Thème : Air toxique : ne pas respirer
BON.
Bonne lecture ?
Attention : Air Toxique. Ne pas respirer !
Larxène pouffa sous son masque à gaz. Qui était le bouffon qui avait écrit ça ?
Pas que ce soit faux. Au-dehors, l'air était effectivement toxique. Mais bon, cette formulation, quoi. Comme si la personne s'était réveillée un matin, avait passé le nez dehors et s'était dit « Tiens, l'air est toxique ! Je devrais prévenir les gens ! » Ça faisait pourtant bien dix piges qu'on ne pouvait plus foutre le nez dehors sans protection.
Elle sortit le feutre rouge qu'elle trimballait dans une de ses poches et inscrivit, sous l'avertissement noir :
Sans déconner, Sherlock.
Deux jours plus tard, alors qu'elle préparait une nouvelle excursion, un nouveau message trônait sous le sien.
Je ne comprends pas votre commentaire.
On était sur un champion, là. Ça lui rappelait les embrouilles sur les réseaux sociaux. Internet lui manquait.
L'air est toxique, l'eau mouille, il faut pas sortir pendant les pluies acides… Merci Captain Obvious.
Sale con-ne.
Ça a escaladé vite.
Cessez de répondre ! Qu'est-ce que je vous ai fait ?
J'arrive pas à croire que nos réserves d'oxygène servent à alimenter un cerveau aussi obtus.
Je fais mon devoir de citoyenne. Pouvez-vous en dire autant ?
Une meuf, donc. Et très chiante. Honnêtement, Larxène n'avait pas beaucoup de distractions, à part les parties de dés et la chasse aux mutants.
Entre temps, d'autres graffitis s'étaient ajoutés sur la porte, écrits par des personnes différentes. Souvent des smileys pour commenter chaque ligne. Toute une colonie gaspillaient leurs feutres pour ça, mais… Fallait bien rire, dans la vie. Surtout en ce moment. Que leur restait-il d'autre ?
En prévenant les gens de ne pas respirer dehors ? Tout le monde le sait !
Mieux vaut prévenir que guérir !
À côté de cette phrase, quelqu'un avait magnifiquement dessiné un levé d'yeux au ciel. Sans doute pas la même personne.
J'abandonne, hein.
Tout de même… Qui était cette fille ? Ils se connaissaient tous, ici, au moins de vue. Pourtant, personne n'avait mentionné ce pan de mur recouvert d'insultes.
Un peu facile, étant donné que vous avez commencé la discussion…
Ok, écrivit Larxène. Demain à quinze heures, ici. Si tu viens pas, tant pis pour toi.
Elle ne savait pas à quoi elle s'attendait, mais ça tombait sous le sens.
Elle avança vers la jeune fille.
« Kairi ! J'aurais dû m'douter ! »
L'autre lui renvoya un regard dur, pas surprise non plus.
« Larxène. Évidemment.
-Tu l'prends pas mal, hein ? Je voulais juste troller un peu.
-Je ne vois vraiment pas l'intérêt de faire ça. »
Larxène haussa les épaules.
« Je vois pas l'intérêt de ton premier message non plus.
-Humpf. »
Elle s'empêcha de sourire trop largement. Depuis le temps qu'elle attendait un prétexte pour la draguer.
« Allez, quoi. Je t'offrirai bien un verre pour me faire pardonner mais tu sais, les bars en ce moment… On va chez moi ? »
Je ne savais pas comment conclure. Ça se voit ?
Le défi est bientôt fini ! Plus que trois jours, tintintin...
