Note : Je ne vous fais pas plus attendre, voilà enfin des nouvelles d'Oliver.

Dawntome : Felicity a souvent un bon instinct en ce qui concerne Oliver. J'espère que la suite te plaira !

Gaelle : Désolée pour l'attente haha ! Merci beaucoup pour le compliment, je suis contente que tu aimes l'histoire :) Si je publiais plus souvent je ne tiendrais jamais le rythme, il va falloir se contenter de 2 chapitres par semaine ;)

Guest : Un peu de suspense ne fait pas de mal ;) Merci pour ton message !

Elisa : Merci !

Chapitre 27

Verdant était encore fermé à cette heure-ci mais cela n'arrêta pas Felicity. Oliver lui avait donné le code de la porte de service au moment où elle l'aidait pour les derniers préparatifs du club et il ne l'avait pas changé depuis. Elle prit la direction qu'elle l'avait vu prendre cette nuit fatidique juste après l'y avoir déposée. Des bruits de verres provenaient du bar, c'était certainement Tommy qui faisait du rangement. Elle essaierait de l'éviter mais s'il la surprenait, elle prétendrait chercher Oliver. Ce qui était la vérité. Il n'avait pas besoin de savoir qu'elle cherchait en fait sa base secrète.

Felicity espérait y trouver des réponses. Des indices sur l'endroit où pouvait se cacher Oliver ou un moyen de le contacter. Le meilleur scénario serait qu'il soit dans sa base, en parfaite santé, complètement inconscient de l'inquiétude de sa famille. Il aurait droit à la remontrance de sa vie.

Elle passa devant le bureau d'Oliver et s'arrêta net devant la porte voisine. Celle qu'il avait condamnée car elle conduisait soi-disant à une cave inondée. Il était vraiment ingénieux et avait toujours une explication pour tout. Felicity sortit sa tablette et la brancha à la boîte où elle était censée entrer le code qu'elle ne connaissait pas et joua de sa magie. Elle devait faire vite, si Tommy la surprenait dans cette position, elle aurait l'air fin. Une petite lumière verte s'afficha et elle rangea son matériel avant de pousser la porte pour découvrir des escaliers qui menaient à une cave. Il n'avait pas menti sur ce point.

Il y avait de la lumière en bas et elle descendit les premières marches avec soulagement. Oliver était ici, elle s'était fait un sang d'encre pour rien. Felicity préparait déjà le discours enflammé qu'elle allait lui faire lorsqu'elle se figea. Quelque chose clochait. À chacun de ses pas, ses talons faisaient un bruit d'enfer sur l'escalier de métal. Oliver aurait dû accourir pour voir qui arrivait. Peut-être même avec une flèche en main. Un silence de mort régnait. Elle s'était emballée trop vite, ou alors il s'apprêtait à prendre l'intrus – elle – en embuscade.

-Oliver ? appela-t-elle.

Rien. Elle descendit prudemment le reste des marches, découvrant un peu plus la salle à chacun de ses pas. Un bureau avec un ordinateur. Une table recouverte de flèches et fléchettes. Du matériel qui devait servir à son entraînement physique. Une machine étrange, avec des balles de tennis dedans. Alors qu'elle observait la pièce, son pied rencontra un obstacle et elle baissa les yeux. Un arc. La poignée était tachée de sang.

Prenant son courage à deux mains, elle appela de nouveau le nom d'Oliver mais seul le silence lui répondit. Il était forcément ici, blessé. Felicity avança vers l'ordinateur, attirée malgré elle, et trouva son carquois négligemment posé au bord du bureau. Plusieurs flèches étaient tombées par terre et lorsqu'elle s'en approcha, une vision d'horreur se découvrit à elle.

Pâle comme la mort, Oliver était à moitié adossé contre un pilier, du matériel médical ensanglanté éparpillé partout autour de lui. Son bras était relié à une poche de sang désormais vide et son torse nu révélait une blessure horrible au flanc qui avait été recousue. Près de ses mains inertes, une aiguille, du fil et des ciseaux. Dans une flaque de sang, une pince chirurgicale et ce qui ressemblait à une balle. Felicity retint un haut le cœur en comprenant qu'il avait lui-même retiré la balle de son corps avant de recoudre la plaie.

Prise d'un sentiment d'urgence, elle s'agenouilla près de lui en évitant comme elle le pouvait les taches de sang qui jonchaient le sol et porta une main tremblante à son cou. Son torse se soulevait au rythme de sa respiration et un hoquet de soulagement passa ses lèvres lorsqu'elle sentit son pouls battre sous ses doigts. Il était vivant.

Une poigne de fer se referma soudain sur son bras et elle retint un mouvement de recul. Elle n'aurait pas été loin, prisonnière de sa main. Elle croisa un regard dur mais voilé de douleur, il croyait devoir se défendre contre un ennemi. Pour le rassurer, Felicity ne chercha pas à se dégager et lui adressa un sourire, espérant qu'il ne serait pas gâché par les larmes qu'elle n'avait pu retenir.

Un éclair de reconnaissance passa dans ses iris bleus et il ouvrit la bouche pour parler. Ses lèvres formèrent des mots sans qu'aucun son n'en sorte, si ce n'était des consonnes brisées. Un coup de poing en plein cœur aurait fait moins mal. C'était un rappel déchirant qu'Oliver avait perdu sa voix. Il n'était pas né sans. Elle lui avait été arrachée, certainement dans la violence si elle en croyait les traces que son corps portait.

-Je n'ai pas compris, souffla-t-elle.

Il ferma les yeux et lui relâcha le poignet, son bras retombant comme si toute force l'avait quitté. Prise de panique, elle lui prit le visage entre les mains et le tourna vers elle, lui demandant avec frénésie de rester réveillé, d'ouvrir les yeux. Il s'exécuta avec difficulté, le regard trouble, au bord de l'inconscience. Il avait émergé pour elle mais il perdait la bataille.

-Comment je peux t'aider ?

Avec un effort évident, il releva la main et posa l'index sur sa propre lèvre avant de le faire glisser vers le bas et d'étendre tous ses doigts.

-Sang ? Je sais, tu as perdu beaucoup de sang, et il y en a partout, c'est pour ça que tu es si faible, mais qu'est-ce que je peux faire concrètement pour t'aider ?

Felicity ne pouvait pas le laisser comme ça et elle était vraiment tentée d'appeler les urgences. Elle essuierait sa colère et il risquerait la prison mais au moins il serait en vie. C'était tout ce qui comptait. Au lieu de chercher à répondre, Oliver tourna la tête et pointa d'un doigt tremblant la poche de sang pleine qui reposait parmi le matériel médical éparpillé à ses côtés. Felicity se pencha au-dessus de lui et l'attrapa avec une grimace.

-C'est ça ? demanda-t-elle en la tenant devant lui. Tu as besoin de plus de sang ? Tu es sûr que c'est une bonne idée ? Tu ne vas pas faire une overdose ou… Tu es bien compatible avec ?

Elle avait beaucoup d'autres questions mais aucune réponse ne viendrait. Oliver était de nouveau dans les vapes. Felicity se mordit la lèvre inférieure, hésitante. Elle n'était pas médecin, et même une recherche internet ne saurait l'aider. Les sites ne lui conseilleraient qu'une chose pour traiter une blessure si sérieuse : se rendre à l'hôpital. Ou alors ils contiendraient un jargon médical auquel elle ne comprendrait rien. Mais Oliver semblait savoir ce qu'il faisait, il s'était recousu lui-même la peau, et même si elle évitait de trop regarder dans cette direction, les sutures semblaient propres, le geste maîtrisé.

Il avait perdu une énorme quantité de sang, son pantalon en était imbibé jusqu'au genou, sa veste à terre avait goutté au sol tellement elle en était imprégnée. Sans parler de ce qu'il avait dû perdre sur le moment, dans l'usine désaffectée et après, pendant tout le trajet retour. Et Oliver était vraiment pâle. Sa décision prise, elle décrocha la poche vide de son support et la remplaça par la nouvelle. Elle regarda le sang couler le long du tuyau transparent jusqu'au bras de son ami. L'attente allait être longue.

Oliver était toujours affalé contre le pilier dans une position qui ne pouvait qu'être inconfortable. Elle retira sa veste et la plia pour en faire un oreiller avant de le pousser précautionneusement sur le côté malgré son poids. Allongé par terre, son manteau sous la tête, ce n'était pas idéal mais tout du moins mieux qu'avant. En plus de la blessure par balle, de gros hématomes assombrissaient sa peau et son visage était aussi marqué. Le combat avait été rude. Son regard s'attarda finalement sur les cicatrices qui le recouvraient et qu'elle avait mis à l'arrière-plan jusque-là, prise par l'urgence.

Il y en avait tellement. Elle savait depuis l'interrogatoire que vingt pourcent de son corps en était recouvert et elle avait tout de suite pensé à des brûlures mais ce qu'elle avait sous les yeux en était bien loin. Des lames l'avaient coupé. Des balles l'avaient traversé. Des dents de requin avaient goûté à sa chair. Son pectoral droit avait été déformé par une arme qu'elle ne saurait reconnaître et son dos était marqué de tout autant de cicatrices, elle en avait senti les irrégularités sous ses doigts en le déplaçant.

Oliver était vraiment un homme fort.

Il avait survécu à des épreuves qu'elle ne pouvait même pas imaginer, à des blessures qui auraient dû le tuer, et Felicity ne pouvait qu'être admirative de celui qu'il était devenu. Ces cicatrices lui faisaient mal dans sa chair mais en un sens, elles la réconfortaient aussi. Ce n'était pas la première fois qu'Oliver frôlait la mort. Il survivrait à cette blessure aussi et il aurait une nouvelle cicatrice qui prouverait son courage et sa résilience.

Elle hésita à contacter sa famille pour leur dire qu'elle l'avait retrouvé. Ils méritaient d'avoir immédiatement de ses nouvelles, Théa était vraiment inquiète et plus le temps passait, plus sa mère et Walter devaient l'être aussi. Sauf que vu la blessure d'Oliver, leur dire qu'il allait bien serait une folie. Si son état se dégradait, elle devrait l'emmener à l'hôpital et alors elle aurait droit à un questionnaire en règle sur pourquoi elle leur avait menti. Tout serait bien trop compliqué.

Felicity se leva finalement, rassurée par sa respiration régulière, et partit à la recherche de quelque chose pour le couvrir. Et d'un tissu et de l'eau pour essuyer le sang qui le recouvrait. Après ça, elle s'installerait derrière son ordinateur et ferait quelques recherches approfondies sur comment traiter une personne qui s'est fait tirer dessus et qui a perdu beaucoup de sang. Oliver ne mourrait pas aujourd'hui, pas sous sa surveillance.