Attente
Drago était dans la salle de bain à se soigner quand Hermione ouvrit la porte.
« Oh mon Dieu ! » s'exclama-t-elle en refermant la porte. « Je suis désolée, je ne voulais pas … »
« Relax, Granger, » dit-il dans un soupir. « Je ne suis que torse nu. » Il avisa son dos dans le miroir et soupira encore. « Tu peux m'aider, s'il te plait ? »
La porte s'entrouvrit et un œil brun passa dans l'interstice. Il lui présenta un baume ainsi que son dos.
« D'accord… »
Elle pénétra dans la salle de bain et fit glisser sa main dans le dos du Serpentard. Celui-ci se tendit légèrement sous la douleur mais ne dit rien. Pas même une insulte. Et à vrai dire, il n'en avait même pas envie. Ils étaient tous les deux dans la même galère. Deux fugitifs…
« Cela fait bizarre ? » fit-elle soudain.
« De quoi ? »
« Toi ? »
« J'imagine… Cela m'a fait bizarre aussi de vivre comme un Moldu auprès de la famille de Potter. »
« Tu as vécu chez Harry ? »
« Oui. »
Elle garda un instant le silence.
« Comment c'était ? Il n'en parle jamais à part pour dire qu'il déteste les Dursley. »
« C'était… horrible. Pas dans le sens où vivre comme un Moldu est horrible mais… Ils étaient vraiment horribles avec lui. Et avec moi aussi même si Harry me protégeait et me disait de courber l'échine. »
« Et tu l'as fait ? »
« Oui. Je n'avais nulle part où aller. Et je préférais suivre ses conseils plutôt que de subir plus. J'avais déjà suffisamment encaissé avec les Mangemorts. Je ne voulais pas en plus qu'un Moldu finisse le travail… »
Il se retourna et remercia la Née-Moldue pour lui avoir soigné le dos. Il rangea rapidement le baume dans son sac.
« Vivre chez Harry était comme… vivre la vie d'un elfe de maison. Et encore sans la magie. C'était horrible. Mais j'ai appris un certain nombre de choses aussi. »
« Comme ? »
« Leur adaptation et leur créativité pour faire des choses que nous faisons d'un simple mouvement de baguette. Ils savent se simplifier la vie quand ils le veulent vraiment… »
« Ce n'est pas faux. »
« Mais ils sont aussi dangereux pour d'autres choses. J'ai vu un … documentaire… je crois que ça s'appelle comme ça… sur les bombes … nuclaire. »
« Nucléaire, Malfoy. Les bombes nucléaires. » Elle grimaça. « Et oui, ce n'est pas la meilleure chose que les Moldus ont inventée, » admit-elle ensuite.
« Je m'appelle Drago Black maintenant, Granger. Plus Malfoy. »
« Désolée. »
« Ce n'est pas grave. Je me doute que cela prendra du temps. »
Il sortit de la salle de bain et plia rapidement ses affaires pour les ranger dans son sac. Il en sortit ensuite un livre pour s'occuper.
« Mal… hmmm… Je peux t'appeler Drago ? »
« Fais comme tu veux. »
« Drago, je peux t'emprunter ton baume ? »
« Vas-y. J'ai de la réserve. Et de quoi en refaire si nécessaire. »
« Merci. »
Elle disparut dans la salle de bain pendant les vingt minutes qui suivirent. Le Serpentard perçut parfois quelques sifflements et couinements de douleur mais n'y prêta pas plus attention. Il avait vu le corps de la Gryffondor. Ces salopards du ministère, ils avaient été horribles avec elle. Ils s'étaient permis des largesses parce qu'elle n'était qu'une Née-Moldue. C'était scandaleux.
Quand elle ressortit, elle vint s'asseoir en tailleur sur le lit et rendit le baume au jeune homme. Ce dernier le rangea dans son sac sans même vraiment y prêter attention.
« Et maintenant ? »
« Et maintenant, on attend. »
« Tu lis quoi ? »
« Pas sûr que cela t'intéresse. »
« C'est-à-dire ? »
« Magie noire. »
« Oh… Tu as un autre livre à ce sujet ? » Drago leva la tête et croisa le regard brun de la Gryffondor. « Quoi ? Il faut bien que je sache contre quoi je me bats et ainsi pouvoir me défendre ! »
Il eut un rictus et il sortit un ouvrage de son sac.
« Ceci t'apprendra les bases, » fit-il en le lui tendant. « Ne l'abîme juste pas. Il n'est pas à moi. »
« Il est à qui ? »
« Mon parrain. »
« Et qui est … ? »
« Je ne te le dirais pas. Pas avant d'avoir discuté avec Harry, voire mon parrain lui-même à ce sujet. C'est pour sa sécurité. »
« D'accord, » accepta-t-elle.
« L'avantage des Gryffondors, » remercia Drago en retournant à son livre.
« Je peux savoir ce que ça veut dire ? »
« Avec un Serpentard ou un Serdaigle, j'aurais été harcelé de questions jusqu'à ce que je crache le morceau. Les premiers parce qu'ils n'ont pas facilement confiance quand ils n'ont pas toutes les données en main et les seconds parce qu'ils ne savent pas taire leur curiosité. »
« Je suis sûre que tu exagères. »
« A peine. »
Ils se plongèrent tous deux dans la lecture et le calme revint dans la chambre pendant quelques heures.
xXxXxXx
« Mec, on va rester ici encore longtemps ? » demanda Ron qui commençait sérieusement à s'ennuyer. « Je n'aime pas de savoir Hermione avec cette fouine. »
Harry soupira mais répondit malgré tout.
« Nous allons en ville demain pour passer un coup de téléphone, Ron. Sois patient. Tu tiens vraiment à te faire tuer parce que tu te précipites ? »
« Non mais … Et après le coup de téléphone, on fait quoi ? »
« Je laisserai à mon contact une adresse à laquelle Drago et Hermione nous rejoindront. Là, on avisera de la suite ensemble. »
« La fouine pourra repartir de son côté. »
« Je ne l'abandonnerai pas, Ron. Nous serons quatre dorénavant. »
« Quoi ?! »
« C'est ça ou tu dégages ! » fit Harry en croisant le regard de son meilleur ami.
Sa voix était teintée d'une légère colère.
« Je te l'ai déjà dit. Drago n'est plus le même. Il est renié de sa famille et il n'a nulle part où aller ! Si jamais il est trouvé, il se fait tuer sur le coup ! Toi, si on te capture, tu auras encore la chance de te faire interroger juste parce que tu es mon ami et que tu pourrais savoir où je suis. Lui, il mourra ! Alors non, je ne l'abandonne pas juste parce que tu ne l'aimes pas ! »
Il inspira profondément pour se calmer. Il alluma un feu dans la cheminée pour palier au froid et à l'humidité des lieux à mesure que le soir approchait.
« Et à vrai dire, » continua-t-il avec calme. « Sans lui, ma recherche des horcruxes serait encore au point mort. J'ai quelques pistes maintenant. »
« Comme ? »
« Les reliques des fondateurs de Poudlard pour commencer. On devait récupérer le médaillon de Serpentard sur Ombrage. Je ne l'ai pas vue malheureusement. J'espère que Drago l'a croisée sinon on est bon pour une nouvelle escapade au Ministère plus tard et franchement, je n'en ai pas envie… C'est déjà un miracle que nous en soyons sortis indemnes. »
« Pas tout à fait indemnes. »
« Oh pardon, avec à peine quelques égratignures et ecchymoses. Je parlais de vraies blessures handicapantes Ronald… »
« Mouais… »
Le Sang-Pur soupira et laissa sa tête tomber sur le dossier du vieux canapé. Le silence revint pendant une dizaine de minutes, permettant à Harry de retourner à sa lecture d'un livre de Snape sur les très vieilles familles, notamment les quatre familles des Fondateurs de Poudlard. Il cherchait à quoi pouvait bien ressembler le Diadème de Serdaigle et également une piste pour le retrouver.
Il fut une nouvelle fois interrompu dans sa lecture par la voix de son ami.
« Sinon, par le plus grand hasard, tu n'aurais pas une baguette en rade ? »
« Non. Je n'ai que la mienne désolé, Ron. »
« Eh merde… »
« Hermione doit probablement être dans le même cas que toi. »
« Mouais… peut-être. »
« On trouvera une solution, Ron, t'inquiète pas. Pour le moment, rester en vie est le plus important. On avisera par la suite. »
Il retourna à sa lecture. Du moins jusqu'à ce que son ami lui dise qu'il s'ennuyait. Il lui proposa alors une partie d'échecs pour se changer les idées. Ron accepta avec plaisir. Au moins, il arrêterait de râler…
xXxXxXx
Drago attendait à côté des toilettes publiques que Granger se change. Ils venaient de faire quelques emplettes pour qu'elle ait quelques vêtements à sa taille ainsi qu'une paire de chaussures décentes.
« Et voilà, » fit la brune en ressortant.
Elle était habillée d'un jeans et d'un T-shirt banal, une veste en similicuir sombre et une casquette sur sa tête pour la protéger du soleil et dissimuler partiellement son visage et ses cheveux broussailleux. Ces derniers étaient d'ailleurs rassemblés en une queue de cheval.
« Méconnaissable, » approuva le Serpentard. « Il faut que je prenne contact avec … enfin que je fasse ce truc moldu. Je sais plus comment ça s'appelle… »
« Le téléphone ? »
« C'est ça. »
« Tu as de la monnaie ? »
« Oui. »
« Alors suis-moi. On va trouver une cabine téléphonique. »
Elle le mena dans les rues de Sheffield et ils trouvèrent bien rapidement un petit cabanon rouge avec des vitres des quatre côtés. Drago lui tendit le bout de parchemin avec le numéro de téléphone et la monnaie moldue. Elle composa rapidement numéro et lui tendit le combiné.
« Tu écoutes ici et tu parles là. Et pas besoin de crier. On t'entendra même si tu parles normalement. D'accord ? »
« D'accord. »
Il mit le combiné contre son oreille et entendit des tonalités.
« Ca … bip ce truc, c'est normal ? »
« Oui. »
« Et comment je sais si … »
« Allô ? » fit une voix d'homme dans le boitier
« Hmmm… allô… Est-ce que… vous m'entendez ? »
« Oui. »
« Bonjour, je suis Drago, le filleul de votre fils. C'est pour vous dire que nous sommes en bonne santé, Hermione Granger et moi. Vous pourriez prévenir Harry ? »
« Il m'a déjà téléphoné, gamin, » répondit Tobias Snape. « Il va bien aussi ainsi que son ami. Il te dit de le rejoindre à Liverpool. »
« A Liverpool ? » Il se tourna vers la Gryffondor. « Tu es déjà allé à Liverpool ? »
« Non, mais je sais comment y aller ? On doit aller où exactement. Parce que Liverpool c'est grand. »
« Où à Liverpool ? » demanda Drago.
« Dans la cathédrale. Il s'y rendra tous les matins à onze heures cette semaine. »
« Merci, monsieur. »
« Faites attention à vous. »
La communication se coupa après cela. Granger récupéra le combiné pour le ranger et ils sortirent de la cabine.
« Il faut qu'on aille à la gare, » fit-elle ensuite. « A moins qu'on y aille en taxi mais d'ici, cela va coûter la peau des fesses… »
« Qu'est-ce qui est le plus sûr ? »
« Hmmm… les deux ? Mais le train est moins cher. »
« Alors va pour le train. »
Hermione se tourna vers un passant, un Moldu, et se renseigna sur la direction à prendre pour se rendre à la gare. La femme la lui indiqua avec un sourire avant de repartir sur son chemin. Les deux sorciers suivirent les indications données et ils furent assez rapidement à leur goût dans un train en direction de Liverpool.
Une fois sur place, Hermione mena encore le Sang-Pur à travers la ville qu'elle ne connaissait pourtant pas. Elle était juste bien plus à l'aise que lui car c'était également son monde.
Ils se rendirent dans une auberge et prirent une chambre. Là encore, ils la partagèrent, peu confiant d'en prendre chacun une. Ils étaient plus forts ensemble. Et surtout plus en sécurité.
