P.O.V HÉBÉ*
- Le Torbalan n'est pas très intelligent, lâcha Éos avec médisance, je vais donc lui expliquer la situation. Maintenant, tu sais ce que ça fait quand je parle avec mes familiers par télépathie. Je ne te connecte pas à Camille, il est en train d'inventer des gros mots, et réfléchit à différentes manières de régler la situation... Il aurait fait un très bon génie du mal!
- Je suis peut-être une ombre, fit la voix du Torbalan, mais je n'aime pas être traité comme tel... Euh... "Telle"?
- Ah ouais, demandais-je? Si j'ai bien compris, vous, les familiers, êtes condamnés à cette "peine de prison" magique parce que vous avez commis des meurtres, nous, les humains, nous accordons une certaine importance aux mobiles, si tu ne veux pas être traité comme une simple absence de lumière, pourrais-tu me donner les tiens?
- Alors, déjà, je suis composé de vide! Ensuite, je torturais psychologiquement les enfants que j'enlevais dans mon sac et avant ma résurrection, je tuais ceux et celles qui essayaient de m'arrêter... Je sais que dit comme ça, ça ressemble à un crime épouvantable, mais je faisais ça pour rendre les enfants gentils et...
- Nous, les humains, au moins, crachai-je, on sait quand quelqu'un s'enfonce.
- Reprenons, l'ennemie n'attend pas, râla Éos. Bon, écoutez... Séby ne peut pas bien lire dans les pensées de ces charmantes dames. Proserpina est complètement folle de rage, et le Badalisc semble trop puissant... "Puissante"?
- Et donc, demanda l'ombre avec laquelle j'avais fusionné ?
- À la base, répondit Éos, je voulais que Hébé et Camille protège les civils avec les agents pendant que les garçons et moi neutralisons celle qui pue le fromage et l'hippocampe déguisé en princesse qui tire sa rayons sur mes deux compères... Si nous essayions la négociation ?
Je m'attendais à ce que l'étrange créature noire et verte ressemblant à un dragon nous tire dessus, mais elle se laissa approcher par les trois personnes en lévitation qui arrivaient vers elle. Moi, je volais, parce que je n'étais faite que de vide, Camille avait son Tamanui et Éos devait avoir appris comment faire avec les deux Rakshasa. Je jetai un rapide coup d'œil vers eux, c'étaient deux torpilles noires qui essayaient de frapper l'hippocampe qui commençait à savoir comment tirer ses rayons rouges.
Éos : Euh... Bonjour, madame? Nous voudrions parlementer pacifiquement, négocier.
Le Badalisc changea d'apparence. Ce corps de dragon n'était qu'un déguisement de carnaval fait de bric et de broc. Il s'ouvrit pour tomber comme une couverture, il ne toucha pas le sol, il était suspendu en l'air, au dessus de ce tapis volant, il y avait un animal : je crus d'abord à un husky, mais ces poils noirs, le regard de ces yeux écarlates, ce long museau, cette queue touffue, ce torse velu, cette allure de fierté et de noblesse, ces griffes et cette ressemblance avec les formes adoptées par mes deux amis, ça ne pouvait appartenir qu'à une louve.
Quand j'étais à l'Ordre, j'ai rencontré la mascotte : Pégase. Pégase est l'étalon du docteur Hapgel et l'un des nombreux animaux dressés par l'Ordre auxquels la science secrète du "Tsunami" a offert certains pouvoirs. L'Ordre possède des chiens, des chats, des oiseaux, des chevaux, des abeilles et mêmes quelques poissons, mais ceux auxquels on a donné une intelligence humaine, comme pour Pégase, ont un point commun : ils ne parlent pas.
Le docteur a expliqué que l'opération pour les doter de la parole serait dangereuse pour leur santé et inutile, puisqu'ils savent lire, écrire et communiquer de manières intelligibles pour les humains.
Les monstres et les métahumains qui peuvent prendre la forme d'animaux n'ont pas ce problèmes, puisqu'ils ont à l'origine une apparence pourvue de la parole :
Je serais honnête, je ne suis pas bien placée pour comprendre ces pathétiques échanges, Camille, j'ai besoin de toi...
*FIN DE P.O.V HÉBÉ*
*P.O.V CAMILLE*
Ben, en gros...
À peine, tentâmes-nous d'ouvrir la bouche que nos huit yeux pointèrent dans la direction de Séby et Steve.
Je sais que leurs pouvoirs innés sont terrifiants, je sais aussi que c'est ce que je voulais voir arriver à Proserpina, je sais aussi que c'est la seule solution pour la mater, maintenant qu'elle était devenue folle à lier, mais le fait est que la confrontation aura été un peu trop violente, une brutalité "policière" qui a dû même choquer notre interlocutrice.
La femme-dragonne de mer feuillue (euh... C'est comme ça, qu'on appelle la femelle du "dragon de mer feuillu"?) ne pouvait être réellement tuée que par deux choses : ou de l'argent béni par un matériau inconnu (pour les loups-garous, c'est l'aconit tue-loup, pour les Skinwalkers, c'est la cendre blanche, mais je n'ai aucune idée de ce qui doit être utilisé pour les Longanas) et les pouvoirs paranormaux.
Proserpina disparut donc, frappée par la foudre, son corps meurtri, ou du moins ce qu'il en restait, ne tarda pas à voir quelques étranges lumières rougeâtres serpenter, lui donnant l'apparence du verre en train de craqueler, ses chairs et ses sangs se divisèrent en plusieurs amas de particules noires et rouges semblables à de la cendre.
Ces fragments virevoltèrent, mus par quelques forces mystérieuses, dans les airs avant de scintiller pour venir dans la direction d'Éos, on aurait dit qu'ils étaient mitraillés vers elle.
Une fois, toutes les pièces réunies, elle formèrent un objet rectangulaire, une sorte de carte de tarot, en plus de l'illustration de Proserpina, on pouvait voir écrit dessus "La Viuda".
Une fois, cette opération punitive terminée, je vis les deux loups anthroposophiques revenir vers nous. C'est assez étrange de voir Séby et Steve assumer leur vraie nature de monstres. Ça doit être épuisant pour eux de faire semblant d'être des humains ordinaires.
Ils se m'étaient entre nous et le Badalisc caché sous son apparence de louve ordinaire.
La conversation fut en Français, mais l'accent du Badalisc me laissait penser qu'elle avait des origines celtiques... Par là, j'étends qu'elle doit être assez vieille pour avoir connu une époque antique.
Je n'étais pas doué et il fallait avouer que cette répugnante odeur de fromage ne me plaisait pas et m'empêchait de bien analyser les fragrances, mais je peux confirmer qu'elle a l'habitude de manipuler la nourriture.
Je tremblai quand son regard se porta vers mon collier, comme je portais mon déguisement de Monaciello, j'avais toujours mon pendentif, le rouge à lèvres-sceau administratif...
J'eus un réflexe qui aurait pu susciter une réaction plus violente, sous ma cape, je cachais la canne avec laquelle j'avais combattu Séby et Steve... Pour ceux qui se demandent, même si je connais les runes, c'était Éléanore qui lançait les sorts quand elle me contrôlait.
Le Badalisc savait que les négociations étaient inutiles, qu'elle allait finir par en venir aux mains, enfin en l'occurrence aux griffes, avec l'équipe d'Éos.
Le Badalisc et Éos échangèrent, tentant de trouver un vain compromis. La raison pour laquelle le Badalisc avait envie de tuer Éos était le jeu pervers du "Résurrecteur", le Badalisc voulait se débarrasser du conditionnement qui l'empêche de faire des victimes innocentes et Éos voulait l'empêcher de commettre des atrocités comme elle avait pu en commettre : Éos en avait la certitude, l'expérience, en dehors de Jean Abdère qui avait volontairement choisi ce qui lui était arrivé, toutes les créatures du "Résurrecteur" qu'elle et Furfur étaient chargées de capturer étaient presque pire que leurs victimes.
Me Badalisc expliqua qu'elle n'avait pas spécialement envie de faire des victimes collatérales. Comprenant que Hébé et moi étions des civils, elle npis demanda de partir, mais nous étions un peu trop curieux, d'autant qu'elle ne pouvait pas nous faire de mal en raison du conditionnement du "Résurrecteur".
Le Badalisc nous prévint, elle possédait aussi les pouvoirs de Proserpina, c'est pour ça qu'elle l'avait poussé à l'attaquer.
Elle changea de forme, adoptant la même apparence moitié-humaine, moitié-hippocampe que Proserpina avait il y a encore quelques instants.
Notre interlocutrice se décida donc, pour provoquer les deux Rakshasa qui protégeaient leur sorcière de leurs griffes, à invoquer son Tamaniu, étant sous forme semi-animale, elle n'était pas capable de l'enlever de son corps, son déguisement qui lui avait servi de tais volant tomba donc au sol et nous vîmes quel animal elle possédait.
Ces amas de lumière irisée, cette aura avait pris la forme d'une créature très laide, un poisson qu'on aurait cru doté de pattes : le cœlacanthe.
Comme l'esprit ne pouvait pas sorti de son corps, le Badalisc se posa sur lui comme si c'était un canapé.
Elle fit un commentaire sur l'ironie de voir deux démons protéger une sorcière de leur plein gré et continua.
Nous fûmes foudroyés, écrasés... Ce n'était qu'une impression, pendant un instant, j'avais senti un malaise, une oppression.
Séby et Steve comprirent avoir affaire à leur proie : une Nzambé.
Elle avait juste eu à le penser et nous avions senti l'écrasement de sa puissance...
C'était mal...
C'est ce qui fit que Hébé et moi tombâmes dans les pommes...
