Le bureau des héros - 1
Compréhensions
Un lundi matin, Marinette se réveilla avec de la fièvre. Elle s'était sentie épuisée la veille et s'était couchée tôt. Mais les derniers combats sous la pluie avaient été pénibles et fatigants. Ce printemps était humide et peu ensoleillé. Et voilà qu'elle avait attrapé froid !
Elle descendit voir sa mère en titubant. En la voyant, Sabine se précipita.
— Tu n'aurais pas dû te lever, protesta-t-elle. Va immédiatement te recoucher. Je t'apporte de quoi boire et faire baisser ta température.
Marinette obéit. C'était bon d'être au lit, veillée par sa maman. Elle se dit qu'elle allait devoir envoyer un mail à Adrien, pour qu'il ne l'attende pas le lendemain. Elle ne pourrait sans doute pas aller le voir. Elle espérait être guérie, mais elle avait besoin de repos.
Vers dix-sept heures, une alerte akuma se déclencha. La poisse ! Heureusement, c'était l'heure de pointe à la boulangerie. Sa mère ne monterait pas avant deux heures. Elle sortit de son lit.
— Tu vas y arriver, Marinette ? s'inquiéta Tikki.
— Faut bien, répondit la jeune fille les dents serrées. Tikki, transforme-moi !
Elle partit par les toits. Elle rejoignit Chat Noir qui avait déjà commencé à asticoter le médecin akumatisé. Un médecin ! Comme c'était de circonstances !
— Ça va, Buguinette ? s'enquit Chat Noir.
— Petite forme, répondit Ladybug. J'ai un gros rhume. Et ce n'est pas ce médecin qui va me soigner.
— Non, c'est nous qui allons lui infliger le traitement qu'il mérite !
Si son partenaire avait répondu sur un mode plaisant, il prit très au sérieux son problème de santé et s'efforça de protéger sa coéquipière et de lui éviter de trop se fatiguer. Plusieurs fois, il la prit dans ses bras pour la mettre à l'abri ou manqua des occasions de récupérer l'akuma, préférant rester près d'elle et la protéger avec son bâton.
Heureusement, ils finirent par libérer l'akumatisé et Ladybug, haletante et saisie de frissons, lança le Lucky Charm pour tout remettre en place.
— Rentre vite chez toi, je termine le travail, la pressa Chat Noir.
Elle ne se le fit pas répéter. Elle partit sur les toits, les oreilles bourdonnantes et ayant désormais affreusement chaud. Elle était pressée de se détransformer. Son costume la serrait désagréablement.
Elle manqua de glisser en atterrissant sur un toit et se rétablit de justesse. Elle commença à se demander si elle allait arriver à atteindre sa maison. Devait-elle redescendre tout de suite ? Se détransformer dans un coin ? Demander de l'aide pour rentrer chez elle ?
Elle réalisa alors qu'elle allait passer à une rue de chez Adrien. Était-il chez lui ? Ne serait-il pas plus sage de s'y arrêter et d'aller dans la chambre à l'abri dans l'obscurité pour se reposer, avant de repartir ? Sans même répondre à sa question, elle avait instinctivement obliqué pour se diriger vers la terrasse qu'elle connaissait si bien.
Elle y atterrit lourdement. La tête lui tourna et elle sentit l'air commencer à vibrer autour d'elle. Non ! Elle ne devait pas se détransformer maintenant. Il lui restait encore une minute, au moins. Elle devait…
Marinette s'écroula, évanouie. Une nuée d'étincelles l'enveloppa. Tikki, affolée, se blottit contre le cou de sa porteuse.
oOo
Après avoir vérifié que tout le monde allait bien, Chat Noir rassura les journalistes : Effectivement, Ladybug n'était pas au mieux de sa forme, mais ils pourraient assurer les prochains combats, aucune inquiétude à avoir. Enfin, Chat Noir rentra chez lui.
Il était préoccupé par l'état de sa partenaire et petite amie. Il allait lui écrire, dès qu'il arriverait chez lui. C'était terrible de ne pas savoir où elle habitait et ne pas pouvoir lui rendre visite. Maintenant, il fallait espérer que le Papillon ne lancerait pas une nouvelle attaque trop tôt.
Tout à ses pensées, Chat Noir ne se rendit compte qu'à la dernière seconde que son balcon, sur lequel il était en train d'atterrir, n'était pas vide. Une personne, étendue sur le carrelage, s'y trouvait déjà. Avant même d'avoir eu le temps de se demander qui cela pouvait être, il la reconnut. Marinette ? Mais que faisait-elle là ? Éberlué, il se pencha vers elle et constata qu'elle avait les yeux fermés.
— Oh, Marinette, qu'est-ce qui t'arrive ? demanda-t-il tout en la saisissant par les épaules.
Alors qu'il affermissait sa prise sur le corps sans connaissance de son amie, la signification de sa présence lui apparut soudainement. Il en eut le souffle coupé. Mais c'était impossible ! Sauf qu'il n'y avait qu'une seule explication à la sensation de familiarité qu'il ressentait à tenir ce corps dans ses bras. Et cela justifiait aussi la présence de la jeune fille sur cette terrasse, uniquement accessible par les airs et par son salon.
Ayant besoin de confirmation, il ferma les yeux et la serra contre lui. Ce poids, ce parfum, cette corpulence… Aucun doute, c'était bien elle. Il prit du recul pour la regarder. Il remarqua alors la tache rouge qu'il avait distraitement identifiée auparavant comme une pièce de vêtement. Sauf que c'était vivant et que cela tentait de se dissimuler dans le col de sa porteuse.
— C'est bon, Tikki, dit-il. J'ai compris.
Il inspira pour tenter de trier les pensées qui l'assaillaient. Heureusement, quatre années de batailles avaient appris à son cerveau à hiérarchiser les informations. Et là, ce qui comptait, c'était que Ladybug était malade et qu'il devait prendre soin d'elle. Le reste pouvait attendre.
Il n'était pas encore détransformé. Autant utiliser la force que cela lui donnait pour la transporter à l'abri. Il se leva en la gardant contre lui et pénétra dans le salon. Il se dirigea ensuite vers la chambre.
— Tikki, qu'est-ce qu'elle a ? Elle a vu un médecin ?
— Non, mais elle a de la fièvre depuis ce matin, le renseigna le kwami. Elle est restée chez elle, mais elle est sortie quand elle a entendu l'alerte.
Il la posa sur le lit et alla ouvrir les volets. Pendant qu'ils remontaient, il se détransforma. Il revint vers le lit. Marinette ouvrit des yeux embrumés par la fièvre.
— Hey, ma puce, ça va ? demanda-t-il.
— J'ai froid, gémit-elle en se recroquevillant.
Elle était pourtant brûlante. Il lui retira ses chaussures et tira le couvre-lit pour la recouvrir.
— Adrien, dit Tikki, sa mère passe régulièrement pour voir comment va Marinette. Il faut la ramener chez elle avant qu'on se rende compte qu'elle a disparu.
— D'accord. Plagg, va manger ! Dépêche-toi !
— Oh, c'est bon, c'est bon !
— Vite !
Alors que son kwami s'exécutait, Adrien regarda son amie, rouge et grelottante sous la couverture.
— Il faut peut-être lui donner quelque chose contre la fièvre, non ? interrogea-t-il tout haut.
Tikki ne répondit pas. C'était hors de sa compétence. Soudain, une vibration se fit entendre. Adrien connaissait ce bruit. C'était le téléphone de Ladybug. Il plongea la main sous la couverture pour le prendre dans sa poche. L'appel venait de « Maman ». On avait découvert son absence chez elle. Adrien hésita encore une seconde, avant de décrocher.
— Marinette ? fit la voix de Sabine Cheng.
— Bonjour, Madame. Elle est à côté de moi.
— Passez-la-moi, dit-elle d'un ton sec.
— Je suis désolé, elle ne peut pas vous répondre. Elle dort.
— Qui êtes-vous ? interrogea la mère de Marinette d'une voix dure.
— Je suis Adrien Agreste, un ami de Marinette. On devait se voir et elle est venue. Je suis désolé, je ne savais pas qu'elle était malade, improvisa Adrien, pour donner une explication à la disparition de la jeune fille. J'ai remarqué qu'elle n'était pas bien et je l'ai convaincue de s'allonger.
— Où est-elle ? questionna son interlocutrice.
— Chez moi.
— Et où habites-tu ? demanda-t-elle d'une voix agacée (il fallait avouer que sa réponse précédente n'était pas très utile).
Adrien lui donna son adresse.
— J'arrive tout de suite ! décida la mère de Marinette.
Il précisa le code indispensable pour entrer dans l'immeuble et l'étage puis il demanda :
— Elle a beaucoup de fièvre. Dois-je lui donner quelque chose ?
— Je vais apporter ce qu'il faut, dit-elle. Fais-la boire, si c'est possible.
— D'accord.
Ils raccrochèrent. Il avait été surpris par le ton employé par cette femme menue, qui lui avait toujours semblé souriante et calme. Pas besoin de chercher loin d'où venaient les capacités de commandement de sa partenaire !
Il alla chercher un verre d'eau et tenta de faire boire la malade. Elle prit deux gorgées et se rendormit. Enfin, la sonnette de la porte d'entrée retentit. Adrien vérifia que les deux kwamis étaient bien cachés avant d'ouvrir. Les salutations d'usage furent brèves. Sabine était manifestement pressée de voir sa fille. Adrien la conduisit dans sa chambre.
Sabine serra les lèvres en la découvrant rouge et brûlante. Elle sortit une boîte de médicaments de son sac. Adrien maintint Marinette en position assise pendant que sa mère lui faisait avaler le comprimé avec un peu d'eau.
— Mon mari va venir dès que possible, indiqua Sabine. Nous aimerions la ramener chez nous.
— Je comprends, dit Adrien. Et… vous ne croyez pas qu'il faut qu'elle voie un docteur ?
— J'y pensais, mais le nôtre ne se déplace pas. Je vais faire appel à SOS médecin.
— Je pense que le mien viendra, si je le lui demande, remarqua Adrien. Vous voulez que je le joigne ?
Elle n'hésita qu'un instant.
— Oui, je veux bien.
Adrien prit son téléphone et réalisa qu'il n'avait pas le numéro du praticien qui prenait soin de lui quand il était malade. Il appela Nathalie.
— Bonjour, Nathalie, c'est Adrien. Excusez-moi de vous déranger, mais j'aurais besoin que vous me donniez le numéro de mon médecin.
— Vous êtes malade, Adrien ? s'inquiéta l'assistante de son père.
— Non, c'est pour une amie.
— Je vous le donne. Mais vous savez, ses honoraires sont très élevés, précisa Nathalie.
— Aucune importance.
Quand Adrien revint dans la chambre, il annonça :
— Il m'a dit qu'il pourra être là dans une heure.
— Merci, Adrien, répondit Sabine. Je suis désolée, j'ai été un peu sèche, tout à l'heure. J'étais très inquiète par la disparition de ma fille, et entendre une voix inconnue sur son téléphone…
— Je comprends, l'excusa-t-il. Attendez, je vais vous apporter une chaise pour que vous puissiez vous asseoir plus confortablement.
Le temps que le docteur arrive, Marinette se mit à suer à grosses gouttes. Sabine et Adrien retirèrent la couverture qui la couvrait, ainsi que sa veste. Adrien eut l'impression qu'elle n'était pas très à l'aise dans son jean.
— Vous voulez que je lui prête un pyjama ? proposa-t-il. Elle sera mieux.
Sabine accepta et il l'aida à troquer ses vêtements contre une tenue plus fluide. Adrien détourna les yeux quand Sabine retira le soutien-gorge de sa fille pour lui permettre de respirer plus confortablement. Elle ne lui avait pas demandé de sortir. Compte tenu des circonstances, il n'avait pas été compliqué pour Sabine de supposer qu'il devait être le petit ami que Marinette fréquentait depuis plusieurs mois. Cependant, Adrien ne voulait pas découvrir le corps de son amoureuse dans ces circonstances.
Quand le médecin arriva, Adrien le mena dans la chambre et ressortit, laissant Sabine gérer la consultation. Tom les rejoignit sur ces entrefaites. Adrien lui résuma la situation et l'invita à s'asseoir sur le canapé en attendant d'avoir des nouvelles.
— Tu… tu es l'ami de ma fille ? demanda le boulanger après un petit moment de silence.
— Oui, Monsieur Dupain.
— Elle aurait pu t'inviter chez nous. Nous n'avons rien contre le fait qu'elle sorte avec quelqu'un.
— C'est parce que je suis connu que les choses sont compliquées, tenta de justifier Adrien. Nous ne voulions pas qu'elle se retrouve dans les journaux people. On m'a déjà attribué plusieurs petites copines qui ne sont que de simples amies ou des personnes que j'ai croisées par hasard à des défilés.
— Ah, je n'avais pas pensé à cela.
— Mais, on peut s'arranger, si vous le souhaitez, proposa Adrien. Je serais très heureux de faire davantage votre connaissance.
Ses rapports avec le père de Marinette en tant que soupirant ne lui rappelait pas de bons souvenirs (tiens, il fallait qu'il demande à Marinette pourquoi elle avait prétendu être amoureuse de Chat Noir). Mais bon, il fallait bien qu'il passe par là, maintenant.
— Donc, tu es mannequin, c'est ça ? questionna Tom.
Adrien expliqua qu'il poursuivait des études en physique et qu'il limitait le mannequinat à des prestations pour son père, en échange de son soutien financier. Ils en étaient là quand Sabine et le docteur sortirent de la chambre.
— Je n'ai pas trop aimé ce que j'ai entendu dans ses poumons, commença le praticien. J'ai bien peur qu'elle ne commence une pneumonie. Je vais la mettre immédiatement sous antibiotiques. Pour la fièvre, n'hésitez pas à la rafraîchir en la bassinant d'un gant de toilette, quand elle semble avoir trop chaud. Mais évitez d'ouvrir la fenêtre, il ne faut pas qu'elle respire d'air froid. Elle ne doit pas sortir, évidemment.
— Nous pensions la ramener chez nous, indiqua Sabine.
— Je déconseille de la bouger. Elle ne peut pas rester ici ?
— Si, aucun problème, intervint Adrien.
— Bien. Je vais vous faire l'ordonnance.
Il donna encore quelques consignes et leur donna le papier. Sabine régla la consultation et le médecin partit. Adrien s'offrit pour aller à la pharmacie chercher les médicaments. Quand il revint, Tom était dans la chambre avec sa fille. Sabine remercia Adrien pour la course.
— Puis-je faire quoique ce soit d'autre, pour vous ? s'enquit-il.
— Eh bien oui. Au risque d'abuser de votre hospitalité, je désire rester avec Marinette, tant qu'elle ne va pas mieux.
— C'est une évidence. Vous pouvez vous installer ici. Nous pourrons nous relayer pour la veiller.
— Merci beaucoup.
— C'est normal, je tiens beaucoup à elle. Bon, je vais voir ce que je peux vous offrir pour le dîner.
Il alla fouiller dans ses placards et commença à cuisiner. Le voyant faire, Sabine proposa son aide et il se retrouva rapidement en spectateur dans sa propre cuisine – mais le bon côté, c'est que le repas s'améliorait à vue d'œil.
Adrien mangea avec Tom pendant que Sabine retournait dans la chambre. Ce fut un moment pénible. Tom tenta d'en apprendre davantage sur la relation d'Adrien et Marinette et le jeune homme ne savait pas quoi répondre, ne voulant pas se retrouver en porte-à-faux avec ce que Marinette avait déjà révélé – ou dissimulé – à ses parents. Il avait conscience de ne pas donner une image très sympathique de lui-même, ce qui le désolait pour le futur.
Puis ce fut au tour de Sabine de se restaurer. Vers dix heures du soir, il fut décidé que Tom allait rentrer chez lui se coucher, pour être au fournil tôt le lendemain matin. Il tiendrait la boutique seul, fermant aux heures creuses, si besoin. La priorité était de rester au chevet de Marinette.
— Vous avez des obligations, demain ? demanda Sabine à Adrien, qui l'avait rejoint dans la chambre pour voir comment allait son amie.
— Un ou deux cours, mais je vais sécher. Vous ne pouvez pas la veiller vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Je peux le faire cette nuit, ou demain matin, comme vous préférez.
— Je pense que je vais rester avec elle ce soir et cette nuit.
— D'accord. Je prendrais la suite demain matin. Vous pouvez me réveiller dès cinq heures.
— Bien.
Adrien alla prendre une douche. Sous l'eau chaude, il se demanda ce qu'il pensait de la révélation de l'identité de Ladybug. Il avait toujours espéré qu'un jour elle lui ferait assez confiance pour se découvrir devant lui. Il avait attendu ce moment, espérant que cela leur permettrait d'aller plus loin dans leur relation. Il ne s'imaginait pas du tout à ce qu'elle soit quelqu'un qu'il connaissait. Cela justifiait, réalisa-t-il alors, les précautions extrêmes qu'elle prenait pour qu'il ne puisse pas l'identifier.
Il ne s'était jamais douté de leur proximité. Elle avait été habile dans ses mensonges. Il ne lui en voulait pas. Dans un sens, cela l'aiderait à plaider sa cause quand elle comprendrait qu'il était Chat Noir. Il savait qu'elle n'allait pas forcément apprécier cet état de fait. Mais il ne regrettait rien. Ils étaient faits l'un pour l'autre, qu'ils soient Ladybug ou Marinette, Adrien ou Chat Noir. Il était certain qu'elle allait rapidement oublier tous ses a priori négatifs sur l'idée de sortir avec son partenaire.
Il comprenait mieux comment il avait pu lui plaire. Il était heureux de savoir que c'était sa véritable personnalité qui avait attiré Ladybug, et non le mannequin. En ce qui la concernait, il appréciait beaucoup la jeune fille, même s'il n'avait jamais envisagé d'en faire sa petite amie. Maintenant, il voyait les points communs entre elle et Ladybug : elle prenait toujours la défense des victimes d'injustice, elle était attentive aux autres et ne manquait pas de ressources – il se souvenait comment elle l'avait aidé quand il avait fugué pour voir le film dans lequel sa mère avait joué. Et, en plus, elle était vraiment mignonne, conclut-il. Il avait eu raison de ne jamais douter qu'elle lui plairait.
Vraiment, il ne voyait que de bons côtés à cette révélation.
Une fois en pyjama, il passa dans sa chambre prendre des draps et un oreiller. Il vit que la fièvre de Marinette était montée et que Sabine avait l'air soucieuse. Il retourna à la salle de bains prendre un gant de toilette qu'il mouilla à l'eau froide. Il le donna à Sabine, qui bassina le front de sa fille. Mais l'état de la malade ne s'améliora pas. Elle commença à prononcer des mots indistincts. Adrien et Sabine échangèrent un regard alarmé. Marinette continuait à marmonner, puis ses paroles devinrent plus articulées et ils distinguèrent nettement ce qu'elle disait :
— Chat attention ! À droite ! Lucky Charm ! L'akuma, il est là ! Ton cataclysme, vite ! Je te libère du mal !
Enfin, elle se tut, et sa respiration se fit moins saccadée. Adrien et Sabine restèrent quelques instants cloués par la stupeur. Adrien, affolé, vit la compréhension naître dans les yeux de la mère de Marinette. Il ne savait pas quoi faire. Il n'imaginait pas ce qu'il pourrait dire pour détourner les soupçons. Ladybug allait être horrifiée quand elle apprendrait ce qui venait de se passer.
Sabine cligna les yeux et regarda Adrien. Il détourna le regard. Il ne savait pas s'il devait avouer ou non avoir été au courant. Il y eut un long silence, troublé seulement par la respiration lourde de Marinette. Sabine paraissait être en état de choc. Adrien prit le gant, alla le mouiller de nouveau et entreprit de le passer sur le visage et les mains de son amie.
La fièvre sembla baisser un peu. Sabine se secoua et prit la boîte de médicaments d'une main tremblante. Il était enfin l'heure de le lui faire prendre.
— Adrien, tu devrais aller dormir, finit par dire la mère de Marinette. Cela ne sert à rien de rester tous les deux ici.
Elle n'avait pas tort. Et il se sentait épuisé entre le combat de l'après-midi et les émotions qui avaient suivi.
— Je vais dans le salon. Venez me réveiller quand vous serez trop fatiguée pour veiller et je prendrai le relais.
— Entendu.
Adrien prit la literie dans son placard et l'installa sur le canapé. Il s'endormit rapidement.
Voilà le début de la dernière variation. J'ai été méchante avec ce pauvre Adrien qui doit d'un coup tout gérer.
J'espère que cela a plu à ceux qui regrettait qu'il n'y ait pas de révélation pour les parents de Marinette dans les autres versions.
