Prisonnières

Ron s'effondra à l'endroit où se trouvait il y a un instant sa meilleure amie. Il frappa le sol de toutes ses forces et laissa échapper un cri de rage alors que Drago et Blaise derrière lui s'effondraient à leur tour dans les bras l'un de l'autre. Ron trouva au sol l'insigne de préfète de Hermione qu'elle avait dû perdre pendant le combat et il éclata en sanglots à la vue de l'objet. Il avait promis de les protéger, il avait promis Pansy à Noël que plus jamais rien de mal ne lui arriverait. "J'espère dans le futur faire de mon mieux pour qu'il ne t'arrive plus de choses pareilles", voilà ce qu'il lui avait dit. Désormais, le pire était arrivé. Hermione et Pansy venaient d'être enlevées et devaient actuellement se trouver dans la tanière du loup. Seules, démunies, blessées et à la merci de leurs ennemis. Rien qu'à cette pensée, cela rendit malade Drago. Savoir sa meilleure amie considérée comme traître coincée dans le pire endroit imaginable et la meilleure amie du Sauveur là-bas avec elle... Mais Granger n'était plus que la simple "meilleure amie du sauveur" aux yeux de Drago désormais. Il ressentait beaucoup trop d'affection à l'égard de la Gryffondor. Elle était devenue beaucoup plus qu'une simple amie et que Drago l'imagine elle aussi là-bas le rendait encore plus malade. Alors que des pas se rapprochaient derrière eux, Drago se retourna et aperçu les deux aurors chargés de leur protection durant le voyage. À leur vision, Drago vit aussitôt rouge et en attrapa un par le col et le plaqua contre le mur.

-Vous étiez censés nous protéger, les protéger, grogna Drago hargneux. Et maintenant elles sont aux mains de l'ennemi !

-Drago... essaya de le calmer Blaise, les larmes coulant sur son visage.

-A cause de vous elles sont coincées là-bas avec peu de chance de survie ! Vous étiez où, hein ?!

Le blond commençait à perdre patience et serrait de plus en plus l'auror de sa poigne.

-Mr Malefoy ! Lâchez-le ! s'exclama une voix derrière lui.

Drago se retourna et aperçu le professeur Dumbledore ainsi que le professeure McGonagall se trouvant derrière lui, aux côtés de Ron et Blaise.

-Vous... s'exclama Drago en relâchant sa prise et se dirigeant plutôt vers le directeur cette fois.

Mais il n'eut le temps de rien faire cette fois car Ron l'attrapa par le torse et le retint de s'en prendre au directeur.

-Malefoy, ça ne sert à rien... Rappelle-toi qui le vrai ennemi est, l'apaisa Ron.

Son intervention surprit tout le monde mais étonnamment, cela sembla fonctionner car Drago se laissa tomber au sol toujours dans les bras de Ron, tous deux effondrés par les événements. Blaise les rejoignit dans leur étreinte et tous les trois pleurèrent la disparition des personnes les plus importantes à leurs yeux.

-Je suis désolé pour ce qui est arrivé, messieurs, s'exprima Dumbledore d'une voix douce et sincèrement peinée.

-On doit prévenir les autres, intervint Blaise, l'air encore plus attristé en pensant à leurs amis qui ne savaient toujours pas ce qui était arrivé.

Il était encore plus triste en imaginant comment Théo réagirait quand il apprendrait que c'était son père qui avait orchestré tout ça. Il s'en voudrait à jamais.


Hermione ouvrit les yeux et fit face à un sol de pierres froides et humides. Elle grogna de douleur en touchant sa tête et mît du temps à reprendre ses esprits.

"Où est-ce que je suis ?"

Elle se releva lentement et observa l'endroit où elle se trouvait. Une salle en pierres, des barreaux en guise de fenêtres, des gouttes d'eau qui tombaient du plafond... Cela ressemblait beaucoup à un cachot. Soudain, Hermione se remémora avec difficulté les événements qui s'étaient passés, l'attaque du train, les Mangemorts, l'enlèvement, Pansy blessée... "Pansy blessée !" s'exclama Hermione en se rappelant soudain l'état de celle qui était devenue une de ses meilleures amies. Elle observa le cachot et chercha alors une silhouette dans la pénombre qui pourrait être celle de Pansy et aperçue au fond de la cellule, dans l'obscurité, une ombre inerte par terre. Hermione s'approcha lentement et posa instinctivement la main sur sa baguette avant de réaliser qu'elle ne l'avait plus. Elle prit ses précautions et quand elle fût suffisamment près de l'ombre, elle reconnue Pansy allongée par terre. Soulagée, Hermione se précipita sur elle et releva la tête de la jeune fille afin de placer ses cuisses en dessous pour qu'elle soit plus confortable. Hermione vérifia le rythme cardiaque de Pansy et fut heureuse de sentir son pouls battre normalement. Elle souleva la robe de la jeune fille et aperçue un bandage qui faisait tout le tour de son ventre, signe qu'elle avait été traitée et soignée par quelqu'un. Les quelques autres blessures sur le corps de Pansy néanmoins n'avaient pas été traitées, ce qui impliquait que quelqu'un voulait la garder au bord de la vie et ne lui voulait pas de bien. Hermione fit le même constat sur son propre corps : uniquement sa tête avait été soignée mais ses autres blessures n'avaient pas été touchées. Elles étaient encore habillées de leurs robes de sorcières déchiquetées et Hermione remarqua qu'elle avait perdu son insigne de préfète dans la bataille. Elle se demandait où elles pouvaient bien être. Dans le manoir Malefoy ? Dans une prison ? Dans un lieu inconnu, perdu et à l'étranger ? Cette pensée donna la chair de poule à Hermione. Elle se demandait ce que leurs amis devaient penser, comment ils avaient réagi et s'ils comptaient venir les libérer. Connaissant ses amis, Hermione savait qu'ils allaient foncer tête baissée dans le repère des ennemis et cela l'inquiéta. Elle espérait que quelqu'un de sensé tel que Dumbledore arriverait à les tenir calmes.


-Je vais les chercher, s'exclama une voix sourde alors qu'une chaise raclait sur le sol.

-Non Monsieur Potter, le retint le professeur Dumbledore

-Il s'agit de ma meilleure amie Monsieur ! s'écria Harry la gorge serrée. Pansy et elle sont emprisonnées chez les Mangemorts !

À cette phrase, Drago tapa du poing sur la table. Évoquer le sujet était difficile pour lui et il n'arrivait pas à se sortir de la tête toutes sortes d'images lugubres concernant le sort que subissaient ses deux amies sachant pertinemment quel châtiment était réservé aux traitres chez les Mangemorts, ayant grandi dans cet environnement depuis tout petit. Depuis qu'ils avaient annoncés la mauvaise nouvelle aux autres, la culpabilité ne faisait que monter en lui. Il n'arrivait pas à oublier le regard de Théo qui s'en voulait déjà tellement profondément, les pleurs de Daphné et Ginny, l'accès de colère qui avait pris Harry alors qu'il avait compris que le pire était arrivé.

"Où sont Hermione et Pansy ?" demanda Ginny redoutant déjà le pire alors qu'elle regardait Drago, Blaise et Ron revenir les larmes aux yeux, accompagnés des deux aurors, du directeur et de McGonagall.

Ron secoua la tête de droite à gauche, ne pouvant se résoudre à prononcer les mots qui lui faisaient tant mal.

-Enlevées, répondit Blaise afin que le groupe ne pense pas qu'elles étaient mortes, même si pour lui et eux cela revenait au même.

Aussitôt, Harry poussa un cri de rage et cassa tout ce qui se trouvait à sa portée. Ginny s'effondra dans les bras de son frère, pleurant la perte de sa meilleure amie et Daphné courue se réfugier dans les bras de son amour, Blaise. Daphné pleurait elle aussi la perte de sa meilleure amie mais elle se devait de soutenir en cet instant Blaise qui avait tout fait pour essayer de les récupérer et qui devait s'en vouloir au plus profond de lui de ne pas être arrivé à temps. Drago observa Théo avec un regard désolé. Celui-ci le fixa et comprit aussitôt.

-C'était mon père n'est-ce pas ? dit-il d'une voix monotone et vide d'émotions.

-Je suis désolé mec, lui répondit aussitôt Drago.

Il prit son meilleur ami dans ses bras et le réconforta du mieux qu'il put, peu habitué à ce genre de situation.

-Malefoy ?

Drago leva la tête et chassa la scène de ses pensées. C'était Ginny qui avait prononcé son nom et avait la main posée sur sa jambe. Ils se trouvaient tous dans le bureau de Dumbledore, le directeur faisant les cent pas devant eux, le groupe d'amis était éploré assis sur des chaises devant le bureau et le professeure McGonagall observa avec pitié le groupe de jeunes qu'elle avait devant elle et que le monde n'avait pas épargné. Après l'attaque, le professeur avait fait transplané tout le groupe en sécurité dans son bureau tandis que des renforts d'aurors étaient arrivés et ramenaient tout le monde au château par groupes. Une équipe de Sainte-Mangouste avait été appelée en urgence au château afin de s'occuper des blessés et des gens du ministère s'occupaient du peu de morts qu'il y avait eu lors de l'attaque. Depuis qu'ils étaient rentrés, le silence n'avait été brisé par personne jusqu'à ce que Harry s'exprime avec colère un peu plus tôt et Dumbledore n'avait cessé de faire les cent pas.

-Tu devrais aller voir Madame Pomfresh Malefoy, continua Ginny. Tu saignes beaucoup.

-C'est rien, répondit le blond avec nonchalance.

Ses blessures étaient le dernier de ses soucis.

-Miss Weasley a raison, s'opposa le directeur. Vous devriez tous aller à l'infirmerie, vous êtes tous blessés et vous avez vécu un choc important.

-Je ne partirais pas tant qu'on aura pas trouvé de solutions pour récupérer nos amies, grogna Drago. Plus on perd de temps plus elles se rapprochent de leur mort.

-Je vais contacter l'Ordre et nos espions, intervint le professeure McGonagall en fixant les Serpentards pour qu'ils comprennent de quels espions elle parlait. On va essayer de savoir tout d'abord où elles ont été emmenées et ensuite on définira un plan. Cela vous convient-il jeunes gens ?

-C'est toujours mieux que rien, les rassura Daphné en regardant ses amis un à un.

Aucun d'eux n'était satisfait par cela mais ils n'avaient pas le choix. Ils acquiescèrent tous lentement.

-Vous serez contactés dès que nous aurons des nouvelles, ajouta le professeur Dumbledore. Vous avez ma parole. Maintenez descendez à l'infirmerie. Tous.

Le groupe se leva en même temps et ils se dirigèrent vers la sortie. Une fois dans le couloir, Ron s'exprima.

-Faire comme si rien ne s'était passé, attendre des nouvelles... C'est insurmontable ! Comment on va pouvoir reprendre une vie normale sachant que nos amies sont très certainement en train de se faire torturer.

Le groupe grinça des dents à l'évocation de cette phrase.

-Dis pas ça Ron, s'il-te-plait... soupira Théo.

Plus personne ne prononça un mot. Tout le monde se dirigea vers l'infirmerie mais elle était bondée d'élèves avec des blessures plus importantes que les leurs. Sur un commun accord, tout le monde se dirigea vers la salle commune de Drago et Hermione... sans Hermione et Pansy.


Pansy commença à s'agiter ce qui sortit Hermione de ses pensées. La Serpentard commençait à reprendre connaissance et Hermione essaya de la calmer en lui caressant ses cheveux emmêlés.

-Chuuut, chuchota Hermione avec douceur. Ça va aller Pansy.

Pansy ouvrit alors les yeux et croisa le regard de la brunette. Elle s'agita aussitôt en comprenant où elle devait se trouver et une crise de panique la prit alors qu'elle réalisait que ses parents avaient très certainement été informés des événements et de sa présence.

-Pansy, Pansy ! s'exclama Hermione alors que son amie était prise de tremblements et cherchait son souffle. Je suis là Pansy, ne t'inquiètes pas.

Hermione essaya de la calmer autant qu'elle put et cela sembla marcher et Pansy reprit ses esprits tout doucement.

-Où-est-ce qu'on est ? chuchota Pansy, redoutant la réponse.

Hermione soupira en regardant autour d'elle.

-Je n'en n'ai aucune idée...

Pansy se releva avec peine. Hermione l'aida en la soulevant à moitié.

-Tu as été attaquée au ventre, lui rappela la Gryffondor.

Pansy grogna avec haine. Elle regarda autour d'elle et se précipita presque vers la seule fenêtre présente dans la pièce tout en se tenant le ventre. Elle observa le peu qu'elle pouvait apercevoir au travers des barreaux et reconnue le jardin du manoir Malefoy.

-On est chez les parents de Drago, s'exclama Pansy ce qui redonna un peu d'espoir aux deux filles.

Au moins elles étaient encore en Grande-Bretagne et si elles étaient au manoir Malefoy cela signifiait que leurs espions étaient présents aussi et pourraient les aider. Pansy se détourna de la fenêtre et marcha lentement vers Hermione tout en boitant. Elle s'assit aux côtés d'elle et poussa un soupir de fatigue. Toutes deux restèrent silencieuses, ne sachant que faire dans cette situation jusqu'à ce que Hermione ne rompe le silence.

-Je suis désolée, s'exclama-t-elle en faisant peur à Pansy perdue dans ses pensées.

Celle-ci se tourna vers elle, perplexe.

-Pourquoi ?

Hermione croisa le regard de Pansy et baissa la tête honteuse.

-C'est à cause de moi que tu te retrouves ici, que tu vas devoir faire face à tes parents, que tu es blessée et que l'on va probablement se faire tuer et torturer avant.

Pansy grimaça à ces mots bien pessimistes mais réalistes.

-Qu'est-ce que tu racontes Granger ?

-C'est moi qui t'aie forcée à venir faire ta ronde avec moi au début ! Sans ça tu ne serais certainement pas ici à l'heure actuelle. Et c'est moi qui aie insisté pour qu'on aille aider les élèves au fond du train...

-Écoute moi bien Hermione, gronda Pansy mécontente. Tu ne m'as forcée en rien et je refuse de t'entendre culpabiliser et de porter la responsabilité de ce qui est arrivé. Tu ne pouvais pas savoir ce qui allait se passer et les seuls fautifs ici sont ces putains de larbins de Mangemorts. Quant à ces élèves qu'on est allés secourir c'est moi qui devrais m'excuser car sans ta décision ils seraient certainement morts alors que tout ce que je voulais c'était qu'on rejoigne nos amis. Ne t'en prends pas à toi-même, s'il-te-plaît.

Pansy prit la main d'Hermione dans la sienne et la serra fort. Ses paroles rassurèrent Hermione mais elle continuait à s'en vouloir de l'avoir emportée dans cette situation. Pansy posa sa tête sur l'épaule d'Hermione et toutes deux fermèrent les yeux, attendant que quelque chose se passe. Bientôt, des bruits de pas se firent entendre dans le couloir et un claquement résonna ce qui réveilla les deux amies. Des clés ouvrirent la lourde porte en fer qui les retenaient prisonnières et celle-ci s'ouvrit en grinçant, révélant Peter Pettigrew. À sa vue, Hermione laissa échapper un halètement surpris, choquée de le trouver là. L'homme s'approcha d'elles et brandi sa baguette magique.

-Levez-vous, c'est l'heure d'une petite réunion de famille, sourit-il machiavéliquement.

Pansy déglutie difficilement.