Bonjour tout le monde !

On arrive sur un chapitre qui fait beaucoup de bien après tout ce qui s'est passé avant... et j'ai A-DO-RE l'écrire ! J'espère qu'il vous plaira !

Bonne lecture ~


Chapitre 28 : Plus que ma propre vie

Ce sont les chants des oiseaux du matin qui me réveillent. J'ai le sourire aux lèvres. Je sens le soleil chauffer la peau de mon visage et de mes épaules et je soupire de bonheur. Ça fait longtemps que je ne me suis pas sentie aussi bien. Ça fait longtemps que je n'ai pas aussi bien dormi.

Aujourd'hui je me sens reposée, pour la première fois depuis des semaines.

Et tout ça, je le dois à ce jeune homme qui dort encore, la tête posée sur mon épaule, les bras entourant mon ventre. Il me tient chaud, encore plus que le soleil qui me fait frissonner de bien-être, et il est lourd sur mon corps, mais je ne bougerais pour rien au monde.

J'ouvre enfin les yeux. Rien n'a changé. Sa chambre est la même, toujours très propre et rangée, toujours très cosy avec sa décoration bohème et les tons chauds des tissus éparses qui habillent les murs. À l'extérieur, tout est similaire aussi. Le soleil est l'un des derniers que nous aurons de la saison avant que le temps gris ne s'installe pour de bon et j'en profite. Mais à part ce rare beau temps, tout reste le même, les forêts épaisses et mouillées, la plage grise, les petites maisons de bois construites par leurs habitants...

Pourtant, j'ai l'impression de tout voir d'un jour nouveau : tout me paraît plus beau, plus lumineux. Mais je sais que la vraie différence est en moi. Pour la première fois depuis des semaines, je me sens sincèrement heureuse. Je n'ai pas envie de m'évader ou de me distraire de mes pensées. Je n'ai pas envie de m'écarter des gens, mais au contraire, de passer toute la journée avec mon loup et nos amis. C'est ma vision qui a complètement changé.

J'ai l'impression de me retrouver.

J'ai bien conscience qu'il y a encore du chemin à faire pour aller complètement mieux, et que les cauchemars reviendront toujours, mais je suis certaine qu'à partir d'aujourd'hui, les choses iront mieux, les mauvais rêves ne seront pas réguliers, et je serai capable de vaincre toutes mes peurs. J'en suis certaine.

Je passe les mains sur le corps de Zéèv, caressant sa peau dorée, si soyeuse. J'embrasse ses cheveux éparpillés qui couvrent son visage. Depuis que je l'ai rencontré, il ne les a pas coupé, et ils commencent à rivaliser les miens. Je trouve ça magnifique sur lui. Je masse son crâne et décide de me rendormir. Ni lui ni moi n'avons à nous lever ce matin, alors autant en profiter.

- Tiens, mon cœur, dit Zéèv en posant l'assiette devant moi.

Il s'est réveillé avec un sourire aussi large que le mien tout à l'heure, et s'est mis en tête de nous faire des pancakes comme petit-déjeuner. Ou déjeuner, tout court, vu l'heure.

Il a submergé les miens de sirop d'érable et j'en ai l'eau à la bouche. Je l'embrasse sur la joue pour le remercier. Il s'assied en face de moi et avise son assiette remplie à ras bord de pancakes et de morceaux de fruits. Je n'ai aucune idée de comment est-ce qu'il espère manger tout ça. Heureusement que les loups ne peuvent pas tomber malade.

- Bon appétit !

Nous parlons de tout et de rien pendant un moment, le temps de déguster nos délicieux pancakes. Puis, alors que Zéèv se détend sur sa chaise et souffle en massant son ventre repu, il me considère avec un regard un peu plus sérieux.

Je lève un sourcil pour l'inviter à dire ce qu'il a à dire. Ça va encore être ma fête.

- Comment tu te sens, aujourd'hui ? demande-t-il finalement. Tu as l'air en meilleure forme…

Je hoche la tête avec un sourire. Si ce n'est que ça !

- Bien mieux. Je n'ai pas aussi bien dormi depuis des lustres ! Je me sens vraiment reposée… et je crois que ça m'a fait du bien de parler hier, j'ajoute, un peu moins sûre de moi.

Zéèv sourit.

- Je crois aussi. Autant pour toi que pour moi. C'était nécessaire.

- Oui, j'acquiesce. Je suis désolée… pour tout. Je ne sais même plus pourquoi je m'excuse. Tout ce que je sais, c'est que je ne t'ai pas du tout aidé ces dernières semaines, et je…

- Arrête, me coupe-t-il.

Il contourne la table et s'accroupit à mes côtés, prenant mes mains dans les siennes.

- On s'est tous les deux excusés hier, non ?

Je hoche la tête, sachant très bien où il veut en venir.

- Et pourtant, ni l'un ni l'autre n'avait besoin de se faire pardonner. Alors, je t'en prie, arrête de t'excuser.

Je lui lance un sourire en coin, un peu incertaine. Je me sens tout de même coupable de cette situation, bien que j'aie conscience d'en être la victime. Mais je suis véritablement désolée que Zéèv ait dû être un dégât collatéral. Ce n'est pas juste pour lui. Ni pour moi, mais là n'est pas la question.

Ce qui me fait sourire, c'est que je sais qu'il ressent la même chose pour moi. Nous ne sommes pas imprégnés pour rien.

Il se relève et en gardant mes mains dans les siennes, il revient s'asseoir à sa place en face de moi. Son expression reste sérieuse mais ouverte, et j'attends ce qu'il s'apprête à me dire.

- Je veux que tu saches, Louve… tu peux tout me dire. Vraiment tout, même si tu as peur de me blesser ou que je le prenne mal, je te promets que je ferai toujours l'effort d'être compréhensif et de réagir au mieux. Je veux que tu n'aies jamais peur de me parler, peu importe le sujet… je ne sais pas comment te convaincre de me faire confiance, je veux juste que tu saches à quel point c'est important pour moi. Tu es tout pour moi Louve, et je veux être présent pour toi, à n'importe quel sujet.

Je souris. Plus il parle, plus son ton monte et il devient passionné dans ce qu'il dit. Il est intense, ce loup ! Enfin, ce n'est pas une grande découverte, mais ça me fait toujours sourire. J'apprécie beaucoup, surtout quand cette passion est dirigée vers moi.

Je sais que ça lui importe beaucoup, cette confiance respective entre nous deux, et j'ai conscience que ça a été compliqué pour lui ces dernières semaines lorsque je me suis renfermée. Je sais à quel point ça compte pour lui.

Honnêtement, c'est très important pour moi aussi, je veux être la première personne à qui il pense pouvoir se confier, je veux être non seulement sa petite amie, mais aussi sa meilleure amie, sa confidente, sa complice. Nous sommes ensemble pour le meilleur et pour le pire et il est temps que j'agisse comme tel. Ce cauchemar que m'a infligé Vincente a vraiment creusé un écart entre lui et moi, et aujourd'hui je regrette de l'avoir laissé faire aussi facilement.

Mais je ne crois pas que j'aurais été capable de faire autrement. Ça m'a complètement arraché le cœur de ma poitrine et il m'a fallu du temps pour cicatriser. Seulement aujourd'hui je sais que Zéèv est là pour moi, pour m'accompagner et m'aider dans ma convalescence et toutes les répercussions que cela aura sur moi dans le futur. Je ne suis pas sortie de l'auberge, mais je suis sur le seuil, Zéèv à mes côtés.

Je lui souris et me penche pour embrasser ses mains.

- J'en ai conscience, maintenant. Tu es tout pour moi aussi, et j'espère que tu sais que je veux la même chose que toi, Zéèv. J'ai toute confiance en toi, n'en doute pas. Ça a juste été compliqué de distinguer le rêve du réel dernièrement. Mais ça va mieux, grâce à toi.

Il sourit, un fantôme de tristesse sur le visage.

- Je t'assure ! Et je sais que tu seras là pour toutes les prochaines étapes, et que j'irai mieux avec toi à mes côtés. On fera face à tout ce qui arrive ensemble.

Cette fois-ci, il a l'air un peu plus convaincu par mes mots. Je souris, soulagée. Il hoche la tête, et je sens soudainement l'émotion le gagner. Il baisse la tête jusqu'à poser son front sur nos mains jointes et je ne tarde pas à sentir des larmes couler sur ma peau.

- Zéèv ! je m'exclame.

Je me lève pour le prendre dans mes bras mais il secoue la tête, sans se relever.

- C'est juste que…

Sa voix se brise dans un sanglot qu'il essaie de contrôler, en vain.

- J'ai vraiment cru t'avoir perdue.

Ses épaules sont secouées par sa respiration compliquée. Il embrasse mes mains dans un baiser mouillé.

- Oh, Zéèv… je murmure.

Je sens une boule prendre forme dans ma gorge et je retiens mes larmes à mon tour. Il ne contrôle plus du tout les émotions qu'il m'envoie via notre lien, et je reçois sa peine, sa peur, sa tristesse, sa culpabilité en plein cœur. Je me mords les lèvres, en tentant de garder pied dans ce tourbillon.

Je prends une grande inspiration et me force à me lever pour le prendre dans mes bras. Il se relève en me sentant à ses côtés et je m'assieds sur ses genoux, l'entoure de mes bras et pose mon menton sur sa tête alors qu'il se niche dans mon cou.

Nous restons ainsi longtemps, le temps de nous calmer respectivement. Je n'arrête pas de lui murmurer des mots doux.

- Je t'aime, Zéèv. À la folie. N'en doute pas. Tu ne m'as pas perdue, je suis là… je serai toujours là.

Ses bras n'ont de cesse de se resserrer autour de mon corps, et il embrasse toute la peau qu'il peut atteindre : mon cou, ma nuque, mes clavicules, ma mâchoire.

- Je t'aime, ma Louve, je t'aime.

- Je crois que tu devrais appeler ta famille.

Zéèv et moi sommes tranquillement allongés sur la plage, somnolant au soleil. Ça fait un moment que nous ne parlons pas, profitant juste des caresses de l'autre et de la chaleur du soleil. Du coup, je suis surprise lorsqu'il prend soudain la parole.

- Pardon ?

Ma voix n'est qu'un croassement pas très sexy. On dirait que je me réveille à peine.

- Oui, ça fait un moment que j'y réfléchis. Tu ne leur as pas parlé depuis longtemps, et je sais à quel point ils sont importants pour toi. Je pense que ça te ferait du bien.

- Et… ?

Je sais qu'il y a autre chose. Certes, tout ce qu'il vient de dire est véridique, mais il n'empêche que j'ai la sensation que son conseil est motivé par autre chose.

Il soupire.

- Et j'ai entendu ce qu'Edward t'a proposé.

… oh. Moi qui pensais qu'il était complètement absorbé par son cours, ce jour-là. Il m'a bien bernée.

- Tu veux que j'en parle à ma famille ?

- Je sais que tu ne sais pas trop quoi en penser, et autant je suis là pour toi si tu veux m'en parler, autant je ne suis pas forcément très objectif. J'ai peur de ne pas pouvoir te conseiller de la meilleure des façons… j'ai trop envie que tu restes avec moi. Mais je ne peux pas te demander de choisir.

Et pourtant, même s'il ne me le demande pas, nous savons tous les deux que ce n'est pas une option. Pour rester en vie, nous devons rester ensemble. C'est ainsi.

- Tu crois que ma famille est plus objective que toi ? je plaisante.

Il hausse les épaules.

- Je pense que oui. S'ils sont capables de te laisser partir loin d'eux pendant un an, alors certainement. Je n'en serais jamais capable, rit-il.

- Ça se tient, je rigole. Okay, c'est une bonne idée, je vais les appeler.

Je jette un œil à l'heure et me lève. Il est prêt de vingt-et-une heures à Dijon, c'est probablement mieux de les appeler dès maintenant. J'appelle sur le numéro de la maison de Tonton Fanta et attends que quelqu'un décroche.

- Allô ?

C'est mon frère, Atlas.

- Salut, frangin !

- Louve ! Ça fait longtemps !

Je sens son sourire dans sa voix et ça me fait chaud au cœur.

- Oui, désolée de ne pas avoir été très présente… j'ai pas mal bougé ici.

- On s'en doute ! Il faut que tu nous envoies des photos, d'ailleurs, on n'a quasiment rien eu depuis que tu es arrivée. Les petits demandent tout le temps des nouvelles de ta part.

Aïe. Okay, message reçu. J'ai manqué à mon petit frère et il m'en veut.

- Promis, je vous envoie des photos dès aujourd'hui ! D'ailleurs… At, est-ce que les petits sont encore debout ?

- Oui, ils sont en train de finir de regarder un truc à la télé. Pourquoi ?

- Tu pourrais demander à tout le monde de venir ? J'ai besoin de vous parler de quelque chose, et je voudrais savoir ce que vous en pensez, tous.

Il y a un silence de quelques secondes et je crois qu'Atlas est parti chercher tout le monde, mais il reprend la parole :

- Tu vas bien ?

- Oui, At, je vais bien.

Je me force à sourire pour qu'il le sente dans ma voix. Je suis là pour leur parler d'une opportunité, pas de mes malheurs surnaturels.

Cette fois-ci, j'entends des bruits de frottement et de pas, et la voix lointaine de mon frère qui appelle les petits. Puis, il va chercher mon oncle. Au bout de quelques minutes, le silence se fait de nouveau, avant qu'Atlas ne reprenne :

- C'est bon Louve, je t'ai mise en haut-parleur. Tout le monde est là.

D'un coup, c'est un tonnerre de « Coucou Louve ! », « Bonjour Loulou ! », « Salut ma louloute ! » qui m'accueille. Mon cœur se serre et je retiens les larmes qui me montent aux yeux. Qu'est-ce qu'ils m'ont manqué.

- Salut tout le monde ! Vous allez bien ?

- Tu rentres quand ?

C'est Ombeline. Je sais que je lui manque particulièrement. Je soupire.

- Pas tout de suite, Ombe. Je suis partie pour un an, tu te rappelles ?

- Oui, oui, marmonne-t-elle. J'aurais essayé.

Je la vois très bien rouler des yeux. Je souris.

- En fait, si je voulais tous vous parler, c'est parce que… certaines choses ont changé. J'ai eu… une opportunité. Je voudrais savoir ce que vous en pensez. Je n'accepterai pas si vous ne voulez pas.

- De quoi s'agit-il, louloute ? Une opportunité pour un travail ?

Je hoche la tête, puis me rappelle qu'ils ne peuvent pas me voir.

- Euh, on peut mettre la visio ? je propose.

J'appuie sur le bouton, et attends que la connexion se fasse. En attendant, je jette un œil à Zéèv qui m'observe de loin. En captant mon regard, il me sourit.

- Louve ! T'as changé !

L'exclamation d'Ephrem me surprend et je leur rend mon attention. Toute ma petite famille est là, entourant le téléphone, et c'est un vrai bonheur de les voir. Eux n'ont pas beaucoup changé, ils sont fidèles à eux-même : Ephrem, encore jeune et candide, Ombeline, qui grandit pour être une jeune femme très sarcastique mais qui renferme un cœur énorme, Atlas qui s'habille toujours comme un jeune des cités pour cacher son génie, et Tonton Fanta, son éternel sourire aux lèvres.

Mon cœur se réchauffe à leur vue.

- N'importe quoi, elle est pareille, rétorque Ombeline.

- Non, c'est vrai, dit mon oncle. Tu as changé, Louve, tu parais plus… heureuse. Plus épanouie.

Je me sens rougir et évite de regarder dans la direction de Zéèv.

- Je le suis.

Tonton Fanta ouvre de grands yeux et s'apprête à dire quelque chose, avant de jeter un œil aux plus jeunes et se retient. Il m'envoie un clin d'œil. Il a deviné que… ? Impossible. Il doit juste penser à une amourette, non ?

- Alors, de quoi voulais-tu nous parler ?

- En fait… bon, pour vous la faire courte, on m'a offert une entrevue avec le patron d'un label de musique, à Seattle. Ce serait pour travailler là-bas, en tant que compositrice. Pour des artistes, des chanteurs.

J'ai l'impression de m'emmêler les pinceaux dans mon explication et me tais.

Il se regardent tous, étonnés.

- Et je voulais vous en parler parce que… eh bien, vous savez que j'adore la musique et j'ai toujours voulu en faire mon métier. Mais je n'aurais jamais pensé faire ça aux États-Unis et le deal c'était de faire un an de road trip ici pour ensuite rentrer faire des études, et ce job, ça voudrait dire ne pas faire d'études… ou en tous cas pas tout de suite…

- Louve, me coupe Tonton Fanta. Est-ce que tu en as envie ?

- Oui, je dis la voix décidée. Mais rien n'est encore fait, peut-être que je louperai l'entretien, je n'en sas rien… mais j'aimerais beaucoup l'avoir, c'est une chance incroyable.

Il hoche la tête, le regard calculateur.

- Ça veut dire que tu ne rentreras pas ? demande Ephrem.

- Eh bien, je rentrerai, mais pas définitivement. Je vivrai aux États-Unis mais je vous rendrai visite autant que je peux. Et si j'obtiens le job, je viendrai probablement vous voir dans pas longtemps.

- Tu promets que tu reviendras ?

Ses grands yeux ont l'air tout triste. Je m'empresse de lui répondre.

- Bien sûr ! Et vous pourrez venir aussi, vous me rendrez visite à Seattle. Vous adorerez cette ville !

Il sourit, soudain tout content.

- Trop bien ! On prendra l'avion, alors ?

- Attends, mais, tu vas faire comment, toi ? Tu vas vivre où ? Tu es partie sans rien, ajoute ma sœur.

- C'est vrai, mais je pourrai dormir chez des amis au début, et je suis sûre que le label m'aidera à trouver un appartement. Et du coup, si jamais ils m'embauchent, je reviendrai bientôt vous rendre visite et je reviendrai à Seattle avec plus d'affaires. C'est pas vraiment un problème.

- Moi ça me va, si on peut avoir une excuse pour voyager aux States, rigole-t-elle.

Je souris, soulagée. A priori, j'ai la bénédiction de deux sur quatre.

- Louve, dit Atlas.

Je le regarde. Il a l'air très mitigé.

- Tu en as vraiment envie ?

- Oui. Mais le fait que je sois loin de vous ne veut pas dire que je ne serai plus là pour vous. Vous pouvez m'appeler quand vous voulez, et moi je vous appellerai à la maison régulièrement. Je promets que je ne vous laisse pas tomber.

- Et maman ?

J'ouvre la bouche, la referme. Je n'ai pas grand-chose à dire à ça.

- Je ne sais pas, At. Je lui rendrai visite quand je viendrai vous voir. Mais je ne peux pas faire grand-chose pour elle, de toute façon. Et après tout, c'était elle qui m'encourageait à voyager, avant…

Il hoche la tête, puis la baisse. Enfin, il reprend :

- Tu es amoureuse ?

Sa question me choque au plus haut point. Je suis si transparente que ça ?

- Euh…

Je jette un coup d'œil à Zéèv, qui me fixe toujours. Il hausse un sourcil en voyant mon malaise.

- Allez, balance. On n'est pas aveugle, tu sais.

Atlas a l'air énervé.

- Très bien. Oui, je suis amoureuse. Vous voulez le rencontrer ?

Il ouvre de grands yeux et sa colère m'éclate au visage.

- At, sache que ça ne change absolument rien. Ce travail est une opportunité extraordinaire. Je l'aurais voulu, amoureuse ou pas. Mais c'est vrai que ça me donne une raison de plus de le considérer sérieusement, et c'est pour ça que je voulais vous en parler.

- Louve est amoureuse, Louve est amoureuse ! chante Ephrem.

- Il est là ? Louve, il est là ? Vas-y, je veux le voir ! s'exclame Ombeline.

- Louloute, s'il est là, ce serait bien qu'on le rencontre, dit mon oncle en ouvrant la bouche pour la première fois depuis le début de la conversation.

Je hoche la tête puis me tourne vers mon loup. Il me questionne de son regard.

- Ils veulent te rencontrer, je lui dis.

Soudain, il est sur ses pieds en un clin d'œil, les yeux énormes et la bouche ouverte.

- Quoi ? Mais je ne suis pas prêt !

- Ne t'en fais pas, ils ne mordent pas, je plaisante.

Sur ce, je lui flanque mon téléphone en face, pour nous montrer tous les deux côte à côte. Je vois immédiatement ma sœur baver. Toute ma famille ouvre de grands yeux écarquillés. C'est vrai que Zéèv est impressionnant, physiquement. J'ai tendance à l'oublier, tant tout le monde lui ressemble ici. C'est probablement la réaction que j'ai eue lorsque je l'ai rencontré aussi.

- Bonjour, je suis Zéèv. Je suis ravi de vous rencontrer.

Son élocution me dit qu'il est nerveux, le pauvre. Je lui prends la main et la serre.

- Euh, enchanté, Zé… Zév ? dit mon oncle avec un accent français à couper au couteau.

- Zéèv, monsieur. Enchanté aussi.

- C'est un nom original…

- Tonton ! je m'exclame.

- Non, il a raison, dit Zéèv un sourire aux lèvres. C'est original. Tout comme Louve, Atlas, Ombeline ou Ephrem, si je ne m'abuse.

Mon oncle ouvre la bouche sans que rien ne sorte. Puis, il laisse échapper un rire.

- Pas faux, bien joué, mon garçon. Alors, comment vous êtes-vous rencontrés, tous les deux ?

- Louve s'était… arrêtée dans ma ville natale. Nous nous sommes croisés dans un café et je ne l'ai plus lâchée depuis.

Je le remercie intérieurement d'avoir omis l'accident de voiture.

- Et que fais-tu dans la vie ?

- Tonton ! Sérieusement, c'est pas l'inquisition espagnole !

- J'ai le droit de savoir qui motive ma nièce à rester à l'autre bout du monde, quand même, non ?

- Je vous l'ai déjà dit, j'aurais pris ce job, que Zéèv soit là ou non.

- Oui, oui… alors, Zéèv ?

- Je suis étudiant, monsieur. A l'université de Seattle, dans la filière philosophie. Je voudrais devenir professeur.

- Et quel âge as-tu ?

- Vingt ans, monsieur.

Il est si poli avec mon oncle que je dois me retenir de rire. Toute cette histoire est un sketch.

- Et quelles intentions as-tu envers ma chère nièce ?

- La rendre heureuse, monsieur. C'est tout ce qui m'importe.

Ça a le mérite de clouer le bec de mon oncle et toute ma famille, d'ailleurs. Je me retourne vers lui, le cœur plein d'émotions. Il me sourit amoureusement et je fonds sur place. Qu'ai-je fait pour le mériter, déjà ?

- Eh bien… euh… c'est certainement… bien, bien répondu, bégaie Tonton Fanta. Les enfants, des questions ?

Oh non.

- Oui ! Pourquoi t'es aussi grand ? T'as des super-pouvoirs ? demande Ephrem.

Face palm mental. Mon oncle traduit pour Zéèv.

- Oui, je suis un loup-garou et je suis aussi fort que Superman, dit Zéèv en rigolant.

Oh mon dieu, il n'a pas dit ça !

- Je le savais ! s'exclame Ephrem.

- A moi, à moi ! Tu as un frère ? s'écrie Ombeline avec un anglais très brinque-balant.

Faites que je meure sur place.

- Non, je suis enfant unique, désolé.

- Oh… pas grave. Louve, tu partages ? reprend-elle en français.

- Ombe ! je m'insurge.

- Je plaisante, je plaisante.

- Tu aimes ma sœur ?

La voix grave et posé d'Atlas nous fait tous redevenir sérieux. Zéèv me couve de son regard doux puis lui répond :

- Plus que ma propre vie.


Alors, alors ? Ils sont pas trop mims, tous ensemble ? *je fonds*

Après ce chapitre, il ne nous reste que deux et on aura fini... j'hésite entre être super contente et super triste.

A la semaine prochaine ~