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Grand-mère ?

Cottage Zabini, 25 décembre 2006

Drago prit une grosse bouffée d'air pour chasser ses nausées. Il était à deux doigts de vomir, l'estomac secoué par le trajet en cheminette. Dans sa condition, c'était le seul moyen de transport magique sans de véritables conséquences pour la santé du bébé, mais à chaque fois, Drago était malade.

Il était l'un des premiers hommes de Grande Bretagne à être enceint. Les médicomages étaient très impliqués et veillaient à ce que cette grossesse se déroule bien. Drago savait qu'au moindre problème, il passerait le reste de sa grossesse alité, chose qu'il refusait. Il n'avait pas envie de rester allongé sept mois.

Quand il avait fallu désigner le porteur, Drago n'avait pas hésité à se proposer. Blaise n'était pas contre non plus, toutefois après de nombreux tests, il s'était révélé moins apte à mener une grossesse à terme que son époux.

– Tout va bien ? s'enquit doucement Blaise.

– Toujours un peu nauséeux, mais on peut dire que ça va.

Blaise frotta son dos puis glissa sa main dans la sienne pour le guider à travers le cottage vide. Claudia Zabini était certainement dans la serre, là où se trouvaient ses plantes. Elle s'était prise de passion pour les fleurs à la fin de la guerre et en faisait pousser beaucoup.

Sans surprise, ils la trouvèrent là, à genoux, en train de rempoter un géranium, tirée à quatre épingles.

– Bonjour maman, claironna Blaise. Joyeux Noël !

Claudia abandonna son activité et se précipita vers son fils qu'elle serra dans ses bras.

– Mon grand bébé ! Comment tu vas mon amour ? Tu as bonne mine ! Et mon Drago, je te trouve un peu pâle. Tu vas bien ? Tu ne couves rien ? Si tu es malade, vous auriez dû annuler ! Je peux me passer de fêter Noël si mon gendre ou mon fils ne sont pas en forme. Du moins, j'aurais pu me déplacer moi-même.

Elle caressa le front de son beau-fils avec tendresse.

– Je ne suis pas malade, soupira Drago.

Il n'était ni malade ni un enfant. Le fait que sa belle-mère le materne était adorable, il en convenait mais il aurait préféré qu'elle s'abstienne. C'était à croire qu'il y avait marqué enceint sur son front. Pourtant, cela ne se voyait pas. Les gens, depuis qu'il portait l'enfant de son mari, ne cessaient de s'inquiéter de son état de santé et de le chouchouter. En soi, ce n'était pas désagréable, du moins au début. Maintenant, il avait juste l'impression d'être un enfant.

– Bon, alors si tu n'es pas malade... Comment vont tes parents ?

– Bien. Ils sont venus déjeuner à la maison.

Claudia avait été invitée, comme chaque année, toutefois elle avait dû décliner car elle devait se rendre dans la famille de son nouveau mari. Elle avait dit au couple de venir lui rendre visite pour dîner et fêter un peu Noël même si ce n'était plus la même chose. C'était simplement histoire de se retrouver un peu.

Elle pria les époux à s'installer pendant qu'elle allait chercher de quoi boire un peu. Quand elle proposa à Drago un verre de vin blanc et qu'il refusa, lui qui ne rechignait jamais à un peu d'alcool, elle faillit lâcher la bouteille, la bouche grande ouverte.

– Je... C'est... Merlin ! Tu es... Non ! Comment...

– Expérimentation. Je suis un peu un cobaye pour Ste Mangouste.

– Un cobaye ? Mais quelle idée ? Vous êtes fous ? Comment vous avez pu ? s'écria Claudia.

– Maman ! intervint Blaise. Drago et moi voulons un enfant. Nous voulons le nôtre, qui sera de nous ! Tout est sous contrôle. Les médicomages surveillent Drago. Pour l'instant, tout va bien, hormis des nausées et une certaine fatigue.

– Je vais bien, assura Drago.

Claudia ferma les yeux. La bouteille trembla dans sa main. Son fils la lui prit avec douceur et la posa sur la table.

– Tout va bien maman ?

– Bien, je ne sais pas. Je suis... sous le choc. Je ne pensais pas avoir de petits-enfants et là, vous m'annoncez que vous pouvez avoir des enfants. J'avoue que je ne m'y attendais pas. C'est soudain.

– Je pensais que tu serais heureuse, répliqua Blaise, déçu par ce manque d'enthousiasme.

– Laisse-moi le temps de digérer la nouvelle.

Elle se versa un verre de vin et l'avala presque cul-sec sous les regards atterrés de son fils et de son gendre.

– Je vais être grand-mère.

Drago leva les yeux au ciel avec l'impression de déjà vu. Son père avait dit presque la même chose, comme s'il n'en était pas revenu. Depuis, il n'avait cessé d'arborer un air béat. Autant dire que Drago avait le désir de le voir avec le bébé.

– Oui maman, tu vas être grand-mère.

Un sourire identique à celui de Lucius naquit sur les lèvres de Claudia, rassurant Blaise.

– Si vous avez besoin d'aide, je serais toute disposée à être là.

– Merci maman. Narcissa a dit exactement la même chose.

Il aimait sa mère et sa belle-mère mais il ne pourrait pas les supporter plus de trois jours. Il était donc hors de question qu'elles débarquent chez eux et s'occupent de tout changer, pour le soi-disant bien de Drago.

– Je vais avoir un bébé à dorloter, pépia Claudia le regard rêveur. Je crois que je vais aimer le rôle de grand-mère.

– Un autre verre, maman ?

– Avec plaisir mon chéri. Il faut fêter ça !