Chapitre 24 : Le monde selon Lavande Brown

Le monde selon Lavande Brown se résumait en deux choses : l'argent et l'argent. Lavande aimait l'argent à dépenser et l'argent facile à gagner. Lavande aimait les jolies choses, celles qui brille et qui coûtent chers. Lavande aimait la vie, elle la croquait à pleine dent jusqu'à ce qu'elle se brise entre ses lèvres. Lavande aimait briser les choses, les rendre aussi fissurés qu'un miroir, jusqu'à ce qu'elles n'aient plus aucune valeur. Cette perpétuelle envie de briser les autres était pour Lavande une berceuse rassurante, rien n'était parfait, rien n'était plus beau qu'elle. Lavande s'était toujours assuré d'être la meilleure, d'incarner la perfection sur terre. Elle voulait être la seule qu'on admire sur le trône.
Si la vie ne lui avait rien donné à sa naissance elle s'était arrangé pour gagner ce qu'elle avait, Lavande gagnait toujours. À défaut de ne pas être très intelligente de nature, Lavande avait su tirer profit de son physique. Son estime d'elle-même la plaçait bien au-dessus des autres, mais la réalité était là. Elle était jolie. Certains diront qu'il n'y a pas de différence entre jolie et belle, mais pour Lavande la différence s'était imposé quand Hermione était rentré à Passion Rouge. Pour ne pas changer du scénario classique, Hermione avait pris la place de Lavande, et celle-ci ne l'avait pas du tout apprécié. Logique. Cependant, derrière cette haine viscérale qu'elle vouait à la plus jeune, Lavande devait bien avouer qu'elle vouait une certaine admiration pour Hermione. Elle détestait son côté poupée fragile, ses longs cheveux bouclés, ses grands yeux noisette où se renfermait une noirceur inégalable Lavande l'admirait pour sa froideur, son inexpression faciale, la hargne qu'elle mettait à garder sa place, et cette beauté naturelle dont elle était dotée. Plus elle l'admirait et plus elle la détestait, c'était devenue un cercle vicieux dont Lavande ne pouvait plus se sortir.

Détester Hermione était devenu l'une de ses raisons principales.

Elle avait fait des pieds et des mains pour retrouver l'adoration de Dean, mais rien à faire, Hermione restait la première.

Ensuite Parvati avait pris sa place, faisant glisser Lavande à la troisième place. Elle était devenue folle, se demandant bien comment elle avait pu régresser autant ? N'était-elle plus jolie ? Avait-elle perdu de sa prestance ? Mais non, ses clients habituels continuaient de la solliciter, les filles de Passion Rouge lui louaient toujours leurs louanges. Lavande était resté la même. Alors pourquoi avaient-elles pris sa place ?
Lavande en était finalement venu à la conclusion qu'elle n'était pas parfaite, et qu'elle ne l'avait jamais été. La nouvelle génération prenait sa place, et cela la rendait malade.

Alors aujourd'hui… Aujourd'hui Lavande se retrouvait avec une couronne brisée en guise d'ornement. Et cela n'était pas une blague, la vitre en face d'elle lui renvoyait l'image d'un fantôme jadis une grande reine. Lavande renâcla, dédaigneuse, puis elle tourna le regard. Elle avait toujours envisagé le fait de se faire prendre par les flics, pourtant elle peinait à suivre la réalité. Tout était allé très vite, comme une musique trop rapide pour une danse lascive. Pendant l'intervention elle avait glissé sur l'un des draps, puis s'était ramassé tête la première sur la table de chevet, s'ouvrant l'arcade sourcilière. Sa couronne s'était brisée sur le coup, enfonçant ses piques d'acier dans son crâne, à chaque mouvement elle sentait les striures lui agresser le cuire chevelu. Sans trop savoir pourquoi ni comment on lui avait passé les menottes, on l'avait fourré dans une voiture puis on l'avait déposé ici, sur une foutue chaise branlante.

La porte derrière elle s'ouvrit, la personne la referma puis vint s'asseoir sur la chaise de bureau face à elle. Lavande le reconnu de vu, c'était un flic de la BRP, Dean s'en méfiait comme de la peste, contrairement aux autres il n'hésitait pas à fouiner partout.

- Vous allez bien Lavande ? Questionna le capitaine en toute bonne foi.

Lavande tourna lentement son regard vers lui, elle devait faire peur avec le sang qui lui dégoulinait sur le front. L'inspecteur ne broncha pas, il continua de la regarder avec un regard sincère.

- J'vous emmerde, cracha la jeune femme, agrémentant ses mots d'un regard noir.

L'inspecteur ne perdit pas son sourire, il se contenta d'acquiescer. Pas ébranlé le moins du monde il entreprit d'ouvrir une page de déposition sur son ordinateur. Ce coup de maître ne pouvait pas enlever la fierté grandissante dans les entrailles de Rémus.

-Nous vous enverrons un médecin plus tard, rassura Rémus, pour le moment je vais vous expliquer ce qu'il va se passer.

L'inspecteur se positionna face à son clavier, il entreprit de remplir les formalités avant de se tourner vers Lavande et de rentrer dans le vif du sujet.

-Vous êtes bien Lavande Maria Brown, née le 10 mai 1997 à Dreux ?

-Oui, c'est bien moi, soupira la jeune femme.

Rémus hocha la tête, les informations de sa carte d'identité étaient justes, il attendait juste désormais son authenticité. Toujours très clame, il ouvrit un dossier posé sur son bureau, il en sortit quelques photos de mauvaises qualités, des rapports et une photocopie du casier judiciaire de Lavande. Le Capitaine déposa d'abord les photos devant la jeune femme, Lavande se pencha en avant, un long frisson lui coulant le long du dos.

-Ici, nous avons les photos des caméras de surveillance de la rue Faubourg du temple.

Il désigna l'une des photos où on distinguait clairement la jeune femme, une paire de lunettes de soleil sur le crâne et un énorme cocard à l'œil gauche. Lavande déglutit, la seule chose qui tournait dans sa tête : Dean. Quand les flics avaient défoncé la porte de la chambre, elle avait directement pensé à cette enflure de Dean. Qu'elle balance quelque chose ou non, il la tuerait, qu'elle soit libre ou en taule, il la tuerait. En entrant dans cette chambre, ils avaient scellé son destin de la plus horrible des manières.

-Vous avez été vu à proximité du nightclub Passion Rouge, ainsi qu'à l'intérieur en tant que prostituée et racoleuse.

-La prostitution n'est pas condamnable, argua Lavande en lui coupant la parole.

Le Capitaine Lupin se stoppa, fixant la jeune femme dont les yeux bleus vrillaient sous la peur qui lui oppressait la poitrine.

-Il est vrai, concéda-t-il, mais louer ses services dans un endroit public l'est.

-Une chambre d'hôtel c'est privé, se défendit Lavande.

Un sourire naquit sur le visage de Rémus.

-D'après mes renseignements, Passion Rouge ne dispose pas de location de chambre.

Le visage de Lavande se décomposa, et ce, sous le regard satisfait de Rémus. Il était moyennement fier de s'acharner sur une jeune femme, à qui la vie n'avait jamais réussi, mais il devait faire tomber Passion Rouge coûte que coûte. Au début de sa carrière il avait refusé de corrompre, d'utiliser les autres pour ses enquêtes, mais la vérité était là, la nature humaine était vile et se comporter en bon samaritain n'allait que le faire plonger dans les méandres du monde. Les bons principes ne servaient à rien quand en face de vous se dressait des êtres aussi corrompu qu'un politicien, Rémus l'avait appris à ses dépens malgré les avertissements de Sirius et James.

-J'vois pas de quoi vous parlez, nia Lavande après avoir repris contenance.

-Lavande, il vaudrait mieux que vous coopériez, lui assura le Capitaine.

-Mais vous croyez quoi ? Que je vais tout vous dire sans risquer de me faire buter ? S'emporta la jeune femme en levant les yeux au ciel.

Seul le plafond gris terne lui répondit. Lavande soupira.

-Je ne peux rien vous dire, conclut la jeune femme plus posément.

-Vous risquez gros Lavande, tenta encore une fois Rémus.

Le regard de Lavande changea, une lueur de tristesse s'y peignait, quelque peu résigné aux châtiments qui l'attendaient.

-Parce que vous pensez que je ne le sais pas ? Cracha la jeune femme, ayant retrouvé sa verve.

-Je n'ai pas dit ça, Lavande, contra Rémus, simplement que vous devriez coopérer avec nous pour amoindrir votre peine.

Lavande se pencha en avant, plantant des yeux acérés dans ceux du Capitaine.

-Quoique je dise ou fasse je suis déjà morte, Capitaine, vous avez signé mon arrêt de mort en entrant dans cette chambre.

Une sueur froide dégoulina le long du dos de Rémus, le clouant sur place. Son regard, empreint d'une froideur inébranlable, ne pouvait appartenir à la jeune femme qu'on lui avait décrite. Par-dessus ses grands airs de fille frivole, Lavande n'en restait pas moins une femme redoutable qui ne perdait pas de vues ses priorités. Rémus se racla la gorge, comme souvent le coup était perdu d'avance, mais pour rien au monde il ne laisserait tomber, il allait la travailler mentalement jusqu'à ce qu'elle cède un infime indice.

-Vous avez signé vous-même votre arrêt de mort en vous affiliant à Daddy, Lavande, ne retournez pas la situation. Ici vous n'êtes pas la victime.

Rémus avait appris avec les années à ne plus se laisser attendrir par le baratin de certains, désormais il savait reconnaître les victimes de celles qui se jouaient de lui.
Lavande se mordit violemment la lèvre inférieure, elle se sentait acculée contre un mur, elle ne voyait aucune sortie à sa disposition. Jouer la carte agressive ? Il était hermétique à sa violence. Celle de la jeune femme éplorée ? Il n'était pas dupe. La séduction ? Cela n'irait que lui apporter des ennuis. Lavande était bloquée, acculée, prise au piège sans aucune maîtrise sur la situation. Elle haïssait se sentir ainsi, mais force était de constater qu'il y avait plus fort qu'elle.
Un long tremblement parcourut ses mains, remontant lentement ses bras, pour finir par lui broyer les lèvres. La peur.

-Vous avez été arrêtée pour détention de stupéfiants, racolage actif sur la voie publique, racolage passif dans un lieu public et administratif, ainsi que pour prostitution dans un lieu dont vous n'étiez pas la propriétaire.

Cette peur monstrueuse montait en elle comme un venin mortel, car elle savait que Dean n'allait rien faire pour la sortir de là. Lavande savait qu'elle était condamnée, mais l'espoir improbable qu'elle s'en sortirait indemne l'avait gardé en vie jusque-là.

-Vous risquez entre un an et six mois de prison, ajouta Rémus s'était résigné à ce que la jeune femme ne parle pas. Je ne peux pas vous promettre que vous aurez une peine aménagée, au vu de votre casier, la récidive est mal vue.

-J'étais mineur, murmura Lavande, perdu dans son désarroi.

-Vous aviez dix-sept ans Lavande, j'ai bien peur que le fait que vous ayez récidivé vous porte préjudice.

Le regard de Lavande se perdit par-delà la fenêtre, plongeant dans la nuit noire de ce lundi soir. Sa vie était aussi vide et étriquée que la nuit, perdue dans un néant sans fond, se demandant si un jour elle en verrait le bout, et si même il y en avait un. Lavande hésité, elle se torturait intérieurement pour se dépatouiller de cet enfer qui lui tendait les bras. Quoi qu'elle fasse, elle était perdue, c'était un fait, mais si elle devait partir pour toujours pourquoi ne pas entraîner quelqu'un dans sa chute ? Lavande soupira, l'idée était tentante mais quelque chose la dérangeait. Non pas qu'elle ait des principes, mais bien que balancer le nom d'une de ses camarades l'embêtait un peu. Pourquoi ? Peut-être pour un fond de camaraderie que Lavande n'aurait reconnu pour rien au monde.

-Marcus Flint, glissa la voix de Lavande comme venue d'outre-tombe.

-Pardon ? Sursauta le Capitaine, ne s'attendant pas à entendre la jeune femme de nouveau.

-Marcus Flint, répéta Lavande.

La bombe était lâchée. Même avec ces maigres informations, Lavande savait qu'elle foutait en l'air la vie de ce connard. L'irrépressible envie de le faire tomber avec elle l'avait pris, elle l'annihilait au plus profond de son être, alors autant le faire couler pour de bon.
Face à elle, Rémus n'en revenait pas, il venait d'attraper le plus gros poisson qu'il n'ait jamais vu. Marcus Flint, c'était l'un des gros benêts qui soutenait Passion Rouge, et avec le témoignage de Lavande il était sûr de le faire tomber. Et cela ne ferait qu'ébranler encore plus la maison de passe. Avec empressement il entreprit de retranscrire les propos de Lavande, ne perdant pas un instant pour ne pas oublier. La chose était si belle, tel un rêve.

-Je peux y aller ? Demanda Lavande, vidée par sa soirée éprouvante.

Le Capitaine secoua la tête, ils en avaient encore pour un petit moment. De plus comme on l'avait prise la main dans le sac et qu'elle n'avait pas nié ses fautes, un aller simple pour la maison d'Arrêt de Versailles.

-Je ne pense pas Lavande, vous n'êtes pas vraiment tirée d'affaire.

-J'ai balancé le nom de Flint ! S'exclama la jeune femme, hors d'elle.

Ses yeux lançaient des éclairs, et la rage présente dans ses traits fit reculer Rémus dans son siège. Il se racla la goge, essayant de se donner une contenance face à la jeune femme.

-Ça n'effacera pas vos délits, Lavande, comprenez bien ça : assumer ses fautes est primordiale.

La jeune femme en resta bouche bée, comme si le monde venait de lui tomber sur la tête. Dans les séries, quand le suspect collaborait avec la police il n'était jamais vraiment poursuivi, alors pourquoi cela ne marchait pas pour elle ?

-Vous me détestez au point de ne pas prendre en compte ce que j'ai dit ? Éructa Lavande.

Rémus releva lentement ses yeux sur elle, les mains en suspend au-dessus du clavier.

-J'ai pris en compte ce que vous avez dit, Lavande, répondit posément Rémus. Désormais ce sera au juge de rendre sa décision.

-Et quand est-ce que je le verrais ? Embraya la blonde, déboussolé par la manière dont procédait le Capitaine Lupin.

-Ça je ne peux pas vous le prédire, vous aurez une audience quand la place viendra.

-Et en attendant ?

Il ne savait si elle allait pleurer de désespoir ou de folie, les deux étaient même fort probables. La jeune femme se mordit la lèvre, arrachant quelques morceaux de peaux mortes, l'anxiété la gagnait progressivement.

-En attendant, vous irez en Maison d'Arrêt.

Le monde sembla s'écrouler autour d'elle, morceau par morceau le sol s'effondrait sous ses pieds dans une lenteur ahurissante. Lavande ne pouvait pas s'imaginer en prison, c'était complètement barré, impossible qu'elle puisse y finir. Ses choix étaient tellement contradictoires, elle qui rêvait d'argent facile et de luxe s'était vautrée dans la prostitution, gravissant les échelons un à un, racolant pour Dean à l'université elle consommait de la drogue, mais refusait d'en assumer les conséquences une fois la main prise dans le sac. Si Lavande s'était cru invincible, c'était un euphémisme, elle était clairement une Déesse intouchable des mains mortelles.

-Je ne veux pas, gémit-elle.

-Ce n'est pas mon problème, Lavande, vous irez expliquer ça au juge.

Et le monde continuait de couler autour d'elle, l'entraînant dans sa chute comme une mauvaise blague. La vie était une mauvaise blague, dont Lavande n'arrivait pas à en saisit l'ironie loufoque.


Hello à tous ! Voici le vingt-quatrième chapitre... Avec un mois de retard. J'ai eu un mois assez chargé, donc peu de temps pour écrire et une grosse fatigue.

Enfin voilà ! Ce chapitre est court, il est là pour faire une petite transition, mais le chapitre 25 sera un peu plus palpitant.

Au mois de mai fait ce qu'il te plaît, donc à très vite car ce sera le mois relax avant le début des partiels ! Et aussi de mon anniversaire, car oui cette année je passe la barre des 20 ans... j'ai tellement envie de chialer. De désespoir pas de joie, la vie passe trop vite.

Je vous souhaite une bonne reprise des cours, courage c'est bientôt fini, force à ceux qui passent des exams, j'suis avec vous !

Kiss,

Methylone.