Chers lecteurs,
Aujourd'hui guimauve en barres de trois kilos. J'espère que ça vous plaira (je sais d'avance que ça vous plaira). Pas de Malefoy pendant deux chapitres, mais bon, il faut bien qu'il soit absent pour qu'Harry se rende compte qu'il lui manque. Et puis il nous prévoit un retour en fanfare.
Nictocris se joint à moi pour vous communiquer ces quelques mots : "Mangez des oligo-éléments."
Merci toujours pour vos commentaires enthousiastes.
Portez-vous bien, obéissez à Nictocris, à bientôt,
Al
PS : réponse à Oreste le guest : malefoy garde de bonnes habitudes envers les sangs-de-tu-sais-quoi, malheureusement. on a beau essayer de l'éduquer à la politesse, il résiste. merci pour ta review !
« Ouaaaaah !
- À qui le dis-tu.
- Ah ! »
Harry se releva brutalement et des étoiles apparurent devant ses yeux. Quand elles disparurent, il put voir Teddy qui le regardait avec de grands yeux inquiets.
« Tu m'avais pas vu ?
- Ben non, je dormais… Et moi, quand je dors, je ferme les yeux. »
Harry avait toujours du mal à se comporter en adulte avec Teddy. Il avait une légère tendance à lui parler comme s'ils étaient copains. Il supposait que c'était ça, être parrain : mi-grand-frère, mi-tonton, mi-copain. Parfois, il essayait d'être plus solide, plus sérieux, plus mûr. Peine perdue.
« Quand tu dors, tu baves. » répondit Teddy.
Harry soupira théâtralement. Il chaussa ses lunettes. Il devait avoir une tête suffisamment de déterré pour que Teddy lui demande :
« T'as trop fait la bringue hier ?
- Ouais. Et ce matin je me suis levé très très tôt. Vraiment trop tôt. Y a du café ? »
Harry se leva, s'étira, repoussa la couverture au bout du canapé. Il savait que Molly avait empêché les enfants de le torturer ou de lui dessiner des moustaches pendant qu'il dormait. Il faudrait qu'il pense à la remercier.
« Arthur en a laissé dans la cuisine. Pour toi. »
Teddy ressemblait énormément à Harry sur ce point : ils avaient été adoptés par les Weasley. Même s'ils n'avaient pas changé de nom, même si Andromeda conservait pour son petit-fils un amour fort et forgé depuis quatorze ans, les Weasley avaient toujours considéré que Teddy et Harry faisaient parti de leur clan. C'était même devenu particulièrement visible à Poudlard, selon Teddy : McGonagall n'arrêtait pas de se plaindre de ses frasques ou de celles de Victoire en disant « Ah ces Weasley ! ». Elle gardait le « Ah ce Lupin ! » pour les grandes occasions.
Parrain et filleul se traînèrent mollement jusqu'à la cuisine.
En effet, comme promis, une cafetière pleine l'attendait, ainsi qu'une assiette garnie de quatre saucisses dodues, de pommes de terre rondouillettes et délicieusement grillées et d'une portion non négligeable d'œufs brouillés.
« Molly est une sainte femme. » commenta Harry.
Il se versa un immense bol de café. Teddy en profita pour lui chiper une saucisse.
« Hé ! T'as pas déjà mangé ?
- Chi, mais j'ai pas achez mangé. Et les chauchiches de Molly, elles chont trop trop bonnes. »
L'adolechenche…
Harry attaqua sa part avec un coup de fourchette enthousiaste. Alors qu'il mangeait, Teddy lui commentait les dernières nouvelles, notamment ce qu'ils avaient fait de leur réveillon du nouvel an, alors que les fameux adultes responsables étaient allés boire des coups chez Seamus Finnigan (ce dernier avait prêté son pub avec joie pour qu'ils aient tous l'espace de se retrouver) :
« Arthur nous a emmenés voir les étoiles avec le vieux télescope de Ginny. J'ai montré à Lily la comète de Salazar, elle était super contente. Rose est presque plus calée que moi en astronomie alors qu'elle n'a pas encore commencé Poudlard, c'est flippant ! Al et elle ont passé la soirée à embêter Victoire. Elle n'en pouvait plus ! Heureusement que Fleur lui a confisqué sa baguette pour les vacances, sinon elle leur aurait jeté un sort ! Lucy et Peter ne sont pas restés : Percy avait prévu autre chose, en famille, il a dit. Bill et Fleur, eux, ils avaient prévu un truc en couple. On les a vus du côté de la colline des Lovegood. Molly a insisté pour qu'on les laisse tranquilles. Et puis après il a neigé, et ça c'était trop cool ! James a voulu faire un bonhomme de neige, mais Arthur a dit qu'il était trop tard et on est rentrés se coucher. »
Harry avait, grâce à son statut, accès à des informations que Teddy ne confiait à aucun autre adulte. Il n'avait jamais grondé Teddy (sauf en deux occasions exceptionnelles), le laissant mener sa vie : Andromeda s'occupait de la discipline. Il lui arrivait de lui donner des conseils ou des mises en garde, mais il avait toujours laissé son filleul faire ce qu'il voulait, quitte à le laisser se débrouiller seul pour réparer les dégâts. C'est pour cette raison qu'il eut le récit de la suite officieuse de la soirée de ses enfants.
« Alors on est allés se coucher et on a attendu que Molly et Arthur soient endormis. Et puis James, Victoire, Dom et moi, on est ressortis pour faire un bonhomme de neige. »
Pas étonnant.
« Et puis quand on est rentrés, Al et Rose, ils avaient mis de la neige sous nos couettes. »
Moins drôle.
« Donc on a fait une bataille de boules de neige dans nos chambres. Y en avait sur les vasistas, donc c'était assez enragé parce qu'on pouvait recharger nos munitions facilement. J'ai touché Victoire à la tête, j'ai cru qu'elle allait me tuer. »
Teddy racontait ça comme si c'était un bulletin météo, alors qu'il y avait eu guerre de neige dans les chambres du Terrier. Harry songea que, sans qu'il s'en rende compte, Teddy lui fournissait les informations nécessaires à sa compréhension des récents événements qu'il avait observés : il avait récupéré ses enfants excités comme des puces quand il était reparti par cheminette, la veille, alors qu'ils auraient dû être ensommeillés.
« Et puis, du coup, ça a réveillé Molly et Arthur. Ils sont venus nous gronder, nous coucher et tout sécher. Victoire a expliqué calmement ce qui s'était passé. On a tous écopé d'une punition.
- Et c'est pour ça que vous n'êtes pas partis en balade cet après-midi ?
- Oui. On a dû dégnomer le jardin. Mais les gnomes se sont cachés sous la neige, c'est donc difficile de les retrouver : on a eu super froid aux mains. »
Apparemment, quand il y avait bataille de boules de neige, le froid était secondaire.
« Et les boursouflets leur ont couru après, ce qui fait qu'on a dû rechercher les gnomes et les boursouflets. Dorian a en plus attrapé un rhume. »
Harry soupçonnait que Molly avait trouvé une punition stupide pour que les enfants restent dehors pendant que lui reprenait des forces : ce n'était pas le genre de la grand-mère de punir ses petits-enfants. En plus, en restant dans le coin, elle pouvait veiller sur lui.
Il adorait Molly, surtout dans ces moments là.
« Il est quelle heure ?
- Treize heures, répondit Teddy. Les petits font la sieste. Comme toi. »
Harry avait donc dormi cinq heures. Il était étonné de ne pas avoir été réveillé par Archimède : il pensait que les guérisseurs auraient besoin d'aide (ou Drago).
« Y a pas un grand-duc qui est venu ?
- Si. Molly l'a chassé à coups de sortilèges. Elle a reconnu le hibou de Malefoy. Elle a dit que tu avais besoin de repos.
- Elle l'a chassé ? »
Drago allait être furax.
« Ouais. Rose lui a tapé un scandale : comme d'hab', faut pas s'attaquer aux volatiles, blablabla. Albus l'a poursuivi à balai.
- Molly ?
- Non, Archimède.
- Il a réussi à faire voler un balai ? Tout seul ?
- Faut croire. »
Eh bien ! Ça promettait pour la suite.
« Je te préviens, Molly l'a prévenu que tu l'engueulerais. »
Harry était trop fatigué pour répondre autre chose que :
« Langage.
- Pardon. Molly l'a prévenu que tu le gronderais. »
Teddy était bonne pâte. Toujours. Comme son père et sa mère avant lui.
« Bon. Je vais me recoucher pour faire croire que je ne me suis pas réveillé. Comme ça, Molly me laissera peut-être tranquille.
- T'as mangé ton assiette, nuança Teddy. Elle saura que tu t'es réveillé.
- Tu as mangé mon assiette. Elle m'en fera une autre. »
Teddy plissa des yeux :
« Parrain, tu es censé être l'adulte, de nous deux.
- Demain, dit Harry en se levant pour retourner à son canapé. Je serai adulte demain. »
Teddy ricana.
Harry s'allongea sur le canapé, remonta sa couverture sur ses épaules et s'endormit aussi sec, le ventre plein.
OoO
« Hé ! »
On le secouait. Assez rudement, il faut le dire. Sûrement pas Molly, qui était toujours plus douce. Peut-être Ron.
« Hé ! Debout ! »
La voix était une voix de femme. Définitivement pas Ron.
« Par Potter, Harry ! Réveille-toi ! »
Là, il la resituait. Il se frotta les yeux :
« Ouais ouais c'est bon…, grogna-t-il. Je me réveille. »
Ginny lui tendit sa paire de lunettes.
« Faut que tu me racontes des trucs, toi.
- Comme ça, Ginny, dès le matin ?
- C'est pas vraiment le matin, Harry. Il est cinq heures. »
Il avait donc dormi toute la journée.
« Putain…
- Langage, corrigea Ginny.
- J'ai vraiment la tête en vrac.
- Ron m'a sommairement expliqué ce qui s'était passé. Je veux en savoir plus. »
Elle se laissa tomber à côté de lui sur le canapé. Il voulut lui reprocher son manque de grâce et de délicatesse, mais comme elle lui tendait une tasse de thé dans laquelle un nuage de lait avait été délicatement versé et trois cubes de sucre brun, il le savait, délicatement déposés, il ne dit rien. Il attrapa la tasse, avala trois gorgées de thé et soupira de bien-être.
Quand il avait déménagé, il avait vraiment regretté la présence de Ginny pour ça : elle cuisinait parfaitement bien. Leur couple s'était rodé à certaines habitudes : Ginny cuisinait, Harry faisait la vaisselle. Quand il était définitivement parti vivre au 12 square Grimmaurd, il avait fallu apprendre à cuisiner et Harry était, c'était le cas de le dire, une vraie quiche. Les premiers temps, il réussissait souvent à s'incruster chez Hermione et Ron vingt minutes avant l'heure du repas, ce qui poussait ses amis à l'inviter rester dîner. Puis, quand Ron et Hermione étaient partis vivre au Mexique, et que Ginny lui avait très clairement fait comprendre que ça ne servait à rien de vivre dans deux maisons différentes si c'était pour qu'il la squatte le plus possible, il avait pris sa virilité en main et s'était mis aux fourneaux.
Avec les échecs réguliers qu'on lui connaît.
« Tu es divine.
- Merci pour le compliment, Harry, mais tu confonds : je prépare divinement le thé. »
Harry eut un sourire. Il avait été très heureux de voir qu'avec Ginny, tout était revenu assez rapidement à la normale. Ils avaient beau avoir vécu presque dix ans ensemble, c'était plus comme des colocataires que réellement comme un couple.
« Alors ?
- Alors quoi ?, demanda Harry en avalant une quatrième gorgée réconfortante.
- Raconte ! »
Ginny et son insupportable curiosité.
« Il s'est passé trop de trucs, cette nuit.
- J'ai reçu un hibou de mon frère tôt ce matin me disant que mes enfants étaient au Terrier et toi à Sainte-Mangouste. On a beau ne plus vivre ensemble, tu me dois un minimum d'explications. »
Harry maudit Ron d'être resté si discret. Il n'avait absolument pas envie de parler de Narcissa Malefoy et de Drago à Ginny, puisqu'à aucun moment il ne se sentirait d'étaler leurs vies, même en privé. Mais elle avait raison : il lui devait quelques explications. Comment en dire le minimum syndical ?
« J'étais à Sainte-Mangouste pour aider Dr… Malefoy. »
Ginny s'installa plus confortablement.
« Drago ? Ou Malefoy ? »
Par les chaussettes de Dumbledore ! Beaucoup trop finaude, son ex femme.
« Malefoy…
- Pas à moi, Harry. Je te rappelle que j'ai été ton épouse. »
Bizarrement, c'était un truc qui avait beaucoup aidé Ginny à accepter leur divorce, de savoir qu'elle était l'unique femme qu'Harry ait jamais aimée. Elle était la mère de ses enfants, elle savait qu'elle avait des droits sur lui qu'aucune autre femme n'aurait. Et Harry le savait aussi.
« Bon, d'accord. »
Il chercha ses mots un instant.
« Malefoy nous a demandé de l'aide, à Hermione et à moi, pour sa mère. Mrs Malefoy est à l'hôpital et ça se passait mal : ils ont tendance à maltraiter les anciens Mangemorts, par principe.
- Oui, je sais, Dean me l'a dit.
- Eh bien, Malefoy avait envie d'avoir un Auror de son côté pour contrer les guérisseurs qui voulaient du mal à sa mère.
- De son côté ? »
Ginny prit sa tête suspicieuse.
« Donc, tu es du côté de Malefoy ?
- Mmmmm, je crois. Enfin, c'est ce qu'il pense. »
Harry savait qu'il rougissait. D'un autre côté, il en était avec Ginny comme avec Hermione : il était incapable de leur mentir.
« Je vois. »
Harry ne voyait pas ce qu'elle voyait.
« Et ? Pourquoi Hermione ?
- Pour le problème de Mrs Malefoy.
- Toujours la Marque, c'est ça ? »
Ginny avait toujours eu une curiosité sans faille pour à peu près tout. Comme Harry, elle avait suivi de près les procès après la guerre et les retombées de la magie noire sur les sorciers d'Angleterre. Les problèmes issus de la Marque des Ténèbres avaient longtemps défrayé la chronique, réjouissant les adeptes de la vengeance punitive : même s'ils n'avaient pas été jugés coupables ou écopé d'assez d'années d'Azkaban selon la communauté sorcière, la Marque se débarrassait des Mangemorts plus facilement que la justice sorcière.
« Oui. On en a appris un peu plus. »
Il ne pouvait pas en dire plus, pour le coup. Ginny opina.
« Tout ça, c'est bien beau, mais ce n'est pas le plus important.
- Ah. Pourtant, ça me semble important.
- Maintenant, continua Ginny en ignorant sa remarque, tu vas me dire pourquoi Malefoy t'intéresse autant.
- Quoi ?, s'exclama Harry en sursautant tellement fort qu'il en renversa sa tasse de thé. Mais rien ! Il ne se passe rien entre lui et moi !
- Il t'intéresse, ne le nie pas. Pas à moi. »
Le ton de Ginny était devenu sérieux. Harry ne pouvait pas lutter contre elle.
« Je ne sais pas…
- Tu sais.
- Ok, je sais, reconnut-il. Il est différent de ce que je pensais.
- Explique-toi. »
Harry se renfonça correctement dans le dossier du canapé et reprit, mal à l'aise :
« Depuis qu'Albus est ami avec son fils, on se voit beaucoup.
- Ça, je sais.
- Eh bien… On se voit régulièrement ?
- Ça aussi, je sais. »
Harry lâcha un mini gémissement.
« Je lui écris ?
- Quoi ? Toi, tu écris ? À Malefoy, en plus ? »
La surprise de Ginny était brutale. Peut-être, en effet, qu'écrire à Malefoy était bizarre.
« J'ai dormi chez lui ?
- QUOI ? »
Cette fois, on savait d'où Lily tenait sa voix perçante.
« TU AS DORMI CHEZ LUI ?
- Pas la peine de crier.
- Les enfants sont dehors, ils n'entendront rien. Tu as dormi chez lui ?, reprit Ginny, en baissant tout de même le ton.
- Oui. Après le dîner au Service de sa majesté. »
Ginny eut un sourire pervers :
« Je le savais.
- Quoi ?
- Que tu en pinces pour Malefoy.
- HEIN ?
- Pas la peine de crier. » le parodia Ginny.
Harry était estomaqué. Il n'en pinçait pas pour Malefoy ! Jamais ! Certes, Drago était drôle et ils se marraient bien ensemble, mais il pouvait avoir de nouveaux copains sans forcément tomber amoureux d'eux !
« Mais il ne me plaît pas, merde ! Il est pas du tout mon style !
- Il est déjà plus ton style que moi, nota Ginny.
- Sur ce critère là, n'importe quel homme me plairait !
- Il n'est pas n'importe quel homme.
- Oh non ! Pas Malefoy ! Il n'est pas beau du tout, avec son menton et son nez pointus, ses rictus méprisants, ses cheveux tellement blonds qu'ils paraissent blancs… »
Harry se coupa dans sa tirade en se rendant compte du ridicule consommé de ce qu'il s'apprêtait à dire : qu'est-ce qu'il allait sortir, encore ? Ses pommettes qui adoucissent son visage ? Ses longs cils blancs ? Ses yeux gris qui rient quand le reste de son visage est sérieux ? Ses pattes d'oie ?
« Tu l'as vachement observé, dis donc, et de près… »
Il ne répondit rien. Nier les évidences n'avait jamais été un trait de caractère Potter.
« Tu as toujours entretenu cette fascination pour lui, reprit Ginny.
- Je ne vois pas de quoi tu parles. »
Ginny ne savait pas qu'Harry avait passé sa sixième année à pister Drago comme un chien. Il lui avait un peu raconté ce qu'il avait vécu durant sa septième année, mais sans plus. Il y a des choses qu'on préfère garder pour soi.
« Tu l'as sauvé dans la Salle sur Demande !
- Il le fallait bien ! Je ne suis pas un monstre !
- Je sais. Tu as toujours eu tendance à vouloir sauver tout le monde contre son gré. Même ton boulot c'est sauver des gens ! Mais pour Malefoy, c'était différent. »
Harry attendit qu'elle développe mais ils furent coupés dans leur élan par un : « PAPA ! MAMAN ! » assez bruyant et l'invasion du salon par leurs trois enfants surexcités et couverts de neige, comme il se doit.
« PAPA !
- Pas la peine de crier, dirent Harry et Ginny en même temps.
- T'étais où ?
- À Sainte-Mangouste, répondit Harry, conscient que ses enfants avaient dû passer une nuit assez perturbante (commencée au Terrier, continuée au Square, terminée chez Ron et Hermione).
- Pourquoi t'y es allé sans moi ?, demanda Lily. J'adore Sainte-Mangouste !
- T'es malade ?, demanda James, plus concerné par ce que son père disait.
- T'as faim ?, demanda Albus, encore plus concerné. Dis, papa, t'as bien dormi ? Parce que tu ronfles, quand tu dors.
- Et tu baves, reprit Lily.
- Votre père a bien dormi, répondit Ginny en hissant Lily sur ses genoux. Il n'a rien, il est allé à Sainte-Mangouste pour faire son boulot d'Auror.
- Je croyais qu'il était en vacances. »
Zut. James était aussi finaud que sa mère, parfois.
« J'ai dépanné un… (un quoi ?) … un ami, répondit Harry en s'écartant pour laisser une place à James sur le canapé.
- Qui ?
- Lily, on en a déjà parlé, reprit doucement Ginny. Le secret médical…
- Est une des raisons pour laquelle je ne dois pas chercher à savoir pourquoi les gens vont à l'hôpital ou s'ils sont malades, récita Lily.
- On va faire un bonhomme de neige ?, demanda Albus en montant sur les genoux de son père (montrant par là que sa proposition n'attendait pas de réponse).
- Il fait nuit, mon poussin. Demain, si tu veux.
- Maman, pourquoi papa il est fatigué comme ça ?
- Parce qu'il travaille trop et a du mal à se reposer pendant ses vacances. »
C'était totalement vrai, songea Harry. Il travaillait trop.
« Eh ! On est une famille, pas vrai ? »
Ah, c'était le temps des confidences. Harry laissa Ginny s'exprimer : elle était plus à l'aise que lui avec les mots.
« Oui, Al. Même si on ne vit plus ensemble. On est une famille. »
Même si ses enfants avaient plutôt bien pris leur séparation, Harry savait que ce n'était pas tous les jours facile de voir ses parents séparés. Lily se blottit dans les bras de sa mère :
« Vous allez vous remarier ?
- Pas avec ton père, ma louloute. Lee ne le prendrait pas bien.
- J'aime bien Lee. C'est ton amoureux. Et toi, papa ? T'as un amoureux ? »
Albus avait le don de poser les bonnes questions au bon moment. Alors que Ginny se mettait à glousser, Harry décida de répondre franchement :
« Je ne sais pas.
- Victoire, elle a dit qu'on devait forcément trouver un amoureux, sinon on était malheureux.
- Ta cousine ne sait pas tout : on peut être heureux même célibataire.
- Oui mais tout le monde a un amoureux ! Pourquoi pas toi ? »
Il est vrai qu'à part Charlie, qui en plus faisait rarement son apparition dans les réunions familiales, tous les adultes présents dans la vie des enfants étaient en couple.
« Je ne suis pas le seul, commença Harry. Regarde, le père de Scorpius, lui non plus n'a pas d'amoureuse.
- Oui mais lui il est marié !, s'exclama Lily, comme si c'était un argument imparable.
- Et puis si ça se trouve, il est amoureux ! »
Harry sentit un tiraillement dans son ventre. Tiens, c'était vrai, ça… Si ça se trouve, Drago est amoureux. Ils n'en avaient jamais parlé, parce que ça ne s'était jamais présenté, mais peut-être que Drago aimait une autre femme ! Qu'il attende d'être divorcé pour la voir n'empêchait pas les sentiments !
« Je vais demander à Scorpius. Il doit savoir. » déclara Albus.
Harry se retint de l'encourager.
« Vous vous aimez toujours, hein ?, demanda Lily en entourant le cou de sa mère.
- Oui. Votre père sera toujours un ami. Mais maintenant, c'est Lee l'homme de ma vie.
- Tant qu'il s'incruste pas entre nous… » commenta James en se rapprochant de son père.
Le câlin familial s'étira : ils formaient tous les cinq une sorte d'agglomérat indistinct et chaleureux. Harry se surprit à respirer un peu mieux : les cheveux de James lui chatouillaient les narines et Albus avait posé sa tête contre son torse, écoutant son cœur.
Plongés dans le silence, ils profitèrent de ce moment simple : ils avaient perdu l'habitude des câlins collectifs, et peut-être que ça leur manquait plus que ce qu'ils pensaient.
