Disclaimer : L'univers de Diablo appartient à Blizzard
Interlude - Première partie
Chapitre 3 : Un nouveau départ
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Bien que je sois parfaitement guérie, je passe les deux premiers jours à dormir. Mon corps a besoin de récupérer du traumatisme. Jarzeth s'est installé à l'autre bout de l'infirmerie pour des raisons évidentes de bienséance et Moiraine reste avec lui la majeure partie de la journée. Ensemble, ils travaillent sur des exercices de médiation étranges qui mêlent arcanes et mouvements de combat. J'ai commencé à m'intéresser à eux à partir du troisième jour quand j'ai commencé à pouvoir rester éveillée plus d'une heure. Le reste du temps, ma sœur se repose dans le lit d'à côté.
Il m'a fallu une semaine pour récupérer un cycle normal de sommeil. C'est à partir de là que les cauchemars ont commencé à refaire surface. Je revis en boucle ces terribles moments vécus dans la prison Horadrique et tout ce qui en a découlé.
- "Tu as encore fait un mauvais rêve." Me chuchote Moiraine lorsque je me réveille en sursaut pour la troisième fois de la nuit.
- "J'en ai marre." Dis-je.
- "Je sais mais c'est normal. Il faut que ton esprit aussi guérisse. Les rêves sont là pour ça." Je soupire.
- "Si seulement, ils pouvaient éviter de me rappeler ces horreurs."
- "Ça viendra. Je pense que ça ira mieux lorsque tu sortiras d'ici. Le fait de rester avec nous ne doit pas arranger les choses. Un retour à la normale te fera le plus grand bien."
Je ne pipe mot, mais il n'y a rien qui me terrifie plus que ça. Au moins près d'eux, je me sens en sécurité. Mais je me souviens de la leçon qu'elle m'a donnée dans l'auberge d'Odgen, après le combat contre le roi Léoric. Je dois me réajuster à la normalité, m'avait-elle dit.
Je ferme les yeux. Déjà les images infernales envahissent mon esprit. Les larmes se mettent à couler toutes seules. Je sers les dents pour étouffer mes sanglots. J'entends les ressorts du lit de Moiraine grincer, puis je sens une main se refermer sur la mienne.
- "Ça va aller. Je suis là." Me murmure ma sœur.
Je garde les yeux obstinément fermés mais je sers sa main en retour. Je ne veux pas retourner avec les autres. Les novices ne comprendront pas. Je serai seule…
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Le lendemain matin, Kashya déboule dans la quarantaine. Moiraine est au fond de la salle avec Jarzeth à exécuter une série de mouvements qui s'apparentent à de la danse. Ils s'interrompent à son arrivée.
- "Annor." Commence-t-elle sur ce ton martial que je lui connais bien. "Tu quittes l'infirmerie demain matin." Je reçois la nouvelle comme un coup de poing en plein estomac, mais je fais bonne figure et reste stoïque. Elle dépose sur mon lit un haut d'armure de cuir flambant neuf. "Ton programme d'entraînement a été adapté. Tu commenceras la journée avec l'entraînement des novices, mais ce n'est que temporaire, le temps pour moi d'évaluer tes capacités. Tu te rendras l'après-midi dans le boudoir d'Akara. Elle a décidé de t'enseigner elle-même."
J'ouvre des yeux ronds de surprise. Moiraine se rapproche de moi. Elle a l'air tout aussi étonnée mais elle semble également ravie.
- "Tu finiras la journée avec moi, par des cours particuliers." Poursuit ma maîtresse d'armes sans ciller. "Tu as compris?"
- "Oui madame."
- "Des questions?" Dit-elle sèchement.
- "Pourquoi?" Je ne peux que demander.
Kashya jette un regard en biais à Jarzeth qui est resté à bonne distance, avant de reporter son attention sur moi.
- "C'est une décision de la Grande Prêtresse. Tu lui demanderas demain."
Elle ne me laisse pas d'autres occasions de poser de question. Elle quitte l'infirmerie de la même manière qu'elle est arrivée. Moiraine s'approche de moi.
- "C'est un immense honneur." Me dit-elle avec un léger sourire.
- "C'est elle qui vous a formée, n'est-ce pas ?"
- "En effet. C'est un entraînement très particulier mais je sais que tu t'en sortiras très bien. Tu as l'étincelle."
- "Mais qu'est-ce que c'est?" Je demande en fronçant les sourcils.
- "C'est un don." Dit Jarzeth en coulant un regard chargé d'admiration en direction de Moiraine.
- "C'est un don et une malédiction." Corrige ma sœur en faisant signe au mage de se taire. "C'est un pouvoir dormant lié à l'héritage des Néphalems." Encore ce mot étrange… "L'entraînement d'Akara te permettra de le découvrir. Il varie pour chaque personne."
- "Mais vous aviez dit que ma Vision Intérieure était ordinaire."
- "Cela n'a rien à voir avec la Vision Intérieure." Elle sourit. "Toutes les sœurs peuvent acquérir cette aptitude. L'étincelle est autre chose. Je ne l'ai pas vue tout de suite. J'ai senti lorsque nous nous sommes rencontrées que tu avais quelque chose de spécial, mais ton étincelle était très discrète. Je n'ai pas compris tout de suite que c'était ça. C'est lorsque tu m'as retrouvée dans la caverne que j'ai réalisé que tu avais éveillé ton potentiel."
Je réfléchis un instant puis me rappelle de l'étrange poésie. Je décide de garder cela pour moi.
- "Comment cela a pu se produire?" Je demande tout de même.
- "Il est possible que ce soit simplement la concentration d'énergie démoniaque qui ait mis à nue ton don latent." Intervient Moiraine. "Quoi qu'il en soit, tu seras entre de très bonnes mains avec Akara."
Sur ces paroles, Jarzeth l'invite à poursuivre leurs exercices. Ils repartent au fond de l'infirmerie, me laissant seule avec mes questions et mes inquiétudes.
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Le lendemain matin, c'est le cœur lourd que je prends congé de mes compagnons. Je rejoins les dortoirs pendant que les autres novices sont parties se restaurer. Je retrouve mon lit, comme je l'avais laissé. Les affaires que Moiraine avait retiré de mon sac de voyage ont été posées près de mon oreiller. Tout est là, intouché. Je prends mon livre d'études et le range distraitement dans ma besace. Je laisse le reste en l'état. Je m'en occuperai à mon retour.
Avant de sortir de la chambre commune, je jette un regard autour de moi. Tout m'a l'air différent. Je soupire, avant de refermer la porte derrière moi.
Dès que sonne la cloche de fin du petit déjeuner, je rejoins la classe d'armes de Kashya et reprends ma place dans les rangs. Je ne me sens pas à ma place. Ce n'est pas comme si je n'avais rien à apprendre. A vrai dire la leçon du jour est plutôt intéressante. J'ai juste l'impression que je ne devrais pas me trouver là. Le fait que mes anciennes camarades me jettent des œillades n'arrange rien. Mais, je ne peux pas leur en vouloir. A leur place aussi je serai curieuse.
Lors des travaux pratiques, je me démarque une nouvelle fois par mes prouesses au tir à l'arc. J'ai même l'impression que je me suis améliorée. Les exercices de combat au corps à corps sont plus difficiles. L'armure neuve me gêne un peu dans mes mouvements. Elle frotte contre ma cicatrice. Rien de bien méchant mais l'inconfort me rappelle sans cesse ce que j'ai vécu et j'ai du mal à me concentrer.
C'est dans les douches, après l'entraînement, que les langues se délient. Quelques filles viennent me voir. Elles me posent beaucoup trop de questions et je me force à répondre en gardant l'air dégagé. Étrangement, dès que je souhaite aborder les sujets les plus sensibles, j'ai du mal à trouver mes mots et je ne fais que leur donner de vagues explications qui les laissent sur leur fin, ce qui amène plus de questions. Ce faisant, même si elles ne le font pas exprès, elle retourne douloureusement le couteau dans la plaie. Je me console en me disant que leur intérêt finira par se tarir et que j'aurai la paix, tôt ou tard.
Alors que je me rhabille dans les vestiaires, l'une d'entre elles reste un peu plus longtemps. Une petite blonde aux yeux bleus d'au moins cinq années mon aînée mais que la nature n'aura pas gratifié d'une grande taille. Maeko, je crois me souvenir. A cause de son petit gabarit, et de sa musculature réticente à se développer, elle a toujours eu beaucoup de mal avec les exercices physiques et semble condamnée à rester parmi les novices. Tout du moins, tant que Kashya ne lui aura pas trouver une aptitude suffisante au combat. Cependant, je sais qu'elle est respectée dans le groupe notamment par ses dons innés pour diagnostiquer les maladies. Il paraît que sa Vision Intérieure est spéciale.
Elle s'approche de moi en souriant. Je prends une grande inspiration, m'attendant une nouvelle avalanche de questions. Surtout connaissant ses aptitudes médicales, je ne doute pas qu'elle voudra connaître les détails de ce qui m'est arrivé. Surprenamment, elle a une toute autre approche.
- "Et bien, c'est un retour en fanfare." Déclare-t-elle, toujours de sa mine joviale. "J'espère qu'on ne t'a pas trop embêtée..."
- "C'est pas grave. Je comprends. J'aurai fait certainement pareil." Dis en enfilant le haut de mon armure.
- "Je suis sûr que non." Je fronce les sourcils. "Tu es discrète et polie. Je pense que tu aurais compris bien avant les autres qu'il ne faut pas insister de la sorte. Je m'excuse pour les filles. D'ailleurs, je les brieferai un peu. Il faut qu'elles te laissent respirer."
- "C'est gentil à toi, surtout qu'avec le programme que m'a concocté Kashya, ça risque d'empirer." Je ris nerveusement.
- "Ah?"
- "J'ai des cours particuliers avec elle et la Grande Prêtresse."
- "Oh!" Elle ouvre des yeux ronds. "Et bah dis donc, on ne se refuse rien." Ajoute-t-elle avec un grand sourire. "Du coup, j'imagine que je ne te vois pas de l'après-midi ?"
- "C'est à peu près ça."
- "Zut! Moi qui pensais que je pourrai faire quelques heures en extra avec toi." Je lui lance un regard étonné. "Je sais qu'on a jamais été grandes copines, mais on se ressemblait un peu avant ta mission. J'veux dire, on était un peu bloquée dans un domaine. Moi j'étais une crevette qui se faisait rouler de dessus en combat et toi tu n'arrivais pas à déployer ta Vision Intérieure. Alors, je me fais toujours rouler dessus, mais clairement, tu es capable d'utiliser ta Vision et je dois dire que tu m'as impressionnée à l'arc tout à l'heure. Tu étais très bonne avant mais, en seulement deux semaines avec Moiraine, tu es devenue excellente. Alors, c'est peut-être un peu égoïste de ma part, mais j'espérais un petit coup de pouce. J'veux dire, ça devient presque ridicule qu'à mon âge, je sois toujours obligée de suivre les cours des novices."
- "Je vois, alors ta proposition était intéressée." Je réplique avec un petit rire sec.
- "Oui… enfin non!" Elle est embarrassée. "J'aurais parlé aux filles de toute façon."
- "Vraiment?" Dis-je en faisant la moue, tout en fixant les attaches du bas de mon armure.
- "Bon, j'avoue que présenté comme ça, je n'ai pas l'air sincère." Elle baisse la tête.
- "Écoute, je veux bien te laisser le bénéfice du doute. Et si tu es vraiment motivée, je verrai ce que je peux faire pour toi. Pour l'instant, j'ignore à quelle sauce je vais être mangée. Il se peut que je sois rincée à la fin de la journée. Alors, faire des extras, c'est pas dans mes priorités." Maeko me sourit.
- "Dans tous les cas, on se voit ce soir au réfectoire, et au pire, à demain matin." Dit-elle en me gratifiant d'un clin d'œil.
Elle quitte les vestiaires au pas de course. Je ne sais trop que penser de sa proposition. Je n'ai jamais réussi à me faire de vraies amies au monastère. Je ne suis l'ennemie de personne non plus, même si je sais que certaines novices m'envient mes aptitudes à l'arc. Le problème est que Maeko a pour habitude de traîner avec des filles plus âgées. Ce qui est normal, mais je doute qu'elle se satisfasse très longtemps de passer du temps en ma compagnie. Je suis intriguée par ce rapprochement possible.
Il y aura un double chapitre ce week-end, car le prochain est très court.
