le juste vivra par sa loyauté
C'est la fête du slip ! 7 reviews ! Vous m'avez gâté ! In-cro-ya-ble ! (Bientôt la barre des 100 reviews de franchi ? Haha.) Ça m'a fait extrêmement plaisir et j'ai été super contente de voir des nouveaux noms et des noms que je n'avais pas vu depuis longtemps :)) J'espère que vous continuerez d'apprécier les aventures d'Eva !
Dédicace à une solitaire, KorriganTanNoz, twjessie, Moow, Belette, Ewi, jane9699 et Astr33 ! Vous êtes toutes des amours !
Chapitre 28 : Les qualités d'un parfait petit ami
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Vendredi 20 novembre.
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Eva avait la nausée. Elle n'aurait pas dû se forcer à manger.
Elle voulait juste pouvoir s'effondrer dans son lit et peut-être pleurer un bon coup pour expulser ce mélange d'émotions qui lui tordait le ventre et lui vrillait la tempe. Mais, à la place, elle était coincée dans le bureau de McGonagall pour une raison qu'elle ne comprenait pas. Etait-ce à cause de la scène qu'elle avait causée à la table des Serpentards ? Mais pourquoi fallait-il que McGonagall et Chourave fassent ensemble une intervention ? Et pourquoi l'avoir fait monter jusqu'au bureau de McGonagall pour pouvoir la sermonner ?
Chourave faisait les cent pas, reniflant par intermittence le bouquet que lui avait offert Sirius. McGonagall, elle, l'observait attentivement de l'autre côté du bureau.
L'intensité de son regard intimidait Eva qui se concentra sur sa Cheffe de Maison pour cacher son trouble.
Ce fut finalement Chourave qui prit la parole après avoir cessé de creuser un trou dans le sol avec ses chaussures plates :
« Peux-tu nous expliquer pourquoi tu as copié mot pour mot les devoirs d'Emmeline Vance ? »
– Quoi ? »
Eva avait l'impression de rêver mais Chourave avait l'air tout à fait sérieuse malgré le bouquet dans ses mains et la tâche de terre sur sa joue.
« Tous les devoirs que tu as rendus cette semaine sont mot pour mot la restitution des devoirs d'Emmeline, continua Chourave et elle paraissait peinée de devoir le dire. Nous avons hésité sur qui était la fautive mais…tout porte à croire que c'est toi Eva.
– Quoi ? » répéta plus faiblement Eva, alternant son regard entre ses deux professeures.
Contrairement à Chourave qui paraissait mal à l'aise de devoir revêtir sa casquette de Cheffe de Maison intransigeante, McGonagall, elle, paraissait tout bonnement agacée. À cette vue, Eva sentit un nœud se tordre dans son ventre. Elle se concentra de nouveau sur Chourave.
« Cessez de répéter 'quoi', Miss Brown, vous n'êtes pas un corbeau, » la sermonna McGonagall et, à ses mots, Eva se sentit rougir de honte.
Plus tôt, Eva avait été mue d'une énergie brûlante, l'indignation la poussant à bout. Or, à l'instant présent, face au regard noir de McGonagall, elle se sentait aussi minuscule qu'à ses onze ans lorsque sa professeure de Métamorphose lui avait sèchement retiré dix points lors de son premier cours de Métamorphose après qu'elle ait fait exploser la plume qu'elle avait tout simplement dû faire léviter avec un wingardium leviosa.
Se forçant à soutenir le regard noir de McGonagall, Eva déglutit avant de reprendre la parole :
« Je n'ai pas triché, professeure. Je vous le jure, ajouta-t-elle en tournant son regard vers sa Cheffe de Maison qui l'observait avec une moue attristée. Je ne mens pas.
– Ce n'est pas seulement dans une matière, Eva.
– Je n'ai jamais triché ! » s'emporta-t-elle, les yeux brillants alors que la panique montait.
Les deux professeures ne semblaient pas l'entendre. Elles ne la croyaient pas et, même si Eva était majeure, elle devait prendre sur elle pour ne pas fondre en larmes. L'angoisse la prenait au ventre.
« Je n'ai même pas travaillé avec Emmeline cette semaine ! Ni la semaine dernière ! Je n'étais pas assise à côté d'elle pendant les cours non plus ! »
Mais Eva avait beau les supplier du regard, aucune des professeures ne semblaient prêtes à la croire. Chourave s'échappa même à son regard, lançant un regard interrogatif à McGonagall qui, les mains jointes devant sa bouche, observait attentivement Eva comme si elle voulait voir jusqu'où la Poufsouffle s'enfoncerait dans ses mensonges.
Eva continua de tout nier en bloc, incapable de supporter une seconde de plus la pitié dans le regard de Chourave ni la froideur dans celui de McGonagall.
McGonagall finit par sortir une liasse de parchemins du tiroir de son bureau et l'abattit sur le bois verni de son bureau. McGonagall l'invita à consulter les parchemins.
La tempe battante, Eva le fit et, sous ses yeux consternés, elle vit des écritures différentes mais un même contenu.
Il y avait le devoir de métamorphose qu'elle avait rendu lundi, celui de Potions de mercredi, celui de Sortilèges de la semaine précédente, celui de Soins aux Créatures Magiques qu'elle avait rendu hier et même celui de Défense contre les Forces du Mal qu'elle avait rendu ce matin même.
C'était bien son écriture, c'était indéniable mais –
« Je n'ai jamais vu ces feuilles de ma vie. Ce n'est pas ce que j'ai écrit, se défendit-elle en relevant les yeux vers McGonagall qui tapotait ses doigts sur le bureau depuis le début de la lecture d'Eva.
– Dans ce cas, où sont vos écrits ? » lui demanda McGonagall et Eva se précipita vers son sac qu'elle aurait dû changer depuis longtemps si elle ne pouvait pas le rafistoler d'un coup de baguette.
Dans sa précipitation, Eva extirpa ses affaires de son sac et les jeta sur sa chaise. Or, elle eut beau secoué son sac en tous sens et feuilleté les manuels amassés dans son sac, elle ne trouva pas les dissertations qu'elle avait si studieusement rédigées. Elle avait passé tellement de temps à demander des clarifications auprès de Charlotte ces dernières semaines, lui avait même demandé de prendre de son temps pour relire le rendu final de son travail et maintenant, maintenant on voulait la faire passer pour une tricheuse ? Elle avait même travaillé jusqu'à minuit pour terminer la dissertation de DCFM !
Après deux longues minutes de recherche infructueuse, Eva se résigna au fait qu'elle n'allait pas trouver les dissertations qu'elle se souvenait pourtant avoir déposé sur le bureau de ses professeurs à chaque cours.
Eva ne trouva qu'un brouillon de Métamorphose.
Le cœur dans la bouche, elle compara ce qu'elle y avait griffonné avec le contenu du parchemin que lui avait donné McGonagall avec son nom marqué en haut. Impuissante, elle ne put que constater que le contenu était totalement différent et les tournures de phrase bien moins joliment tournées.
Ça ne prouvait pas son innocence.
« Eh bien ? » s'enquit McGonagall derrière elle mais Eva continua à lui tourner le dos, restant figée face à ses parchemins.
Doucement, Chourave s'approcha d'elle et lui retira les feuilles des mains. Alors que sa Cheffe de Maison comparait les parchemins, Eva posa sa main sur sa tempe qui la faisait souffrir et fixa avec consternation son sac posé sur la chaise.
Elle ne comprenait pas. Sa nausée empirait. Son mal de tête aussi. Depuis la disparition de sa mère, elle avait été mue d'une motivation rare. Et, alors que le harcèlement des Serpentards empirait et que le lit d'Emmeline restait désespérément vide, se tourner vers ses cours avait été sa seule solution pour penser à autre chose. Ces dernières semaines, elle avait relu maintes fois son travail sous les instructions de Charlotte et avait même été fière du résultat alors pourquoi aurait-elle triché ?
Qui ? Qui était le coupable ? Etait-ce Emmeline ? Non. Eva avait du mal à le croire. Emmeline ne pouvait pas être devenue si mesquine en si peu de temps.
Etait-ce Ava Parkinson ? Était-ce sa vengeance après que toutes ses manœuvres avec ses larbins aient failli et que même Evan Rosier ait paru être exaspéré par ses enfantillages ?
« Je n'ai pas triché. Ce n'est pas moi, » dit Eva à sa Cheffe de Maison debout à côté d'elle.
Chourave se contenta de lui lancer un regard incertain, les sourcils froncés sous ses boucles brunes, avant de se concentrer de nouveau sur les feuilles. Puis, Chourave trottina jusqu'au bureau de McGonagall pour donner les feuilles à sa collègue.
« J'ai terminé ma dissertation de Défense hier soir à minuit et je sais très bien que ce parchemin à mon nom ne m'appartient pas, » intervint Eva alors que Chourave observait avec prudence McGonagall constater de ses propres yeux ce qu'elle avait vu elle aussi.
Mais aucune des professeures ne lui répondit. Eva reprit la parole :
« Je n'ai aucun souvenir d'avoir écrit ces dissertations ni d'avoir lancé un sortilège de recopiage alors pourquoi serais-je la fautive et pas Emmeline ? Est-ce c'est juste parce qu'elle est une meilleure élève que moi ?!
– Baissez d'un ton, Miss Brown, la sermonna McGonagall en lui jetant un regard agacé avant de reposer les feuilles sur son bureau. Nous savons que ça ne peut pas être Emmeline.
– Pourquoi ?
– Donnez-moi votre baguette, Eva, lui dit finalement McGonagall qui semblait juste lasse.
– Pourquoi ? répéta Eva qui sentait sa gorge se nouer à cause du sentiment d'injustice qui lui nouait aussi le ventre.
– Donne lui ta baguette Eva, » soupira Chourave et lorsqu'Eva lui jeta un regard trahi, Chourave se contenta de lui adresser un petit sourire.
Mais ce qui suivit fut digne d'un cauchemar. A l'aide d'un sortilège informulé, McGonagall fit révéler à la baguette d'Eva tous les sortilèges qu'elle avait utilisés dernièrement. Les nombreux reparo et episkey lui valurent des regards étranges de la part des deux femmes mais Eva oublia bien vite son malaise lorsque duplicate apparut sous leurs yeux.
Elle eut beau se défendre, les deux professeurs continuèrent de lui lancer ces regards sceptiques. Tout prouvait qu'elle était la coupable. Surtout en sachant que McGonagall avait jeté le même sortilège à la baguette d'Emmeline et que rien de compromettant n'était ressorti. Finalement, lorsqu'Eva fondit en larmes, hoquetant qu'elle n'était pas fautive, Chourave flancha :
« Eva, si ce n'est pas toi alors qui aurait élaboré ce stratagème ? » lui demanda doucement Chourave en lui serrant le poignet en un geste de réconfort alors qu'Eva essuyait avec agacement ses joues striées de larmes.
C'est lui, c'est eux ! voulait hurler Eva mais bien que Chourave lui ait assurée maintes fois qu'elle pouvait venir lui parler du moindre problème, Eva ne pouvait pas le lui dire.
Déjà cette semaine, les Serpentards lui avaient bien fait comprendre sa position. Malgré sa vigilance, elle avait failli tomber dans la trappe de l'escalier du 3ème étage, s'était prise une branche en plein dans le nez lors du cours de Soins aux Créatures Magiques, avait trébuché dans la boue cinq secondes plus tard et, lors du cours de Potions, elle s'était brûlée la main à cause de l'eau bouillante du chaudron lorsqu'Oliver Avery avait eu le dos tourné.
Les garçons s'étaient moqués d'elle en l'appelant « Eva l'andouille » après tous ces accidents pas si accidentels que ça. Mais ils n'avaient pas été ignorants au point de ne pas remarquer le troupeau de petites Sang-Purs qui suivaient Eva. Ils s'étaient amusés à leur faire peur à l'amusement incertain d'Eva.
Dormir devenait de plus en plus dur. Toutes les nuits presque, Eva était réveillée par des courants d'air froid qui faisaient frémir les rideaux de son lit.
« Je ne sais pas, hoqueta Eva. Mais ce n'est pas moi, dit-elle en suppliant Chourave du regard.
– Je suis désolée, Eva. Le plagiat est une infraction très grave à Poudlard, tu le sais bien. Si tu passes en conseil de discipline, cela pourrait bien t'empêcher de passer des examens pendant les cinq prochaines années.
– Dans ce cas, qu'est-ce que vous proposez ? » demanda Eva en se redressant, essuyant avec agacement ses dernières larmes.
Sa sentence tomba :
Double dose de devoirs pour pouvoir te noter de nouveau.
Toute la journée de samedi en cours de soutien.
Des retenues toute la semaine avec Minerva pour qu'on puisse surveiller ton travail.
Eva rangea ses affaires dans son sac puis quitta le bureau de McGonagall en baissant honteusement les yeux.
Elle laissa les deux femmes à leurs chuchotis.
Arrivée dans le couloir, elle resta un instant immobile, se rendant compte qu'elle n'avait pas le courage de descendre jusqu'à sa Salle Commune.
Elle ne croisa personne dans les couloirs et, arrivée dans les toilettes, elle s'empressa de s'engouffrer dans une cabine. Elle posa son derrière sur l'abattant des toilettes et s'enfouit le visage dans les mains.
Elle avait peut-être une concussion à cause de la violence de Royce, elle avait craché ses quatre vérités à Emmeline qui l'avait regardé avec un air effrayé en se lovant contre Ronan Parkinson, elle avait répondu insolemment à Amélia Avery, elle avait provoqué Rosier et elle avait été à deux doigts de rater sa dernière et 7eme année si ce n'était pour l'indulgence de Chourave.
Est-ce que…est-ce qu'Emmeline était totalement innocente ?
Non, non ! Emmeline n'était pas du genre à prendre part au harcèlement scolaire ! Elles étaient amies depuis si longtemps, jamais elle n'oserait faire ça, Emmeline était bien trop douce pour le faire.
Mais Emmeline faisait tellement d'effort ces derniers temps pour être inclus dans le cercle très privé des Sang-Purs nobles. Et –
Non. Non, Eva ne pouvait pas envisager qu'Emmeline ait pu la trahir d'une manière si ignoble.
« Si à Poufsouffle vous allez, Comme eux vous s'rez juste et loyal », chantait le Choixpeau. Si les Poufsouffles n'étaient plus loyaux alors sur quoi Eva pouvait fonder sa foi en l'humanité ? Elle avait déjà perdu sa foi en Dieu et maintenant on voulait lui arracher ce faible réconfort.
« T'es sûre qu'elle est là Mimi ?
– Oui ! Je suis morte, pas aveugle ! »
Eva n'eut le temps de reprendre ses esprits que le visage blafard de Mimi Geignarde apparut à la porte. Eva faillit s'étrangler sur sa salive sous le coup de la surprise.
« Coucou, pourquoi tu pleures ? Tu t'es faite larguer ? Un garçon n'a pas voulu de toi ? Tu embrasses mal, c'est ça ? »
Eva se cacha les yeux derrière son bras, la voix aigüe de Mimi Geignarde ne faisant rien pour atténuer sa migraine. Et pourquoi est-ce que sa crise de larmes devait forcément être liée à un garçon ? Mimi Geignarde croyait-elle vraiment qu'une peine de cœur était la seule raison pour qu'une adolescente aille se cacher dans les toilettes ?
« Difficile de juger si elle embrasse mal. La seule fois qu'elle ait eu un bisou, elle s'est pris un coup de dent. »
Pourquoi fallait-il qu'ils soient là tous les deux ? Parce qu'il ne faisait aucun doute qu'ils étaient deux. À la suite du commentaire moqueur d'Amos, le rire si familier d'Akash se fit entendre.
« Dégage Amos ! hoqueta Eva en s'essuyant furieusement le visage.
– Ça serait con qu'elle se soit faite larguer pour si peu. Lucy Emerson a beau avoir affirmé que Black embrasse bien, je reste sceptique. Avec une gueule pareille, il faut bien qu'il embrasse mal, non ? Sinon, la vie est clairement injuste.
– Pleure pas Akash, le consola Amos. La Astrid Matthews elle préfère les hommes, les vrais. Ceux avec des poils au torse comme toi.
– C'est vrai. Black donne l'impression d'être aussi imberbe qu'un bébé. Il ne pourrait jamais avoir une barbe aussi sexy que la mienne, renchérit Akash.
– Après, si Lucy lui tourne autour, il doit quand même avoir des poils pubi–
– La ferme ! hurla Eva, épouvantée par la tournure de la discussion de ses deux amis.
– On parle de trucs d'adultes, Eva. Laisse-nous pendant qu'on te laisse chouiner, lui dit Amos derrière la porte d'où sortait toujours le visage translucide de Mimi Geignarde.
– Tu ferais mieux de te moucher, lui fit remarquer Mimi Geignarde avec une moue dégoûtée. T'as de la morve.
– Eva la morveuse, ricana Akash.
– Ferme-la Akash ! » dit instantanément Eva avant de commencer à se moucher violemment, animant les toilettes avec des bruits de trompette.
Une fois qu'elle eut terminé, les garçons ne tardèrent pas à se moquer de ses manières de brute. Eva ouvrit violemment la porte des toilettes, surprenant Akash et Amos qui s'amusaient à lui trouver des nouveaux surnoms ridicules. Elle jeta à la figure d'Akash le papier toilette humide et il s'écarta avec une exclamation dégoûtée.
« Ça t'apprendra, sale babouin ! s'exclama-t-elle en un hoquet, adressant un regard noir à Akash alors qu'elle s'essuyait la joue.
– Garde ta morve pour toi, Eva ! » lui rétorqua Akash avec grimace dégoûtée, donnant un coup de pied au papier toilette gisant sur le carrelage.
Mais Amos coupa court à leur dispute avec une simple question :
« Tu m'expliques pourquoi est-ce que tu chiales ? »
Eva ne saurait l'expliquer mais la question d'Amos, dite pourtant avec un air blasé, fit ressurgir son émotion. Elle sentit son visage s'écrouler de nouveau et, ne voulant pas qu'ils la voient ainsi ou ayant juste besoin de réconfort, Eva s'élança vers Amos pour cacher son visage dans son torse.
Instinctivement, Amos se recula, surpris. Mais il reprit bien vite ses esprits. Il poussa un soupir exaspéré avant d'entourer le dos d'Eva de son bras pour la ramener contre lui. Il avait eu une petite amie dès la 4eme année, il savait ce dont avaient besoin les filles contrairement à Akash qui pouffait de rire, en leur adressant des paroles moqueuses à tous les deux.
« Tu comptes nous dire pourquoi est-ce que tu pleures ? demanda Amos de nouveau, en ayant marre de se faire traiter de fillette par Akash. McGonagall ne t'a pas puni pour avoir réussi à fermer la grande gueule de Rosier au moins ?
– Tu parles, c'est surtout moi qui ai réussi à lui rabattre le caquet. T'as pas vu son air effrayé quand mes gros biceps et moi sommes apparus ? s'enquit Akash en se palpant un de ses biceps en question. Il était à deux doigts de se pisser dessus. »
La mythomanie d'Akash fit à la fois sourire et soupirer Amos. Le front toujours posé contre le torse d'Amos, Eva lança un « Tais-toi, Akash », mi exaspérée, mi agacée.
« Tu devrais peut-être montrer tes gros biceps à Astrid Matthews la prochaine fois. Tiens, tu devrais même proposer à Hagrid de faire un bras de fer. Comme ça on sera fixé sur qui est le plus fort. »
Et c'est en continuant d'échanger d'autres idées stupides du genre que les trois Poufsouffles quittèrent les toilettes. Ils dirent au revoir à Mimi Geignarde mais cette dernière se mit à les suivre dans les couloirs, ne semblant pas d'humeur à s'enfoncer dans la cuvette des toilettes. Heureusement, ils réussirent à se débarrasser du fantôme après qu'Amos lui ait promis qu'il viendrait lui rendre visite pendant la semaine.
Comme si fait exprès, ils croisèrent Astrid Matthews dans le Hall d'entrée. La Serdaigle terminait tout juste une conversation avec Hagrid, ne paraissait guère se soucier du fait qu'elle ait besoin de se tordre le cou pour pouvoir regarder dans les yeux l'imposant garde-chasse.
« Oh, Astrid ! » la héla Amos malgré le regard d'avertissement que lui lançait Akash.
La jeune fille se tourna vers eux et dégagea son épaisse chevelure de son visage au teint halé. Elle parut surprise de voir qui s'était adressé à elle.
« Des copains à toi ? lui demanda de sa voix bourrue le garde-chasse et Astrid ne parut pas s'inquiéter de les offusquer car elle lui répondit honnêtement :
– Non, du tout. Juste des camarades de classe.
– Roh voyons, Astrid, ne sois pas si vache, plaisanta Amos avec un rictus amusé. On s'entend bien toi et moi, non ? Depuis que Kate m'invite à vos réunions d'intellos, je dirais même qu'on est devenus des meilleurs amis.
– Tu es étrange, Diggory, » lui répondit honnêtement Astrid en penchant la tête sur le côté, confuse.
Akash réprima difficilement un ricanement, attirant l'attention d'Amos qui lui adressa un bref regard agacé. Puis, Amos se parut de nouveau de son sourire charmeur et se tourna vers Astrid Matthews qui l'observait d'un air perplexe :
« Pas aussi étrange qu'Akash en tout cas. Mais tu les aimes bien les gens bizarres, non ? » plaisanta Amos en lançant un regard en direction du garde-chasse qui se dirigeait vers les portes menant au parc.
Sa remarque irrespectueuse lui valut un coup de coude d'Eva qui était toujours sous son bras.
« Les bizarres méchants, non pas trop, » le contredit Astrid Matthews, si candidement que cette fois-ci Eva pouffa de rire.
Coincée sous le bras d'Amos, Eva adressa un sourire faussement désolé à ce dernier lorsqu'il lui jeta un regard mécontent.
« Dans ce cas, tu aimes bien un certain bizarre méchant qui t'a appris des danses hindoues à Halloween ? s'entêta Amos, ne supportant jamais de ne pas avoir le dernier mot.
– La ferme Amos, » siffla Akash, assez bas pour que seuls les membres de leur trio de blaireaux ne l'entendent.
Akash enfonça son coude dans la côte d'Amos qui ne perdit pas un seul instant son sourire goguenard. Non, mettre dans l'embarras Akash ne faisait que le rendre de meilleure humeur.
« Je ne comprends pas. Tu parles d'Akash ? demanda Astrid, un pli apparaissant entre ses sourcils froncés. Contrairement à toi, il n'est ni bizarre ni méchant.
– Oh, » souffla Amos, impressionné de voir que la Serdaigle n'était finalement pas si indifférente que ça à Akash.
Akash semblait lui aussi se rendre compte qu'il venait de faire une percée car il se frotta avec agitation sa barbe pour cacher son sourire extasié.
« Il a un crapaud, » conclut Astrid comme si cela voulait tout dire.
Proche d'Amos qu'elle était, Eva le sentit : Amos venait de se retenir violemment de ne pas exploser de rire. Elle-même dut se retenir de ne pas pouffer de rire. Mais, lorsqu'elle pencha la tête en avant pour voir la réaction d'Akash qui était de l'autre côté d'Amos, elle se rendit compte que le commentaire de la Serdaigle était de bonne augure. Après tout, Astrid avait toujours été très singulière et, peut-être qu'après avoir passé tant de temps à l'admirer discrètement, Akash était le seule à comprendre ce que voulait dire cette révélation.
Les doigts d'Akash étaient restés figés sur sa barbe sombre mais, lentement, son visage se métamorphosa. Eva n'avait jamais vu une telle expression sur le visage d'Akash. Il avait l'air ravi tout en étant embarrassé. Son sourire était discret mais il suffisait de le voir pour comprendre qu'Astrid Matthews était peut-être la seule à réussir à faire disparaître les grands airs d'Akash.
« D'ailleurs, Aristote n'a pas eu de nouvelles indigestions ? s'enquit Astrid en se tournant vers Akash. Tu n'as pas besoin que je te donne un autre sac de limaces ? Je pourrais en trouver facilement, Hagrid en a plein dans son jardin. »
Eva se rendit compte qu'elle avait loupé plusieurs épisodes. Astrid connaissait le prénom du crapaud d'Akash ? Akash était allée voir Astrid lorsqu'Aristote avait eu des problèmes de santé ?
« Non, non, il est en parfaite santé, » l'assura Akash, souriant toujours avec cet air si…
Affectueux ? Eva ne l'avait jamais vu comme ça.
« Tu as été parfaite la dernière fois, ajouta-t-il et Eva était presque impressionnée devant tant de suavité. Tu seras une formidable guérisseuse animalière. »
Amos parut partager la pensée d'Eva car il siffla entre ses dents, enfonçant son coude dans les côtes d'Akash.
« Quel beau parleur, se moqua Amos tout bas.
Pourtant, bien qu'Amos eut pris soin de garder un faible volume, Astrid parut l'entendre car elle prit la parole pour défendre Akash à leur ébahissement à tous :
– Akash n'est pas un beau parleur. C'est plutôt toi qui est comme ça. Tout à l'heure, tu as réussi à faire croire à Kate qu'elle était en faute de se sentir jalouse que tu sois en compagnie de ton ex, » dit Astrid.
Le nez froncé de la Serdaigle révélait son aversion pour Amos. Amos avait pourtant agi avec une bonne intention, souhaitant seulement s'assurer que Charlotte rentre en un morceau dans leur Salle Commune après qu'elle ait été secouée par la confrontation avec les Serpentards. Mais ça, ni Eva ni Amos ne voulurent le révéler aux Serdaigles et ce, même si la petite amie d'Amos en payait les frais.
« Astrid, la coupa Amos avec un sourire étincelant, les muscles de son bras se contractant autour des épaules d'Eva. On est des meilleurs amis, non ? Et les meilleurs amis ne parlent pas sur le dos de l'autre.
– On n'est pas des meilleurs amis, Diggory, lui répondit Astrid, paraissant confuse devant une telle déclaration. Tu es juste le petit copain de ma meilleure amie. Et comme petit copain tu laisses à désirer. Même si Liam Olsen était encore pire que toi à l'époque où Kate sortait encore avec lui, » ajouta-t-elle après un instant de réflexion.
Ce commentaire lui valut l'approbation d'Eva. N'importe quelle fille qui méprisait Liam Olsen était une fille géniale à ses yeux. Décidément, Akash avait bon goût.
« À se demander si ce n'est pas ta meilleure amie qui a mauvais goût dans ce cas, » lui rétorqua Amos d'un ton blagueur.
Malgré le ton franc d'Astrid Matthews et le sourire étincelant d'Amos, Eva sentait que la situation allait s'envenimer. Elle connaissait assez Amos pour savoir qu'il forçait son sourire pour ne pas montrer que les commentaires de la Serdaigle réussissaient à l'énerver. C'est pourquoi Eva prit la parole :
« Astrid. Tu as quelque chose de prévu pour la prochaine sortie à Pré-au-Lard ? »
Amos comprit immédiatement où Eva voulait en venir. Il parut réaliser que c'était plus important de réussir à caser Akash qui broyait du noir tous les soirs en songeant à Astrid Matthews plutôt que de s'embrouiller avec la Serdaigle en question.
« Ah oui, tu as quelque chose de prévu Astrid ? » renchérit Amos sans faire attention aux grands yeux que leur adressait Akash.
Inconsciente de ce qu'il se tramait, Astrid leur répondit :
« Non, pas vraiment. Pourquoi ? »
Mais contrairement à Amos, Eva sentait qu'il ne fallait pas trop brusquer les choses. Elle coupa la parole à Amos :
« Ça te dit de nous rejoindre aux Trois Balais ? Ça pourrait être sympa. On n'a pas trop le temps de discuter dans le château, dit Eva avec un sourire chaleureux qu'elle avait appris à perfectionner au fil des années pour transmettre le parfait degré d'amabilité.
– Ce n'est pas une question de temps, je pense. Plutôt d'envie, » dit Astrid.
Les yeux sombres de la Serdaigle observaient Eva comme si elle était confuse par ce soudain intérêt en sa personne.
« Mais je veux bien, accepta finalement Astrid et Eva aurait pu soupirer de soulagement. C'est toujours intéressant de parler à d'autres personnes. Kate et Marlène deviennent un peu répétitives à force.
– Dans ce cas, on se dit à samedi prochain ! » s'anima Amos, paraissant ravi de la nouvelle.
Mais, alors qu'ils s'apprêtaient à rejoindre leur terrier, ils furent tous les trois surpris lorsqu'une petite main tachetée de terre se saisit du bras d'Akash, le stoppant dans sa marche.
« Je ne dis pas non à une rencontre en tête-à-tête si tu veux discuter d'Aristote. »
Puis, sans même un sourire, Astrid Matthews les laissa en plan.
« Est-ce que…, commença Akash, ébahi alors qu'il observait les boucles épaisses de la Serdaigle s'éloigner.
– Ouais, acquiesça Amos, ses sourcils juchés très haut sur son front.
– Par le slip de merlin, ajouta Eva, bouche-bé. Est-ce qu'elle vient de te dire qu'elle est intéressée ?
– Ou intéressée par Aristote, plaisanta Amos mais Akash ne l'écoutait plus.
– Yes ! s'exclama Akash en brandissant son poing puis, plus fort encore : YES ! YEEEES ! »
Akash continua de taper l'air de son poing, se mordant son sourire éclatant.
« Qui aurait cru qu'il réussirait à pécho avant toi, plaisanta Amos alors qu'ils observaient Akash commencer une sorte de danse victorieuse en plein milieu du Hall d'entrée, ne semblant n'en avoir que faire des regards éberlués que lui lançaient le peu d'élèves encore présents.
– Tais-toi Amos, » lui dit sans grande conviction Eva, la bonne humeur d'Akash lui faisant oublier sa migraine et ses yeux secs.
Et, lorsqu'Akash revint vers eux pour attraper Eva et l'entraîner à sa suite dans une danse victorieuse, Eva ne put s'empêcher d'éclater de rire.
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Samedi 21 novembre.
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Eva n'en pouvait plus. Elle avait passé la matinée à tenter de terminer le devoir de Métamorphose que McGonagall lui avait rajouté à sa dose déjà conséquente de travail. Déjà qu'avec la quantité normale de travail, Eva était presque tentée de tout lâcher. Là, elle se sentait noyée. Et pourtant, elle n'était pas prête d'avoir terminé. Il était 14h50 et, après une pause méridienne passée à écouter Jeff critiquer le contenu des cours d'Etude des Moldus, Eva avait repris ses heures supplémentaires de cours de soutien.
McGonagall était la surveillante ce samedi. Même si c'était extrêmement gênant d'être face à elle puisque la vice-directrice la soupçonnait toujours d'avoir triché, Eva ne pouvait s'empêcher de se sentir soulagée qu'elle ne soit pas surveillée par Luke ou bien par Amélia Avery.
Après tout, la veille Eva avait osé répondre à Amélia (et à l'appeler par son prénom). Nul doute que la Serpentarde ne l'avait pas oublié ni pardonné.
Finalement, après trois bon quart d'heure, Eva eut enfin la bonne excuse pour arrêter de rédiger une formule de métamorphose humaine qu'elle essayait tant bien que mal de ne pas copier mot pour mot du manuel. Elle n'allait pas montrer à McGonagall qu'elle n'était qu'une vulgaire tricheuse après avoir plaidé innocente si désespérément la veille.
Quelqu'un venait de toquer à la porte.
Et, à en juger par le soupir exaspéré de McGonagall, le nouveau venu était censé être là depuis un moment déjà.
« Black. Heureuse de voir que vous avez trouvé le temps de nous rejoindre pour votre retenue.
– Excusez-moi, professeure, mes samedis sont très chargés. »
Et, bien sûr, il était affublé de son sourire charismatique qui fit déglutir Eva. Elle essaya de ressentir de nouveau ce sentiment d'indifférence qui l'avait rendu si apathique à la vue de Sirius la veille lorsqu'elle s'était résignée à devoir suivre McGonagall. Mais ses nerfs étaient à vif après une nuit passée à se tourner et à se retourner dans son lit, elle en fut incapable.
« Je n'en doute pas une seconde, Mr. Black, dit McGonagall, semblant blasée. Maintenant, allez vous asseoir pour commencer les devoirs que vous avez omis de donner au professeur Slughorn. »
L'air amusé, Sirius quitta le pan de la porte pour s'engouffrer dans la salle de Métamorphose qui était habitée par d'autres réfractaires comme lui. Son sac juché sur son épaule, Sirius prit son temps pour longer l'allée, laissant son regard s'attarder sur les autres occupants de la salle. Il adressa un signe de tête à Benjy Fenwick, un 6e année de Serdaigle connu pour être le champion national de duels des moins de 17 ans. Puis, il posa ses yeux sur la seule représentante des 7e année. Elle était installée au fond de la salle et avait étalé ses affaires sur sa table censée être pour trois.
Sirius sembla étonnée de la voir là.
Automatiquement, Eva lui rendit son sourire, jouant avec sa plume qui commençait à lui faire mal à l'index à force d'écrire.
« Qu'est-ce que tu fais là ? » lui demanda-t-il en s'arrêtant à hauteur de la table d'Eva.
Eva fut surprise que Sirius prenne la peine de parler à voix basse. Elle s'était attendue à ce qu'il ne se gêne pas pour parler malgré la présence intimidante de McGonagall. McGonagall qui était actuellement occupée à répondre aux questions d'Emma Stark, petite sœur d'Howard et Attrapeuse de Poufsouffle, qui n'avait pas hésité à profiter de la présence du professeur pour tenter de déchiffrer son devoir de Métamorphose.
« Mes devoirs, répondit Eva avec un sourire faussement désinvolte, tapotant avec sa plume son parchemin trois-quarts rempli.
– Ah oui ? » fit Sirius en se penchant pour s'asseoir à côté d'elle.
Il la surprit encore une fois car il décida de s'asseoir sur la chaise du milieu, c'est-à-dire celle la plus proche d'Eva qui avait volé la place habituelle de Meredith Ravencrest du samedi qui permettait de s'adosser contre le mur. Sirius déposa ensuite son sac sur la table, ne semblant pas se soucier du fait que les manuels d'Eva soient en-dessous.
« Et toi ? Tu as rendu tes devoirs en retard, j'imagine ? s'enquit-elle en faisant référence aux travaux qu'il n'aurait pas donné à Slughorn d'après les dires McGonagall.
– T'as tapé dans le mille, » lui confirma Sirius qui n'avait pourtant pas l'air pressé de commencer à travailler.
À peine eut-il posé son sac qu'il commença à se balancer sur les pieds arrière de sa chaise.
Même un gars aussi cool que Sirius devait tenir le bois de la table d'une main pour s'assurer de ne pas tomber en arrière. Connaissant James, ce ne serait pas étonnant que celui-ci ait déjà fait basculer Sirius lorsqu'il s'asseyait de manière aussi précaire. Pas étonnant que Sirius prenne ses précautions.
« Et tu comptes commencer quand ? lui demanda Eva en haussant les sourcils et Sirius lui répondit par un sourire arrogant.
– Bonne question. »
Pouffant de rire, Eva secoua sa tête avec exaspération ce qui ne fit qu'élargir le sourire de Sirius qui paraissait fier de son insubordination.
« Je me demande vraiment comment est-ce que tu fais pour être un des premiers de la classe, s'interrogea Eva.
– Le talent ? proposa Sirius avec un sourire insolent.
– Clairement, » s'exaspéra-t-elle et, si elle était de nature jalouse, elle aurait pesté contre l'aisance académique du Gryffondor.
Mais elle avait appris depuis bien longtemps que le monde était injuste et que tout le monde n'avait pas les mêmes capacités alors elle ne s'attarda pas sur cette pensée. Malgré les assurances de Chourave dans la serre il y a une semaine de ça maintenant, Eva était consciente qu'elle n'était qu'une élève banale, une adolescente quelconque. Elle s'y était faite depuis un moment. Ça ne mènerait à rien de s'imaginer voler le cerveau d'intellectuels comme Sirius ou Marlène.
« Tu travailles sur quoi ? » lui demanda Sirius en se remettant sur les quatre pieds de sa chaise et, sans aucune gêne quelconque, il se pencha pour lui dérober son parchemin.
Plus blasée qu'autre chose, Eva le regarda faire. Au moins, il lui donnait une bonne excuse pour arrêter de travailler. Elle posa sa joue contre son poing et observa Sirius lire le contenu de son travail.
Si elle avait été dans son état normal, elle aurait ressenti une pointe de honte à l'idée qu'il voit son travail, mais elle était actuellement un peu trop investie à détailler du regard l'élégance de son nez et la perfection de son grain de peau.
Elle était quelque peu déçue. Elle était du mauvais côté, elle ne pouvait pas voir d'ici la lignée de grains de beauté de Sirius qui descendait du bas de sa joue à son cou d'ici.
« C'est quoi ce truc ?
– Les théories de Feuerbach, tu connais ? »
Eva ne se serait jamais crue un jour discuter d'une chose aussi ennuyante que des théorèmes de métamorphose avec Sirius mais voilà où elle en était aujourd'hui. Et c'était lui qui avait enclenché la discussion. D'ailleurs, c'était la deuxième fois de l'année que ça arrivait. La dernière fois avait été près de la tour de Gryffondor lorsqu'il lui avait proposé de l'aider à réviser pour le contrôle de Potions. Peut-être que tout comme James, Sirius avait mûri. Ça ou Eva était désormais considérée comme assez intelligente à ses yeux. Avant, leurs sujets de conversation tournaient autour de James, les blagues grandioses que les Gryffondors avaient élaboré ou bien les blagues pourries qu'Eva avait entendu ici et là.
« Non. C'est de la métamorphose c'est ça ? s'enquit Sirius en continuant de scruter ce qu'Eva avait passé une partie de la journée à écrire.
– Oui, il est précurseur en matière de transformation des éléments. Par exemple, c'est lui qui a découvert comment on pouvait métamorphoser de la roc –
– Black, je pense que vous n'êtes pas aveugle au point de ne pas remarquer que tout le monde ici a sa propre table, empêchant ainsi aux plus bavards de jacasser. »
Eva se redressa et tourna des yeux paniqués vers McGonagall qui était apparue au bout de leur table. Les mains jointes devant elle, l'index de leur professeur ne cessait de tapoter le dos de sa main.
Heureusement pour Eva, l'attention de la sous-directrice était entièrement focalisée sur Sirius qui ne parut pas plus que ça inquiet.
Il demanda sans aucune gêne à McGonagall quand est-ce qu'ils allaient aborder les théories de Feuerbach en cours. Son culot lui valut un regard éberlué d'Eva qu'il ne vit pas, tourné qu'il était en direction de McGonagall.
« Si vous montriez autant d'intérêt pour le reste des cours, je suis sûre que vous pourriez éviter de passer votre samedi après-midi en retenue, lui répondit finalement McGonagall, semblant prise de court elle aussi malgré son air impassible. Maintenant, allez vous trouver une nouvelle place. Miss Brown a encore beaucoup de travail, laissez-la se concentrer. »
Puis, les yeux perçants de McGonagall se posèrent sur elle :
« Ça avance bien, Miss Brown ? »
Eva s'empressa de hocher la tête, n'en ayant que faire que Sirius la prenne pour une fayotte.
« Oui, professeur. Je pense que j'aurai terminé d'ici peu.
– Très bien, ne tardez pas trop. Il vous reste la dissertation de Métamorphose prévue pour mardi à terminer aussi. À moins que vous n'ayez déjà pris de l'avance ? » s'enquit McGonagall.
Eva ne put malheureusement que répondre par la négative.
« Très bien. Et Black, ne m'obligez pas à me répéter, » ajouta McGonagall avant de se désintéresser d'eux pour aller voir pourquoi Baley Finch-Fletchley marmonnait tout seul à l'avant de la salle de classe.
Avec un soupir exagéré, Sirius se releva et reprit son sac.
« Essaye de retenir tes larmes, je ne serai pas loin, la consola Sirius en affichant un air compatissant.
– Allez dégage, » lui répondit Eva après avoir laissé échapper une expression moqueuse.
Sirius lui adressa un sourire amusé qui était bien trop charmant pour un garçon aussi malicieux puis il fit grincer les pieds de sa chaise contre le sol dallé. Eva l'observa adresser un sourire charmeur à McGonagall qui s'était tournée pour lui adresser un regard réprobateur à l'entente du vacarme qu'il causait puis il partit s'installer à la table devant celle d'Eva. Tant de cinéma pour ça.
Comme s'il avait entendu ses pensées, Sirius se retourna sur sa chaise pour lui faire un clin d'œil :
« Prends bien soin de moi, voisine. »
Eva n'eut le temps de faire autre chose que de pouffer de rire que McGonagall faisait de nouveau entendre sa voix :
« Lorsque je vous ai dit de vous trouver une nouvelle place, je pensais plutôt à celle en face de mon bureau, Black.
– Ne vous inquiétez pas, professeure. Je serai irréprochable cet après-midi, lui répondit Sirius et, bien qu'Eva ne pouvait voir que l'arrière de son crâne, elle ne doutait pas qu'il avait de nouveau sorti son sourire le plus charmeur pour sa Cheffe de Maison.
– Si vous le dites, Black. Maintenant, commencez à travailler ou vous reviendrez ici demain, » le menaça McGonagall avant de se concentrer de nouveau sur Baley Finch-Fletchley qui paraissait offusqué que la professeure de Métamorphose ait cessé de l'écouter en plein milieu de sa tirade.
Avec un reniflement indigné suivi d'un rajustement de ses lunettes, Baley recommença à se plaindre que Flitwick avait été totalement injuste en corrigeant sa dissertation car Baley était sûr et certain que toutes ses réponses étaient correctes. Eva eut presque pitié de McGonagall. Elle savait très bien à quel point le 2ème année pouvait être agaçant.
Étonnement, l'avertissement de McGonagall eut comme effet de faire obéir Sirius qui sortit ses affaires de son sac. Eva se décida enfin à se concentrer sur son parchemin. Or, trente minutes plus tard, sa concentration la quitta de nouveau lorsque la main de Sirius apparut dans son champ de vision et que cette main laissa derrière elle une boule de papier froissée sur sa table.
Eva jeta un regard prudent à McGonagall qui avait repris sa correction de copies à son bureau puis elle observa le Gryffondor assit devant elle. Sirius tourna à peine la tête pour lui chuchoter :
« Ouvre et lis. »
Curieuse, Eva ne tarda pas à le faire et elle retint avec peine un soupir exaspéré lorsqu'elle posa les yeux sur le « Tu fais quoi ? » de Sirius qui avait été écrit avec une écriture aussi nette que celle de son petit frère.
Je travaille, triple andouille. Et toi ?
Puis, elle froissa le papier entre ses mains et le lança de nouveau sur la table de Sirius après s'être assurée que McGonagall soit toujours préoccupée par ses copies.
Trente secondes plus tard, Sirius tendit le bras en arrière et déposa de nouveau le bout de papier sur sa table. Eva se résigna au fait qu'elle n'allait pas plus avancer son travail.
Pas besoin de me relancer le papier. J'en ai fait une copie. On peut s'écrire à distance. Et ça ne se voit pas ? Je travaille très sérieusement. Si sérieusement que Slughorn sera obligé de m'inviter à sa prochaine soirée pour me récompenser.
Que c'était ingénieux de sa part.
Eva posa sa joue sur la paume de sa main et commença à griffonner sur le parchemin, souriant sans s'en rendre compte.
T'as envie d'aller à une des soirées de Sluggie ? Tu perds en bad boy attitude. T'y as déjà été d'ailleurs ?
Bad boy attitude ? Tu lis Poud'news ? Et oui, j'y suis déjà allé. J'ai essayé de me noyer dans le punch tellement je me suis fait chier.
Il devait avoir bon goût dans ce cas.
Tout est bon si je fais partie des ingrédients, Eva. Mais tu n'as pas répondu : Poud'news.
Bizarrement, Eva fut frappée par un coup de chaleur après avoir lu la première phase. Ça semblait bête mais cette phrase si suggestive (il avait terminé par son prénom en plus !) lui faisait repenser à l'insistance des lèvres de Sirius contre les siennes et à l'adresse de sa langue liée à la sienne. Elle n'avait aucun moyen de comparer la qualité des baisers de Sirius puisqu'elle n'avait jamais embrassé qui que ce soit auparavant. Tout ce qu'elle savait était que Sirius était la seule personne à avoir réussi à réduire au silence son cerveau pourtant toujours en surchauffe. De ce fait, Eva ne put s'empêcher d'être d'accord pour dire qu'il était un très bon ingrédient, aussi incongru que cela puisse paraître.
Et maintenant elle était en train de se remémorer toutes ces sensations qu'il avait invoquées en elle.
Eva retint un grognement, ne souhaitant pas que Sirius se tourne et constate qu'elle n'était qu'une fille idiote qui se laissait dérouter par une simple galoche. Se triturant la tête, elle prit quelques secondes à réfléchir à sa réponse.
Quoi ? Tu veux que je te parle du fait que j'ai été mise sur la liste noire de toutes les filles insensées du château à cause du dernier numéro ?
Comment ça ? T'as reçu de nouvelles Beuglantes ?
Non, pas cette fois-ci. Quelqu'un a malencontreusement fait tomber son pichet de jus de citrouille sur mes cheveux ce matin –
Eva n'eut le temps de terminer sa phrase qu'un « Sérieux ? » de Sirius apparut sur le parchemin. Elle poussa une exclamation moqueuse qui lui valut un regard interrogateur de la part de Sirius qui se tourna légèrement vers elle. Elle secoua sa tête puis se pencha pour continuer d'écrire.
Oui, sérieux. C'était une Gryffondor. Elle n'avait rien à faire à ma table. Je crois que les Gryffondors sont un peu trop possessifs, ils n'aiment pas qu'on touche à un des leurs.
Ce qu'Eva ne révéla pas était que cette vengeance qui animait les admiratrices de Sirius était plus que problématique pour elle. Elle devait à chaque fois se retenir de ne pas leur jeter un maléfice particulièrement vicieux, croyant que c'était un Serpentard qui était l'instigateur. Ce matin même, la blonde de Gryffondor qui était venu déverser le contenu de son pichet sur le haut de son crâne avait semblé effrayée devant l'intensité du regard noir d'Eva et sa baguette illuminée par un rouge menaçant.
Eva avait réalisé plus tard que cette Gryffondor blonde avait fait partie du groupe de filles avec qui Emma Stark discutait à la bibliothèque la veille. Visiblement, le maléfice de Royce avait parfaitement marché car la blonde n'avait pas paru la reconnaître et Emma avait joyeusement dit bonjour à Eva comme si de rien n'était le matin dans la salle commune.
Sirius lui répondit :
Sans doute. Je le suis un peu aussi.
Eva resta à fixer quelques secondes de trop cette phrase. Elle ne savait pas comment réagir. Elle se mordit l'intérieur de la joue en se rappelant de la phrase d'Oliver Avery qui avait révélé que Sirius avait toujours été très possessif à l'égard de Marlène McKinnon.
Mais Sirius continua d'écrire et Eva en oublia ses pensées noires.
Vu que c'est moi qui t'ai embrassé, j'imagine que je vais devoir leur rappeler qu'on ne touche pas à mon territoire.
Un hoquet de surprise lui échappa et, cette fois-ci, lorsque Sirius lui jeta un regard par-dessus son épaule, Eva répondit à son rictus amusé par une expression choquée, son visage chauffant de manière mortifiante.
Sirius se détourna d'elle et son écriture calligraphique rempli de nouveau la page qui commençait à ne plus avoir de place après tant d'échanges.
Quoi ? J'ai déjà donné une bonne leçon aux deux connes de Serdaigle, je peux bien rappeler à l'ordre mes cadettes un peu trop jalouses.
Arrête. Ça ne fera qu'empirer la situation.
Puis, après un instant d'hésitation, Eva ajouta :
Et les gens vont vraiment croire qu'on est ensemble si tu le fais.
Ah bon ? On ne l'est pas ?
Eva visualisait parfaitement le sourire malicieux de Sirius.
Elle attrapa sa gomme et la balança à l'arrière du crâne de Sirius. Un éclat de rire échappa à Sirius. Lorsqu'il se pencha pour ramasser la gomme par terre, Eva fit mine de travailler sérieusement sous les yeux perçants de McGonagall.
Quoi ? Tu ne voudrais pas ?
Concentre-toi sur tes devoirs.
Je pourrais être un excellent petit ami. T'aider pour tes devoirs –
Stop
– je porterai ton sac, t'ouvrirai les portes, t'amènerai dans les Cuisines –
Il allait continuer pendant encore combien de temps ? se demanda Eva qui n'en revenait pas que Sirius soit aussi inspiré pour vendre ses qualités de petit ami. Avait-il déjà été un « petit copain » ? Est-ce que Sirius s'était considéré de cette façon lorsqu'il était encore fiancé à Marlène ?
– te ferai découvrir tous les passages secrets du château, t'embarquerai dans des blagues contre les Serpentards –
Eva avait besoin qu'il arrête. Sirius mettait des images dans sa tête qui n'avaient pas lieu d'être, des images qui avaient déjà traversé son esprit tard le soir lorsqu'elle était incapable de dormir et qu'elle se rappelait des évènements du bal d'Halloween et ceux de la fête d'anniversaire de Sirius. Elle ne savait pas si elle se les était imaginés car elle ne s'était jamais permise d'être si proche d'un garçon avant Sirius. Mais…sa vie était merdique. Eva n'avait pas de place pour un amoureux.
« Ne donne pas ton cœur à n'importe qui, Eva. Tu m'entends ? lui avait crié sa mère après qu'elle soit tombée sur un carnet d'Eva où elle avait écrit trop de fois le nom de Ted Tonks pour qu'on se méprenne sur son intention. Ne t'attache pas, les hommes sont tous des connards ! »
Et elle avait encore moins de la place pour un amoureux aussi intense que Sirius. Car Eva en était sûre et certaine, ce n'était pas que des fantasmes que de croire que Sirius serait extrêmement attentif s'il se mettait en couple. Il suffisait de le voir avec ses meilleurs amis. Malgré ses airs d'adolescent désinvolte, il choyait ceux dans son cercle proche. Et, Eva, avec tous ses secrets qui lui nouaient davantage la gorge plus les jours passaient, ne pouvait se permettre de le laisser se rapprocher à ce point d'elle.
« Tu n'es qu'une pute bonne qu'à baiser comme une chienne pour lui, » lui avait craché Royce, l'émotion dans ses yeux si sombres faisant comprendre à Eva qu'une personne si repoussante qu'elle ne pourrait jamais gagner l'affection de quiconque.
Elle décida d'interrompre la tirade de Sirius par une blague.
En gros, tout ce que tu fais pour James.
Eva entendit Sirius pouffer de rire et cela la détendit. Il lui adressa un sourire amusé par-dessus son épaule.
Heureusement, Sirius décida de changer le sujet :
Pourquoi est-ce que t'es là d'ailleurs ? Un nouvel accident en Métamorphose ?
Eva ne pouvait décidément pas lui annoncer qu'elle avait fait les frais d'un mauvais tour et que, maintenant, elle était obligée de rendre deux fois plus de travaux pour s'assurer de ne pas rater son trimestre.
Non, les ASPICS. J'ai pris trop de retard dans mon travail.
Alors que tu passes ton temps à travailler ?
Comment savait-il ça lui ? Est-ce qu'il la surveillait ? Lui et James avaient-ils recommencé à la prendre en filature comme au match de Quidditch sans qu'elle ne remarque rien ? Ou alors disait-il juste ça puisqu'il l'avait raccompagné jusqu'à la bibliothèque hier ? Est-ce qu'elle était devenue trop paranoïaque ?
Tu verras l'année prochaine. Tu auras beaucoup moins de temps pour vanter tes qualités de petit ami.
De longues secondes passèrent sans que Sirius ne réponde rien.
Eva resta à fixer le parchemin. La gorge sèche, elle se demanda si elle avait fait une erreur.
Sirius se doutait-il qu'elle se défilait une fois de plus ? Se retenait-il de s'énerver comme le jour de son anniversaire dans le couloir lorsqu'Eva avait pris soin de répondre de manière évasive à ses interrogations ?
Mais, les pensées d'Eva parurent avoir pris une tournure complétement différente de celles de Sirius car sous les yeux marrons d'Eva apparurent lentement – comme si Sirius hésitait à les écrire – les mots suivants :
Je ne ferai pas que les vanter.
Qu'est-ce que ça voulait dire ? Comment ça il ne ferait pas que vanter ses qualités de petit ami ? S'il ne les vantait pas alors cela voulait-il dire…qu'il agirait ? qu'il les mettrait à l'œuvre ?
Le cœur battant à toute rompe, Eva quitta des yeux ces mots qu'elle ne cessait de relire pour répondre au regard qui lui brûlait le visage.
Sirius la regardait par-dessus son épaule, sa bouche cachée derrière son épaule. Il la fixait simplement et Eva ne pouvait s'empêcher de penser qu'il y avait quelque chose qu'elle ne comprenait pas puisqu'il la regardait beaucoup trop intensément.
Puis, finalement, des pattes de mouches apparurent au coin des yeux gris de Sirius et il se retourna, offrant la vue de son dos à Eva.
Eva resta à fixer les cheveux ébènes de Sirius qui atteignaient maintenant la moitié de sa nuque, le cœur trébuchant dans sa poitrine et une chaleur désagréable lui attaquant le visage.
Est-ce que…Non.
Eva se mordit violemment l'intérieur de la joue, se forçant à ne pas interpréter de la mauvaise façon les actions du Gryffondor. Hier encore, il avait semblé horrifié de la voir. Hier encore, Marlène McKinnon était apparue pour lui proposer son aide, l'ombre de Sirius planant entre elles deux.
Sinon, comment ça se fait que McGonagall et Chourave t'aient embarqué avec elles hier soir ? Vu ta tête c'était pas la joie.
Eva reprit ses esprits, se saisissant de l'opportunité qu'il lui offrait.
Elle ignora obstinément la fébrilité de ses mains.
Pareil que pour toi. Trop de retard dans mes devoirs. J'ai eu le droit à un rappel à l'ordre. Et aujourd'hui je suis là.
Mais Eva n'eut pas le droit à une réponse cette fois-ci car quelqu'un venait de toquer à la porte et, Eva comme Sirius, furent curieux de voir qui était le nouveau venu. Au grand trouble d'Eva, ce fut le visage harmonieux de Marlène McKinnon qui apparut une fois que McGonagall lui ait accordé l'entrée.
Puis, quelques instants plus tard, ce fut le reste du Club des Loosers de 7e année qui rentra dans la salle de classe, ne paraissant guère se soucier se soucier du courroux de McGonagall vu la force de leur voix.
Eva se rendit compte qu'au cours de son échange épistolaire avec Sirius le temps était passé plus vite qu'elle ne pensait. Si les membres du club des Loosers étaient là, ça voulait dire qu'il était déjà 17h.
Ce fut Meredith et Liam Olsen qui rentrèrent en premier, des bribes de conversation au sujet de leurs entraînements de Quidditch arrivant jusqu'aux oreilles d'Eva qui était pourtant assise au fond de la classe – c'était dire leur volume. Puis, Akash entra aux côtés de Steve McAvoy et les voir discuter aimablement ensemble agaça Eva.
Automatiquement, les 7e années se dirigèrent vers le fond de la classe après avoir salué McGonagall qui semblait prendre sur elle pour ne pas les accueillir avec des rabrouements.
Bien sûr, tout le monde fut surpris de voir Sirius Black à la table devant celle d'Eva. Ce fut Meredith qui lui demanda la première ce qu'il faisait là.
« Tu n'as pas encore attrapé des retenues pile au moment des entraînements au moins ? ajouta Meredith avec mauvaise humeur, laissant deviner à Eva que ce ne serait pas la première fois que ce serait arrivé.
– Bonjour à toi aussi Meredith, la salua Sirius d'un air blasé. Tu t'assieds à côté de moi alors que ma vue t'insupporte ? ajouta-t-il lorsque sa coéquipière batteuse s'assit à sa table.
– Ne prends pas la grosse tête, Sirius, railla Meredith. Eva a juste étalé son bazar sur toute la table. »
Et les deux Gryffondors se retournèrent vers la Poufsouffle en question qui se disputait avec Akash qui avait décidé de se faire de la place lui-même. Il avait ratissé la table de son bras et toutes les affaires d'Eva étaient tombées par terre en un boucan monstre.
« Tu ne pouvais pas juste pousser mes affaires au bout de la table ? s'agaçait Eva.
– C'était plus rapide comme ça, » lui rétorquait Akash avec un sourire mesquin, étendant ses longues jambes sous la table.
Ses chaussures touchèrent presque les pieds de la chaise de Meredith.
« Banerjee ! » les interrompit McGonagall.
La professeure s'approchait à grand pas de leur coin de la classe qui avait attiré les regards des élèves plus jeunes qui étaient quelque peu intimidés par la présence de tous ces grands 7e année. Surtout que, à l'exception d'Eva et Akash, ils étaient populaires grâce à leur appartenance à l'équipe de Quidditch de Gryffondor.
« Si vous continuez à être aussi bruyant ce sera des points en moins pour Poufsouffle. Et des retenues, ajouta McGonagall lorsqu'Akash ouvrit sa bouche pour protester. C'est compris ?
– Oui, professeure, soupira de mauvaise foi Akash.
– Black, ajouta McGonagall en se tournant vers le brun en question, ignorant la grimace qu'Akash fit à son dos tourné et la claque au bras que lui asséna Eva pour le sermonner. Vous resterez jusqu'à 19h comme les 7e années. Je peux voir d'ici que vous avez à peine commencé vos devoirs. C'est curieux, j'étais certaine de vous avoir vu écrire avec attention, » ajouta McGonagall en plissant les yeux, suspicieuse.
Les yeux d'Eva s'écarquillèrent d'eux-mêmes. Heureusement que McGonagall était concentrée sur le Gryffondor qui avait une poker face incroyable sinon la vice-directrice aurait compris qu'Eva était mêlée à ce manque de sérieux de la part de Sirius.
Eva prit soin de cacher le parchemin que Sirius lui avait donné sous sa dissertation de Métamorphose sur Feuerbach.
« Je n'ai commencé que mon brouillon, professeure. »
McGonagall continua de plisser les yeux, ne semblant guère convaincue. Toutefois, elle se décida finalement à tourner les talons, non pas sans un dernier avertissement à l'égard de ses 7e années qui étaient bien loin d'être connus pour leur discrétion. McGonagall rejoignit Marlène McKinnon qui s'était installée derrière son bureau et qui les observait d'un air impassible.
Comme si fait exprès, les yeux de la Serdaigle dont Eva ne pouvait pas voir le bleu électrique de si loin s'accrochèrent aux siens.
Eva se sentit mal à l'aise mais elle ne détourna pas le regard. Marlène lui avait proposé son aide hier et Eva l'avait refusé. Peut-être était-ce le karma que Royce soit apparu suite à sa décision. Pourtant, Eva n'arrivait pas à regretter.
Elle refusait qu'on la prenne en pitié.
Elle refusait qu'on s'intéresse à son sort juste pour faire bonne figure devant un garçon. Un garçon qui ne paraissait pas se rendre compte d'à quel point il rendait la vie d'Eva encore plus difficile alors qu'il se chamaillait avec Meredith Ravencrest, répondant aux grommèlements de cette dernière par des rictus hautains qui ne firent qu'agacer davantage la batteuse.
La voix d'Akash l'arracha à ses pensées et à son duel de regard qu'Eva avait inconsciemment commencé avec Marlène McKinnon.
« Black n'a pas tenté un nouveau rapprochement ? » lui demanda à mi-voix Akash, faisant le strict minimum pour que les gens autour d'eux ne les entendent pas.
Quel crétin !
Pour se venger, Eva gifla la cuisse d'Akash sous la table, arrachant une exclamation de douleur à Akash qui ne perdit toutefois pas son sourire narquois.
« Tais-toi Akash, » siffla-t-elle, sentant l'embarras monter puisqu'elle était sûre et certaine que Sirius l'avait entendu.
Elle en était sûre puisque Meredith s'était retournée pour lui lancer un regard curieux, les sourcils haussés.
La Gryffondor avait eu la même expression lorsqu'elle avait trouvé Sirius assoupi sur les genoux d'Eva dans la tour de Gryffondor.
Plus le temps passait, plus Eva se disait que ça allait être impossible de faire comprendre aux gens qu'il n'y avait rien avec Sirius si ce n'était une pseudo amitié.
« On n'est pas des amis, Eva. »
Combien de fois cette phrase allait-elle la tourmenter ?
Or, plus le temps passait et plus Eva avait elle-même du mal à se convaincre qu'il n'y avait rien d'ambiguë entre Sirius et elle.
Déjà tout à l'heure, il avait semblé si dragueur, ses phrases si suggestives…
Avant Halloween, Eva se serait simplement dit que c'était dû au petit jeu de froid/chaud auquel Sirius jouait avec toutes les filles mais après Halloween, après son comportement dans les gradins, après sa fête d'anniversaire, les limites de leur relation devenaient de plus en plus floues et Eva avait de plus en plus du mal à rationaliser le comportement du meilleur ami de James.
« Oh je suis sûr que ça ne dérangerait pas Eva. »
Eva prit quelques secondes à percuter à qui appartenait cette voix masculine si médisante. Elle se pencha en avant pour que sa vue ne soit plus obstruée par le corps tout en longueur d'Akash et ses yeux se posèrent sur les deux occupants de la table à côté de la leur.
Liam Olsen était celui qui venait de prendre la parole. Il souriait avec suffisance, sachant que sa phrase avait eu son petit effet alors que, caché derrière lui, Steve McAvoy pouffait de rire. Les bras croisés sur la table et son menton posé sur ceux-ci, Steve McAvoy avait baissé son bonnet très bas sur son front pour faire une sieste semblait-il. Sans doute que l'Attrapeur de Gryffondor avait de nouveau passé son samedi à boire. C'était juste grâce à un sortilège bien placé qu'il avait pu effacer l'odeur d'alcool de son corps.
Eva serra les dents. Pour se contenir, elle dût se rappeler de la satisfaction qu'elle avait ressentie lorsque Liam Olsen avait levé des yeux éberlués vers elle, à terre et se tenant sa joue rouge après qu'Eva l'ait giflé avec force.
Eva se contenta donc d'un simple « Ta gueule Olsen » et d'un regard noir puis elle se rassit correctement pour se concentrer de nouveau sur Feuerbach à qui elle pourrait dire au revoir pour de bon si elle se concentrait trente minutes de plus.
À côté d'elle, Akash rit faiblement, la remarque du capitaine de Quidditch de Gryffondor l'ayant plus amusé qu'autre chose. Eva considérait Akash comme un de ses amis proches mais il n'avait jamais réussi à comprendre pourquoi les remarques de Liam Olsen la blessait autant. Il avait trop la mentalité d'un garçon pour ça. Il n'y avait que Charlotte qui connaissait toutes les nuances de l'histoire.
Et Emmeline aussi mais Eva ne préférait pas repenser à elle. Son lit avait été vide hier soir et que ce soit au petit-déjeuner ou au déjeuner, Emmeline s'était résolument assise à la table des Serpentards et avait tourné le dos à la table de Poufsouffle.
Ça avait été comme recevoir un poignard dans le dos de la voir parler à Royce à table, lovée confortablement contre Ronan Parkinson dont le sourire affectueux aurait attendri Eva si elle ne le voyait pas tel qu'il était : un lâche.
Eva se mit à écrire furieusement, ignorant de toute ses forces la conversation qu'Akash avait enclenché avec Liam Olsen. Ils étaient loin d'être préoccupés par la présence de Marlène McKinnon qui avait laissé un petit brouhaha s'installer dans la salle. Assise à la place de McGonagall, la Serdaigle semblait elle aussi avancer ses devoirs.
Finalement, la chaleur soudaine de son parchemin perturba la concentration d'Eva. Fronçant les sourcils, elle réfléchit quelques secondes avant d'avoir l'idée de sortir la feuille que Sirius lui avait donnée plus tôt.
Il venait de lui écrire un nouveau message.
Olsen n'est qu'un gros con
Oh, Sirius l'avait donc entendu lui aussi. Pourtant, il n'avait rien dit. C'était surprenant. D'un autre côté, Sirius n'était pas James. Il n'avait jamais été du genre à sauter à la gorge de ceux qui parlaient mal à Eva. À part lorsqu'il avait été sous l'emprise du philtre d'amour et qu'il avait rugit « Ne parle pas comme ça de ma Eva ». Hurlement qui, depuis, hantait Eva lorsqu'elle repensait au « ma Eva » qui avait été si niais mais qui lui avait donné envie de…plus ? Donner envie que quelqu'un la réconforte ?
Je sais. Il est né comme ça.
Tu veux que je lui jette un maléfice ? J'en ai appris un nouveau pour agrandir les poils de nez.
Eva contint difficilement son rire à cette idée, s'attirant un regard curieux de la part d'Akash qui se concentra de nouveau sur Liam Olsen lorsqu'Eva lui fit signe que ce n'était rien.
Je ne dirais pas non. Et les poils d'oreilles aussi ?
Bien sûr. Tu préfères que –
« Sirius. Concentre-toi sur ton travail. »
À l'entente de cette voix féminine, Eva releva les yeux du parchemin qu'elle fixait sans le savoir avec un sourire doucement affectueux. Elle se rendit compte que le brouhaha avait disparu tandis qu'elle était occupée à répondre à Sirius.
Marlène avait quitté son siège à l'avant de la classe pour venir se planter devant la table que Meredith et Sirius partageaient.
« Je travaille Marlène. Tu ne voyais pas ma plume bouger ? ajouta Sirius avec un rictus amusé, secouant la plume en question.
– Dans ce cas, si je regarde derrière toi, je ne trouverais pas la parfaite copie de ton parchemin ? » s'enquit doucement Marlène en ne le quittant pas des yeux.
D'aussi près, Eva pouvait voir clairement le bleu électrique des yeux de la préfète et jamais le bleu de ses yeux ne lui avait semblé si beau alors que Marlène fixait avec intensité Sirius.
Eva comprit que la préfète savait exactement ce qu'ils mijotaient silencieusement. Elle réalisa aussi que la préfète devait même connaître intimement le stratagème de Sirius. Cette réalisation déposa une lourdeur à son ventre pour une raison inconnue.
Les yeux magnifiques de Marlène se posèrent sur elle. Eva lui rendit son regard, ne se rendant pas compte de la lueur de défi qui se trouvait dans ses yeux marrons si fades en comparaison.
« Ne fais pas la préfète coincée, Marlène. Je vais faire mon travail, t'inquiète. »
Le ton désinvolte de Sirius eut comme effet de divertir l'attention de la préfète.
Eva baissa les yeux.
« Qu'est-ce que ce pauvre parchemin t'as fait ? lui demanda Akash une fois que Marlène McKinnon eut quitté leur coin de la salle. T'as l'air prête à lui lancer un incendio. »
Eva arracha son regard de sa dissertation qu'elle ne s'était pas rendu compte être en train de fusiller du regard.
Elle desserra sa prise sur sa plume en réalisant la douleur de ses ongles enfoncés dans la paume de sa main.
« Rien, » répondit Eva en rangeant le parchemin où l'écriture de Sirius et la sienne s'entremêlaient.
Elle n'avait plus envie de lui écrire.
« J'étais juste coincée sur une formule. Et toi, t'as terminé de faire ami-ami avec Olsen ? » demanda-t-elle en cachant à peine son mépris.
Akash s'étala sur sa chaise. Son genou se cogna contre celui d'Eva alors qu'il écartait les jambes. Il laissa échapper une expression moqueuse :
« Désolé d'être populaire contrairement à toi, dit Akash, son sourire s'élargissant face à la moue renfrognée d'Eva. J'y peux rien si tu préfères faire ta fayotte à travailler si attentivement. Tu traînes trop avec Tronsky, bientôt tu prendras un bouquin de Potions comme lecture du soir.
– La ferme Akash. »
Et Eva n'échangea plus le moindre mot ni regard avec Sirius jusqu'à la fin de la séance de tutorat.
Lorsque 19h sonna, elle adressa toutefois un sourire à Sirius avant qu'Akash ne la tire derrière lui pour aller manger tandis que Sirius se retrouvait entouré par James, Remus et Peter qui avaient attendu dans le couloir sa sortie.
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nom du chapitre : Les qualités d'un parfait petit ami
nombre de mots : 11 000
Check list : Eva la soi-disant tricheuse (mais qui est le coupable ?), Amos qui se met dans des embrouilles avec son ancienne et son actuelle amoureuses, Akash qui fait une percée incroyable avec Astrid Matthews (après 28 chapitres, il était temps que la Serdaigle réapparaisse, non ?) et Sirius qui continue de faire beuguer Eva ! Pas facile la vie de collégiens, hein ?
Encore merci pour vos retours ! On se dit au dimanche 25 avril si on atteint de nouveau les 5 reviews ! L'action sera au rendez-vous à cette date-là ;)
