Mot de l'auteur

/!\ Cette histoire est une réécriture en version boy x boy de "La quête des Livres-Monde" de Carina Rozenfeld, l'histoire et les personnages lui appartiennent ! Les livres peuvent être acheter sur amazon, fnac et en librairie ! (Environ 5 à 14 euros le livre et environ 30 euros l'intégrale) pour soutenir l'auteur et la financer dans ses projets ! /!\

PS : Les personnages autres que Nathan, Zayn, Lia et Aela ne m'appartiennent pas ! Ils sont de Carina Rozenfeld, une écrivaine très talentueuse que j'admire !


À force de patience, de longues heures de travail, Lenny était presque parvenu à découper la languette qui fermait le livre. À raison de quelques millimètres par jour, il avait séparé les deux pans de la couverture. Cette résistance, cette difficulté l'avait rendu encore plus curieux. Quel était ce métal inviolable ou presque ? Il n'avait jamais rien rencontré de tel ! Chaque centimètre entamé était une victoire pour lui et il devenait de plus en plus fébrile. Un livre tellement protégé devait renfermer un véritable trésor ! Il allait en tirer une fortune, peut-être même quitter son travail, partir à l'autre bout du monde ! Les rêves les plus fous tournoyaient dans son esprit, des images de ciel bleu, de mer scintillante, de filles en bikini... Tous les clichés des magazines people s'imposaient à lui comme une réalité presque tangible.

Enfin, le dernier obstacle sauta. La languette, nettement coupée en deux, n'offrait plus de résistance. Lenny prit une profonde inspiration. La nuit était tombée. Il avait perdu la notion du temps.

Il rangea soigneusement son chalumeau, alla se laver les mains. Au passage, il vérifia l'heure : 23 h 19. Il revint s'asseoir devant le livre. Il passa une paume délicate sur la couverture, laissant les picots le chatouiller, les creux guider son mouvement. Enfin, il se sentit prêt à découvrir le trésor qui l'attendait.

D'un geste extrêmement précautionneux, il souleva la couverture. Doucement d'abord, puis il la fit basculer d'un coup. Son cœur eut un raté. L'espace de quelques secondes, il crut en effet être en possession d'un filon exceptionnel. Les pages, constituées du même métal que le livre, protégeaient de petites graines noires enchâssées dans la matière. Il pensa instantanément à des roches cristallines rares, ou à des diamants, des pierres précieuses, mais, en passant le bout de ses doigts sur les petites boules sombres, il les sentit se contracter, puis se dilater à nouveau. Ces choses étaient... vivantes. Organiques. Ça respirait, ou presque.

Ce n'était pas un trésor, c'était juste... un truc monstrueux et effrayant, étranger. Il n'arriverait jamais à vendre un objet pareil

Son euphorie retomba aussitôt. C'était comme un mauvais trip : il était monté très haut dans son délire, et la chute était difficile, douloureuse, un abîme de déprime. Brutalement, il referma le livre et le repoussa loin de lui d'un geste rageur. Son rêve était brisé.

Sans un regard sur l'ouvrage, il sortit de chez lui en saisissant au passage sa veste sur la patère, bien décidé à noyer sa rancœur et sa frustration dans l'univers de la nuit qui lui tendait à nouveau les bras...


- Nathan, c'est toi qui as ouvert le livre ?

La voix rauque d'Eyver n'était qu'un chuchotis à l'autre bout de la ligne.

- Non, ce n'est pas moi. Pour tout vous avouer, il n'est même pas en ma possession.

Nathan s'empressa de tout raconter à Eyver. Au moins, avec les événements de la soirée, il n'avait pas besoin de chercher une excuse ou une histoire quelconque à lui servir. Il se sentit soulagé de lui avouer la vérité. Il entendit le vieux Chébérien égrener un chapelet de jurons.

- Pourquoi ne me l'as-tu pas dit avant ?

- J'avais peur de vous décourager pour de bon... Que ça vous achève.

Eyver poussa un long soupir.

- Tu te préoccupes trop de moi, je te l'ai déjà dit. Je suis plus solide que tu ne le penses. Bon, au moins, nous avons à présent la certitude que le livre est bien entre les mains d'une tierce personne. L'Avaleur de Mondes va se mettre à sa recherche. Il peut sentir la présence de cet objet étranger comme il l'a fait pour nous retrouver sur Terre. Je ne sais pas s'il a eu le temps de remonter sa piste précisément. Il était dans un corps humain, et il lui fallait en sortir pour remonter la trace du livre. Ça a dû le retarder. Il ne reste plus qu'à espérer que cette personne ne s'amuse pas à ouvrir le livre trop souvent. Il va faciliter la tâche de l'entité et nous épuiser par la même occasion.

- A-t-on un moyen de repérer le livre ? demanda Nathan d'une voix incertaine.

- Je ne sais pas. Je vais y réfléchir. Mais, honnêtement, je ne crois pas qu'il en existe un.

- C'est ce que j'avais deviné. Je vous appelle si on a quelque chose de nouveau.

- Je compte sur toi.

Nathan raccrocha et se passa une main dans les cheveux. Il était allongé dans son lit, le corps brisé par l'épreuve de la soirée, l'esprit incapable de se fixer sur une pensée cohérente. Après le feu d'artifice, Lia l'avait aidé à rentrer chez lui, le soutenant sur tout le chemin jusqu'à leur immeuble qui, heureusement, n'était qu'à trois stations de métro. Il avait également tenté d'appeler Zayn sans succès. Nathan fut soulagé de constater que ses parents dormaient déjà. Ils n'auraient pas à s'inquiéter pour que leur fils, pâle et défait. Il s'était couché tout de suite, sans demander son reste. Sa tête tournait encore et les images de l'homme aux yeux vides le hantaient. Il essayait d'imaginer ce que pouvait être une vie sans émotions, sans amour, sans passion... À quoi cela servait-il d'exister si l'on ne ressentait rien ? Au moins, si l'on croyait en une entité créatrice, le contraire de l'Avaleur de Mondes, on pouvait penser qu'elle avait un sens, un but : créer la vie, insuffler le souffle nécessaire aux êtres qui peuplaient l'univers, comme les Terriens, ou les Chébériens. Il y avait de l'amour derrière cet acte, une volonté positive. Alors que l'existence de l'Avaleur de Monde était vide de sens et il répandait ce vide autour de lui, comme s'il était porteur d'un virus mortel et hautement contagieux.


Après l'appel d'Eyver, Nathan s'endormit un bref moment. La vibration de son téléphone sur la table de nuit le réveilla en sursaut. Il soupira de soulagement en voyant le nom de Zayn s'afficher sur son écran digital.

- Nathan, tout va bien ? demanda d'emblée la voix inquiète du jeune homme.

- Oui, un peu secoué, mais je pense que toi aussi tu l'as ressenti ?

- C'était atroce. Heureusement, j'étais dans ma chambre quand c'est arrivé, mon oncle n'a rien vu.

- Tu es encore à Paris ?

- Oui, bien sûr, répondit Zayn d'une voix légère.

Une bouffée de joie et de soulagement saisit le garçon.

- J'ai vraiment eu peur que tu partes.

- Tu sais bien que je n'aurais pas fait ça. J'ai eu besoin de prendre un peu de recul et de digérer ma déception, mais je ne comptais pas laisser tomber. Pas encore, en tout cas.

- Tant mieux, c'est cool.

- Nathan, que s'est-il passé exactement ?

Le garçon lui raconta la soirée dans les moindres détails, Zayn ne répondait que par onomatopées effrayées et choquées. Il garda le silence un moment.

- How do you feel ? finit-il par demander,

- Pas terrible, mais bien mieux que si l'Avaleur de Mondes avait réussi son coup.

- Finalement, je remercie la personne qui a trouvé le livre, Elle t'a sauvé la vie.

Nathan eut un sourire fugace dans le noir.

- Je n'avais pas vu les choses ainsi, mais tu as raison, Qu'est-ce qu'on peut faire, d'après toi ?

- Malheureusement, on ne peut pas « renifler » le livre comme l'Avaleur de Mondes. Il faut le retrouver autrement, et très vite, sinon il va mettre la main dessus avant nous.

- Oui, je sais, soupira Nathan.

- Il faut qu'on se voie demain pour parler de tout ça. Je te laisse te reposer pour ce soir. Bonne nuit Nathan... Fais attention à toi...

- Merci, fais attention à toi aussi. Je sais qu'il a une dent toute particulière contre moi, mais il veut te tuer aussi.

- I know...


Au petit matin, Lenny réintégra son appartement au vingtième étage d'une tour de béton en titubant. Le soleil pâle filtrait entre ses rideaux tirés et dessinait une ligne claire sur le lino, la table du séjour et sur le livre.

L'homme fit quelques pas incertains vers l'objet et ricana.

- Tu croyais m'avoir, mais j'ai trouvé un moyen pour me débarrasser de toi. Et même que ça va me rapporter du fric malgré tout.

Lenny se dirigea vers sa chambre pour s'effondrer tout habillé sur son lit. La nuit avait été meilleure que prévu. Il avait retrouvé quelques potes au bar, il avait même gagné un peu d'argent sur un ou deux paris pris quelques jours plus tôt. Et, en parlant avec ses compères, il avait trouvé la solution à son problème. Il savait comment il allait revendre son livre bizarre. Il s'étonnait même de ne pas y avoir pensé plus tôt. C'était tellement simple et évident !

Demain il s'en occuperait. Il savait qu'il trouverait quelqu'un pour l'acheter. On trouvait de tout sur cette planète. Mais, pour cela, il fallait mettre la planète au courant...

Demain.

Sur cette dernière pensée, il sombra dans un sommeil éthylique et comateux...


Quelqu'un sonna à la porte.

Jérôme posa aussitôt le tube à essai qu'il tenait dans les mains, ôta ses gants en caoutchouc blanc, et s'essuya les paumes contre un torchon étalé sur le dossier d'une chaise. Son visage se figea, comme si un masque d'impassibilité était coulé sur ses traits et il redevint alors le majordome parfait que tous connaissaient, l'être discret qui n'était là que pour servir son maître, Eyver. Sans un bruit, il alla ouvrir.

- Bonjour, Jérôme, je ne vous dérange pas, j'espère ?

- Non, mademoiselle Lia, vous êtes toujours la bienvenue, vous le savez.

- C'est gentil. Est-ce que Eyver est là ? Je sais que je viens à l'improviste, et il est peut-être occupé.

- Je vais le prévenir de votre arrivée. Si vous voulez bien attendre dans le salon…

Lia hocha la tête et alla s'asseoir dans un des fauteuils Louis XVI qui trônaient dans le séjour.

Jérôme, quant à lui, s'était déjà éclipsé dans l'une des nombreuses pièces de l'immense appartement haussmannien.

Eyver était dans sa chambre. Il avait entendu la sonnette retentir dans le silence pesant. Pourtant il n'avait pas bronché, perdu dans ses pensées, ou plutôt, ses souvenirs... Il s'était plongé à nouveau dans les textes rédigés par son vieil ami Mélior. Ses descriptions de Chébérith étaient superbes. Cela ravivait toujours quelques flashs d'images dans son esprit poreux. « Quelques »... Il se rendait compte qu'il ne se souvenait pas de tout.

Cette constatation lui tordait les tripes de douleur. Chébérith ! Sa maison ! Malgré tous ses efforts, ses souffrances, il l'oubliait.


"Je me souviens de cette soirée, merveilleuse, au cours de laquelle j'ai eu le bonheur d'assister au « baiser des lunes ». C'est une cérémonie très particulière, qui ne se produit qu'une fois tous les quarante ans environ, quand Chanar et Luet passent l'une au-dessus de l'autre. Évidemment, ce n'est qu'une illusion d'optique : Chanar est beaucoup plus éloignée de Chébérith que Luet, beaucoup plus grosse aussi, Mais voilà qu'une fois tous les quarante ans Chanar semble faire la même taille que sa petite sœur. Cette dernière, dans sa nacre rosée, glisse alors juste en dessous de sa compagne de ronde éternelle. Elles paraissent se frôler et l'on dit alors que Chanar dépose un baiser rassurant sur la tête de Luet. Pour lui dire qu'elle est encore là, et lui promettre qu'elle la croisera à nouveau bientôt, dans quelques années.

Pour l'occasion, tous les habitants de Sulvate, la ville aux mille tours, se parent de rose et de blanc et s'offrent des bouquets de fleurs de lampour, assorties aux couleurs de la fête. La légende raconte que les graines de ces sublimes, aux pétales enroulés comme des mirlitons, sont tombées du ciel le soir du premier baiser.

Toute la cité est en liesse. Les mille tours, mesuranı toutes près d'un kilomètre d'altitude, s'illuminent dans la nuit, donnant l'illusion que des cascades d'étoiles dégringolent du ciel et déversent leurs diamants de lumière sur Chébérith. Les portes de la tour de Chanar, nommée ainsi parce que ses architectes auraient eu la volonté d'atteindre la lune blanche en l'érigeant, s'ouvrent en grand. C'est la seule occasion d'assister à cet événement. Les deux battants monumentaux, hauts de plusieurs centaines de mètres, ne s'ouvrent jamais complètement. On préfère, au quotidien, utiliser les « sous-portes », des ouvertures plus modestes qui se trouvent au pied de la tour.

Je vous laisse imaginer mon émotion au cours de cette cérémonie. J'y étais avec ma famille ainsi qu'avec Eyver et tous les siens. Nous avions organisé ce petit voyage pour la nuit du Baiser des lunes. Les enfants étaient surexcités et décrivaient avec force exclamations et doigts tendus toutes les beautés de la ville. Nous étions sur la place principale, guettant à la fois le moment où les deux lunes s'offriraient leur caresse et celui où les portes s'ouvriraient.

Les deux ba ants commencèrent à s'écarter dès que le baiser fut donné par Chanar. Au son d'une musique éclatante et des hurlements de la population emplie d'allégresse, des centaines de Chébériens, portant chacun un lampion coloré, s'échappèrent par l'ouverture et montèrent haut dans le ciel comme des lucioles, en lâchant sur la foule des pétales de lampour. Les enfants sautaient pour les attraper au vol, et suçotaient les pétales roses, sucrés et suaves…"


Eyver avait souri en lisant les premières lignes du texte. Il se souvenait de ce séjour à Sulvate. Il pouvait presque ressentir à nouveau la joie d'assister à cette nuit unique en compagnie de ses enfants, de sa femme et de la famille de son cher ami. Et puis, en avançant dans les descriptions de Mélior, un sentiment de tristesse, de frustration prit le dessus sur le plaisir. Certains détails lui échappaient. Comme les fleurs de lampour. Il aurait dû s'en rappeler. Il savait que Mélior disait vrai, qu'il n'avait rien inventé. Alors, pourquoi ce trou noir dans son esprit ? Pourquoi aucune image, aucun parfum ne lui revenait en tête à la mention de la fleur ? C'était comme si elle n'avait jamais existé pour lui. Comme si Eyver avait vécu la même fête que Mélior, mais qu'il lui manquait certains passages. Le puzzle de sa mémoire était incomplet... Il avait l'impression de se souvenir, mais il devait se rendre à l'évidence : il ne possédait en lui que des lambeaux fumants de Chébérith. Et cette constatation le vrillait de souffrance.

Le cœur serré de douleur, l'esprit rempli de brouillard, il s'était enfoncé dans une sorte de torpeur, laissant le carnet de Mélior sur la table, ouvert à la page où il l'avait abandonné. Il ne savait pas pendant combien de temps il était resté ainsi, prostré sur sa chaise roulante, enfermé dans son corps malade, dans sa tête poinçonnée, tachetée des vilaines traces noires indélébiles de l'oubli.

Le bruit léger de la sonnette l'avait tiré de ses pensées moroses, du désespoir qui menaçait de le submerger. Il en ressentit un immense soulagement. Quelque chose, quelqu'un, allait lui changer les idées, lui apporter de quoi s'occuper. Il ne devait plus penser à Chébérith. Chébérith était morte. Pour le moment.

- Monsieur, Lia voudrait vous voir.

- Elle est seule ?

- Tout à fait.

- Je crois savoir pourquoi elle est là. Vous avez eu le temps de préparer ce qu'il faut ? demanda Eyver en mettant son fauteuil en mouvement.

- Bien sûr, monsieur.

- Vous pensez que ça va marcher ?

- Je ne peux être certain de rien, monsieur. Le mémo est une plante pleine de surprises et je n'ai pas fini d'en découvrir tous les aspects, mais je crois que j'ai effectué le bon dosage.

- Alors, allons voir ce que veut précisément cette jeune femme.

Eyver glissa son fauteuil dans l'encadrement de la porte de sa chambre et se rendit au salon. Lia se tenait droite comme un piquet sur son siège, les mains sagement posées sur les genoux. On la sentait mal à l'aise, légèrement inquiète. Mais, dès qu'elle vit Eyver entrer dans la pièce, elle se ressaisit et lui offrit son habituel sourire goguenard.

- J'ai rêvé que l'Avaleur de Mondes entrait dans ma tête, la nuit dernière, et ça ne m'a pas plu du tout. Bien sûr, je ne suis pas du genre à faire des rêves prémonitoires, mais on ne sait jamais...

Eyver eut un petit rire. Il s'était attaché à Lia au fil des semaines, même s'il n'avait pas prévu que cette jeune femme, qui n'avait rien à voir avec Chébérith au départ, se laisserait embarquer de bon gré dans cette quête. Il lui était reconnaissant de s'impliquer autant pour un monde qui n'était pas le sien, qu'elle ne connaissait pas. Sous ses airs moqueurs, Lia était une fille généreuse, intelligente et honnête.

- Tu as eu raison. On n'est jamais trop prudent avec un être tel que l'Avaleur de Mondes. Il ne connaît pas la pitié, ni la compassion, il est prêt à éliminer quiconque se met en travers de son chemin, sans se poser la moindre question. Hélas, Nathan en fait les frais actuellement.

Lia fit une petite grimace en repensant aux derniers événements. Elle avait été témoin de la volonté destructrice de l'entité, et c'était peut-être ce spectacle qui avait inspiré le rêve désagréable dont elle se souvenait en frissonnant de dégoût.

- Est-ce que c'est dangereux ? Je veux dire... le mémo ?

C'est Jérôme qui répondit, faisant sursauter la jeune femme qui n'avait pas remarqué sa présence sombre dans un coin de la pièce.

- Tout dépend du dosage. Pris en tisane, dans le cas de monsieur Eyver, il permet à son esprit de conserver sa cohérence. Sans cela, il se déliterait, perdrait ses connections synaptiques, entraînant démence, amnésie puis disparition totale de ce qui fait l'essence même d'un être... Pour votre cas, j'ai longuement réfléchi, et j'ai cherché le dosage le plus adéquat. Je pense que j'ai trouvé le bon compromis. Une dose de mémo qui vous permettra de conserver votre mémoire, mais qui va dérégler certaines fonctions de votre esprit. Temporairement, bien entendu. Cela pourra dérouter l'Avaleur de Mondes, s'il rentre dans votre tête. Pour donner une image grossière, cela lui fera perdre son chemin...

Lia ricana.

- Et je ne compte pas lui donner de plan à l'entrée ! Par contre, euh... qu'est-ce que vous entendez par « dérégler certaines fonctions de mon esprit » ? Je vais devenir folle ? débile ?

Jérôme ébaucha un demi-sourire.

- Rien de tout cela. Vous risquez de grosses migraines, c'est pourquoi je vous fournirai aussi un traitement de choc contre les maux de tête. Ou alors des flashs, des premonitions, des trous de mémoire. Je ne sais pas exactement. Je vous serai très reconnaissant de me faire un compte rendu de cette expérience, cela me sera très utile dans ma recherche sur le mémo…

- En vous écoutant parler, on croirait que vous avez un laboratoire caché dans cet appartement.

- Mais c'est le cas, c'est le cas..., murmura Jérôme.

- Ah... euh, bon, ok pour les trous de mémoire et la migraine et même les premonitions, je trouve ça génial, je vais peut être gagner au Loto. Je veux bien être votre rat de laboratoire, si ça peut éviter à l'autre dingo de fumée noire de visiter mes neurones. On commence quand ?

Jérôme se retourna et récupéra sur le buffet un plateau argenté sur lequel étaient posées une seringue, une boule de coton et une bouteille d'alcool à 90°.

- Tout de suite, si vous vous sentez prêt.

Lia déglutit bruyamment et tendit son bras.

- Allons-y...

Elle se retourna vers Eyver avant que Jérôme ne plante la longue aiguille dans sa peau.

- Je vous préviens, j'exige un tour complet et entièrement gratuit de Chébérith quand votre planète sera recréée.

Eyver eut un grand sourire.

- C'est promis, Lia. Tu auras le droit à la totale, et dans des hôtels cinq étoiles.

- Merci. Aïe !...