Disclaimer : Tout l'univers de Saint Seiya que vous reconnaîtrez aisément appartient à Masami Kurumada. Je ne retire aucun profit de son utilisation si ce n'est le plaisir d'écrire et d'être lue. Les personnages de la mythologie appartiennent à tout le monde et les autres, ceux que vous ne connaissez pas, sont à moi.

Genre : Univers Alternatif Heroic Fantasy Médiéval Fantastic.

Aventure/Romance/Surnaturel. Certains couples sont très inhabituels. Het, Yaoi et lemon bien sûr.

Rating : M ou NC-18

Les Royaumes du Sanctuaire et d'Asgard, alliés indéfectibles, mènent une guerre contre le Royaume des Océans depuis plus de cent cinquante ans. Au moment où débute cette histoire, les raisons de cette guerre ont été oubliées. Non loin, le Royaume des Ténèbres se relève doucement d'une guerre de succession qui l'a laissé exsangue. Après avoir été ennemis, ils finiront par unir leurs forces pour faire face à une menace bien plus grande encore. De l'action, de la romance, du complot politique, de la magie et des créatures surnaturelles sont au rendez-vous avec de nombreuses références aux mythologies grecque et celtique ainsi qu'au manga original de Masami Kurumada. Het, Yaoi et lemon bien sûr.

Note de l'auteur : ce chapitre ne sera pas en ligne sur mon site Antarès avec la musique car je n'y ai plus accès pour l'instant. Je fais de mon mieux pour régler ce problème.

N'hésitez pas à donner votre avis et s'il vous plait, ne mettez pas l'histoire en suivi ou en favori sans expliquer pourquoi vous le faites. C'est important pour les auteurs de connaitre les raisons de votre choix. Merci.


Réponses aux guests

Pandorachan : tu voulais la suite ? La voici. ^^ J'espère qu'elle te plaira et que restera fidèle à cette histoire malgré son rythme de publication plus qu'aléatoire. Bonne lecture.


Chapitre 23-02

Année 10219 de la Licorne, début du mois de mai, Royaume du Sanctuaire…

Aliandro attendit encore quelques instants avant de commencer son récit. Son regard était lointain, fixé sur la route devant eux, mais Aïoros le savait également tourné vers ses souvenirs…

Le Chevalier de Taurus avait suivi la Créature, s'éloignant de son compagnon. Il était un peu inquiet et se tenait sur ses gardes. Mais bien vite, il comprit qu'aucun danger ne les menaçait. La petite troupe arriva en haut d'un immense cratère aux falaises abruptes. Au loin une haute cascade tombait dans une large vasque qui s'écoulait par un torrent tumultueux avant de s'assagir et de plonger sous la montagne. Aliandro écarquilla les yeux de surprise. Au fond du cratère, il distinguait des silhouettes qui semblaient combattre.

- Voici le lieu où nous vivons en attendant votre appel, Seigneur, déclara Astérion en se tournant vers le Maitre Bucheron.

- Mais combien êtes-vous ? parvint-il à articuler.

- Pas loin d'une cinquantaine. Venez, nous allons descendre.

Ils s'engagèrent sur un chemin étroit naturellement formé dans la roche et débouchèrent dans le fond. Astérion attrapa son cor, prit une grande inspiration et souffla dedans avec une incroyable puissance. Le son se répercuta sur les parois et tous les Minotaures levèrent la tête. Dans un ensemble parfait, ils se dirigèrent vers leur Chef.

- Agenouillez-vous devant notre Seigneur, clama-t-il d'une voix puissante.

Aussitôt, toutes les Créatures mirent un genou au sol et Aliandro se sentit moins petit. Pourtant, même dans cette position, Astérion était aussi grand que lui.

- Nous avons beaucoup de choses à nous dire, Seigneur, mais avant cela, désirez-vous prendre un peu de repos et vous restaurer ?

- Eh bien… hésita le Bucheron, conscient qu'il devait faire preuve de détermination et s'imposer s'il voulait être à la hauteur de sa tâche. Avec plaisir, le voyage fut long. Ensuite, nous parlerons.

Au sourire qui orna le visage d'Astérion, ou plutôt au rictus qui se dessina sur son faciès, Aliandro sut qu'il avait adopté la bonne attitude.

- Nous n'avons que des fruits à vous offrir pour l'instant, mais demain nous pourrons chasser.

- Ce sera parfait.

Il fut conduit vers un cercle de pierres au centre duquel il y avait un foyer. Il descendit de Horn qu'il confia à une Créature, et déposa ses quelques affaires au sol, non loin. Il prit place sur l'une des pierres alors qu'un Minotaure posait des fruits disposés dans une large feuille. Il se régala de pommes et de baies sauvages.

- Vous ne m'accompagnez pas ? demanda-t-il, un peu surpris d'être le seul à manger.

- Nous n'avons besoin ni de manger ni de dormir contrairement aux Centaures, lui expliqua Astérion. Ainsi les Dieux nous ont créés. Nous sommes les sentinelles idéales.

- C'est cruel de vous priver de la sorte d'un des plaisirs de la vie.

- Notre vie est toujours très courte, Seigneur.

Aliandro accusa le choc. Il plongea son regard dans celui de la Créature qui lui sourit encore. Oui, de toute évidence, il avait beaucoup de choses à apprendre. Repu, il laissa échapper un bâillement. Aussitôt, on lui proposa de se reposer mais il refusa et demanda à visiter les lieux. Astérion renvoya ses compagnons à leurs occupations et guida son Seigneur dans la carrière.

- Avant d'aller plus loin, je crois que nous devrions terminer le rituel, Seigneur, lui dit-il en s'arrêtant devant lui.

- Qui consiste en quoi ?

- Nous devons mêler nos sangs.

Et sans plus attendre, le Minotaure sortit une dague qu'il portait dans un fourreau à sa ceinture et s'entailla la main. Aliandro fit la même chose et prit la main tendue. Une lueur verte entoura les entailles et disparut rapidement.

- Où que vous soyez, vous entendrez ma voix.

- Hein ? Mais qu'est-ce que…

- Ne craignez rien, le rituel nous a liés. Il est inutile de parler à voix haute. Pensez à ce que vous voulez me dire et je vous entendrai.

- Ah ? C'est assez… déroutant, tenta le Maitre Bucheron.

- Déroutant, mais très pratique sur le champ de bataille.

- J'en vois effectivement toute l'utilité. Mais pour l'instant nous ne sommes pas encore en guerre, alors j'aimerais que nous communiquions normalement.

- Comme vous le désirez.

Tout en parlant, ils étaient arrivés près de la cascade. Elle tombait d'une cinquantaine de mètres de hauteur dans un fracas assourdissant. L'écume formait un petit arc-en-ciel sous les rayons du soleil. Les rochers alentour étaient couverts d'une mousse détrempée et une végétation luxuriante poussait tout autour, généreusement abreuvée par l'humidité ambiante.

- C'est un endroit curieux, quand même, fit Aliandro en regardant tout autour de lui. C'est plutôt aride, hormis cette cascade.

- En haut de la falaise, sur le plateau, il y a une vaste forêt avec du gibier.

- Mais à quoi cela sert-il si vous ne mangez pas ?

- C'est pour vous, Seigneur. En prévision de votre venue. La presqu'ile de Pallas est sous l'influence de la Magie Ancienne et vous savez à quel point elle est puissante. C'est à cause d'elle que personne n'est jamais venu s'établir ici. Elle nous abrite, les Centaures et nous quand le temps d'agir avec nos Seigneurs vient.

- Vous n'existez que pour vous battre alors.

- C'est ainsi que les Dieux ont voulu que les choses soient.

- N'êtes-vous pas révoltés ? N'auriez-vous pas envie de vivre plus longtemps, une vie paisible et bien remplie ?

- Nous sommes des guerriers, rien d'autre. Que ferions-nous de cette vie dont vous parlez ? Les gens comme vous seraient terrifiés s'ils nous voyaient tous les jours.

- Et ça ne vous attriste pas ?

- Non. C'est ainsi que nous sommes. Nous serons avec vous durant cette guerre qui s'annonce et nous combattrons jusqu'au dernier. Nous sommes des Créatures Magiques. Ne nous prêtez pas de sentiments humains. Nous ne sommes pas jaloux de la vie que vous menez. Nous avons été créées pour combattre et pour mourir s'il le faut, aux ordres de notre Seigneur.

- J'ai du mal à comprendre votre façon de penser, murmura Aliandro en fixant le flot bouillonnant du petit torrent.

- Parce que la Magie vous est étrangère. Vous venez de découvrir votre pouvoir, votre mission et votre devoir envers les vôtres. C'est beaucoup d'un seul coup.

- Ce que je ne comprends pas, c'est la raison pour laquelle les Dieux vous ont créées. Ne peuvent-ils laisser les hommes vivre leur vie et accomplir leur destin sans mêler à cela des êtres vivants qui n'ont rien demandé ?

- Ainsi sont les Dieux. Tenter de les comprendre est une tâche qui nécessiterait plusieurs vies. Sans garantie d'y parvenir.

- Tu es un sage, mon ami, sourit le Maitre Bucheron.

Au soir tombant, tous se retrouvèrent autour du feu et des fruits furent encore apportés à Aliandro. Tout en écoutant les Minotaures faire le récit de leurs combats du jour, il les observa. La première chose qui sautait aux yeux était leur taille. Le Maitre Bucheron dépassait les deux mètres, mais il arrivait tout juste à l'épaule d'Astérion. Leur peau sombre semblait du cuir tanné. Leur longue chevelure lisse et noire s'ornait de petites tresses par endroits, agrémentées de petites perles colorées. Il préféra ne pas demander leur provenance, se doutant que la réponse serait que la Magie en était responsable. Leurs yeux jaunes étaient d'une incroyable vivacité. Rien ne semblait leur échapper. Au moindre mouvement, les regards se braquaient. Tous étaient vêtus d'un pantalon de cuir épais et de bottes. À la ceinture, ils portaient un baudrier où étaient suspendues haches et épées qu'Aliandro ne se serait pas risqué à essayer de soulever. Mais ce qui le fascinait le plus, c'était l'énorme paire de cornes qui couronnait leur tête. D'un noir luisant et strié, elles donnaient aux Minotaures, un aspect encore plus agressif et puissant. Ils étaient véritablement terrifiants. Mais à force de les regarder, Aliandro finit par leur trouver une certaine beauté. Il lui sembla même apercevoir une expression douce sur leur visage. Ils n'étaient pas des monstres sans cervelle et incontrôlables. Bien au contraire. Les Dieux les avaient voulus intelligents, sensés et réfléchis pour seconder au mieux leur Seigneur. Aliandro dormit d'un sommeil sans rêves.

Le lendemain, Astérion proposa une chasse. Le Maitre Bucheron accepta et partit à pied en compagnie de cinq Minotaures. Il fut stupéfait de voir avec quelle rapidité ils se déplaçaient malgré leur corpulence. Alors qu'ils repartaient vers le refuge avec un sanglier et deux marcassins, un autre sanglier sortit des fourrés et fonça sur Aliandro. Instinctivement, celui-ci l'évita en faisant appel sans le vouloir à ses capacités cachées. La hache d'Astérion décapita la bête, net. Il regarda son Seigneur et sourit.

Tandis que le gibier était préparé, le Minotaure s'assit au sol, face à Aliandro.

- La Magie ne vous est pas si étrangère à ce que j'ai pu constater, lui dit-il sans préambule.

Aliandro ne répondit pas et Astérion respecta son silence. Le Maitre Bucheron apprécia la viande rôtie à point et juteuse à souhait même si manger seul le mettait toujours mal à l'aise. Plus il passait du temps avec les Minotaures, plus il était révolté à l'idée qu'ils allaient se sacrifier sous ses ordres.

- Avez-vous une idée de la nature du danger qui rode ? demanda la Créature.

- Pas la moindre, mais j'espère surtout que la Famille Royale n'y sera pas exposée. Il semble plutôt que ce soit le Royaume qui soit menacé. Et ce doit être suffisamment grave pour que la Magie vous ait réveillés sans que nous vous invoquions.

- Saviez-vous que vous étiez le Seigneur des Minotaures ?

- C'est une histoire qui est racontée dans ma famille depuis des générations. Mais bien sûr, je pensais qu'il s'agissait d'un mythe, comme tous les enfants. Pourtant mes armoiries représentent un Minotaure. J'ai toujours cru à une coïncidence, ou à la lubie d'un ancêtre, mais à l'évidence, ce n'est pas le cas. Beaucoup de légendes font état de l'existence de Créatures Magiques, mais de là à y croire…

- Seigneur, intervint l'une d'elles, nous avons trouvé ce faucon avec un étui à la patte.

Aliandro lut le petit bout de parchemin et sourit en le tendant à Astérion.

- Vous ne vous étiez pas posé la question de votre retour ? lui demanda-t-il en riant presque.

- Pas du tout. Pour moi, il était évident que nous repartirions par le même chemin.

- Votre ami a une Pierre de Boji ?

- Oui, il me l'a montrée.

- Je vais vous en donner une autre qui vous permettra de nous faire venir près de vous très rapidement si c'est nécessaire. Chiron a dû faire de même.

- Chiron ?

- Le Chef de la Horde des Centaures.

- Ah… Je ne connais pas l'incantation pour les Pierres, malheureusement.

- Othen im levuna, petrech im timil, ulurgh im arpelon (1).Retenez-la bien parce que moi je ne peux pas la prononcer en présence des Pierres de Boji.

- Pourquoi ça ? demanda Aliandro.

- C'est vous le Seigneur. C'est à vous que revient le droit de l'utiliser.

- Mais comment rentrerez-vous sur Pallas quand… quand cette guerre sera terminée ?

- Nous ne rentrerons pas. Les survivants se rendormiront au cœur de la Magie en attendant le prochain appel.

- C'est injuste et cruel, murmura le Bucheron en secouant la tête.

- Pourquoi ? Avez-vous pensé que nous sommes immortels ? Nous retrouverons nos compagnons qui ont péri lorsque l'on aura à nouveau besoin de nous. Leur mort nous attristera beaucoup, mais nous les reverrons. Les humains n'ont pas cette chance.

- Et si les hommes ne requièrent plus votre aide ? Vous ne reverrez personne !

- Nous ne le saurons pas puisque nous dormirons.

Aliandro ne trouvait plus d'argument à avancer pour faire prendre conscience à Astérion qu'ils n'étaient, en fin de compte, que des jouets pour des Dieux en mal d'amusement. La discussion dévia sur d'autres sujets jusqu'à ce que le moment de se coucher vienne…

Ooooo00000ooooO

Il fallut à Aïoros quelques instants pour comprendre que le silence indiquait la fin du récit d'Aliandro. Ils se regardèrent et sourirent. Ils avaient bien chevauché et le soleil était presque à son zénith. Ils s'arrêtèrent dans une petite clairière et le désormais Seigneur des Centaures posa la Pierre de Boji à quelques mètres d'eux. Ils attendaient que Shion prononce l'incantation, là-bas à Égide, pour ouvrir un passage qui devait leur permettre de rentrer beaucoup plus vite. Mais au bout d'un moment, ils commencèrent à se demander s'il ne s'agissait pas là d'une plaisanterie de mauvais goût.

- Je ne crois pas, fit Aliandro en bougeant sur sa selle. Astérion et Chiron ne nous en auraient pas parlé.

- Shion a peut-être oublié, hasarda Aïoros sans trop y croire.

- Il est médecin, il a peut-être eu une urgence et il est en retard…

À chaque fois qu'ils trouvaient une excuse, ils y croyaient de moins en moins. Pourtant, quand l'air se mit à fluctuer devant leurs yeux, même si le phénomène les inquiéta, ils furent soulagés de voir le Médecin Royal à l'autre bout. D'un geste de la main, il les invita à traverser.

- Ça ne me dit rien qui vaille, grinça Aïoros en maitrisant tant bien que mal son cheval qui ne semblait pas apprécier la chose.

Horn, plus calme, s'engagea dans le passage dont les parois ressemblaient à de la brume. Sentait-il à l'autre bout une odeur qui lui était familière ? Toujours est-il qu'il franchit les quelques mètres paisiblement. Thunder finit par le suivre mais non sans montrer une certaine réticence. Shion les attendait dans le Bosquet des Cinq Chênes.

- Je suis content de vous revoir sains et saufs, les accueillit-il en souriant.

- J'ignorais que tu connaissais une telle magie, fit Aïoros en descendant de cheval.

- J'ai quelques tours dans mon sac… Votre voyage a-t-il répondu à vos questions ?

- On peut dire ça, répondit Aliandro avec un grand sourire.

Les trois hommes prirent la direction de la Cité. Au récit de leur périple, Shion s'arrêta brusquement, une expression de crainte sur le visage.

- Quelque chose ne va pas ? s'enquit Aïoros en revenant sur ses pas.

- Ce que vous me dites… C'est… inattendu et très inquiétant.

Il leur expliqua brièvement que si la Magie avait réveillé ces Créatures, c'était parce qu'un grand danger planait sur l'avenir plus ou moins proche. Si les choses se précisaient dans les étoiles, ce n'était toujours pas encore très clair. Et surtout, quel que soit l'ennemi qu'ils devront affronter, lui aussi aura ce genre d'alliés surnaturels à ses côtés. Mais lesquels ? C'est le moral en berne qu'ils arrivèrent aux portes de la ville. Shion les informa qu'il réunirait tout le monde dans les jours suivants.

Pendant ce temps, à la Cité d'Égide…

Tout autour de la Cité, les champs étaient recouverts de pousses hautes et vigoureuses. Les récoltes ne seraient pas trop mauvaises. Bien qu'ils n'aient pas été entretenus faute de main d'œuvre, dans les vergers, les fruits commençaient à grossirent et sur les vignes, dont les pousses hirsutes grandissaient dans tous les sens, les grappes prenaient forme. Dans les élevages, les jeunes animaux nés au début du printemps grandissaient. Assis sur la barrière qui entourait l'enclos, Shura regardait son neveu de dix-sept ans maitriser un jeune étalon. Son oncle se demandait comment il allait leur annoncer la nouvelle à lui et son frère. Il tenait dans ses mains une lettre chiffonnée. Il poussa un long soupir et sentit la barrière bouger.

- Rusk (2) se débrouille de mieux en mieux, fit le jeune homme qui venait de s'asseoir près de lui.

- Il fera un très bon dresseur, lâcha le Maitre Palefrenier. Tout comme toi.

- C'est parce que nous avons eu un bon professeur. Oncle Shura… cette lettre… Ce sont des nouvelles de notre mère ?

- Tu as fini ton entrainement ? éluda son oncle.

- Oui. Mais j'ai éprouvé une étrange sensation…

- Nous en reparlerons, Tsubaki (2). J'ai une mauvaise nouvelle à vous apprendre à tous les deux.

- C'est maman ? Elle est…

- Non, rassure-toi, elle est vivante. Rentrons… C'est l'heure de déjeuner. Rusk ! À table !

Dans la maison, Rusk disposa trois assiettes sur la table et Tsubaki sortit une miche de pain et déposa la marmite de ragout sur la pierre de la cheminée, hors du feu. Il tendit la main à son frère qui lui donna les assiettes pour qu'il les remplisse.

- Cet étalon m'a donné du mal, s'écria Rusk en enfournant une cuillère de nourriture.

- Tu ne t'es pas assez servi du mors, lui expliqua son oncle, le nez dans son ragout.

- Tu devais nous dire quelque chose à propos de maman ? lui demanda Tsubaki.

- Tu as des nouvelles, oncle Shura ?

Le représentant de la Maison de Capricorno prit le temps d'avaler ce qu'il avait dans la bouche et but un verre d'eau avant de regarder tour à tour ses neveux. Comment allait-il leur dire ?

- Maintenant que la guerre est finie, elle va pouvoir revenir avec nous, s'enthousiasma Rusk.

- Non, elle ne reviendra pas, assena Shura, se disant que finalement, être direct était le moyen le plus rapide, même s'il était particulièrement brutal, d'annoncer une mauvaise nouvelle.

Les deux garçons regardèrent leur oncle, silencieux, se demandant s'ils avaient bien entendu. De toute évidence, oui à en juger par la tête que faisait celui qui leur avait servi de père depuis leur plus jeune âge.

- C'est la lettre qu'elle m'a envoyée, finit-il par dire en déposant le parchemin sur la table. Lisez-la.

Le silence devint encore plus oppressant dans la pièce. Shura leva les yeux vers Rusk sur le visage duquel il vit une larme couler. Il aurait voulu le prendre dans ses bras et le consoler comme il le faisait lorsqu'il était petit mais là, il sentait bien que ce n'était pas du tout ce qu'il fallait faire. Le jeune homme aurait eu une réaction violente. Tsubaki avait tourné son regard vers la fenêtre et contemplait l'extérieur.

- Elle dit qu'elle a honte de revenir, qu'elle a peur de ce qu'on pourrait penser d'elle… murmura l'ainé des deux frères.

- Je me fiche de ce qu'elle fait… gronda Rusk, c'est notre mère…

- Ma sœur n'a jamais eu la fibre maternelle. Mais vous ne devez jamais douter de l'amour qu'elle vous porte.

- Son amour ? cria le plus jeune. Je suis bien content de savoir qu'elle m'aime ! Mais est-ce que ça compense son absence ?

Tsubaki s'était levé pour prendre son frère dans ses bras. Shura les regarda et sourit. Il ne les avait pas si mal élevés. Que l'un souffre et aussitôt l'autre accourait. Bien qu'ils n'aient, l'un et l'autre, que de très vagues souvenirs d'elle, ils l'aimaient. Ils l'avaient idéalisée et Shura n'avait jamais dénigré sa sœur. Il ferma les yeux et plongea dans ses souvenirs…

Leur mère avait succombé à son accouchement à la naissance de Shura. Leur père était un homme dans la force de l'âge et un bon soldat. Lorsqu'il partit au front, il les confia lui et sa grande sœur Andréa à leur grand-mère. Il ne revint jamais. Elle les éleva du mieux qu'elle put mais la pauvre femme était âgée. Les deux enfants reçurent malgré tout, une bonne éducation. Andréa n'avait que seize ans quand elle commença à travailler dans les cuisines d'une auberge d'Égide et Shura avait une dizaine d'années. Un jour, un homme vint le trouver. Il le connaissait, c'était le Maitre Palefrenier du Roi. Il avait décelé chez le jeune garçon quelque chose de particulier qu'il connaissait bien. La Magie. Il s'avéra également que Shura avait des affinités avec les chevaux. Pour l'homme, le doute n'était plus permis et il commença à le former dans le plus grand secret pour lui succéder. Rapidement, il fit preuve de capacités extraordinaires.

À de nombreuses reprises, Shura et sa sœur se disputèrent à propos de ce que faisait Andréa pour vivre. Shura ne voulait pas qu'elle se prostitue et c'est peu après le décès de leur grand-mère que la jeune femme tomba enceinte de Tsubaki. Shura n'avait que onze ans, mais il n'était pas idiot. Son travail d'apprenti palefrenier ne lui rapportait pas encore assez pour subvenir à leurs besoins bien qu'il soit particulièrement doué et son mentor les aida. Discrètement, sans qu'Andréa n'en sût jamais rien. Mais quand Tsubaki eut deux ans, elle reprit son travail. Il en avait quatre quand naquit son demi-frère, Rusk. Leur mère ne s'occupait pas vraiment d'eux et les laissait bien souvent à la garde de leur oncle. Mais la Cité comptait de moins en moins d'hommes, aussi la jeune femme décida-t-elle de partir pour le sud, vers la zone de combat. Dans la lettre qu'elle avait laissée à son frère, elle avançait comme argument qu'il y avait plus d'hommes là-bas et qu'elle gagnerait mieux sa vie. À quinze ans, Shura se retrouvait à élever deux enfants seuls. Ou presque. Il fit de son mieux avec l'aide de son Maitre jusqu'au décès de celui-ci. Ensuite, il les envoya à l'école de la Cité. De temps à autre, il recevait une lettre d'Andréa qui lui donnait de ses nouvelles, mais jamais elle n'en demandait de ses fils. Il ne lui en donnait pas non plus, se disant qu'elle finirait peut-être par s'inquiéter et revenir. Peine perdue.

Et voilà qu'aujourd'hui, elle lui annonçait qu'elle ne reviendrait pas à Égide sans donner d'explications. Elle disait juste qu'elle aller changer d'endroit et qu'elle lui dirait dans un prochain courrier où il pourrait lui écrire. Mais Shura savait qu'elle n'en ferait rien. C'était la dernière lettre qu'il recevrait d'elle, il en était persuadé. Il regarda ses neveux. Non ils étaient plus que ça. Ils étaient ses fils. Ceux qu'il n'aurait jamais faute de n'avoir pas trouvé leur mère. Et il était fier de ses deux garçons. Parce qu'ils étaient forts et instruits. Depuis trois ans, il avait commencé à former Tsubaki pour lui succéder. Le jeune homme savait tout et avait fait serment de ne jamais rien révéler. Comme son Maitre avant lui, Shura avait senti la Magie se faire de plus en plus présente en lui alors qu'en Rusk, c'était le silence le plus total. Mais ça n'enlevait rien aux extraordinaires capacités du cadet à dresser un cheval. Il se leva et s'approcha des deux garçons qu'il prit dans ses bras. Ils s'accrochèrent à lui avec toute la force de l'amour qu'ils lui portaient.

- Et si on allait à la pèche ? leur dit-il.

Ils s'écartèrent de lui pour le regarder, voir s'il ne plaisantait pas.

- A la pêche ? reprit Rusk, dubitatif.

- On prend les chevaux, les cannes et on va à la rivière. On devrait pouvoir attraper quelques truites qu'on mangera ce soir.

Tsubaki eut un sourire lumineux qui fit briller ses grands yeux violets. Les mêmes que ceux d'Andréa.

- Je vais préparer les chevaux ! s'écria-t-il en se ruant vers l'écurie.

- Moi je débarrasse la table et je fais vite la vaisselle ! décréta Rusk.

- Et moi je prépare le matériel !

Mû tenait son cheval par la bride et avançait sur le chemin de terre. Il vit se profiler les écuries et les ateliers avec un certain soulagement. Starlight (3) boitait et faisait savoir à grand coup de tête qu'il n'appréciait pas la promenade. Il fallut beaucoup de patience et de douceur à son cavalier pour l'amener jusqu'à la forge du maréchal-ferrant. Il chercha des yeux le Maitre Palefrenier mais ne le trouva pas.

- Maitre Mû ! entendit-il.

Il tourna la tête et vit s'avancer un jeune homme dont il avait oublié le nom. Je peux vous aider ?

- Starlight a perdu un fer. Je cherchais Maitre Shura.

- Il est dans l'enclos, derrière. Laissez-moi votre cheval, je vais m'en occuper.

- Merci.

Musique Caoineadh cu Chulainn – Davey Spillane

Le descendant de la Maison d'Ariès prit la direction indiquée et marcha quelques instants. Il arriva devant l'immense enclos où il y avait plusieurs chevaux en liberté. Au loin, il vit un homme torse-nu qui montait à cru. Il n'avait même pas de bride pour diriger sa monture. Mû longea la barrière pour se rapprocher, sans les quitter des yeux, et s'arrêta non loin, un pied en appui sur le rondin du bas, les bras sur celui du haut.

À bien y regarder, c'était plus une danse qu'une simple chevauchée. Noblesse et grâce étaient les premiers mots qui venaient à l'esprit. Shura avait vraiment un don pour ça. Il faisait faire ce qu'il voulait à Jumping. L'animal marchait d'un pas qui n'était pas naturel en levant chaque sabot bien haut. Il croisait ses jambes pour se déplacer en biais, puis son cavalier le laissait repartir à son rythme, au petit trot. Mû le vit lever les jambes l'une après l'autre de chaque côté du ventre de l'animal et celui-ci marcha en frappant le sol du sabot puis son cavalier le fit reculer alors que ce n'est pas une attitude naturelle. Un cheval ne recule pas, il fait demi-tour. Et là, le Maitre Forgeron devait bien s'avouer que le spectacle qu'il avait sous les yeux était extraordinaire. La beauté qui se dégageait de l'évolution de l'homme avec sa monture avait quelque chose d'irréel. Il ne pouvait en détacher ses yeux. C'était fascinant et presque magique.

Le cheval cabra avec élégance, s'affaissa légèrement sur ses postérieurs, son cavalier toujours bien accroché sur son dos. Puis, sollicité par celui-ci, il bondit en avant pour repartir au petit trot. Il passa près de Mû qui vit dans ses yeux un calme et une confiance totale. Finalement, Shura sauta au sol en plein trot et commença à courir. Avec une surprenante vivacité, Jumping fit demi-tour et se mit à la poursuite de son maitre qui bifurquait, à droite, à gauche, le sourire aux lèvres. Il s'amusait comme un gosse et les deux semblaient y prendre plaisir. Shura fit volte-face, leva les bras d'un geste vif et Jumping cabra en fouettant l'air de ses sabots. Le Maitre Palefrenier recommença à plusieurs reprises et repartit en courant, son cheval aux trousses.

Mû regarda autour de lui et vit que la plupart des gens qui travaillaient là s'étaient arrêtés pour regarder cette danse. Il sourit et retourna à sa contemplation. Finalement, Shura tomba à genoux et Jumping s'approcha tout doucement. Il frôla le visage de son cavalier de ses lèvres, comme s'il l'embrassait pour le remercier. Le descendant de la Maison de Capricorno se releva et prit la direction des écuries, un bras sous de l'encolure du cheval en une sorte d'étreinte amoureuse. Oui, Shura aimait Jumping et l'animal lui rendait cette affection au centuple. (4)

- Très belle démonstration, le complimenta Mû alors qu'il passait devant lui.

- Oh ! Je ne t'avais pas vu, sourit Shura en voyant son ami.

- Je m'en doute, tu étais complètement accaparé par ton cheval.

- Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? reprit son compagnon alors qu'ils rentraient vers les stalles.

- Starlight a perdu un fer et j'en ai profité pour te rendre visite, c'est tout.

- Laisse-moi faire un brin de toilette et je t'invite à boire un coup.

Le cœur de Mû se mit à battre plus fort et un petit sourire étira ses lèvres. Shura laissa Jumping à un écuyer et alla plonger la tête dans un tonneau plein d'eau froide. Il en ressortit, le souffle coupé. Mû ne put s'empêcher de détailler son ami. Et ça lui fit mal.

- Où sont tes neveux ? lui demanda-t-il pendant qu'il se séchait.

- Ils ont été voir s'ils trouvaient quelques légumes pour ce soir. Tu veux diner avec nous ? On a attrapé des truites.

- Des truites ? Si tu me prends par les sentiments, je ne dis pas non.

Dans la cuisine, pendant que Shura vidait les poissons, Mû débarrassa la table du pichet d'eau et du plat qui contenait quelques pommes pour mettre le couvert. Il raviva le feu et mit de l'eau à chauffer pour faire cuire les légumes. Les truites seraient grillées d'abord puis finiraient leur cuisson dans l'eau bouillante pour donner tout leur goût au bouillon.

- J'ai vu Tsubaki l'autre jour. Il s'entrainait avec les soldats d'Albior, dit Mû pour meubler le silence déplaisant qui s'était installé.

- Son niveau est déjà plus élevé et il ne fait pas toujours attention à rester discret, répondit Shura, toujours occupé avec les poissons. Au fait, tu as trouvé un apprenti ?

- Je n'en aurais peut-être pas besoin, déclara son invité, comprenant parfaitement qu'il ne parlait pas de sa charge de Maitre Forgeron.

- Ah bon ?

- Je vais être père dans quelques semaines. Avec un peu de chance, cet enfant me succèdera.

Le silence qui accueillit cette déclaration lui fit lever la tête. Shura le regardait, un air surpris sur le visage.

- Quoi ? sourit Mû.

- Tu vas être père ? Je ne savais pas que tu avais une compagne.

- Je n'en ai pas.

- Tu n'en as pas. Je ne veux pas te forcer à me faire des confidences, mais si tu pouvais être un peu plus clair…

Mû s'assit sur l'une des chaises qui entouraient la table et leva les yeux vers son ami. Il lui expliqua brièvement la situation, allégeant le sérieux de l'évènement par quelques tournures spirituelles.

- C'est tout à ton honneur de vouloir reconnaitre cet enfant, même si tu n'es pas sûr que ce soit le tien. Il y a assez d'orphelins comme ça. Tu vas donc te marier.

- Peut-être pas, mais sa mère sera ma compagne. Je lui proposerai d'habiter avec moi.

- Au château ?

- Non, en ville.

- Elle devrait peut-être arrêter de travailler dans ce bor… cette auberge, non ?

- Elle ne fait plus que le service, et quand l'enfant sera là, elle arrêtera quelque temps. Après, je ne sais pas… Ce serait bien d'avoir quelqu'un qui t'attend quand tu rentres le soir, mais je sais qu'elle n'a aucun sentiment pour moi. Je n'ai été qu'un client parmi d'autres.

- Dis-moi, mon ami, tu n'as pas l'air si heureux que ça.

- Si… mais c'est un peu compliqué…

- Ah, je vois, fit Shura en souriant malicieusement et s'asseyant à son tour. Il y a quelqu'un qui fait battre ton cœur, c'est ça ? Et tu te dis que cette situation ne va pas faciliter tes affaires.

- C'est un peu ça, avoua le Forgeron en baissant les yeux.

Décidément, regarder Shura devenait de plus en plus difficile. Et douloureux. Mais pourquoi avait-il accepté de rester ? Pourquoi n'était-il pas tout simplement reparti chez lui avec son cheval ?

- Je ne suis pas mieux loti que toi, tu sais, reprit le maitre des lieux avec douceur. Crois-tu que je trouverai quelqu'un qui voudra partager ma vie en sachant que j'ai deux garçons ?

- Ce ne sont plus des enfants. Ils peuvent s'occuper d'eux. Et je suis certain que tu dois faire battre beaucoup de cœurs.

- Peut-être, mais j'ignore lesquels. Aucun de ces cœurs, comme tu dis, n'est venu frapper à ma porte.

Mû eut un petit rire et poursuivit.

- Notre statut ne facilite pas non plus les choses. Vivre avec quelqu'un en lui cachant une partie de notre vie, ce n'est pas ce que j'appelle avoir une relation saine.

- Mikael et Saga ont réglé le problème, comme Shion et Dohko, murmura Shura en plantant son regard vert sombre dans celui plus clair de son ami.

- Aïoros ment à Shaina. Tout comme Gabriel. Sa femme ne sait rien.

- Si jamais elles apprennent qu'ils leur ont menti, ils vont s'en mordre les doigts.

- Sommes-nous alors contraints de chercher une compagne ou un compagnon parmi les gens comme nous ? interrogea le Forgeron sans vraiment attendre de réponse.

- Et ce serait une contrainte pour toi ? répliqua le Maitre Palefrenier d'une voix rauque.

- Oncle Shura, on a trouvé des carottes, un oignon et quelques pommes de terre ! s'écria Rusk en pénétrant dans la maison. Maitre Mû ? En voilà une bonne surprise !

- Bonsoir les enfants.

- Bonsoir Maitre Mû.

- Épluchez les légumes et mettez-les dans l'eau, leur dit leur oncle en indiquant la marmite du doigt. Mû dine avec nous.

Le Forgeron avait du mal à s'intégrer à la conversation vive qui s'était engagée entre les deux jeunes gens et leur oncle. La phrase de Shura tourbillonnait dans sa tête comme un papillon infatigable. "Et ce serait une contrainte pour toi ?" Que voulait-il dire ? Il finit par se lever et aida à mettre la table. Les légumes étaient en train de cuire, les filets de truite grillaient doucement, répandant dans la cuisine une bonne odeur alléchante. La conversation dévia sur les améliorations nettement visibles de l'état des rues et de la Cité en général, sur le moral des habitants qui remontaient à mesure qu'approchait le départ de leur Princesse. Elle emportait avec elle l'espoir de tout un peuple.

Fatigué par une journée à dresser des chevaux, Rusk alla se coucher le premier. Les trois hommes purent discuter plus librement.

- Ton oncle m'a dit que tu avais un très bon niveau à l'épée, fit Mû.

- Je suis loin de l'égaler, mais je m'entraine très dur.

- Par contre, sois plus prudent quand tu vas avec les soldats, je t'ai vu l'autre fois.

- Oui, je sais… Mais ce n'est pas toujours facile, sourit le jeune homme, comme pour s'excuser.

- Comment va ton frère ? s'enquit son oncle, plus inquiet pour Rusk que pour Tsubaki.

- Il digère la nouvelle tout doucement… mais ça va aller. Il lui faudra un peu de temps…

- Mauvaise nouvelle ? demanda Mû avant de se reprendre. Enfin, je ne veux pas être indiscret…

- Tu ne l'es pas. J'ai reçu une lettre de ma sœur aujourd'hui. Elle ne reviendra pas à Égide.

- Oh… Je suis désolé…

- Ne le soyez pas, déclara doucement Tsubaki. Elle est partie, j'avais cinq ans et Rusk, tout juste un an. Je me souviens à peine de son visage. On peut dire que nous avons toujours vécu sans elle, mais elle reste notre mère. On a toujours eu l'espoir qu'elle reviendrait, mais je n'y croyais plus. Pour Rusk, je ne sais pas, alors que moi, il y a longtemps que je me suis fait une raison.

- Pourquoi ne m'en as-tu pas parlé ? demanda son oncle avec une pointe de reproche dans la voix.

- Oncle Shura, je n'ai presque pas de souvenirs d'elle. Si elle avait vécu plus longtemps avec nous avant de partir, apprendre qu'elle ne reviendra pas aurait été beaucoup plus douloureux. Alors que là, on peut presque dire qu'elle n'a jamais fait partie de notre vie. C'est… c'est une étrangère, même si elle restera toujours celle qui nous a mis au monde. Et je vis très bien avec cette idée.

- Je comprends… murmura Shura, la gorge serrée.

- Tu veux qu'on t'appelle "oncle Shura", mais moi j'ai toujours voulu t'appeler "père". C'est toi qui nous as élevés et qui as pris soin de nous. Et c'est le rôle d'un père. Et avec Rusk, on dit souvent "papa" lorsque nous parlons de toi, termina-t-il en souriant.

Shura se leva brusquement et leur tourna le dos. Mû regarda le jeune homme qui souriait toujours. D'un mouvement de la tête, il lui fit comprendre que les émotions étaient suffisantes pour ce soir. Il se leva et se dirigea vers la chambre qu'il partageait avec son frère.

- Bonne nuit Maitre Mû. Bonne nuit… papa.

Mû vit Shura trembler. Il se leva et s'approcha de son ami. Il posa une main sur son épaule pour lui transmettre son soutien, son affection.

- Saletés de gamins, entendit-il. Depuis quand sont-ils devenus si adultes ?

- Le temps file vite… Hier tu changeais leurs langes, aujourd'hui ils montent pour la première fois à cheval, et demain tu les maries.

- Ce que je peux les aimer, souffla-t-il dans un sanglot qu'il étouffa sur l'épaule de Mû.

Celui-ci le prit dans ses bras, ému lui aussi par les paroles de Tsubaki. Il berça son ami jusqu'à ce qu'il se calme. Cette étreinte, il aurait aimé qu'elle dure davantage mais Shura finit par se dégager. Il essuya ses larmes et releva la tête. Il croisa un regard plein de douceur et de tendresse assortie d'un sourire à peine esquissé. D'une main ferme derrière la nuque de son ami, il colla leurs fronts. Un geste de gratitude, peut-être. Mais son cœur battit plus fort.

- Excuse-moi, fit-il en se détournant.

- Ce n'est rien, soupira son Mû. Ce n'est pas tous les jours qu'on entend ce genre de chose. Toi aussi tu les aimes, et tu ne peux pas rester insensible lorsqu'ils te disent que pour eux tu es leur père.

- Je suis désolé… cette soirée…

- … était très bien. J'ai beaucoup apprécié… Et le repas était excellent. Je vais rentrer et vous laisser en famille.

- Les garçons doivent déjà dormir, je vais venir avec toi pour voir si Starlight est prêt.

- Bien sûr qu'il doit l'être. Je fais confiance à tes hommes.

- Il fait presque nuit…

- Je prendrai une torche.

Les deux hommes gagnèrent l'écurie en silence. Le cheval de Mû hennit doucement en sentant son maitre. Ils harnachèrent rapidement l'animal et Shura tendit une torche enflammée à son compagnon après avoir quand même vérifié le fer.

- Sois prudent, lui dit-il en lâchant la jambe de Starlight.

- Je connais le chemin… Merci pour le repas…

- Ça m'a fait plaisir…

- On se voit demain, peut-être…

- Oui… Bonne nuit…

- Bonne nuit…

Ooooo00000ooooO

Quelques jours plus tard, après que la nuit fut tombée, Shion retrouva ses compagnons dans la grotte sous le Château de Marbre. Les jours rallongeaient, aussi devaient-ils se montrer encore plus prudents. Les habitants rentraient plus tard chez eux et il n'était pas rare de voir quelques hommes et soldats trainer dans les tavernes jusqu'à la fermeture. D'ailleurs, le retour de ces derniers du front du sud commençait à se faire sentir. Les casernes paraissaient brusquement plus petites et il arrivait que des bagarres sans réelle gravité éclatent. Et elles étaient brutalement circoncises par les officiers qui veillaient au grain. Le Colonel Albior n'admettait pas et n'admettrait jamais un tel manque de discipline. Chacun savait parfaitement que vivre plus nombreux dans un espace qui lui, ne s'agrandissait pas, demandait de faire un effort et des concessions. Et chacun était tenu d'y mettre du sien.

Depuis son retour de la presqu'ile de Pallas, Aïoros gardait un œil sur le Chevalier Seiya comme le lui avait demandé Shion. Et quoi qu'il pense, il devait s'avouer que le jeune homme obéissait sans restriction à l'ordre qui lui avait été donné : ne plus répondre aux messages de la Princesse. Et le Médecin Royal savait qu'elle lui en avait adressé un certain nombre. Le Maitre Archer s'arrangeait pour que le Lieutenant ait toujours l'esprit occupé. Il lui avait confié l'entrainement d'un bataillon d'hommes qui feraient partie de l'escorte de la Princesse lors de son voyage jusqu'à la Cité d'Atlantis. Ces hommes seraient l'élite de l'armée. Le plus précieux trésor du Royaume allait leur être confié, ils ne devraient avoir aucune défaillance. Et avec l'aide d'Ikki, il leur menait la vie dure. Mais cet entrainement commençait à payer.

Shion regardait ses amis qui discutaient. Depuis qu'il avait lu le message des étoiles, quelques mois plus tôt, un sentiment sourd de grave danger rampait à la lisière de sa conscience. Il était préoccupé, inquiet et Dohko le voyait bien. Lorsqu'il lui posait des questions, les réponses qu'il obtenait étaient vagues, obscures. Il ne doutait pas que son compagnon tentait de lui expliquer du mieux possible, mais il voyait bien que le Magicien était lui-même dans une grande confusion. Comme il le lui avait dit une fois, il avait en main les pièces d'une énigme qu'il n'arrivait pas à ordonner pour la résoudre.

Après qu'Aliandro et Aïoros aient raconté leur périple, un grand silence s'établit dans la grotte. Entendre parler de Créatures Magiques pouvait laisser perplexe quand on ne les avait pas vus. Mais tous connaissaient bien les deux hommes et mettre leur récit en doute ne leur était même pas venu à l'esprit. Par contre, ils prirent bien conscience de ce que cela impliquait. L'ennemi en aurait certainement à son service lui aussi.

- Ne peux-tu vraiment pas découvrir ce que nous allons devoir affronter ? demanda Aïolia, d'un ton un peu défaitiste, mais teinté d'une note d'espoir.

De cet espoir qu'il plaçait en Shion. De cette confiance absolue qu'il avait en lui et en ses compagnons.

- Il faudrait d'abord que je sache qui sera notre ennemi, répondit calmement le Magicien. Et même si je le savais, les possibilités sont innombrables.

- Je suis certain que notre ennemi sera humain, déclara Gabriel, attirant l'attention sur lui.

- Qu'est-ce qui te fait dire ça ? s'enquit Milo.

- Le message des étoiles met le Roi Hadès au premier plan. Ce que j'ai moi-même découvert à la frontière sud implique encore les Ténèbres. Peut-être pourrais-tu commencer tes recherches par ce Royaume et voir quelles Créatures peuvent être attachées à lui.

- Gabriel n'a pas tort, le soutint Shaka. Et ce serait un début.

- Et un début pour quoi faire ? s'écria Angelo. Vous n'avez pas remarqué que les étoiles se mettent à parler quand le Roi décide de marier sa fille ? Ça ne vous met pas la puce à l'oreille ? Comme par hasard, il y a une prédiction et un mariage se prépare. Pour moi tout est lié. Et on ne va pas tarder à savoir de quoi il est question puisque la Princesse va bientôt partir pour Atlantis. Il va se passer quelque chose, j'en suis certain.

- Tu te mets à avoir des intuitions, toi aussi ? sourit Mû.

- Non, c'est juste trop évident à mes yeux.

- Il y a trop d'informations sans queue ni tête mais qui pourtant sont liées les unes aux autres, intervint Dohko à son tour. Les Centaures et les Minotaures en sont la preuve irréfutable.

- La route qu'empruntera Saori est-elle sûre ? demanda Shion en se tournant vers Dohko qui était le seul à avoir fait partie de l'escadron en charge de vérifier la sécurité du trajet.

- Oui, mais il y a toujours un risque d'imprévu. Des groupes de soldats ont été placés tout le long du chemin avec un périmètre à surveiller jour et nuit.

- Quand la Princesse doit-elle partir ? demanda Mikael à son tour.

- Pour être à Atlantis au début du mois de juin, elle aurait déjà dû partir. Peut-être demain, peut-être dans une semaine, expliqua Shion. Saori fait tout pour retarder l'inévitable. Elle traine pour broder son trousseau, ou alors elle demande à Arachnée de rajouter des garnitures sur sa robe de mariée pour les lui faire enlever à l'essayage suivant.

- Le Roi ne va pas tolérer ça bien longtemps, observa Aïolia. Je trouve qu'il a déjà fait preuve d'une grande patience.

- Il doit vouloir inconsciemment retarder lui aussi le départ de sa fille. Il ne la reverra pas avant longtemps, expliqua Aliandro. C'est un Roi, mais c'est aussi un père.

- De toute manière, son départ est retardé, les informa Shion. Un messager est déjà parti pour Atlantis, précisa-t-il en regardant Shaka qui confirma d'un mouvement de tête. La Fête des Moissons approche. Elle sera célébrée dans tous les Royaumes et ce n'est pas plus mal que ce voyage se fasse après. Et ces deux évènements donneront lieu à des réjouissances d'importance.

- Des tournois ? demanda Aïolia.

- Oui, et des joutes aussi. Aïoros, arrange-toi pour que Seiya n'y participe pas. Il ne faudrait qu'il se laisse aller à commettre un acte désespéré devant la Princesse. Dohko, Mû et Aliandro vous aiderez aux préparatifs de la fête. Shura, Angelo, vous les aiderez si c'est nécessaire. Les autres, vos activités sont indispensables à la bonne marche d'Égide mais restez disponibles.

Une fois encore, ils se séparèrent avec la plus grande prudence. Discret comme une petite souris, Milo s'engagea sur la route qui menait au Lac Tirynthe (5). Il n'aurait pu expliquer pourquoi il avait besoin de s'éloigner, de s'enfoncer dans les bois. Certes, c'était un traqueur et il ne pouvait vivre bien longtemps enfermé. Sa blessure l'avait tenu éloigné des grands espaces trop longtemps à son goût et peut-être était-ce une façon de rattraper le temps perdu ? Ou bien était-il hanté par ce qu'il avait surpris le matin même ? Une scène somme toute banale pour la plupart des gens mais qui avait provoqué chez lui une réaction totalement inattendue : la jalousie. Il y avait pensé toute la journée, s'interrogeant sur la nature de ce sentiment jusqu'à ce qu'il parvienne à le nommer. Milo était jaloux. Il ne comprenait pas pourquoi car il ignorait éprouver de tels sentiments. Pour être jaloux, il faut aimer. Que ce soit de l'amitié ou de l'amour. Et il était justement en train de se demander lequel des deux il ressentait. Mais ce qui le perturbait par-dessus tout, c'était comment il en était arrivé là. Il reconnaissait volontiers que Gabriel était un espion particulièrement efficace, un excellent précepteur et un redoutable guerrier. Mais de là à éprouver de la jalousie lorsqu'il l'avait vu le matin embrasser sa compagne sur le pas de leur maison, il ne comprenait pas.

Sa loyauté et son amitié envers Gabriel étaient indiscutables. La jeune femme ne privait pas le petit groupe de sa présence puisqu'elle n'était pas dans le secret et donc, elle ne pouvait s'immiscer entre eux. Alors pourquoi ce matin avait-il eu envie de la frapper ? L'espace d'un instant, il avait voulu la gifler. Tout à ses réflexions, il était arrivé aux abords du lac. Le premier quartier de lune éclairait faiblement les lieux d'une lueur spectrale. L'air était frais et légèrement humide. On entendait les stridulations des insectes nocturnes et tout près de lui, un petit couinement lui indiqua qu'un petit rongeur avait dû se faire attraper peut-être par un chat. Il s'assit sur un tronc d'arbre. Les coudes sur les genoux, il jouait avec un petit galet qu'il roulait entre ses doigts. Devant ses yeux, les eaux du lac brillaient de milliers de petites virgules argentées mais lui ne voyait qu'un couple qui s'embrassait tendrement. Il suivait du regard la main de Gabriel glisser de l'épaule de la jeune femme pour se poser délicatement sur le ventre… arrondi ? Tanwen (6) était enceinte ? L'étau de la jalousie lui broya impitoyablement le cœur et ses mains eurent un léger tremblement. Il prit une brusque inspiration pour se calmer. Mais que lui arrivait-il pour qu'il se mette dans un tel état ?

Milo était un séducteur invétéré. Il ne comptait plus le nombre de femmes et d'hommes qu'il avait charmés pour obtenir leurs faveurs. Personne ne pouvait lui résister. Il avait parfois vu la jalousie dans leurs regards lorsqu'après avoir obtenu ce qu'il voulait, il accordait ses attentions à une autre personne. Mais il était loin d'imaginer qu'il se retrouverait à leur place. Surtout quand la personne en question n'avait rien fait pour le séduire. Il jeta rageusement le galet dans l'eau. Des cercles concentriques se formèrent à la surface du lac, s'agrandissant pour disparaitre. Qu'éprouvait-il exactement ? Ses sentiments allaient-ils plus loin que la simple amitié, si sincère soit-elle ? Il se cachait la vérité. Il ne voulait pas nommer ce qu'il ressentait parce qu'il avait peur. Peur de ce sentiment si particulier. Peur de ce qu'il impliquait. Il rentra à Égide à l'aube. Shura le trouva le lendemain matin, endormi dans la paille de la stalle d'Antarès, son cheval.

Ooooo00000ooooO

Le petit Jabu courait aussi vite qu'il le pouvait vers le dispensaire. Gabriel l'avait envoyé chercher le Médecin Royal après que l'un de ses petits camarades, Kiki, soit entré dans une colère noire parce que Spica avait renversé la bouteille d'encre sur son parchemin. Des objets avaient volé dans la salle de classe, brisant deux vitres. Le Précepteur avait dû assommer l'enfant pour que les choses se calment. Les autres élèves avaient eu peur et il les renvoya chez eux. Quand Shion entra dans la salle, il trouva Gabriel assis sur le sol, Kiki confortablement installé dans ses bras. Il lui expliqua rapidement comment les choses s'étaient passées et le Magicien s'accroupit devant lui. Il posa la main sur le front du petit garçon et ferma les yeux. Gabriel sentit l'aura Magique de Shion se répandre puis s'estomper. Un sourire affectueux étira ses lèvres quand il croisa le regard de son ami.

- Je crois que je viens de trouver mon successeur, murmura-t-il.

- Ce qu'il a fait, c'est de la Magie ?

- Oui, mais il ne la contrôle pas encore.

- Que vas-tu faire ?

- M'en occuper, tu t'en doutes. Et si en plus il montre des aptitudes pour la médecine, ce serait formidable.

- Comment se fait-il que les magiciens soient souvent médecins également ?

- C'est peut-être parce que nous sommes proches de la nature et des forces qui la baignent. J'utilise autant les plantes pour soigner que pour… faire des philtres magiques. Quel âge a-t-il ?

- Il a huit ans le mois dernier.

- C'est à peu près l'âge auquel la magie se manifeste. Rares sont les personnes qui ont ce don. Je désespérais de trouver celui qui prendrait ma suite.

- C'est un gentil garçon. Tu n'auras pas de mal à te faire obéir. Et il est intelligent et apprend vite.

- Tant mieux. Gabriel…

- Oui ? répondit le jeune homme en levant les yeux, curieux du ton hésitant qui perçait dans la voix de Shion.

- Est-ce… est-ce que tu as encore des intuitions ?

- J'en ai en permanence…, sourit le Chevalier d'Aquarius en baissant les yeux sur Kiki, toujours inconscient dans ses bras. Quelque chose te tracasse ?

- J'ai une impression d'accélération. On dirait qu'il se passe beaucoup de choses depuis quelque temps.

- J'ai la conviction qu'il va très bientôt se produire un évènement grave. Je ne sais pas quoi, mais j'en suis sûr.

Shion aurait voulu ne pas entendre ces mots qui ne faisaient que le conforter dans ses propres craintes. Craintes qui devenaient des angoisses. Il ferma les yeux un instant et laissa échapper un soupir.

- Quelque chose se prépare, hein ? reprit Gabriel, certain d'être dans le vrai.

- Je vous en ai déjà parlé, mais je n'ai toujours pas plus de précision. Il faut que j'aille sur Star Hill.

Le Précepteur opina du chef. Leur attention fut accaparée par Kiki qui gémit en ouvrant doucement les yeux. Il croisa d'abord ceux de Gabriel qui esquissa un petit sourire pour le rassurer puis ceux de Shion. Il se recroquevilla contre son professeur malgré l'air bienveillant du Magicien.

- Tu te sens mieux ? lui demanda ce dernier en lui tendant un gobelet qu'il venait de remplir d'eau.

Le petit garçon secoua la tête tout en buvant.

- Tu peux te lever ? s'inquiéta Gabriel en le poussant un peu.

L'enfant se mit debout et leva la tête pour regarder les deux adultes.

- Tu te rappelles de ce qui s'est passé ? interrogea le Médecin.

- Euh… Spica a renversé de l'encre sur ma feuille… Je me suis mis en colère parce que c'est pas ma faute et que je voulais pas me faire gronder par Maitre Gabriel.

- Ce "N'est" pas ma faute et je "NE" voulais pas me faire gronder, le reprit son professeur. Oui, je sais que ce n'est pas de ta faute. Et après ?

- Après ? Je sais… je ne sais pas… j'étais allongé contre vous… Je suis tombé ? Je me suis évanoui ?

- Kiki, tu sais ce qu'est la Magie, n'est-ce pas ? commença Shion, sans trop savoir comment amener la nouvelle.

- Oui, je sais.

- Eh bien… il se trouve que… que tu as… que tu as des capacités dans ce domaine.

- Des… capacités ? Ça veut dire quoi ?

- Ça veut dire que tu as un don, Kiki, tenta de lui expliquer Gabriel. Si tu t'entraines sérieusement, tu pourras devenir un magicien.

Les yeux du petit garçon s'écarquillèrent de surprise et brillèrent d'excitation aussi. Mais soudain, il redevint sérieux.

- Mais comment je peux faire ? Je connais pas de magicien.

- Je "NE" connais pas, Kiki, le reprit encore le Précepteur.

- Je vais te confier un grand secret, dit Shion, capturant toute l'attention de l'enfant. Mais attention. Cela doit rester entre toi, Maitre Gabriel et moi. Personne ne doit savoir. Tu ne dois rien dire. C'est bien compris ?

- Oui, Seigneur Shion, bredouilla Kiki, un peu inquiet.

- Bien. C'est moi qui vais t'apprendre la Magie. Tu seras mon apprenti.

- Vous connaissez la Magie ?

- Oui. Tu viendras me voir tous les jours après la classe. Nous mangerons ensemble et je t'apprendrai ce que je sais.

- D'accord. Mais… ma mère ?

- Ne t'inquiète pas, j'irai la voir pour lui expliquer que… que tu aimes soigner les gens et que je peux t'apprendre la médecine. Comme ça notre secret sera bien gardé. Qu'en penses-tu ?

- Je vais aussi apprendre la médecine ?

- Pour les gens comme nous, Magie et Médecine sont très souvent liées. Tu comprendras mieux quand nous commencerons.

- Ça me fait un peu peur quand même, déclara Kiki, d'une petite voix.

- Je sais, sourit Shion. Je n'étais pas plus vieux que toi quand mon Maitre a commencé à me former et moi aussi j'étais effrayé. Mais après quelques jours et beaucoup d'explications, je n'avais plus aucune crainte. Et tu dois contrôler ce don pour le bien de ceux qui t'entourent et le tien. Sinon, ça peut être dangereux.

- Comment ça ?

Gabriel lui raconta ce qui s'était produit et dont il n'avait aucun souvenir. Les yeux de Kiki se remplirent de larmes et le Précepteur le rassura en le berçant contre lui.

- C'est pour que ça ne recommence pas que tu dois apprendre avec le Seigneur Shion, tu comprends ? Il est le seul à pouvoir t'aider.

- Et tu verras que ça peut être très amusant, argumenta le Médecin avec un grand sourire espiègle qui acheva de convaincre l'enfant.

Ooooo00000ooooO

À l'intérieur de la petite grotte au sommet de la colline de Star Hill, un feu brulait. Suspendu à côté du foyer, un broc en fer conservait de l'eau chaude. Un peu plus loin, il y avait des fourrures étalées sur le sol. Dehors, deux chevaux attachés aux branches basses d'un jeune chêne broutaient paisiblement l'herbe rase. Sur l'esplanade devant la grotte, un homme assis à même le sol en tenait un autre dans ses bras. La nuit était bien avancée et Shion n'avait toujours pas repris connaissance. Dohko savait que son amant perdait parfois conscience lorsqu'il tentait une transe, mais c'était la première fois que son évanouissement durait aussi longtemps. Pour l'instant, il ne pouvait rien faire d'autre que le serrer contre lui en l'appelant de temps à autre. Il ne cessait d'observer le visage à la recherche de la moindre trace de vie. Si ce n'était le souffle faible qui gonflait sa poitrine régulièrement, il aurait pu le croire mort.

Lorsque Shion lui avait dit de ne plus parler, de ne pas intervenir quoiqu'il se passe, il s'était dit que son compagnon en faisait peut-être un peu trop. Puis, il avait vu son corps nu se couvrir d'arabesques noires qui paraissaient vivantes et il fut terrifié. Mais il avait promis. Shion hurla des mots incompréhensibles d'une voix qui n'était pas la sienne. De toute évidence, il luttait. Contre quoi ? Contre qui ? Plus d'une fois Dohko avait été sur le point d'intervenir. Mais il avait promis.

Il avait promis.

Lorsque le Magicien perdit conscience, il n'eut que le temps de se précipiter pour le rattraper et le poser au sol. Il avait ensuite été chercher une fourrure pour couvrir le corps glacé. Et depuis, il était là, à attendre de revoir les beaux yeux roses qu'il aimait tant en priant tous les Dieux de la Création. Il avait bien tenté de prendre Shion dans ses bras pour le rentrer dans la petite grotte, mais son inquiétude le privait de sa force. Alors il restait là, et sans s'en rendre vraiment compte, il se remémorait tous les souvenirs qu'il avait de lui. D'eux. Leur première rencontre alors qu'ils n'avaient que quinze ou seize ans. Ils s'étaient immédiatement bien entendus et plus tard, ils eurent l'heureuse surprise de découvrir qu'ils appartenaient tous les deux à l'Ordre de la Chouette. Puis ils firent la connaissance des autres. Dohko s'était rapidement imposé comme Maitre d'Armes. Il les avait entrainés jusqu'à épuisement parfois mais tous s'accrochaient à leur honneur et leur devoir. Et quand Shion ne pouvait pas les rejoindre parce qu'il était trop pris par les blessés et les malades, Dohko arrivait toujours à trouver un moment pour lui offrir une leçon particulière. C'était là les moments qu'il appréciait le plus et cela semblait être également le cas pour Shion. Chacun aimait la compagnie de l'autre. Ils en étaient arrivés à aller taper à la porte de l'autre, même tard le soir, s'ils ne s'étaient pas vus de la journée.

Et voilà maintenant huit ans, ils avaient eu leur première dispute. Ils avaient bu quelques bières dans une taverne et pour une raison qui lui échappait encore aujourd'hui, Dohko avait courtisé une jeune serveuse. Il était sur le point de s'éclipser avec elle lorsque Shion le prit par le bras, prétextant à la jeune femme qu'il avait trop bu et le tira hors de l'établissement. Bien évidemment ce ne fut pas au goût du Maitre d'Armes qui ne se laissa pas faire. Mais le Magicien le prit en poids sur son épaule et le jeta dans la vasque de la Fontaine du Gorgonéion. Pour le coup, l'esprit beaucoup plus clair, Dohko se releva, ruisselant et en colère. Il se dirigea vers son ami avec l'idée de lui faire payer cette plaisanterie de mauvais goût mais Shion détala comme un lapin dans les rues de la Cité en riant aux éclats. C'en fut trop pour le Maitre d'Armes qui se lança à poursuite. Il le rattrapa dans le Bosquet des Cinq Chênes. Son ami était là, debout sous la lumière de la lune, le regard levé vers le ciel. Quelque chose arrêta Dohko dans son élan. Il s'approcha et comprit que Shion était en train de déchiffrer les étoiles.

- Que te disent-elles ? lui demanda-t-il d'une voix intimiste.

- Elles me disent que j'ai eu raison d'agir comme je l'ai fait et qu'un grand bonheur va combler mes attentes.

- Tes attentes ? Qu'attends-tu ?

- La même chose que toi, murmura le Magicien en se tournant vers lui pour le regarder.

Sans même réfléchir, Dohko se précipita sur Shion et l'embrassa brutalement. Il le poussa contre le tronc de l'arbre et recommença comme son compagnon répondait aussi voracement que lui à ses baisers. Ils s'écartèrent l'un de l'autre et se regardèrent. Ils eurent l'impression de se voir pour la première fois. Shion eut à nouveau un sourire espiègle et partit en courant. Il ne se laissa rattraper qu'une fois devant la boutique de Dohko.

- Je sais que tu as une chambre à l'arrière, lui dit-il simplement.

- J'en ai aussi une au Palais.

- Trop loin…

Complètement dégrisée, Dohko ouvrit la porte de son échoppe. Il fit entrer Shion et referma à clé derrière eux. D'un mouvement de la tête, il indiqua le rideau qui masquait un passage vers le fond. Le Médecin le franchit sans la moindre hésitation. Cette première nuit qu'ils passèrent ensemble fut une révélation. Ils se connaissaient depuis presque dix ans mais ils n'avaient pas encore compris que ce qui les poussait l'un vers l'autre était bien plus fort, bien plus beau que l'amitié. Maintenant, ils comprenaient. Maintenant, ils savaient. Et ils se murmurèrent leurs sentiments toute cette première nuit. Ils les gémirent aussi et parfois, ils les crièrent. Et depuis ce jour, ils ne se quittèrent plus.

Enfin, Shion entrouvrit les lèvres et expira plus fortement. Aussitôt Dohko l'appela pour le tirer plus vite de son inconscience. Lorsqu'il put revoir le reflet rose des yeux de son compagnon, il poussa un soupir de soulagement. Le Médecin tenta de se redresser pour s'asseoir, mais il était sans force. Après de nombreux efforts, le Maitre d'Armes réussit à les abriter dans la grotte. Il l'allongea près du feu et prépara une infusion revigorante. Le Magicien la but presque d'une traite, bien qu'elle soit brulante et s'adossa à la roche.

- Merci, souffla Shion en levant un regard épuisé vers Dohko.

- De quoi ?

- D'avoir tenu ta promesse…

- Je tiens toujours mes promesses… sinon je ne promets pas.

- J'ai pu… j'ai pu voir… des choses…

- Tu veux en parler ?

- Je dois en parler… j'ai peur d'oublier…

Dohko se glissa aux côtés de Shion et le prit dans ses bras. Il aimait le tenir ainsi. Il avait l'impression que là, rien ne pourrait jamais atteindre son amant. En l'enlaçant ainsi, il se sentait presque puiser sa force en lui pour le protéger. Par tous les Dieux ! Qu'il ne lui arrive jamais rien. Que ferait-il sans lui ?

- Je t'écoute…

- C'est l'Enfer qui va s'ouvrir sous nos pieds. Il faut que je voie la Reine Hilda au plus vite.

- C'est à ce point ?

- Pire encore. Asgard, les Océans et le Sanctuaire pourraient bien ne pas s'en remettre. Et le Royaume des Ténèbres pourrait aussi être touché. Mais malgré tout, je n'arrive pas à voir le message entier. Il me manque toujours des éléments.

- Nos trois Royaumes sont à l'agonie, commença Dohko. Comment pourrait-on faire face à un tel danger ?

- C'est pour cela que les Créatures Magiques se sont éveillées. Si seulement je savais quelles seront celles de l'ennemi ?

- L'idée de Gabriel de chercher celles qui sont rattachées aux Ténèbres n'est pas mauvaise. Veux-tu que je m'en charge ?

- Pourquoi pas ? Ça ne coûte rien d'essayer. Fais-toi aider de Shaka, il connait bien les archives et la bibliothèque.

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Depuis sa dernière entrevue secrète avec le Chevalier de Pégase, la Princesse Saori avait perdu son sourire et sa joie de vivre. Malgré les efforts de ses deux dames de compagnie et d'Orphée, elle sombrait un peu plus chaque jour dans le désespoir. Elle avait tout fait pour retarder le jour de son départ pour la Cité d'Atlantis, mais elle était arrivée à court d'idées. La veille, son père était venu la voir. Il lui avait fait beaucoup de reproches et s'était montré dur. Pour lui, il s'agissait de l'avenir du Royaume et celui de sa fille, bien qu'il lui importât aussi, passait au second plan. Aussi lui avait-il bien fait comprendre qu'il était las de ses caprices et que trousseau fini ou pas, elle devait se préparer à partir dans les plus brefs délais. Mise au pied du mur, elle ne put que s'incliner.

De plus, les messages qu'elle avait envoyés à Seiya étaient restés sans réponse. Elle se souvenait de lui avoir dit des horreurs et elle s'en voulait terriblement. Elle aurait voulu lui présenter des excuses, lui dire que les mots avaient dépassé sa pensée, qu'elle était en colère non pas contre lui mais contre son père qui lui imposait ce mariage. Elle voulait lui dire tant de choses, mais il restait sourd à ses appels. Et ne lui avait-il pas dit de ne plus l'importuner ? Qu'il ne savait plus qui elle était et qu'il ne voulait plus rien avoir à faire avec elle ? Mais comment s'excuser s'il ne voulait pas lui parler ? June avait été chargée de dire à Seiya que la Princesse désirait lui demander pardon, mais d'après la jeune servante, il avait secoué la tête et tourné les talons. Sans un mot.

Saori était au bord du gouffre. Tout ce à quoi elle essayait de se raccrocher semblait lui filer entre les doigts. Son univers était totalement déstabilisé. Elle se sentait comme un frêle esquif ballotté dans une violente tempête. Elle n'avait plus aucune prise sur sa vie. Seika venait de se marier et filait le parfait amour. Même si elle avait été ravie pour la jeune femme, elle n'arrivait pas à se réjouir. Elle avait épousé un homme selon son cœur alors qu'elle devait se marier selon la raison d'État. Un toussotement l'arracha à ses pensées.

- Maitre Arachnée… Je suppose que votre présence indique l'achèvement de ma robe ? dit-elle d'une voix où perçait la résignation.

- Effectivement, votre Altesse. Si vous voulez bien la regarder afin de me donner votre assentiment, je la ferai emballer immédiatement dans sa malle de voyage.

- Inutile… Vous pouvez l'enfermer, répondit-elle en passant près de lui sans même un regard.

Le Maitre Tisserand pinça les lèvres d'agacement. Il s'était plié aux moindres fantaisies de la Princesse et elle ne daignait même pas gratifier son travail - et sa patience - d'un simple regard ou d'un mot de remerciement. Quelle petite ingrate !

- Sa Majesté souhaitera peut-être la voir, insista-t-il.

- Eh bien portez-la-lui, lança-t-elle par-dessus son épaule avant de s'enfermer dans sa chambre.

Maitre Arachnée retint un mouvement de colère et décida quand même de montrer au Roi ce qu'il considérait comme sa plus belle création à ce jour. Celui-ci, au contraire de sa fille, ne tarit pas d'éloges devant ce qu'il qualifia d'œuvre d'art et remercia chaleureusement Arachnée pour son travail malgré les caprices de sa fille.

Shunrei et Seika s'inquiétaient pour leur Princesse. La jeune fille avait maigri. Ses traits étaient tirés et lorsqu'elle arriverait au Palais de Corail, la fatigue du voyage la ferait paraitre presque malade. Shunrei prit sur elle d'en parler au Médecin Royal. Shion tenta de la rassurer, mais il connaissait assez la jeune femme pour savoir qu'elle ne serait pas venue le voir si elle n'était pas réellement angoissée par la santé de Saori. Il prit le parti d'en avoir le cœur net.

Shion savait qu'après le déjeuner, la Princesse sortait faire une promenade dans les jardins, seule. Il s'arrangea pour la croiser. Et ce qu'il découvrit le laissa sans voix.

- Bonjour, Shion, l'interpella Saori avec un pauvre sourire.

- Princesse ! Quel plaisir de vous voir, c'est si rare ces temps-ci. Mais que vois-je ? Des cernes sous vos jolis yeux. Avez-vous du mal à dormir ?

D'un coup d'œil, il prit l'ampleur des dégâts. Saori se laissait mourir. Sa robe était trop large pour sa silhouette, de vilaines ombres violettes soulignaient son regard d'ordinaire pétillant et qui là, paraissait éteint. Et chaque pas semblait lui demander un effort surhumain.

- J'avoue que je me réveille dans la nuit. Pas très longtemps, mais le matin j'ai un peu de mal à me lever.

- Je devrais pouvoir arranger ça avec un remède. Et il faut aussi mieux manger.

- Je mange comme d'habitude…

Tout en parlant, ils s'étaient approchés d'un banc sur lequel ils s'assirent.

- Et que mangez-vous ?

- De la soupe… de la viande quand il y en a et du pain bien sûr…

- Alors il vous faut en manger plus, déclara le Médecin sur un ton qu'il souhaitait jovial.

- Je vais faire un long voyage. La nourriture n'aura pas la qualité de celle du Palais.

- Vous aurez de la viande tous les jours grâce aux chasseurs, et les plaines et les forêts que vous traverserez vous fourniront des baies, des champignons. On ne mange pas si mal que ça en voyage, vous savez ?

- Eh bien, je ne tarderai pas à le découvrir…

- La Fête des Moissons arrive et se sera pour nous tous l'occasion de festoyer abondement. Je suis sûr que cela vous fera du bien.

- Certainement… Je vais rentrer…

- Je vous accompagne pour donner à Shunrei et Seika les instructions pour votre remède. Il vous faudra le boire le soir, un peu avant de vous coucher.

Après avoir laissé ses consignes, Shion gagna le dispensaire. Mais l'état de Saori le préoccupait au plus haut point. En fin de journée, il passa sur l'aire d'entrainement des archers pour y chercher Aïoros. Celui-ci lui confirma que le Chevalier de Pégase se conformait strictement aux ordres qui lui avaient été donnés. Le Médecin réfléchit un instant et se demanda si interdire aux deux jeunes gens de se voir était finalement une bonne chose. Surtout que Seiya ferait partie de l'escorte de la Princesse.

Il trouva le jeune homme dans une taverne, à boire quelque choppes de bière avec ses compagnons. Il lui fit signe de le rejoindre dehors.

- Je suis flatté d'être digne de votre intérêt, Seigneur Shion, railla Seiya en s'adossant au mur du bâtiment.

- Le cynisme ne te va pas, et ça ne marche pas avec moi. Je suis venu te parler de Saori.

- Il lui est arrivé quelque chose ?

Seiya s'était vivement redressé et se tenait devant Shion, bien campé sur ses deux jambes comme s'il s'apprêtait à combattre.

- Pour l'instant rien, mais elle dépérit. Alors la prochaine fois que June viendra te dire que la Princesse veut te voir, accepte. Cela lui redonnera peut-être l'envie de vivre.

- N'en avez-vous pas assez de nous manipuler comme des pions sur un échiquier ? cracha le jeune homme, le corps tremblant de colère contenue. Pourquoi ferais-je ce que vous me demandez ?

- Parce que tu l'aimes. Et parce que tu sais que l'avenir du Sanctuaire est en partie entre ses mains. Ce mariage doit se faire coûte que coûte. Tu l'as très bien compris. Mieux qu'elle.

- Lorsque vous vous regardez dans un miroir, vous n'avez pas envie de vomir ? Vous m'écœurez. Mais vous avez raison sur une chose. L'avenir du Sanctuaire m'importe au plus haut point. Alors je ferai ce que vous me demandez. Bonsoir, Seigneur Shion.

Seiya fit un pas en arrière puis se détourna. Il prit le chemin de la caserne où il avait une chambre. Shion le regarda s'éloigner avec un sourire triste aux lèvres. Bien sûr qu'il n'aimait pas se servir des gens de la sorte mais tout devait être mis en œuvre pour assurer la paix entre les deux Royaumes. Et il aurait mis sa main à couper que le Prince Julian devait être tout autant en colère que Saori. Peut-être le montrait-il différemment, mais sa rage était certainement aussi noire que celle de la Princesse.

Shion redescendit la rue commerçante où toutes les échoppes étaient désormais fermées. À nouveau, il eut cette sensation d'accélération. S'ils étaient toujours aussi tempétueux, les Flux Magiques semblaient s'être mis à glisser dans la même direction, comme s'ils se coordonnaient. Ce n'était pas encore l'harmonie parfaite, mais quelque chose était en train de se produire, il en était certain. Et pour l'instant, il n'aspirait qu'à deux choses : l'arrivée de la Reine Hilda… et Dohko. Et dans l'immédiat, il avait plus besoin de Dohko que d'Hilda…

À suivre…

Le prochain chapitre vous emmènera au Royaume de Océans.


(1) Abolis l'espace, fige le temps, protège le voyageur.

(2) Rusk et Tsubaki sont deux des disciples d'El Cid dans "The Lost Canvas" Le troisième est Lacaille. J'en ai fait les neveux de Shura, on reste donc dans le signe du Capricorne.

(3) Starlight, le Lusitanien de Mû

(4) Jumping, le Pure Race Espagnole de Shura.

(5) Tirynthe : c'est une ancienne cité mycénienne du Péloponnèse, au sud d'Argos, sur le golfe d'Argos où était rendu un culte à Athéna dans le sanctuaire de "la Maison de Bronze". La cité se limitait à une colline calcaire de 30 m de haut, environ 300 m de long et 40 à 100 mètres de large. Initialement, la côte était très proche de la colline. Le lieu a été peuplé à partir du Néolithique. Puis, à partir du troisième millénaire avant J.-C., Tirynthe devint l'un des principaux centres de l'âge du bronze en Europe. Source Wikipédia.

(6) Tanwen : prénom d'origine du Pays de Galles qui signifie Feu(tan) Blanc(Gwen)

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