Épilogue
Présent
Frisk attrape son sac et sort de sa chambre. Elle dévale les escaliers et se dirige vers la cuisine dont une odeur délicieuse sort. Elle s'arrête à l'entrée de la pièce.
« Maman ! Je pars en avance ! »
Toriel se tourne vers sa fille. Elle lui sourit.
« D'accord, je te rejoins dès que j'ai fini. À tout à l'heure ! »
L'humaine la quitte pour la porte d'entrée. Elle enfile rapidement ses chaussures et sort sans manteau. Dehors, le soleil brille paisiblement. Un vent doux vient frôler les joues de l'enfant mais celle-ci ne s'en rend pas compte. Elle se met à marcher rapidement, d'un pas léger.
Elle traverse le village où hommes et monstres habitent ensemble, saluant chaque personne qu'elle rencontre. Il se situe en bas d'une colline, celle où les monstres étaient pendant quelques années. D'ici, Frisk peut voir la barrière qui entoure leur ancien lieu de vie. Étonnamment, à l'époque, le premier à avoir quitté cet endroit fermé a été Sans. On avait construit l'enceinte pour protéger le peuple, mais la principale victime n'en tenait aucunement compte. Cela a été sa première décision à la fin du jugement de ses tortionnaires. Avec Grillby, ils se sont installés un peu à l'écart des hommes, en bas de la colline. Forcément, Papyrus les a suivis immédiatement, ainsi que leur père. Ensuite, les choses se sont faites petit à petit jusqu'à ce qu'Asgore verrouille derrière lui la clôture, la délaissant complètement. À présent, la nature reprenait ses droits.
La plupart des monstres sont allés habiter dans les grandes villes. Cela prouve que leur situation s'est grandement améliorée. Il y a encore des accidents, bien sûr, mais le roi et le gouvernement humain veillent de près, dissuadant de plus en plus les hommes de s'attaquer aux monstres. Frisk aussi s'en assure elle est la preuve qu'une entente avec les monstres est tout à fait possible.
Sortie du village, elle suit un chemin qui la mène à une maison posée entre les sapins. D'ici, elle entend des éclats de voix. C'est Gaster et Sans. Frisk soupire. Ils n'arrêtent jamais de se disputer. Cette fois-ci, il semble que ce soit à propos de cigarettes. Elle imagine très bien le scientifique faire remarquer à son fils qu'il n'a toujours pas réussi à arrêter de fumer – pour la dixième fois de la semaine – et ce dernier lui donnant une réplique cinglante, encore. Oui, c'est souvent comme ça que cela se passe.
Les deux sont dans le jardin. Sans remarque la nouvelle venue et abandonne directement la chamaillerie.
« Salut ! Tu arrives tôt.
– Je viens donner un coup de main ! »
Grillby apparaît alors à la fenêtre.
« T'es allé chercher ce qui manque, Sans ? Oh, bonjour Frisk ! Je ne t'avais pas vue.
– Nop, j'y vais. Tu viens avec moi, petite ? Je vais justement avoir besoin de main. »
Ils partent tous les deux vers le village, où se trouve le bar de Grillby. L'enfant agrippe le bras du monstre et se colle à lui, le faisant doucement rire. Elle l'a toujours considéré comme un frère, et lui, l'a toujours considérée comme sa petite sœur. Elle est la seule humaine dont il est proche. Après son retour et pendant deux ans – jusqu'à la fin du jugement – le squelette évitait les hommes le plus possible. Ce n'est qu'ensuite qu'il a fait des efforts pour les côtoyer de nouveau, comme un être qu'on sait dangereux mais auprès duquel on essaie de se familiariser. Aujourd'hui encore, c'est difficile pour lui.
Ils arrivent devant le bar. Sans l'ouvre grâce à ses clefs et allume la lumière. À l'intérieur, tout est en ordre. Le squelette avance droit vers la réserve, qu'il déverrouille. Il sort de sa poche une liste manuscrite.
« Voilà tout ce qu'il nous faut ! Après, s'il nous en manque, je reviendrai en chercher. »
L'un et l'autre se mettent à chercher les boissons dans les placards.
« Ça va être une grande fête.
– Faut bien. Pap a intégré l'école qu'il voulait à tout prix !
– Ça doit te faire bizarre.
– Sûr. Mon p'tit frère a bien grandi. Et l'année prochaine, c'est ton entrée au lycée qu'on fête ! »
Il ébouriffe amicalement ses longs cheveux, entraînant le rire de l'enfant.
Chacun trouve sa voie. Papyrus suivra des cours loin de son frère cela les rend tristes tous les deux, mais ils n'ont pas besoin de se le dire, ils le sentent. Frisk, lorsqu'elle aura fini ses études, compte aider son père pour le bien de la cause des monstres. Grillby continue son métier de toujours tandis que Sans est devenu chercheur scientifique. Il ne travaille évidemment pas avec son père – ils se querelleraient sans arrêt – mais il s'est dirigé vers un secteur qui l'a toujours passionné : les étoiles.
Ils rassemblent les bouteilles dans des sacs et sortent du bar. Sans ferme derrière lui puis allume une cigarette pour la consommer en marchant. Il hait fumer à cause des souvenirs que ce geste renferme mais, malgré ses nombreuses tentatives, il n'a jamais réussi à se désintoxiquer. Même s'il dit le contraire, Frisk croit qu'il a abandonné.
Elle touche des doigts ses longs cheveux, distraite. Elle ne les a pas coupés depuis la disparition du monstre. Elle pensait ne plus jamais le revoir et ça, elle ne l'oubliera jamais. La fumée s'élève vers le ciel bleu. À cet instant, le squelette a le même regard vague et lointain qu'à l'époque, alors que le jugement n'était pas fini. Seules deux personnes ont été jugées : John et Olivier. Marc n'a jamais été retrouvé. Il est trop malin pour pas s'être tiré, avait lancé Sans au détour d'une conversation, comme si cela ne le concernait pas. D'ailleurs, cela a été son attitude tout du long. Il a observé en silence ce qu'il se passait, jusqu'à ce que les condamnations soient données. Les peines décidées étaient minimes par rapport au chef d'accusation : trafic « d'humain » – les monstres étant compris dans ce mot – humiliation physique et morale, séquestration, torture, viol pour Olivier. Cependant, c'est justement parce que Sans est un monstre et non un humain que la sentence a été dérisoire c'était la première fois qu'on jugeait une telle affaire et beaucoup soutenaient encore que les monstres étaient des animaux, les accusés les premiers.
Lorsque le verdict est tombé, tous les monstres ont protesté. Déjà que les kidnappeurs n'ont pas été retrouvés, que tous les témoins ont été disculpés, le barman et son comparse ne pouvaient pas avoir des peines si légères, surtout que les preuves et les témoignages ne manquaient pas. Tous se sont donc soulevés, sauf un. Sans. Laissez tomber, c'est pas la peine, a-t-il dit avant de déménager avec Grillby, comme pour montrer l'exemple.
Le squelette pense toujours aux autres avant lui. Cela peut être une faiblesse mais, dans son cas, c'est ce qui l'a sauvé. À force de se battre pour le bonheur de ses proches, il a petit à petit repris goût à la vie. Cela n'a pas été facile, pourtant. On l'a détruit physiquement et brisé psychologiquement. Les traces sont là, omniprésentes, les cicatrices comme les cauchemars, les hallucinations, les peurs incontrôlées et incontrôlables. En plus, il a tendance à cacher ses douleurs. Heureusement, personne ne le laisse faire et tout le monde est là pour lui. C'est sans doute grâce à cela qu'il a réussi à parcourir tant de chemin.
Ils sont de retour à la maison. L'intérieur est décoré de mille couleurs et le dessus de la table est empli de nourriture, les tartes de Toriel fraîchement finies reposant au milieu.
« Tout le monde est là. Undyne est allée chercher Papyrus à la gare, ils ne devraient plus tarder. »
Ils se placent tous au centre de la pièce et se mettent à attendre. Rester debout ainsi leur donne l'impression d'une mise en scène et cela les fait rire. Finalement, ils entendent une voiture, ils essaient de se calmer et de ne plus faire de bruit. Il y a le son de pas et d'une valise qui roule. La porte s'ouvre. Tous jettent alors des confettis.
« Félicitations ! » s'écrient-ils.
Sous une pluie multicolore, Papyrus sourit. Il se précipite vers son frère, le soulève et le fait tourner.
« J'ai réussi Sans ! J'ai réussi !
– Eh, je sais. C'est pour ça qu'on est tous ici. Félicitations, frangin ! »
Papyrus repose Sans et se tourne vers Undyne qui lui tend ce qu'elle tenait caché : un immense bouquet de fleurs. Il le tend à son frère.
« C'est pour toi ! Je voulais te remercier de m'avoir toujours soutenu ! Tu es quelqu'un d'irremplaçable pour moi ! »
Sans prend les fleurs, étonnamment ému. Elles sont de toutes les couleurs et de toutes les formes. Un éclat éblouissant dans cet endroit joyeux. Comment est-ce possible ? Il était censé sauver les monstres des humains puis se tuer, lui qui n'est rien. Il n'y avait pas d'espoir, ni futur. Pourtant, ils se sont retrouvés au même endroit et rient à présent innocemment, comme avant. Ils sont là et bien là, tous, y compris lui. Alors peut-être peut-il espérer, peut-être que finalement, un avenir est possible, peut-être qu'ils peuvent être heureux. Peut-être est-ce déjà le cas.
Il serre le bouquet et sourit largement. « Merci à vous tous, merci pour tout. »
Étrange sentiment que de vivre un évènement tout à fait banal et pourtant de le trouver incroyable puisqu'on pensait impossible que cela se produise de nouveau. Je ne sais pas si j'ai réussi à faire passer cette émotion, mais c'est en tout cas ce que ressent Sans.
L'épilogue marque donc la fin d'AfterHell. On peut dire que c'est une fin mitigée, non ? Je ne voulais pas que ce soit tout rose parce qu'un an tel que Sans a subi laisse forcément des traces. Mais il s'en remet, petit à petit, au fil des années. Je suis de l'avis de Frisk, il faut garder espoir ahah
Qui avait imaginé que Sans et Grillby finiraient ensemble ? (ou qui avait vu ce détail parce que je n'en parle pas vraiment ahah) C'était prévu depuis le début et j'avais même hésité à faire un paragraphe dessus mais ça n'allait pas vraiment avec l'ambiance générale de la fiction (et puis je suis nulle pour les romances ahah)
Sans et Gaster se disputent tout le temps mais c'est parce qu'ils s'aiment (si, si je t'assure u.u) Sinon, ils ne se verraient pas aussi souvent !
Ça aurait été terrible que Papyrus et Sans soient incapables de se séparer après ça, par peur de perdre l'autre (comme ils l'ont vécu, c'est une peur d'autant plus présente) mais finalement ça va, Papyrus part faire ses études assez loin et c'est pas plus mal (ne me demande pas quelles études, j'ai beau me creuser la tête, je ne sais pas ahah)
Frisk est fidèle à elle-même, elle regarde l'avenir. C'était forcément elle qui devait conclure, avec son optimisme à toute épreuve !
Special thanks ~
Merci à Mr-Poule qui a été la première au courant du projet Mais qu'est-ce que je fous… et qui m'a soutenue tout du long !
Merci à Lumargann et Lunana26 pour leur soutien et leurs commentaires déjantés qui m'auront bien fait rire ! (comment c'est possible, avec une histoire pareil ?!)
Merci encore à Lumargann, et merci à Guardian-of-Dreams pour leur aide à la traduction en anglais de cette fanfiction !
Un énorme merci pour tous les dessins qui ont été faits sur AfterHell ! q.q Merci à Mr-poule, EllyandSakura, Lumargann (JimEkas) et Lunana26 ! Vous êtes géniaux !
Si tu ne l'as pas encore fait, tu peux toujours jeter un coup d'œil aux autres illustrations d'AfterHell sur mon compte Deviant Art (pseudo Naarci) ^^
Et bien sûr, encore une fois, merci à toi d'avoir lu cette histoire ! J'espère qu'elle t'aura plu ^^ (et pas trop fait déprimer)
À bientôt !
AfterHell, commencé en septembre/octobre 2018
Fini d'écrire le 9 mai 2019
Relectures finies le 18 novembre 2019
Relecture finale finie le 06 avril 2021
