Disclaimer : L'univers de Diablo appartient à Blizzard


Je publie ce samedi le premier chapitre de l'interlude. Il sera suivi de la suite dimanche.
Ce chapitre est très court.


Interlude - Première partie

Chapitre 1 : Retour au monastère

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C'est la douleur qui me réveille. Jarzeth m'a soulevée de ma paillasse et je repose sommairement enroulée dans un drap contre son torse. Moiraine porte à son flanc nos besaces et je vois dépasser de son dos nos deux arcs. Elle s'aide du bourdon du mage pour se déplacer. Ses traits sont tirés par la fatigue mais elle a l'air plus alerte que la veille. Le prince s'est levé, lui aussi. Adria et Pipin le soutiennent. Son visage porte les marques d'un traumatisme profond, mais il se force à sourire.

Quelques habitants du village sont venus nous dire au-revoir, en plus des personnes qui nous ont aidées. Plusieurs gardes, dont certains sont des rescapés des catacombes, sont là. Cain et Griswold ont rejoint Odgen et son assistante près du bar. Je remarque dans un coin de la pièce la présence de Wirt qui nous observe en biais. Je pense qu'il cherche plus à puiser de nouveaux ragots qu'à vraiment nous saluer pour notre départ. Le prince prend la parole.

- "Je n'oublierai jamais les sacrifices que vous avez fait pour nous protéger tous." Dit-il d'une voix forte, malgré son état de faiblesse apparent. "Je n'ai pas les mots pour vous remercier. La seule chose que je puisse faire est de tenter de reconstruire Tristram et de soigner les blessures que mon pays a subies."
- "Bonne chance à vous messir." Répond Moiraine. "Et restez fort." La manière dont elle prononce ses mots sonne étrangement comme une mise en garde.
- "J'ai toutes les raisons de me battre pour cela." Dit-il d'un air résolu.

Griswold s'approche de nous et donne à ma sœur deux carquois plein.

- "C'est un p'tit souv'nir." Dit-il avant de l'enserrer dans une accolade franche.

Elle titube un instant mais se reprend rapidement. Je la vois sourire contre l'épaule massive du forgeron.

- "Tout doux l'ami."
- "Pardonnez-moi, m'dame. C'est l'émotion." Il la relâche et recule d'un pas. Il se tourne ensuite vers moi. "Et vous, faut qu'vous guérissiez vite, d'accord?"

Je vois qu'il a les larmes aux yeux. Je n'arrive pas à réagir mais je suis sincèrement touchée par son affection. Les autres membres de l'assemblée restent silencieux. Même le vieux Cain a l'air grave. Je remarque alors dans sa main le livre de Lazare. Je suis soulagée que Jarzeth lui ait donné. D'ailleurs mes derniers soupçons sur son comportement étrange de la veille s'évanouissent totalement lorsque je remarque que les autres objets qu'il avait volé sur l'archevêque sont posés dans une boîte sur la table qui a servi aux potions. Je me demande tout de même ce qu'il a fait de l'autre livre qu'il a pris dans la bibliothèque. Sans doute s'est-il lui-même payé son intervention en le prenant.

Le Vizjerei s'approche de Moiraine et s'incline légèrement jusqu'à ce que leur front se touchent. Je vois leur visage à quelques centimètres du mien.

Je sens l'énergie du mage nous entourer. L'auberge fait place à une forêt que je reconnais. L'air frais sur ma peau me fait du bien. Je ferme les yeux sachant ce qui va suivre. Nous nous téléportons en groupe pendant de longues minutes avant de nous arrêter pour de bon. Je sens les bras de Jarzeth trembler légèrement. Finalement, il n'est pas complètement remis. Moiraine s'éloigne. J'en profite pour regarder autour de moi. Je ne pensais pas que revoir ces vieux murs de pierre grise me procurerait autant de joie.

- "Nous y sommes." Me dit-il en raffermissant sa prise autour de moi.

Nous entrons dans le monastère. Moiraine ouvre la voie et demande aux sœurs confirmées présentes d'aller chercher de l'aide. Les apprenties commencent à se rassembler autour de nous. Dans les murmures qui parcourent la petite assemblée qui grandit, j'entends parler avec inquiétude de ma condition. Si j'ai l'air aussi malade que je me sens, je comprends leur réaction. Je les entends aussi parler de la présence de Jarzeth .

Une voix s'élève parmi les autres. Je la reconnaîtrais parmi toutes. C'est ma maîtresse d'armes, Kashya. Elle repousse les curieuses et s'approche de nous.

- "Moiraine? Que se passe-t-il?" Demande-t-elle en arrivant à nos côtés.

Je reconnais bien là son ton sec et son allure sévère. Je ne l'ai jamais connu autrement. Ses yeux perçants se posent sur Jarzeth. Parmi les novices, on entretient la légende comme quoi elle a eu le cœur gelé étant enfant et que c'est la raison pour laquelle elle n'exprime jamais d'émotions.

- "Annor est gravement blessée. Seule Akara pourrait..." Commence à expliquer Moiraine mais Kashya l'interrompt d'un geste de la main.

Elle se rapproche de moi et en tire le drap qui me couvre. Encore une fois, elle fait honneur à sa réputation. Aucune émotion ne se lit sur son visage de cire lorsqu'elle voit le bandage souillé. Toutefois, la rapidité avec laquelle elle prend sa décision montre qu'elle comprend l'urgence de la situation.

- "Suivez-moi." Dit-elle à l'intention de Jarzeth et de Moiraine. "Et vous dispersez-vous!" Ordonne-t-elle d'une voix forte à l'intention des autres.

Les filles obéissent sans ciller. Elles savent qu'il ne faut pas plaisanter lorsque Kashya dit quelque chose, surtout sur ce ton. Elle nous mène à bon train à travers le monastère. Moiraine s'aide toujours du bâton du mage pour se déplacer et elle semble avoir du mal à suivre le rythme.

Ma maîtresse d'arme nous fait entrer dans l'aile de l'infirmerie par un chemin que je n'ai pas l'habitude d'emprunter. Nous entrons dans une pièce où sont alignés plusieurs lits. La pièce sent un peu le renfermé comme si elle n'était pas souvent aérée. Cela ressemble à l'infirmerie mais je ne reconnais pas la disposition du mobilier et je suis étonnée qu'il n'y ait personne. Habituellement, il y a toujours de l'activité. Les entraînements intensifs laisse rarement les novices indemnes.

- "Installez-la ici." Jarzeth me dépose aussi délicatement que possible dans un lit. "Je reviens vite. Ne quittez pas cette pièce. Cela vaut surtout pour vous, Vizjerei."

Kashya tourne les talons et claque la porte derrière elle. Moiraine s'assied sur un lit à côté du mien et dépose tout le matériel au sol. Elle semble éreintée. Le mage la rejoint. Les deux restent silencieux et m'observent.

- "Où?" Je demande d'une voix faible.
- "C'est la salle de quarantaine." Répond machinalement ma sœur. "Elle n'a pas servie depuis longtemps." Elle ne souhaite visiblement pas parler davantage.


A demain :)