Bonjour à toutes et tous,

Voici le chapitre 26. Comme toujours il a été relu et corrigé par Marie alors mille mercis à elle pour le travail et le temps consacré à corriger mes fautes.

Dans ce chapitre, une nouvelle fois, nos deux héros connaissent une déception. Ca ne doit pas être simple pour eux ?! Mais heureusement, ils sont là l'un pour l'autre. Ils se soutiennent.

Les choses vont bientôt s'accélérer puisqu'on approche de la fin.

Merci de continuer à me lire et à m'écrire. Je vous adore.

Bonne lecture et à la semaine prochaine

Sydney8201

Musique du chapitre :

How to save a life de The Fray

Chapitre 26 : Frustration

« Je prie de remercier toutes les bonnes choses qui sont dans ma vie, même en période de grand changement, de confusion ou de frustration. »

Alicia Keys

Leur première journée de recherche avait été particulièrement frustrante. Castiel avait voulu croire qu'ils auraient enfin de la chance. Que le calvaire finirait par prendre fin. Le destin par leur sourire. Il avait été stupide et naïf. Rien n'était jamais aussi simple. Pas dans son métier. Il devait travailler plus encore que dans n'importe quelle autre profession. Il devait consacrer des heures entières à chacune de ses enquêtes pour faire ne serait-ce qu'une petite avancée. Il l'avait toujours su et l'avait accepté. C'était aussi pour cela qu'il avait choisi d'être dans la police. Il aimait travailler. Résoudre des mystères quitte à y consacrer des nuits entières. Mais cette fois, il aurait aimé que les choses soient différentes. Car les heures qui passaient rapprochaient le tueur de Dean et semblaient les éloigner du monstre qu'ils poursuivaient. Castiel commençait doucement mais sûrement à perdre espoir. Cela ne lui ressemblait pourtant pas. Il avait toujours cru en ses capacités. En ses qualités et en son travail. Mais cette fois, il se demandait s'il était suffisamment fort. Suffisamment intelligent. S'il parviendrait à mettre la main sur le tueur avant qu'il ne s'en prenne à l'homme qu'il aimait.

Chaque endroit qu'ils avaient visité était plus déprimant que le précédent et moins que le suivant. Ces salons de tatouages étaient à la fois insalubres, inquiétants et probablement repoussants pour quiconque avait un minimum de bon sens. Mais ils étaient tous parfaits pour quelqu'un qui voudrait rester anonyme. Le tueur avait forcément choisi un droit de ce genre s'il s'était effectivement fait tatouer. Castiel en était convaincu. Ils n'avaient juste pas encore trouvé le bon.

Les propriétaires des salons s'étaient pourtant montrés étonnamment coopératifs. Ils n'avaient pas eu besoin d'insister ou de les menacer d'une fermeture administrative s'ils refusaient de les aider. Tous avaient étudié le dessin. Fouillé dans leurs archives et interrogé leurs employés. Mais aucun ne se souvenait d'avoir tatoué un tel symbole sur un client.

Castiel avait redouté au fil de la journée qu'un échec puisse miner Dean. Qu'il puisse se mettre à nouveau à douter de lui. S'en vouloir de ne pas avoir pu en apprendre plus durant sa vision. Castiel s'était préparé mentalement à devoir le réconforter.

Ca n'avait toutefois pas été nécessaire. Dean ne semblait pas désespéré à la fin de leur journée. Il ne paraissait pas inquiet. Bien au contraire. Ces endroits et l'atmosphère qui y régnait l'avait conforté dans ce qu'il pensait. C'était bien un salon de ce genre qu'il avait vu dans sa vision. Il n'avait plus aucun doute à présent. Ils avaient juste besoin de trouver le bon. Et ils approchaient du but selon lui.

Non, Dean n'avait pas eu besoin d'être réconforté par Castiel. Mais ce dernier en revanche avait ressenti une frustration telle qu'il avait fini sa journée énervé, bouleversé et totalement désespéré. Il ne doutait pas de Dean ou de la piste qu'ils suivaient. Mais il doutait de pouvoir être suffisamment rapide. Il avait peur. Peur que le tueur finisse par les trouver en premier. Terrifié qu'il puisse s'en prendre à Dean. Qu'il puisse une nouvelle fois se montrer plus intelligent que Castiel. Il avait peur de ne pas être à la hauteur.

Et c'était finalement Dean qui avait dû le réconforter pour la deuxième fois. Il avait tout de suite senti que Castiel n'allait pas bien. Peut-être grâce à son don. Ou peut être juste parce qu'il était particulièrement perspicace. Dans tous les cas, il n'avait pas laissé Castiel se morfondre.

Il l'avait raccompagné chez lui puis l'avait pris dans ses bras sans un mot. Il n'avait pas eu besoin de dire quoi que ce soit. Sa seule présence avait suffi à réconforter le jeune policier. Cette étreinte lui avait permis d'oublier pendant quelques secondes sa frustration et sa colère.

Dean s'était ensuite chargé de lui préparer quelque chose à manger avant de s'installer avec lui sur son canapé pour regarder tout et n'importe quoi à la télévision. Castiel avait alors réalisé que c'était tout ce dont il avait besoin pour être heureux. Peu importait ce qui pouvait arriver dans sa vie professionnelle. Dans le monde extérieur. Rien n'avait d'importance du moment qu'il était avec Dean.

Gabriel leur avait envoyé une nouvelle liste de salons pour le lendemain et en la regardant, Castiel avait ressenti cette même frustration à nouveau. Il savait bien que son coéquipier pensait l'aider en lui envoyant ces informations. Il pensait que Castiel reprendrait espoir en voyant qu'ils n'étaient pas encore à court de ressources à exploiter. Mais cela avait eu l'effet inversé.

Une nouvelle fois, Dean l'avait compris sans qu'il ait besoin de le lui dire. Il lui avait alors pris le téléphone des mains. L'avait mis sur vibreur puis avait pris la main de Castiel pour le conduire dans la chambre. Là, il lui avait assuré que tout irait bien. Qu'il pouvait le sentir et que le jeune policier devait lui faire confiance. Castiel avait acquiescé parce qu'il avait une confiance aveugle en son petit ami. Il était juste fatigué de ne pas faire plus de progrès.

Dean l'avait ensuite déshabillé. Lentement. Pour lui laisser le temps de dire « non » s'il n'en avait pas envie. Peut-être aussi un peu pour profiter de ce moment. Castiel s'était laissé faire parce qu'il en avait bien sûr envie. Mais aussi et surtout parce qu'il en avait besoin.

Dean s'était chargé de tout. Il avait pris toutes les initiatives et le jeune policier s'était contenté de suivre le mouvement.

Il s'était allongé sur le lit quand son petit ami le lui avait demandé. Il l'avait regardé se déshabiller à son tour, fasciné comme toujours. Il l'avait ensuite admiré pendant qu'il se préparait seul, la tête basculée en arrière, ses doigts allant et venant en lui. Il n'avait rien dit mais il avait gravé ces images dans un coin de son esprit. Il ne voulait surtout pas risquer de les oublier un jour.

Dean avait ensuite pris place sur lui. Il avait saisi son sexe dans la main et Castiel fut alors surpris de constater combien il était intéressé. Il avait ignoré, involontairement, son érection jusque-là. Mais son corps était prêt. Comme toujours quand Dean était là.

Le jeune homme l'avait regardé droit dans les yeux en s'empalant doucement sur lui. Il l'avait fait sans se précipiter. Sans doute pour laisser à son corps le temps de s'habituer. Mais sans doute un peu aussi pour prolonger le moment. Pour laisser à Castiel le temps de l'apprécier.

Dean s'immobilisa une seconde quand le sexe de son petit ami fut entièrement à l'intérieur de lui. Sa respiration était saccadée. Il avait toujours les yeux rivés dans ceux de Castiel. Il semblait attendre que ce dernier lui donne le feu vert. Ce qu'il fit aussitôt. Dean lui sourit alors avant de former des huit avec ses hanches en quête de sa prostate. Il cria quand le sexe de Castiel la toucha enfin. Puis il commença à bouger. La pénétration était plus profonde et plus intense dans cette position. Et Castiel pouvait admirer Dean alors qu'il le chevauchait rapidement. Il avait un côté fougueux et sauvage. Quelque chose que le jeune policier n'avait encore jamais vu chez lui. C'était magique. Un moment qu'il aurait voulu ne jamais voir finir.

Mais il pouvait déjà sentir les prémices de son orgasme dans son bas ventre. Il savait qu'il ne pourrait pas durer. Il aurait voulu saisir le sexe de Dean pour précipiter le sien. Il aurait voulu faire quelque chose de plus que de rester là à attendre. Mais son petit ami ne semblait pas gêné par son immobilisme. Il alternait entre un rythme soutenu, des petits mouvements de bassin une fois entièrement empalé sur le sexe de Castiel et un rythme plus calme. Il regardait son petit ami dans les yeux et son plaisir se lisait sur son visage. Il avait les yeux brillants. Les joues rouges. La respiration toujours aussi saccadée. De la sueur perlait à son front. Il finit par jouir après un dernier long gémissement. Castiel le suivit presque aussitôt, incapable de se retenir plus longtemps.

Ils s'allongèrent ensuite côte à côte. Castiel avait envie de remercier Dean. Mais il n'était pas sûr que cela soit vraiment convenable. Il se contenta donc de se blottir contre lui pour lui montrer combien il avait besoin de lui. Combien il lui était reconnaissant de l'avoir compris sans qu'il ait besoin de le lui dire.

Dean le serra contre lui sans un mot et Castiel finit par s'endormir.

Il se réveilla reposé et déterminé. Il ne devait pas se laisser abattre. Ils avaient encore des gens à aller voir. Il restait un esprit de trouver le bon salon.

Dean et lui prirent un petit déjeuner rapide puis une douche, séparé pour éviter la tentation, avant de commencer leur journée.

Les premières heures ressemblèrent à la veille. Castiel refusait toutefois de laisser la frustration le gagner à nouveau. Il se devait d'être positif. Il se devait de garder confiance. Dean avait besoin qu'il soit fort.

Le cinquième salon dans lequel ils se rendirent n'était pas très différent des autres. Il était petit, glauque et sombre. Rien ne semblait stérile et Castiel ne comprenait pas comment un tel endroit n'était pas déjà fermé par les services sanitaires. Il se promit de leur faire un rapport détaillé une fois cette histoire terminée. Un tel endroit était clairement un danger public et il se devait de faire quelque chose pour les empêcher de continuer à travailler.

Le patron les accueillit avec un sourire qui contrastait considérablement avec le genre d'endroit qu'il gérait. Castiel lui expliqua rapidement la situation avant de lui montrer la photo du symbole. L'homme la lui prit des mains en fronçant les sourcils.

- Je le reconnais oui… je l'avais trouvé étrange la première fois.

Castiel sentit alors son cœur s'emballer. Ils avaient peut-être enfin trouvé le bon endroit. A côté de lui, Dean semblait tout aussi excité et impatient. Le patron leur rendit le document avant d'hausser les épaules.

- Le type voulait qu'on lui tatoue ce truc sur la poitrine. Quand je lui ai demandé ce qu'il signifiait, il m'a dit que je n'étais pas digne de le savoir. Franchement, j'ai hésité une seconde à le foutre dehors parce qu'il avait franchement l'air d'un abruti mais… je ne peux pas refuser un client alors… j'ai fait ce qu'il me demandait.

Castiel pouvait parfaitement imaginer le tueur refusant de s'expliquer à quelqu'un qu'il devait considérer comme inférieur à lui. Il se croyait investi d'une mission divine et quiconque l'interrogeait à ce sujet ne méritait clairement dans d'être dans la confidence. Cela ressemblait à leur homme. Mais ce n'était pas encore suffisant.

- Ce type est recherché alors ? Ça ne m'étonne pas. Il y avait quelque chose de… bizarre chez lui… quelque chose de dérangeant.

- Nous devons absolument lui parler. Est-ce qu'il vous a donné son nom… son adresse peut-être ?

Castiel priait pour que le patron du salon, même s'il ne semblait pas vraiment préoccupé par les règles sanitaires, le soit au moins un peu pour les autres obligations inhérentes à sa profession. S'il n'avait pas demandé l'identité de son client, alors cette piste ne mènerait à rien.

- Je connais mon métier inspecteur et oui… oui j'ai pris une copie de sa pièce d'identité. Je dois l'avoir quelque part. Si vous avez quelques minutes, je devrais pouvoir vous la retrouver.

Castiel sourit en hochant la tête. Le patron tourna alors les talons pour entrer dans une petite pièce derrière lui. Le jeune policier se tourna ensuite vers Dean.

- Tu crois que c'est notre homme ? demanda-t-il parce qu'il avait besoin de se l'entendre dire.

Dean regardait autour de lui. Il observait les murs. Les posters accrochés autour d'eux. Il baissa les yeux sur le carrelage à leurs pieds. Puis il regarda quelques secondes le siège en faux cuir qui ressemblait étrangement à un fauteuil de dentiste et qui devait probablement servir à installer les clients. Il reporta finalement son attention sur Castiel.

- Je ne peux pas te le jurer mais ce dont je suis sûr c'est que c'est ce salon que j'ai vu dans ma vision. C'est dans cette pièce que je me trouvais. Juste là… à côté du fauteuil. Ça ne peut pas être une coïncidence. Et ce que ce type a dit… ça ressemble fortement à notre homme non ?

- C'est ce que je me dis oui mais… j'avais besoin de te l'entendre dire je pense. C'est toi l'expert ici.

Dean hocha la tête avant de saisir brièvement la main de Castiel. Il la serra dans la sienne avant de reprendre la parole dans un murmure.

- Cette fois, on le tient Cas. Je le sens.

Le jeune policier n'eut pas le temps de répondre quoi que ce soit. Le patron du salon choisit ce moment pour revenir dans la pièce avec des documents à la main. Castiel reporta aussitôt son attention sur lui, son cœur battant la chamade dans sa poitrine. Il allait enfin voir le visage de l'homme qu'il traquait depuis des mois maintenant. Il allait enfin savoir à quoi ce monstre pouvait ressembler.

- Et voilà inspecteur, lança le patron en lui tendant les documents.

Castiel les prit d'une main qui tremblait. Il les posa sur le comptoir devant lui puis baissa les yeux dessus. La copie n'était pas de très bonne qualité. Mais le visage du tueur était toutefois visible. Le jeune policier ne savait pas trop à quoi il s'était attendu. Peut-être à ce que la cruauté de ce monstre se lise sur son visage au premier coup d'œil. Ce qui était bien sûr stupide. Si cela avait été le cas, aucune de ses victimes n'aurait accepté de le suivre. Il n'y avait rien d'effrayant sur son visage. Rien qui ne laissait à imaginer ce dont il était capable. Mais il avait toutefois un physique qui ne passait pas inaperçu.

Il avait le front légèrement dégarni. Un visage long et anguleux. Presque émacié. Des yeux un peu enfoncés dans leurs orbites. Des lèvres minces. Une mâchoire carrée. Sa carte d'identité indiquait qu'il mesure un mètre quatre-vingt-treize. Son visage laissait à penser qu'il était maigre. Mais sa taille était probablement un avantage pour lui quand il était question de prendre le dessus sur des victimes plus jeunes. Il avait quarante-huit ans. Il s'appelait Alastair Black. Et il y avait une adresse. Pas très loin d'ici. Castiel détacha ses yeux des documents et jeta un coup d'œil à Dean. Il semblait complétement figé. Fasciné par ce qu'il avait sous les yeux. Mais aussi terrifié. Son visage était d'une pâleur effrayante. Il tremblait. Castiel passa aussitôt un bras autour de sa taille. Il se fichait pas mal que ce geste puisse sembler étrange au patron du salon. Il pouvait sentir que Dean n'allait pas bien. Et il se devait d'être là pour lui.

- C'est lui Cas… c'est… je le reconnais. Je sais que c'est complètement dingue parce que je ne l'ai jamais vu mais je… c'est comme si pourtant… un peu comme si je le connaissais déjà. Je ne peux pas l'expliquer mais je suis sûr de moi.

Castiel fut soulagé de l'entendre. Si Dean le reconnaissait alors il n'y avait plus aucun doute possible. Ils avaient enfin le visage du monstre qui avait fait toutes ces victimes. Il savait enfin à qui ils avaient à faire.

- Comment pouvez-vous le reconnaître si vous ne l'avez jamais rencontré ? demanda alors le patron du salon.

Castiel garda son bras autour de la taille de Dean mais reporta son attention sur l'homme.

- Est-ce qu'il vous a dit quoi que ce soit le concernant ? Est-ce qu'il vous a confié quelque chose ? N'importe quoi ? Peut-être un détail qui vous a semblé bizarre ? demanda-t-il pour changer de sujet.

Le patron du salon sembla déçu de ne pas avoir sa réponse. Mais il prit le temps de réfléchir quelques secondes avant de répondre.

- Pas vraiment. Il n'était pas bavard. Il voulait juste que le boulot soit fait rapidement. Il semblait… pressé et… quand le tatouage a été terminé, il paraissait… je dirais soulagé. Un peu comme si c'était une question de vie ou de mort. Mais je vous l'ai dit… il a refusé de me dire ce que ce symbole signifiait et il m'a traité comme si j'étais… inférieur à lui ou un truc du genre. Ça ne m'a pas vraiment donné envie de parler avec lui.

Castiel hocha la tête. Il n'avait pas d'autres questions et s'apprêta à demander à Dean s'il était prêt à partir quand le patron reprit la parole.

- Il y a bien une chose qui m'a surpris… quand j'ai eu fini de travailler, j'ai quitté la pièce une seconde pour aller chercher de la crème pour les soins et je l'ai entendu parler. J'ai cru qu'il était au téléphone mais… quand je suis revenu, j'ai vu qu'il parlait tout seul et à voix haute.

- Qu'est-ce qu'il disait ? demanda aussitôt Castiel.

- Je ne sais pas à qui il s'adressait mais il a dit un truc du genre « maintenant je suis complet… maintenant je suis votre soldat. ». C'est ce qu'il a dit au moment où je revenais. Je n'ai pas vraiment entendu le reste. J'étais trop loin.

Castiel n'avait pas besoin d'en savoir plus. Ces deux phrases suffisaient à confirmer qu'il s'agissait bel et bien de leur homme. Il demanda au patron s'ils pouvaient avoir une copie du document puis le regarda retourner dans son bureau pour leur en faire une. Il profita de son absence pour se tourner vers Dean à nouveau.

- Ça va aller ? demanda-t-il, inquiet car il pouvait toujours sentir le jeune homme trembler des pieds à la tête.

Dean cligna plusieurs fois des paupières avant de tourner lentement le visage vers Castiel. Il était toujours aussi pâle mais il semblait être sorti de sa torpeur. Il était de retour.

- Je… oui ça va. Je suis juste sous le choc je crois. C'est étrange et difficile à expliquer mais c'est comme s'il y a ce lien entre lui et moi… comme si on était connecté d'une manière que je ne saurais décrire et qui m'effraie. Je… je crois que tout ira mieux quand on l'aura arrêté. Je me sentirai soulagé.

Castiel pouvait le comprendre. Il devinait combien il devait être difficile de se sentir ainsi lié à un tel monstre. De ressentir ce qu'il ressentait. De le savoir dans sa tête et d'être dans la sienne parfois. Il aurait aimé pouvoir soulager Dean de ce poids. Mais rien ne pourrait réellement l'aider à part l'arrestation de ce monstre.

Le patron du salon revint avec la copie du document. Castiel le remercia avant de lui donner sa carte en lui faisant promettre de l'appeler s'il se souvenait de quoi que ce soit d'autre. Il quitta ensuite le salon, Dean sur les talons. Ils devaient retourner en urgence au commissariat. Ils devaient prévenir Gabriel. Le SWAT. Préparer une intervention chez ce type. Ils avaient énormément de choses à faire. Mais l'attitude de Dean continuait à l'inquiéter. Il avait du mal à se concentrer sur quoi que ce soit d'autre.

- Il faut qu'on retourne au commissariat prévenir tout le monde. On n'a pas une seule seconde à perdre. Avec un peu de chance et si le juge est réactif, on devrait pouvoir envoyer une équipe là-bas dans la journée. On va l'arrêter Dean. Je te le promets.

Il espérait ne pas trop s'avancer en disant cela. Il était convaincu d'obtenir l'accord du juge pour l'intervention de SWAT. Mais rien ne leur garantissait que ce monstre serait sur place. Rien ne leur garantissait qu'il n'avait pas donné une fausse adresse. Une fausse pièce d'identité. Ils ne pouvaient être sûr que d'une seule chose. Son visage. C'était la seule information sur laquelle il n'avait pas pu mentir.

- Je sais Cas. Je veux… si ça ne te dérange pas, j'aimerais venir avec toi. Et… je sais que je ne pourrai pas participer à l'intervention mais… si je pouvais être quelque part pour la suivre en direct, ça me soulagerait d'un poids.

Castiel ferait en sorte que cela soit possible. Il ne priverait pas Dean de quelque chose dont il avait visiblement cruellement besoin pour clore ce chapitre. Il devait participer. Même de loin. C'était après tout grâce à lui qu'ils avaient enfin appris quelque chose d'important. Il méritait d'être là jusqu'au bout. Castiel ne laisserait personne le convaincre du contraire. Il hocha donc la tête puis, après avoir serré la main de son petit ami dans la sienne une seconde, il l'entraîna jusqu'à sa voiture. Il était temps de passer à l'action. Il ne le savait pas encore mais les heures de ce monstre étaient comptées.


Dean n'avait peut-être jamais vu le visage du tueur dans ses rêves ou dans ses visions. Il n'avait pas la moindre idée de ce à quoi il pouvait ressembler. Mais cela ne l'avait pas empêché de l'imaginer. Il savait de lui qu'il était grand. Plus que la moyenne. Il devait l'être pour pouvoir prendre aussi facilement le dessus sur ses victimes.

Dean le savait, pour avoir été confronté à un homme foncièrement mauvais par le passé sans s'en douter une seule seconde. La cruauté des gens ne se lisaient pas nécessairement sur leurs visages. Si cela était le cas, les choses seraient bien plus faciles. Il n'y aurait plus autant de victimes. On ne pouvait pas deviner, en voyant quelqu'un dans la rue, la personne qu'il était au fond de lui. On ne pouvait pas deviner s'il s'agissait de quelqu'un de bien ou non. Dean le savait. L'homme qui avait tenté de le violer n'avait rien de tel d'inscrit sur son visage. Il avait au contraire eu l'air plutôt sympathique au début. Charmant même. Ce n'était que son insistance gênante qui avait fini par mettre la puce à l'oreille du jeune homme. S'il ne s'était fié qu'à son physique, jamais il ne se serait méfié. Les dessins animés mentaient tous. Les méchants n'avaient pas forcément le nez crochu, les dents pourris ou les yeux noirs et sombres. Ils ressemblaient le plus souvent à des personnes ordinaires. Et c'était d'ailleurs ce qui les rendaient aussi dangereux.

Dean avait donc su depuis le début que cet homme… ce monstre… ne pouvait qu'avoir l'apparence d'un homme comme les autres. Peut-être un peu en retrait. Peut-être un peu étrange dans son comportement. Mais certainement pas effrayant. Ses victimes n'auraient jamais accepté de le suivre si cela avait été le cas.

Il l'avait imaginé charmant. Sans doute séduisant. Grand et élancé. Il n'aurait pas vraiment su dire pourquoi mais c'était l'idée qu'il s'était faite de lui.

Quand il posa les yeux sur la photo que le gérant du salon leur fournit, il ne fut qu'à moitié surpris. Cet homme n'était pas vraiment séduisant. Il n'avait rien de particulier. Rien d'extraordinaire. Il n'avait pas le visage d'un monstre non plus. Il était juste ordinaire. Normal. Quelqu'un sur qui personne ne se serait retourné dans la rue. Et c'était ce qui lui avait permis de passer inaperçu jusque-là. Il avait le meilleur des camouflages. La banalité.

Il n'eut toutefois pas le moindre doute en le voyant. C'était leur homme. Il pouvait le sentir dans ses tripes. C'était bel et bien le monstre après lequel ils couraient depuis des semaines maintenant. Ils avaient enfin son visage. Enfin son nom même si rien ne leur garantissait qu'il s'agissait du vrai. Ils avaient une adresse. Dean avait l'impression d'avoir fait un immense pas en avant.

Et s'il aurait aimé crier victoire et se réjouir de cette avancée, il fut incapable de bouger ou de réagir pendant de longues secondes une fois ses yeux posés sur le visage du tueur. Il sentait son corps trembler. Il avait les mains moites. Le cœur qui battait trop fort et trop vite. Un début de migraine qu'il ne parvenait pas à ignorer. Il avait la sensation d'être sur le point de perdre connaissance. Il parvenait tout juste à respirer correctement. Il était face à son adversaire. Pas en personne mais cela ne changeait rien. Il était face à l'homme qui tentait d'entrer dans sa tête. Celui qui avait tué tous ces innocents.

Dean n'avait jamais rien ressenti de tel. Pas même depuis qu'il avait son don. Il regardait ce visage et il avait la sensation de le connaître. La sensation qu'il l'avait déjà vu. Peu importait que cela ne soit pas le cas. C'était sans doute son don qui lui jouait des tours. Mais c'était paralysant et terrifiant.

Heureusement pour le jeune homme, Castiel sentit aussitôt son malaise. Et Dean ne dut son salut qu'à sa seule présence. Il sentit son petit ami passer son bras autour de sa taille pour le soutenir. Il sentit combien il était inquiet pour lui. Prêt à tout pour l'aider. Cela aida le jeune homme à sortir de sa torpeur. A reprendre le contrôle de son corps et de son esprit. A réagir enfin.

Il ne se sentit toutefois vraiment lui-même à nouveau qu'au moment où ils sortirent du salon. Il prit une grande inspiration et laissa l'air frais de l'extérieur lui éclaircir les idées. Il savait qu'ils n'avaient pas de temps à perdre. Que le jeune homme ne pouvait pas se laisser aller. Castiel choisirait forcément de rester avec lui pour le réconforter. Et il perdrait un temps précieux. Ils avaient enfin une longueur d'avance sur le tueur. Mais rien ne leur garantissait que cela dure.

Il assura donc à Castiel qu'il allait bien. Il tenta de lui expliquer la connexion qu'il pouvait sentir entre lui et le tueur. Il l'écouta ensuite lui dire qu'ils devaient retourner au commissariat et se mettre au travail. Dean savait qu'il n'aurait jamais l'autorisation de participer à l'intervention du SWAT. Mais il avait tout de même besoin de pouvoir suivre tout cela de loin. Il voulait assister à l'arrestation de ce monstre. Il doutait de pouvoir retrouver le sommeil tant qu'il ne l'aurait pas vu de ses propres yeux.

Castiel accepta bien sûr. Et Dean le suivit alors jusqu'à la voiture. Ils firent le chemin en silence. Castiel semblait concentré sur tout ce qu'il avait à faire. Dean, de son côté, utilisa ce temps pour se remettre complétement du choc reçu. Il voulait être d'attaque pour la suite. A cent pourcents concentré sur ce qui allait arriver.

Tout alla très vite quand ils arrivèrent au commissariat. Castiel avait envoyé un message à Gabriel sur le chemin pour lui demander de les rejoindre. Il était là avant et le jeune policier s'empressa de tout lui expliquer. Ils se rendirent ensuite dans le bureau de leur supérieur pour lui faire un compte rendu, laissant Dean seul au bureau de Castiel. Il pouvait sentir les regards sur lui mais il les ignora. Ils finiraient par comprendre leur erreur quand ce monstre serait enfin derrière les barreaux. Ce n'était plus qu'une question de temps.

Il n'aurait pas su dire combien de temps il attendit le retour des deux policiers. Le temps semblait s'être suspendu. Il perdait à nouveau peu à peu contact avec la réalité. Des images affluaient dans sa tête. Certaines optimistes – le tueur se faisait arrêter – et d'autres pessimistes. Il commençait à avoir peur pour Castiel. Lors de la dernière descente, il avait été blessé. Dean détestait l'idée qu'il puisse prendre le moindre risque. S'il se rendait sur place – et il le ferait, c'était son métier – il serait en danger. Le jeune homme était terrifié à l'idée qu'il puisse lui arriver quelque chose.

Il sursauta quand il sentit une main se poser sur son épaule. Il leva aussitôt les yeux et fut soulagé de voir Castiel. Il ne l'avait pas entendu arriver. Il était bien trop absorbé par ses propres pensées.

- On a le feu vert. Le juge est prévenu. On attend son autorisation. Le SWAT est déjà en route. Dean, je vais…

- Faire partie de l'équipe, je sais. Et je ne vais certainement pas te le reprocher mais… tu dois me promettre d'être vigilent. On sait de quoi il est capable maintenant et je ne veux pas te perdre.

Castiel hocha la tête, l'air sérieux. Dean allait devoir s'en contenter. Jamais il ne reprocherait à son petit ami de prendre des risques dans le cadre de sa profession. Il était policier et si leur relation durait – ce que Dean espérait – il serait à nouveau confronté à des situations dangereuses. Le jeune homme allait devoir l'accepter. C'était aussi parce qu'il était ainsi qu'il était tombé amoureux de lui. Il ne devait surtout pas l'oublier.

- Je ne serai pas en première ligne. Ça c'est le boulot du SWAT. Je me contenterai d'attendre dehors mais je… je sais que tu es inquiet et je te jure que je serai extrêmement prudent.

- Cas, je comprends. Je sais que tu dois y aller et si je t'ai demandé de toujours me faire passer en priorité, là, il s'agit d'une situation où je n'exigerai jamais de toi que tu fasses un tel choix. Mais tu ne pourras pas m'empêcher de m'inquiéter pour toi… que ce soit aujourd'hui ou à chaque fois que tu seras dans une situation similaire.

Dean aurait aimé pouvoir embrasser Castiel pour renforcer ses propos. Pour lui donner un peu de force et pour en prendre aussi. Mais il y avait bien trop de témoins. Bien trop de gens pour les regarder. Ils allaient devoir attendre d'être seuls. Ils auraient tout le temps une fois le tueur arrêté.

Gabriel approcha à son tour et informa Dean qu'il resterait avec lui dans une voiture non loin de l'endroit de l'intervention. Grâce aux caméras que les agents du SWAT avaient avec eux, ils pourraient assister à l'intervention de loin. Le jeune homme le remercia d'un sourire mais ne fut pas capable de dire quoi que ce soit. Il sentait le stress monter et son estomac était entièrement noué. Sa gorge close.

Ils reçurent l'accord du juge quelques minutes plus tard. Castiel partit alors s'équiper pendant que Gabriel conduisit Dean à leur véhicule.

- Il ne lui arrivera rien, assura-t-il sans hésitation autant pour rassurer Dean que pour se rassurer lui-même.

Ce dernier acquiesça. Il avait envie d'y croire. Mais son inquiétude était telle qu'il n'y parvenait pas.

Il n'eut pas l'occasion de revoir Castiel avant de partir. Son petit ami dut partir avec le SWAT et deux autres policiers. Dean reçut toutefois un message de sa part lui rappelant qu'il l'aimait et qu'ils se reverraient très vite. Le jeune homme le lut et le relut durant tout le trajet avant de lui répondre qu'il l'aimait aussi de tout son cœur. Qu'il était l'homme de sa vie.

Gabriel gara finalement le véhicule non loin de l'adresse. Il brancha ensuite le système vidéo puis tapota gentiment la cuisse de Dean pour lui apporter un semblant de réconfort.

C'était presque comme regarder une série ou un film. Dean avait beau savoir qu'il s'agissait de vraies images et qu'elles étaient diffusées en direct. Il se sentait bizarrement déconnecté. Un peu comme si une petite partie de lui était avec Castiel et non plus dans le véhicule avec Gabriel.

Il garda toutefois les yeux rivés sur l'écran.

Le SWAT avançait en colonne. Ils étaient lourdement armés et équipés de bouclier et d'une tenue qui ressemblait à une armure. Ils parlaient entre eux à voix basse. Ils enfoncèrent la porte d'entrée puis avancèrent doucement dans la maison. Dean sentait son angoisse monter et ses espoirs s'envoler à chaque fois qu'il entendait un nouveau « RAS » d'un membre de l'équipe.

Les pièces de la maison étaient toutes vides. Il n'y avait pas un meuble. Pas une seule trace du tueur. C'était presque comme s'il n'avait jamais vécu ici. Il voulut toutefois continuer à y croire jusqu'à ce que le SWAT pénètre finalement dans la dernière pièce. Celle qui servait visiblement de chambre. C'était la seule qui portait les traces d'une présence. Il y avait un matelas dans un coin avec un drap et un oreiller. Un livre posé à même le sol à côté d'un chapelet. Mais le tueur n'était pas là. L'endroit était vide. Il sentit son cœur se briser quand le chef de l'escouade le cria aux autres membres de l'équipe.

- C'est vide. Il n'y a personne ici. On vérifie chaque recoin… on s'assure qu'il n'y a aucun piège mais notre homme n'est pas là.

Dean avait envie de pleurer. Une nouvelle fois, ils avaient été pris de vitesse par le tueur. Une nouvelle fois, une de leur piste ne menait à rien. Bien sûr, ils allaient fouiller l'endroit en quête d'indices. Mais ils ne trouveraient probablement rien. Le tueur était bien trop vigilant pour avoir laissé derrière lui quoi que ce soit susceptible de le localiser.

Gabriel semblait penser la même chose puisqu'il ne trouva rien de positif ou de rassurant à dire. Ils étaient tous les deux silencieux, conscients qu'ils venaient d'échouer à nouveau. Dean avait la sensation que cette défaite était la pire. Que cet échec marquait la fin de leurs espoirs. Jamais ils ne pourraient attraper le tueur. Ils sauraient forcément qu'ils l'avaient identifié et il allait forcément redoubler de vigilance. Bien sûr, ils pouvaient diffuser son visage à la télévision et prier pour que quelqu'un le voit et le leur signale. Mais cela risquait de prendre des semaines entières. Et Dean était fatigué. Il était épuisé. Il n'avait plus la force d'espérer et d'attendre.

Les images continuaient à défiler sur l'écran mais le jeune homme ne les regardait plus. Il entendait des hommes parler. Tous semblaient désespérés et las. Castiel finit par pénétrer dans la maison avec ses deux collègues. Dean l'entendit passer un coup de fil pour demander à la police scientifique d'envoyer des agents. Mais le jeune homme sentit à sa voix qu'il n'y croyait pas beaucoup plus que lui. C'était peut-être l'échec de trop pour tout le monde.

- Dean, je… commença finalement Gabriel après de longues minutes de silence.

Dean leva la main dans sa direction pour lui faire signe de se taire. Il ne voulait pas qu'on cherche à le rassurer. Il ne voulait pas qu'on lui mente juste pour lui faire plaisir. Il en avait assez qu'on tente de l'épargner.

- Ne dis rien… je n'ai pas… je sais que c'était peut-être bien notre seule chance de l'attraper avant qu'il ne tue quelqu'un d'autre et franchement… je ne veux pas… j'ai besoin de réfléchir.

Il ne voulait pas vexer ou blesser Gabriel en réagissant ainsi. Il ne voulait pas que son ami puisse penser qu'il était en colère contre lui. Ce n'était pas le cas. Il était furieux contre le tueur, contre le destin… comme la malchance qui les poursuivait depuis trop longtemps. Et contre son don qui semblait ne pas vouloir lui donner un coup d'avance. A quoi cela servait-il de l'avoir si ce n'était que pour en obtenir des pistes qui ne menaient à rien. Il avait perdu le sommeil. Il était épuisé. Et tout ceci avait un impact sur sa vie de tous les jours. Mais il n'avait rien en retour. Et cette fois, il n'en pouvait plus.

Ils restèrent sur place encore quelques minutes puis Castiel les avertit par message que la police scientifique serait bientôt là et qu'ils pouvaient rentrer. Dean aurait nettement préféré qu'il les rejoigne immédiatement. Mais il savait que Castiel devait encore rester sur place. Il n'état heureusement pas seul. Gabriel saurait lui tenir compagnie jusqu'au retour de son petit ami. Car Dean n'avait pas l'intention de rentrer chez lui. Il refusait catégoriquement d'être seul. Il savait parfaitement qu'il passerait alors son temps à ruminer leur échec et à se lamenter sur son sort. Il avait besoin de Castiel pour surmonter cette nouvelle épreuve.

Ils rentrèrent finalement au commissariat à nouveau en silence. Dean serrait son téléphone dans la main. Il le voyait comme son seul lien avec Castiel pour le moment. Ce n'était pas suffisant pour qu'il se sente mieux. Mais c'était tout ce qu'il avait.

Le trajet lui sembla interminable. Il fut soulagé quand ils se garèrent enfin dans le parking. Bien sûr, il était presque sûr que tous ceux qui l'avaient jugé jusque-là ne se priveraient pas de le faire à nouveau quand il pénétrerait dans le bâtiment. Tous penseraient sans nul doute que cet échec était entièrement de sa faute. Et peut-être avaient-ils en partie raison. Dean ne le savait pas. Il n'avait de toute façon pas la force d'y réfléchir pour le moment.

Il suivit Gabriel dans les couloirs, la tête basse pour ne surtout pas croiser le moindre regard. Il ignora les murmures sur son passage. Il ne pouvait pas être sûr qu'on parlait de lui. Il prit ensuite place sur la chaise de bureau de Castiel. Il leva alors les yeux pour jeter un coup d'œil à Gabriel. Il avait le visage fermé et les lèvres pincées. Il avait lui aussi reçu un coup et le jeune homme s'en voulait de ne pas s'en être soucié plus tôt.

- Est-ce que ça va ? Je… je suppose que ça ne doit pas être facile pour toi non plus.

Gabriel haussa les épaules.

- Tu me connais Dean, je suis quelqu'un d'optimiste. Et j'ai envie de croire que ce n'est pas un coup pour rien. Qu'on va trouver quelque chose dans cet endroit… n'importe quoi qui pourrait nous aider à le trouver.

Le jeune homme n'avait pas le cœur à le contredire même s'il pensait tout le contraire.

- Peut-être que tu pourrais y aller quand la scientifique sera repartie… peut être que tu trouveras quelque chose qu'ils sont… disons incapables de trouver. Peut-être que tu sentiras quelque chose qui nous échappe à nous.

Dean n'allait certainement pas refuser. Mais il n'en avait pas envie. Il ne voulait pas se retrouver dans cet endroit où le tueur avait probablement passé du temps. Il avait bien trop peur de ce qu'il allait y voir. Ou pire encore. Il avait peur de ne rien ressentir du tout. De ne pas être capable d'en tirer quoi que ce soit d'utile. Jusque-là il n'avait pas été d'une grande utilité.

Il accepta toutefois sans sourciller parce qu'il pouvait sentir que Gabriel comptait sur lui. Il espérait sincèrement ne surtout pas le décevoir.

Gabriel lui servit ensuite un café et prit place à côté de lui. Il s'écoula une bonne heure avant que Dean ne sente la présence de Castiel non loin de lui. Il jeta un coup d'œil par-dessus son épaule et sentit un immense soulagement en le voyant. Son petit ami ne s'approcha toutefois pas. Il lui fit signe de venir et Dean s'exécuta aussitôt. Il pénétra dans la petite pièce que Castiel avait ouverte pour lui et le regarda entrer à son tour avant de fermer la porte.

- Dean, je… souffla-t-il alors.

Mais le jeune homme ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase. Il se jeta dans ses bras brusquement et violemment, le faisant reculer de plusieurs pas. Il avait bien trop besoin de cette étreinte pour s'en soucier. Il savait que Castiel était parfaitement de taille à la lui donner.

Il ne perdit pas une seconde et se blottit dans ses bras. Il avait rêvé de ce moment depuis leur séparation. Il avait bien sûr espéré qu'il s'agirait alors d'une étreinte de célébration après l'arrestation du tueur. Et il aurait préféré que cela soit le cas. Mais Castiel était là et il allait bien.

- Je te promets qu'on le trouvera Dean. Il ne pourrait plus nous échapper éternellement. Pas maintenant qu'on sait à quoi il ressemble. Je vais diffuser son portrait. Je retournerais ciel et terre si nécessaire mais je vais le trouver.

- Je sais Cas… et si… Gabriel a suggéré que j'aille là-bas pour voir si je peux… sentir quelque chose. Je ne vous promets rien mais je veux bien essayer. Mais pas tout de suite… juste… pour le moment j'ai juste envie de rester dans tes bras et d'oublier tout le reste.

Il savait qu'il était sans doute injuste de s'accaparer ainsi le jeune policier. Il avait probablement un rapport à taper et des centaines de choses à faire ou d'appels à passer. Mais Dean ne parvenait pas à s'en soucier pour le moment. Il se sentait fragilisé. Vulnérable. Et il n'y avait que Castiel qui pouvait l'aider à se sentir mieux.

Ils restèrent ainsi en silence durant de longues minutes. Dean était presque convaincu que son petit ami avait tout autant besoin que lui de cette étreinte. Lui aussi venait de vivre un moment difficile. Lui aussi devait avoir la sensation d'avoir échoué. Il ne devait surtout pas penser qu'à lui. Ils avaient face à cette histoire ensemble jusque-là et Dean allait faire en sorte que cela continue.

Ils ne se séparèrent que lorsqu'ils furent prêts et sans avoir à se le dire. Ils firent naturellement avant de se regarder dans les yeux. Puis, parce qu'il en avait besoin et envie, Dean se pencha en avant pour déposer un rapide baiser sur les lèvres de son petit ami. Il le garda chaste et délicat. Ce n'étaient pas les prémices à quoi que ce soit d'autre. Juste un geste de réconfort pour eux deux après un moment difficile. Juste le moyen de se rappeler qu'ils étaient toujours là l'un pour l'autre. Que malgré ce nouvel échec ils n'avaient pas tout perdu. Ils finiraient par trouver ce monstre et par l'arrêter. Mais pour le moment, ils devaient se reposer l'un sur l'autre pour surmonter les difficultés. Dean ne lâcherait pas.