OOC : Bonjour à tous. Voici un nouveau chapitre. J'espère que vous apprécierez. Sur ce, bonne lecture.

« Alerte maximale. Alerte maximale. Alerte maximale. »

Ce fut le son de la sirène qui les alerta.

Tandis que l'ex-AVALANCHE était réunie même dans la salle de réunion de l'ORM, Reeve avait déjà dégainé son téléphone pour crier des ordres sur les mesures à mettre en place. Hormis la sirène, ils entendirent les pas précipités des soldats dans le couloir qui étaient prêts à encercler le QG afin de le protéger et le sécuriser.

- Encore ces putains de chiens de l'enfer ? grinça Cid alors qu'il s'armait de son bâton.

Red XIII huma l'air avant de grimacer.

- Non. Je ne le sens pas. Il s'agit d'autre chose.

Chacun des membres de la pièce se leva pour se saisir de ses armes respectives. Reeve écarta le téléphone de son oreille, le visage blême.

- Alors ? s'énerva Barret à son tour.

- ... Ils ont identifié la menace.

Vincent le toisa.

Le ton de Reeve ne laissa place à aucune hésitation.

Ils comprirent tous avant même que Reeve ne leur dise de quoi il s'agissait.


Une fois arrivés au rez-de-chaussée, le groupe fit face à des soldats de l'ORM, tous en position défensive, armes en avant, pointées en direction de l'entrée. Ils venaient de barricader toutes les issues possibles pour empêcher un intrus de pénétrer à l'intérieur du QG.

A travers la porte vitrée, ils purent discerner le nuage de ténèbres.

Alors que Cloud et Vincent s'approchèrent, Reeve ordonna à ses hommes de tenir leur position en cas d'attaque.

« Qu'est-ce que... ? »

Ils se figèrent. Et le cœur de Vincent manqua de cesser de battre.

Non...

Nero le Sable était à l'extérieur.

Aucun d'eux n'aurait dû être surpris.

Son retour était prévisible. Ils savaient très bien qu'après avoir emmené Shiro loin des humains, il reviendrait pour eux. Pour se venger d'eux. Pas seulement pour Shiro, mais aussi pour Weiss et Deepground. Il serait un danger. D'où le sujet de la réunion précédente avec l'ex-AVALANCHE tout entier.

Mais ce ne fut pas pour cette raison qu'ils furent choqués par l'apparition de l'ancien Tsviet.

Non. Ce fut par rapport au fait que Nero le Sable tenait actuellement Shiro dans ses bras, la tête de l'enfant jeté en arrière tandis qu'un filet de sang coulait de son crâne.

Derrière lui, Vincent entendit Tifa crier d'horreur.

Une seule pensée tourna dans la tête de l'ex-Porteur de la Protomatéria.

Quelque chose était arrivé à l'enfant... quelque chose qu'il n'avait pas pu empêcher.

Il crut que Shiro était mort.

« Je suis tellement désolée. »

Est-ce qu'il avait... répété la même erreur qu'autrefois ?

Est-ce que Vincent n'avait pas su empêcher un évènement affreux de se produire ? Il avait laissé Shiro partir. Il l'avait abandonné, laissé tomber.

Est-ce que ce cycle se perdurerait à l'infini ?

« Je vais sortir », déclara Vincent, la voix éteinte.

Non.

Il était hors de question qu'il retombe dans ses vieux démons.

A la place de croire ces pensées, de croire que l'enfant était mort, Vincent se mit... à espérer.

Il se mit à espérer que ce n'était pas trop tard. Que Shiro était encore en vie, qu'il pouvait être encore sauvé.

S'il vous plaît, faites qu'on peut encore faire quelque chose.

Il était hors de question qu'il se laisse aller encore une fois à la culpabilité. Il n'abandonnerait pas Shiro.

Il ne laisserait plus un drame se produire.

- Vincent... l'interpella Reeve, livide.

- Hors de question qu'on te laisse ! refusa Yuffie, son Shuriken à la main.

- Oui. On reste derrière toi, renchérit Cloud.

Vincent secoua la tête.

Il valait mieux qu'un seul d'entre eux vienne. Cela serait comme traverser un champ de mines. Nero risquait de se braquer et de perdre le contrôle.

- Je connais Nero. Je connais Shiro.

- Mais si quelque chose arrive, rétorqua Barret.

Vincent le rassura.

- En cas de problème, je suis le seul de nous à pouvoir affronter les ténèbres.

C'était lui qui avait conduit Shiro jusqu'ici.

C'était à lui de le protéger.

Reeve baissa la tête. Il savait que Vincent avait raison.

Il finit par céder :

- Si les choses dégénèrent, on est avec toi. On ouvrira le feu.

- Et je viendrais te chercher dans les ténèbres si c'est nécessaire ! s'exclama Yuffie, une lueur protectrice dans les yeux.

Shelke hocha la tête à son tour.

- Oui... Moi aussi.

Vincent leur adressa un signe alors que Reeve ordonna à ce qu'on ouvre les portes.

Mais étrangement, Vincent avait le sentiment qu'ils n'auraient pas à intervenir.

Nero aurait très bien pu se téléporter à l'intérieur du QG s'il avait souhaité commettre un massacre.

A la place, il était resté à l'extérieur. Il n'avait pas bougé.

- Sois prudent, Vin, lui adressa Yuffie une nouvelle fois.

Vincent opina du chef et s'immisça à l'extérieur, venant à la rencontre de l'Ancien Tsviet.

Lorsqu'il s'approcha de lui, cela fut pour observer avec choc combien les ténèbres s'agitaient autour de lui.

Même quand Vincent avait affronté Nero les fois précédentes, cela n'avait été rien comparé à ce qu'il voyait actuellement. Plus que d'habitude, comme les vagues de la mer qui se déchaînaient, menaçant de tout dévaster sur son passage.

Peut-être était-ce la raison pour laquelle il était resté dehors...

Quelqu'un aurait employé les mauvais mots, il aurait tout emporté.

Mais il ne le souhaitait pas... Il essayait de garder ses ténèbres sous son contrôle, alors qu'auparavant il aurait tué les humains sans réfléchir. Avec joie.

Vincent comprenait déjà pourquoi.

- ... Que lui est-il arrivé ? lui adressa l'ex-Porteur de la Protomatéria, le timbre calme, essayant de ne pas montrer son inquiétude à l'égard de l'enfant que le Tsviet portait dans ses bras.

Il pouvait clairement lui en vouloir.

Si ça se trouve, Nero s'était emporté contre l'enfant et avait usé ses pouvoirs sans réfléchir au fait qu'il pouvait potentiellement blesser Shiro.

Mais Vincent avait appris à ne pas lancer des accusations sans savoir.

Nero ne répondit pas. Mais son comportement était plus qu'éloquent.

Son corps tout entier tremblait, de manière incontrôlable.

Au contraire de l'attitude sûre de lui et sans pitié que l'ancien Tsviet arborait à l'égard de ses ennemis, Nero n'essayait même pas de cacher ses émotions.

Il avait une expression terrorisée et angoissée, mais il paraissait également si exténué, si désespéré.

Il semblait si vulnérable à l'heure actuelle, que Vincent ne l'aurait pas pris pour un ancien terroriste qui avait failli anéantir l'humanité toute entière.

Il s'apparentait plus à un enfant, un enfant qui ne savait pas où il se trouvait, ce qu'il devait faire.

- ... On l'a frappé... Sa tête a heurté... finit-il par répondre, le timbre à peine audible.

Les mots suivants se perdirent dans la bouche de Nero.

« On » ?

Vincent ne détacha pas ses yeux de Shiro.

- Il doit être conduit à l'intérieur, déclara Vincent, d'une voix sans appel. Il doit recevoir les premiers soins en urgence. Tout de suite.

Vincent se risqua à s'avancer.

Immédiatement, Nero effectua un brusque geste de recul. Les ténèbres barrant le passage de Vincent et l'empêchant de s'approcher davantage, Vincent le vit serrer Shiro frénétiquement contre lui.

Il était complètement apeuré... Et plus que tout, il était méfiant.

Le temps était compté. Il fallait faire vite.

Il devait user des bons mots. Il leva les bras, signe qu'il n'avait pas son arme et qu'il ne s'en servirait pas pour leur faire du mal.

- Nero. Tu dois les laisser emmener Shiro au bloc opératoire. Il est peut-être mortellement blessé.

Le bouclier de ténèbres ne se dissipa pas.

Vincent prit une inspiration.

- Il a peut-être une hémorragie interne. Tu dois laisser les médecins s'occuper de lui. Plus on attend, plus Shiro risque...

Il ne finit pas sa phrase. Nero se braqua davantage, enfouissant son visage dans les cheveux de l'enfant inconscient.

- On ne lui fera aucun mal, Nero. Je te le promets. Et tu le sais. C'est pour ça que tu l'as amené ici. N'est-ce pas ?

Nero releva la tête vers lui, sans répondre.

- ... Tout est de ma faute...

Vincent abaissa les bras.

- Tu as pris la bonne décision de l'amener ici. Maintenant, laisse-les sauver Shiro. S'il te plaît, Nero.

Nero pouvait haïr les humains, mais il devait accepter... Cela n'avait pas d'importance à l'heure actuelle. Cela n'avait pas d'importance que les deux avaient été autrefois ennemis. Ils voulaient tous les deux sauver Shiro.

Vincent ne laisserait pas un autre drame se produire.

« Je suis tellement désolée. »

Nero baissa les yeux, laissant les cheveux tomber sur son visage déjà masqué. Il serra Shiro une dernière fois contre lui.

Lentement, il hocha la tête.

Vincent réprima un soupir de soulagement lorsque le bouclier de ténèbres se dissipa, laissant l'ex-Porteur de la Protomatéria s'approcher.

Immédiatement, Vincent prit son téléphone et composa précipitamment le numéro de Reeve pour le contacter.

- Reeve... Il nous faut une ambulance. Tout de suite.

Quelques secondes plus tard, les portes du quartier de l'ORM s'ouvrirent.

Alors que des infirmiers et médecins sortirent hâtivement, traînant avec eux un brancard d'urgence afin d'y déposer Shiro et l'emmener à l'aile médicale le plus vite possible, Vincent remarqua les soldats de l'ORM les encercler en garde rapprochée, armes à la main, au cas où Nero les agresserait.

Vincent adressa un coup d'œil à l'ancien Tsviet. Encore hésitant, Nero le lui rendit, l'expression mortifiée.

C'est la seule chose à faire.

- Il nous faut le petit, déclara un médecin.

Ce dernier était blême. Nero le terrifiait. Il pouvait le tuer sans aucune hésitation. Pourtant, l'ancien Tsviet s'exécuta machinalement. Il tendit l'enfant au médecin, qui le prit précautionneusement avant de le déposer sur le brancard.

Il se détourna de Nero et s'adressa aux infirmiers :

- On l'emmène tout de suite au bloc.

Ils ne tardèrent pas à revenir à l'intérieur, criant de les laisser passer. Mais les soldats restèrent dehors, armes abaissées même sur le qui-vive.

Ils attendaient les ordres. Une fois que l'enfant fut emmené à l'intérieur, Vincent vit Nero faire un mouvement pour le suivre. Immédiatement, Vincent s'interposa.

- Nero... Ecoute-moi. Ecoute, l'appela-t-il plusieurs fois.

Hagard, l'ancien Tsviet porta son attention sur lui.

Cela avait dû porter un énorme coup à sa fierté, de venir leur demander de l'aide. Vincent n'en doutait pas.

- Je sais que ce que tu ressens. Mais tu dois les laisser le soigner. Je peux t'emmener à l'intérieur. Mais j'ignore même si tu sauras te contrôler, contrôler tes pouvoirs.

Nero détourna le regard, l'air perdu.

- Tu peux te contrôler ?

Nero répondit par la négative d'un signe de tête.

Vincent reprit son téléphone pour contacter Reeve.

D'une voix calme, Vincent lui expliqua la situation.

- Nero accepte de se rendre.

Et l'ancien Tsviet ne chercha pas à le contester, ni même à le menacer.

Il attendit seulement que l'appel se termine.


Nero avait été emmené dans une cellule. Sans chaîne, sans menottes. Il les avait suivis sans discuter, sans montrer de la résistance.

Peut-être pensait-il qu'il pourrait s'échapper via les ténèbres. Qu'il pourrait récupérer Shiro et qu'ils s'enfuiraient à nouveau ensemble.

Tout était possible.

Une fois dans la cellule, Reeve et Vincent le rejoignirent, un soldat derrière eux. Ce dernier conduisait un chariot sur lequel était installé un écran, directement connecté aux caméras de l'ORM.

L'ancien Tsviet ne chercha même pas à les agresser. Il les laissa entrer, malgré les tourments que ses ténèbres illustraient autour de lui.

C'était trop dangereux de laisser Nero errer dans la salle d'attente alors que Shiro était au bloc opératoire.

Il pouvait seulement l'enfermer et lui montrer par écran interposé ce qui se passait actuellement à l'extérieur.

Une fois que l'écran fut branché et qu'il fut allumé, Nero s'approcha de l'écran.

On put voir Shiro au bloc de l'ORM, des perfusions au bras, plusieurs médecins et infirmiers autour de lui qui étaient en train d'examiner la blessure à sa tête et évaluer sa gravité.

A côté de lui, Vincent put sentir Nero frémir à la vue de l'enfant inconscient, livré entre les mains des humains.

Il comprenait pourquoi. Les scientifiques l'avaient toujours maltraité.

Il croyait qu'on ferait du mal à Shiro...

Reeve se racla la gorge.

« ... Les questions viendront plus tard. Elles attendront le temps que Shiro soit sorti d'affaire. Pour l'heure, je vous laisse. »

Vincent lui adressa un signe de tête reconnaissant. Par contre, Nero ne lui accorda aucune attention. Il se demandait même s'il l'avait entendu.

Il n'aurait pas été en mesure de répondre à ses questions, de toute façon.

« Bien. »

Reeve tourna les talons et quitta la cellule sans un bruit.

Quant à Vincent, il ne partit pas. Il ne partit jamais.

Il resta aux côtés de Nero, les bras croisés, les yeux rivés sur l'écran.

Ce dernier ne l'en dissuada pas. Il ne lui cria pas de partir.

Au-delà d'empêcher l'ancien membre de Deepground de sortir, de s'enfuir, il restait pour une autre raison.

Lui aussi était inquiet.

Peut-être Nero l'avait-il compris. Peut-être était-ce même la raison pour laquelle il ne l'empêcha pas de rester.

Peut-être que, pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient, il y avait le début de quelque chose qui se concrétisait.

Le début d'une compréhension mutuelle.

Toutefois, Vincent ignorait si elle durerait.


« ... Vous avez failli tuer un enfant. »

Il n'y avait pas de mot pour décrire ce qu'il ressentait actuellement.

Quand bien même le vieillard avait donné ses raisons, quand bien même il les lui avait expliquées, une par une, dans le moindre détail... Cela ne fut pas suffisant pour amoindrir la colère de l'homme au manteau rouge.

Le Gardien ne changea pas d'expression. Il toisa le vieillard d'un air froid et scandalisé.

- Vous saviez très bien que c'était nécessaire, lui adressa ce dernier d'une voix implacable.

- Cela ne justifie rien du tout.

- Je croyais que la Déesse vous avait retiré vos prestiges humains, en même temps qu'elle vous a soigné.

Le Gardien se renfrogna à cette remarque qu'il jugeait comme infondée.

- Je ne vois pas le rapport.

- Vous connaissez très bien le rapport. Vous êtes des nôtres, maintenant. Vous ne devez plus agir comme agirait un humain. Vous ne devez plus percevoir les choses d'un point de vue moral. Vous ne devez plus penser au bien-être des humains. Avant toute chose, vous devez penser à la Planète.

Sornettes.

Bien sûr qu'il le savait. Il connaissait tout cela.

- Alors, si un enfant doit périr pour le bien-être de la Planète, releva le vieillard, qu'il en soit ainsi.

Si le Gardien n'était pas aussi furieux, nul doute qu'il aurait éclaté de rire.

Tout cela était bien hypocrite et ridicule.

- Vous osez me dire cela... Mais moi-même, je ne suis pas sûr de vous croire quand vous évoquez le bien-être de la Planète.

- Que dites-vous ? grinça le vieillard.

Le Gardien soupira, méprisant.

- Vous n'avez pas voulu éliminer l'enfant pour le bien-être de la Planète.

- Et pour quelle autre raison ?

C'était évident, n'est-ce pas ?

- Parce que vous êtes jaloux. Vous êtes jaloux d'un enfant.

- Attention à ce que vous allez dire, grogna le vieillard.

- J'ose le dire. Et vous avez failli commettre une lourde erreur.

Dire qu'il était supposé être son aîné, qu'il était sensé connaître bien plus que lui concernant les règles qui entouraient la Planète.

Mais il osait lui faire la morale alors qu'il avait failli provoquer un cataclysme par sa seule jalousie.

Le Gardien émit un signe de tête en direction de la personne qui se tenait derrière lui.

Le corps de Weiss était assis sur la chaise. Il était dans cette position depuis que le Gardien l'y avait déposé, depuis qu'il était entré dans cette pièce pour chercher Weiss éparpillé sur le réseau.

Il n'avait pas encore récupéré la totalité des données. Mais l'heure était proche.

Bientôt, Weiss pourrait...

- En quoi est-ce commettre une lourde erreur ? gronda le vieillard.

- Vous le savez très bien. Vous auriez tué cet enfant, cela signifie que vous auriez tué le fils d'Omega. A votre avis ? Comment croyez-vous qu'il aurait réagi ?

Le vieillard haussa les épaules.

- Il s'en ficherait, je pense. Weiss était un psychopathe qui ne se souciait de rien. A part tuer.

- Il n'empêche que si vous aviez réussi, on aurait eu énormément de mal à respecter cette cohésion qui doit avoir lieu d'être. Alors que nous sommes tous sensés veiller sur le bien-être de la Planète.

- Mais si cet enfant demeure en vie, le bien-être de la Planète reste également menacé. Que voulez-vous faire de plus ?

Oui.

Oui, il comprenait quand même le point de vue du vieillard.

L'enfant pourrait s'avérer devenir un problème à l'avenir... Mais il était hors de question de le tuer.

Ils n'étaient certes plus humains, mais ils devaient se montrer miséricordieux.

Il y avait d'autres manières de régler le problème.

- ... Weiss ne le saura jamais.

- Pardon ? s'étonna le vieillard, ne comprenant pas où le Gardien voulait en venir.

- Vous m'avez entendu. Weiss est l'Hôte d'Omega, pour le meilleur et pour le pire. S'il apprend qu'il a un fils, ou même que son frère est en vie, il pourrait ne pas être en mesure d'assurer sa mission. Il voudra peut-être les rejoindre. Et cela nuirait à nos projets. Il doit couper tout lien avec l'humanité qu'il a eu autrefois, si tenté qu'il en est eu une un jour.

Le vieillard hocha la tête.

Pour une fois, ils étaient d'accord.

- Mais je ne veux plus vous entendre parler d'éliminer cet enfant, grinça le Gardien. En l'absence de Minerva, c'est moi qui prends les décisions pour son compte.

- Sauf si cet enfant se dresse en travers de ma route.

- Très bien, approuva le Gardien. Mais seulement s'il s'avère être un obstacle grave. Autrement, vous ne le toucherez plus. Vous l'avez dit vous-même : vous devez penser au bien-être de la Planète. Pas à vos problèmes personnels et à votre jalousie.

Tout était dit.

Il n'y avait plus lieu à discuter. Le vieillard savait ce qu'il risquait s'il outrepassait les règles. Alors qu'il était sur le point de se séparer du Gardien, le vieillard lui adressa une dernière remarque :

- Elle ne vous aimera jamais.

Le Gardien plissa les yeux à cette information.

- Les émotions n'ont plus lieu d'être. Le bien-être de la Planète avant les problèmes personnels. Rien de plus. Tenez-vous-en.

Le vieillard répondit par l'affirmative avant de s'immiscer dans les ténèbres. Il allait rejoindre la terre souillée. Son royaume. Le royaume sur lequel il régnait depuis qu'il n'y avait plus personne pour contrôler cette « terre ».

Le Gardien jeta un œil à Weiss, ne ressentant aucune émotion à son égard.

Il lui cacherait l'existence de Nero.

Il lui cacherait l'existence de Shiro.

S'il n'avait plus rien à perdre, il accepterait son destin.

C'était la seule chose à faire.

Le Gardien ferma les yeux, récitant l'un des passages de l'œuvre qui l'avait le plus marqué, le temps où il était un Soldat.

« Mon ami, tu prends ton envol à présent ? Vers un monde qui nous rejette, toi et moi ? Tout ce qui t'attend est un sombre lendemain, Peu importe où les vents souffleront. »

- LOVELESS, Acte III.


Lorsque l'opération fut terminée, l'écran s'éteignit.

Nero et Vincent avaient passé plus de quatre heures à visionner ce qui se passait au bloc opératoire. Si la situation s'améliorait ou se détériorait, l'un comme l'autre n'en avait aucune idée.

L'inquiétude de Nero n'avait pas cessé de s'accroître. Quand l'écran s'éteignit, Nero sentit son corps perdre le contrôle. Immédiatement, il créa un portail de ténèbres, déterminé à rejoindre l'endroit où se trouvait Shiro.

« Nero ! »

Vincent était sur le point de s'interposer pour le retenir.

Mais il n'y eut nullement besoin d'une confrontation entre eux.

La porte de la cellule s'ouvrit d'elle-même, sur le chef de l'ORM.

Nero s'arrêta net, lui faisait face.

Il s'attendait à tout.

Il s'attendait au pire.

Il allait lui annoncer que Shiro...

« ...Shiro est sorti d'affaire », leur révéla Reeve Tuesti, une expression soulagée sur son visage.

Nero referma le portail.

Ce fut comme si un poids entier avait été retiré de ses épaules.

Il avait passé quatre heures à se demander... à se demander s'il reverrait un jour son enfant. S'ils seraient en mesure de le sauver ou non...

A côté de lui, les yeux de Vincent s'éclairèrent.

- Sa blessure à la tête a été traitée. Il restera en observation pendant quelques jours. Mais il est sauvé, continua Reeve.

Nero ne le remercia pas.

Il n'y pensa même pas. Il ne dirait jamais « merci » à un humain.

Non... La seule chose à laquelle il pensait, c'était...

- Est-ce que je peux le voir ? lui demanda l'ancien Tsviet.

Autrefois, il n'aurait pas posé la question. Il n'aurait même pas demandé l'autorisation.

Qu'est-ce qui lui prenait ?

Reeve hésita.

- Heu... normalement, oui. Mais si vous ne vous contrôlez pas...

- Vous avez peur que je tue les médecins qui ont pu le soigner ? grimaça Nero, le ton acide.

- Evidemment que oui, lui rétorqua sèchement Reeve, la rancœur évidente dans sa voix. Vous détestez les humains après tout. Encore plus le personnel scientifique et médical. Vous ne pouvez tout simplement pas nous menacer avant de nous demander de l'aide sans conséquence.

Il était venu ici en désespoir de cause... Il s'en voulait déjà suffisamment d'avoir fait appel à l'aide des humains. Il n'avait pas besoin qu'on en rajoute.

Pourtant, l'ancien Tsviet ne répondit rien. Il attendit simplement la réponse de Reeve, les bras croisés.

- ...Je crois qu'il peut, commenta Vincent. Cela rassurera peut-être Shiro.

- Hm.

Reeve jeta un dernier regard en direction de Nero, pas convaincu.

Nero voulait juste s'assurer qu'il aille bien.

Il voulait juste lui dire ce qu'il avait sur le cœur... Rien de plus.

- Bon, finit-il par décider. D'accord. Mais cela ne sera pas sans surveillance.

Cela convenait à Nero.

Il pouvait voir Shiro, c'était l'essentiel. Peu importe la manière dont cela se ferait. Le reste n'était que du détail.

Il avait toujours été surveillé, toute sa vie à Deepground, notamment pour voir son frère.

Ce n'était qu'un retour en arrière.

Un retour en arrière qui lui serait pénible...mais qu'il était prêt à accepter.


Nero fut conduit sous bonne escorte jusqu'à l'aile médicale. L'ancien Tsviet ignora les dix soldats de l'ORM qui le tenaient en joue, prêt à appuyer sur la gâchette s'il effectuait un mouvement de travers.

Il n'y fit même pas attention. Après tout, c'était la manière de faire des humains. Surtout qu'il avait combattu l'ORM autrefois.

Ils pensaient sûrement à leurs camarades tombés durant la Bataille de Midgar, contre Deepground.

Cela n'importait pas.

Plus il s'approcha de la chambre où était Shiro, plus il sentit son cœur s'alourdir.

Au fond de lui, même s'il le cachait, il avait peur.

Il avait peur de la réaction de l'enfant. Il avait peur de la manière dont il allait le recevoir, suite à tout ce qui s'était passé entre eux, suite à ce qui avait conduit à son entrée ici...

Une fois arrivé devant la porte, Nero put observer Shiro à travers la vitre de la chambre.

Shiro était réveillé. Il était allongé sur un lit d'hôpital, un bandage lui entourant le haut de son crâne, lui cachant la moitié de sa tête.

On lui avait signalé qu'on avait dû lui couper les cheveux.

Nero soupira de soulagement en le voyant. Shiro tenait contre lui une peluche, alors qu'il fixait le mur à l'opposé, l'expression vide.

La peluche d'un Moogle.

Il ne se souvenait pas le lui avoir offert... Et Nero réalisa que c'était peut-être quelque chose qu'il avait récupéré du monde extérieur.

Nero secoua la tête.

L'heure n'était pas à cela.

« Je suis prêt », finit-il par dire, le ton à peine audible.

Le soldat en charge adressa un signe de tête à ses hommes. L'un d'eux s'avança, passant à contrecœur à proximité de Nero afin de lui ouvrir la porte de la chambre.

Nero le laissa faire.

Enfin, le silence tomba.

L'ancien Tsviet entra.

Au début, l'enfant ne l'entendit pas approcher. Il gardait ses yeux rivés sur le mur, sans réagir.

Nero s'arrêta juste devant son lit.

Il avait du mal à rester calme...

Il aurait désiré être plus... sûr de lui.

Je voulais te dire que je t'aime. Je t'aime, Shiro.

Il lui avait déjà dit auparavant. Avec facilité. Pourtant, actuellement, il avait du mal. Il avait du mal à prononcer ces mots qui avaient tellement de force.

Surtout maintenant qu'il savait. Surtout maintenant que Shiro était sauvé.

« ...Shiro. »

Cela fut tout.

Il n'ajouta rien de plus.

L'enfant se retourna lentement dans sa direction.

Pendant de longues minutes, personne ne parla. Personne ne fit un geste.

Shiro le contempla, l'expression indéchiffrable.

Est-ce que tu m'aimes ?

Les yeux de Nero s'éclairèrent.

Shiro... Shiro irait bien.

Il en était sûr maintenant. Shiro irait bien.

Nero fut sur le point de tourner les talons, de le laisser dormir...

Puis, l'enfant fit le geste.

Nero croyait qu'il n'y aurait pas droit... Qu'il n'y aurait plus droit.

Le geste qu'il ne méritait plus.

Shiro tendit les bras dans sa direction.

La vision de l'ancien Tsviet s'embua.

L'instant d'après, les deux furent dans les bras de l'autre, s'étreignant fortement.

Ils s'étreignirent comme ils ne s'étaient jamais étreints auparavant...

Oui.

Tout irait bien, maintenant.

Tout irait bien.


Depuis l'extérieur de la chambre de Shiro, Vincent avait rejoint les soldats.

La scène qu'il observait le bouleversa.

Oui. Il était heureux. Il était heureux pour Shiro. Il était heureux que l'enfant soit sain et sauf.

Il était heureux d'avoir agi. D'avoir été en mesure d'empêcher un nouveau drame.

Un nouveau drame dont il ne se serait jamais pardonné, cette fois.

Même s'il savait. Ils le savaient tous.

C'était le début du calvaire pour Nero. Et peut-être que l'ancien Tsviet en était également conscient.

Shiro allait certainement en pâtir aussi. Il savait que les prochains jours seraient très difficiles pour eux deux.

Mais... Pour l'instant, Vincent essaya de ne pas y penser.

Il essaya de ne pas penser au lendemain.

Il préféra observer et de savourer l'instant présent.