Oh mon dieu... on est déjà au chapitre 27 ! La fin arrive si vite et pourtant, ça fait déjà tant de temps que je travaille sur cette fiction : il est grand temps d'y mettre un terme !
Un grand merci à Lolibellule pour sa review absolument adorable et qui m'a fait grandement sourire *coeur sur toi*
Je n'en dis pas plus et vous laisse avec le chapitre :
Bonne lecture ~
Chapitre 27 : Homo homini lupus est
Les semaines qui suivent sont difficiles. Zéèv et moi sommes rentrés à La Push chez ses parents juste le lendemain du rêve. Je crois qu'il espérait que ça m'aide à me ressourcer et à oublier ce songe infâme que m'a fait subir Vincente.
Si aujourd'hui, j'ai bien conscience que rien n'était réel, c'est impossible pour moi de passer à autre chose. Et malheureusement, ça impacte tout le monde autour de moi : ma relation avec Zéèv est quasiment au point mort, je n'arrive pas à le laisser me toucher plus intensément que le baiser chaste que nous avons échangé dans sa chambre après qu'Edward m'ait aidée à retrouver mes esprits. Ça me mine, et je sais que lui aussi, mais il est beaucoup trop compréhensif pour m'en parler. Il sent bien que dès que ses mains passent sur mon corps, je frissonne et me recroqueville sur moi-même et je revois les images de ce cauchemar.
Alors il prend son mal en patience, me sourit, m'embrasse sur le front et me laisse la distance dont j'ai besoin.
Nous ne parlons plus beaucoup non plus, je me suis recentrée sur moi-même et passe le plus clair de mon temps devant mon ordinateur depuis trois semaines, mon casque sur les oreilles, coupée du monde extérieur par la musique que je compose. Ça me fait du bien, ce sont les seuls moments où j'arrive à penser à autre chose, alors je ne fais plus que ça.
Zéèv a prétexté une maladie hautement contagieuse comme excuse pour son absence à la fac, et on lui a permis de suivre ses cours en ligne. Donc pendant que je passe ma journée à composer et à mixer, il passe les siennes à étudier.
Même la nuit, je n'arrive plus à me reposer. Je suis terrifiée que Vincente me refasse vivre cette horreur, où juste un autre rêve qui puisse être encore pire, même si j'ignore comme ce serait possible. Alors j'ai tendance à attendre dans le lit, à côté de Zéèv mais toujours en maintenant une distance rassurante entre nous. Je regarde le plafond et me force à rester éveillée aussi longtemps que je le peux, avant que l'épuisement ne l'emporte.
Zéèv, lui, dort relativement bien. Il s'endort sans souci, mais il se réveille dans la nuit de temps en temps, en sursaut, et il me cherche dans le lit. Il n'arrive à se rendormir que lorsqu'il me serre dans ses bras, ce que je le laisse faire avec appréhension avant de me dégager de son embrassade quand je le crois bien rendormi.
Il a aussi ses propres cauchemars, et je crois qu'ils sont la réflexion des miens. Mais il ne m'en parle pas, tout comme je ne lui ai jamais expliqué le mien en détail. C'est Edward qui s'en est chargé pour moi. Il n'est pas autant rentré dans les détails que ce que je lui ai montré dans mon esprit, mais le message est passé, et je crois bien que le cœur de mon loup s'est brisé un peu depuis.
Seulement, je ne sais pas si c'est parce que j'étais persuadée qu'il puisse faire une chose pareille et que ça le blesse, ou tout simplement parce qu'il ne peut rien faire pour que je me sente mieux et qu'il se sent impuissant.
Que ce soit l'un ou l'autre, le fait est que nous sommes tous les deux troublés en ce moment.
Les parents de Zéèv s'occupent de combler les blancs lors des repas ou des rares moments que nous passons avec eux. Paul arrive de temps en temps à me décrocher des rires et je me force à rester souriante quand ils sont dans le coin, mais je sais qu'ils ne sont pas dupes : ils voient clairement que je ne suis pas la même femme qui était partie avec leur fils à Seattle il y a près d'un mois de cela maintenant.
Je ne sais pas vraiment ce que Zéèv leur a dit à mon propos, et je m'en moque. Qu'ils ressentent de la pitié ou de la compassion, ou même juste une incompréhension s'il ne leur a rien expliqué, ça ne change pas grand-chose pour moi.
Car je ne suis pas bien. Les souvenirs de ce cauchemar me hantent et même si je me force à penser à autre chose quand ils pointent le bout de leur nez, je ne peux m'empêcher de les revivre sans arrêt. Je suis terrifiée chaque instant, soit à propos de mes frères et sœurs, soit à propos de mon oncle ou de ma mère, soit à propos de Zéèv et moi. Mais surtout terrifiée par Vincente. Je ne sais pas ce qu'il serait capable de faire de plus.
Il a déjà réussi à me briser avec brillo, à dissiper totalement la confiance en moi que j'avais construite pendant des années, et il a fallu une nuit seulement pour tout faire s'effondrer. À quoi bon ?
Mais malheureusement, la famille Lahote n'est pas la seule impactée dans cette histoire. Les Cullen, qui pour une raison que j'ignore ont l'air de m'apprécier, se font aussi très présents auprès de moi. Le Docteur Cullen, Carlisle, m'a même auscultée lorsque je suis rentrée, il voulait s'assurer que le rêve n'ait pas laissé de traces physiques. Étant tous dans le flou en ce qui concerne le don – ou la malédiction – du vampire italien, je l'ai laissé faire. Au début, ça a été très difficile de me convaincre de me déshabiller devant lui, mais très rapidement, mon esprit m'a rappelé la même chose qu'avec Edward : de toute façon, il est un vampire et s'il veut me faire du mal, il pourrait le faire avant même que je ne m'en aperçoive.
C'est un peu ma vision de tout en ce moment : je suis très défaitiste. Je suis persuadée que d'ici peu, je recevrai un coup de fil m'annonçant le décès de mon oncle. Je n'en ai parlé à personne pour ne pas les inquiéter, mais je suis convaincue que je ne peux pas tomber plus bas et que peu importe ce qui pourrait m'arriver je le mériterais.
Depuis mon arrivée, les Cullen sont passés fréquemment pour me rendre visite et voir comment je vais. Ils ne viennent jamais tous à la fois, seulement deux par deux en général, mais tous rentrent chez eux bredouille. Je me contente d'afficher un sourire faux sur mes lèvres, je les remercie de m'avoir rendu visite, je leur propose quelque chose à boire avant de me rappeler leur régime particulier et puis je réponds par monosyllabe à leurs questions : « Comment tu te sens ? », « tu vas mieux ? », « tu arrives à dormir ? ».
Esmée m'a même apporté des petits plats, ce qui m'a fait chaud au cœur, mais avec le peu d'appétit que j'ai en ce moment, je n'ai pas pu en profiter autant que je l'espérais. Dommage.
Une seule personne s'entête à rester avec moi, même si je n'ouvre pas la bouche pendant des heures. Me prenant complètement par surprise, Rosalie s'est pointée avec Emmett un jour, et je leur ai sorti la façade habituelle, avant de les congédier gentiment en disant que j'avais des courses à faire de toute façon – un mensonge éhonté, mais comme Edward n'était pas dans les parages, je pouvais me le permettre.
Ce à quoi je ne m'attendais pas, en revanche, c'est que Rosalie propose à Emmett de rentrer chez eux sans elle et qu'elle le rejoindrait plus tard. Il lui avait lancé le regard le plus sérieux que je n'ai jamais vu sur son visage, lui avait roulé une pelle grandiose avant de l'embrasser sur le front et de tourner les talons.
La magnifique jeune femme s'était alors tournée vers moi, sans sourire, juste une profonde émotion dans les yeux et m'avait entraînée à sa suite en direction du petit supermarché de la réserve. Prise au piège, je n'avais pas pu lui dire que je n'avais pas besoin d'acheter quoi que ce soit, et j'avais rempli un petit panier des premières choses qui touchaient ma main.
Depuis ce moment-là, elle ne m'a plus trop lâchée. Elle vient presque tous les jours, à différentes heures de la journée et reste à côté de moi sans rien faire, m'observant juste.
Il y a deux jours, alors qu'on était dans une petite clairière à la lisière de Forks, elle a brusquement sauté sur ses jambes et s'est dirigée vers moi à allure humaine, ce dont je lui étais reconnaissante. Elle m'avait fait sursauté un certain nombre de fois en oubliant ma nature humaine, les premiers jours.
Ce jour-là, elle est donc venue s'asseoir à mes côtés et a fait glisser le casque de mes oreilles.
- C'est pas mal, ce que tu fais, a-t-elle dit simplement.
J'ai froncé les sourcils. J'avais oublié son ouïe super fine. Ça veut dire que ça faisait des jours qu'elle entendait tout ce que je composais. Super, moi qui désirais garder mes créations pour moi.
- Ça manque d'une voix, je trouve, ajouta-t-elle.
Je l'ai zieuté un instant avant de lui répondre :
- C'est normal, je ne l'ai pas encore enregistrée. Mais je ne sais pas chanter, et je ne connais personne qui puisse le faire, alors ça restera comme ça encore un moment.
Elle m'a considérée quelques secondes, sont regard plongé dans le mien avant de dire simplement :
- Je peux le faire pour toi si tu veux. Tu peux enregistrer ma voix.
J'allais lui demander si elle savait chanter avant de me couper. Bien sûr qu'elle savait chanter. Elle était parfaite, elle devait forcément avoir une voix d'ange en plus.
Ça fait donc deux jours que je prépare sa partition et que j'écris les paroles. J'avais le premier vers et une bonne idée du refrain mais c'était encore flou dans ma tête. Étonnamment maintenant, les paroles coulent à flot dans mon esprit. Pour une chanson qui parle de douleur, je pense que j'ai tout le bagage nécessaire pour en parler correctement, maintenant.
L'ironie est notable.
Il est environ dix heures du matin, et j'espère avoir fini de tout écrire avant son arrivée, mais encore une fois, ça va dépendre de son bon vouloir. Elle peut se pointer à neuf heures du matin comme à vingt heures le soir, sans prévenir. Elle sait que je suis toujours là de toute façon. Et si je suis absente, je préviens toujours Rachel, Paul ou Zéèv du lieu où je compte me rendre.
Zéèv est déjà attablé au rez-de-chaussée devant son ordinateur, casque sur les oreilles pour suivre son cours en ligne. Nous avons à peine échangé une parole ce matin, comme quasiment tous les jours. Je sais qu'il me laisse de l'espace, mais j'ai aussi l'impression qu'il se renferme à son tour sur lui-même, comme s'il utilisait la situation pour s'éloigner de moi.
J'ai bien conscience de ne pas être facile à vivre mais ça reste dur à accepter, de sa part. Plus que tout, j'ai besoin de son soutien aujourd'hui, même si mes réactions à son contact sont très changeantes. J'ose espérer qu'il comprend ce que je ressens, puisqu'il a accès à mes émotions. Il doit savoir l'envie et le besoin que j'ai de lui, tout comme la peur et la honte que je ressens. Et pourtant, j'ai l'impression que nous n'avons jamais été aussi distants l'un de l'autre.
Je soupire. Ça fait des semaines que je suis dans cet état et ça ne risque pas d'aller en s'arrangeant si je ne fais rien. Même si ma peur et ma honte me disent le contraire, je me force à me lever du lit et à descendre pour rejoindre mon loup. En faisant le moins de bruit possible, je m'installe en face de lui, pose mon ordinateur devant moi et mon casque sur mes oreilles. Je lui jette un œil et le découvre en train de m'observer avec des yeux grand ouverts.
Il a l'air de se demander ce que je fais là. Je ne peux pas l'en blâmer.
Je lui envoie un sourire timide, et il lève un sourcil. Okay… sympa ?
Il retourne son attention sur son cours et je laisse un soupir hors de mes lèvres. Au temps pour moi pour avoir fait un effort. Un peu désemparée, je décide de me concentrer sur ma musique, pour changer. C'est ma seule distraction.
Un long moment plus tard, quelqu'un toque à la porte suffisamment fort pour que je l'entende à travers mon casque. Je jette à œil à Zéèv, qui a l'air de n'avoir rien entendu, et me lève pour aller ouvrir. Paul et Rachel sont partis travailler, nous ne sommes que tous les deux ici. De toute façon, ce doit être Rosalie, qui comme d'habitude arrive sans prévenir.
Quelle n'est pas ma surprise en voyant Edward à la porte, tout sourire.
- Bonjour Louve. Comment vas-tu ?
Je le laisse entrer en lui faisant signe de ne pas parler trop fort pour ne pas déranger Zéèv.
- Bien et toi ? Je ne m'attendais pas à te voir ici. Je peux t'aider ?
- J'aimerais parler avec toi, si ça ne te dérange pas. Pouvons-nous aller à la cuisine ?
J'acquiesce et le précède jusqu'à la pièce en question. Je m'apprête à lui proposer quelque chose à boire avant de me taper mentalement. Il me regarde avec un sourire moqueur. Je lève les yeux au ciel et me tourne pour me servir un verre de jus d'orange avant de le rejoindre à table.
- Alors, tout va bien ?
Il hoche la tête.
- En réalité, si je suis ici, c'est plutôt pour te faire un proposition.
Je hausse un sourcil. Une proposition ?
- Je sais que tu ne sais pas trop quoi faire l'année prochaine, que les études ne t'attirent pas plus que ça et que tu es soucieuse de votre futur avec Zéèv.
Je ne sais toujours pas si j'adore qu'Edward puisse lire aussi facilement dans mes pensées, ou si au contraire je déteste.
- Et Rosalie m'a parlé de ton talent de composition musicale, reprend-il. Elle dit que tu as vraiment du potentiel. Alors, je me suis rappelé que j'ai un ami qui travaille dans un label musical qui possède une filiale à Seattle. Je lui ai parlé de toi. Il serait prêt à te rencontrer et écouter ton travail.
J'ouvre la bouche, béate. Mais rien ne sort. Il a vraiment contacté un pote à lui qui taffe dans la musique pour lui parler de moi sans me prévenir ? C'est vraiment ce qui se passe, là ?
Je le fixe sans rien dire un bon moment, sans savoir comment je dois agir.
- Mais… pourquoi ?
C'est tout ce qui sort de ma bouche.
- Parce que tu le mérites, Louve. Et parce qu'en ton for intérieur, tu as envie d'en faire ton métier. Mais je sais que c'est dur à mettre en pratique, alors si je peux t'aider un peu…
- Je… je…
Je ne sais pas quoi dire. Est-ce que je suis contente ? Choquée ? Aucune idée.
- Écoute, prends ton temps pour y réfléchir. Je sais que je te mets devant le fait accompli, pardonne-moi. Rien ne presse, tu peux prendre ton temps et revenir me voir quand tu auras pris une décision, si ça te va.
Sa voix se fait douce et lente, comme s'il parlait à un enfant retardé. C'est peut-être ce que je suis actuellement, cela dit. Comme pour me le prouver, je ne suis capable que de hocher la tête pour lui répondre, aucun son ne sortant de mes lèvres.
Il me sourit et prend congé sans plus de conversation.
J'entends la porte qui se ferme doucement alors que je reste immobile sur ma chaise, incapable de croire ce qui vient de se passer. Est-ce que je suis prête pour ça ? Oui, bien sûr que je rêve d'en faire mon métier, mais c'était une idée lointaine, quelque chose que je ne voyais pas se concrétiser avant longtemps. Et pourtant, Edward vient tout juste de me donner une opportunité incroyable sur un plateau d'argent.
Est-ce que je le mérite ? Est-ce que je suis à la hauteur ? Est-ce que j'ai les compétences pour en faire mon métier dès maintenant ?
Je souffle et prends ma tête entre mes mains, le front posé sur la table. Je me sentais déjà perdue avant, mais maintenant, tout me paraît encore plus compliqué. Cela dit, il m'a vraiment offert une solution qui pourrait résoudre pas mal de nos problèmes, avec Zéèv.
Si jamais ça se fait… si jamais j'arrive à percer dans ce milieu grâce à Edward, ça voudrait dire que je pourrais rester aux côtés de Zéèv sans problème. En revanche, ça voudra dire que je m'engage à créer une vie loin de ma famille. Et ça, c'est dur à accepter.
Je ne sais pas quoi faire.
Je soupire un grand coup et décide de faire ce que je fais de mieux en ce moment : distraire mes pensées par la musique.
A la fin de la journée, mon humeur n'a pas bougé. L'avantage, c'est que j'ai pu pas mal avancer sur ma chanson, et Rosalie est passée dans l'après-midi pour voir où j'en étais. Elle a chanté les premiers vers que j'ai écrit et sa voix m'a laissée bouche bée.
C'est exactement ce que j'avais en tête, en mieux. C'est elle qui rendra cette chanson absolument incroyable. C'est parfait.
Elle n'est pas restée très longtemps, cela dit, et est partie après m'avoir dit qu'elle avait des choses à régler. Je ne sais toujours pas pourquoi elle s'entête à passer autant de temps avec moi, mais j'ai peur que si je lui demande, elle le prenne mal et arrête de me rendre visite. Donc à défaut, j'apprécie sa présence sans la questionner.
Ce soir, il reste encore une demi-heure de cours à Zéèv, mais je commence à être fatiguée d'être restée la journée entière enfermée. Alors je file ranger mon ordinateur dans notre chambre et prends ma veste pour sortir. Une fois devant la porte d'entrée, j'hésite. Je me tourne vers Zéèv, qui a les yeux fixés sur son écran. Il ne m'accorde pas un regard.
Mon cœur se serre alors que je sors et referme la porte derrière moi. Je sens mon visage s'enflammer alors que les larmes montent. Je prends une grande inspiration, dos collé à la porte, pour me calmer puis prends la direction de la plage. L'air frais me fait du bien et la mélancolie prend le dessus.
J'aimerais tant que les choses reviennent là où elles en étaient avant le dernier rêve infligé par Vincente. J'ai l'impression que la distance qui nous sépare, Zéèv et moi, est infranchissable aujourd'hui. Elle s'accroît de jour en jour et je ne sais pas comment faire pour y remédier. A ce rythme, j'ai l'impression qu'il ne restera plus rien de notre lien et de l'imprégnation. Au final, même si notre relation est basée sur du surnaturel, elle est vouée à l'échec, comme n'importe quelle autre relation.
J'avise la mer agitée, sous le ciel gris, et en tournant la tête, je me rappelle la cabane dans les bois, celle qui a abrité ce moment si spectaculaire entre Zéèv et moi. Mue par une envie soudaine, je traverse la plage pour prendre le chemin de la cabane.
Je ne sais pas ce que ça va m'apporter d'y retourner, mais j'en ai envie. Et ce n'est pas comme si j'avais grand-chose d'autre à faire.
Avec la nuit tombante, je peine à la retrouver mais au bout d'une vingtaine de minutes, je reconnais enfin l'endroit. En levant les yeux, la cabane me fait face, invisible si on ne connaît pas sa présence en haut de l'arbre épais. Je grimpe l'échelle de corde, et ouvre la porte en bois. Je cherche l'interrupteur sur ma droite à tâtons, et en le trouvant j'allume toutes les guirlandes lumineuses de la petite pièce. D'un coup, mes souvenirs envahissent mon esprit, et je referme les bras sur ma poitrine. Ce moment me manque. J'aimerais tant pouvoir y revenir. Tout semblait si simple, si beau, si passionné. La situation actuelle ne pourrait être plus éloignée.
Je m'assieds sur le lit et me permet de verser quelques larmes, en souvenir du passé.
Après un moment, je me calme, sèche mes larmes et me décide à rentrer. En éteignant les guirlandes, je me rends compte que la nuit est complètement tombée, à présent. J'ai dû rester ici plus longtemps que ce que je croyais. Merde. Je souffle, et ferme la porte derrière moi avant de reprendre l'échelle et rebrousser chemin.
Il me faut plus de temps pour rentrer, je trébuche sans arrêt sur des racines et des branches mortes sur le sol et c'est beaucoup plus dur de m'orienter correctement. Malgré ça, je ne suis pas inquiète. J'arriverai bien à destination un jour ou l'autre.
Finalement, j'atteins enfin la plage et presse le pas, sachant que je suis maintenant tout près de la maison des Lahote. Mais je m'arrête en plein milieu, une silhouette que je connais bien débouchant des arbres sur la plage, juste en face de moi.
- Louve ! s'écrie Zéèv.
Il s'élance vers moi et je hausse les sourcils, surprise. Qu'est-ce qu'il s'est passé, encore ? S'il me cherche comme ça, c'est forcément qu'il a une mauvaise nouvelle à m'annoncer. Sinon, il m'aurait simplement ignorée, comme d'habitude.
Il arrive à mes côtés et m'enlace dans son élan.
- Zéèv ! Tout va bien ?
- Où étais-tu ? demande-t-il en me relâchant, les mains de chaque côté de mon visage.
Il a l'air en colère et me considère comme s'il m'en voulait.
- Je… je suis allée me balader. Pourquoi ?
- Tu ne m'as pas dit où tu partais ! Je t'ai cherchée, il fait nuit ! Pourquoi es-tu partie aussi longtemps ? C'est dangereux !
- Tu plaisantes, là ?
Je me dégage de sa poigne et lui tourne le dos pour rentrer chez lui. Mais sa main m'arrête brusquement en se posant sur mon épaule et il me tourne face à lui.
- Ne pars pas comme ça. Je m'inquiétais !
- Depuis quand ? je souffle. Je suis juste partie me balader. Ce n'est pas comme si quoi que ce soit pouvait m'arriver de plus, si ? Et pourquoi tu t'inquiétais ? Tu ne m'as pas adressé un regard de la journée, j'ai essayé de te prévenir que je sortais, mais tu ne m'as même pas regardée.
Je me dégage une nouvelle fois de lui et recule d'un pas, clairement énervée maintenant. Je suis en colère, mais également blessée de son attitude. Je ne comprends pas quelle mouche le pique actuellement. Ce n'est pas comme si j'étais la seule en tord.
- Mais Louve enfin, regarde-toi ! Je ne sais pas comment agir avec toi, j'ai peur de te faire peur, tu es traumatisée, tu te renfermes sur toi et j'ai l'impression que tu ne me laisse même plus de place dans ton cœur.
Maintenant, ce n'est même plus seulement la colère que je vois dans ses yeux, mais aussi la tristesse et son sentiment d'impuissance. Malheureusement, même si je suis empathique jusqu'à un certain point, ses paroles me font du mal.
- Tu n'as pas le droit de dire ça, je souffle. Je fais de mon mieux pour m'adapter à ton monde depuis qu'on s'est rencontrés, et maintenant que tout ça est arrivé, j'essaie encore de m'accrocher comme je peux. Mais j'ai besoin de toi pour m'en sortir et tu n'es pas là. On n'a pas eu de vraie conversation depuis au moins une semaine !
Je finis ma tirade en criant mes poumons sur la plage. Je sens les larmes remonter et je baisse les yeux, ne voulant pas lui montrer ma vulnérabilité. Comme s'il n'en avait pas déjà suffisamment conscience.
- La faute à qui ? Tu n'es jamais là, Louve. Tu passes ton temps avec Rose, et je ne sais même pas ce que vous faites ensemble !
Je ris jaune.
- Quoi, tu crois que je te trompes avec elle ?
Mon ton dégouline de sarcasme. Ça n'a pas l'air de lui plaire.
- Putain, Louve ! Tu ne peux pas être sérieuse, un instant ?
Je jette les bras en l'air et lui tourne le dos pour rentrer. Cette discussion n'a l'air de mener à rien et je suis fatiguée.
- Est-ce que tu le pensais vraiment ?
Sa question dénuée de toute colère me surprend. Je m'arrête dans ma lancée.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Quand on est allé au restaurant, avant… tout ça. Tu m'as dit que tu m'aimais. Est-ce que tu le pensais vraiment ?
J'ouvre la bouche sans que rien ne sorte, toujours dos à lui. Je m'attendais à tout sauf à ça. Je pirouette sur mes talons et avise le jeune homme. Il a l'air de porter la misère du monde. Je soupire et m'avance jusqu'à n'être plus qu'à quelques centimètres de lui. En le fixant dans les yeux, je distingue que lui aussi retient ses larmes. Visiblement, la situation est plus dure à supporter pour lui que ce que je croyais.
Je me sens très égoïste, d'un coup.
Je lève la main et caresse doucement son visage. Je n'ai pas eu de contact aussi intime avec lui depuis le rêve. Je m'en veux. C'est dur pour moi, mais je n'aurais pas dû autant le repousser. C'est normal qu'il ne sache plus comment agir avec moi par la suite.
- Bien sûr que je le pensais. Je le pense toujours, je murmure.
Il ferme les yeux et les larmes coulent délibérément sur ses joues. Ses bras se referment dans mon dos et il me serre contre lui. Je l'imite, j'ai envie de le sentir au plus proche de moi.
- Je t'aime, Louve, chuchote-t-il dans mes cheveux.
Nous restons ainsi un long moment en silence, en profitant juste de se retrouver tous les deux. Puis, il me relâche et m'embrasse chastement mais passionnément. Il me prend la main, m'entraîne jusqu'à chez lui et il me fait l'amour très doucement, tout à l'écoute de mes sentiments et de mes sensations et me montre tout l'amour qu'il a pour moi.
Et voilà ! Les tourtereaux sont réconciliés et Louve semble aller mieux...
Que pensez-vous de la proposition d'Edward ? Vous pensez qu'elle acceptera ?
A la semaine prochaine ~
