La bouche pâteuse, obstruée par un morceau de tissu, j'ouvris les yeux, non sans une certaine difficulté, sur une immense salle en pierre uniquement éclairée par quelques bougies. Mes poignets me faisaient mal et mes bras étaient totalement engourdis ; j'étais suspendue par les poignets, grâce à ce qu'il me semblait être une paire de bracelets en cuir. Je ressentais une douleur lancinante dans chaque parcelle de mon corps. Alors que je me balançais, tentant en vain de me détacher, une voix grave résonna dans la grande caverne.
- Eh bien, on dirait que le petit oisillon est enfin réveillé.
Une masse toute en muscles, tapie dans l'ombre, s'avança vers moi. Il était immense, un vrai colosse au regard froid, au sourire sadique, qui semblait s'amuser de la situation tandis qu'il mordillait un cure-dent du coin de la bouche. Il s'arrêta à quelques centimètres de moi et caressa mon visage du dos de ses doigts. Il était près, beaucoup trop près, et cette proximité me mettait beaucoup trop mal à l'aise. Et nom d'un strangulo, qu'est-ce que je faisais ici ? Je me souvenais de la cérémonie, du discours, puis… de l'explosion ! Oui ! Je me souvins également avoir prévenu Tante Agathe à temps pour qu'elle puisse s'enfuir avec Marie. Mais moi, comment avais-je pu atterrir là, sans que personne ne s'en aperçoive ? Je regardai autour de moi, personne d'autre n'était dans la pièce. J'étais seule avec ce titan qui ne cessait de me tourner autour, en silence.
Il s'arrêta derrière moi et parcourut ma colonne vertébrale du bout des doigts. Ce contact me donna la nausée, et je pris conscience que je ne portais plus mon manteau, mes gants et… le bracelet de Drago. En relevant la tête, je vis le bracelet de George briller sur mon avant-bras. Non, tout sauf ça ! Je priai intérieurement pour que Fred ne porte pas le sien. Je ne savais pas ce qui allait se produire ici, mais je ne voulais pas que mon petit ami ressente ma peur ou ma douleur.
Tandis que je me débattais pour me défaire des caresses du colosse, il agrippa mes cheveux et tira ma tête en arrière. Je ne le voyais que du coin de l'œil, mais je pouvais voir que son sourire sadique ne faiblissait pas.
- C'est drôle comme tu la ramène beaucoup moins, ta grande gueule, maintenant ! C'est plus facile de se mettre en colère contre les autres, entourée des clowns du Ministère ; mais maintenant on est tout seuls, toi et moi.
Je hurlais à plein poumons, mais le morceau de tissu attaché à ma bouche atténuait grandement mes cris. Toujours derrière moi, il attrapa ma gorge qu'il serrait, tout en se frottant contre moi. Je me débattis, lui donnant des coups de mes pieds nus dans les jambes, ce qui le stoppa net. Je m'étonnai de le voir céder si facilement, mais je soufflai, soulagée. Une immense douleur me gagna alors, me faisant suffoquer ; il m'avait frappé si fort dans les côtes que je crus un instant que j'allais tourner de l'œil. Je gémis de douleur, sentant les larmes couler le long de mes joues.
- Adrian, lâche-la ! entendis-je un peu plus loin.
Adrian ? Cette chose avait un nom ? Ce dernier résonna dans ma tête mais ne le rendit pas plus humain pour autant. Les bruits de pas de l'homme qui m'avait sauvé résonnèrent dans l'immense pièce en pierres. Le titan s'exécuta, relâchant son emprise sur moi avant de s'écarter de quelques pas. Je tentai de reprendre mon souffle, mais la douleur était encore bien présente, et ce maudit bâillon n'arrangeait rien à la situation.
L'homme s'arrêta juste derrière moi, détachant le tissu qui obstruait ma bouche, me laissant enfin reprendre mon souffle. Il me contourna, avant de se retrouver face à moi, essuyant avec le morceau de tissu la salive qui coulait de chaque coin de ma bouche. Je levais les yeux vers lui, lorsque mon regard croisa le sien. C'était lui, l'homme aux cheveux longs. Maintenant que je pouvais le voir de plus près, il me parut bien différent ; ses traits étaient extrêmement fins, ses yeux semblaient dénués de tout sentiment, et son style était particulièrement soigné. Il ne ressemblait en rien aux nobles français, il était beaucoup plus distingué.
Il tira une chaise pour l'installer à quelques mètres de moi et s'y assit en remontant les manches de sa chemise. Il laissa apparaître ses avant-bras entièrement tatoués, mais je n'étais pas dans un assez bon état physique pour voir ce qu'ils représentaient. Plus je le regardais, et plus j'avais l'impression que son visage me disait quelque chose. Cet homme, je l'avais déjà vu, et c'était bien avant ma petite visite du cimetière, la veille.
Nous restâmes là, à nous regarder dans les yeux, sans que l'un de nous ne daigne rompre ce lien, tandis que le titan à ma droite s'impatientait en soupirant.
- Je peux voir que tu te souviens de moi, Pandore. Je peux aussi voir que tu ne sais plus d'où tu me connais.
Je ne l'avais pas remarqué avant, mais il avait un fort accent qui ne m'était pas inconnu.
- Est-ce que vous pourriez ne pas entrer dans ma tête, s'il vous plaît ?
Il se leva, amusé par ma réponse, et s'approcha à quelques centimètres de moi pour glisser une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille.
- Oh, ma chérie, tes yeux en disent tellement que je n'ai absolument pas besoin de m'introduire dans ta tête.
Il posa sa main sur ma joue, avant de la glisser délicatement vers mon menton, en caressant ma lèvre inférieure de son pouce, sans même me quitter du regard.
- La dernière fois que nous nous sommes vus, tu avais à peine 10 ans, mais tu as bien grandi depuis. J'avais eu écho de ta ressemblance avec ta mère, mais te voir debout sur cette estrade, c'était… grisant. Hormis cette… chose, vous êtes totalement identiques. me dit-il en attrapant un bout de ma mèche blanche.
- Qu'est-ce que je fais ici ? Ne pourriez-vous pas me détacher ? lui demandai-je d'un air suppliant.
- Giuseppe ! Tu as commencé sans moi ?
C'était la voix d'une femme, avec un accent identique au sien. Giuseppe… Giuseppe... Ce nom me disait vraiment quelque chose, mais qui diable pouvait-il être ? Il accueillit la jeune femme d'un baiser langoureux. Elle était sublime ; grande, mince, les cheveux longs et noirs, et arborait une très belle robe rouge. Elle était beaucoup trop bien habillée pour un endroit pareil. Je me demandais combien de personnes devraient encore nous rejoindre avant que l'on daigne enfin me dire ce que je faisais là, suspendue, sans aucune possibilité de me défendre. Je détournai le regard de leurs embrassades lorsqu'ils s'arrêtèrent, la jeune femme se rapprochant de moi.
- Ne t'inquiète pas, Carmilla, nous faisions juste connaissance. Je ne pouvais pas commencer sans toi.
- Adrian, tu aurais pu au moins lui nettoyer le visage, la rendre un minimum présentable, dit-elle au grand molosse.
Il ne répondit pas. Elle prit mon menton entre ses doigts, me regardant sous tous les angles. Ça ne m'avait pas sauté aux yeux, sur le moment, mais elle ressemblait énormément à Giuseppe. Se pouvait-il que…
- C'est tout à fait fascinant, cette ressemblance, ajouta-t-elle. J'espère que ça ne nous portera pas préjudice, dit-elle en se retournant vers Giuseppe.
- Ne t'en fais pas pour ça. Tout fonctionnera comme nous l'avons prévu.
Toutes sortes de scénarios défilaient dans ma tête, tandis que mes geôliers s'habillaient tous de longues robes de sorciers noires, et se masquaient d'un loup. Je supposais donc qu'ils ne souhaitaient pas qu'on les reconnaisse. Mais qui ? Il n'y avait que nous quatre ici. Ils firent alors apparaître une sphère brumeuse argentée, un peu plus petite qu'un souaffle, qu'ils placèrent derrière eux. Je n'avais jamais vu ce type de magie. D'un coup, la boule changea de couleur et se mit à diffuser des images. Je dus plisser les yeux pour voir ce qu'elles représentaient, avant de me rendre compte qu'il s'agissait… de nous. Adrian se déplaça alors derrière moi ; Giuseppe et Carmilla, quant à eux, se mirent entre la petite boule, et moi. La jeune femme pointa alors sa baguette dessus, et son contour se mit à changer de couleur pour devenir rouge.
- Monsieur le Premier Ministre, et vous autres qui êtes avec nous ce soir, soyez les bienvenus.
Ce soir ? J'avais perdu connaissance si longtemps ? Je n'écoutais plus ce qu'il disait, tentant de détacher les bracelets qui tenaient fermement mes poignets, juste avant de sentir une forte pression derrière les genoux qui me fit basculer, serrant d'autant plus les liens. J'avais complètement oublié la présence de cet idiot derrière moi. Je fus prise de panique, lorsque je me rendis compte que leur attention n'était plus dirigée vers la petite boule, mais vers moi. Je me secouai dans tous les sens, espérant que mes menottes finiraient par lâcher, mais c'était peine perdue. Ils se mirent à rire à l'unisson, juste avant qu'Adrian n'agrippe de nouveau mes cheveux pour tirer ma tête en arrière.
- Bien, bien, Miss Pandore. Dis bonjour à nos amis qui nous regardent, me dit Giuseppe en pointant la sphère de sa baguette. Ils sont là pour nous, aujourd'hui, ma chérie ; pour te voir rejoindre notre cause.
- Votre cause ? lui demandai-je interloquée.
- Je suis très étonné par ton discours de ce matin. Un moldu a tout de même assassiné tes parents, ce n'est pas rien. Et tu te ranges tout de même de leur côté ? Qui plus est, j'ai entendu dire que c'était toi qui l'avais assassiné, pour te venger. Je trouve donc tes remontrances assez ironiques.
- Entre nous, je ne sais pas qui sont vos sources, mais elles sont mauvaises. Je n'ai jamais tué qui que ce soit, pas même le meurtrier de mes parents.
Une violente piqûre s'insinua dans ma joue, ma tête restant totalement immobile, retenue par le colosse. Je sentis alors un liquide chaud se répandre sur le bas de mon visage avant de couler sur mes vêtements.
- On ne ment pas, petite fille, ajouta Carmilla, agacée.
- Je ne mens pas ! Je ne suis pas une tueuse ! C'est quoi votre problème, au juste ?
J'eus à peine le temps de répondre, qu'Adrian me frappa dans le dos à plusieurs reprises, me faisant cracher de douleur. Le regard de Giuseppe plongea alors dans le mien, et je le senti s'insinuer dans mon esprit. Je connaissais cette sensation, si violente, si désagréable. Il parcourut la totalité de mes souvenirs, avant de trouver ce qu'il était venu chercher : le soir du meurtre de mes parents.
- C'est inattendu, ajouta-t-il. Soit tu t'es tellement persuadée de ne pas l'avoir tué que tu as réussi à modifier tes souvenirs, soit nos sources sont en effet… inexactes.
Ils semblaient tous les deux déconcertés ; ils ne s'attendaient apparemment pas à cette éventualité. Carmilla prit alors la parole, comme prise de panique.
- Cela ne change rien à la situation, Monsieur le Premier Ministre. Utiliser une enfant pour nous manipuler ne nous arrêtera pas ! Vous avez laissé les moldus prendre un peu trop longtemps ce qui nous appartenait. Nous continuerons notre croisade jusqu'à ce qu'ils soient tous asservis.
Elle ressemblait à une hystérique. J'avais du mal à imaginer que cette folle était la magnifique jeune femme que j'avais vue quelques instants plus tôt. Je me mis alors à rire. Je ne sais pas ce qui me prit sur le moment, mais toute cette situation me semblait tellement abracadabrante, tellement absurde, que je ne pus m'empêcher de me moquer. Je m'esclaffai si fort que des larmes vinrent se loger dans le coin de mes yeux.
- Vous plaisantez ? C'est ça, votre cause ? Assouvir les moldus ? Vous ne lisez donc jamais les manuels d'histoire ? Vous…
Mais de nouveau, je n'eus pas le temps de finir ma phrase, coupée par un simple mot : « endoloris ». La douleur s'agrippa à mes os, mes muscles, et mes entrailles. Mon corps tout entier semblait être pris dans un brasier incandescent qui ne faiblissait pas. Le supplice sembla durer une éternité, puis tout s'arrêta et je pus enfin reprendre mon souffle.
- Ne me coupe plus la parole, petite conne, me lança Carmilla, folle de rage.
Giuseppe, quant à lui, ne se préoccupait absolument pas de moi ; il s'adressait à la petite boule comme si je n'étais pas dans la même pièce que lui. Il parlait de sang pur, de dévotion, de monopole, mais je n'écoutais plus, mon esprit divaguait. Qu'attendaient-ils de moi ? Que je rejoigne leurs rangs ? Quelle naïveté ! Je préférais encore mourir que de rejoindre le camp de dégénérés comme eux. Le géant de muscles tira mes cheveux encore plus fort, s'approchant de mon oreille.
- On t'a posé une question, petit oiseau. Ne m'oblige pas à te faire encore plus mal.
Je n'avais rien écouté, trop concentrée à ne pas tourner de l'œil et à chercher une issue pour me sortir de là.
- Ne joue pas les fortes têtes avec nous, Pandore. Je te pose encore la question. Est-ce que tu tiens toujours à rester du côté de cette sous-race ? Aujourd'hui, le premier ministre a fait appel à toi pour tromper tous ces gens. Maintenant, je te laisse l'opportunité de revenir en arrière sur tes propos et de nous rejoindre.
- Pouvez-vous me dire quelle est la différence entre vous et ce cher Monsieur de La Fresnaye ? Il a beau être ce qu'il est, il ne m'a pas menacée pour faire ce discours ! Vous pensez réellement être crédible ? Je suis attachée et si je refuse, vous allez me torturer !
- Ne sois pas si rabat-joie, petite fille, ajouta Carmilla. Tu as toute la vie devant toi ! Imagine tout ce que tu pourrais accomplir si tu nous rejoignais !
- Vous prônez la pureté du sang, mais si pour vous elle signifie coucher avec son frère ou sa sœur, alors pardonnez-moi de refuser votre offre. Vous n'êtes rien d'autre que des dégénérés ! Le fruit de…
J'aurais dû me douter que les pousser à bout de la sorte, me porterait préjudice. A présent, ils s'en prirent à moi, de leurs baguettes, tous les trois en même temps, ne me laissant aucun répit. La douleur était si vive que j'avais l'impression que l'on m'amputait des membres avec un couteau à dents. La moindre petite parcelle de mon corps me faisait souffrir. Je n'arrivais plus à respirer, je suffoquais, crachais, pleurais, sans plus pouvoir m'arrêter. Le supplice dura de longues, très longues minutes, mais je finis enfin par la voir, cette toute petite, minuscule boule de lumière qui me happait. Une lumière douce et chaleureuse qui ne voulait plus me laisser partir. Elle me réchauffait, m'enveloppait, me faisant presque oublier où je me trouvais, encore quelques secondes plus tôt.
Un pop retentit, puis deux, puis trois, et enfin je me sentis libérée. Je me laissai partir, soulagée que tout cela cesse enfin, glissant peu à peu vers cette douce lumière apaisante.
J'entendis des murmures, des voix qui me semblaient lointaines, au début inaudibles mais qui devinrent de plus en plus claires. Une des voix se démarqua des autres ; elle me parlait, me réconfortait. J'avais l'impression d'être enveloppée d'un immense nuage. De la douceur. Enfin. Rien d'autre que de la douceur. Puis, un pic d'une violence inouïe transperça mon dos. Je hurlai, ouvrant les yeux tout en me relevant brutalement. Je connaissais cet endroit, pour y avoir vécu une bonne partie de ma vie : j'étais dans ma chambre. Je m'écroulai sur mon lit, la douleur résonnant à présent dans tout mon corps. J'avais extrêmement mal, mais au moins, j'étais à la maison. Tante Agathe vint s'asseoir près de moi, me caressant les cheveux.
- Tout va bien, ma puce, je suis là. Andrew t'as ramenée à la maison. Tu es en sécurité maintenant.
La dernière chose dont je me rappelais, c'était cette douleur violente et incessante. Ces longues, très longues minutes de torture. Comment Andrew avait-il réussi à me retrouver dans cet endroit qui me semblait éloigné de tout ?
- Je suis désolée, ma puce, mais je dois continuer. Tu as des côtes cassées et... ta colonne vertébrale, ainsi que plusieurs organes sont gravement touchés.
Je lui fis un signe de la tête, en guise d'acquiescement. J'étais tout à fait incapable d'aligner trois mots. Je m'allongeai sur le ventre, alors que mes yeux pleuraient avant même qu'elle ne recommence ; j'étais totalement épuisée, physiquement et psychologiquement. Je n'avais qu'une envie, que toute cette douleur cesse, et que je dorme pendant très, très longtemps.
Je ne pouvais pas m'empêcher de hurler ; j'entendais et ressentais chaque craquement d'os, chaque partie de mon corps qui se réparait, comme si plus aucune partie de moi n'était intacte. Mes cris se perdaient dans mon coussin, tandis que je tordais ma couette entre mes mains, essayant d'atténuer au mieux la douleur ; mais rien n'y faisait. Après une éternité à tenter de réparer les dégâts dans mon dos, elle s'attaqua à mon ventre et à ma poitrine. Je coinçai mon avant-bras dans ma bouche, mordant ma peau à pleines dents. Plus elle me soignait, plus je mordais. La douleur dans mon bras me faisait presque oublier celle qui circulait dans le reste de mon corps. Alors que du sang commençait à couler de ma bouche, la douleur s'arrêta enfin. Elle finit par s'occuper des quelques contusions qui parcouraient mon corps et mon visage, mais enfin les pics de douleurs avaient disparu.
Elle avait fait couler un bain d'eau bouillante et y avait ajouté une décoction d'herbes pour me permettre de me détendre, et favoriser ma guérison. Tante Agathe m'aida à marcher jusqu'à la baignoire, mes jambes étant incapables de supporter mon poids. J'aperçus alors mon reflet dans le miroir de la salle de bain. Je détournai le regard, ne pouvant empêcher les larmes de couler ; je faisais peur à voir avec ces immenses hématomes qui recouvraient la totalité de mon corps. Mon visage, quant à lui, était si gonflé qu'on ne me reconnaissait même pas. Avec l'aide de ma tante, je me déshabillai du peu de vêtements qu'il me restait, et me glissai dans l'eau brûlante ; elle piquait mes blessures, mais mon corps tout entier se détendit immédiatement.
- Tata, s'il te plait... tentai-je de dire, la bouche complètement gonflée. Demande à Marie de me préparer la crème de maman. Il faut que je fasse disparaître rapidement tout ça, lui demandai-je en formant un cercle du bout du doigt autour de mon visage.
- Je vais te chercher ça, ma puce. Mais… tu as conscience que ça va prendre énormément de temps avant que tu ne te remettes complètement ? Notre retour à Londres risque d'être retardé.
- Nous repartirons dès lundi, comme c'était prévu initialement. Je ne resterai pas une journée de plus ici, lui dis-je en colère, sans pouvoir m'arrêter de pleurer. Je prendrai de quoi calmer ma douleur.
Elle me caressa les cheveux, les larmes aux yeux.
- Je suis tellement désolée de ne pas avoir pu empêcher ça…
Moi aussi tata, moi aussi, c'eût été trop égoïste de le lui dire. Je ne lui répondis que par un sourire. Mon état physique était suffisamment grave, inutile d'en rajouter avec des mots qui dépasseraient ma pensée. Elle déposa un baiser sur mon front, avant de me laisser seule dans la salle de bain. Je me laissai glisser dans l'eau, m'immergeant de la tête aux pieds. Alors que je fermais les yeux, des flashs de ce qui s'était produit plus tôt dans la soirée envahirent mon esprit, accompagnés d'une sorte d'électrochoc, comme pour me rappeler que la douleur était toujours bien présente. Cette douleur s'atténua peu à peu pour laisser place à une sensation que je ne me rappelais pas avoir ressentie depuis un certain temps. Je sortis la tête de l'eau pour me remettre les idées au clair, n'étant pas certaine de ce que j'étais en train de ressentir. Des bouffées de chaleur m'envahissaient, accompagnées par un picotement dans mon bas ventre. Je mis quelques secondes avant de comprendre ce qu'il se passait, alors même que mon regard se posait sur le bracelet de George à mon poignet.
- Non, il n'aurait quand même pas…
Une nouvelle bouffée de chaleur me gagna, me faisant monter le rouge aux joues. Je glissai ma main entre mes cuisses, pour succomber à cette vague d'excitation. Je me laissai guider, comme si je n'étais plus seule dans cette baignoire, mes caresses me procurant un doux plaisir inavouable. Celles-ci continuèrent pendant de longues minutes, me donnant enfin la sensation d'être vivante. Après cette journée intense, j'aurais aimé que ces douceurs durent une éternité pour me faire tout oublier, mais intérieurement je savais que tous les plaisirs avaient une fin. Je vis le visage de Fred, ses doigts qui glissaient sur ma peau, accompagnés de ses doux baisers ; et il ne m'en fallait pas plus pour accueillir le fruit de nos plaisirs coupables entre mes doigts. Mon corps tout entier fut envahi d'une immense vague de plénitude, me faisant presque oublier tous mes maux. Je fermai les yeux, apaisée et totalement détendue, revoyant le visage de mon petit ami qui me souriait, faisant apparaître sur ses joues, ses merveilleuses petites fossettes.
