor, de fille bien qui te fait croire que tu peux trouver du bien en moi. Ce n'est pas le cas.

Hermione plongea dans le regard gris de Malefoy, le cœur battant de rage.

- Qui se ment à soi-même, Drago ? Toi ou moi ? Ne dis pas qu'il n'y a que du mauvais en toi alors que tu as empêché ma mort. Alors que tu as tout fait pour reporter l'échéance, à me nourrir, à m'héberger ici. S'il n'y avait que du mauvais en toi, tu n'aurais jamais rien fait de tout ça.

Il y eut un silence, et Hermione rajouta :

- S'il n'y avait eu que du courage en toi, tu ne m'aurais jamais laissé entrer dans cette chambre à gaz. Tu es lâche, et je t'en voudrai toute ma vie de m'avoir presque laissé mourir. Mais bien heureusement, nous n'avons pas qu'un seul trait de caractère chacun. Il y a aussi du bon en toi.

Drago la fusilla du regard, l'air de ne pas apprécier de se faire traiter de lâche bien qu'il l'ait avoué lui-même. Mais Hermione ressentait le besoin de lui dire, de le lui reprocher. Elle se sentait mieux. Drago ouvrit la bouche, plein de colère :

- Et pourquoi je le faisais, Granger ? Parce que je te voulais en vie, c'est tout. C'était un pur choix égoïste. Ça n'a rien à voir avec de la bonté.

Hermione manqua une respiration.

- Pourquoi tu me voulais en vie ?

Un rire froid lui échappa.

- Ne va pas t'imaginer des choses, tu risques d'être déçue.

- Alors dis-moi, pourquoi tu me voulais en vie ? insista-t-elle.

- Je ne ressens rien pour toi, Granger. Rien du tout. C'est simplement parce que tu me rappelles Poudlard. C'est tout.

Mais son regard flancha et Hermione lâcha, rageuse :

- Menteur.

Il passa une main sur son visage comme pour se donner de la contenance.

- Il vaut mieux que tout ça reste tacite, Hermione. Crois-moi.

Elle ne comprenait pas pourquoi. Elle se rallongea, lentement, plongée dans ses pensées. Drago était trop buté, trop dans le déni. Trop lâche. Encore une fois.

- Tu n'as jamais envie de te barrer d'ici ? soupira-t-elle.

Malefoy s'allongea à son tour, les mains croisées sur son ventre qui se soulevait à rythme régulier.

- Tous les jours.

Elle tourna la tête, observant son profil parfait. Il y a quelques mois, il se serait sans doute mis en colère à cette question. Jamais il n'aurait répondu à cette question, encore moins honnêtement.

- Moi aussi.

- Tu as plus de raisons que moi.

- Ça, c'est sûr.

Il sourit un peu.

- Je ne serais pas là à partir de demain après-midi. Alors ne traine pas dans les couloirs, je ne pourrais pas te protéger d'eux. Je ne reviendrai que tard le soir.

Mais Hermione avait fermé les yeux, s'endormant lentement, bercée par cette conversation qui tournait encore et encore dans sa tête. Elle sentit à peine la main de Malefoy attraper la sienne. Elle crut même imaginer le doux baiser qui se posa contre sa tempe, mais quand elle entendit la voix de Malefoy, un souffle rauque lui murmurer à l'oreille :

- Tu as raison. Je t'aime, Hermione. Quoiqu'il arrive.

Elle fut électrisée, le sommeil qui commençait à s'emparer d'elle, s'évapora et c'était comme si elle sentait chaque fibre de son corps, comme si son sang bouillonnait dans ses veines.

Demain Drago Malefoy n'était pas là.

Demain, elle devrait exécuter son plan.

Demain, elle partira et ne verra plus Drago Malefoy.

Son cœur s'étreignit à lui en faire mal. Elle se tourna brusquement, fondant sur les lèvres de Drago, les écrasant d'un baiser désespéré.

Maintenant elle le savait. Peu importe ce qui s'était passé … elle ne pouvait pas le détester. Elle lui en voulait de tout son être mais le désirait tout entier aussi.

- Je suis désolée, Drago, dit-elle d'une voix tremblante.

- Pourquoi tu t'excuses ? répondit-il en l'embrassant fougueusement en retour, persuadé qu'elle s'excusait du baiser.

Elle ne répondit rien, alors qu'une larme brûlante lui échappait, traçant un sillon brûlant sur sa joue. Ils s'embrassaient, presque violemment, désespérément, lui persuadé que Hermione ne pourrait jamais lui pardonner en apprenant ce qu'il allait faire demain, car elle l'apprendrait. Rien ne restait jamais secret, les rumeurs allaient trop vite. Bien trop vite, même pour lui, le Général monstrueux et terrifiant de cette prison. Il ne pouvait pas empêcher les prisonniers de parlaient, il ne pouvait pas être derrière toutes les voix propageant ce qu'il voulait garder secret.

Et Hermione, elle, savait que c'était sa dernière nuit ici. Car demain, elle allait accomplir la plus grande des trahisons. Demain, l'Ordre entrerait et détruirait cet endroit, libérant tous ces gens détenus injustement. Demain, elle détruirait tout ce que Drago Malefoy avait construit, et c'était lui qui en paierait le prix.

Elle en était certaine.

Elle redoubla d'intensité dans son baiser, se redressant, passant ses genoux de chaque côté de Drago. Les mains de Drago encadraient son visage et elle pouvait sentir quelque chose de dur dans son caleçon. Hermione ondula imperceptiblement contre lui, le faisant grogner contre sa bouche, leurs dents se heurtèrent un instant.

- Putain, Granger, dit-il d'une voix rauque en s'éloignant une seconde.

Son regard gris avait quelque chose de lumineux, quelque chose de vivant. Et Hermione oublia ses remords, oublia ses problèmes. Il n'y avait plus que ce regard qui n'avait rien d'orageux à cet instant.

Elle tira sur son t-shirt, le jetant au bas du lit et Drago en eut le souffle coupé. Sa main glissa de la joue de Hermione à l'un de ses seins, le caressant doucement. Drago se redressa, la faisant basculer contre le matelas, toujours en l'embrassant. Ses baisers glissèrent de ses lèvres à l'angle de sa mâchoire, puis à sa nuque, doucement, brûlant, humide.

C'était comme si Hermione avait oublié comment respirer. Sa respiration n'était qu'un vaste désordre, erratique.

- Drago, souffla-t-elle lorsque les lèvres de celui-ci entourèrent l'un de ses tétons gonflés.

Il leva les yeux, l'observant entre ses cils.

Sa langue traça un sillon brûlant sur son sein, puis sur son ventre, descendant toujours plus bas. Elle ne put retenir un gémissement lorsque la langue humide et brûlante du Serpentard s'insinua dans un espace brûlant et humide.

Il joua un long moment de sa langue, titillant un bouton trop sensible alors qu'elle se tortillait, sans trop savoir si elle cherchait plus encore le contact de cette langue ou à y échapper. Elle sentait une chaleur qu'elle avait fini par oublier monter en elle. La langue de Drago poussa sur son entrée, glissant délicieusement à l'intérieur et Hermione s'arqua de plaisir. Alors que le plaisir arrivait à son apogée et qu'elle sentait l'orgasme venir, Drago se recula, remontant avec un sourire tentateur sur le visage, l'embrassant de ses lèvres humides.

- Je pensais que tu résisterais plus, en bonne Gryffondor.

Hermione le regarda, d'abord sans un mot. Elle avait le souffle coupé. Jamais elle ne l'avait trouvé si beau, si séduisant. A couper le souffle. Cet humour piquant et moqueur qu'elle avait appris à aimer.

C'était comme si tous leurs soucis, tous leurs remords et culpabilité s'étaient envolés. Il n'y avait plus que leurs deux corps brûlants. Hermione repoussa au loin sa raison. Elle n'avait envie de penser à rien d'autre qu'à lui, qu'à cette langue qui l'avait presque porté à l'extase.

Les remords seraient pour demain.

Avec un sourire, elle repoussa Drago, passant au-dessus de lui alors qu'il étouffait un rire. Elle posa sa main sur l'abdomen de Drago, et elle le sentit retenir sa respiration. Sa main était à moitié en contact avec l'aine de Drago. Son sexe était dressé, tendu et vibrant. Elle glissa lentement le long de son aine, caressant du bout des doigts la jointure de sa cuisse et de son aine.

Avec un regard plein de provocation, elle effleura les bourses de son partenaire qui expira bruyamment sous la caresse, levant les hanches pour approfondir le contact mais Hermione s'était déjà éloignée, dansant autour de son appendice sans jamais le toucher.

- Putain, Granger, qu'est-ce que tu attends ? grogna-t-il, la voix rauque, le regard presque colérique.

- Je ne te trouve pas très patient.

Il ouvrit la bouche, prêt à répondre, mais la main de Hermione entoura sa hampe et seul un grognement rauque échappa à Drago. Il n'eut pas le temps de reprendre son souffle, les lèvres de Hermione entourèrent son érection et Hermione commença un mouvement de va et viens qui semblait transporter Drago. Il la sentit rire doucement autour de son sexe et elle s'écarta une seconde, juste le temps de dire :

- Pas très résistant non plus, se moqua-t-elle.

Drago se redressa, l'attrapant par les épaules, passant au-dessus d'elle. En suspension, son regard était planté dans celui de Hermione. Leurs deux regards étaient humides, embrumés de plaisir alors qu'aucun d'eux n'était totalement conscient de ce qu'ils faisaient. Drago fléchit un peu les bras, son nez touchait presque le nez de Hermione et son gland heurta l'entrée de Hermione qui gémit en fermant les yeux, rompant le regard qu'il partageait.

Elle se tortilla, approfondissant le contact alors que Drago maintenant ses deux poignets d'une main, l'empêchant de se mouvoir autant qu'elle le voudrait. Drago ferma les yeux une seconde alors que son gland effleurait plus encore les chairs humides de Hermione qui avait réussi à se rapprocher.

Bordel, souffla-t-il.

- S'il te plait, Drago, vas-y, dit-elle dans un murmure.

Mais il n'accéda pas à sa requête, rouvrant les yeux.

- Tu es sûre ? Tu en as envie ?

Elle remonta ses yeux chocolat vers lui.

- Plus que jamais.

Il n'en fallut pas plus pour Drago qui se sentait déjà au bord de l'explosion rien qu'à ce doux abandon.

Hermione se sentit pénétrée, traversée par le sexe brûlant de Drago. Elle retint un hoquet alors qu'il s'immobilisa, enfoncé jusqu'à la base. Le regard de Drago remonta jusqu'aux poignets de Hermione.

Elle avait oublié. La croix. Une seconde, elle crut qu'il allait se mettre en colère, que lui aussi avait oublié cette croix.

- Pourquoi elle est là cette croix, alors que tu es si mouillée pour moi, Granger ?

Comme pour prouver ce qu'il disait, il se redressa, toujours en elle, passant un doigt sur le clitoris de Hermione qui gémit de plaisir, s'arquant autant que possible pour sentir à nouveau ce contact.

- Si seulement tu réfléchissais, Drago, bredouilla-t-elle difficilement, embrumé par le plaisir.

- Tu crois que je peux réfléchir, là, Granger ?

Il avait la voix rauque de plaisir, elle pouvait sentir ses hanches vibrer contre ses fesses tant il se retenait de bouger, elle pouvait sentir ses bourses pleines et brûlantes contre elle.

Il ne pouvait pas réfléchir.

- Je t'en prie, Drago, bouge, je n'en peux plus.

Il lâcha ses poignets, un sourire à moitié triomphant sur le visage et il commença à bouger. Et c'était comme si Hermione était propulsée dans les cieux, parcourut par le plaisir. Il entrait et ressortait en elle, brusquement, lentement et Hermione se consumait de plaisir. Il recula un peu, attrapant ses jambes pour qu'elle se retourne sur le ventre.

Hermione n'aurait même pas eu l'idée de résister, à peine consciente de ce qui se passait. Drago leva un peu ses hanches et la pénétra une nouvelle fois. Il la pilonnait presque avec désespoir, et Hermione sentit l'orgasme explosée en elle, la traversant de part en part, comme jamais auparavant.

Elle sentit son vagin se contracter et s'étirer et Drago explosa à son tour, se déversant dans un grognement en elle. Le souffle court, il s'écroula sur elle.

Ils ne bougèrent pas pendant un long moment, et finalement, Drago s'écarta, se retirant. Hermione, pantelante, rejoignit la salle de bain.

Aucun d'eux n'avait parlé.

Hermione sentit son cœur se calmer un peu. La fraicheur de la salle de bain lui fit du bien. Son reflet dans le miroir lui rejetait l'image d'une Hermione aux cheveux en bataille, les joues rouges et le regard brillant.

Elle eut honte.

La culpabilité s'empara d'elle à vitesse grand V, et elle détourna le regard face à elle-même. Qu'avait-elle fait ?

Elle avait couché avec l'ennemi, et elle avait adoré ça.

Elle avait couché avec l'ennemi, et demain, elle allait le trahir.

Elle avait couché avec l'ennemi, et l'aimait. De tout son putain d'être.

Elle passa une main tremblante sur son visage.

Lui pardonnerait-il jamais cette trahison ? Vivrait-il assez longtemps pour pouvoir envisager de lui pardonner ? Et si Voldemort le tuait pour le punir d'avoir perdu cette prison ?

Elle ravala un sanglot, prenant une longue respiration. Elle défia son propre regard dans le miroir, passa une main dans ses cheveux pour y remettre un peu d'ordre et affronta du regard cette croix sur son poignet.

Elle aimait Drago Malefoy, Serpentard et ennemi de longue date, mangemort et bras droit de Lord Voldemort.

Elle revint dans la chambre et s'allongea à côté de Drago qui avait une main posée sur sa poitrine qui se soulevait lentement, à rythme régulier. Il avait les yeux clos mais il ne dormait pas. Il attrapa la main de Hermione à côté de la sienne, et elle finit par s'endormir.

Avec l'idée que jamais elle n'avait pris autant de plaisir.


Lorsque Hermione se réveilla le lendemain matin, Drago n'était déjà plus là. Un morceau de parchemin reposait sur son oreiller.

Quoiqu'il arrive.

Cette petite phrase fit écho en elle, lui rappelant les paroles de Drago de cette nuit. Je t'aime, Hermione. Quoiqu'il arrive. Ces paroles étaient si vives dans son esprit qu'elle avait presque l'impression de les entendre à son oreille.

Elle s'efforça de repousser ses peurs au fond de son esprit.

Aujourd'hui, était le jour de sa libération. De la liberté de tous ceux qui avaient été emprisonnés injustement.

Etrangement, le temps semblait avoir perdu tout valeur, comme si chaque minute durait une éternité et paradoxalement lui donnait l'impression de passer en une seule seconde. Elle avait la sensation d'être en pleine conscience, consciente de chaque partie de son corps plus que jamais, de toutes les possibilités qui s'ouvraient à elle.

Elle pressa ses paumes de main contre ses paupières, essayant de faire le vide dans son esprit. Elle ne pouvait pas s'empêcher de penser à ce qu'allait ressentir Drago en se rendant compte de sa trahison, d'imaginer le regard rageur qu'il aurait.

Lui qui avait tant de difficulté à faire confiance, à laisser tomber ses défenses … il avait fini par laisser Hermione passer le bout de son nez entre ses murailles, juste assez pour entrapercevoir ce qu'il y avait d'appréciable en lui.

Et elle s'apprêtait à refermer les portes à triple tour. Jamais plus il ne ferait confiance. A quiconque. Pas même à elle. Il regretterait de toutes ses forces de s'être ouvert à elle, d'avoir prononcé ses mots qu'ils avaient chacun renié.

Elle se redressa brusquement, sautant du lit pour farfouiller sur le bureau à la recherche d'un morceau de parchemin et d'une plume. Le cœur battant, elle mit la main dessus, débouche la bouteille d'encre d'une main tremblante, y trempa la plume et s'apprêta à écrire.

Elle devait lui expliquer. Elle devait lui dire à quel point tout ça était vrai pour elle aussi, mais que c'était de son devoir de partir, de faire le bien.

Mais rien ne venait, c'était comme si tous les mots se bousculaient dans son esprit, comme si tous ses regrets, ses peurs se battaient au point qu'elle ne sache plus quoi exprimer.

Elle prit une longue inspiration, et écrivit. Ce n'était sans doute pas aussi clair que les dissertations qu'elle avait pu rendre à Poudlard, mais ça avait le mérite d'être vrai. Elle relut plusieurs fois sa lettre, les yeux plus mouillés qu'à l'ordinaire.

Elle n'aurait jamais dû coucher avec lui. Pas la veille de sa fuite.

Elle plia le parchemin en deux et le déposa délicatement sous l'oreiller de Drago. Il la trouverait. Hermione rangea la plume et la bouteille d'encre et s'efforça de reprendre contenance. Elle devait rester lucide. Elle ne jeta plus un regard à la lettre, essayant de l'oublier. Essayant d'oublier les mots qu'elle avait couché sur ce parchemin.

Elle vérifia que la poudre de cheminette était toujours là. Le petit cube de ferraille était là, dissimulé sous un tiroir de la table basse de son côté du lit. Comme lui avait conseillé Drago, elle ne mit pas un pied hors de la chambre.

Il avait raison. Elle avait remarqué l'ébullition des gardiens et des quelques mangemorts qui passaient parfois. Il y avait une instabilité grandissante, trop d'angoisse, de peur, et d'impatience. Il ne valait mieux pas qu'elle laisse à quiconque l'opportunité de compromettre son plan.

Quand finalement la nuit tomba, Hermione était en ébullition. La main crispée sur la petite boite en métal, elle attendit encore un peu. Les gardes se faisaient moins nombreux à partir de 21h00, heure du coucher pour les détenus. Après ça, une fois enfermés dans leurs cellules, il y avait besoin de bien moins de gardes pour surveiller les couloirs sans le moindre risque d'une quelconque émeute ou rébellion.

21h45. Même les derniers trainards qui avaient fini leur service avait dû partir.

Hermione se leva, les genoux un peu tremblant, le cœur fébrile. Elle était si ébranlée, qu'il lui fallut plusieurs minutes pour réussir à manipuler le petit verrou du cube. Ses mains tremblaient, et malgré tous ses efforts pour repousser ses craintes, elles envahissaient son crâne.

Elle réussit à ouvrir la boite, en tira une pincée et leva le bras au-dessus de la cheminée.

Il ne lui pardonnerait jamais. Et elle ne se pardonnerait jamais de laisser Fred dans cet enfer. Elle jeta un dernier regard à la lettre.

Elle lâcha la pincée de poudre de cheminette, aussitôt le feu rugit et se teinta de vert.

- 16 avenue Lincoln, Londres.

Pendant trois minutes entières, il ne se passa rien. Et Hermione commença à paniquer. Se pourrait-il que Maxwell l'ait trahi ? Qu'il n'y ait jamais eu l'Ordre prêt à attaquer ? Ou avaient-ils été débusqués ?

- Allez, gémit-elle, angoissée.

Un visage apparut alors dans les flammes : celui de Neville.

- Hermione, c'est toi ?

- Oui ! Qu'est-ce que vous attendez ?

- On arrive. Il fallait qu'on soit sûr que c'était toi et pas Malefoy.

Il disparut alors des flammes, l'espace d'une seconde, avant que tout son corps apparaisse dans le feu. Il sortit de l'âtre, se pliant en deux pour y parvenir, sa baguette en main.

Un sourire victorieux apparut sur son visage. Il s'approcha d'elle et la serra dans ses bras.

- Ça fait plaisir de te voir, Hermione, souffla-t-il.

- Moi aussi je suis contente de te revoir.

Et c'est à cet instant que Hermione se rendit compte d'à quel point ses camarades, ses égaux, lui avaient manquée. Un autre sorcier émergea des flammes. Puis un autre, et encore un autre. Hermione n'en connaissait pas beaucoup. Elle reconnut Shaklebolt, Seamus, Dean. Bientôt, il y avait une bonne vingtaine de sorciers qui avaient émergés.

Neville lui tendit une baguette.

- Bienvenue à toi, dit-il avec un sourire moqueur.

Hermione attrapa doucement la baguette. Ça faisait si longtemps. Elle avait oublié à quel point elle se sentait forte avec une baguette, intouchable et puissante.

- Il ne va pas falloir trainer, dit Neville d'une voix forte à ses camarades. Peut-être que Malefoy a mis un détecteur sur cette cheminée et sait déjà que nous sommes ici. On attend George, et on y va. On doit pouvoir repartir par cette cheminée. C'est compris ?

Personne ne répondit, mais tout le monde avait compris.

- Je suis là ! s'exclama George en sortant à son tour du feu.

Hermione sourit, fébrile. C'est pour ça qu'elle faisait tout cela. Pour Fred.

Ce qui suivit, Hermione n'en était pas certaine. Au début, elle avait une sensation de malaise alors qu'ils couraient dans les couloirs déserts, en silence, prêts à se battre alors qu'il n'y avait pas un seul ennemi en vue. Mais lorsqu'ils arrivèrent aux cellules, qu'ils commencèrent à ouvrir de force les portes à barreaux, la sirène d'alarme retentit.

Il ne fallut qu'une minute pour qu'une dizaine de gardes arrivent.

C'est à partir de là que Hermione ne sut exactement ce qui se passait.

Des sortilèges fusaient de tous les côtés. Des gardes s'écroulaient, et quelques sorciers résistants tombèrent aussi. Mais l'Ordre progressait, lentement mais sûrement. Les portes volaient en tout sens. Dean et Seamus jetaient des baguettes à tous les sorciers libérés qui semblaient suffisamment lucides pour combattre à leurs côtés.

Les gardes qui avaient résisté jusque-là, commençaient à fuir.

Hermione se précipita dans le couloir. Cela devait bien faire dix minutes qu'ils progressaient. Malefoy ne devrait pas tarder à l'apprendre. Elle fit sauter les portes sur son passage sans se préoccuper de qui pouvait bien s'y trouver, et s'arrêta devant la cellule.

Celle de Fred.

- Hermione ! s'exclama-t-il, accroché aux barreaux, cherchant à comprendre ce qui pouvait bien se passer.

- Ecarte-toi. Alohomora !

La porte s'ouvrit et Fred descendit si vite qu'il s'écroula à genoux.

Un mangemort apparut soudainement, reconnaissable à son masque terrifiant et Hermione se baissa juste à temps, évitant un trait de lumière verte.

- Stupefix !

Les prisonniers pas encore libérés hurlaient, suppliant qu'on vienne ouvrir leur porte de cellule. Jamais Hermione n'avait entendu de telles lamentations, de telles supplications. Et pourtant, elle en avait passé des nuits ici, dans cet enfer. Figée un instant, elle hésitait. Elle entendait ses camarades de l'autre côté qui commençait à se replier.

Mais elle savait ce qui allait arriver à ceux qui restaient. Et eux aussi le savaient.

Elle attrapa la main de Fred et se mit à courir. Jamais elle n'avait couru si vite, à perdre haleine, à perdre la vie. Sa peine pour courir, pout monter trois marches n'était plus qu'un lointain souvenir. Il n'y avait rien de plus efficace que l'énergie du désespoir, elle éradiquait tout problème.

L'Ordre avait commencé à se replier aussi, et Hermione poussa Fred à l'intérieur de la chambre de Malefoy, déjà pleine à craquer. Seamus poussait les détenus les uns après les autres dans les flammes vertes. Il y avait un vacarme assourdissant.

Des cris de terreur, certains n'avaient même pas compris qu'il s'agissait de l'Ordre. Ils se débattaient, persuadés qu'on les trainait dans un lieu où ils mourraient, mais personne ne prit le temps de leur expliquer.

Il n'y avait plus le temps.

- Avance ! aboya Dean en poussant un homme qui suppliait, persuadé qu'on s'apprêtait à le faire entrer dans une chambre de la mort.

D'autres pleuraient, sans doute persuadé de rêver.

- Avancez ! hurla George dans le couloir qui jetait des sortilèges à tort et à travers depuis la porte. Ils arrivent !

Fred se figea à côté de Hermione. Il tourna lentement le regard vers elle, et Hermione lui sourit faiblement.

- Avance, murmura-t-elle. Pas maintenant.

Il n'y avait plus qu'une vingtaine de personnes à faire passer dans les flammes. Hermione alla appuyer George, jetant des sortilèges dans tous les sens. Le couloir était tellement étroit que les mangemorts peinaient à gagner du terrain.

- C'est bon, cria Neville. Venez vite, George, Hermione !

D'un mouvement, George sauta dans le feu de cheminée.

Hermione jeta un dernier regard à cette chambre qu'elle avait occupé si longtemps, et sauta dans les flammes vertes. Elle eut juste le temps de voir le masque monstrueux d'un mangemort, un sortilège fusa, mais elle avait disparu.

Hermione était aspirée, les coudes bien serrés le long de son corps, elle ferma les yeux pour ne pas vomir.

Elle avait réussi.

Ses pieds heurtèrent brusquement le sol et elle glissa sur plusieurs mètres. Elle étouffa une quinte de toux, se redressant laborieusement. Elle était couverte de suie, comme la plupart des gens autour d'elle.

- On n'a pas beaucoup de temps, cria Dean avec un sortilège de sonorus. Ils ne vont pas tarder à localiser l'adresse de cette cheminée. Nous avons des portoloins, je demande à chacun de s'y accrocher. Vous avez 2 minutes. Tant pis pour ceux qui ne se ressaisissent pas !

Hermione ne se rappelait pas d'une telle dureté de la part des membres de l'Ordre, mais Hermione comprenait. Elle avait appris, dans cette prison, que tout n'était pas noir ou blanc, qu'il fallait parfois prendre des décisions pour sauver le plus grand nombre.

Elle fut redressée de force par Fred qui semblait revigoré. Il avait perdu de sa pâleur et ses cheveux coupés courts semblaient plus roux que lorsqu'elle l'avait vu dans sa cellule avant de le libérer. Son regard, plus vif, ses lèvres presque ourlées d'un sourire … c'était l'espoir qui s'insinuait en lui.

Il attrapa le cerceau pour enfant que tenait déjà une bonne quinzaine de personnes, Hermione fit de même.

Fred leva la tête, à la recherche du même visage que le sien, et alors, il croisa le regard de George, quelques mètres plus loin, accroché à une corde à sauter. Hermione le vit pâlit, puis rougir, puis sa mâchoire se décrocher.

Puis il disparut. Le portoloin les avait aspirés.

Lorsqu'enfin Hermione retrouva le sol, elle avait la nausée plus que jamais.

Tout le monde était encore accroché à son objet, désespérément. Ils étaient au milieu d'une plaine, au milieu de la nuit, dans le plus grand des silences. Une douce brise chatouillait l'herbe haute, la faisant frémir délicatement et Hermione inspira un grand coup.

C'était incroyable. Cette odeur la transportait. Elle sourit.

Jamais un paysage ne lui avait paru si beau.

Quelqu'un leva son poing en l'air. C'était Seamus.

- ON A GAGNE ! hurla-t-il.

Des éclats de rire suivirent, des pleurs de joie, des cris de bonheur et Hermione fut bientôt la dernière accroché à ce cerceau, tandis que tous se serraient dans les bras.

Hermione regardait l'horizon.

Ils avaient gagné, mais elle avait perdu.