Le bureau des héros - 3
Remise en jeu
Il était près de midi quand Alya arriva chez Nino.
— Quoi, tu étais encore au lit ? s'étonna-t-elle quand elle remarqua ses yeux encore gonflés de sommeil.
— Je m'étais couché tard, prétendit-il. On avait rendez-vous ?
— Non, mais je suis ennuyée. Je voulais en parler avec toi pour savoir si c'est moi qui psychote ou s'il y a vraiment quelque chose de bizarre.
— Ok, je t'écoute, dit-il en l'entraînant à la cuisine où il se servit un bol de céréales.
— Je n'arrive pas à parler à Marinette depuis trois jours. Elle ne répond plus au téléphone. J'ai fini par aller à la boulangerie hier et j'ai vu son père. Il m'a dit qu'elle était malade. J'ai demandé à la voir, et il a eu l'air gêné, et a prétendu que ce n'était pas possible. J'ai demandé si elle était contagieuse, il a répondu oui mais il n'avait pas l'air bien convaincu. Je suis ressortie et je suis monté directement chez elle. J'ai sonné, et personne ne m'a répondu. Sabine n'était pas dans la boutique. Logiquement, si Marinette était malade, elle aurait dû être avec elle, non ?
— Elle pouvait faire une course, être à la pharmacie.
— J'y suis retourné plus tard dans la journée. La boulangerie était fermée – ce qui n'est pas normal. Une fois de plus, personne n'a répondu chez eux. Je suis très inquiète.
Nino allait répondre que c'était peut-être un problème personnel ou une maladie gênante quand Alya changea de sujet.
— Sinon, tu as vu ce qu'il se passe avec Ladybug et Chat Noir ? Si je n'étais pas aussi préoccupée par Marinette, je ferais une enquête dessus. On sait que Mister Bug est le porteur de Chat Noir, ils ont déjà échangé une fois. Mais qui est Mister Cat ? Où est Ladybug ou Ladycat ? Pas de chance que cela tombe à un moment où je n'ai pas la tête à ça. S'ils ont un problème, pourquoi Ladybug ne nous a pas demandé de les aider ? On a de l'expérience. J'admets que Mister Cat se débrouille bien, mais…
S'il y a une chose que Nino n'avait jamais su faire, c'est cacher quelque chose à Alya. Comme tout le monde, il pouvait mentir si la situation le méritait. Il se débrouillait correctement comme tout un chacun. Mais avec Alya, c'était autre chose. Et cela ne manqua pas. Alya s'arrêta, le dévisagea et lui demanda :
— Quoi ? C'est toi, Mister Cat ? Pourquoi tu n'as pas eu le Miraculous de la Tortue ?
Il lui lança un regard mauvais, vexé d'être aussi transparent pour elle.
— Et tu sais pourquoi Ladybug ne vient plus ? questionna avidement Alya. C'est elle qui t'a choisi ou Chat Noir ? Elle a rendu son Miraculous ?
— Non, je crois qu'elle est malade, avoua-t-il, espérant que sa petite amie s'arrêterait là.
— Décidément, c'est une épidémie, remarqua Alya. Avec des coïncidences comme ça, je vais finir par croire que Marinette nous cache des choses.
Nino sentit sa bouche s'assécher. C'était donc ça ? La simple coïncidence n'était pas une preuve en soi, mais si Chat Noir était Adrien, pourquoi pas Marinette comme partenaire ?
— Quoi ? demanda Alya en voyant son expression.
— Rien, répondit-il précipitamment. Tu veux un thé ?
— Ne change pas de conversation. On parlait de Ladybug, qui était malade. Et de Marinette. Tu ne penses quand même pas que les deux sont liés !
— Non, bien sûr.
— Mais si tu le penses ! Pourquoi ? Tu as parlé d'elle avec Chat Noir ?
— Il m'a juste dit que Ladybug était malade, tenta de limiter Nino.
— Mais tu crois que c'est lié à Marinette ?
— Pas du tout !
— Je t'ai vu le penser !
— Mais non !
— Nino, est-ce que tu sais qui est Chat Noir ? changea-t-elle d'angle d'attaque.
— Mais non !
C'était peine perdue, bien sûr. Elle lisait en lui comme dans un livre.
— Tu sais qui il est ?! réalisa-t-elle, ébahie.
— Alya, arrête ! cria Nino effrayé par la manière dont la conversation tournait. Je ne peux rien te dire, et tu le sais. Ce serait trahir sa confiance.
Alya le regarda intensément. Il savait qu'elle était en train d'analyser toute leur conversation pour en tirer des indices. Les conclusions n'allaient pas tarder. Il ne pouvait pas l'empêcher. Elle était comme ça.
— Tu sais qui est Chat Noir, résuma-t-elle les yeux plissés. Tu penses qu'il n'est pas impossible qu'il y ait un lien entre la maladie de Ladybug et de Marinette. Tu n'es pas du genre à sauter aux conclusions. Tu me reproches assez souvent de le faire. Tu sais donc quelque chose qui rend plausible le fait que Marinette puisse être liée aux héros de Paris. Que quelqu'un que nous connaissons bien leur soit lié.
Alya cligna les yeux puis l'expression d'une intense surprise apparut sur son visage.
— Mais bien sûr que nous les connaissons ! s'écria-t-elle. C'est pour ça que nous avons tous les deux été choisis pour les aider. Comme Chloé ! Mais que je suis bête de ne pas l'avoir réalisé plus tôt !
Le malaise de Nino s'était mué en admiration. Voir Alya faire des déductions était quelque chose de fascinant. Après quelques secondes de réflexion supplémentaires, il vit sa bouche s'étirer en un sourire. Elle plongea ses yeux dans les siens :
— Adrien ! prononça-t-elle. Adrien et Marinette.
Ce n'était même pas une question. Il ne se donna pas la peine de répondre.
Alya s'était levée et marchait maintenant en long et en large dans la pièce, incapable de réfréner son excitation.
— Dire qu'ils étaient si proches de nous. Depuis le début ! Et moi qui n'ai rien vu ! Pourtant, j'aurais dû m'en douter. Marinette me laisse tellement souvent tomber avec des excuses bizarres. C'est pareil pour Adrien ?
— Oui, confirma Nino, qui avait déjà eu le temps de revoir toute sa relation avec son meilleur ami à la lumière de ce qu'il avait découvert deux jours auparavant.
— Mais comment Adrien, si calme et sérieux, peut-il se transformer en un Chat Noir si drôle et charmeur ? s'interrogeait maintenant Alya. Et Marinette ? Elle qui ne pouvait pas faire un pas sans faire tomber quelque chose ! Qui pendant un an a été incapable d'aligner deux mots en présence d'Adrien.
Elle se figea et regarda Nino :
— Tu crois qu'ils savent qui ils sont ? questionna-t-elle.
— Je ne sais pas.
— Non, je ne peux pas croire qu'ils le savaient ! Marinette ne pouvait pas, d'un côté, lui parler comme le faisait Ladybug avec Chat Noir et, de l'autre, bégayer comme une perdue. Et puis, lui non plus, ne lui aurait pas parlé de la même manière.
— Ils ont tous les deux changé en quatre ans, nota Nino.
— Oui, peut-être qu'ils savent maintenant. Ils ont l'air d'être devenus très amis quand on les entend parler en tant que héros. Et maintenant… Mince, depuis qu'elle sort avec son fantôme, Marinette ne vient presque plus à nos sorties. Je crois que je ne l'ai pas vue en présence d'Adrien depuis…
Ils se regardèrent.
— Depuis qu'elle sort avec l'homme invisible ? interrogea Nino.
— Tout à fait. Et Adrien, tu as l'impression qu'il a une copine ?
— Je sais qu'il fréquente quelqu'un depuis plusieurs mois, avoua Nino, mais il ne voulait pas en parler pour des raisons de célébrité. J'ai pensé que sa petite amie était une actrice ou mannequin, comme lui.
— Ça colle !
— Attends, Alya. Peut-être qu'ils sortent ensemble sans nous le dire. Mais pour Ladybug, ce ne sont que des suppositions.
— Et pour Adrien ?
— Je l'ai vu se détransformer, admit Nino.
— Eh bien, allons lui poser la question pour Marinette, décida Alya.
— Non, non, Alya. Ce n'est pas une bonne idée. Il a assez d'ennuis en ce moment, avec les combats qui se succèdent et Ladybug malade.
— Je veux savoir comment va Marinette. Je m'inquiète pour elle ! rappela Alya. Je veux lui demander s'il sait où elle est.
Nino soupira. Il savait qu'elle le ferait.
— Attends-moi cinq minutes, la pria-t-il. Je m'habille et je viens avec toi.
Parce que si elle y allait, il ne voulait rater ça pour rien au monde !
oOo
Adrien dormait depuis deux heures quand il fut réveillé par un coup de sonnette. Était-ce Sabine qui revenait déjà ? Il alla ouvrir. C'étaient Nino et Alya. Mais qu'est-ce qu'ils faisaient là ? Il tenta de paraître le plus naturel possible.
— Oh, salut ! Entrez donc.
Il referma la porte derrière eux. Avant même qu'il ait pu leur proposer de s'asseoir, Alya demanda :
— Où est Marinette ?
Adrien, effaré, regarda Nino qui avait l'air bien embêté. Renonçant à mentir, il répondit :
— Dans la chambre. À gauche dans le couloir, précisa-t-il en désignant la porte du corridor.
Alya s'y précipita. Adrien regarda Nino et lui demanda :
— Tu ne crois pas que j'avais assez de choses à gérer ?
— Tu crois vraiment qu'elle m'a laissé le choix ? répliqua son ami.
— Je suppose que non, admit Adrien qui connaissait bien Alya.
— Dis, Marinette est vraiment Ladybug ? questionna Nino.
Adrien poussa un soupir fatigué. Il sentit qu'il n'avait pas l'énergie de nier une telle évidence.
— Comment l'as-tu deviné ?
— Alya est arrivée ce matin, très inquiète pour Marinette, dont elle était sans nouvelles. Elle était allée à la boulangerie et son père lui a dit qu'elle était malade, mais sans la laisser venir la voir. Quand elle m'a raconté ça, j'ai fait le lien avec ce que tu m'avais dit ce matin et elle l'a vu sur mon visage. Ensuite elle m'a bombardée de questions et a fini par arriver à cette conclusion.
Adrien était trop épuisé pour analyser les retombées de ces révélations en cascade. Ce qui était fait était fait.
— Tu veux quelque chose à boire ?
— C'est pas de refus.
Adrien alla prendre deux bouteilles au frais. Nino regarda avec suspicion ce que lui donna son ami.
— C'est quoi, ce truc ? Pourquoi c'est écrit en caractères indiens ?
— Une blague que j'ai faite à Marinette, sourit Adrien. Si tu n'aimes pas, je t'en donnerai autre chose. Mais goûte, au moins.
Ils burent chacun une gorgée de leur bouteille et convinrent que c'était buvable. À ce moment, Alya et Marinette arrivèrent. Ils s'installèrent tous dans la partie salon. Par habitude, Marinette se blottit contre Adrien sur le canapé.
— Bon, commença Alya. On va commencer par le plus important. Depuis combien de temps sortez-vous ensemble ?
Nino leva les yeux au ciel, pendant qu'Adrien et Marinette la regardaient, amusés.
— Tu le sais, finit par répondre Marinette. C'est mon copain fantôme, comme tu l'appelles.
— Mais pourquoi tu ne m'as pas dit que c'était lui ?
— Eh bien…
Adrien comprit qu'elle cherchait une explication plausible. Elle n'avait pas encore compris que ses amis savaient tout. Il la coupa :
— Parce que je ne savais pas que je sortais avec elle.
Marinette lui envoya un regard alarmé et il la serra contre lui pour lui faire comprendre qu'il maîtrisait la situation.
— Comment ça ? chercha à comprendre Nino.
— Tu savais qu'elle était Ladybug, mais pas Marinette ? avança Alya.
— C'est ça, confirma Adrien.
— Mais… mais…, protesta Marinette.
— Tout va bien, Buguinette, ils savent et ce sont nos amis. Nous ne risquons rien, tenta de la rassurer Adrien.
— Mais pourquoi tu leur as dit ? protesta-t-elle. Enfin, c'est incroyable, je suis malade deux jours et tu livres nos secrets à la terre entière !
— Désolé, Milady, mais quand il y a eu la seconde alerte alors que tu étais au fond de ton lit, je n'ai pas trop eu le temps de faire dans la dentelle, se défendit Adrien, blessé par le ton accusateur.
— Tu aurais au moins pu faire en sorte que mes parents ne soient pas au courant ! lui reprocha-t-elle encore.
— C'est toi qui l'as dit à ta mère, lui révéla-t-il sans prendre de gants.
— Quoi ?
— Le premier soir, pendant qu'elle te veillait, tu as eu une poussée de fièvre qui t'a fait délirer et tu as parlé comme si tu étais Ladybug. C'était irrattrapable.
— Vraiment ? se fit-elle confirmer d'une voix plus consternée qu'accusatrice.
— Tu étais une Ladybug plus vraie que nature. Exactement la même intonation que pendant les combats. Ça faisait déjà plusieurs heures que je ramais pour expliquer ce que tu faisais chez moi et pourquoi tu ne leur avais rien dit pour notre relation. Je n'allais pas en rajouter une couche. Ça aurait été une insulte à l'intelligence de ta mère.
— Je vois, soupira Marinette. Désolée, ajouta-t-elle en lui adressant un regard d'excuse.
— T'en fais pas, ma puce, je sais que c'est compliqué à suivre.
— Et comment avez-vous appris pour l'un et l'autre ? questionna Alya, frémissante de curiosité.
— Je l'ai retrouvée détransformée sur mon balcon après le combat d'il y a trois jours, raconta Adrien.
— Tu as compris tout de suite ? demanda Marinette.
— En quelques secondes. Au début, je me suis demandé ce que tu faisais là. Et puis, je t'ai prise dans mes bras et je t'ai reconnue, ma petite coccinelle.
— Comment tu l'as reconnue puisqu'elle ne s'était jamais détransformée devant toi ? voulut comprendre Nino.
Marinette rougit et Adrien ne put s'empêcher de sourire :
— De temps en temps, elle se détransformait dans le noir, expliqua-t-il.
Le visage de Nino resta impassible une seconde avant qu'il n'écarquille les yeux, comprenant manifestement toutes les implications de cette révélation. Marinette, très gênée, enfouit sa tête dans l'épaule d'Adrien. Alya souriait d'un air entendu. Adrien se demanda ce que Marinette lui avait fait comme confidences sur son copain mystère.
— Et toi, Marinette ? insista Alya.
L'interpellée se dégagea de l'épaule d'Adrien et raconta :
— J'ai entendu l'alerte de ce matin et j'ai voulu me lever, mais ma mère m'a retenue et m'a dit de rester au lit. Comme je paniquais, elle dit qu'on n'avait pas besoin de moi et elle m'a montré le combat en cours sur son téléphone. J'ai reconnu Mister Bug et j'ai réalisé que je n'avais plus mon Miraculous. Ma mère a repris son téléphone et est allée me faire chauffer de quoi manger en me disant de me reposer. Mais je ne pouvais pas juste attendre, alors je me suis levée et j'ai allumé la télé du salon. J'avais la tête encore embrumée et je n'ai pas compris que, si Chat Noir avait pu récupérer les boucles d'oreilles, c'est qu'il était forcément Adrien.
— Et puis, je suis rentré quand ça a été fini, compléta Adrien.
— Il était en Chat Noir, précisa Marinette. Mais il a fallu qu'il se détransforme pour que je comprenne enfin.
— À mon avis, tu faisais un déni, analysa Adrien.
— Désolé, Chaton, dit Marinette d'une voix contrite.
— Qu'est-ce qui te gêne à ce point ? s'étonna Alya.
— C'est Chat Noir, quoi ! tenta de justifier Marinette
— T'es pas sympa ! protesta Adrien. Il est super cool, Chat Noir. Et ne me dis pas que tu n'aimes pas son humour ! Ça te fait rire quand je suis Adrien !
— Je… Oui, peut-être, convint Marinette. Mais j'ai besoin de temps pour m'y faire.
— Bon, en attendant, reprit Alya, j'aimerais qu'on parle un peu de ces attaques. Pourquoi sont-elles aussi rapprochées ? Est-ce une coïncidence si c'est pendant la maladie de Marinette ?
— Pas du tout, répondit Adrien. Le Papillon a compris que Ladybug ne peut pas se battre, il veut exploiter cette faille tant qu'il est encore temps.
— Je peux revoir le dernier combat ? demanda Marinette. Je ne suis arrivée qu'à la fin. Tu l'as sur ton site, Alya ?
— Oui, attends, je te montre.
Alya se déplaça et s'assit près de son amie. Après une brève recherche, elle lança la séquence. Marinette la regarda, très concentrée. Adrien ressentit une pesanteur au niveau de son ventre. Il avait l'impression de passer un examen. Un regard échangé avec Nino lui confirma qu'il n'était pas le seul.
Enfin, Marinette leva la tête.
— Vous vous êtes très bien débrouillés, assura-t-elle. Vous êtes rapides et vous travaillez bien ensemble. Mais vous avez eu du mal alors que l'akumatisé est d'une force assez moyenne. J'ai vu au moins trois ouvertures qui n'ont pas été exploitées par Super-Nurse. Si le niveau est un peu plus haut la prochaine fois, vous risquez de vous faire prendre vos Miraculous.
Un silence lourd suivit son verdict. Adrien et Nino faisaient grise mine.
— Eh, ne faites pas cette tête ! s'écria Marinette. Je ne dis pas que vous n'allez pas y arriver. Ce que je pense, c'est qu'il faut remettre Rena Rouge dans le jeu.
— Oui, oui, oui ! s'enthousiasma Alya.
— Cela ne résout pas le problème de base, la doucha Adrien. Je ne suis pas aussi bon que toi, Marinette. Avec toi, il n'y aurait pas eu d'ouvertures. Et on aurait compris plus tôt où était l'akuma.
— Eh ! protesta Marinette. Ce n'est pas un discours à la Chat Noir, ça ! Depuis quand tu pars perdant ?
— Je préfère regarder les choses en face, plutôt que pécher par vanité. C'est une chose de faire le malin en Chat Noir quand je sais que tu assures nos arrières. C'en est une autre de devoir prendre ta place.
— Attends, Adrien, si c'est des consignes de Marinette dont tu as besoin, elle pourrait nous les donner à d'ici, proposa Alya.
— Pour ça, il faut qu'elle se transforme, opposa Adrien.
— Pourquoi ? s'étonna Alya.
— On a un système de communication dans nos objets magiques, expliqua Adrien.
— Je ne pourrais pas y arriver, regretta Marinette. Indépendamment du fait que je ne vais pas mobiliser un Miraculous rien que pour ça, je ne pense pas que j'aurai l'énergie nécessaire pour le faire.
— Je pensais utiliser le téléphone, révéla Alya.
Marinette se figea, plissa les yeux et demanda :
— Tu crois que c'est possible, Tikki ?
Le kwami sortit du panier où elle était cachée avec Plagg, et vint planer devant son ancienne porteuse.
— Bien sûr, Marinette, assura-t-elle de sa voix flutée. C'est possible si vous le voulez.
— Parfait ! Cependant, si je ne vois pas le combat, cela risque d'être limité.
— Il suffit que Nadja Chamack envoie son équipe de télé, suggéra Alya. Elle me connaît de réputation. Si elle n'a pas l'info, je la lui donnerai. Mais elle est généralement sur place assez vite.
— D'accord, accepta Marinette. Donc, pour le moment, on ajoute Rena Rouge et on teste comment le contact avec les costumes. Point suivant : est-ce que Rena suffit, ou on ajoute encore quelqu'un ?
— Qui ? demanda Adrien.
— Commençons par décider si on en a besoin, proposa Marinette.
— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, observa Alya. Ce sera déjà compliqué de mettre en place une nouvelle manière de travailler. Je propose qu'on stabilise notre équipe actuelle avant de l'élargir.
Tous se tournèrent vers Marinette, attendant son verdict.
— D'accord, on reste comme on est. Adrien, je vais te donner l'adresse du grand Gardien pour que tu récupères le Miraculous de Rena, prétendit-elle pour que ses amis ne sachent pas qu'elle avait hérité de la fonction. Il faut se dépêcher. On ne sait pas quand tombera la prochaine alerte.
— D'accord, répondit-il en entrant dans le jeu. J'y vais tout de suite.
— Désolé, les copains, mais je ne peux pas vous dire l'adresse où se trouvent les autres Miraculous, s'excusa Marinette. Viens, Adrien, on passe à côté.
Ils se levèrent et fermèrent derrière eux la porte du corridor. Presque par réflexe, Adrien serra Marinette contre lui et se mit à l'embrasser. Elle y répondit avec ardeur. Après un long baiser, ils se séparèrent à contrecœur.
— Oui, je sais, on n'est pas là pour ça, soupira Adrien.
— Mais ça fait du bien, reconnut Marinette.
— N'empêche, vivement que tu sois guérie, qu'on mette tout le monde à la porte et qu'on discute de tout ça, juste nous deux. Dans mon lit et avec de la lumière, précisa-t-il.
Elle se mit à rire et l'embrassa doucement.
— Excellent programme. Je vote pour. Mais on a deux trois trucs à régler avant.
— Oui, oui, Milady, le devoir avant tout ! Tu as amené la Miracle Box dans tes affaires ? interrogea-t-il avec curiosité.
— Non. J'ai décidé de ne pas faire comme Maître Fu et de ne pas la garder avec moi tout le temps. C'est trop dangereux, sans compter que ce n'est pas pratique. Je ne voulais pas l'avoir chez moi non plus, c'est trop prévisible si jamais quelqu'un m'identifie. Je l'ai donc cachée ailleurs. Mais je me suis dit que si quelqu'un me prend en filature quand je vais chercher un Miraculous, ce ne serait pas très sûr non plus.
— D'accord, fit Adrien qui avait suivi, mais qui ne voyait pas comment elle avait résolu le problème.
— J'ai pris le risque de garder avec moi un Miraculous supplémentaire, indiqua Marinette. Ce sont les lunettes du Cheval. Elles me permettent d'aller là où j'ai dissimulé la boîte.
— Très astucieux, admira Adrien.
— Le problème est qu'elles sont dans ma chambre. Tu vas devoir aller les chercher. Tu diras à ma mère que la lumière me donne mal à la tête. Elles sont dans le tiroir de mon bureau. J'ai plein de petites choses dedans, dont plusieurs paires de lunettes de soleil. Tu les prendras toutes.
— Très bien, fit Adrien. Et ensuite ?
— Ensuite, tu reviens me voir, tu te transformes et je dirai à Kaalki de t'amener à l'endroit habituel. Tu n'as pas besoin de savoir où c'est. Tu reconnaîtras facilement la boîte. Tu y prendras le Miraculous du Renard et de la Tortue.
— De la Tortue ? Tu ne dois pas sortir, et encore moins te battre, ma puce.
— Mais je vais guérir. Et ce sera peut-être l'occasion d'en finir.
— D'accord.
Ils revinrent au salon. Alya les regarda un peu moqueuse et dit à Marinette :
— Je suppose que tu as expliqué le trajet en détail à Adrien. Il ne risque pas de se perdre, au moins.
Cela fit rire l'un et rougir l'autre.
— J'y vais, dit Adrien. Alya, oblige-la à se reposer en attendant notre retour.
— Oui, oui. Juste après une petite interview, répondit Alya d'un ton innocent.
Voilà, on arrive au bout des reveals, et on va vers un peu d'action. Le prochain chapitre sera celui qui donne son nom à cette version (vous avez remarqué que pour donner un titre à un chapitre, je prend un bout d'une phrase qui se trouve dans le chapitre en question ?).
