Bonjour tout le monde !
Et voilà, nouveau chapitre de prêt. Le contenu est un peu plus jojo que les précédents (mais pas trop hein, faut pas pousser).
La dernière partie a été assez touchante à écrire, j'espère que vous vous sentirez pareil :)
Bonne lecture !
Zukkini pousse un râle de douleur en tâtant légèrement sa pommette. Il vient de se prendre une rouste. Encore. Cette fois, par Ichijiku. Au lever du soleil, c'était Nappa. Aucune idée pour cet après-midi, mais Zukkini n'est pas pressé de le découvrir.
Il souffre. Même si aucune de ses blessures n'est irrémédiable. Malgré toute la colère et le mépris que Zukkini décèle dans le regard de ses congénères, chacun semble avoir bien retenu les instructions du roi : interdiction de le mutiler.
On se contente donc de le passer à tabac. L'enfant saiyan est même prêt à parier qu'un planning informel s'est instauré pour décider qui a le droit de lui mettre une mandale et quand.
Avec le nombre d'os cassés dans son corps, trouver une bonne zone pour le faire souffrir n'est pas compliqué.
Impossible de se cacher ou fuir. Quasiment tous les saiyans savent désormais détecter les puissantes auras de leurs congénères. Celle de Zukkini a beau être ridiculement faible comparée aux autres, il reste bien plus puissant que l'ensemble des terriens anonymes peuplant la planète. S'il se cachait au milieu d'une foule humaine, son ki le trahirait immédiatement, comme une flamme au coeur de la nuit.
Zukkini replace son auriculaire droit en étouffant un gémissement. Le frémissement qui le prend remonte dans tout son corps, de son petit orteil à sa queue.
C'est difficile de se concentrer pour progresser, comme son roi le lui a ordonné, quand son corps souffre le martyre. Comment vider son esprit et se recentrer sur soi-même lorsque la seule chose qu'il peut ressentir, c'est sa propre douleur ? A l'image de Nappa, il en est encore au stade où se déplacer en lévitant est moins douloureux que marcher…
Il n'a jamais été doué. Pour rien. Hormis peut être la détection d'aura. Mais pour tout ce qui concerne la maitrise, le contrôle, la concentration et la discipline, il a toujours été nul. Même lorsqu'un autre saiyan, comme Radditz, l'entrainait. Maintenant que tout le monde le déteste et qu'il n'a plus d'entraîneur, ses chances de s'améliorer lui paraissent effroyablement minimes.
Ce n'est pas pour autant qu'il compte abandonner. Bien qu'il en soit une parodie, Zukkini reste un saiyan de sang-pur. Même si ce n'est pas aussi puissant que chez ses compatriotes, il veut progresser. Devenir plus fort pour abattre les obstacles sur sa route. C'est dans son sang. Et c'est ce que veut le roi Vegeta.
Zukkini essaye d'obéir à ce roi qu'il respecte immensément. Il essaye d'autant plus fort que la récompense à la clef est la sécurité de Videl. Et donc, la possibilité -même infime- de construire un avenir avec elle.
Il sait qu'elle va bien. Pour le moment. Il sent qu'elle est vivante. Loin, très loin vers l'Ouest. Le fils du traitre n'a pas ménagé ses efforts. Voler aussi loin avec Videl et son père a dû être douloureux et épuisant.
Il leur devait bien ça. C'est tout de même Son Gohan qui, par sa présence, a mis Videl en danger.
Un frisson de colère familier s'empare de Zukkini. Il ne peut pas le sentir parce qu'il ne connaît pas assez bien son aura, mais il sait que cette enflure de métis est toujours avec Videl.
C'est injuste. Le salopard est celui qui a mis Videl en danger. S'il n'avait pas été là, Zukkini aurait mené sa barque comme bon lui semble avec la jeune humaine. Il aurait eu tout le temps du monde pour construire un futur avec elle. Ou au moins essayer. Peut être que cela n'aurait jamais marché. Que Videl ne l'aurait jamais accepté. Peut être. Peut être pas. Mais au moins, il aurait eu l'occasion d'essayer.
Son Gohan l'en a empêché. Il est apparu dans la vie de Zukkini avec la violence d'une boule d'énergie et a disparu de la même manière, en ne laissant derrière lui que misère et désolation.
Mais Zukkini est confiant. Il finira par mettre la main sur Gohan et lui fera amèrement regretter d'avoir croisé sa route et celle de Videl.
Le martèlement familier de bottes épaisses interrompt ses pensées. Un congénère approche.
Un peu en panique, Zukkini tente ce qu'aucun saiyan digne de ce nom ne devrait jamais faire : fuir.
Si le guerrier de l'espace ne le voit pas et qu'il n'a pas branché son cerveau sur la détection d'aura, l'enfant à une chance de passer inaperçu. Et esquiver ce qui serait sa troisième rouste de la journée.
Zukkini lévite vers une porte sur sa gauche et l'ouvre un tantinet frénétiquement. La porte de ce qui ressemble à un cagibi du palais s'ouvre avec un grincement lugubre. L'enfant entre dedans et referme doucement derrière lui. Il grimace en se faisant la réflexion qu'il agit comme un faible humain cherchant à se soustraire du courroux d'un saiyan en se planquant dans un placard à balais.
Et comme pour beaucoup d'humain, la stratégie est un échec.
La porte du cagibi s'ouvre avec un grincement. Zukkini cligne des yeux pour s'habituer à la nouvelle lumière et identifier la personne dans l'encadrement de la porte.
C'est Kiui. Il le regarde avec un air sévère. Son sourcil droit surélevé envoie un message clair à son cadet. Kiui sait qu'il a lâchement tenté de se cacher pour l'esquiver. Et il le juge.
Conscient qu'il n'y a pas d'échappatoire, Zukkini soupire et adopte l'attitude détachée qu'il utilise à chaque fois qu'une scène du genre se déroule. Comme une armure. Totalement inefficace pour son corps meurtri, mais bénéfique pour son esprit.
"Tu n'as pas encore eu le droit à ton tour, c'est ça ? Pas de soucis hein, je suis à ta disposition. Mais si tu peux attendre demain, il y aura un peu plus d'os à briser."
Kiui le regarde toujours avec son air supérieur. Son aura indique qu'il est de plus en plus agacé.
"Tu es le troisième de la journée. Ça ne te laisse que les restes. Pas très engageant, non ?"
"Ferme la et sors d'ici", le coupe Kiui en s'écartant du passage, révélant au passage une troisième présence.
La terrienne aux cheveux roux. Zukkini reconnaît l'expression sur le visage de l'humaine qui accompagne partout Kiui. Ou plutôt que Kiui suit partout. Une grimace emphatique. Il n'arrive pas à décider s'il doit se sentir reconnaissant pour tant de sollicitude, ou tout simplement honteux.
C'est vrai qu'il doit être particulièrement vilain à regarder avec ses bleues, ses bosses, ses plaies infectées et ses croûtes.
La présence de l'humaine rassure toutefois le jeune saiyan. Kiui ne va pas le frapper. Pas devant elle.
Les humains ont, pour leur immense majorité, bien moins d'appétence pour la violence que les saiyans. Loin de les stimuler -dans tous les sens du terme-, assister à de la violence provoque chez les humains de la panique, du dégoût et du rejet. Zukkini sait, comme tout le monde, que Kiui tente de plaire à son humaine. L'éloigner de tout acte de violence semble aller de pair avec cet objectif.
Au moment où Zukkini met la tête dehors, la main de Kiui agrippe fermement son épaulette cuivré. D'une poigne de fer, il le fait se retourner pour l'obliger à lui faire face. L'adolescent empoigne la mâchoire de son cadet pour le forcer à relever la tête et scrute son visage.
L'enfant peut entendre l'exclamation étonnée et indignée de l'humaine rousse.
"Qu'est-ce que tu fous ?", grogne Zukkini.
"Tu as conscience qu'on n'a plus de caisson de régénération ? Et que, si on en fait un jour refonctionner un, ce n'est certainement pas toi que l'on mettra dedans ?"
"J'aurai deviné."
"Alors qu'est-ce que tu espères accomplir à laissant tes plaies s'infecter ? Je sais que tu n'en mourras pas, mais ça ralentit ta guérison et laissera des traces."
Comme tout le monde, Zukkini n'aime pas être tenu au niveau de la gorge. Alors il empoigne la main qui le tient pour lui faire lâcher prise. Il y met de la force, mais cela n'entame même pas la poigne de Kiui, qui le regarde avec condescendance.
Zukkini soupire une nouvelle fois et répond au Second en devenir.
"Je sais. J'avais des réserves de médicaments, comme tout le monde. Ma chambre a été mise à sac par les autres. Depuis l'attaque de Kakarotto, tout est rationné. Je me vois mal aller en demander à Jinsokuna. Le genou retourné est de lui", crache l'enfant en montrant à l'autre sa jambe gauche.
Kiui le dévisage avant de le relâcher. L'enfant se stabilise en lévitation. Le saiyan presque adulte relève les yeux et croise le regard de Miria, qui n'a pas bougé et rien dit depuis le début. Mais ses orbes vertes parlent d'elles-mêmes.
Kiui se gratte nerveusement la nuque et marmonne un juron. Il a vaguement eu la même idée. Et c'est l'occasion de marquer des points auprès de Miria. Mais c'est aussi l'occasion d'agir comme un faible. Heureusement, il n'y a aucune aura saiyan à proximité immédiate…
En poussant un profond soupir, Kiui empoigne une nouvelle fois les épaule de son cadet et l'entraine avec lui.
"Qu'est-ce que tu fous ?" lui demande Zukkini en essayant de chasser la main gantée.
"J'ai ce qu'il te faut dans mes appartements. Miria va désinfecter tes plaies."
"Miria ? L'humaine ?" demande Zukkini en tournant la tête vers la terrienne rousse qui les suit tranquillement avec un léger sourire.
"Tu t'attend peut-être à ce que ce soit moi qui le fasse ?" répond Kiui avec une voix venimeuse. "Maintenant ferme là avant d'attirer l'attention des autres."
Ils cheminent en silence jusque dans les appartements de Kiui. Situés dans l'aile Ouest du palais, au deuxième étage, ils appartiennent à Kiui depuis moins d'un mois. La saiyan qui les occupaient est morte à cause de Kakarotto. Et vu le statut en devenir du talentueux Deuxième Classe, qui sera promu Première Classe à la seconde où il remplacera Nappa, il convient de lui offrir un logement à la hauteur de son rang.
La porte donne directement sur un canapé en cuir rouge vermeille usé et dont la couleur tranche grossièrement avec les tapisseries mauves sur les murs. D'anciens bidons d'essence servent de meubles à poser. Un trophée de chasse de Kiui trône sur l'un d'eux : la griffe de la première créature que Kiui ai tué sur la Terre, un ptérodactyle. Dans une cheminée ancienne, un landau en bois. Y sont entassés des tenues élastiques sales. Un panneau photovoltaïque sert de table à manger.
L'ancienne occupante des lieux n'a jamais pris la peine de changer la décoration foncièrement moche et a aménagé la pièce avec les premières choses qui lui sont tombées sous la main. Avec tout ce qu'a eu à faire Kiui ces dernières semaines, il n'a pas pris le temps de réaménager ses appartements à son goût. Sauf pour le lit. Il n'aurait jamais pu dormir dans des draps portant encore l'odeur de Budo, la mère décédée de Kurementai. Alors il a amené son propre lit. Empoigner l'objet et le déplacer n'a pas été difficile.
Par contre, impossible de le faire passer par la porte. Kiui est donc passé par la fenêtre, un tantinet soulagé de ne pas avoir à casser un mur. Miria est une humaine. Elle est frileuse. Qui dit trou dans le mur, dit courants d'airs. Il veut qu'elle se sente à l'aise chez lui. Donc pas de trous dans les murs.
Kiui pousse rapidement Zukkini en direction du canapé. Miria referme la porte derrière eux et se dirige vers l'enfant, qui cherche tant bien que mal une position assise confortable. Apparement, l'humaine est déjà venue ici. Elle prend un pouf en cuir et l'amène devant le canapé pour se placer en face du jeune saiyan.
Kiui ouvre une vieille malle rouillée dans laquelle il stocke toutes ses fournitures médicales. Sans prendre la peine de trier, il en prend une grosse poignée dans chaque main et amène le tout jusqu'au canapé. Il ne connait pas la différence entre les flacons, contrairement à Miria.
"Vous voulez bien enlever votre haut ?" demande Miria avec la déférence seyant à la situation, mais sans une once de peur dans la voix.
Zukkini s'exécute tout en se faisant la réflexion qu'il est agréable d'entendre un humain lui parler sans frayeur. Videl aussi le faisait. C'était sporadique, accidentel. Elle lui parlait sans peur uniquement quand il l'exaspérait et qu'elle perdait son sang-froid.
"Votre bras droit, s'il vous plait", lui demande t-elle en imbibant du coton avec de la gnole.
Cette Miria se sent en sécurité en sa présence. Ou plutôt, elle se sent en sécurité parce que Kiui est avec elle.
Le salopard… Il est parvenu à obtenir ce qu'il voulait. Alors que Zukkini a tout perdu.
"Ton humaine a l'air d'avoir confiance en toi. Je vois que tu as mis à profit les conseils de Bulma Brief", ricane l'enfant à l'adresse de Kiui, qui scrute la fenêtre pour vérifier que le saiyan qui passe devant ne les voit pas.
L'ainé tourne la tête tellement vite vers lui que Zukkini est certain d'entendre sa nuque craquer. La panique dans ses yeux noirs est hilarante. La nouvelle rougeur sur ses joues aussi.
De son côté, Miria arrête de tapoter la peau de l'enfant avec le coton et le regarde d'un air interrogateur avant de se tourner vers Kiui. Tourner le dos à un saiyan… Vraiment, cette humaine se sent complètement en sécurité.
"Mais… Zukkini… tu… mais… mais tais-toi !" l'apostrophe Kiui, rouge comme un coucher de soleil.
"Tu as parlé de moi à Bulma Brief ?" demande Miria à l'adolescent.
"C'est pas… j'ai… elle a juste… oh et puis lui aussi était là à poser des questions !" bafouille Kiui sans parvenir à mettre une idée derrière l'autre.
Zukkini rirait à gorge déployée s'il n'avait pas les côtes en compote. Kiui, le futur Second du roi Vegeta, sûrement l'un des cinq êtres les plus puissants de la planète… bafouille comme un faible devant son humaine. Par Vegetasai, c'est juste trop drôle.
"Pourquoi tu as parlé de moi à Bulma Brief ?" continue de demander une Miria bien bravache avec un air suspicieux. "Qu'est-ce que tu lui a demandé comme conseils ?"
Zukkini se dit, un peu sournoisement, qu'il tient là une parfaite revanche contre ce bellâtre de Kiui.
Les relations entre les deux jeunes saiyans ont toujours été cordiales. Parler de complicité serait exagéré, mais il est vrai que l'arrivée de Bulma Brief au sein du palais les a amené à se côtoyer bien plus qu'auparavant. Un lien s'est créé. Et dès le début, le rapport de force a été clair : Kiui est supérieur à Zukkini.
Et le premier ne manque jamais de le rappeler au deuxième.
Tous les saiyans se sont comportés ainsi avec Zukkini.
Pour une fois qu'il a la possibilité de se venger de l'un d'eux, il ne va pas se priver. Même si le saiyan en question lui permet, très généreusement, de panser ses blessures.
"Monseigneur, qu'a demandé Kiui à Bulma Brief ?" lui demande d'une voix douce Miria, qui a bien compris qu'elle n'obtiendra aucune réponse de la part de Kiui.
C'est quoi ce truc des humains d'adoucir leur voix quand ils ont quelque chose à demander ? Zukkini n'arrivera jamais à s'y faire.
L'aura de Kiui transpire de nervosité. Ses yeux sont deux balles colériques, mais aussi suppliantes. Zukkini peut voir les poings de son aîné se serrer avec impuissance. Il réfléchit à toute vitesse pour interrompre cet échange. Mais il est bloqué. S'il fait quelque chose à Zukkini, genre l'attraper au vol, l'évacuer de la pièce et le jeter dans la forêt d'à côté, Miria lui en voudra.
Zukkini apprécie de plus en plus la douce saveur de la vengeance.
"Oh, pas grand chose. Il devait avoir du mal à t'aborder, alors il lui a demandé comment faire", répond Zukkini en envoyant un grand sourire goguenard à son ainé.
"Tu es mort petit merdeux", le menace Kiui, qui baisse baisser les yeux après le regard plein de reproches que lui lance Miria. Elle n'aime pas les menaces.
"Et alors, qu'est-ce qu'elle a dit ?" demande la rousse en lui adressant un sourire.
C'est vrai qu'elle est jolie. Videl est la seule dans son coeur et son esprit, mais Zukkini ne peut qu'admettre que Kiui a bon goût. Même si Miria n'est pas brune.
"Elle n'a donné aucun conseil bien sûr ! Bulma Brief n'allait quand même pas aider des méchants saiyans à séduire de pauvres humaines. Disons qu'elle a… Elle nous a donné les clefs pour voir les choses de votre point de vue à vous, les terriens".
Un léger rire émane de la rousse. Zukkini sait que Miria est régulièrement emmenée dans les appartements du roi pour échanger avec Bulma Brief. Et il comprend, en voyant le léger sourire de la terrienne, qu'elle apprécie la figure déchue de la Rébellion. Et que vue sa réaction à sa précédente phrase, elle n'est pas surprise de sa réponse.
Miria commence à connaître l'humaine aux cheveux bleus.
"Ça n'a pas dû être facile, mais j'ai l'impression que Kiui est parvenu à en tirer quelque chose avec toi", continue Zukkini en adressant un sourire de garnement à Miria. Elle louche légèrement sur l'emplacement de sa dent manquante.
"Tu peux parler faiblard. De nous deux, c'est toi qui a foutu le bordel pour une humaine", grommelle Kiui avec humeur.
L'adolescent n'est pas prêt d'oublier cette humiliation. Le gamin va payer. Il ne sait pas encore comment, mais Zukkini va le payer.
Très cher.
"« Foutu le bordel pour une humaine ? »… Qu'est-ce que ça veut dire ?" demande Miria avec curiosité.
"Il a trahit son peuple et son roi pour protéger une enfant humaine. C'est un miracle qu'il soit en vie. Et vu comment il se comporte, je ne suis pas certain qu'il le reste encore longtemps", répond Kiui en faisant les gros yeux en direction de son cadet.
"Pour protéger une humaine ? Pourquoi voudriez-vous protéger une humaine ?" demande Miria en regardant l'enfant avec incompréhension.
"Parce que je l'aime", répond de but en blanc Zukkini, comme si c'était la plus inébranlable vérité de l'univers.
Et là, Miria fait quelque chose auquel aucun des deux saiyans ne s'attendait.
Elle retient un pouffement.
Il se mue rapidement en rire et Miria l'étouffe avec sa main.
Elle regarde Zukkini avec incompréhension. Comme si la phrase qu'il vient de prononcer était l'idée la plus absurde du monde.
"Cesse de rigoler !" lui ordonne un Zukkini extrêmement vexé. "J'aime Videl ! C'est mon humaine à moi au même titre que tu es l'humaine de Kiui ! Je mourrais pour elle !"
"Pardon, pardon", s'excuse Miria toujours en prise avec son envie de rire.
Kiui vient se placer à côté d'elle.
Zukkini ne fera pas de mal à Miria. Mais un geste de colère incontrôlé et mortel est rapidement arrivé, alors Kiui veut être à même de le stopper.
Il essaye aussi d'étudier le visage de Miria. Son aura et son attitude indiquent qu'elle est en effet très amusée. Il apprécie quand elle rie, mais il apprécie encore plus lorsqu'il en comprend la cause.
Miria souffle plusieurs fois par la bouche pour finir de se calmer et adresse un sourire polie et jovial à Zukkini. Mais ses yeux verts hilares trahissent son amusement.
"Pardonnez moi de vous poser cette question indiscrète seigneur Zukkini… Mais quel âge avez-vous, s'il vous plait ?"
"J'ai huit ans", répond l'enfant sans comprendre le rapport entre son âge et la situation.
"Huit ans ?" répète Miria qu'une voix suraiguë, comme pour retenir un nouveau rire.
"Oui, huit ans. Maintenant parle ! Dis-moi ce qui te fait rire comme ça !" s'énerve Zukkini.
Elle jette un coup d'oeil à Kiui pour analyser son attitude. En temps normal, avec des saiyans normaux, dire la vérité entrainerait sa mort immédiate. Sauf que les saiyans en compagnie de Miria ne sont pas comme les autres.
Si Kiui lui indique d'être franche, c'est qu'elle peut l'être sans rien risquer. De ce qu'elle a pu voir de ce Zukkini, il est encore plus éloigné des monstres comme Nappa que ne l'est Kiui
Le futur Second de Vegeta lui fait signe de répondre. Lui aussi est curieux de comprendre le fond de la pensée de l'humaine.
"Huit ans, c'est jeune quand même. Vous êtes sûr que vous êtes amoureux ?"
"Plus que sûr oui."
"Comment vous le savez ?"
"J'ai trahis sa Majesté pour Videl, c'est pas suffisant comme preuve ?"
"Bien sûr, bien sûr. Mais comment vous vous sentez vis-à-vis de… Videl ? Pouvez-vous décrire cet « amour » avec des mots ?"
Kiui se fait la réflexion que Miria passe beaucoup trop de temps avec Bulma Brief. Elle commence à parler et poser des questions comme l'humaine aux cheveux bleus. Harasser un saiyan de questions sans queue ni tête pour comprendre une situation, avant de délivrer un grand discours… Kiui y a assisté plusieurs fois. Il a même été le sujet d'étude.
Et comme à chaque fois avec Bulma Brief, il sent qu'il ne va pas particulièrement apprécier la conclusion de Miria.
"Je l'aime. Je veux être avec elle, la protéger, qu'elle soit heureuse. Je tuerais pour elle. Je mettrai cette planète à feu et à sang pour être avec elle. J'exterminerai n'importe qui se mettra en travers de notre route. Je t'arracherai la tête sans hésiter, et celle de Kiui avec, si cela signifie pouvoir passer un instant avec elle", répond l'enfant en insistant bien sur la dernière phrase avec un claquement de dents.
"Tu te calme morveux. Ou je te calme", le prévient Kiui en faisant légèrement augmenter son ki.
L'enfant le foudroie du regard.
L'humaine rousse, inconsciente de la bataille d'aura entre les deux saiyans, continue sur sa lancée.
"Mais vous êtes… attiré par elle ? Elle a le même âge que vous, c'est ça ?"
"Oui et oui."
"Physiquement attiré par elle ?"
"Elle est belle. Et j'aime son caractère, sa force."
Miria déglutie et rougie, visiblement gênée par la suite de son idée, et murmure le prochain mot.
"Sexuellement ?"
"Mon corps n'est pas encore prêt. Mais ça viendra", répond Zukkini comme si c'était la chose la plus évidente du monde.
"Ouaoh", est tout ce que Miria parvient à dire.
Le rire qui suit n'est en rien moqueur, cynique ou nerveux.
Juste l'émanation de sa stupeur.
"Où est-ce que tu veux en venir Miria ?" demande Kiui avec une douceur qui n'a rien de saiyan.
"Vous les saiyans êtes tellement… différents. Jamais un terrien de huit ans ne parlerait comme ça. Ou même, ne penserait comme ça. C'est déroutant."
Elle jette un coup d'oeil à Kiui et l'étudie plusieurs secondes. Il lui a dit qu'il a dix-sept ans. Jeune. Si jeune… Entre sa façon de parler, ses idées et son attitude, c'est si facile d'oublier son véritable âge.
"Crache le morceau humaine. Qu'est-ce qu'il y a avec ma façon de penser ?" l'enjoint Zukkini avec dureté.
"Je n'ai jamais échangé avec un saiyan de huit ans. Quand vous me parlez d'amour, j'ai l'impression d'entendre un terrien qui a au moins dix ans de plus."
Elle se tait. Formuler sa prochaine pensée serait vraiment aller trop loin.
Kiui sent son malaise.
Il pourrait mettre fin à la scène. Bouter Zukkini hors de la pièce et tout arrêter.
Mais il veut savoir. Son instinct lui souffle qu'entendre cette pensée interdite lui en apprendra tout autant qu'à Zukkini.
Alors, pour l'encourager à parler, il s'accroupit aux côtés de Miria et passe un bras protecteur autour de son épaule. Elle le regarde dans les yeux, incertaine, et il lui répond avec un sourire d'encouragement. Elle déglutie une nouvelle fois, mais il lit dans ses yeux que Miria va exprimer tout haut ce qu'elle pense tout bas. Parce qu'elle a confiance en lui.
Il vient de lui donner la force qui lui manquait.
Son coeur de saiyan se réchauffe.
"Vous devriez vous méfier. Videl est une enfant humaine. Cette façon que vous avez de penser… Elle n'est pas que déroutante. Elle fait peur."
"Videl n'a pas à avoir peur ! Jamais je ne lui ferai de mal !" s'exclame, indigné, Zukkini.
"Non non, je n'ai pas dit que vous vouliez lui faire du mal. C'est juste vos sentiments et la façon dont vous les ressentez. C'est trop pour une terrienne de son âge. Beaucoup trop et beaucoup trop tôt. Par Kami, vous les saiyans êtes tellement intenses…"
Kiui sent qu'elle ne parle plus seulement de Zukkini.
Elle parle aussi de lui. D'elle-même.
"Je veux dire, en plus d'être ceux qui… nous gouvernent… vous avez une façon d'attendre des choses de nous qui peut être terrifiante."
Kiui l'entend. L'insupportable voix de Bulma Brief. Comme une petite conscience agressive.
Elle le sermonne dans sa tête : « Tu aimerais ça toi, qu'un homme de Freezer te fasse du rentre-dedans et demande ton amour ?! Hein le macaque, ça te plairait ?! Comment tu penses que tu réagirais ?! ».
Vu la tronche que tire Zukkini, il est probable que le morveux entende, lui aussi, la voix imaginaire de l'humaine aux cheveux bleus.
Zukkini renifle.
Le saiyan en Kiui veut se moquer de l'enfant pour cette ridicule faiblesse.
Mais pas la personne qu'il essaye d'être pour Miria.
"Je sais que Videl n'est pas à l'aise en ma présence. Elle ne l'a jamais été. Mais quand je suis avec elle, je ne me sens plus seul. Parce qu'elle est honnête avec moi. Même si c'est pour me rejeter. Et je l'aime pour ça."
Il est à la fois pitoyable et émouvant avec sa voix brisée, ses larmes refoulées et ses blessures.
Miria ne sait pas quoi dire. Bonne âme qu'elle est, la détresse de l'enfant saiyan la touche.
Alors elle trouve un compromis. Elle avance une main en direction de l'envahisseur de l'espace et lui laisse le choix.
La prendre ou non.
Il la prend.
Miria serre avec douceur cette si musclée, mais aussi si petite main dans la sienne. Elle sent les os brisés à travers la peau tuméfiée. Et pour la première fois de son existence, elle se dit qu'un saiyan ne mérite pas son sort.
Kiui ne ressent aucune jalousie.
Au contraire, il a l'impression de ne jamais avoir autant aimé Miria.
Elle voit au delà du saiyan en Zukkini. Elle voit la détresse et donne ce dont il a besoin sans rien calculer.
Sans rien attendre en retour.
Elle l'a déjà fait avec lui. Lorsqu'il a perdu son grand-frère et s'est écoulé face à elle.
Et il l'aime pour tout ça.
Alors il lui embrasse affectueusement la tempe.
Tout ce qu'il se passe dans cette pièce n'a rien de guerrier ou de noble. C'est une insulte à l'honneur saiyan et l'héritage de leur planète perdue. Nappa ferait exploser la pièce, et eux avec, s'il les voyait.
Ça tombe bien, Nappa va bientôt perdre son rang. Et Kiui va prendre sa place. L'avenir sera ce qu'il décidera. Le roi décide et gouverne, mais le rôle du Second est d'influencer son opinion, non ?
Malgré le large manteau gris dans lequel elle est enveloppée, Bulma a froid.
A quelques mètres sous elle, le sol file à tout allure. Elle sait que le roi des saiyans est loin de voler à pleine vitesse. Elle pourrait en mourir s'il le faisait. Mais Bulma se souvient d'avoir volé bien plus rapidement avec Goku, Yamcha et même Nappa. Soit Vegeta fait particulièrement attention à elle et ce qu'il y a dans son ventre, soit il n'est pas pressé d'arriver à destination.
Sûrement les deux.
Le saiyan s'est positionné en dessous d'elle pour la laisser reposer sur son torse. Une position plus confortable que ses précédents vols. Etre appuyée sur une surface plate est plus agréable qu'être transportée comme un sac à patate ou tenue par les aisselles.
Le guerrier est plongé dans un mutisme complet. Il lui jette des coups d'oeil de manière sporadique, aussi pense-t-elle qu'il surveille son aura.
Mais sinon, Vegeta évite soigneusement d'interagir avec elle. Pas que Bulma veuille initier une conversation. Mais elle s'attendait à ce que Vegeta profite du fait qu'elle soit coincé avec lui pour lui dire quelque chose. N'importe quoi. Un truc. Il est évident qu'il tente de rentrer dans ses bonnes grâces. Ce voyage loin des oreilles indiscrètes du palais constitue, en toute logique, une occasion parfaite.
Vegeta a l'air préoccupé. Son air est concentré et ses sourcils froncés. Bulma peut sentir la tension de ses muscles à travers sa tenue de combat.
Ça la stresse. La terrienne n'aime pas ne pas savoir.
Mais, fidèle à ses principes, elle n'entamera pas la conversation.
Alors elle se tait et observe le paysage.
Elle remarque les ruines d'un ancien village. La rondeur des maisons à moitié effondrées indique qu'elles sont l'ouvrage de la Capsule Corp. La végétation commence à recouvrir les murs et les fenêtres. C'est étrange… L'ancienne figure de la Résistance sait à quoi ressemblent les camps dans lesquels vivent les saiyans et les humains. La concentration du nombre de personne y a détruit toute trace de nature à des kilomètres à la ronde. Et pourtant, il existe aujourd'hui des contrées inhabitées, où la nature a repris le pas sur la civilisation et l'artificiel.
Une Terre. Et deux faces d'une même pièce.
Le paysage change. Des fossés ovales apparaissent au sol.
Bulma devine qu'ils approchent de leur destination. Ces meurtrissures dans la terre sont les témoins de la bataille ayant fait rage il y a plusieurs semaines. Des boules d'énergies n'ont pas touché leur cibles et sont allées se perdre plus loin. Bulma frissonne en repensant à cette maudite journée. Tout n'a été que chaos. Du début à la fin. Les hurlements, le sang, l'espoir qui se mue en désespoir, l'aura de Goku qui explose, Gohan perdu au milieu de tout ça. Et Chichi…
Un nouveau frisson glacé s'empare d'elle. La prise de Vegeta se resserre. Il ne peut pas savoir exactement à quoi elle pense. Mais les fluctuations de son ki sont suffisantes pour qu'il réagisse.
Le saiyan descend doucement vers le sol pour se poser à une centaine de mètres des ruines du vaisseau. Un tiers de la structure blanche et noire tient toujours debout grâce à des appuis métalliques. La coque est percée par de nombreux trous et le sol est jonché de débris. Bulma doute de l'intégrité de la structure.
Ce qu'il reste de l'autre partie du vaisseau git au sol. Le plus gros de la bataille y a eu lieu. Alors les saiyans ont, comme à leur habitude, donné dans le bricolage. Des amas de tôles ont été assemblés à la va-vite pour former ce qu'elle pense être des murs et salles bricolées. Le tout est à ciel ouvert.
Goku et Krilin doivent être dedans.
Bulma ressent de l'excitation, mais aussi de l'appréhension. Voir ses si chers amis ne peut que la mettre en joie.
Mais que vont-ils penser d'elle, qui porte dans son ventre l'enfant de leur ennemi juré ?
"Je serai dans la pièce", annonce Vegeta.
Elle lui jette un coup d'oeil. Il est presque collé à elle, toujours aussi tendu.
Il regarde le vaisseau comme si c'était le dernier endroit au monde où il veut se rendre.
"Si vous tentez quoi que ce soit contre mon fils, si tu leur donne la moindre indication pour lui faire du mal… Il n'y aura aucune clémence. Personne sur cette planète ne sera à l'abri."
Des menaces, toujours des menaces.
Leur relation a évolué avec le temps.
Mais la base, le socle duquel tout est parti… n'a pas changé.
"Goku et Krilin sont des idiots", répond Bulma avec une pointe d'amusement nostalgique. "Des abrutis finis. A ne penser qu'aux combats. A se lancer à corps perdu dans des entrainements trop drastiques. Ou dans des batailles perdues d'avances contre des adversaires trop puissants. Crétins, tellement crétins… Crétins au point de se sacrifier pour sauver de complets inconnus et leur éviter le moindre bobo."
Oui, ils sont idiots à ce point.
Et c'est pour ça qu'elle les aime.
"Le truc en moi ne craint rien."
Après l'avoir regardé un instant, Vegeta détourne les yeux.
Le magnifique sourire qu'elle affiche et ses pupilles pleines d'affection ne sont pas pour lui.
"Tant que nous sommes au clair", marmonne Vegeta avant d'avancer, à pied, en direction du vaisseau.
Bulma le suit sans un bruit. La marche dure quelques minutes. Il faut éviter les fossés creusés par la bataille. Et la terrienne se rend bien compte qu'elle marche très lentement. Le prix à payer pour être restée enfermée dans un palais, sans réelle activité physique, durant des mois.
Vegeta la mène jusqu'à deux murs bricolés à partir de morceaux de coques. Entre eux, un espace suffisamment large pour faire passer deux personnes.
Un saiyan qu'elle ne connait pas y passe. Son visage est couvert de cicatrices fraiches. Il baisse les yeux en passant devant son roi, mais Bulma entrevoit le regard dur qu'il leur jette.
Il ne l'aime manifestement pas.
Ça tombe bien, elle non plus. Qui qu'il soit.
Une fois passés à travers l'entrée bricolée, Vegeta s'arrête et se cale contre le mur derrière lui.
Mais ça, Bulma ne le voit pas.
Elle ne voit que l'homme allongé au sol, affublé d'une djellaba pour femme rouge.
Il la regarde avec un grand sourire.
"Je me disais bien qu'il y avait une raison pour qu'on nous lave et qu'on nous habille", blague Krilin avec un rire douloureux.
Un rire échappe à Bulma et, les yeux plein de larmes de joie, elle se précipite vers le terrien.
Il est meurtri et tuméfié au possible. Malgré sa large djellaba, Bulma entraperçoit des membres qui ne sont pas dans le bon sens.
Mais ce qui la choque le plus, c'est que Krilin a des cheveux. Courts, à peine deux centimètres. Mais des cheveux bruns tout de même.
"Sale avorton menteur… Tu n'es pas censé être chauve de naissance ?" demande t-elle avec le nez qui coule.
"Mes cheveux sont la matière la plus noble qui soit. Aucun de vous n'était assez méritant pour les admirer", réplique Krilin avec un clin d'oeil complice.
Bulma fini d'éclater en sanglot et empoigne, bien trop brusquement, son ami pour le redresser et le serrer contre elle. Deux ou trois os craquent et un cri de douleur lui échappe.
Mais il la serre contre lui en retour.
"Tu m'as tellement manqué", geint-elle contre son crâne râpeux.
"Tu m'as manqué aussi", murmure t-il, le visage maintenant plein de larmes.
"Tu nous a tous manqué Bulma", s'élève une voix plus au fond dans la salle.
La terrienne relève la tête pour regarder dans une direction qu'elle n'avait pas observée jusqu'à présent.
C'est Goku.
Goku dans un état pire que Krilin. A genoux, en bermuda marron, les mains élevées en croix et attachées à deux poteaux par des chaines.
Mais c'est un Goku qui sourit.
"Salut", dit-il avec chaleur et son éternel rictus de gamin.
"Mes idiots", rigole Bulma en reniflant.
"Toujours", constate et promet Krilin.
Dans son coin de salle, Vegeta observe la scène.
Tout est nouveau pour lui. Cette facette douce de Bulma Brief, cette complicité tendre qui l'unie aux deux combattants de la Terre. Cette affection sans borne qui émane d'eux. C'est au delà de tout ce qu'il a connu avec elle.
C'est tellement mielleux, tellement… humain.
Il est jaloux.
Le saiyan qu'il est ne devrait pas être jaloux.
"Je suppose que tu ne peux pas bouger ?" demande Bulma à Krilin.
"Redemande moi dans deux semaines."
"Dans ce cas… Je m'excuse par avance."
L'humaine repose doucement son ami au sol et se relève.
Elle se place derrière ta tête et empoigne, du mieux qu'elle peut, les aisselles du guerrier.
"Aie !" proteste Krilin.
"Oui, bah désolée, mais il n'y a pas vraiment d'autres solutions pour te bouger !" rétorque Bulma qui, courbée en huit, galère à trainer Krilin dans la direction de Goku.
"Brute !"
"La ferme ! Tu es plus lourd qu'il n'y parait !"
"Pourtant, je peux t'assurer qu'on m'a mis au régime stricte depuis que je suis arrivé ici", affirme Krilin en redressant la tête pour lancer un regard mauvais à Vegeta. "Aie ! Mais sois plus douce, par Kami ! Tu as entre les mains un homme blessé !"
"Arrête de te plaindre ! Je t'ai déjà vu en pire état !"
"C'est pas une raison !"
Et ça continue pendant une bonne minute, le temps que le duo rejoigne Goku, qui les encourage à distance.
A la fin, Bulma s'effondre en soufflant contre les abdominaux à nus de Goku.
Elle relève la tête pour plonger dans les yeux du brun. Son regard rassure la terrienne. Elle n'y décèle qu'amour, affection, joie et tendresse. Pas une once de jugement.
"Ça ma manqué de te voir énervé", murmure-t-il en tirant sur ses chaines pour lui embrasser le crâne.
Elle goûte à la sensation et lève une main pour caresser son visage déformé par les coups.
"Je suis tellement désolée…"
"Moi aussi", l'interrompt-il. "On l'est tous. Ce n'est pas ta faute."
Il change de position pour s'asseoir au sol et lui permettre de mieux s'installer entre ses jambes et contre son torse.
Bulma empoigne Krilin pour le mettre perpendiculaire à elle et lui permettre de poser sa nuque contre ses cuisses.
"Aie."
Bulma enlève son manteau pour recouvrir Krilin. Contrairement à Goku, qui reste un saiyan, elle n'est pas un radiateur sur pattes. Le chauve a sûrement froid.
Il lui sourie pour la remercier et jette un coup d'oeil à Goku.
"L'ami, tu as une sale tête."
"Encore un truc pour lequel je suis le meilleur", répond Goku, dont le rire se répercute douloureusement dans ses côtes.
Le trio se laisser aller à l'hilarité.
Ils ont l'air étranges tous les trois. A rire alors qu'ils sont chacun, à leur manière, brisés.
Après le rire vient le silence. Loin d'être pesant, il leur amène une certaine paix.
Parce qu'ils sont ensembles.
Mais la paix n'est pas faite pour durer.
"Est-ce que vous avez des nouvelles de ma mère ?" demande Bulma en regardant dans le vide.
"Quand nous avons quitté la base, sa condition était toujours la même", répond Krilin.
"Ah… C'est pas si mal. Au moins, elle ne sait rien. Si elle se réveille un jour, elle devra déjà digérer la mort de Papa. Pas besoin d'alourdir la charge."
"Elle sera juste heureuse de te retrouver et tu le sais", rétorque Goku.
"L'amour d'un parent n'est pas infini Goku. Tout le monde a un point de rupture."
Son ami pose affectueusement son menton sur le crâne de son amie.
Quelques instants plus tard, il déglutit avant de prononcer la question qui le torture.
"Est-ce que tu as des nouvelles de Gohan ?"
Il a sentit l'aura de son fils il y a plus d'une semaine. Elevée, elle lui a indiqué qu'il se lançait dans un combat.
La première preuve concrète, depuis sa capture, que Gohan est vivant.
Ça a duré quelques minutes. Et ensuite, plus rien.
Le ki du garçon a tout simplement disparu. Goku ne la sent plus.
Il ne peut y avoir que deux raisons. Soit Gohan dissimule volontairement son aura pour se cacher et il le fait si bien que même son père ne peut pas le détecter. Soit il est mort.
"Les saiyans ne me disent rien. Mais il y a eu du grabuge dans un camp, il y a plus d'une semaine. Je pense que c'était Gohan. Et je pense que si c'était lui, ils ne l'ont pas eu. Sinon, je les aurait entendu célébrer", répond Bulma.
C'est cohérent.
Si Gohan était mort ou avait été capturé, les envahisseurs seraient directement venu pavoiser.
Goku et Krilin poussent des soupirs de soulagement. Ils n'en savent pas plus qu'il y a quelques instants.
Mais au moins, leurs pires craintes n'ont pas été confirmées.
"Gohan… Vous pensez qu'il a reconnu… Chichi ?" demande Bulma d'une voix éteinte.
Une douleur sourdre compresse le coeur de Goku.
Il était évident que le sujet, douloureux au possible, serait abordé.
"Je ne sais pas", bafouille Goku en serrant les dents. "Ma mémoire est floue. Je me souviens d'être à côté de Chichi. De perdre le contrôle. Tout est flou après…"
"J'ai essayé d'empêcher Gohan de la voir. J'ai vraiment essayé. Je ne sais pas si j'ai réussis. Oh par Kami… Je ne sais pas ce qui serait le plus terrible. Qu'il ne l'ai pas reconnu, ou qu'il ait compris ce qu'il se passait."
"J'espère qu'il ne l'a pas reconnu", admet Goku.
"Pourquoi ?" demandent à l'unisson Bulma et Krilin.
"Parce que cela voudrait dire qu'il a vu son père tuer sa mère."
"Goku, tu as vu dans quel état elle était", déglutit Bulma. "Tu ne peux pas dire que…"
"J'ai tué ma femme."
"Et j'ai expérimenté sur mon amie !"
Le cri de détresse résonne contre les murs.
Les larmes suivent.
Elles coulent vers le visage boursouflé de Krilin, qui pleure aussi. L'une de ses mains détruites vient attraper les doigts délicats de Bulma pour les serrer contre son coeur.
"Goku… Tu es arrivé après que le mal soit fait. Chichi… Je suis tellement désolée Goku, tellement… Chichi était l'un de ces putains de numéros. J'ai accepté de participer au Programme pour limiter le nombre de femmes forcées de l'intégrer. Mais je n'avais aucune idée, absolument aucune, que Chichi était l'une d'elles."
"Ce sont les saiyans qui l'ont installé de force dans ce lit Bulma. Pas toi", lui dit Krilin en lui caressant la main.
"C'est tellement injuste. Elle aurait dû éduquer Gohan à nos côtés. Pas être profanée jusqu'à la toute fin."
"Qu'est-ce qu'elle est devenu ?" demande Goku. "Après la bataille ? Qu'est-ce qu'elle est devenue ?"
Bulma écarquille les yeux et se tourne vers lui.
Elle fait lentement « non » de la tête en le regardant d'un air suppliant.
"S'il te plait… Ne me force pas à te le dire."
"S'il te plait Bulma. Laisse moi, enfin, faire le deuil de ma femme."
La supplique dans ses yeux noirs est suffisante pour que Bulma soit complètement honnête avec lui.
"Elle était déjà morte lorsqu'ils l'ont récupéré. Vu l'endroit où on l'a trouvé, elle devait un élément prometteur du Programme…."
"Continue."
"Oh Goku… Je suis tellement désolée… Ils ont expérimenté jusqu'à la toute fin sur elle avant se débarrasser de son corps. Il n'y a pas de tombe à aller voir."
Elle sent le front de son ami descendre pour se caler tout contre l'arrière de son crâne.
Des larmes humidifient ses cheveux désormais courts.
Un sanglot grave échappe au saiyan.
"Je les tuerais."
Cette sombre promesse de Goku lui parait justifiée.
Mais elle ne correspond pas à son ami. A ce qu'il est censé être.
Jamais le garçon qu'elle a rencontré, il y a une vingtaine d'années, n'aurait fait un tel serment.
Cette guerre l'a détruit. Elle les a tous détruits.
"Je les tueraient jusqu'au dernier."
Bulma, elle aussi en larmes, relève un bras vers l'arrière pour aller caresser la chevelure sale de l'endeuillé.
Krilin, allongé, pleure aussi et caresse toujours la main qu'il tient.
Les trois amis font leur deuil.
Ensemble.
Après les pleurs viennent les reniflements.
Et Bulma ne peut pas s'empêcher de dire à haute voix, à ses amis, quelle pensée la torture depuis des semaines.
"Vegeta me promet que ça ne sera pas le cas. Mais je sais que je vais finir comme Chichi."
Avec des tuyaux dans la gorge et des aiguilles plein le corps.
Goku jette un coup d'oeil en direction du saiyan adossé au mur, à une trentaine de mètres d'eux. Il ne les lâche pas des yeux, mais n'a pas bougé de sa position depuis le début de ses retrouvailles.
Goku sait qu'il écoute tout. Analyse.
Et surveille l'aura de Bulma et de l'enfant en elle.
Goku et Krilin ont très bien compris que Vegeta tient énormément, à sa façon, à Bulma. Entendre qu'il a promis à son amie qu'elle ne finirait pas comme Chichi ne les étonnent pas.
"Je t'ai trouvé au palais, pas vrai ? Pas dans le vaisseau. Et tu es ici aujourd'hui ?" demande Goku à Bulma en décollant son visage de son crâne pour qu'elle puisse le regarder. "Tu n'as pas intégré le Programme. Ni avant, ni après nos retrouvailles."
"C'est lui qui a le pouvoir. Il peut changer d'avis à tout moment et m'envoyer là-bas", rétorque Bulma en regardant avec dureté en direction de Vegeta.
"Loin de moi l'idée de défendre notre ennemi juré, mais quelque chose me dit qu'il n'est pas prêt de se lasser de toi", marmonne Krilin en se remémorant le visage de Vegeta lorsqu'il a sentit, comme Goku et lui ce fameux soir, l'aura de Bulma succomber à la terreur.
Krilin et Bulma n'ont pas d'aussi bon yeux que lui, aussi ne peuvent-ils pas le voir. Mais Goku le distingue bien.
Le visage de Vegeta qui devient rouge pivoine.
C'est… drôle.
Un ricanement douloureux échappe au père de famille.
L'aura de Vegeta monte dangereusement. La réaction de son ennemi, comme son propre rougissement, l'énervent.
Goku retient les ricanements suivants.
Il ne veut pas donner à Vegeta des raisons pour interrompre ces retrouvailles qu'il ne soutient manifestement pas.
"Bulma, on ne peut pas t'empêcher d'avoir peur", reconnaît Krilin en écoutant les battements de coeur du bébé à côté de son oreille. "Mais tu peux te raccrocher à des faits. Vegeta ne t'a pas envoyé rejoindre le Programme. Il t'a fait le serment qu'il ne t'y enverra pas. Toi, comme nous, savons que ce n'est pas un menteur."
Pour le meilleur comme pour le pire.
"Et tu peux compter sur notre notre promesse", intervient Goku avec une voix féroce. "Ni moi, ni Krilin ne t'en voulons. On ne te laissera pas finir comme Chichi. Tu ne mourras pas comme ma femme."
Eux aussi, quand ils font un serment, ce n'est pas à prendre à la légère. Ils se sont promis de progresser pour devenir assez forts pour la secourir et ils l'ont fait, non ?
Leurs promesses, ils les tiennent.
Quitte à se sacrifier eux-même.
"Vous savez, je n'ai jamais réfléchit si je voulais devenir mère. Yamcha et moi, on en a jamais vraiment parl…"
Elle est interrompu par un énorme gargouillis.
Il émane de Goku.
Bulma peut en sentir les vibrations jusque dans son dos.
Un silence étrange s'installe.
"Ah… euh… désolé", bafouille Goku avec un sourire gêné. "C'est juste que j'ai vraiment très très faim."
Krilin éclate de rire. Lui aussi à faim et gargouille.
Mais les bruits et vibrations de l'estomac de Goku viennent d'un autre monde.
"Celle-là, je suis sûr que même Yamcha, Tenshinhan, Chaozu, Oolong, Plume, Tortue Géniale et Chichi l'ont sentie !" continue de rigoler Krilin en regardant fixement le ciel.
Et il est certain que depuis là-haut, ils rient avec lui.
Son hilarité est contagieuse.
Goku s'y met, suivit de Bulma.
"Ça me rappelle quand Chichi cuisinait à la maison", rigole Goku, le coeur mi-léger mi-lourd. "Voir la quantité de nourriture que j'avalais à chaque repas la rendait folle. Elle est devenue encore plus folle quand on s'est rendu compte que Gohan a hérité de mon appétit."
"Tortue Géniale redoutait tes visites", enchaine Krilin. "Il se demandait comment il allait parvenir à te nourrir. Isolé sur sa petite île, il avait un mal de chien à se ravitailler…"
"Quand tu venais à la maison, Maman mobilisait spécialement trois personnes pour les envoyer faire des courses plusieurs fois par jour pendant toute la durée de ton séjour", raconte Bulma. "Et on s'amusait, une fois par an, à compter combien tu nous avais coûté en nourriture."
Ils parlent ainsi du passé pendant plusieurs heures.
Il est plus agréable à aborder que le présent. Et permet d'entretenir le souvenir des disparus.
Le flot des paroles ne se tari pas avec la descente du soleil.
Ce n'est que bien plus tard, alors que les étoiles sont clairement visibles dans le ciel, que le corps de Bulma abandonne et qu'elle s'endort, rapidement suivie par Krilin.
Elle est bien, enveloppée par la présence réconfortante de ses amis.
Pour la première fois depuis des semaines, la terrienne se sent complètement en sécurité.
La tension dans son corps se relâche.
Le sommeil réparateur n'a plus qu'à faire son office.
Goku ne dort pas.
Il goûte à chaque instant de ce moment privilégié. Les odeurs et présences de Bulma et Krilin, tout contre lui, l'apaisent. La sensation du corps fragile de son amie, de son léger souffle tout contre sa peau, réchauffent son coeur trop malmené.
Elle est là. Elle est avec lui.
Sa meilleure amie est, contrairement à beaucoup trop d'autres, vivante.
Ce qui grandit en elle n'a aucune importance.
C'est un intrus. Rien de plus.
Sa présence ne change rien à son amitié avec Bulma.
Les saiyans n'avaient rien à foutre sur Terre.
Et Vegeta n'avait rien à foutre dans la vie de Bulma.
Le roi des saiyans s'est justement décollé de son mur et approche de leur position.
L'instant privilégié est terminé.
Vegeta va ramener Bulma au palais.
Il regarde la terrienne avec concentration, comme pour s'assurer qu'elle est bien plongée dans un sommeil profond. La faire quitter les lieux alors qu'elle est endormie est assurément plus facile que devoir argumenter avec elle ou l'emmener de force.
L'étincelle de douceur que Goku discerne dans les yeux de son ennemi renforce ses certitudes.
Vegeta tient à Bulma.
Mais cela ne veut pas dire qu'il ne lui fera pas de mal. Il lui en a déjà énormément fait.
Goku se fait, une nouvelle fois, la promesse qu'il tuera ce salopardi.
Vegeta se penche au dessus de Krilin pour retirer à l'endormi le manteau gris qui le recouvre. Il empoigne sa djellaba et le décolle de Bulma avec une certaine douceur, pour éviter de la réveiller.
Après avoir laissé choir au sol l'humain plus si chauve, il se penche vers la terrienne aux cheveux bleus pour l'éloigner de son ennemi juré et la prendre dans ses bras.
Goku étudie un instant la possibilité d'arracher la carotide offerte du saiyan avec ses dents.
Il se ravisse.
Goku n'est pas certain de réussir son coup. Et même s'il y parvenait, il n'aurait pas la force de protéger Bulma et Krilin des sujets vengeurs du roi des saiyans.
Alors il le laisse lui enlever son amie.
L'envahisseur à la chevelure en forme de flamme enveloppe la terrienne dans le manteau qu'il a récupéré. Un bras dans son dos et un autre au niveau de ses hanches, il la maintient en position semi-debout. Sa queue vient l'envelopper au niveau de la taille pour mieux la maintenir contre lui, chose qu'il n'a pas osé faire à l'aller, lorsqu'elle était éveillée.
"L'avoir à tes côtés… Combien de temps penses-tu que ça durera ?" demande Goku en regardant l'être tant haït dans les yeux.
"Toujours", répond d'une voix butée Vegeta. "Et je ferai tout pour."
Même sacrifier l'enfant en elle.
Il décolle avec douceur et s'éloigne en tenant son précieux fardeau.
Une fois en hauteur, il tourne le dos au sol pour la laisser reposer sur lui, comme à l'aller.
Il n'aime pas sentir les résidus d'odeurs des deux autres guerriers sur elle.
De son côté, elle respire doucement contre sa gorge, l'aura et les sens en paix. Le coeur de son enfant à naitre pulse agréablement contre son ventre.
Vegeta sourit avec douceur et, se remémorant les échanges des précédentes heures, laisse échapper un ricanement.
"Alors comme ça, tu étais déjà une belle chieuse durant ta jeunesse ?" murmure t-il tout contre le visage laiteux de la terrienne. "Ça ne m'étonne pas."
Il lui mordille affectueusement le nez et poursuit son chemin vers le palais.
En prenant son temps.
Tada ! Alors, cette deuxième partie ? Vous avez apprécié ?
Il n'y a pas beaucoup de scènes entre Bulma, Goku et Krilin dans cette histoire, alors ça m'a fait très plaisir de l'écrire en faisant appel à mes souvenirs de Dragon Ball (avant le Z).
Il faut dire que le contenu de l'oeuvre originale est quand même plus jouasse que ce que j'écris ;)
Laissez des comms siou plait !
