Bonjour,

Voici le chapitre 27 de cette histoire avec un peu de retard. Merci à Marie de l'avoir relu et corrigé.

Je n'ai pas posté la semaine dernière et je m'en excuse. Je suis partie rendre visite à de la famille dans le Nord que je n'avais pas vu depuis ... sans doute le début de cette saleté de virus. Et du coup, j'ai coupé avec tout le reste.

Bref, pardonnez mon silence.

Dans ce chapitre, Dean prend la mauvaise décision (comme souvent) et Castiel se tourne vers Gabriel parce qu'il sent que quelque chose cloche.

Merci de continuer à me lire et à m'écrire.

Bonne lecture et à la semaine prochaine

Sydney8201

Musique du chapitre :

Run rabbit run de The Hoosiers

Chapitre 27 : Mensonges

« Une demi-vérité est un mensonge complet. »

Anonyme

Dean était frustré et déçu. Il avait cru voir enfin la lumière au bout du tunnel. Il avait cru être sur le point de stopper le monstre qui le hantait depuis plusieurs semaines. Il avait cru être finalement arrivé au bout de ce chemin et être libéré de ce poids qui pesait sur ses épaules. Il avait cru et avait été déçu. Parce que rien n'était simple. Et parce que même quand il pensait avoir un coup d'avance, il se trompait. Parce que le tueur était plus intelligent que lui. Plus rapide. Peut-être trop. Sans doute même.

Dean n'avait jamais rencontré de telles difficultés avec son « don ». Jusque-là, à chacune de ses visions, il avait su trouver un indice capital. Et à chaque fois il avait réussi à aider ceux qu'il voyait ou leurs proches. Bien sûr, il n'avait jamais dû faire face à un tueur en série. Un homme déterminé à faire le mal. Investi d'une mission qu'il jugeait divine et qui lui donnait une force que Dean ne possédait clairement pas. Jamais il n'avait dû faire face à un adversaire de cette taille. Un adversaire qui avait le même don que lui et qui pourrait, du jour au lendemain, en savoir suffisamment sur lui pour le pourchasser à son tour.

Au-delà de la frustration et de l'immense déception qu'il ressentait, au-delà de la fatigue qu'il ne parvenait pas à calmer, Dean était terrifié. C'était sans doute le sentiment qui prédominait maintenant. Il avait peur. Pas uniquement pour lui-même s'il se savait la cible du tueur. Il avait avant tout peur pour ses proches. Peur que ce monstre finisse par savoir qui il était et qu'il parvienne à trouver tous ceux qu'il aimait. Peur qu'il leur fasse du mal. Dean pouvait accepter qu'on s'en prenne à lui. Mais pas à sa famille. Pas à ses amis. Et certainement pas à l'homme qu'il aimait. Car il n'était pas dupe. Il savait que le tueur prendrait Castiel pour cible dès qu'il aurait connaissance du lien qui l'unissait à Dean. Il serait même très certainement sa première victime. Et tout serait alors de la faute du jeune homme.

Il aurait dû savoir comment se protéger. Comment continuer à utiliser son don sans pour autant ouvrir la porte de son esprit à son adversaire. Mais il n'était pas dans un livre ou dans une série. Il n'était pas Harry Potter apprenant à se protéger de Voldemort aux côtés de Rogue. Il était un homme ordinaire à qui on avait jugé bon de confier un don sans lui donner le mode d'emploi. Il n'était pas à la hauteur. Il le savait à présent.

Il avait toutefois préféré ne pas le dire à Castiel. Son petit ami était déjà suffisamment bouleversé par leur dernier échec. Lui aussi se reprochait de ne pas avoir été suffisamment rapide. Suffisamment intelligent. Lui aussi pensait être responsable de leur incapacité chronique à faire de vrais progrès. Il avait sa hiérarchie sur le dos et la presse qui commençait sérieusement à se moquer de son travail. Il était épuisé et terrifié. Sans doute pour Dean. Ce que le jeune homme se reprochait bien sûr.

Dean devait trouver la solution seul et attendre d'être cette fois sûr de lui pour en parler à Castiel. Il ne pouvait pas continuer à lui donner des pistes qui ne menaient nulle part. Il ne pouvait pas lui faire perdre plus de temps. Il n'aimait pas l'idée de lui mentir bien sûr. Il aurait préféré pouvoir se montrer parfaitement honnête avec lui. Il estimait toutefois le faire pour son bien. Ou du moins c'était ce qu'il aimait à se dire pour alléger un peu sa conscience.

Il avait envie de croire que Castiel pourrait comprendre. Qu'il ne lui en voudrait pas de lui avoir caché cette information. Il espérait que cela ne viendrait pas tout gâcher entre eux ensuite.

Une fois cette décision prise, il devait réfléchir au meilleur moyen de parvenir à ses fins. Il ne pouvait pas prendre de risques inconsidérés. Il n'avait pas les ressources pour mener sa propre enquête en parallèle. Mais il avait toujours son don. Il ne savait pas comment le gérer ou l'utiliser pleinement mais il restait son seul avantage. Il devait trouver un moyen de se protéger du tueur tout en continuant à entrer dans sa tête en quête d'indices.

La première nuit qui suivit leur échec, il resta chez Castiel. Il refusait d'être seul et il pouvait sentir que son petit ami en avait tout autant besoin que lui. Ils ne firent pas l'amour même si Dean était convaincu que c'était un bon moyen d'oublier un temps tous leurs problèmes. Il aurait été partant si Castiel avait évoqué l'idée ou pris la moindre initiative. Son petit ami ne semblait toutefois pas en avoir envie. Dean accepta son choix et se contenta donc de passer la soirée et la nuit dans ses bras sans chercher à obtenir plus. Il dormit sans faire le moindre rêve et malgré les heures de sommeil accumulé, il se réveilla fatigué et avec une drôle de sensation au creux de l'estomac.

Il n'aurait pas su l'expliquer ou même la décrire. C'était comme si son corps pouvait sentir que quelque chose de mauvais se préparait mais que son cerveau n'avait pas encore reçu le message. C'était une sorte de mauvais pressentiment. Il était presque sûr que cela avait un rapport avec le tueur mais il n'avait pas plus de détails.

Il tenta de l'ignorer durant toute la journée sans réellement y parvenir. Il fut incapable de se montrer efficace au travail et fut soulagé que Garth ne le lui fasse pas remarquer. Il passa la soirée avec Sam qu'il avait négligé depuis que Castiel et lui étaient en couple. Son frère ne lui en voulait clairement pas. Il était même très heureux pour lui. Mais Dean avait besoin et envie de passer du temps seul à seul avec lui. Sam avait été le centre de son univers jusque-là et resterait la personne la plus importante à ses yeux jusqu'à la fin de ses jours. Il méritait que Dean soit là avec lui de temps en temps.

Ils ne parlèrent pas de son don ou de l'enquête en cours. Dean n'en avait pas beaucoup dit à son frère à ce sujet. Il préférait ne pas lui confier que le tueur était proche de connaître son identité. Il savait parfaitement comment Sam réagirait. Il ne voulait pas l'inquiéter. Il préférait nettement le voir se concentrer sur ses études. Il devait pouvoir continuer sa vie le plus normalement possible sans avoir à gérer les problèmes de son frère. C'était peut-être une forme de mensonge en fin de compte. Mais une nouvelle fois, Dean le justifiait en se disant qu'il le faisait avant tout pour protéger Sam.

Ils discutèrent de ses études. Du travail de Dean. Ils parlèrent aussi de Jessica, la petite amie de Sam et bien sûr de Castiel. Dean répondit aux questions de son frère sans rien lui cacher. Il était fou amoureux de Castiel et il ne pouvait pas en parler à tout le monde pour préserver l'enquête. Il était donc content de pouvoir en discuter avec quelqu'un.

Une fois le dîner terminé, ils mirent Piège de Cristal à la télé et passèrent la soirée à commenter les aventures de John McClain comme au bon vieux temps. Dean avait gardé son téléphone avec lui si Castiel cherchait à le joindre. Mais il savait que son petit ami n'en ferait rien. Il savait qu'il passait la soirée avec son frère et il le respectait.

Une fois le film terminé, Dean sentit son angoisse revenir. Il avait réussi à ne plus penser à son mauvais pressentiment de toute la soirée. Sam avait le pouvoir de tout lui faire oublier sans même chercher. Mais le sentiment revint avec force quand Dean fut à nouveau seul dans sa chambre. Quand il dormait avec Castiel, il se sentait en sécurité. Il ne se sentait plus seul. Il avait son petit ami pour veiller sur lui. Mais seul, il n'avait pas la même force. Il n'avait personne pour le réveiller si un cauchemar l'assaillait. Personne pour veiller sur lui.

Il ne pouvait toutefois pas rester éveillé toute la nuit. Cela ne lui apporterait rien de bon. Et ce serait comme fuir ses problèmes. Ce que le jeune homme avait toujours refusé. Il allait leur faire face. On lui avait donné ce « don » et il devait se montrer à la hauteur.

Il se coucha donc et ferma les yeux. Il ne parvint pas à s'endormir immédiatement. Il était bien trop angoissé pour ça. Le sommeil finit toutefois par s'emparer de lui. Il sut presque aussitôt qu'il rêvait quand il ouvrit les yeux. Il était dans une pièce humide et sombre. Il n'était pas seul. Le tueur se tenait dans un coin de la pièce, masqué par l'obscurité. Mais Dean pouvait le sentir.

- J'ai bien cru que tu finirais par me trouver avant que je ne te trouve, lança le tueur depuis sa « cachette ».

Dean sentit un frisson le parcourir. Il baissa les yeux sur ses jambes puis regarda à nouveau autour de lui. Il était attaché. Il ne pouvait pas bouger. Mais il ne semblait pas blessé. Il aurait pu en être soulagé s'il n'avait pas à cet instant précis réalisé quelque chose de terrifiant. Il pouvait contrôler son corps. Il pouvait bouger la tête comme il le souhaitait. Ce qu'il n'était pas capable de faire quand il était dans la tête d'un autre. Ça ne pouvait signifier qu'une seule chose. C'était bien lui qui était enfermé dans cette pièce. Cette fois, c'était lui la victime.

- Est-ce que tu n'es pas content d'être enfin face à face avec moi… Dean, ajouta le tueur après quelques minutes.

Cette fois, il n'y avait plus de doutes possibles. Dean sentit la panique le gagner. Il ne pouvait pas s'échapper. Et le tueur connaissait son nom. Il savait qui il était. Il avait heureusement la sensation que ce cauchemar était une sorte de prémonition. Un avertissement sur un évènement à venir. Il était le seul à la voir. Le tueur n'était, quant à lui, pas réellement là. Mais cela signifiait toutefois que le temps lui était compté.

- Je croyais que tu attendais cette rencontre avec impatience. Mais peut être que je me trompe. Peut-être étais-je le seul à souhaiter qu'on soit enfin face à face… ou peut-être que tu m'en veux toujours d'avoir fait du mal à ton précieux petit ami.

Dean savait qu'il aurait dû se concentrer sur ce qui l'entourait. Sur ce que le tueur disait pour tenter de mémoriser tous les indices. Mais il n'y parvenait pas. Pas après que ce monstre ait évoqué Castiel. Il voulait se réveiller. Il voulait que ce cauchemar se termine enfin.

- Tu veux savoir ce que je lui ai fait Dean ? Est-ce que tu veux que je t'explique combien il a hurlé pendant que je lui faisais du mal ?

- Si tu le touches, je te jure que je te tuerai espèce d'enfoiré, cria Dean.

- Tu n'y es pas arrivé jusque-là et maintenant, tu es à ma merci… comment peux-tu encore croire que tu as la moindre chance ?

Dean ferma les yeux et pria pour se réveiller. Il se concentra de toutes ses forces. Et peut-être quelqu'un l'écoutait-il quelque part. Car quand il rouvrit les yeux, il était dans sa chambre. Il était couvert de sueur et son cœur battait trop fort et trop vite. Mais il était chez lui, en sécurité dans son lit.

Il prit quelques secondes pour retrouver un semblant de calme avant d'attraper son téléphone sur la table de nuit. Il avait envie d'appeler Castiel pour s'assurer qu'il allait bien. Mais il savait que son petit ami s'inquièterait aussitôt. Et qu'il lui poserait des questions auxquelles le jeune homme refusait de répondre pour le moment. S'il lui parlait de cette prémonition alors Castiel insisterait pour le mettre sous protection. Et Dean ne pourrait plus l'aider. Ni le protéger. Il ne pouvait pas lui en parler. Il ne pouvait pas non plus en parler à Sam. Il n'avait plus qu'une option.

Il ouvrit un message et l'adressa à Charlie. Il n'en dit pas beaucoup. Juste qu'il avait besoin de lui parler. Il savait que cela suffirait pour qu'elle vienne aussitôt. Cela fonctionnait comme ça entre eux. Ils étaient toujours là l'un pour l'autre. Quelle que soit l'heure.

Il ne fut donc pas surpris quand la jeune femme lui répondit qu'elle serait là dans quelques minutes avec de la bière. Dean sortit de son lit le plus silencieusement possible avant de se changer.

Il accueillit Charlie avec soulagement. Il se sentait moins seul maintenant qu'elle était là. Moins vulnérable. Il lui demanda de ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller son frère puis l'invita à s'installer dans la cuisine.

Ils prirent une bière chacun. Dean ne buvait que rarement. Il avait vu son père être détruit par l'alcool. Il ne voulait surtout pas finir comme ça. Il se savait capable de sombrer surtout avec tout ce qu'il subissait en ce moment. Et il n'imposerait jamais à ses proches d'assister, impuissants, à sa déchéance. Il s'en tiendrait donc à cette unique bière. Juste pour se calmer un peu.

Il expliqua ensuite tout à Charlie. Il n'omit aucun détail. Il lui parla de son cauchemar, de son mauvais pressentiment et du tueur qui n'était sans doute plus très loin de savoir qui il était. Il lui confia son choix de ne pas en parler à Castiel. Il lui expliqua pourquoi avant de s'excuser d'avoir à le lui dire à elle.

Ce fut ce moment que son amie choisit pour l'interrompre.

- Ne t'excuse surtout jamais de te confier à moi. Tu es mon meilleur ami Dean et je serais toujours là pour t'écouter. Tu sais que tu peux tout me dire.

Dean le savait bien sûr. Mais cette fois, il n'était pas question de lui confier une mauvaise expérience sexuelle, des doutes concernant son travail ou un problème quelconque avec sa famille. Cette fois, il était question d'un tueur en série qui semblait déterminé à l'attraper. D'un mensonge qu'il disait à l'homme qu'il aimait. Il lui demandait également de ne rien dire à Sam. Ce qui revenait à lui demander de mentir à son tour. Il n'était pas sûr que cela soit juste envers elle. Mais il n'avait personne d'autre à qui se confier.

- Maintenant et même si tu sais que je serai toujours de ton côté… je dois t'avouer que je pense qu'il serait préférable d'en parler à Castiel. Je te connais et je sais pourquoi tu ne le fais pas mais… il est de la police et il pourrait t'aider. Il saurait quoi faire.

- Charlie, je ne peux pas… protesta aussitôt Dean.

- Je sais et je n'insisterai pas. Je voulais juste que tu l'entendes. Histoire que tout soit parfaitement clair entre nous et que tu ne me fasses pas le moindre reproche quand sera venu le moment de te dire « je te l'avais bien dit ».

Dean but une gorgée de sa bière. Charlie avait probablement raison sur le fond. Mais il ne le ferait pas malgré tout. Il avait besoin de protéger Castiel autant que possible.

- Tu penses qu'il s'agit d'une prémonition et je te fais confiance. Si tu le dis alors c'est que c'est vrai. Mais… ça ne veut pas dire qu'elle se réalisera forcément. Ça veut juste dire que tu dois agir avant que ce monstre ne puisse passer à l'action. C'est un avertissement et on va le prendre très au sérieux. Je ne le laisserai pas te faire du mal. Je le tuerai avant qu'il n'essaie.

Dean avait envie de lui rappeler qu'elle ne ferait sans doute pas le poids face à ce monstre. Qu'il avait su tromper la police. Mais il savait que Charlie ne renoncerait pas. Une fois qu'elle avait une idée en tête, elle était capable de tout. Et c'était plus vrai encore quand on menaçait quelqu'un qu'elle aimait.

- Je ne suis pas sûre de pouvoir vraiment aider mais… j'ai quelques talents comme tu sais et peut être qu'en fouillant de mon côté, je pourrais trouver quelque chose sur ce type. S'il utilise Internet d'une quelconque manière… même si c'est juste pour acheter des vêtements, je le trouverai. Je peux te jurer que je le débusquerai.

- Je te fais confiance Charlie mais… qu'est-ce que je fais-moi en attendant ? Si je continue à rêver de lui, il finira par me trouver. Et il sera trop tard. Ce n'est plus juste un risque qui pèse hypothétiquement sur moi… c'est une certitude. Le temps nous est compté.

- Et bien puisque tu refuses d'en parler à Castiel et d'être placé sous protection alors… je ne vois qu'une seule solution. Tu ne dois plus rêver de lui.

- Ce n'est pas quelque chose que je contrôle Charlie.

La jeune femme hocha la tête en buvant une gorgée de sa bière. Dean ne voyait aucune solution miracle. Il pouvait tenter de ne plus dormir mais il ne tiendrait pas éternellement. Et Charlie avait besoin de temps. Elle avait besoin de plusieurs jours pour éventuellement trouver ce monstre. Dean devait absolument avoir une solution jusque-là.

- Il existe un moyen mais je… je ne suis pas vraiment pour et… je pense que tu ne le seras pas non plus mais… tu te souviens de cette psy que tu voyais au début ?

Dean s'en souvenait parfaitement. Elle l'avait aidé à passer outre le traumatisme de son agression et de son accident. Elle avait en revanche été incapable de l'aider pour son « don ». Elle ne le croyait pas. Son unique solution avait été de lui prescrire des somnifères puissants. Dean en avait toujours. Il en avait pris parfois quand il avait vraiment besoin de dormir. Mais il n'aimait pas la sensation que cela lui procurait.

- Ce serait comme fuir le problème non ? C'est… ce n'est pas un peu lâche ? Je pourrais… passer à côté d'une vision susceptible de nous aider.

- Oui peut-être mais c'est un risque à prendre. Et franchement, je pense qu'il est préférable de mettre ton « don » en pause pour le moment. On ne sait pas quand ce salopard parviendra à t'identifier et chaque nouveau rêve est une chance de plus pour lui alors…

Dean hocha la tête. Charlie avait sans doute raison. Il était peut-être temps pour le jeune homme de reconsidérer l'utilisation de ces médicaments. Il ne les aimait pas. Mais il était question de sa sécurité à présent. De sa vie et de celle de tous ceux qu'il aimait. C'était un petit sacrifice à faire en fin de compte.

- Je vais y réfléchir, accepta-t-il finalement même si sa décision était déjà en grande partie prise.

Il allait le faire. Il connaissait le risque. Ces médicaments créaient une dépendance qu'il devrait ensuite apprendre à gérer. Ils le fatiguaient et malgré le sommeil, les nuits n'étaient pas réparatrices. Ils étaient toutefois sa seule chance d'échapper au tueur. Et c'était la seule chose qui comptait pour le moment. Il devait penser à la sécurité de ses proches avant de penser à lui. Cette prémonition était un avertissement comme Charlie le lui avait dit.

- Je vais faire mon maximum pour mettre la main sur lui aussi rapidement que possible. Je ferai en sorte que tu n'aies pas à les prendre très longtemps mais… je ne vois pas d'autre issue.

Il n'y en avait aucune et Dean le savait. La solution n'était peut-être pas parfaite mais il ferait en sorte que cela fonctionne. Il gèrerait les conséquences une fois le tueur derrière les barreaux. Il savait que les reproches fuseraient. Sam serait probablement furieux. Castiel aussi. Mais Dean saurait quoi leur répondre. Il saurait comme leur expliquer son geste. Et puis après tout, ces médicaments lui avaient été prescrit par un médecin. Il ne les avait pas achetés à un dealer dans la rue. Ils ne pouvaient pas lui faire de mal de façon permanente. Il ne prenait pas un risque énorme pour sa santé.

- Merci Charlie, souffla-t-il alors car une fois de plus, la jeune femme lui avait retiré une belle épine du pied.

- Ne me remercie par tout de suite Dean. Tu le feras quand on aura arrêté le tueur. Pour le moment, c'est encore trop tôt pour crier victoire.

Dean hocha la tête. Charlie avait une énième fois raison. Ils avaient encore beaucoup à faire. Mais maintenant qu'il savait comment procéder – que la solution soit idéale ou non – il ne sentait plus aussi vulnérable. Plus aussi inutile et perdu. Il avait toujours peur bien sûr. Mais il reprenait le contrôle de la situation. C'était un bon début.


Castiel pouvait sentir que quelque chose clochait chez Dean. Il l'avait senti presque immédiatement. Il n'aurait pas su dire si cela était dû au fait qu'ils s'aimaient et commençaient à bien se connaître ou si c'était en raison de cette étrange et merveilleuse connexion qui existait entre eux depuis le premier jour. Il se fichait de toute façon d'en connaître les raisons.

Le plus important était ailleurs. Dean n'était pas dans son état normal. Quelque chose semblait peser sur lui. Il faisait en sorte que cela ne se voit pas. Mais Castiel n'était pas dupe. Il le sentait. Il ne pouvait peut-être pas lire dans son esprit ou deviner ce qu'il pensait. Il était toutefois parfaitement capable de ressentir son malaise. De sentir qu'il n'était pas lui-même.

Il avait envie de lui en parler. Mais il n'était pas sûr de savoir comment aborder le sujet. Si Dean avait choisi de ne pas lui en parler, il avait probablement ses raisons. Castiel était bien sûr un peu vexé. Il aurait aimé que son petit ami ne lui cache rien. Qu'il se sente suffisamment en confiance pour tout lui dire. Il n'avait toutefois pas envie d'être en colère contre lui. Il voulait essayer de le comprendre. D'accepter sa décision. De respecter son choix. De lui laisser le temps de se confier à lui. Ils n'étaient pas ensemble depuis très longtemps. Et si le lien entre eux était fort, si tout avait été rapide et s'ils s'étaient déjà dit qu'ils s'aimaient, tout était encore très récent. Castiel n'avait pas le droit d'exiger de Dean qu'il se comporte comme s'ils étaient ensemble depuis des années. Il espérait bien sûr que tout ceci finirait par évoluer. Et qu'ils en arriveraient un jour à se faire suffisamment confiance pour tout se dire. Mais ce n'était visiblement pas encore le cas.

Il choisit donc de ne rien dire et d'attendre. Il se contenta d'être présent pour son petit ami. De tenter de lui faire comprendre qu'il était là pour lui. Qu'il saurait le soutenir et l'épauler quelle que soit la situation. Il fit en sorte de lui donner ce dont il avait besoin. Même ce qu'il n'avait pas jugé bon de demander. Mais Dean ne dit rien. Et Castiel n'avait d'autre choix que de l'accepter.

Il avait de toute façon, déjà beaucoup de choses à gérer de son côté. L'échec de la descente à l'adresse présumée du tueur avait considérablement énervé ses supérieurs. Castiel n'estimait pas en être responsable. Pas plus qu'il ne jugeait que tout était de la faute de Dean. Mais sa hiérarchie cherchait des coupables. Ils avaient besoin d'un bouc émissaire pour que rien ne vienne les éclabousser eux. Ils cherchaient à se protéger. Et Castiel pouvait sentir qu'il était leur cible. Si la pression s'accentuait sur eux, il serait le premier fusible à sauter. On lui retirerait l'affaire et il ne pourrait rien faire pour l'empêcher. Il ne voyait aucune issue à son problème.

Il avait besoin de faire progresser l'enquête. De toute évidence, le fait d'avoir enfin un visage et un nom – sans doute faux mais un nom quand même – n'avait pas suffi à calmer ses supérieurs. Ils ne comptaient pas les victoires. Il ne faisait que lister les échecs. Et Castiel en avait accumulé un certain nombre malgré lui. Il était toutefois soulagé que ses supérieurs l'aient choisi pour cible. Il avait eu peur qu'ils ne choisissent d'accabler Dean. Ça aurait été la solution de facilité. Et le jeune policier préférait nettement être sur la sellette plutôt que d'infliger quoi que ce soit de ce genre à son petit ami.

Il était toutefois terrifié à l'idée qu'on puisse lui retirer l'enquête. Il n'avait jamais échoué ainsi. Jamais connu un adversaire qui sache se montrer plus intelligent et plus fort que lui. Il avait connu des affaires compliquées mais il s'en était toujours sorti. Jamais il n'avait senti cette impuissance face à un défi. C'était une grande première et s'il avait toujours su au fond de lui que cela finirait par arriver, ça n'en était pas plus facile à accepter pour autant.

Gabriel avait tenté de lui remonter le moral. Mais même lui n'y parvenait pas. Castiel avait la sensation que les mauvaises nouvelles et les soucis s'empilaient constamment. Qu'un nouveau problème s'ajoutait chaque jour à la montagne qu'il tentait de gérer au quotidien. Il était fatigué et ne parvenait plus à s'en détacher même quand il était chez lui. Il n'y avait qu'avec Dean que cela disparaissait un peu. Être avec son petit ami lui permettait d'oublier pendant l'espace d'une soirée et d'une nuit que rien n'allait comme il le souhaitait. Que seul son couple semblait vouloir fonctionner. Dean était sa bouée de sauvetage et son oxygène. S'il ne l'avait pas eu, Castiel était presque sûr que ses échecs à répétition auraient fini par le faire sombrer.

Il aurait voulu passer un maximum de temps seul avec lui. Il aurait tout donné pour que son petit ami soit à ses côtés à chaque fois qu'il quittait son travail. Mais il ne pouvait pas exiger de lui qu'il mette de côté sa propre vie ou qu'il ignore ses proches. Il ne pouvait pas lui demander de mettre sa vie entre parenthèses pour lui tenir compagnie. Il savait combien Dean tenait à ses proches. Combien il avait besoin d'eux également. Castiel n'était pas aussi lié à sa famille. Et il enviait presque le jeune homme d'avoir un tel lien avec eux.

Il ne fut donc pas en colère quand Dean lui annonça qu'il ne pourrait pas venir le voir un soir. Il avait besoin de passer un peu de temps avec son frère. Il avait pratiquement élevé Sam. Il avait été un parent et un frère pour lui. Il comptait énormément à ses yeux. Il était et resterait probablement la personne la plus importante pour lui. Castiel n'y voyait aucun inconvénient. Il n'était pas jaloux de la place que Sam occupait. Il ne chercherait jamais à le déloger de la vie de son petit ami. Il pouvait parfaitement comprendre qu'ils aient besoin de se retrouver un peu ensemble. Il ferait en sorte de toujours respecter ce lien. De ne jamais s'interposer entre les deux frères.

Il pouvait heureusement, de son côté, compter sur Gabriel pour lui tenir compagnie. Il refusait de rester seul toute la soirée et toute la nuit. Il savait parfaitement comment il occuperait le temps si c'était le cas. Il s'apitoierait sur son sort. Se morfondrait sur son canapé sans parvenir à trouver le sommeil. Et il n'obtiendrait rien de plus qu'une bonne migraine. Il avait besoin de se changer les idées. Besoin d'un ami. Et Gabriel était son meilleur ami.

Son coéquipier accepta aussitôt de passer la soirée avec lui. Il était même ravi de l'invitation. Il répétait souvent qu'ils ne passaient pas suffisamment de temps ensemble en dehors des heures de travail. Castiel devait reconnaître qu'il n'était pas un ami parfait. Gabriel semblait pourtant ne pas lui en vouloir.

Il arriva chez Castiel les bras chargés de bouteilles de bière et d'un carton qui portait le logo d'une pâtisserie. Gabriel semblait trouver un certain réconfort dans la nourriture. Et si Castiel n'avait jamais vraiment compris cela, il était tout de même prêt à essayer.

Il avait de son côté commandé des pizzas. Ils installèrent tout sur la table basse de son salon puis prirent place l'un à côté de l'autre. Castiel avait envie de parler avec Gabriel de son « problème » avec Dean. Mais il ne voulait pas lui donner l'impression de l'avoir fait venir uniquement pour se plaindre. Gabriel était plus que ça à ses yeux. Il méritait que le jeune policier s'intéresse un peu à lui aussi. Ce qu'il faisait trop peu souvent d'ailleurs.

- Comment va Kali ? demanda-t-il finalement.

Cette question ne semblait pas naturelle venant de lui. Il aimait beaucoup la femme de son ami. Elle était intelligente, drôle, franche et profondément gentille. Mais il ne prenait jamais vraiment le temps de demander de ses nouvelles. C'était sans doute une de ces choses qu'il aurait dû faire régulièrement. Il ne comprenait pas parfois comment Gabriel pouvait accepter de rester ami avec lui. Il était définitivement très peu doué pour les relations humaines.

- Elle va bien mais quelque chose me dit que tu ne m'as pas fait venir pour me parler d'elle, répondit Gabriel, visiblement amusé.

Castiel soupira. Il aurait dû savoir que son ami lirait clair dans son jeu. Il le connaissait par cœur.

- Peut-être pas mais ça ne m'empêche pas de te poser la question. J'ai parfois l'impression que notre amitié est à sens unique. Je demande et tu me donnes. Mais je ne comprends pas ce que tu en retires. Je ne suis pas un ami idéal. La plupart du temps je ne suis même plus sûr du prénom de tes enfants. C'est pourtant quelque chose que je devrais savoir non ?

Gabriel rit une seconde. Il n'était pas en colère. Il n'était pas vexé. Il était juste amusé par le comportement de son ami. Castiel ne le comprenait pas.

- Si je ne retirais rien de cette amitié, je ne me serais pas autant accroché depuis le début. Parce que franchement, j'ai dû t'apprivoiser et ça n'a pas été facile. Mais je suis toujours là. Peut-être que ce qu'il y a entre nous n'est pas ordinaire. Peut-être que pour beaucoup ce ne serait pas une amitié parfaite mais pour moi, c'est tout ce que je demande. Tu es un ami formidable Cassie… et tu devrais avoir un peu plus confiance en toi si tu veux mon avis.

- Tu es… pour être parfaitement honnête, je n'ai jamais vraiment eu d'amis jusque-là. Tout le monde me trouvait trop étrange pour chercher à me connaitre. Et je faisais avec. Je pensais ne pas en avoir besoin. Mais il est évident que je me trompais parce que franchement, aujourd'hui, je ne sais vraiment pas ce que je ferais sans toi.

Gabriel haussa les épaules en prenant deux parts de pizza qu'il superposa avant d'en fourrer plus de la moitié dans la bouche. Castiel le regarda faire, sensiblement écœuré avant de secouer la tête. Gabriel était bizarre lui aussi. Il était unique en son genre. Et c'était peut-être ce qui faisait que cela collait aussi bien entre eux. Ils étaient faits l'un pour l'autre.

- Oh moi je le sais… tu passerais ta vie au boulot. Tu ne vivrais que pour le travail et tu ne saurais rien de toutes les joies que la vie peut nous procurer quand on n'est pas uniquement obsédé par le travail. Oh et bien sûr, tu n'aurais jamais osé déclarer ta flamme à Dean.

- Sans doute… concéda Castiel.

Avant de connaître Gabriel et de devenir ami avec lui, il n'avait effectivement que le travail comme occupation. Il aimait ce qu'il faisait. Il était passionné. Et il avait cru que cela suffirait. Mais il savait qu'il avait eu tort maintenant. Il n'imaginait pas revenir en arrière. Effacer Gabriel et Dean de son existence. Chacun à leur manière, ils lui apportaient un équilibre nécessaire.

- Et puis tu sais, contrairement à ce que tu sembles penser, tu m'apportes beaucoup toi aussi. Tu me canalises. Tu m'aides à rester concentré quand je commence à décrocher. Tu m'apportes une certaine forme de stabilité dont j'avais bien besoin. Tu me fais rire. Tu me pousses à être meilleur. Tu me challenges et… tu me soutiens même si tu ne t'en rends pas compte. Parce que je sais que je peux compter sur toi et ça n'a pas de prix.

Castiel n'avait pas vraiment l'impression d'accomplir une seule de ces choses. Mais Gabriel était mieux placé que lui pour le savoir. Il accepta donc les compliments.

- Maintenant, tu vas me dire ce qui te tracasse. Je vais trouver la solution à ton problème et ensuite… peut-être qu'on pourra reparler du fait que tu ne connais pas le nom de mes enfants. Mais il y a plus urgent. Parle.

Castiel ne put s'empêcher de rire. Les pouvoirs de Gabriel avaient encore opéré. Il avait su trouver le moyen de le détendre. Et les mots justes pour le réconforter alors même qu'il ne lui avait toujours rien dit.

- Je sais que Dean me cache quelque chose… je le sens. Il n'est plus le même depuis quelques jours et je ne sais pas… il ne me dit rien.

- Est-ce que tu lui as au moins posé la question ?

- Non parce que quelque chose me dit qu'il refuserait de m'en parler. Il serait obligé de me mentir et je ne veux pas le mettre dans une telle situation. Je… je préfèrerais que cela vienne de lui. Sauf que je ne sais pas comment faire pour qu'il se sente suffisamment en confiance pour se confier à moi.

Gabriel prit quelques secondes pour avaler la quantité astronomique de pizza qu'il avait dans la bouche avant de répondre.

- Je sais qu'il te fait confiance et je sais qu'il se sent en confiance avec toi. Il t'aime. Tu l'aimes. Il n'y a pas de lien plus fort. Mais même si je ne le connais pas aussi bien que toi, j'en sais suffisamment pour deviner ce qu'il peut penser. Il doit se dire que tu confier son problème serait te faire peser un poids de plus sur les épaules. Et il estime probablement t'avoir déjà suffisamment causé de soucis. Dean a tendance à croire qu'il doit tout assumer seul. Qu'il n'a pas le droit de toujours se reposer sur les autres. Ce qui est stupide mais… je suppose que ça fait partie de son charme. Vous souffrez tous les deux d'un sérieux complexe du héros.

- Peut-être qu'il ne veut pas m'en parler pour ne pas m'inquiéter mais… ça pourrait être quelque chose de grave… quelque chose de sérieux que j'ai besoin de savoir. Il pourrait… être en danger. Je ne peux pas le protéger si je ne sais pas ce qui arrive. Et si je ne suis pas là… si je ne parviens pas à le protéger… s'il lui arrive quelque chose, je serais… détruit. Anéanti.

Gabriel s'essuya les mains sur une serviette avant de tourner le visage vers Castiel. Il avait l'air sérieux cette fois.

- Tu ne pourras pas toujours être là Cas. Je ne dis pas que tu ne dois pas te soucier de sa sécurité ou chercher à le protéger du salopard qu'on traque depuis des semaines mais… tu ne peux pas non plus toujours être le sauveur. Tu ne peux pas forcer les gens à te parler et encore moins Dean. C'est la personne la plus têtue qu'il m'ait été donné de rencontrer. Il te parlera quand il se sentira prêt.

- Mais qu'est-ce que je fais en attendant ? Je le laisse se débrouiller seul en croisant les doigts pour que cela se termine bien ?

- Non, tu gardes un œil sur lui. Tu passes autant de temps que possible avec lui. Tu fais en sorte qu'il comprenne que tu es là pour lui. Que sa sécurité est ta principale préoccupation. Mais tu respectes son choix parce que le pousser à agir différemment ne ferait que le braquer et le pousser à prendre ses distances.

Castiel le savait bien. C'était aussi pour cela qu'il n'avait rien dit ou fait jusque-là. Mais il était inquiet et terrifié. Il avait peur pour Dean. Il se sentait impuissant et inutile. Tout ce qu'il s'était toujours juré de ne pas être.

- Tu savais dans quoi tu mettais les pieds en choisissant Dean.

- Je n'ai pas la sensation de l'avoir choisi. C'était… quand je l'ai rencontré Gabe, c'était comme une évidence. Comme s'il m'était destiné depuis toujours. Je l'ai aimé avant de le connaître. Je sais que c'est complètement dingue et sans doute plus encore pour quelqu'un comme moi. Mais… c'est pourtant exactement comme ça que ça s'est passé. Je n'ai pas choisi de l'aimer. Ces sentiments se sont imposés à moi. Je ne les regrette pas. Je ne pensais pas pouvoir être aussi heureux avec quelqu'un un jour. Et je veux passer le restant de ma vie à ses côtés mais… Dean… il est mon âme sœur. Si je croyais en Dieu, je penserais que c'est lui qui l'a choisi et pas moi.

Gabriel sourit alors. Il semblait touché par ce qu'il entendait. Castiel ne faisait pourtant que donner des faits. Il n'avait pas eu le choix ou non de sortir avec Dean. Il en avait ressenti le besoin. Il avait compris très rapidement que sa vie n'aurait aucun sens si le jeune homme n'en faisait pas partie intégrante. Dès lors, il n'avait pas eu le choix.

- Tu devrais écrire des poèmes tu sais… ou te lancer dans l'écriture d'un scénario de téléfilm… parce que ce que je viens d'entendre ferait fondre le cœur de n'importe qui. Tu sais… je croyais que mon histoire avec Kali était belle parce que rien ne nous prédestinait à être ensemble et qu'on a choisi de s'aimer malgré tout ce qu'on pouvait entendre à droite et à gauche. Mais Dean et toi… c'est unique. C'est extraordinaire et franchement je me sens privilégié de pouvoir en être le témoin.

Castiel sentit ses joues rougir. Il savait qu'il avait de la chance. Il en était parfaitement conscient. Et il se sentait stupide de toujours trouver à redire ou des raisons de se plaindre. Il était peut-être temps pour lui d'accepter sa relation telle qu'elle était.

- Tu as raison… je n'ai pas le droit de me plaindre. Je suis sans doute trop perfectionniste. Ça a toujours été mon principal défaut. Je ne veux pas tout gâcher et à trop en demander, c'est pourtant ce que je risque de faire. Je vais essayer de lâcher prise et de profiter. D'être un peu plus comme toi en fin de compte.

- Le monde gagnerait certainement à ce qu'il y ait plus de gens comme moi. Mais ne cherche pas non plus à changer de trop. Dean t'aime comme tu es… avec tes rares qualités et tes trop nombreux défauts.

Castiel hocha la tête. Son côté perfectionniste faisait de lui un bon policier. Il lui avait permis de réussir ses études et de toujours être parmi les meilleurs. Mais c'était un frein dans ses relations avec les autres. Il allait tenter de lever un peu le pied. Sans changer. Gabriel avait encore raison sur ce point. Dean l'aimait comme il était. La réciproque était d'ailleurs vraie également.

- Il t'aime pour ce que tu es et pas malgré ce que tu es… ce qui est d'ailleurs aussi ton cas non ? Dean n'est peut-être pas du genre à toujours se confier aux autres mais ce n'est pas une surprise. Tu le savais depuis le premier jour. Et tu l'aimes comme ça. Parce qu'il est fort et courageux. Parce qu'il fait face à ses problèmes et qu'il ne baisse jamais les bras.

- Je l'aime pour tout ça et bien plus.

- Oui mais pour le reste je vais devoir te croire sur paroles. Je me doute bien que tu l'aimes aussi un peu parce qu'il est canon et sans doute un très bon coup au lit. Inutile de me donner les détails.

Castiel fixa son ami dans les yeux une seconde. Il hésitait à lui en donner quelques-uns. Juste pour l'embêter. Mais il n'aimait pas vraiment l'idée de confier ce genre de choses sur Dean. Cela ne regardait qu'eux.

- Maintenant qu'on a éclairci ce point, on peut peut-être en revenir à ce que tu me disais tout à l'heure. Donc tu vas te détendre et me laisser parler de mes enfants. Prends des notes s'il le faut… histoire de t'en souvenir la prochaine fois.

Castiel rit alors. Gabriel avait un sens de l'humour que peu semblait comprendre mais que lui trouvait hilarant. Il lui fit ensuite signe de continuer et son ami commença aussitôt à lui parler de sa famille. Le jeune policier l'écouta attentivement pour ne surtout pas oublier le moindre détail. Il ne prit pas de notes mais il mémorisa chaque information dans un coin de son esprit. Il voulait devenir un meilleur ami pour Gabriel. Il voulait faire un effort. Car malgré tout ce que son ami lui avait dit jusque-là, il savait qu'il avait manqué à ses devoirs. Qu'il n'avait pas fait suffisamment attention. Il avait vraiment envie de rectifier le tir. Il avait envie de rendre à Gabriel au moins un peu de tout ce qu'il lui avait donné jusque-là. Il avait de la chance de l'avoir. Et si son coéquipier ne s'était pas imposé dans sa vie depuis le premier jour, il serait passé à côté de beaucoup. Il était grand temps pour lui de lui rendre la pareille.