Bonjour tout le monde ! Plus qu'une semaine avant la compétition tant attendue ^^ j'ai préparé de beaux combats plein de magie pour l'occasion et je me suis vraiment beaucoup amusée à imaginer tout ça. Avant ça, voici un chapitre assez différent avec un arc narratif que j'ai hésité à intégrer mais que j'ai tout de même décidé d'intégrer.
Voilà voilà, bonne lecture à vous !
Chapitre 28
AMERTUME, nom fém.
Au Figuré : Sentiment (ou caractère propre du sentiment) mêlé de découragement et de rancœur, éprouvé à la suite d'un échec, d'une désillusion.
Synonymes : affliction, douleur, écœurement, dégoût, dépit, rancœur, tristesse, mélancolie, aigreur, fiel.
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Hum.
Je n'aime pas les dictionnaires. Ils vous disent les choses avec leurs phrases pleines d'évidences et de certitudes qui donnent juste envie de les mettre au feu. Je ne me permettrais évidemment jamais de m'exécuter, car c'est Mme Pince qui risquerait de me jeter au feu, pour le coup.
Je pose mon front sur le gros grimoire ouvert à une des petites tables de la bibliothèque, et j'aimerais simplement pouvoir disparaître. Je me sens si vide, si pleine d'une tristesse sans début ni fin, que je donnerais n'importe quoi pour juste revenir en arrière, à l'époque ou Arkwood n'était qu'un adversaire de plus et que je n'avais pas eu pour idée de dire oui à Flitwick.
En vérité, j'en m'en veux terriblement de me retrouver dans pareil état par la faute de ce Poufsouffle de malheur. J'ai comme l'impression d'avoir mené un duel contre lui - tout en sachant pertinemment que je ne faisais pas le poids - et de me retrouver maintenant au sol en me demandant pourquoi je suis étonnée.
Une unique larme coule doucement le long de ma joue pour venir humidifier le papier craquant de l'ouvrage centenaire, et je n'ai même pas la force de porter la main à mon visage pour l'essuyer.
-Aly ?
Une ombre me cache la chiche lumière du candélabre posé plus loin et je ferme les yeux en espérant que ma sœur me laissera tranquille. Il est déjà assez dur de faire refluer la douleur pour l'empêcher de me submerger, sans qu'elle ne vienne souffler sur mes plaies ouvertes.
-Ça ne va pas ? me demande-t-elle en s'asseyant sur la chaise à côté de moi.
Elle penche son joli visage en faisant dégringoler sa chevelure et pose une main compatissante sur mon épaule, sans comprendre que je veux rester seule. Oui, je ne veux voir personne. Être tout simplement seule pour ne pas faire s'écouler toute ma peur et ma frustration à travers des larmes que je ne pourrais contrôler ; mais aussi toute cette rage mélancolique qui me noie chaque seconde un peu plus en soufflant sur mon cœur malmené.
-Dis-moi ce qui ne va pas, Aly, me supplie-t-elle de sa voix légèrement affolée. Tu ne te sens pas bien ? Tu veux que j'aille chercher Mme Pomfresh ?
Je rouvre les paupières et redresse la tête en croisant ses grands yeux marron qui me regardent avec gravité.
-Ça va très bien, Sony, je souffle en refermant le gros dictionnaire d'un geste las. J'ai juste besoin de sommeil.
-Mais, tu pleures ?
-Laisse-moi, s'il te plait…
Ma voix se casse et je me force à ne pas regarder dans sa direction. Ses mains ne tardent pas à venir se poser sur mes épaules et elle essaye d'attraper mon regard comme on tenterait de capturer un papillon voletant frénétiquement.
-Tu peux m'en parler, me glisse-t-elle avec douceur. Je suis ta sœur, tu peux tout me dire, tu le sais, ça ?
Je hoche de la tête et consens à croiser de nouveau son regard inquiet.
-Je… Je ne pensais pas que ça pouvait faire aussi mal, dis-je d'une voix basse, sans savoir si c'est une bonne idée.
Elle ne répond rien et son interrogation se lit sur ses traits délicats.
-Aimer… Et ne pas l'être en retour. C'est dur.
-Qui aimes-tu ? me demande-t-elle d'une voix douce.
-Un con.
Elle ne répond rien et me prend dans ses bras tandis que je laisse finalement couler mes larmes sur son épaule.
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Il n'est même pas midi lorsque Soneïs me ramène à ma chambre et me force à m'enrouler dans ma couette. Elle ferme ensuite doucement les rideaux de mon lit à baldaquin et je l'entends marmonner une formule magique. Deux minutes plus tard, je plonge dans un sommeil artificiel et bienvenu.
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Lorsque je me réveille, il est quatorze heures passé et j'entends des clameurs provenant du parc passant la fenêtre ouverte. De très légers bruits feutrés se font entendre de l'autre côté de mes rideaux et j'en ouvre un d'un geste las. Avec étonnement, j'aperçois de grandes oreilles pointues se tourner vers moi et un petit elfe de maison s'incliner avec un sourire, les mains pleines de mes vêtements sales.
-Bien le bonjour, jeune maîtresse, couine-t-il. Twinky est venu faire le ménage. Il est désolé s'il vous a réveillé, ce n'était pas sa volonté.
-Aucun problème, dis-je d'une voix un peu pâteuse, sans toutefois redresser la tête de l'oreiller.
Il ne répond rien et je le vois reprendre ses occupations en s'activant dans la pièce. Plusieurs fois, il disparaît et réapparaît avec un balai ou une éponge, puis, une fois satisfait, il revient vers moi et s'incline à nouveau.
-Twinky vous souhaite une bonne journée, jeune maîtresse. Si vous avez le moindre désir n'hésitez pas à faire appel à l'humble elfe que je suis.
Puis, il disparaît dans un Pop sonore.
-Twinky ?
À peine une seconde plus tard, le petit elfe réapparaît et me présente un large sourire avenant.
-Je n'ai pas mangé à midi, crois-tu que tu pourrais me préparer quelque chose ?
-Avec plaisir, qu'est-ce qui ferait plaisir à la jeune maîtresse ?
-Tu as du hachis Parmentier ?
-Bien sûr, Twinky à ça.
-Et il te reste du Carot Cake ?
-Twinky va s'en assurer, mais ça ne devrait pas poser de problème.
-Et tu as quelque chose pour que je ne ressente plus les émotions ? Pour m'empêcher de penser aux sentiments qui font mal ?
Le petit être affublé d'un torchon aux armoiries de Poudlard penche la tête sur le côté, sans comprendre, et se tord les mains deux secondes.
-Twinky n'est pas sûr d'avoir ça, me dit-il d'une voix dépitée.
-Ce n'est pas grave.
-Twinky va essayer de trouver ! s'exclame-t-il cependant en tapant dans ses mains. Twinky prépare votre repas et, après, il va chercher ce que la maîtresse demande !
Je n'ai pas le temps de répondre, qu'il disparaît dans un claquement de doigt.
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Dix minutes plus tard, je suis levée et j'ai pris une douche avec un long grognement de plaisir. Une fois hors de la salle de bain, j'ai le plaisir de découvrir un plateau repas sur mon lit, ainsi que deux fleurs dans un petit verre. Toujours dans l'excès ces adorables petits êtres.
Je profite d'être seule dans ma chambre pour manger à mon rythme et regarde, sans les voir, les larges rais de lumière traversant les hautes fenêtres en ogive. À peine ai-je terminé ma part de gâteau à la carotte, que Twinky apparaît devant moi avec un grand sourire et de larges yeux ravis.
-Pardonnez Twinky s'il vous a fait sursauter, me dit-il en me voyant porter une main à mon cœur. Mais Twinky a trouvé ce que la maîtresse demandait.
Mes paroles se coincent dans ma gorge et je regarde alors le petit elfe poser une fiole d'un liquide pourpre devant moi.
-Twinky a demandé aux autres elfes s'ils savaient où trouver ce que la jeune maîtresse avait besoin. C'est un philtre de Compassion, deux gouttes le matin, avant de manger si possible, et plus de sentiments mauvais, Twinky vous l'assure !
-Et où as-tu été chercher ça ? je demande en espérant qu'il n'a pas été fouiller dans les placards de Rogue à son insu.
-La maîtresse infirmière l'a remise à Twinky en lui demandant de bien s'assurer que vous ne preniez pas plus de deux gouttes par jour.
Je le vois se rembrunir et lever un doigt devant mon nez, pour attirer mon attention tournée vers la fiole.
-La maîtresse infirmière a bien dit à Twinky qu'elle ne donnait jamais de potion comme cela à de jeunes élèves, mais que, étant donné la situation de championne de la jeune maîtresse, lui en donner est compréhensible. Elle a aussi dit que, vu l'heure, la jeune maîtresse pouvait tout de même prendre les deux gouttes dès maintenant. Est-ce que la jeune maîtresse a compris toutes les explications ?
Je hoche la tête et gratifie le petit elfe d'un sourire reconnaissant.
-Merci, Twinky, tu es vraiment adorable.
Je le vois s'empourprer quelque peu et ramasser mon plateau repas, désormais vide.
-Twinky ne fait que son travail, me dit-il d'une voix couinante.
Puis, il transplane et je me retrouve à nouveau seule avec la petite fiole en main. Après une grande inspiration, je dévisse la petite bouteille et fais glisser deux gouttes sur ma langue en utilisant la pipette intégrée. Une fois la fiole rebouchée, je la cache dans ma table de nuit et utilise ma baguette pour me sécher les cheveux.
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Il me faut quinze bonnes minutes pour finir de me préparer et, lorsque je descends dans la salle commune quasiment vite, je me sens incroyablement bien. À bien y réfléchir, je ne me suis jamais sentis aussi détendue et heureuse qu'à cet instant précis. Je ne ressens plus de peur, plus de douleur ni d'anxiété. En fait, je ne ressens plus rien, simplement un grand vide joyeux au fond de la poitrine qui me donne envie de gambader dans les couloirs en chantant la chanson des Patacitrouilles.
Lorsque je rejoins Casper et Jasmine, assis dans le parc bondé d'élèves profitant du beau temps, je leur présente un sourire radieux.
-Qu'est-ce que t'as, Aly ? me demande immédiatement Casper avec une mine froncée. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Je m'assois près d'eux et hausse des épaules, avant de m'allonger et de profiter du soleil sur la peau.
-Je pensais que tu serais vachement plus stressée que ça, continue-t-il d'une voix suspicieuse.
Je ne réponds rien et me dis que cette semaine risque d'être beaucoup plus agréable que je ne l'avais imaginé.
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Comme prévu, la potion de l'infirmière fait effet toute la journée et je suis d'excellente compagnie auprès de mes amis qui ne peuvent que se réjouir de ma bonne humeur. Au repas du soir, je croise le regard d'Arkwood un peu plus loin et mon cœur reste léger comme une plume. J'en viens même à me demander pourquoi je me suis mise dans un état pareil ce matin, j'en rirais presque.
Jasmine me demande de me coucher tôt ce jour-là pour être en forme demain, car elle m'a prévu une séance d'échauffement pas trop intense avec Rabastan. Elle ne me le dit pas, mais elle semble déçue de ne pouvoir passer la journée avec nous à cause des cours qu'elle ne peut louper. Un sommeil profond et sans rêve ne tarde pas à venir me prendre, cette nuit-là, et je remercie les Dieux d'avoir posé ce petit elfe sur ma route ce jour.
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Le lendemain matin, je me réveille avec l'impression de m'être enfoncé si profondément dans mon matelas, que je ne pourrais plus jamais m'en extraire. Il me faut dix bonnes minutes, et toute la volonté du monde pour me lever, et je me prends alors une vague de tristesse et de mélancolie en plein visage. Une douleur sournoise vient prendre mon cœur en étau et un stress familier me rappelle la date de la compétition avec insistance.
Sans tergiverser plus, j'ouvre le tiroir de ma petite table de chevet et glisse deux gouttes du liquide pourpre sur ma langue. Je laisse le produit agir et en profite pour piquer la salle de bain au nez de Judith et m'habiller d'une tenue confortable.
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-Tu te souviens de ce qu'on a dit, hein ? Pas de vrai combat contre Rabastan pour ne pas dévoiler tes nouveaux sorts, d'accord ?
J'acquiesce pour la centième fois au laïus de mon amie et me demande si elle me pense véritablement sourde, ou tout simplement idiote. À côté de moi, Casper continue de dévorer ses céréales sans faire mine de nous écouter et je me prends à sourire comme une idiote.
-Je t'ai noté les exercices de relaxation et les échauffements qui te permettront de ne pas t'encroûter. Tu écoutes ce que je te dis, au moins ?
-Mais oui, Mina, je claironne en buvant un grand verre de jus. Tout va bien se passer, ne t'en fais pas.
Je la vois échanger un regard avec Casper qui a levé le nez de son bol, mais aucun des deux ne renchérit et je récupère son petit carnet. Notre petit déjeuner terminé, je file jusqu'au troisième étage et laisse mes amis rejoindre leur cours de Soins aux Créatures Magiques.
Une fois dans la salle des trophées, je m'applique à m'échauffer et ne tarde pas à voir débarquer Rabastan dont l'humeur semble morose, malgré un visage à la neutralité exemplaire.
-T'as bouffé un truc de travers ? je lui demande après avoir serré sa main avec chaleur.
-Non, mais j'ai croisé les champions de Durmstrang, me répond-t-il d'une voix polaire en jetant un œil sévère vers un point au loin. Je pense que nous allons devoir nous méfier d'eux. Sous ses airs arrogants, ce Polianov semble être un sacré adversaire et nous aurions tort de le prendre à la légère.
Je ne réponds rien et il remarque ma mine un peu trop détendue.
-Son comparse, ce Van Der Stegen, est aussi à surveiller. J'imagine qu'il n'est pas devenu champion par pur hasard. M'écoutes-tu, Alya ? Tu sembles mal réveillée.
J'essaye d'émerger de cette espèce de voile cotonneux qui s'est apposé sur mon esprit au moment où j'ai bu le Philtre de Compassion, mais me bats en vain. Finalement, je laisse l'épaisse brume de félicité se glisser à nouveau en moi et hoche vaguement la tête.
-Je t'écoute, Rabast'. On s'entraîne maintenant ?
Je crois que ma réponse le surprend, mais il ne dit rien de plus et nous passons plusieurs heures à pratiquer quelques sorts basiques pour améliorer notre temps de réaction. Malgré la potion qui me fait naviguer sur un petit nuage, mes réflexes restent affutés et je suis en nage lorsque midi sonne.
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-Cette après-midi, je pense aller faire quelques tours de stade et des longueurs dans le lac, m'accompagneras-tu ? me demande mon ami au moment où nous descendons manger à la grande salle.
-J'ai double cours de Défense et ensuite Yoga avec Jasmine. Elle veut absolument que je pratique son sport bizarre, paraîtrait que c'est bon pour moi.
Je vois Rabastan m'observer avec attention et ses yeux clairs se plissent très légèrement.
-Du Yoga ? Ce ne serait pas un sport Moldu de relaxation, si je ne m'abuse ?
-Ouaip.
-Tu parais pourtant tout à fait détendue pour quelqu'un qui a une compétition dans une semaine.
Au fin fond de ma conscience, je crois qu'une boule de stress tente de s'agglutiner et de me broyer les entrailles, mais cela ne dure pas et je sens mon esprit s'apaiser immédiatement.
-Oui, je relativise plutôt bien, dis-je d'une voix badine comme toute réponse.
Mon ami Serpentard décide de laisser tomber le sujet et nous nous quittons rapidement pour rejoindre nos tables respectives.
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Mon après-midi se passe aussi bien que prévu et je ne perds pas une seule fois patience lorsque mon amie me demande de me mettre dans des positions improbables portant des noms d'animaux étranges. Ce n'est qu'une fois au repas du soir que je me sens progressivement émerger de cette torpeur bienvenue qui m'a tenue toute la journée.
Mes amis échangent sur la compétition durant tout le temps que dure le dîner et je ne tarde pas à ressentir une pointe de stress nouer mon estomac. J'aimerais leur dire d'arrêter parce que ça me dérange de plus en plus, mais ils sont trop pris dans leur conversation pour prêter attention à mes vaines tentatives. De dépit, je pose mon menton dans ma main et finis mon assiette en essayant de repousser la tristesse et l'anxiété qui se noue doucement à ma gorge.
Vers le dessert, je vois ma sœur venir vers moi et lui fais un geste non équivoque lui signifiant de me foutre la paix. Elle comprend bien vite le mouvement agacé de mes mains et semble s'en offusquer, mais je n'en ai cure. L'important est qu'elle me laisse tranquille, ce qu'elle fait de mauvaise grâce, et je ne peux que la remercier intérieurement en me traitant de sœur merdique.
Le repas se termine enfin et, en me levant de mon banc, je m'empêche de tourner la tête vers les élèves des différentes écoles assises en bout de table. Pourtant, je ne peux passer outre le bla-bla angoissant de Jasmine et Casper qui discutent tactique, accentuant mon angoisse.
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Une fois passée l'armure gardant désormais notre tour et entrés dans la salle commune, je file comme le vent jusqu'à mon dortoir. Je crois que mes amis m'appellent, mais je les ignore et m'enferme dans la salle de bain pour me passer de l'eau sur le visage.
Une semaine. La compétition est dans une semaine. Le visage d'Arkwood se fige devant mes yeux et ses paroles blessantes se glissent dans mon esprit pour me rappeler à quel point je suis trop faible, trop gentille, trop peu préparée. Soudain, une douleur vive se plante à hauteur de mon nombril et un spasme nauséeux me plie en deux. Avec des gestes erratiques, je relève prestement la lunette et vomis le contenu de mon estomac au-dessus des toilettes.
Il me faut plusieurs bonnes minutes pour me remettre et réussir à me relever sur mes jambes tremblantes afin de me laver le visage. Je me brosse ensuite les dents en jetant un œil morne à l'air maladif de la gamine me regardant dans le miroir, et ne tarde pas à rejoindre mon lit. Avec des gestes fébriles, je me mets en pyjama et m'assois lourdement sur le matelas sans réussir à fixer mon regard sur un point précis.
Au bout de ce qui me semble être une éternité, je reprends conscience de mon environnement et ouvre le tiroir de mon armoire pour en sortir la petite fiole s'y trouvant. Je la retourne entre mes doigts mais n'y vois aucune autre étiquette à part celle indiquant le nom du breuvage.
Il est vrai que je suis très peu résistante au stress et que mes déboires amoureux m'aident à bien mettre la tête sous l'eau, mais je suis tout de même étonnée que l'effet de la potion s'arrête aussi tôt. N'est-elle pas censée durer toute la journée, comme la veille ?
Perplexe et vannée, je repose la fiole et me glisse dans mes draps en essayant de fuir les yeux bleus d'Arkwood me poursuivant jusque dans mes rêves.
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Le lendemain est bien plus dur que la veille et je me réveille légèrement en sueur, alors même que je frissonne de froid sous ma couverture. Sans traîner, je me jette sur ma potion et, prise d'un doute, je me demande si prendre une goutte de plus ne m'assurerait pas un effet plus long. Après quelques secondes d'hésitation, je fais tomber trois grosse gouttes de potion sur ma langue et sens mon esprit et mes épaules se détendre immédiatement en me rappelant que le monde peut être très chouette quand on y pense.
Lorsque je rejoins Rabastan pour une seconde journée d'entraînement, celui-ci ne dit rien face à mon air encore plus guilleret que la veille. Nous discutons d'ailleurs longuement à propos des élèves étrangers en les regardant s'échauffer sur la pelouse du parc. Il ne faut pas longtemps à Jasmine pour comprendre que mon état n'est pas normal, mais je ne lui dis rien malgré son insistance durant le déjeuner que nous partageons.
Mon après-midi se passe agréablement bien et j'offre un visage avenant aux deux champions de Beauxbâtons lorsque je les croise dans les couloirs. Nous les voyons d'ailleurs partir visiter Pré-au-Lard ainsi que la campagne Écossaise, accompagnés du professeur Dumbledore qui paraît enchanté par la compagnie des Directeurs étrangers.
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Quand arrive le repas du soir, je note avec un effarement mêlé d'angoisse que la potion cesse de faire effet. Ceux-ci ont duré moins longtemps que la veille, et je me sens déjà au plus mal lorsqu'une vague de panique fiévreuse se déverse en moi en ébranlant mon esprit. À mesure que celle-ci secoue mon corps, mes mains se mettent à trembler et ma tête à me lancer douloureusement.
Plusieurs fois au cours du repas, Casper et Jasmine s'enquièrent de mon état, mais je m'enferme dans un mutisme qui les inquiète. Autant exaspéré qu'affolé, Casper me fait quitter la table plus tôt sous un faux prétexte et me mène jusqu'à notre salle commune en ne cessant de grommeler. Enfin arrivé dans le salon cossu, il me force à m'asseoir sur un canapé et me presse de questions.
-Je ne te comprends plus, Aly. Ce matin tu pétais la forme et, le soir arrivé, on dirait un fantôme. Dis-moi ce qui ne va pas, je suis ton pote, tu peux tout me dire.
Je me sens trembler de plus en plus fort et frotte mes épaules de mes mains pour leur redonner un peu de chaleur.
-Je stresse grave, Casp, lui dis-je en sentant les dents se mettre à claquer. J'ai un traitement contre ça, mais il est trop faible pour m'aider à supporter la pression le temps d'une journée.
Je vois les yeux de mon ami s'assombrir à mes mots et il attrape un large plaid à tartan bleu pour m'enrouler avec. Il me frictionne ensuite vigoureusement en cachant la propre tension qu'il ressent en me voyant ainsi.
-Tu supportes mieux les situations comme ça, habituellement, grogne-t-il en notant mes yeux rouges. Tu n'as jamais été aussi malade avant un combat, ça ne te ressemble pas.
Je ne lui dis pas que ce n'est pas l'unique raison et me fais également la réflexion que je suis normalement plus tenace face au stress. Même si, quand on y pense, cette compétition reste internationale, sans compter que mes concurrents directs ne dorment pas loin et qu'ils se permettent de me fixer à chaque fois que je les croise dans les couloirs.
Nous restons un petit moment tous les deux, assis dans le canapé face au feu, et je ne tarde pas à me blottir dans ses bras en regrettant le temps où nous courions la campagne ensemble en préparant les quatre-cents coups. Du moins, je les préparais et, lui, commentait mon idiotie sans manquer de lever les yeux au ciel chaque fois que ça foirait.
-Je pars en Nouvelle-Zélande cet été, finit par dire mon ami en brisant le silence feutré que seul le craquement du feu agrémente.
-Vraiment ? Avec Aaron ?
-Oui, sa famille paraissait ravie de m'accueillir pour quelques semaines et j'ai vraiment envie de découvrir son pays. Il n'arrête pas de m'en parler depuis qu'on se connaît, ça a l'air génial !
Je remarque ses yeux brillants et, malgré mon état, je ne peux m'empêcher d'être contente pour lui.
-Ramène quelque chose pour mon père, même si c'est un mouton vivant ou un Kiwi qui piaille.
Je l'entends rire et mes tremblements s'apaisent peu à peu.
-T'inquiète pas, c'est prévu. Je sais bien que si je ne prends rien pour Christian, il m'enverra un hibou en recommandé pour déclarer la guerre à la famille Mac Tavish !
Je ris avec lui et vois les premiers élèves revenir de la grande salle pour s'installer sur les tables autour de nous.
-Tu as déjà pris tes billets de portoloin ? Combien de correspondance y a-t-il pour aller jusque là-bas ?
-Ouais, je les ai achetés par hiboux postal auprès d'une agence et j'ai eu un prix pour l'aller-retour. Par contre, j'ai trois correspondances et je devrais mettre six ou sept heures à m'y rendre, il y a pas mal de temps d'attente entre chaque portoloin.
-Ça risque de faire long, faudra prévoir un jeu d'échecs pour passer le temps avec Aaron.
-C'est prévu. C'est surtout le retour qui risque d'être ennuyeux, car je rentre plus tôt que lui en Angleterre. Mais je vais profiter au max de mes vacances, j'ai vraiment hâte, c'est la première fois que je quitterai le territoire !
Je souris en voyant son visage si enjoué et passe mes mains sur mon visage pour tenter de lui redonner un peu de couleurs. Jasmine nous rejoint quelques minutes plus tard et m'indique discrètement qu'elle sera absente cette nuit. Je ne dis rien, mais acquiesce en essayant de faire disparaître les quelques souvenirs qui me rappellent les avoir surpris la dernière fois.
Je ne m'attarde pas ce soir-là et monte rapidement à mon dortoir en les laissant faire leurs devoirs. Une fois débarbouillée, je me mets au lit et essaye de toutes mes forces de faire le vide dans mon esprit encore tourmenté par l'anxiété.
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-Alya, ton réveil !
Il me faut une bonne minute pour comprendre que le lutin qui braille maintenant à tue-tête en se baladant sur mes draps est à moi et qu'il m'appartient de le faire taire. Il me faut ensuite une bonne trentaine de secondes pour réussir à extirper un bras de sous mes draps et attraper l'objet du diable.
-Désolée, Judith, dis-je tout de même d'une voix penaude, une fois mon réveil éteint.
Ma voisine de chambrée me fait une grimace faussement conciliante comme toute réponse et disparaît rapidement dans la salle de bain pour se préparer. Pour ma part, je m'assois sur mon lit en sentant le sang tambouriner à mes tempes et remarque le lit vide de mon amie. J'imagine que nos deux colocataires ont dû le noter également et je me demande si Jasmine ne devrait pas être plus discrète.
Avec une ponctualité de collecteur d'impôt, je sens une vague nauséeuse faite d'une angoisse quasi palpable et d'une tristesse abyssale, venir rouler sur ma conscience encore endormie. Des frissons incontrôlables se glissent alors le long de ma colonne et je ne tarde pas à me couvrir d'une sueur glacée. J'aimerais me rouler en boule sur l'heure, pour ne me réveiller qu'une fois cette fichue compétition passée, mais je sais malheureusement que ça n'est pas possible.
À la place, j'ouvre mon tiroir et fais glisser quatre gouttes de potion en espérant que les effets durent assez longtemps, cette fois, pour me laisser dîner en paix. Comme attendu, l'épaisse brume faite d'une plénitude bienvenue se dépose rapidement sur mes sens malmenés et vient faire disparaître efficacement ce mal-être qui me ronge jusqu'à l'os.
C'est donc avec un sourire béat et l'impression d'évoluer dans un autre monde que je descends les étages et rejoins mes amis au petit-déjeuner. Je mentirais en affirmant avoir un parfait souvenir de cette journée, je mentirais également en disant qu'elle n'a pas été une des pires de ma vie, même si l'avenir m'en prépare de belles pour la suite. Mais cela, je l'ignore encore.
C'est donc avec une conscience vaporeuse et peu attentive que j'entame ce mercredi d'avril, dont le ciel moutonneux semble faire écho à mes pensées. Ai-je véritablement passé ma matinée en cours de sortilège ou bien ça n'a finalement été qu'un rêve parmi tant d'autres ? Ceux-ci s'agglutinant dans un coin de mon esprit complètement détaché de son environnement.
Je crois que Jasmine et Casper essayent de me parler durant le repas de midi, mais leurs paroles ne passent pas mes sens atrophiés par ce sentiment étrange d'être complètement ailleurs.
Enfin, le soir arrive et, lors du dîner, les effets de la potion se dissipent entièrement avec une brutalité qui me laisse pantelante devant mon assiette. Moi qui pensais bêtement que quatre gouttes suffiraient pour une journée entière, je me suis décidément fourvoyée et ne peux que me préparer à la suite en serrant les dents.
