le juste vivra par sa loyauté


Hello, c'est moi avec un bien long chapitre pour m'excuser de vous avoir fait faux bond la semaine dernière ! J'étais dans une drôle d'humeur ce qui ne me donnait pas envie de toucher à mon ordi mais vous méritez mieux que ça alors voici la suite. Comme d'habitude un ÉNOOOORME merci à KorriganTanNoz, twjessie, liaux, Baccarat V et à Pandelfique à qui je dédicace ce chapitre pour son premier review ;)

Bonne lecture !


Chapitre 27 : Le sang pur infecté


Précédemment :

« Luke Carstein m'a demandé de faire une liste pour lui, lui expliqua succinctement Regulus.

– Et pourquoi est-ce qu'il y a mon nom ? le poussa Eva.

– Il voulait une liste de ceux – »

Une main s'abattit sur la table. Eva sursauta et leva des yeux surpris vers Oliver Avery qui lui adressa un sourire charmeur, apparaissant soudainement entre elle et Regulus.

« Voyons Eva, tu n'as toujours pas appris que la curiosité est un vilain défaut ?

– Elle a toujours été une piètre élève. Elle n'écoute rien de ce qu'on lui dit. Il n'y a que la manière forte qui marche avec elle, ajouta froidement une deuxième voix masculine et Eva remarqua avec horreur qui se tenait derrière sa chaise.

– Royce. »

Royce posa un marque page dans son livre puis le ferma avec un claquement qui aurait fait sursauter Eva si elle n'était pas actuellement tétanisée.

« Eva. »

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« Eva, la salua platement Royce. Ça ne te suffit pas de te comporter de manière si indécente avec Sirius Black, tu éprouves le besoin d'attirer Regulus dans tes filets aussi ?

– Non, je ne fais rien de cela. Royce. »

Eva savait qu'elle ne devrait pas montrer la colère qui la prenait à la gorge et lui faisait hausser le ton. Le faire dans un lieu aussi public que la bibliothèque était stupide de sa part et le faire devant d'autres Sang-Purs de la folie. Royce avait en horreur de ne pas se faire respecter, avait en horreur de ne pas la voir se prosterner à ses pieds en s'excusant d'exister et il avait par-dessus tout le besoin de prouver sa perfection devant ses camarades Sang-Purs. Mais après avoir entendu des « sale succube » chuchotés derrière son dos depuis deux semaines, Eva n'en pouvait plus qu'on la prenne pour une pute de service et l'entendre de la bouche de Royce

Elle voulait planter ses pouces dans les yeux de Royce pour faire disparaître ce mépris qu'elle recommençait à voir dans le miroir lorsqu'elle se dévisageait.

Eva avait naïvement cru qu'il l'avait oublié, qu'il s'était rendu compte qu'il n'avait pas de temps à perdre à se préoccuper d'un insecte insignifiant comme elle. En effet, depuis qu'il l'avait menacé derrière les gradins de Serdaigle, Royce s'était fait discret et, à cause des révélations d'Amélia Avery, Eva soupçonnait Royce d'avoir peur de la sentence des professeurs.

Les révélations de la préfète-en-chef en tête, Eva avait prêté davantage d'attention aux allers et venues de Slughorn durant les cours de Potions. Stupidement elle avait cru que l'attention particulière que portait Slughorn à l'avant gauche de la salle des cachots était juste une autre démonstration du favoritisme dont le professeur ne s'était jamais caché. Mais, en tendant l'oreille tandis qu'à côte d'elle Oliver Avery chuchotait pour lui-même l'ordre des ingrédients à incorporer dans le chaudron, Eva s'était rendue compte que, bien que Slughorn s'attarde très souvent à la table d'Ava Parkinson et de Royce, le professeur ne disait souvent rien. Il se dandinait sur ses pieds et observait d'un air critique leur potion en frottant le bout de sa moustache mais il ne répondait que très brièvement aux paroles mielleuses de Royce et il ne levait à peine les yeux.

Seuls les mauvais élèves avaient droit à un comportement aussi froid habituellement.

Eva avait réalisé que le préfet de Serpentard avait bel et bien perdu sa place d'élève favori.

À première vue, Royce l'avait ignoré ces derniers temps, oui. Et pourtant, Eva avait constamment l'impression que le regard de Royce était posé sur elle. Or, les rares fois où elle osait jeter un regard dans sa direction, Royce prenait diligemment des notes ou bien il discutait avec Ronan Parkinson et Emmeline, la nouvelle membre de leur groupe.

Peut-être que l'impression d'Eva n'était pas qu'une simple impression car, en début de semaine, lors de la venue exceptionnelle d'un intervenant pour la présentation du Département de la Justice Magique, McGonagall, le professeur en charge de la surveillance des 7e années des quatre Maisons, avait stoïquement ordonné à Royce de s'asseoir au premier rang alors qu'il venait de s'installer deux tables derrière Eva.

La professeure de Métamorphose n'avait donné aucune explication, se contentant de hausser des sourcils impérieux face aux traits confus Royce qui avait finalement baisser la tête et silencieusement changer de place. Ronan Parkinson s'était empressé de suivre son meilleur ami mais Eva n'avait pas manqué de remarquer la crispation du sourire du brun à lunettes alors qu'il continuait d'écouter distraitement ce que lui chuchotait Emmeline à l'oreille.

Tu ne vois pas dans quel merdier tu t'embourbes Emmeline ? avait pensé Eva en suivant silencieusement des yeux son amie poser ses affaires entre Ronan Parkinson et Royce.


Elles ne s'étaient pas reparlées depuis leur dispute dans la chambre. Emmeline ne revenait plus dans le dortoir, elle ne s'asseyait plus à la table des Poufsouffles et il n'y avait qu'en cours de Botanique qu'elle était restée à côté d'Eva. Pourtant, elles n'avaient pas échangé un seul mot à part lorsque Chourave était venue leur demander comment elles allaient se repartir la tâche.


Royce s'était fait discret mais il n'avait pas eu besoin de lui dire quoi que ce soit pour qu'Eva sache que ses agissements à la tour des Gryffondor n'avaient pas été appréciés chez les puristes puisque d'autres personnes avaient pris la relève.

Après avoir vu cette expression de malaise sur le visage d'Ava Parkinson sur le terrain de Quidditch, Eva avait cru que celle-ci allait la laisser tranquille. Ça n'avait pas été le cas.

Quand elles s'étaient croisées dans les toilettes, la Serpentarde l'avait observé dans le reflet du miroir puis, avec un sourire moqueur, Ava Parkinson avait demandé à Eva si elle attendait que quelqu'un la rejoigne dans la cabine des toilettes. Charlotte avait hoqueté avec indignation derrière elle à ce sous-entendu avant de retirer 10 points à Serpentard. Eva, elle, avait lancé un regard noir à la seule fille de 7e année qui la concurrençait par sa taille puis elle avait sorti sa baguette pour que l'eau du robinet avec laquelle Ava Parkinson se lavait les mains lui éclabousse à la figure.

« Tu vas regretter ça, avait grondé Ava Parkinson, bien loin de paraître si amusée maintenant que ses faux cils qui devaient coûter une fortune pendouillaient tristement.

Si tu le dis, Marie-Antoinette, » avait répondu au tac au tac Eva et, bien que la Sang-Pur ne comprenne pas cette référence, Ava Parkinson était assez rancunière pour se rappeler de l'insulte que lui avait lancé Eva durant le bal d'Halloween.

Plus tard, après que Charlotte ait doucement sermonné Eva en lui disant qu'elle n'aurait pas dû faire ça et après qu'Ava Parkinson ait lâché sur elle ses cadettes de Serpentard déterminées à faire leur preuve auprès de leur Queen Bee, Eva s'était faite la réflexion que c'était la Eva d'Avant qui aurait répondu aussi insolemment.

Non, avant, Eva n'aurait même pas pensé être insolente, elle aurait juste eu la rage et aurait tout naturellement concocté avec Akash sa vengeance.

Peut-être que la scission entre la Eva d'avant le mois de mai et la Eva d'après le mois de mai n'était pas si claire.

Peut-être que je ne suis pas un cas si désespéré que ça, avait pensé Eva deux jours plus tard lorsque les laquais d'Ava Parkinson avaient tenté de l'enfermer dans une cabine des toilettes, la traitant de tous les noms.

« Sale succube » était ressorti plusieurs fois et ça avait été suffisant pour qu'Eva comprenne que toutes ces petites qu'Ava avait trouvé n'étaient que des jeunes Sang-Pur immatures mais désireuses de monter dans la hiérarchie. C'est pourquoi Eva n'avait pas hésité à déverrouiller la porte de la cabine et de lancer un Levicorpus aux six petites de Serpentard et de Serdaigle qui avaient piaillé avec apeurement lorsqu'elles s'étaient retrouvées suspendues à l'envers, la jupe relevée et la culotte à l'air.

Lorsqu'Eva était sortie des toilettes, elle avait croisé le regard de Karen Dunn. C'était si rare que la Serpentarde Née-Moldue de 7e année lève la tête qu'Eva s'était immobilisée, les cris aigus des jeunes élèves immobilisées dans les toilettes retentissant derrière son dos. Karen Dunn avait observé Eva comme si elle était une créature fascinante qu'elle voyait pour la première fois puis elle avait baissé les yeux et s'était engouffrée dans les toilettes. Eva s'était empressée de quitter les lieux.

Plus tard, lors du cours de Potions, Eva avait croisé Lizzie Lestrange dans la Réserve après qu'Oliver Avery lui ait ordonné d'aller chercher les ingrédients pendant qu'il allumait le feu sous leur chaudron.

« Tu n'es pas si minable que ça finalement pour une Poufsouffle, » lui avait dit Lizzie Lestrange avec un sourire mutin avant de la bousculer d'un coup d'épaule pour rejoindre Jeff à sa table de travail.

Mais plus tard, Lizzie n'avait rien fait ni rien dit lorsqu'Evan Rosier avait attrapé Eva par son poignet pour la retenir alors qu'une cohue se créait puisque Brûlopot venait de leur annoncer qu'il avait réussi à faire venir les licornes de la Forêt Interdite pour leur cours de Soins aux Créatures Magiques. Cette nouvelle avait excité tout le monde et fait presque oublier qu'ils étaient dehors en plein mois de novembre glacial.

Lizzie Lestrange était restée apathique alors qu'Eva levait les yeux vers Evan Rosier qui la surplombait, subitement assagie face à la douleur que lui procurait la poigne du Serpentard.

« Hé la pute, c'est pas parce que tu as réussi à battre des gamines aussi plates que des planches à pain que tu peux croire que tu vaux quelque chose. Compris ? » avait-il ajouté en enfonçant ses ongles dans la manche du manteau d'Eva.

Eva avait acquiescé, humiliée mais incapable de faire quoi que ce soit contre le Taureau qui avait failli se battre avec Howard en début de semaine après une insulte lancée à Meredith Ravencrest. Heureusement, Slughorn était arrivé juste au bon moment.

« Maintenant dégage et fais-toi discrète. J'ai pas envie qu'Ava vienne me casser les oreilles à ton sujet. J'ai d'autres choses à foutre que de penser à toi. »

Et avec un rictus agacé, Evan Rosier l'avait lâché. Lui et ses cernes sombres s'étaient détournés d'elle et Eva avait croisé le regard de Lizzie Lestrange. Sa peau de bébé était rouge à cause du froid mais il y avait quelque chose de brûlant dans les yeux sombres de la Serpentard. Or, Lizzie Lestrange n'avait rien dit et s'était contentée de partir rejoindre son fiancé lorsqu'Eva lui avait dit avec une colère honteuse :

« Alors, je suis redevenue une minable ? »


Non, Eva n'attendait plus rien des Serpentards. Elle avait abandonné l'idée d'espérer quoi que ce soit de l'entre d'entre eux. Il n'y avait que Nao et Edgar qui faisaient vaciller sa décision, discrets Serpentards de 1ère année mal-aimés qu'ils étaient. Pourtant, ce vendredi soir, Regulus Black parut vouloir la faire changer d'avis car il fut le premier Serpentard depuis bien longtemps à prendre sa défense :

« Il n'y a rien eu de la sorte, nia Regulus en réponse à la provocation de Royce à l'égard d'Eva. Nous ne faisions que discuter poliment. »

Royce arracha enfin son regard empli de mépris d'Eva pour lancer un regard hautain au 5e année. Eva eut l'impression qu'elle pouvait enfin respirer. Une boule de colère toujours à la gorge, elle tourna le dos à Royce –


Lui tourner le dos était l'un de ses pires cauchemars mais elle avait besoin de partir. Vite.


– et elle commença à fourrer ses affaires dans son sac. Mais, alors qu'elle bondissait hors de sa chaise, ses feuilles de parchemin menaçant de sortir de son sac qu'elle n'avait pas pris la peine de fermer, une main se saisit de son poignet.

La poitrine se mouvant avec rapidité à cause de sa respiration saccadée, Eva tenta de faire comprendre à Oliver Avery avec ses yeux de la lâcher. Mais le blond ne fit que lui sourire d'un air charmeur, ses boucles blondes lui tombant de manière attrayante sur son front.

« Lâche-moi ou j'hurle, le prévint-elle, levant le menton.

– Tu es bien courageuse ce soir, plaisanta Oliver. Ta conquête de Sirius Black t'a fait pousser des ailes comme au bal d'Halloween ? Tu sais, j'ai même été un peu jaloux en te voyant danser avec Evan. L'année dernière, c'était avec moi que tu avais dansé au bal, après tout.

Oliver, » grinça Eva, plus que consciente du fait que Royce l'observait à trois pas de là avec son nez plissé de mépris.

Justement, ce dernier prit la parole :

« Tu comptes vraiment hurler, Eva ? Je ne pensais pas que tu voudrais te mettre en spectacle d'une manière aussi vulgaire. »

Et Royce sortit sa baguette. De son autre main, il tenait lâchement son livre contre sa cuisse.

La vue de cette baguette d'un marron sombre fut suffisante pour rappeler à Eva ces nombreuses fois l'année précédente lorsqu'il l'avait plaquée contre une étagère de la bibliothèque et lui avait lancé des endoloris. Les premières fois, Royce n'avait pas pris la peine de lui jeter un silencio, préférant entendre les hurlements d'Eva emmitouflés par sa main. Ce n'était que lorsque Madame Pince avait été sur le point de le prendre en flagrant délit, les oreilles fines de la bibliothécaire remarquant les bruits étranges, que Royce avait pris la peine de la rendre muette.

« Mulciber…, dit Regulus Black d'un ton prudent et, si Eva avait pu détacher ses yeux de la baguette de Royce, elle aurait remarqué l'air agité du 5e année. Nous sommes en public. »

En effet, il y avait une autre table actuellement occupée par un mélange de jeunes filles de 5e année dans leur coin de la bibliothèque. Au sein de ce groupe se trouvait Emma Stark qui observait les Serpentards avec des yeux prudents. Si ça avait été Howard, il aurait déjà bondi à ses pieds pour menacer les Serpentards avec ses poings. Il y avait aussi Jocelyn Tucker, la Poursuiveuse de Gryffondor, et Eva soupçonnait la jeune fille de tenir sa baguette sous la table.

Eva ne connaissait pas le nom des autres filles mais comme le disait Regulus Black, il y avait un public et Eva trouvait ça très bizarre que Royce ne prenne pas ça en compte. Il avait été si discret ces derniers temps.

Derrière les étagères se trouvaient encore d'autres élèves qu'Eva pourrait entendre discuter tranquillement si elle tendait l'oreille.

« J'en suis conscient Regulus, répondit Royce, donnant l'impression qu'il aurait levé les yeux au ciel si ses manières de Sang-Pur coincé ne l'en empêchaient pas. C'est mon devoir de préfet de m'assurer que le règlement est respecté. »

Puis, se tournant avec un sourire mielleux en direction des 5e années qui observaient leur groupe avec des yeux ronds ou inquiets, Royce ajouta :

« Vous pouvez vous concentrer de nouveau sur vos travaux, mesdemoiselles. »

Jamais Eva n'avait eu le droit à ce sourire mielleux qu'il adressait la majeure partie du temps aux professeurs. Royce ne lui réservait que ses rictus les plus répugnés ou méprisants.

Profitant de leur inattention, Eva arracha son poignet de la prise étonnamment douce d'Oliver Avery et s'empressa de reculer jusqu'à ce que son dos se cogne contre l'étagère de livres.

Eva n'osa pas s'éloigner davantage. Royce avait sorti sa baguette et elle savait que dès qu'elle lui tournerait le dos, il lui lancerait un maléfice pour la corriger.

De manière assez comique, Oliver baissa les yeux vers sa main vide puis lui adressa un regard boudeur, poussant le vice en contorsionnant son visage en une expression peinée. Eva avait le sentiment qu'il l'avait consciemment laissé s'échapper.

« Regardez-moi ça, la Poufsouffle est plus intelligente qu'elle n'en a l'air, plaisanta Oliver Avery en se passant une main dans ses boucles dorées. Elle a réussi à s'échapper.

– Tu l'as fait exprès Oliver. Ne nous prends pas pour des idiots, le rabroua Royce avec un soupir exaspéré. Tu as toujours été trop clément avec nos inférieurs.

Mulciber, » dit de nouveau Regulus Black, apparemment le seul Serpentard à se soucier du public qu'ils avaient.

Une Gryffondor blonde venait de poser sa main sur celle de Jocelyn Tucker. Elle secoua lentement la tête de droite à gauche comme pour dire à son amie de ne pas s'en mêler. Emma Stark, elle, observait Eva qui fusillait du regard Royce Mulciber, plaquée contre l'étagère.

Emma Stark sembla hésiter.

« Ça se voit que tu n'es qu'un débutant Regulus, dit Royce alors que derrière son dos Emma Stark se levait lentement de sa chaise. Il n'accepte pas des mollassons dans ses rangs, tu sais.

– Je ne suis pas –, commença Regulus Black avec indignation mais Royce le coupa :

– Je n'en ai rien à faire de tes jérémiades. Pour un héritier de la Maison Black, tu me sembles bien enfantin.

– Voyons Royce, intervint Oliver alors que Regulus Black semblait sur le point de lancer une remarque particulièrement mordante au préfet à en juger par son regard noir. Tu es un peu dur. Regulus a fait du très bon travail jusqu'ici.

– C'est vrai, concéda Royce et il adressa un regard pensif au 5e année qui, la mâchoire crispée, le fusillait du regard. J'ai peut-être été trop hâtif. »

Puis, de manière tout à fait naturelle, Royce se tourna légèrement et pointa sa baguette vers le groupe de jeunes filles dont certaines avaient décidé de faire semblant de travailler pour cacher le fait qu'elles les écoutaient attentivement :

« Oubliettes. »

Un hoquet de stupeur s'échappa de la bouche d'Eva. Le seul à être tout aussi choqué qu'elle fut Regulus Black qui observa avec des yeux ronds ses camarades de classe s'écrouler sur leur table de travail tandis qu'Emma Stark, elle, s'effondrait par terre. Oliver Avery, lui, ne fit que hausser ses sourcils avec une surprise contenue.

« Pourquoi est-ce que tu as fait ça ? s'interloqua Regulus Black, les yeux toujours écarquillés.

– Elles ont entendu plus qu'elles n'auraient dû, lui répondit Royce d'un ton badin, arquant un sourcil comme si la question de son cadet de Serpentard était stupide. Il faut savoir ne jamais laisser de traces derrière soi. C'est ce que j'ai fait avec Eva, ajouta-t-il et il posa ses yeux vides sur Eva qui était collée à l'étagère, son sac plaqué contre son ventre comme s'il pourrait la protéger.

– Tu ne peux pas, le prévint Eva en relevant son menton, les yeux brûlants et peinant à ne pas laisser la panique prendre le dessus sur la colère. Pas ici. Tout le monde saurait.

– Qu'est-ce qui m'empêche de réserver le même traitement aux autres ? lui rétorqua Royce, semblant s'ennuyer profondément. Ils ne sauraient même pas ce qu'ils perdraient. Contrairement à toi, je sais lancer des sortilèges informulés. »

Il était fou. Il était … C'était un vrai sociopathe.

« Ne nous embarquons pas dans des missions absurdes, Royce, intervint Oliver Avery et, malgré son sourire détendu, Eva avait l'impression que même lui était désarçonné face à la désinvolture de Royce. Madame Pomfrey n'est pas assez bête pour ne pas remarquer le nombre important d'élèves qui se plaindraient de maux de tête. »

Royce parut réfléchir quelques secondes puis il sembla voir raison. Sa baguette s'abaissa et il la tapota contre sa cuisse.

« C'est vrai. J'en ai déjà assez d'avoir Slughorn sur le dos.

– Et puis, les sortilèges de manipulation de la mémoire peuvent avoir des effets néfastes sur les victimes. Il vaut mieux ne pas jouer avec le feu, » ajouta Oliver en jetant un coup d'œil aux têtes assoupies des jeunes filles de 5e année.

Mais Royce ne l'écoutait plus. Son regard venait de se poser à la droite d'Eva.

« Charlotte Tronsky. Quelle agréable surprise, » dit-il platement.

Épouvantée, Eva tourna la tête et, en effet, c'était Charlotte qui venait d'apparaître. Sa meilleure amie blonde paraissait elle aussi horrifiée de constater qui était apparu pendant son absence. Eva la vit serrer entre ses poings sa jupe. Son geste ne put cacher le tremblement de ses mains.

« Une Sang-de-Bourbe comme toi n'a toujours pas reçu de lettre d'expulsion ? Je devrais orchestrer une situation embarrassante pour que Dumbledore n'ait d'autre choix que de te faire retourner parmi les tiens. »

La colère revint. Plus forte que jamais.

« Non ! s'exclama furieusement Eva et même face au regard inexpressif de Royce elle ne se démonta pas. Non, je t'interdis de la toucher.

Ne me donne pas d'ordre, » siffla Royce.

La revoilà sa fureur. Eva trouvait étrange que Royce ait pris si longtemps avant de perdre le contrôle. Mais savoir qu'il menaçait Charlotte la mettait hors d'elle.

« Ne la menace pas alors ! » s'exclama Eva et ce ne fut pas étonnant que la seconde suivante sa tête se cogna contre le bois du rebord de l'étagère.

Avec un hoquet de douleur, Eva faillit suivre l'exemple d'Emma Stark et s'écrouler par terre.

Elle se rattrapa à un livre. Elle resta comme ça quelques instants, haletante alors que des points noirs apparaissaient dans sa vision, les genoux fléchis et s'agrippant aux livres de l'étagère.

« Royce, tu étais vraiment obligé ? entendit-elle Oliver Avery s'exaspérer.

– Tu crois que je vais laisser me parler comme ça ? argua en retour Royce. Et qu'est-ce que tu crois faire Regulus ? » ajouta-t-il furieusement alors que le 5e année apparaissait dans le champ de vision d'Eva.

Ses sourcils étaient froncés et, si Eva ne se méprenait pas, les yeux gris du Serpentard paraissaient furieux. Il rappelait à Eva Sirius lorsqu'il avait découvert les marques sur son cou avant d'ordonner à Lizzie Lestrange d'avouer la vérité.

Regulus tendit sa main vers le visage d'Eva.

Eva gifla sa main par réflexe, plissant les yeux pour tenter de se concentrer.

L'arrière de son crâne pulsait douloureusement.

« Je m'assure que tes bêtises n'auront pas de répercussions sur ma scolarité, dit froidement Regulus en reprenant sa main, la réaction d'Eva le laissant stoïque.

– Tu n'aurais pas dû dire ça, » soupira Oliver Avery avec lassitude.

Mais Regulus Black ne semblait guère se soucier de l'opinion de ses aînés. Debout, il continuait de fixer Eva qui papillonnait des yeux pour tenter de chasser les points noirs de sa vue.

« Tu peux te remettre debout ? lui demanda Regulus Black d'un ton abrupt mais Eva était beaucoup trop déstabilisée pour se plaindre de ses manières.

Oui, » expira-t-elle hargneusement avec une grimace.

S'agrippant contre l'étagère derrière elle, Eva se remit tant bien que mal sur ses pieds, plaquant toujours son sac contre son ventre.

Lorsqu'elle tourna la tête, sa vue prit quelques secondes à s'éclaircir mais elle vit finalement Charlotte, figée au même endroit, ses doigts froissaient toujours le tissu de sa jupe noire et jaune.

« Tu commences réellement à m'agacer Regulus, » claqua sombrement Royce.

Eva n'eut pas la force de le regarder bien qu'elle sache qu'elle ferait mieux de le faire si elle ne voulait pas être surprise par un nouveau maléfice.

« Je croyais que nous avions un plan, » rétorqua Regulus, semblant être pris d'une fureur glaciale qui était une spécialité Sang-Pur.

Elle devait partir. Elle ne souhaitait pas être présente pour une dispute interne aux Serpentards. Sauf que, lorsqu'elle avança d'un pas, Eva fut prise d'un vertige et elle dut se rattraper au rebord de l'étagère.

« La Poufsouffle fait partie de mon plan, répondait au même instant Royce d'une voix sombre.

– Eh bien je crois qu'il faudrait que tu revois tes priorités, claqua sèchement l'Attrapeur de Serpentard.

– Oulah Regulus, intervint Oliver avec prudence. Ne t'aventure pas sur ce terrain glissant.

– Quoi ? cracha Regulus Black alors qu'Eva atteignait sa meilleure amie après s'être obstinément aidée de l'étagère. Les petites lubies de Mulciber passent avant ses ordres maintenant ?

– Ne parle pas de ça ici, » le rabroua Royce à demi voix.

Eva le sentit lorsque Royce se tourna dans sa direction. Son regard était comme un poids qui lui obstruait la poitrine. Sa poitrine la brûlait. Pomfrey lui aurait dit que ce n'était qu'une douleur fantôme mais Eva était sûre et certaine que Royce avait laissé une partie de lui lorsqu'il lui avait brûlé la peau à l'aide de la magie noire.

Paniquant sous l'intensité oppressante de Royce, Eva tira avec plus d'insistance sur le bras de Charlotte qui restait figée, ses yeux grands ouverts et ses mains secouées de tremblement.

« Déguerpissez d'ici les Poufsouffles. Je ne veux plus vous voir. Ça vaut pour toi aussi Charlotte Tronsky, ajouta Royce alors que son reflet se lisait dans les yeux de Charlotte. Prends tes affaires et pars. »

Finalement, comme si elle n'attendait qu'un ordre de sa part, Charlotte se mut enfin. D'une main tremblante, elle agita sa baguette et ses affaires se rangèrent dans son sac avant que ce dernier ne lévite jusqu'à elle.

« Décidément, les Sang-de-Bourbe sont incapables de faire quoi que ce soit par eux-mêmes, » se moqua Royce et Eva ne demanda pas son reste, s'enfuyant en tirant Charlotte derrière elle.

Elles se faufilèrent entre les rangées d'étagères, Eva clignant outrageusement des yeux pour y chasser les points noirs et Charlotte trébuchant après elle en peinant à suivre son rythme malgré les doigts d'Eva encerclant douloureusement son avant-bras. À un moment donné, Eva croisa les yeux bleus électriques d'une Serdaigle qui lui avait proposé son aide il y a quinze minutes de ça.

Eva détourna son regard et tira Charlotte derrière elle.

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Musique : Throne – Saint Mesa


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« J'ai quelque chose à te dire, Emmeline, » annonça Eva, consciente de Charlotte qui se cachait derrière son dos.

Non Eva, ne fais pas ça ! Eva, je te dis de ne pas faire ça ! Tu as perdu la tête ? lui avait furieusement chuchoté Charlotte lorsqu'elle avait compris où est-ce qu'Eva l'amenait après qu'elles eurent traversé les portes de la Grande Salle sans s'arrêter à la table des blaireaux.

Il était 19h passée. La Grande Salle était pleine à craquer à cette heure de pointe. Eva n'avait pas ralenti son allure depuis qu'elles avaient quitté la bibliothèque. Tout du long, elle avait tiré Charlotte derrière elle, ayant la peur irrationnelle que la blonde resterait encore une fois tétanisée et que, cette fois-ci, Royce n'hésiterait pas à s'en prendre à elle sans qu'Eva ne puisse intervenir. Si concentrée était-elle qu'elle n'avait pas remarqué James aux pieds des escaliers de la Grande Salle en train de discuter avec Isis Amatt.

Eva avait balancé son sac de cours au pied de la table de Poufsouffle mais elle n'avait pas lâché Charlotte. Cette même Charlotte qui tirait actuellement son bras en arrière d'un coup sec pour la faire lâcher prise.

Mais Eva ne lâcha rien tandis qu'une nuée de Serpentards se tournaient pour les dévisager alors qu'Eva s'arrêtait derrière le dos d'Ava Parkinson au milieu de la table de Serpentard.

Eva avait quelque chose à dire à Emmeline qui lui avait hurlé il y a une semaine qu'elle était déjà l'une des leurs puisqu'elle était une Sang-Pur. Si Emmeline était réellement une des leurs alors Eva devait s'assurer que son amie qui avait été celle qui lui avait offert le vernis jaune et les boucles d'oreilles qu'elle portait actuellement comprenait entièrement ce que ça voulait dire.

L'arrière du crâne d'Eva pulsait douloureusement et sa vision était quelque peu trouble. Pourtant, une colère sourde l'animait.

Le menton bien haut et les yeux lançant des éclairs, Eva toisa Emmeline qui, de l'autre côté de la table de Serpentard, levait ses yeux verts dans sa direction, paraissant choquée de la voir de ce côté de la Grande Salle.

À côté d'Emmeline se trouvait Ronan Parkinson, son petit ami, qui observait Eva avec prudence.

Eva ne lui accorda aucun regard.

Ronan Parkinson était un lâche, un lâche qui était meilleur ami avec Royce Mulciber et qui s'était permis de lui voler Emmeline.

« Si tu t'obstines à traîner avec eux alors il faut que tu saches la vérité. »

Eva vit du coin de l'œil le visage de Ronan Parkinson prendre une tournure appréhensive.

« Quelqu'un que ton tendre Ronan connaît très bien vient de traiter Charlotte de Sang-de-Bourbe. »

Si possible, les yeux verts d'Emmeline s'agrandirent davantage alors qu'un silence de mort s'abattait sur la table de Salazar Serpentard. Eva ne serait pas étonnée que même ceux assis à l'autre extrémité de la table l'observent.

Eva ignora l'exclamation méprisante qu'Ava Parkinson venait de lâcher en-dessous d'elle.

« Il l'a aussi menacé de lui tendre un piège pour qu'elle soit expulsée du château. »

Emmeline était épouvantée, Eva pouvait le lire dans ses yeux qui avait toujours été trop expressifs pour une Sang-Pur.

« C'est avec ce genre de personnes que tu vas passer le reste de ta vie, Emmeline. »

Eva n'en avait plus rien à foutre de la modestie d'Emmeline. Elle n'en avait plus rien à foutre du fait que les disputes relevaient du domaine privé et que ce n'était pas avec une audience qu'on réglait ses différents.

Elle n'en avait rien à foutre car quoi qu'elle fasse elle était vouée à subir la haine de Royce Mulciber.

« Tes parents ne t'ont jamais appris ce que voulait dire la discrétion ? l'interrompit doucement la deuxième personne derrière laquelle Eva se tenait.

– Je n'ai pas de parents, claqua violemment Eva en ne daignant porter de l'attention à Lizzie Lestrange qu'une seule seconde avant de se concentrer de nouveau sur Emmeline qui s'essuyait le brin de peau sous ses yeux, le visage effondré. Tu veux peut-être faire partie des leurs Emmeline mais ils sont pourris jusqu'à la moelle. Même leur sang soi-disant pur est infecté.

– Eva, je ne pense pas que – »

Eva haussa la voix pour se faire entendre par-dessus la voix douce de Ronan Parkinson. Le Serpentard à lunettes avait posé sa main sur le bras d'Emmeline alors que celle-ci fondait en larmes :

« Si Charlotte n'obtient pas son diplôme à la fin de l'année ce sera de leur faute, Emmeline. »

Impitoyable alors qu'Emmeline se cachait le visage dans ses mains, Eva ajouta :

« Et de la tienne. Ce sera de ta faute aussi puisque tu les auras laissé faire.

Assez, » intervint une voix glaciale et Eva tourna ses yeux brillants vers Amélia Avery qui était assise de l'autre côté d'Emmeline.

Ronan Parkinson avait tiré vers lui sa petite amie pour qu'elle puisse se cacher contre son torse.

« C'est assez, Miss Brown, répéta la préfète-en-chef. Retournez à votre table.

– Elle avait besoin de l'entendre, s'obstina Eva en levant bien haut le menton, clignant des yeux pour contrôler ses émotions alors qu'elle entendait Emmeline sangloter.

– Vous avez été très clair dans vos propos, lui dit Amélia Avery, sa froideur atteignant un nouveau record alors que ses yeux bleus se plissaient en direction d'Eva qui la toisait du regard, Charlotte toujours cachée derrière elle. Maintenant partez, vous avez fait suffisamment de dégât.

– Tu n'es pas innocente non plus Amélia. »

Les yeux de la préfète-en-chef se plissèrent et Eva se redressa pour y faire face, plus que consciente des murmures scandalisés en réaction à son usage du prénom de l'héritière Avery. La plus vocale était Ava Parkinson qui avait sifflé : « Elle ose ? ».

« C'est toi qui les couvres. C'est à cause de toi que – »

Eva s'arrêta, son « c'est à cause de toi qu'ils s'en prennent de nouveau à moi » lui restant coincé dans sa gorge. Elle serra les dents, un élan de douleur dont la source était sa cicatrice lui parcourant la poitrine.

« C'est à cause d'elle que quoi, Brown ? » gronda sombrement une voix grave et Eva s'aperçut enfin de la présence d'Evan Rosier qui était entouré d'un groupe de 6e année à table – Rogue, Yaxley, Rockwood, ils l'observaient tous avec attention.

À chaque fois qu'elle le voyait, c'était comme si ses cernes s'étaient davantage gravées sur son visage. Mais la fatigue apparente de Rosier n'enleva rien à l'intensité de son regard.

Eva déglutit.

C'est face à la colère noire et violente du Taureau qu'Eva éprouva enfin une pointe de regret.

Heureusement pour elle, il était assis du côté opposé de la table.

« Allez, termine ce que tu voulais dire, la Poufsouffle, la provoqua Evan Rosier et il se leva en un bond, sa main serrée autour de son couteau.

– Tu ne peux rien me faire ici, Evan. »

Les narines d'Evan frémirent. L'usage de son prénom parut donner envie au Taureau de lancer le couteau qui aurait pu se plier en deux vu la blancheur de sa main.

« Ne fais pas l'insolente. Eva, » cracha-t-il.

Eva sentit Charlotte poser son front contre son dos alors qu'elle tentait désespérément de libérer son bras.

« Partons, Eva. S'il te plaît, lui chuchotait fébrilement Charlotte.

– Tu ne peux rien me faire parce qu'ils sont là, » s'entêta Eva et, le menton relevé, elle pointa du doigt l'extrémité de la Grande Salle.

Eva ressentit une pointe de satisfaction lorsque tous les Serpentards tournèrent la tête pour voir ce qu'elle désignait : la table des professeurs.

À cette vue, Evan Rosier parut davantage furieux si possible et, lorsqu'il se concentra de nouveau sur Eva, ses yeux sombres lui promirent de la faire saigner.

« Sale pute, » l'insulta-t-il, ne la quittant pas un instant des yeux.

Eva se revoyait par terre, Evan Rosier au-dessus d'elle. Elle entendait l'écho de son rire alors qu'elle le regardait avec des yeux exorbités lui plier en arrière un nouveau doigt. Or, contrairement à la dernière fois où elle avait succombé à une crise de panique face à ce souvenir refoulé, elle se sentait mue d'une émotion brûlante.


Elle l'emmerdait. ELLE L'EMMERDAIT !


Alors que le Serpentard et la Poufsouffle se perdaient dans un duel de regard, Lizzie Lestrange rabroua son fiancé entre ses dents, prenant garde de ne pas hausser la voix :

« Evan, arrête, » dit Lizzie Lestrange en tentant d'assagir son fiancé rien qu'avec la force de son regard, incapable de faire quoi que ce soit de plus, assise de l'autre côté de la table qu'elle était.

Mais Evan Rosier ne lui apporta aucune attention, fusillant du regard la Poufsouffle qui se tenait debout derrière sa fiancée :

« Calme-toi, ajouta froidement Amélia Avery une seconde plus tard en tirant sur le bras d'Evan Rosier pour le sommer de se rasseoir à sa place à côté d'elle.

– Je te le ferai regretter. Toi et ta copine derrière, » lui promit sombrement Rosier et Eva pouvait voir dans ses yeux qu'il le pensait vraiment.

Derrière elle, Charlotte venait de laisser échapper un couinement apeuré mais Eva ne se laissa pas dégonfler malgré le nœud de peur dans son ventre. Elle rendit son regard au Serpentard et tenta de lui faire comprendre que sa meilleure amie était hors limite. Eva avait beau l'avoir laissé la piétiner –


Ses mains. Il avait écrasé sous son pied ses doigts tordus.


– elle refusait qu'il touche sa meilleure amie.

Evan Rosier devrait lui passer sur le corps pour ça.

« Tu ne feras rien du genre, gronda une voix grave et Eva fut choquée de voir Amos dont l'épaule venait de se cogner contre le sien alors qu'il s'arrêtait à ses côtés.

– Ou alors tu viendras faire la connaissance de mes poings, ajouta Howard en apparaissant de l'autre côté d'Eva.

– Ou de ma baguette, ajouta plus légèrement la voix reconnaissable d'Akash qui se planta à côté d'Amos. Allez Jeff, dis un truc cool toi aussi, » ajouta-t-il en direction de Jeff qui était resté derrière Howard.

Jeff fit la grimace, se passant une main nerveuse dans ses cheveux.

Il y a encore trois semaines de ça, Emmeline aurait soupiré amoureusement à la vue de ce geste mais, à l'instant présent, elle avait le visage caché dans le torse de Ronan Parkinson qui semblait, lui, horriblement mal à l'aise.

« Je ne pense pas que ce soit le moment Akash, grimaça Jeff.

– T'es pas drôle, ronchonna Akash comme s'il ne remarquait pas le nombre important de Serpentards qui le fusillaient du regard.

– Bande de merdeux, cracha Evan Rosier et la tension remonta d'un cran. Vous croyez que vous me faites peur ?

– Allez viens, je te ferai aller pleurer dans les jupons de ta mère, le provoqua Howard avec un sourire carnassier, se craquant les jointures des mains.

Howard, le prévint Jeff d'un ton prudent mais Howard se défit de la prise de son ami avec un grognement impatient.

– Fais pas chier Jeff, grinça Howard entre ses dents en ne cessant pas un instant son duel de regard avec Evan Rosier.

Sale Sang-de-Bourbe, » cracha finalement Evan Rosier et ce seul mot suffit à tendre tous les Poufsouffles présents.

Furibond, Howard s'avança d'un pas. Eva glissa sa baguette dans sa main d'un mouvement de poignet pour actionner son étui alors qu'Amos se glissait devant elle, lui cachant la vue d'Ava Parkinson qui les observait avec des yeux ronds et Lizzie Lestrange qui restait cloîtrée dans son silence, les sourcils froncés et semblant réfléchir furieusement alors que son petit ami laissait libre court à sa soif de sang.

Mais la confrontation prit fin avec l'apparition d'une barrière invisible contre laquelle Howard rebondit. Furibond, le batteur de Poufsouffle chercha du regard qui était le coupable et tomba nez à nez avec Slughorn qui s'avançait avec sa démarche déséquilibrée causée par son embonpoint.

« Qu'est-ce qu'il se passe ici ? » s'exclama Slughorn en s'arrêtant à leur hauteur.

Les yeux du Chef de Maison de Serpentard glissèrent de Howard qui lui montrait les dents, de Jeff qui se dérobait à son regard en se dandinant sur ses pieds, d'Amos qui lui rendait son regard avec la mâchoire carrée d'obstination, d'Akash qui lui offrit un sourire désolé, à Charlotte qui cachait son visage dans le dos de son amie pour finalement s'arrêter sur Eva dont les yeux brillant le mettaient au défi de détourner son regard.

Avec un raclement de gorge, Slughorn détourna les yeux et son regard se posa sur Evan Rosier qui était toujours debout, une main sur sa baguette qu'il venait de sortir de sa poche de pantalon.

« Evan, rangez donc votre baguette. Nous sommes à table voyons. »

Espèce de lâche, pensa rageusement Eva en profitant du fait qu'Amos soit planté devant elle pour s'essuyer les yeux avec son poignet, tenant toujours dans sa main sa baguette.

« Maintenant est-ce que tout le monde pourrait retourner à sa table ? C'est le week-end, c'est le moment de se détendre. »

Détendre ? Il voulait qu'ils se détendent ?!

Eva se retint de pester à voix haute contre le professeur de Potions. Elle savait qu'il ne faisait que son travail, qu'il tentait de lisser les tensions pour s'assurer que le délicat équilibre de Poudlard perdure mais elle était toujours énervée et la colère la faisait oublier toute raison.

« Allez, retournez à vos places, ordonna Slughorn en direction de leur groupe de Poufsouffles. Et Evan, rangez votre baguette, je ne vous le dirai pas une troisième fois. »

– Allez viens Eva, » lui souffla Amos et il posa sa main sur son épaule pour la faire tourner.

De manière tout à fait naturelle, Amos s'assura que Charlotte cesse de s'accrocher au dos d'Eva pour la coincer entre Eva et lui. Akash apparut de l'autre côté d'Eva et elle entendit derrière elle Jeff réussir à convaincre Howard de laisser tomber.

Sans un mot, Eva suivit Amos et elle n'émit pas la moindre protestation lorsqu'il lui fit signe de s'asseoir aux places les plus proches de la table des professeurs. C'était le coin de la table auquel les 1ères années étaient relégués en temps habituel.

Ce fut sans doute à cause de la proximité avec les professeurs qu'Amos n'hésita pas à la faire s'asseoir du côté du banc tournant le dos à la table des Serpentards. Si proche des professeurs, les Serpentards n'oseraient pas s'en prendre à elle.

Eva croisa le regard de Hagrid le garde-chasse avant de s'asseoir. Akash s'assit à sa gauche, Charlotte à sa droite. C'était dire l'état de Charlotte car elle ne dit rien lorsqu'Amos s'assit à côté d'elle. Howard et Jeff ne tardèrent pas à s'asseoir en face d'eux. Howard n'avait toujours pas décoléré.

« Qu'est-ce qu'ils ont fait ? » demanda Amos avec un sérieux qui ne lui ressemblait pas.

Eva ne leva pas les yeux de son assiette :

« J'avais quelque chose à dire à Emmeline.

– Et tu ne pouvais pas le lui dire sans que toute la table de Serpentard ne soit présente ? plaisanta Akash en lui donnant un coup de coude.

– Elle n'est pas revenue dans le dortoir depuis mercredi dernier. »

Akash siffla d'un air impressionné :

« Dis donc, notre Emmeline se dévergonde.

– Ta gueule Akash, c'est pas drôle, cracha Howard mais Akash ne fit que lever les yeux au ciel face à l'intensité du regard du batteur.

– Pas besoin de m'engueuler Howard. Je suis pas celui qui paraissait prêt à t'ouvrir la gorge avec son couteau. »

Le ton badin d'Akash parut encore plus énerver Howard qui ne tarda pas à lui lancer une remarque cinglante, ne semblant guère se préoccuper des possibles répercussions alors que les professeurs n'auraient qu'à tendre l'oreille pour les entendre. Au même instant, Eva entendit Amos s'adresser discrètement à Charlotte qui n'avait pas levé les yeux de ses mains, entremêlées sur ses genoux.

Elle tremblait encore.

« Ça va ? lui chuchota-t-il.

Non, » hoqueta Charlotte et Eva se sentit comme une sous-merde lorsqu'elle entendit Charlotte fondre en larmes à côté d'elle.

Honteuse, elle se tourna légèrement vers sa meilleure qui, la tête baissée, s'était pris la tête dans les mains comme Emmeline. Eva croisa le regard d'Amos qui paraissait lui aussi préoccupé par l'état de la blonde.

Je suis désolée, lui dit Eva du bout des lèvres par-dessus le corps affaissé de Charlotte.

Qu'est-ce que t'as fait ? sembla lui demander Amos en retour.

Avec une grimace, Eva se détourna de lui pour attraper sa serviette et la déposer sur les genoux de Charlotte. Avec un « merci » étranglé, Charlotte prit le tissu et se moucha.

Oui, qu'est-ce qu'elle avait fait ?

.


.

« Allez Eva, bouge-toi. On ne va pas rester jusqu'à ce que les elfes de maison ramassent les assiettes, » lui dit Amos, déjà debout et ayant tiré Charlotte à sa suite.

Akash, Howard et Jeff était déjà plus loin, occupés à discuter de Quidditch pour changer. Eva était la seule encore sur le banc.

« Une seconde Amos, » lui répondit-elle faiblement, posant sa main sur son œil alors qu'un mal de tête lancinant lui prenait la tempe.

Déjà pendant le repas, Amos avait été étrangement attentif. Il s'était assuré que Charlotte mange après que ses larmes se soient assagies. Dès qu'elle s'était mise à fixer le vide, Amos lui avait secoué le bras. Au bout de la troisième fois, Charlotte lui avait hargneusement ordonné de la laisser tranquille mais Amos tout comme Eva avaient été soulagés de la voir adopter une attitude si revêche.

Eva aurait dû être celle qui s'occupait de Charlotte. Pas Amos, pas son ex qui l'avait traité de manière si ambiguë depuis leur rupture. Mais, après sa confrontation avec les Serpentards, Eva se sentait vide. Elle était prise de vertige dès qu'elle amorçait un mouvement trop rapidement. Lorsqu'Akash lui avait donné un coup de coude pour qu'elle réagisse à sa blague sur un troll, un elfe et une sirène qui rentraient dans un bar, elle avait dû s'accrocher à la table pour ne pas s'effondrer sur Charlotte à côté d'elle.

Elle savait qu'il y avait une bosse à l'arrière de son crâne mais, quand elle avait enfoncé ses doigts dans ses cheveux tressés, aucune trace de sang n'était apparue sur ses doigts.

Sous les yeux attentifs d'Amos qui leva un bref instant les yeux au ciel alors que Charlotte tentait de le faire lâcher prise avec des grommellements mécontents, Eva posa sa main sur la table avant d'enjamber le banc.

La voix de leur Cheffe de Maison figea son mouvement :

« Eva. Ne pars pas. J'ai quelques mots à te dire. »

Eva aurait dû savoir que sa Cheffe de Maison n'allait pas tarder à venir lui demander des explications. Chourave avait toutefois attendu qu'elle termine tant bien que mal son assiette, luttant contre la nausée induite par l'arrière de son crâne qui pulsait toujours.

Derrière Chourave se tenait McGonagall qui se pinçait les lèvres d'un air mécontent en fixant Eva derrière le verre de ses lunettes.

« Diggory, je ne crois pas que vous vous appeliez Eva, » dit platement McGonagall en tournant son air pincé vers le capitaine de Quidditch qui fixait les deux professeurs avec des sourcils froncés comme s'il était celui à qui Chourave s'était adressée.

Charlotte avait cessé d'essayer de retirer un à un les doigts d'Amos de son poignet et fixait maintenant les deux Cheffes de Maison avec ses yeux toujours rouges après sa crise de larmes.

« Ma mère a hésité à m'appeler Eva, » répondit Amos en ne perdant pas son air sérieux malgré sa plaisanterie.

McGonagall parut se retenir difficilement de ne pas lever les yeux au ciel.

« Je n'en doute pas une seconde, Mister Diggory. Maintenant, si vous pouviez nous laisser avant que vous ne vous attribuiez tous les prénoms du château, je vous en serais reconnaissante.

– Pas possible, professeur. J'ai la tutelle d'Eva, je n'ai légalement pas le droit de la quitter des yeux.

Amos, siffla tout bas Charlotte en jetant un regard d'avertissement à son ex mais Amos ne baissa pas les yeux vers elle, se contenant de fixer sa professeure de Métamorphose qui semblait de plus en plus blasée.

– Amos, soupira finalement Chourave qui était auparavant occupée à fixer avec des yeux inquiets Eva qui suivait l'échange avec peine, ne se doutant pas que ses yeux étaient plissés à cause de la douleur de son mal de tête. Ne fais pas le difficile, j'ai juste besoin de discuter en tête à tête avec Eva.

– Dans la Grande Salle ? » s'étonna Amos, levant les sourcils, circonspect.

McGonagall laissa échapper un soupir agacé alors que Chourave s'agitait :

« Eh bien, pas exactement. Je voulais qu'Eva nous suive pour pouvoir discuter plus tranquillement. Sans que les oreilles d'Andrew ne s'attardent, ajouta Chourave et Andrew Abbot de 1ère année qu'Eva n'avait même pas remarqué être assis à côté rentra la tête dans ses épaules pour cacher son rougissement violent alors que ses camarades de 1ère année gloussaient.

– Vous avez dit à Eva de ne pas partir pourtant, fit remarquer Amos et Chourave parut encore plus être prise au dépourvue.

– C'est – c'est vrai, admit-elle. Je me suis mal exprimée. Ce que je vou– »

McGonagall coupa Chourave qui s'apprêtait sans doute à s'embourber dans un monologue :

« Diggory, arrêtez de jouer sur les mots. Retournez dans votre Salle Commune avec Miss Tronsky. Nous vous ramènerons Miss Brown saine et sauve, ajouta-t-elle sèchement.

– Mais je n'ai –

Partez Diggory, le coupa McGonagall, commençant clairement à perdre patience à cause de cette prise de tête ridicule.

– Mais –, recommença Amos, agacé lui aussi.

Dehors. »

Se pliant au regard d'avertissement de la vice-directrice, Amos se décida enfin à tourner les talons, tirant Charlotte derrière lui.

Eva croisa le regard de Charlotte lorsque sa meilleure amie lui jeta un regard par-dessus son épaule puis, le moment passa, et Charlotte se concentra de nouveau sur sa tâche qui consistait à faire lâcher prise à Amos qui faisait bien deux têtes de plus qu'elle.

« Miss Brown, levez-vous, voulez-vous ? » lui ordonna McGonagall et la vice-directrice commença de suite à s'éloigner, s'attendant à ce qu'on la suive.

Or, au bout de quelques secondes, Minerva n'entendit personne derrière elle. Agacée, elle se tourna et sa cape de sorcière vola derrière son dos. Elle vit Eva Brown se remettre lentement sur ses pieds, Pomona la surveillant deux pas plus loin avec un moue inquiète.

« Tu vas bien Eva ? » Minerva entendit Pomona demander à leur élève.

La 7e année semblait bien pâle sous la lumière des chandeliers de la Grande Salle.

« Oui, professeur, » répondit Eva Brown.

Minerva n'était pas née à la dernière pluie, elle reconnaissait ces traits crispés comme étant ceux d'une personne subissant une migraine.

« Tu es sûre ? insista Pomona alors qu'Eva Brown posait ses pieds à terre.

– Oui, » lui répondit de nouveau le plus succinctement possible la 7e année.

Presque inconsciemment, Eva Brown se dégagea de la main que Chourave avait levé vers elle.

« Si tu es sûre…, dit lentement Chourave alors que la blairelle la dépassait.

– Nous allons nous installer dans mon bureau, » dit Minerva une fois que la jeune fille brune se fut arrêtée à côté d'elle.

Son élève acquiesça légèrement, à la limite de l'impolitesse, mais McGonagall n'était pas d'humeur à la rabrouer. Ainsi, elles traversèrent toutes deux l'allée entre la table de Poufsouffle et de Serpentard, Pomona trottinant derrière.

À un moment donné, Minerva crut remarquer Eva Brown se tendre à côté d'elle mais, lorsqu'elle jeta un coup d'œil à la table de Serpentard, les adolescents paraissaient tous concentrés sur leur assiette. Même Evan Rosier semblait étrangement calme alors qu'Amélia Avery était penchée vers lui pour lui parler à voix basse.

Fronçant les sourcils, Minerva se concentra de nouveau sur ce qu'il y avait devant elle, réfléchissant à la scène que Horace avait interrompue plus tôt.

Minerva avait été à deux doigts d'intervenir par elle-même mais Albus avait levé sa main et elle s'était rassise, furieuse.

« A quoi jouez-vous Albus ? » avait sifflé Minerva alors qu'Eva Brown baissait son doigt qui avait été brandi dans leur direction, ne quittant pas des yeux Evan Rosier qui semblait encore sur le point de dépasser les bornes malgré les nombreux avertissements qu'ils lui avaient donné depuis la rentrée.

Minerva se rappelait encore de la crise de panique d'Eva Brown à l'entente de certains noms de Serpentard – dont celui d'Evan Rosier – sortant de la bouche d'Albus alors qu'il tentait de découvrir qui étaient les coupables de l'abominable spectacle sur lequel Rusard était tombé par hasard.

Elle se rappelait aussi de l'hystérie de la jeune fille –


Le nombre de fois qu'elle avait dû rappeler à l'ordre la Poufsouffle après qu'elle ait éclaté de rire en plein milieu d'une leçon.


– dans le bureau du directeur lorsque sa mère avait disparu dans la cheminée à peine cinq minutes après être arrivée.

Minerva se souvenait encore clairement de la froideur hautaine de Mary Brown lorsqu'elle avait toqué à la porte de leur appartement londonien d'un quartier malfamé il y a sept ans de cela.

Eva avait été celle qui lui avait ouvert la porte et la première chose qu'elle lui avait dit avait été : « Pourquoi vous avez un chapeau pointu ? Ils sont démodés, vous le savez ça ? ». Minerva avait calmement salué l'enfant à l'allure de garçon manqué – ses genoux écorchés et ses vêtements tachetés par des traces d'herbe lui révélaient que la petite brune était une enfant vibrante d'énergie – puis elle lui avait demandé si sa mère était là. Comme si cette phrase l'avait fait transplaner, Mary Brown était apparue à la porte et avait poussé en arrière sa fille, ne paraissant guère se soucier du jappement surpris de cette dernière que Minerva avait vu se rattraper de justesse.

Minerva avait été surprise par les traits élégants mais juvéniles de la mère de famille mais la froideur de cette dernière avait rapidement effacé cette pensée.

« Qu'est-ce que vous voulez ? » avait sifflé Mary Brown, les yeux plissés de suspicion, et le reste de leur brève entrevue ne s'était guère mieux passé avec la mère lui répondant insolemment à chaque fin de phrase et ses traits harmonieux la jaugeant avec mépris tandis qu'Eva les observait avec curiosité en arrière-plan.

En mai dernier, Minerva avait été furieuse de constater que la froideur de Mary Brown n'avait même pas craqué pour sa fille qui donnait l'impression d'être réduite à une coquille vide sur le siège du bureau d'Albus.

Les bandages enroulés autour de son torse dépassaient du col de sa chemise et les mains de la jeune fille avaient été camouflées par une nouvelle couche de bandages que Poppy avait été obligé d'utiliser alors que la Poufsouffle semblait déterminer à se creuser un trou dans sa poitrine à l'aide de ses ongles.

Tout à l'heure, Minerva avait eu en tête l'état pitoyable d'Eva Brown d'il y a quelques mois lorsqu'elle l'avait vu se confronter à Evan Rosier.

Minerva avait eu envie de brandir sa baguette mais Albus avait coupé court à ses ruminations :

« Laissez-la faire, Minerva » lui avait intimé Albus, ses yeux bleus assombris par ses pensées dont lui seul était le témoin observant avec attention les têtes brûlées de Poufsouffle apparaître pour jouer au coq avec Evan Rosier.

Puis, semblant sentir le regard noir de Minerva sur lui, Albus avait rajouté en un souffle :

« Elle semble avoir retrouvé sa voix. »

Mais Horace, lui, n'avait pas été assis aux côtés du directeur, il avait donc bondi à ses pieds dès qu'il avait vu la tête brûlée qu'était Howard Stark se rapprocher de la table de Serpentard.

Il ne fallait pas être un génie pour comprendre qu'Evan Rosier et Howard Stark étaient une mauvaise combinaison. Heureusement que Horace avait réagi si tôt sinon Minerva ne doutait pas qu'ils auraient dû interrompre un duel en plein milieu du repas.

C'était tout de même la deuxième fois qu'Evan Rosier et Howard Stark se confrontaient l'un à l'autre cette semaine. Minerva craignait que la prochaine fois ils ne puissent pas réagir à temps.

Pomona qui avait été assise de l'autre côté d'Albus avait semblé tout aussi réticente que Minerva à l'idée de ne pas intervenir. Elle n'avait cessé de taper la nappe de ses doigts et seule l'intervention d'Albus l'avait empêché de bondir à ses pieds pour aller assaillir de questions ses blaireaux de 7e année assis non loin d'eux lorsque Charlotte Tronsky avait fondu en larmes.

Lorsque leur trio peu conventionnel eut atteint le bas des escaliers du Hall, Minerva eut la mauvaise surprise de constater que ses Gryffondors de 6e année n'étaient toujours pas retournés dans leur tour bien qu'elle les ait vu terminés de manger il y a plus d'une demi-heure.

« Eva a fait des bêtises, professeure ? la héla bien sûr James Potter alors qu'il semblait pourtant en plein milieu d'une discussion avec Isis Amatt, adossé contre la rambarde de l'escalier.

– Préoccupez-vous plutôt de votre quota de retenues, Potter. Je ne crois pas que votre mère apprécierait de recevoir sa 4ème lettre depuis septembre.

– Fais gaffe Cornedrue, le professeur McGonagall t'a à l'œil ! »

Et bien que Potter semble occuper à s'amouracher d'Isis Amatt qui continuait de sourire d'un air ravi malgré l'interruption – oh Minerva n'était pas sûre qu'elle voulait d'un couple si bruyant dans sa salle de classe – ses éternels compères ne semblèrent pas voir cela comme une menace pour leur unité de groupe car ils n'étaient pas bien loin.

Minerva continua de monter les escaliers avec Eva Brown à sa droite et Pomona derrière elle. Elle ne tarda pas à arriver au niveau de Black, Lupin et Pettigrow qui étaient regroupés en haut des escaliers.

Minerva ne manqua pas de remarquer le bond soudain de Peter Pettigrow qui semblait s'être rendu compte de son arrivée grâce à l'exclamation de Sirius Black qui était tranquillement assis sur l'une des dernières marches, un coude posé sur la marche derrière lui et agitant avec nonchalance sa baguette.

Il était occupé à dessiner des formes avec sa baguette, semblant en compétition avec Lupin qui était assis deux marches en-dessous, le dos contre la rambarde.

Minerva préféra ignorer les étincelles de lumière qui commençaient à disparaître mais qui avaient eu une ressemblance troublante avec un membre génital masculin.

À la place, elle interpella Peter Pettigrow qui lui adressait un sourire coupable, se dandinant sur ses pieds :

« Pour la énième fois, cette rambarde n'est pas un toboggan, Pettigrow. »

Le sourire du blond prit une tournure plus penaude à l'amusement de Lupin qui cacha son esclaffement derrière son poing de manière très peu subtile.

Encore une fois, Minerva laissa passer. Elle savait qu'elle pourrait passer la soirée à les sermonner mais qu'ils ne feraient que renchérir plus elle tenterait de les canaliser. Rien qu'à voir le rictus amusé de Sirius Black elle savait qu'il n'allait pas tarder à faire un commentaire.

Et ça ne rata pas.

« Professeure, vous me semblez bien préoccupée. Tenez, un cadeau pour vous enjoliver votre fin de semaine. »

Avec un tournoiement de sa baguette, Sirius Black fit apparaître un bouquet de fleurs et Pomona poussa une exclamation ravie derrière elle. À l'aide d'un deuxième sortilège informulé, le bouquet lévita jusqu'à elle et Minerva n'eut d'autres choix que de le prendre.

Minerva se retint difficilement de ne pas lever les yeux au ciel alors que Sirius Black lui adressait le même sourire charmeur qu'il avait utilisé lorsqu'il l'avait supplié de décaler sa date de retenue il y a deux semaines de cela.

Minerva n'avait pas été assez naïve pour croire qu'il avait une raison valable. Elle savait que le jeune homme voulait simplement se débaucher durant sa soirée d'anniversaire.

Il avait encore une fois essayé d'utiliser la même technique cette semaine pour éviter d'être en retenue ce samedi. Malheureusement pour lui, Minerva n'était pas aussi manipulable que toutes ces jeunes filles qu'elle voyait se précipiter pour donner plumes et parchemins à Sirius Black qui avait pris l'agaçante habitude de venir en cours les mains dans les poches. Minerva avait parfois envie de secouer ces jeunes filles si intelligentes en temps normal mais si passives devant un charmant sourire. Elles ne s'insurgeaient même pas lorsque Sirius Black ne leur rendait jamais leurs affaires ! De plus, Minerva était d'humeur bien moins clémente envers Sirius Black depuis qu'il avait humilié Maggie Fletcher et Lyssa Baxter, deux Serdaigles que Minerva avait toujours trouvé très sérieuses.

Que c'était étrange de savoir que Sirius Black était désormais majeur. Il lui semblait tout aussi immature et plaisantin qu'à ses 11 ans.

Avec un soupir exaspéré, Minerva attrapa le bouquet qui ne manquerait pas de la poursuivre jusqu'à sa chambre sinon et le donna à Pomona qui ne tarda pas à attribuer cinq points à Gryffondor pour ces belles fleurs.

Mais alors que Pomona complimentait toujours la qualité des fleurs, McGonagall se rendit compte qu'Eva Brown avait perdu en vitesse dans les escaliers.

Du coin de l'œil, elle observa la Poufsouffle arriver lentement à sa hauteur. Elle vit celle-ci buter contre une marche.

McGonagall s'apprêtait à attraper le coude de la jeune fille pour l'empêcher de tomber mais Eva Brown abattit sa main sur la rambarde et se redressa par elle-même.

Minerva entendit son élève haleter et elle se demanda s'il ne faudrait pas qu'elles aient leur conversation à l'infirmerie pour que Poppy puisse administrer une potion à Eva Brown pour calmer son mal de tête.

Une main contre sa tempe, Eva Brown se redressa et parut être prise d'une motivation subite car elle enjamba à toute vitesse le reste des marches, ne semblant pas se rendre compte des regards curieux posés sur elle tandis que Pomona se perdait dans une explication de la signification des couleurs des fleurs.

Fronçant les sourcils, Minerva arracha ses yeux du dos d'Eva Brown pour interrompre Pomona. Avant de le faire, elle remarqua toutefois le regard de Sirius Black posé sur la Poufsouffle qui était arrivée à l'étage du dessus et semblait se masser la tempe avec une grimace.

À cette vue, McGonagall se rappela des rumeurs qui étaient remontées jusqu'à ses oreilles bien malgré elle. C'était aussi bien malgré elle que Minerva avait dû dire à Juliette Tucker d'aller à l'infirmerie lorsque la 2ème année avait fondu en larmes en cours puis avait révélé entre deux sanglots qu'elle était amoureuse de Sirius Black mais qu'il ne la remarquerait jamais.

Tout comme pour James Potter, Minerva se fit la réflexion que Sirius Black et Eva Brown formeraient un couple bien trop bruyant. Quoi que, les deux n'étant pas de la même année, elle n'aurait pas à les rappeler à l'ordre à chaque cours.

Mais…Minerva n'était pas sûre qu'Eva Brown soit vraiment apte à entamer une quelconque relation.

.


.

« Ne me touchez pas ! avait-elle hurlé à son réveil à l'infirmerie, des sanglots lui déformant le visage. Ne me touchez pas, bande de salops ! » avait-elle hurlé une deuxième fois d'une voix stridente.

Elle s'était violemment débattue avec les draps du lit d'infirmerie, ne semblant pas se rendre compte de là où elle était ou de qui exactement elle venait d'insulter.

« Eva, Eva, calmez-vous ! s'était exclamée Poppy, haussant sa voix pour se faire entendre alors que la Poufsouffle se battait contre ses souvenirs. Vous êtes en sécurité !

JE VOUS AI DIT DE ME LÂCHER ! » avait-elle sangloté et Minerva avait dû prendre sur elle pour ne pas s'émouvoir comme Pomona à côté d'elle.

À la vue de l'hystérie de la Poufsouffle dont la peau était parsemée de plaques rouges et dont le nez était toujours bleuâtre –


Était-il cassé ? Qu'est-ce qui avait causé cette blessure ? Était-ce un coup de poing ? Un maléfice ? Pourquoi sa peau était-elle dans cet état-là ? Pourquoi avait-elle été si brûlante au toucher lorsque McGonagall l'avait retrouvé sur le sol glacial d'une salle abandonnée des cachots ? Pourquoi ce qui ressemblait à du sang séché avait coloré ses cils ? Mais plus important : Qui ? Qui était le coupable ?!


– Pomona n'avait pu retenir des larmes. Bien qu'elle se soit empressée de les essuyer alors qu'Albus s'avançait pour endormir la Poufsouffle d'un simple geste.

Il avait posé son index sur le front d'Eva Brown et la jeune fille s'était effondrée en arrière, ses yeux se fermant immédiatement. Pour autant, même la magie exceptionnelle de Dumbledore n'avait pas pu effacer le chemin des larmes de la jeune fille.

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Et lorsqu'elles furent enfin arrivées à destination, McGonagall eut l'impression de revenir des mois en arrière face au visage pâle d'Eva Brown.

« Peux-tu nous expliquer pourquoi tu as copié mot pour mot les devoirs d'Emmeline Vance ? »

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titre : Le Sang pur infecté
nombre de mots : 10 900

Ahlala, cette confrontation dans la Grande Salle ! Une scène qui n'était pas prévue mais qui s'est imposée et est devenue l'une de mes préférées ! Le nombre de fois que je l'ai lu en février avec la musique en fond ! Moi aimer les embrouilles ? Non, pas du touuut. Et un petit PDV de Minerva McGonagall aussi dont personne n'aurait soupçonné l'existence j'imagine mais qui apporte un petit plus, haha.

Au dimanche 18 avril si on atteint les 4 (ou 5 même ?) reviews !