Cet os est écrit pour un jeu du FoF, il fallait le rédiger sur le thème "Rejet" en une heure. Pour plus de précisions vous pouvez m'envoyer un mp.


Tom Jédusor était un orphelin comme beaucoup d'autres enfants. Cependant, Madame Cole lui avait raconté qu'il était différent. Après tout, il était né sur place, à l'orphelinat alors qu'habituellement les enfants étaient déposés un peu plus âgés, laissés dans l'église proche ou carrément sur les marches de la bâtisse sombre.

Bien évidemment, ça ne lui apportait pas vraiment d'avantages. Aucun enfant ne pourrait trouver des avantages à ce lieu, même s'il savait que Madame Cole l'aimait bien. Elle avait pris soin de lui depuis l'instant où il était sorti du ventre de sa mère, rouge et fripé.

Les premières années de sa vie étaient un peu floues. Il avait été un bébé calme, presque résigné, comprenant presque instinctivement que le personnel de l'établissement était débordé et qu'il y avait un temps limité pour chaque enfant. Il passait de longues heures assis dans son petit lit à regarder autour de lui, silencieux.

Il n'avait jamais connu l'amour. On l'avait cajolé, et bercé, mais le minimum requis pour s'assurer qu'il ne dépérisse pas. Il avait entendu Madame Cole disputer l'une des employées qui refusait de câliner les enfants, où elle lui avait assuré que selon les travaux d'un scientifique éminent, les bébés avaient besoin de contacts humains ou ils risquaient de mourir.
Ainsi, il avait compris que lorsque quelqu'un venait le cajoler, ce n'était pas par plaisir mais par obligation. Il aurait préféré croire comme les autres qu'il était aimé, mais Tom avait toujours été un petit garçon intelligent.

En devenant plus grand, il avait subi le rejet de ses camarades. Il était trop calme, trop silencieux. Trop passif.
Tom avait laissé les autres enfants le repousser, le malmener même. À l'orphelinat, c'était la loi de la jungle, les employées étaient déjà débordées avec les nourrissons alors les plus grands devaient bien se débrouiller entre eux.
Il avait été furieux, bien sûr. Et quelque chose s'était produit.

L'un de ceux qui l'avait bousculé un peu trop rudement était mystérieusement tombé dans les escaliers et avait eu le bras brisé. Le gamin avait juré que quelqu'un l'avait poussé, mais Madame Cole avait assisté à l'incident et elle avait clairement vu qu'il n'y avait eu personne en haut des marches avec lui. Il y avait juste Tom, près d'elle, immobile, fixant la petite brute.

Ensuite, Tom avait compris que s'il voulait avoir accès aux jouets, il devait s'imposer. D'enfant effacé, il s'imposa, prenant l'ascendant sur ses camarades d'infortune. Ce qu'il convoitait, il l'obtenait. Personne ne le vit jamais commettre d'actes de violences, mais il y avait soudain beaucoup d'accidents arrivant à ceux sur son chemin. Suffisamment pour que les autres enfants commencent à avoir peur de lui. A se méfier.

Un jour, Billy Stubbs eut l'idiotie de s'opposer à lui. A vouloir le rejeter une fois encore, parce qu'il le trouvait étrange. Tom essaya de l'intimider, mais avant d'être abandonné Billy Stubbs avait grandi cinq ans dans une famille nombreuse. Il avait eu des frères et soeurs plus âgés et il avait appris à se battre.

Tom savait que son camarade n'avait qu'une seule faiblesse : le lapin qu'il traînait partout, un animal qu'il avait trouvé un jour et qui ne l'avait jamais quitté. Billy le traitait comme un égal presque et lui confiait tous ses secrets, murmurant le soir dans son lit après le couvre-feu.
L'animal était totalement domestiqué, et se laissait caresser par les enfants.

Billy profitait de la fascination que provoquait son animal pour essayer de gagner en popularité, combattant l'influence de Tom avec sa boule de poils.

Tom détesta cette sensation de rejet, comme lorsqu'il était petit. Maintenant qu'il approchait des dix ans, il était assez grand et fort pour ne plus se laisser faire.
Le soir même, dans son petit lit inconfortable, Tom caressait distraitement la couverture rêche en pensant que sans son lapin, Billy Stubbs ferait moins le malin. Puis, il imagina ce qu'il pourrait infliger à l'animal pour se venger.
Il s'endormit avec l'image du lapin pendu à la plus haute poutre de la chambre de Billy, le petit corps tout doux se balançant au dessus de son maître.

Le lendemain matin, il fut réveillé par un hurlement déchirant et des cris. Puis des sanglots.
C'était suffisamment inhabituel pour qu'il affronte le froid glacial - l'orphelinat avait à peine de quoi payer le chauffage - et ne sorte la tête dans le couloir, sourcils froncés, pour essayer de comprendre ce qui se passait.

Amy Benson, une insupportable pimbêche, l'agrippa par la main, toute excitée.
- Viens voir ! C'est Billy qui pleure !
Tom leva les yeux au ciel mais la suivit, curieux. Arrivé devant la chambre de l'autre garçon, ils se frayèrent un chemin dans la petite foule compacte, et Amy laissa échapper un cri horrifié tandis que Tom écarquillait brièvement les yeux.

Le garçon se pinça discrètement en voyant la scène. C'était exactement ce qu'il avait imaginé juste avant de s'endormir. En mieux encore, puisque c'était réel.
Le lapin de Billy pendant misérablement, pendu à la poutre, mort. Juste au dessus du lit de son maître.

Ses yeux pétillèrent un instant de satisfaction alors qu'il se redressait. C'était la preuve qu'il était un garçon bien plus spécial qu'il ne le pensait, et avec un pouvoir tel que le sien, plus jamais personne ne le rejetterait. C'était une excellente journée qui s'annonçait.