Comment dire ? On les aime, n'est-ce pas, ces deux plumeux ?...
Par contre, autant le dire de suite : je compte pousser les chapitres jusqu'au 35 et m'arrêter. Car j'aurai écrit tout ce que j'avais à écrire sur nos plumeux ^^ et je ne veux pas les gâcher en tournant en rond avec des redites... Toutes les bonnes choses ont une fin...
Chapitre 26 : Breathless
Minos s'étirait dans le vaste lit. Aiacos était toujours plus long au réveil - surtout après une nuit consommée de jeux érotiques !...
Griffon mit un pied hors du lit, récupérant sa douillette robe de chambre pour s'en vêtir.
Il demeura un instant à observer celui qui sommeillait ; torse hâlé montant et descendant au gré d'une respiration profonde, drap allant flatter l'anse de ses hanches admirablement découpées.
La vision était de toute beauté !...
Minos prit le frais sur le balcon avant de sommer les servantes d'offrir un petit déjeuner digne de ce nom à son amant.
Aujourd'hui était un grand jour ! C'était aujourd'hui qu'il avait décidé de se montrer à l'âme qu'il s'était désigné !...
Cette pensée le fit s'étirer de bonheur, tout en émettant de petits feulements de ravissement.
Sofya venait de livrer sa fillette d'à peine six ans entre les mains d'un religieux perverti.
Elle refermait lentement la porte de la chambre dans laquelle l'étreinte interdite avait lieu, empochant les billets en les camouflant dans son décolleté.
Passant devant un miroir, elle s'y arrêta, rajustant sa coiffure.
Son reflet, avantageux, se mit à arborer les traits de la mort, visage fondant de manière ignoble, dévoilant, à mesure, le crâne nu.
Elle cria, faisant un pas en arrière, heurtant celui qui s'y tenait.
"Veux-tu que je te dise lequel de vous deux est le plus abject aux yeux de mon Maître, Sofya Tarasovna ?" tonna la voix haute de Griffon. "Lequel de vous deux occupera la plus sévère de nos prisons ?"
La femme se tasse contre l'immense armoire richement menuisée, poings ramenés au niveau de sa poitrine battante au poing de vomir son palpitant.
Minos sortit de l'ombre ; le démon personnifié !...
Elle tremblait de tous ses membres.
Minos s'avançait, surplis lançant les éclats d'un diamant sombre.
Elle voulut crier mais venait de perdre la voix sous le choc, le fixant de yeux exorbités, tassée contre le meuble, hoquetant de terreur.
Il fallait dire que Minos en imposait !...
Du fait du casque et de la frange, on ne devinait pas son regard mais Sofya le sentait férocement braqué sur elle, la dépeçant jusqu'à l'âme à laquelle il semblait avoir accès sans en manifester le moindre effort.
Lancer de fils dans les règles. Poignets joints au-dessus de sa tête, corps soulevé en totalité.
La vue d'un Juge d'Hadès ne pouvait guère laisser indemne une âme aussi corrompue. C'était comme si un lien était déjà établi.
"C'est moi qui prononcerai ta sentence et qui t'attribuerai la prison adéquate. Autant dire qu'aucun de tes actes ne te vaudra mon indulgence." terrible.
Les ailes de Griffon s'écartèrent pour plus de prestige. Tandis que les petits cris geints franchirent la porte sous le vil assaut monnayé.
Aiacos sauta par-dessus le dossier pour se retrouver sur l'assise, à la droite d'un Griffon studieux.
"Alors ?..." caressant le joli bras nu de son partenaire. "Sofya ?..."
"Divertissante." laconique.
"C'est... tout ?..."
"Oui." renfrogné.
"Eh bien..." picorant dans un plat à disposition. "Moi qui avais pensé que cette petite expédition t'aurait mis dans une belle humeur dont j'aurai pu profité... je suis déçu."
Bref soupir de Minos.
"Tu es extrêmement ardu à suivre, tu sais, Griffon ?"
Minos posa sa plume, suspendant sa lecture. "Pardon."
Aiacos avança la friandise entamée jusqu'aux lèvres closes du Griffon. Elles s'ouvrirent pour y croquer.
Sourire triomphant d'Aiacos. "Compte sur moi pour relever ton humeur, Griffon."
"Tu y parviens déjà... admirablement." sur un sourire audible.
"Attends... je n'ai pas encore montré tout mon talent." glissant une main agile jusqu'à l'entrejambe, paume s'y pressant agréablement.
Minos leva le menton, son faisant vibrer sa jolie pomme qu'Aiacos vint cueillir entre ses dents, mordillant jusqu'au sang, y laissant une belle marque, léchotant le liquide aux saveurs minérales.
Dans ce village reculé de Roumanie, un père dévoué veillait sur sa fille. Aveugle de naissance, les yeux opacifiés par un voile couvrant jusqu'à son iris, Mirza semblait connectée à un autre monde que celui des braves mortels. Aussi, son père la tenait séquestrée pour son bien, dans leur humble masure. Il avait fait croire au monde que Mirza était morte à la naissance - il savait que ce mensonge condamnable le conduirait droit aux Enfers, selon les croyances orthodoxes. Il avait, de fait et depuis longtemps maintenant, fui le pope et les églises !...
Mirza était, dès sa naissance, une âme consacrée à Hadès. Elle n'avait jamais vu la lumière du jour, vivant dans une pénombre continue, cloîtrée dans une pièce exiguë.
Sa vie se résumait à parler une langue étrangère, entrant régulièrement en transe, s'adressant à des forces surnaturelles.
"Possédée". C'est ce que se disait son père. Humble travailleur des champs, le pauvre homme avait déjà perdu sa femme en couches. Malgré l'état de délabrement de Mirza, il ne pouvait se résoudre à l'abandonner dans un couvent ou la livrer à une quelconque autorité.
Le père avait très peu de contact avec sa fille, cette dernier se mettant à hurler comme une bête sitôt qu'il lui manifestait un peu d'affection.
Mirza avait déjà reçu, à plusieurs reprises, la visite secrète de Rune du Balrog, ce dernier ne s'étant pas trompé sur la qualité de cette jeune âme, destinée à son Seigneur et Maître.
En présence du Procureur des Enfers, Mirza s'apaisait, échangeant avec lui dans une langue universelle commune, régulièrement pratiquée par l'élite d'Hadès.
Ce soir, alors que son père rentrait d'une dure journée de labeur dans les champs, il trouva sa fille debout - elle se déplaçait à quatre pattes habituellement - et lui annonça, dans leur langue maternelle à tous les deux, que l'armée des ténèbres était en marche.
Le père en fut profondément secoué ; jamais sa fille n'avait parlé une langue qui leur soit commune !...
La visite décisive de Rune y était pour beaucoup. En effet, ce dernier ne faisait aucun mystère des intentions de Hadès.
"Tu as bien travaillé, Rune." admit Minos, notant que son Procureur suspendait le pardessus clair qu'il utilisait habituellement lorsqu'il se déplaçait sur Terre.
Dans le fond, Minos n'avait jamais eu à se plaindre de Rune.
"C'est un mou du genou. Et du reste, en prime !..." s'était moqué, en son temps, Aiacos.
Ce n'était pas totalement vrai. Rune était plutôt un administratif - même s'il ne rechignait guère à monter sur Terre afin d'entrer en contact avec certaines âmes choisies. Il fallait toujours qu'Aiacos exagère les faits !... Mais ceci fit sourire Minos plutôt que de le fâcher.
"Merci, Seigneur Minos."
La voix tranchée de Rune - qui demeurait quelques octaves plus graves que celle de Minos, plus mélodieuse et moins solennelle - tira Griffon de ses pensées.
"Notre armée ne devrait guère tarder à se mettre en marche sur le village. Le Seigneur Hadès ne manquera pas d'y faire briller sa gloire et cette dernière rejaillira sur ses sujets."
"Fort bien, Rune."
Brave Rune. Minos avait presque envie de lui flatter le haut de la tête comme on l'aurait fait avec un être particulièrement fidèle.
"Nous nous y pencherons sans tarder, mes frères et moi."
Il était du ressort des Juges, également généraux en titre des armées du Souverain des Enfers, de faire briller la gloire de leur Seigneur.
Aussi, des montées régulières étaient pratiquées, au nez et à la barbe de la déesse Athéna, pour mettre à feu et à sang des villages entiers, les rayant de la carte par la même occasion.
Chaque prédominance infernale rappelait au camp adverse que les troupes souterraines disposaient de tout le loisir de piétiner les plates-bandes du Sanctuaire !...
"C'est aujourd'hui." annonça Mirza d'une voix presque claire.
Son père secoua la tête, plaçant son bol dans le baquet sur l'évier usé en pierre.
"Tu seras le premier à goûter à leur force."
Pauvre fille, songea le père, éperdu de douleur. Il attrapa sa faux et quitta la demeure.
"Adieu, papa. De nous deux, c'était toi le plus aveugle." émit Mirza, une fois la porte refermée derrière son père, expression totalement habitée sur le visage.
Hadès prenait rarement la tête de son armée lors de telles expéditions. Néanmoins, l'énergie noire et menaçante du Souverain accompagnait ses troupes où qu'elles allaient.
Lorsque l'armée d'Hadès sévissait sur un village, les survivants étaient rares. Tous les habitants étaient massacrés avec la dernière des barbaries, faisant pleuvoir le sang.
Au milieu du tumulte, Mirza avançait, bras tendus devant elle, se gorgeant des cris des villageois que les Spectres détruisaient avec un plaisir sans égal. Il lui était indifférent d'entendre les appels au secours ; ces gens-là, elle ne les connaissait pas. Elle se sentait plus proche de l'armée qui perpétrait ces infamies que des victimes !...
"Tiens, tiens, tiens." fit Aiacos à Minos. "Regarde qui arrive... la petite protégée de Rune."
Une salve d'énergie létale ou un Garuda Flap auraient tôt fait d'arracher la vie de l'aveugle.
"Doit-on vraiment se charger d'une telle souillon ?" prononcé avec le dernier des mépris.
"Tu es ignoble, Cos." rit Minos.
"Tu connais ma politique au sujet des encombrants, n'est-ce pas ?"
"Dois-je te rappeler que notre Seigneur a expressément évoqué de lui accorder la vie ?"
Aiacos croisa les bras, ronchonnant. "Bon. Tu t'en charges ? Je déteste lorsque ça traîne."
Minos s'avança jusqu'à Mirza, laissant les paumes de cette dernière tâter son surplis.
Le visage de l'aveugle prit un air joyeux. "Je savais que vous viendrez."
Minos attrapa sa main crasseuse et en baisa le dos, délicat. "Minos du Griffon, de l'Étoile céleste de la Noblesse."
"Un des... généraux..."
"En effet." prenant dans ses fils un malheureux qui venait de ramper jusqu'à eux, le projetant dans les airs avec la dernière des violences.
"Le Marionnettiste." s'extasia Mirza.
Elle les connaissait tous, du fait de ses entretiens réguliers avec Rune et de ses dons.
L'énergie sombre d'Hadès tomba alors sur elle, lui arrachant l'âme et l'élevant jusqu'aux cieux, en faisant l'un de ses Spectres, à la vue de tous. Généraux comme soldats, tous ployèrent le genou devant la grandeur du Souverain.
Aiacos immergea son corps hâlé avec délice dans le bassin chaud. La boue... il lui semblait en être recouvert depuis leur dernière expédition. Et la boue rappelait à Garuda de bien désagréables souvenirs...
C'était durant l'absence de son père qui s'était rendu auprès d'un de ses frères, que la maladie menaçait d'emporter, laissant Suikyô aux bons soins de Soneeya.
La mousson s'annonçait et des pluies diluviennes tombaient du ciel, procurant ses bienfaits aux rizières en terrasses.
Suikyô détestait cette période, qu'il savait pourtant utile, car il était forcé de demeurer cloîtré à la maison, affaissé sur le rebord d'une fenêtre, observant le jeu des gouttes épaisses dans les flaques.
Il y avait, dans le village, une bande de mauvais garçons, toujours prêts à jouer des tours aux villageois. Le meneur, un certain Shrikanta Rajkarnikar, orphelin élevé à la dure, n'avait jamais pu encadrer Suikyô. On avait déjà dû les séparer lors de bagarres particulièrement violentes, Suikyô n'étant pas du tout impressionné par la carrure de son adversaire, de même que de leurs cinq années d'écart !...
Suilyô savait où frapper pour faire ployer la grosse brute et il ne s'en privait guère.
La fois dernière, Suikyô avait tiré si fort un pan de cheveux de Shrikanta qu'une partie de son cuir chevelu fut emporté, laissant une place nue à l'endroit malmené du crâne. L'adolescent portait, depuis, cette marque comme une infamie, bien incapable de la camoufler vu qu'il possédait le cheveu fin.
Suikyô perçut les gémissement de son chiot, recueilli quelques jours plus tôt, grattant à la porte.
Passant par là, Shrikanta attrapa la bête pour la projeter dans la première flaque de boue venue, provoquant la colère de Suikyô. Ce dernier se rua sur Shrikanta, les deux finissant dans la même flaque, le moins costaud sur le lourdaud, l'arrosant de coups en hurlant une volée d'insultes népalaises !...
Suikyô avait toujours bénéficié d'une force physique en disproportion avec son corps ; remarquablement taillé pour son âge, certes. Son père avait été, jadis, enseigné au Shaolin Kung Fu par un oncle aujourd'hui disparu et il avait lui-même instruit son fils à cet art.
Dans la colère cependant, Suikyô en oubliait les règles de base élémentaires, se contentant de frapper à l'aveugle en hurlant de rage.
C'est Kumar, le chasseur, qui vint séparer les deux combattants.
Shrikanta demeurait roulé dans sa flaque, chouinant en se tenant l'œil qui venait d'enfler sous les poings de Suikyô. Ce dernier n'était que partiellement blessé mais couvert de boue et de honte.
"Suikyô, tu vas entendre parler de ton père à son retour !" le menaça le chasseur. "En tant que futur chef de village, ton comportement est inapproprié !"
La punition fut rude pour Suikyô : tenu séquestré dans sa chambre, nourri de peu, il dut faire pénitence et méditer sur ses actes durant près d'une semaine.
Aiacos secoua son corps pour chasser ces pensées tenaces, passablement agacé qu'elles se permettent ainsi de refaire surface !...
Un Minos distrayant serait le bienvenu !...
Hélas, Aiacos avait beau fixer les portes des termes, nul Griffon semblait poindre à l'horizon !...
Alors quoi ? Fallait-il qu'il se divertisse lui-même, par Hadès ?!
"MINOS !" tonna sa forte voix, empreinte d'une frustration terrible.
Rien. Juste le clapotis de l'eau.
Aiacos fulminait. "PAR HADÈS, OU TE CACHES-TU ENCORE ?!"
En réalité, Minos se trouvait dans la vaste bibliothèque de Tolomea et étudiait des textes anciens. Confortablement calé dans son fauteuil, le Juge possédait un appétit d'ogre pour ce qui flattait son érudition.
Jusqu'à ce qu'un Garuda, trempé jusqu'aux os et nu comme un oisillon, débarque dans ladite bibliothèque et le réclame à cor et à cris !...
"Des heures que je t'attends !" agité.
"Tu exagères, comme à l'ordinaire, Cos." posé.
Garuda eut envie de lui arracher sa maudite lecture des mains pour le traîner de force jusqu'au bassin.
A dire vrai, faire sortir le bel Aiacos de ses gonds était une spécialité dont Minos était friand !...
Et il fallait dire que le spectacle était de toute beauté.
"Ne joue pas avec mes nerfs, Nos !..."
"Je ne suis pas d'humeur, Garuda. Tu peux bien comprendre cela, non ?..." sans lever ses yeux sur l'individu dont la frustration grandissait proportionnellement à sa fureur.
"La bonne blague." posant ses poings sur ses hanches. "Ce serait bien la première fois !"
"J'ai besoin de nourrir mon cerveau, Garuda."
"Tu me défies, ma parole !... Fort bien." se glissant jusqu'à Minos pour s'y poser à genoux, commençant à le défaire et caresser l'intérieur de ses cuisses fuselées, s'en pinçant les lèvres de délectation, arrachant Griffon à sa lecture effrénée.
Bien. Ferré. A présent, obtenir son entière adhésion.
Quelques effleurements de la bouche, souffle chaud se dispersant sur l'organe au repos.
Minos grogna vaguement, agacé qu'Aiacos dispose d'un tel pouvoir sur lui.
La langue à présent, attentionnée, lente à souhait.
Les sensations commençaient à poindre chez Griffon, comme en témoignait la prise en force de son joli sexe.
"Tu es... définitivement intenable, Garuda."
Le ton venait de changer du tout en tout, devenant comme du miel.
Et bientôt Griffon récalcitrant roulera sur le dos, laissant à Aiacos tout le loisir de posséder son joli corps.
