Hello tout le monde !

Alors, comme ça on repart pour un nouveau confinement, jusque début mai... alors j'espère pouvoir vous accompagner pendant ce temps-là ! A priori, il y aura 30 chapitres en tout et pour tout sur ELEV, donc normalement, on aura fini tout juste pour la fin (théorique) de ce troisième confinement.

J'espère vous retrouver au rendez-vous toutes les semaines jusqu'à la fin et vous donner un peu de baume au cœur en ces temps compliqués.

Bonne lecture ~


Last Samurai: A Small Measure of Peace - Hans Zimmer

Chapitre 26 : Montrer patte blanche

- Vincente… Vincente…

C'est le son de ma propre voix qui me réveille. Je m'attends à me retrouver dans cette même pièce immensément haute et froide, mais en battant des paupières, je réalise que je suis de retour dans la chambre de Zéèv, à Seattle.

Aussitôt, ma panique remonte en flèche. Je me redresse brusquement dans le lit, le cœur battant dans mes tempes et parcoure la pièce des yeux. Il fait encore relativement sombre et je mets un certain temps à distinguer les différentes ombres. Rien n'a changé depuis la dernière chose dont je me souviens avant de me réveiller dans l'hôpital en France.

Il faut que je parte d'ici.

Je commence à me sentir paralysée par la peur aux souvenirs qui me reviennent et je baisse les yeux pour voir mes mains parcourues de tremblements impressionnants. J'écarquille les yeux et fixe ces mouvements quelques secondes, comme hypnotisée par le comportement de mon propre corps.

- Louve ?

La voix grave me glace le sang. Je retiens ma respiration en sentant les larmes monter. Il est là.

Je le sens s'approcher de moi et suis toujours incapable de bouger. Il m'a brisée, je réalise. Je n'ai même plus la volonté de me défendre. Je suis complètement terrifiée. Je ne vaux plus rien, ça ne sert à rien de lutter. Je ferme les yeux en anticipation. Je sais que je vais encore avoir mal.

- Louve ? Mon cœur ? Tu vas bien ?

Les tremblements de mon corps ne font que s'aggraver et je sais que c'est mauvais. Je ne devrais pas lui montrer l'étendue de la peur qu'il m'inspire mais je n'arrive pas à m'arrêter.

Je sens le matelas s'enfoncer à ma droite et je me recroqueville sur moi-même. Je n'arrive plus à respirer et mon cœur bat si fort dans mes tempes que j'ai peur de m'effondrer.

Soudain, sa main effleure mon dos, et je ne peux pas retenir un cri de peur étranglé. Je me recroqueville encore plus sur mon corps, dans l'espoir d'éviter son toucher.

- Louve ?

Cette fois, sa voix renferme des traces évidentes d'inquiétude, mais surtout, il a l'air blessé. Alors quoi, maintenant il reprend son rôle de petit ami normal et aimant ? Quel hypocrite…

- Mon cœur, qu'est-ce qu'il se passe ?

Il n'essaie pas de me toucher à nouveau, mais il ne s'écarte pas non plus. Sa proximité me rend malade. Je n'ai qu'une envie, c'est de courir le plus loin possible de lui. Je ne peux pas lui répondre. Si j'ouvre la bouche, toutes les obscénités que je retiens en moi vont sortir et alors, je sais qu'il ne pourra plus se retenir. Je reste immobile et silencieuse.

- Louve, je t'en prie, parle-moi. Dis-moi ce qui se passe. Je ne peux pas t'aider si tu ne communiques pas.

Je laisse s'échapper une exclamation désabusée de ma bouche. D'un coup, ma terreur se transforme en colère noire. Je me tourne vers lui et lui offre le regard le plus sombre que je peux. Ses yeux s'écarquillent et il a un mouvement de recul. Il n'est pas habitué à me voir dans un état pareil, et encore moins dirigé vers lui.

- Tu veux m'aider ? Tu te fous de ma gueule ?

Il ouvre la bouche mais rien n'en sort. Seuls ses yeux parlent, me communiquant à quel point il est blessé. Je ricane intérieurement. Quel connard hypocrite.

Je saute du lit, et cours jusqu'à la salle de bain, dont la porte est entrouverte et la lumière est allumée. Il devait y être quand je me suis réveillée et c'est pour ça que je ne l'ai pas vu. J'imagine qu'en me voyant assise dans le lit, il n'a pas pris la peine d'éteindre la lumière.

Je claque la porte et m'enferme dans la pièce. En essayant de calmer mon tremblement qui n'a pas l'air de vouloir me laisser tranquille, je glisse le long de la porte et serre mes jambes contre ma poitrine. Puis, je ne bouge plus.

Je reste ainsi longtemps, sans savoir combien de temps passe.

Je crois même que je m'endors dans cette position.

Quand je rouvre les yeux, la lumière du soleil emplit la salle de bain et mon corps est tout endolori d'être restée des heures assise à même le sol. Je me redresse et m'étire en grimaçant. Je jette un œil à la porte. Je suis étonnée qu'il n'ait pas essayé d'entrer par la force. Après tout, il est très fort pour ça. Je frissonne et me prends la tête entre les mains. Même en ayant dormi, je ne me sens pas mieux que la nuit dernière. J'ai l'impression d'être brisée.

Je souffle un grand coup et essuie les larmes qui ont coulé doucement sur mes joues d'un geste rageur. Puis, j'entreprends de me déshabiller pour prendre une douche. J'espère qu'elle m'aidera à décoincer mes muscles et me mettra les idées au clair.

Il faut que je quitte cet endroit. Pour le moment, je suis coincée dans cette pièce, mais je dois trouver une solution pour en sortir et laisser cet appartement derrière moi, avec tout ce qu'il représente.

Je ne veux plus penser à lui, à ce qu'il m'a fait, à toutes ces histoires surnaturelles tirées par les cheveux… je ne comprends plus rien à ce qu'il s'est passé. Je me revois encore dans cet hôpital de l'enfer, la voix de ma mère me parvenant au travers de la porte épaisse de la chambre dans laquelle j'étais enfermée.

Et si j'étais vraiment devenue folle ? Et si tout ça venait de mon imagination ? Après tout, les histoires de vampire et de loup-garou, ça ne peut pas être vrai, c'est de la fiction pure, n'est-ce pas ?

Je commence à m'imaginer les pires scénarios, de souvenirs de situations que j'aurais créés de A à Z, de la situation dans laquelle je me retrouve à présent, de ce que je voulais faire de ma vie auparavant, et comment j'ai pu m'en retrouver là…

Je ne sais plus distinguer les rêves de la réalité et cette constatation me détruit. Je commence à avoir vraiment l'impression que la condition de ma mère est héréditaire et que j'en ai développé les symptômes. Je vais finir ma vie dans un asile.

Je me sens si épuisée mentalement que je me retrouve à m'asseoir dans la douche, en laissant l'eau couler sur mon dos courbé. Et je reste ainsi longtemps. Je laisse mes larmes glisser sur mes joues autant que j'ai besoin et j'ai l'impression qu'elles ne s'arrêteront jamais.

Au bout d'un moment infiniment long et si court à la fois, je finis par couper l'eau et sors de la douche. J'attrape une serviette et l'enroule autour de mon corps. Finalement, je suis frappée par une évidence : je n'ai pas de vêtements dans cette salle de bain. Je dois sortir en serviette. Qui sait ce qui pourrait se passer… ?

Je m'approche alors sur la pointe des pieds de la porte et y colle mon oreille. J'essaie de distinguer des bruits qui pourraient d'indiquer qu'il se trouve dans sa chambre, mais il est tellement discret en temps normal que même si je n'entends rien, je ne suis pas persuadée de pouvoir sortir.

Finalement, après avoir écouté quelques longues minutes, je décide de tenter ma chance. Je ne sais pas quelle heure il peut être, mais vu le soleil qui habite l'espace, la journée doit être bien avancée. Si j'ai de la chance, il est peut-être même allé à la fac et je pourrai disparaître sans le revoir.

Je déverrouille la porte et attends quelques instants, le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine. Je n'entends rien. Alors j'ouvre la porte, très lentement, dans l'espoir de ne pas faire un bruit. Je suis si reconnaissante que l'appartement soit hyper moderne : les portes glissent sans faire un grincement.

La chambre a l'air déserte. La lumière du jour emplit la pièce et je l'observe quelques secondes, tremblante, afin d'être sûre de quitter mon espace de protection. Puis, je file dans le dressing et récupère mes vêtements.

Pourtant, Zéèv avait fait ma valise, la dernière fois…

J'écarte ces pensées, et me concentre sur ma priorité : m'habiller et récupérer mes affaires. J'enfile des sous-vêtements en vitesse, un jean et un T-shirt. Puis, sur la chaise, je trouve ma veste en cuir que je mets par-dessus. Je vais chercher ma valise, que je trouve sous le lit.

Je fronce les sourcils… il aurait pris la peine de tout remettre à sa place ?

Si je suis maintenant quasiment convaincue que l'épisode de l'hôpital psychiatrique était un rêve que m'a infligé Vincente, je sais que ce qui s'est passé avec Zéèv est réellement arrivé. Il n'y a pas moyen que j'aie rêvé quelque chose d'aussi réaliste, aussi douloureux…

J'ouvre la valise et lance dedans tous mes biens. Je le fais si vite que je suis presque sûre d'oublier des choses, mais tant pis. C'est ma survie dont il est question. Je cherche mes chaussures, mais ne les trouve pas. J'ai dû les laisser à l'entrée de l'appartement. Merde.

Je souffle un bon coup. Il est temps de prendre sur moi et de quitter cette chambre. Je prie en mon fort intérieur pour être seule.

Je pose ma valise juste devant la porte fermée et écoute attentivement. Au début, je n'entends rien. Mais après un moment, je distingue des voix très atténuées. Comme si les personnes parlaient bas volontairement. Je me glace. Je ne suis pas seule.

J'espère qu'il s'agit de Victor et d'amis à lui, mais je sais très bien que les chances sont minces. Il n'est jamais ici en journée.

J'essaie de compter le nombre de voix que j'entends. Mais soudain, comme s'ils savaient que j'étais là et que je les écoutais, ils se taisent. Merde.

J'attends, le cœur battant, d'avoir de nouveaux indices, quand soudain quelqu'un toque à la porte.

Je sursaute et recule immédiatement, effrayée. Qui a bien pu venir jusqu'ici sans que j'entende leurs pas ? Bordel de merde. Il n'y a que lui capable d'être aussi discret. Mais pourquoi frappe-t-il à la porte au lieu d'entrer directement ?

- Louve, c'est Edward. Est-ce que je peux entrer ?

Je suis si surprise que je reste paralysée un instant. Edward est là ? Edward Cullen ? Qu'est-ce qu'il fait là ? Pourquoi Zéèv l'aurait appelé… ?

- Je te promets que je ne te veux aucun mal. Je voudrais juste entrer, mais je te promets de rester loin de toi, d'accord ?

Est-ce que je peux lui faire confiance ? Après tout, il se déplace aussi vite que la lumière. S'il veut me faire du mal, il le pourra avant même que je ne m'en rende compte.

- Je t'assure que je n'ai aucune envie de te faire du mal, me détrompe-t-il. Est-ce que je t'ai déjà donné une raison de douter de moi ?

Non. Mais Zéèv non plus, avant.

Il ne dit rien pendant quelques secondes, et moi non plus. Je sais qu'il entend mes pensées, alors je ne m'embête pas inutilement à lui répondre à voix haute.

- S'il te plaît Louve, je voudrais juste comprendre ce qu'il s'est passé.

Je frissonne. Je veux juste tout oublier. Je ne veux pas y penser et certainement pas en parler.

- Tu n'as pas à en parler. Je parlerai pour nous deux.

Je laisse un soupir m'échapper. Je sais déjà que je vais le laisser entrer. De toute façon, il pourrait défoncer la porte s'il le voulait. Ce n'est qu'un obstacle imaginaire.

- Entre, je murmure.

Je recule prestement pour mettre le maximum d'écart entre nous deux alors qu'il ouvre la porte en prenant son temps. Ses yeux se fixent immédiatement sur les miens. Il n'a pas du tout changé. Alors que moi, j'ai l'impression d'être une toute autre personne et je suis certaine que ça se voit dans mon apparence aussi.

- Bonjour Louve. Merci de d'avoir accepté que j'entre.

Je hoche la tête, rendue muette par l'appréhension.

- Pourquoi ne t'assieds-tu pas ? Mets-toi à l'aise, dit-il en faisant un geste vers le lit.

Je frissonne en suivant son regard et secoue la tête. Je suis très bien debout.

Il fronce les sourcils et m'observe, le visage soudain blême. Pour lui, ça doit être sacrément rare.

- Mon Dieu, Louve… que t'a-t-il fait ?

Je retiens un sanglot en secouant la tête une fois de plus.

- Edward, tu dois m'aider, je chuchote. Je dois partir d'ici, s'il-te-plaît.

Il hoche la tête et j'ouvre de grands yeux, soudain pleine d'espoir.

- Je veux bien t'aider, mais avant ça, il faut que je comprenne ce qu'il s'est passé.

Non ! Je n'ai pas le temps pour ça !

- Je te promets qu'ensuite, tu pourras partir si tu le souhaite toujours. Zéèv ne mettra pas un pied dans cette chambre si tu ne le veux pas. Mais s'il-te-plaît, laisse-moi comprendre.

- Promis ? je murmure.

- Promis, dit-il sur un ton affirmé.

Je hoche la tête. Que veux-t-il exactement, alors ? Que je me remémore ce qu'il s'est passé pour qu'il le voit dans mon cerveau ?

- Louve, il faut que tu comprennes aussi ma position : Zéèv m'a appelé tôt ce matin en panique.

À son nom, je retiens un frisson, qu'il ne manque pas. Son regard se voile.

- Il m'a dit qu'hier vous étiez sortis au restaurant, que vous êtes rentrés et tout s'est bien passé. Puis, cette nuit, tu as fait un cauchemar, et malgré toutes ses tentatives, il n'a pas pu te réveiller. Alors il est allé se passer de l'eau sur le visage dans la salle de bain et en revenant, il t'a trouvée assise sur le lit, réveillée, mais terrifiée. Il m'a expliqué qu'il n'avait pas pu te toucher, et que tu étais partie te réfugier dans la salle de bain.

Je le fixe, ahurie. Le dîner au restaurant me paraît si loin maintenant… ce n'était qu'hier ? Je ne comprends pas. Ça veut dire que même la partie avec Zéèv était un rêve, alors… ? Mais est-ce que je peux seulement le croire ?

- Je vois bien que tu as vécu les choses différemment, me dit-il. Est-ce que tu veux bien me montrer ?

Je serre mes bras autour de mon corps, me sentant vulnérable. Je n'ai aucune envie de me remémorer tout ça. Mais les images reviennent devant mes yeux sans que je ne puisse les contrôler, de toute façon. Depuis le début de notre conversation, Edward a bien dû comprendre ce qu'il s'est passé, avec tous les flashbacks qui me sont revenus.

Je prends une grande inspiration, et en fixant le vampire droit dans les yeux, je repars de notre retour au restaurant, qui me paraît si loin, maintenant. J'essaie de passer les moments intimes que nous avons passé ensemble, mais contrôler mes pensées est largement plus difficile que ce à quoi je m'attendais. De toute façon, que vaut mon intimité, à présent ?

Lorsque je repense à mon réveil avec un Zéèv colérique et violent, je frissonne et ne peux retenir les larmes. Je le revois me balancer ma valise au visage, me regarder avec un dégoût profond, me dire qu'il ne m'aime pas, qu'il ne m'a jamais aimée…

Mes genoux flanchent et j'éclate en sanglots. Les images suivantes sont si violentes que je n'arrive pas à rester debout et je sens des mains glacées passer autour de ma taille pour m'asseoir sur une surface dure. Je rouvre les yeux et le vois juste devant moi, une douleur dans les yeux semblable à la mienne. A travers moi, il ressent les blessures que j'ai subi, le déchirement de ma confiance, de mon âme.

Il passe ses doigts froids sur mes joues et m'incite à continuer. Alors je me rappelle mon réveil à l'hôpital, perdue, la voix de ma mère, les infirmiers. Le saut dans le temps et mes souvenirs que je ne retrouve pas…

Et aujourd'hui, je ne sais plus qui je suis, quand nous sommes et ce qui s'est réellement passé ou ce qui était un rêve.

Le vampire me prend dans ses bras et son contact m'apaise. Il sèche mes larmes puis s'écarte de nouveau, préservant une distance respectueuse entre lui et moi.

- Louve, sache qu'entre le moment où tu t'es endormie avec Zéèv après votre soirée au restaurant et ton réveil ce matin où tu t'es réfugiée dans la salle de bain, rien de ce qui s'est passé n'était réel. La scène avec Zéèv… en colère et celle dans l'hôpital par la suite, tout ça était un rêve.

Je hoquette.

- Comment peux-tu le savoir ?

- Louve, tu le sais toi aussi, au fond de toi. Est-ce que Zéèv, le vrai Zéèv, celui que tu aimes et qui t'aimes plus que tout au monde est capable d'une chose pareille ?

La vérité, c'est que je ne sais pas. Je ne sais plus. Le Zéèv que je me rappelle, doux, patient et aimant, n'aurait jamais fait ça. Il ne ferait pas de mal à une mouche. Il ne veux même pas blesser de vampires, même quand ceux-ci sont dangereux. C'est dire.

Mais avec ce que j'ai vu, ce que j'ai vécu… c'était lui. C'était si réel, si blessant. Je ne sais plus quoi penser.

Edward pose sa main doucement sur mon genou.

- Il est actuellement dans une panique comme je ne l'ai jamais vu, Louve. Je lui ai demandé de rester à l'écart dès que je suis arrivé et que j'ai perçu tes pensées, mais ça lui demande toutes les forces qu'il possède. Il n'arrive pas à rester loin de toi en sachant le mal qui t'habite.

Malgré moi, je ne peux m'empêcher de ressentir un pincement au cœur en pensant que c'est moi qui lui inflige cette douleur. Et puis, je me rappelle ce qu'il m'a fait.

- Il ne t'a rien fait, Louve. Vincente te fait penser qu'il t'a fait ça. Mais je t'en prie, ne le laisse pas ruiner ce que vous avez construit, Zéèv et toi. Tu dois être plus forte. Je sais à quel point c'est dur, je le sens, mais tu dois faire l'effort.

- Comment ? je murmure car je n'ai véritablement aucune idée de la façon dont m'y prendre.

Cela dit, depuis qu'Edward est là et qu'il me parle, la lumière commence à se faire dans mon esprit et je commence à distinguer le vrai du faux. Mais j'ai encore trop peur pour l'accepter totalement.

- Est-ce que tu sens cette connexion que vous partagez grâce à l'imprégnation ? me demande-t-il.

Je hoche la tête.

- Est-ce que tu la sens maintenant ? précise-t-il.

Je m'arrête un instant pour me concentrer dessus. Non, je ne la sens plus… non ! Je lève des yeux angoissés vers le vampire.

- C'est normal, c'est ta peur qui bloque le lien. Essaie de te concentrer dessus. Oublie ta peur, juste un instant.

Plus facile à dire qu'à faire, Sherlock ! Mais je me concentre, bien décidée à essayer. Cette connexion qui nous relie m'habite maintenant depuis des semaines et se renforce chaque jour passé à ses côtés. J'ai tellement l'habitude de le sentir avec moi que je ne me sens plus complète, sans. Je ne peux pas me résoudre à le perdre.

Soudain, après quelques secondes uniquement passées à penser à lui, je sens le lien se renouer tout doucement. D'abord, il est très faible et je n'arrive pas à distinguer quelque émotion que ce soit, mais rapidement il enfle et gonfle et d'un coup, une myriade d'émotions qui ne m'appartiennent pas m'assaillent.

Il y a principalement de la panique, une angoisse folle qui me mettrait à genoux si je n'étais pas déjà assise, puis de l'inquiétude, de la peur, du stress, de l'impatience, et aussi beaucoup d'amour. Un amour profond, sincère, et très pur. Celui-ci augmente jusqu'à m'engloutir toute entière et je sens les larmes recommencer à couler.

- Louve !

C'est sa voix. Sa vraie voix, pas celle de l'homme en colère et violent qui m'a battue et violentée dans le rêve de Vincente. Cette voix grave que j'aime tant, qui me rassure tant.

J'ouvre les yeux. Il est dans l'entrebâillement de la porte, l'air complètement déboussolé, mais son regard est plongé dans le mien. Il a l'air de se retenir d'entrer dans la pièce, comme s'il gardait en tête la demande d'Edward de me donner de l'espace, mais comme l'a dit le vampire, ça a l'air de lui demander toutes les ressources qu'il possède de ne pas se précipiter vers moi.

Quand la reconnexion s'est faite entre nous, il a dû accourir. Je me lève aussitôt mais me stoppe sur place. Le souvenir du rêve est encore présent en moi et j'ai du mal à l'ignorer.

- Concentre-toi sur ses émotions, Louve.

La voix d'Edward finit de me convaincre. En plongeant dans le lien, rien de ce que je ressens de sa part n'est violent ou me veut du mal. Bien au contraire. Ce n'est pas du tout l'homme qui habitait mon rêve.

Alors je me précipite vers lui et me jette dans ses bras. Au moment où nos peaux se touchent, je me sens enfin à ma place et j'ai l'impression de respirer pour la première fois depuis que je me suis réveillée. Enfin, je me sens calme et mon esprit est clair.

C'est Zéèv, l'homme dont je suis amoureuse et qui m'aime aussi.

- Oh, Louve. Je t'aime tant, chuchote-t-il dans mon cou.

- Je suis dés…

- Jamais. Ne t'excuse jamais. C'est moi qui suis désolé. J'aurais dû…

Je me détache de lui et lui souris tendrement. Là, c'est sûr, c'est bien lui.

- J'arrête de m'excuser si toi aussi tu le fais, je lui propose.

Il m'offre un sourire timide et acquiesce doucement. Puis, il me regarde dans les yeux et m'offre de voir tout l'amour qu'il a pour moi. Il se penche lentement, l'air de voir si je suis prête ou non, et je le laisse venir à moi, en essayant de réprimer toute image de mon rêve. Je dois me forcer à penser à autre chose. Je le veux, lui.

Il m'embrasse chastement, aussi doucement qu'une plume. Mais ce contact est tellement aimant qu'une larme coule le long de ma joue.

- Je t'aime aussi, Zéèv.

- Rentrons à la maison, dit-il.

Je hoche la tête en le serrant contre moi. Oui, c'est tout ce dont j'ai envie.


C'est dur T.T

Ces deux derniers chapitres ont été si durs à écrire, et ce n'est pas encore fini... j'espère que ça vous a plu ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !

A samedi prochain ~