Bonjour tout le monde ! Me revoilà avec un nouveau chapitre, qui traite de la septième année de Mary. Excusez-moi pour le long délai d'attente, mais j'ai eu quelques petits soucis personnels. En plus de ça, c'est un chapitre qui a été difficile à écrire, vous comprendrez pourquoi en le lisant. Et pour me faire pardonner de mon retard, c'est aussi le chapitre le plus long jusqu'à maintenant !

Bonne lecture !


Malheureusement pour nous, les vacances étaient passées trop vite, et cette année, personne n'était ravi de rentrer à Poudlard. Ella nous écrivit quelques jours avant la rentrée, pour nous annoncer qu'elle serait absente de Poudlard. Etant née-moldue, elle n'avait plus le droit de fréquenter l'école, depuis que le Ministère était tombé. Ce fut également le sort de Dean Thomas, et de tant d'autres élèves de l'école, comme nous l'apprîmes en revenant à Poudlard. Rogue était devenu directeur, et deux Mangemorts, les Carrow, firent régner la terreur dans l'école toute l'année. Ce fut lors de cette année que la guerre commença vraiment : une guerre interne entre les membres de l'AD, reformée par Ginny, Luna et Neville, contre les Mangemorts qui dirigeaient notre école, et une guerre externe plus acharnée, entre les partisans de Vous-Savez-Qui et ses opposants. Accompagnée par Ginny et Amber, je menais moi aussi une forme de résistance quelque peu passive, mais acharnée, contre les Carrow. Ceux-ci nous forçaient à pratiquer les impardonnables contre des premières années, et ceux qui refusaient se voyaient eux-mêmes soumis à des punitions extrêmement sévères. Comme Seamus, au visage tuméfié, comme Neville, qui avait été soumis à un sortilège Doloris, je fis partie des élèves qui refusèrent de pratiquer ces sorts. Mon esprit de rébellion était trop puissant, je refusais de coopérer. Je me fis la promesse d'aider Ginny à la moindre occasion, à chaque action de dissidence. Amber était à nos côtés, et nous savions que nous pouvions compter les unes sur les autres. D'autant qu'après la disparition de Luna, dont les raisons nous furent expliquées plus tard, nous avions besoin plus que tout de soutenir Ginny, qui venait de perdre une de ses plus proches amies. Nous essayions de continuer à faire des petites fêtes dans notre salle commune, mais le cœur n'y était pas. Nous avions dix-sept ou dix-huit ans, et nous avions déjà commencé à nous battre. Ce n'était plus un simple jeu, et même les blagues de Seamus ne nous remontaient pas le moral. Je continuai cependant de jouer au Quiddich avec Ginny, pour deux raisons. La première raison était qu'il fallait continuer d'entretenir nos corps pour être prêt à nous battre le moment venu. Ensuite, depuis que nous avions instauré ce rituel du Quiddich, nous avions tacitement décidé que rien ne pourrait nous empêcher de rester, au moins de temps en temps, heureuses. Je crois que nous refusions de donner aux Carrow le plaisir de voir qu'ils nous avaient détruits. C'est dans cet esprit là que l'AD s'était naturellement reformée. Je me souviens de Ginny, Ella, Seamus, Ernie, Padma, Justin, Hannah, Neville et tant d'autres élèves de mon année, et des années inférieures. Nous étions tous animés par le même esprit de contestation des pratiques Mangemorts, de leur politique raciale, de leur violence, de leur haine envers Harry Potter, que nous avions fait le serment de protéger coûte que coûte. Quand nous nous rendirent compte qu'Hermione, Harry et Ron ne reviendraient pas, nous avions pris les choses en main. Nous faisions régner l'indiscipline et la désobéissance.

Si le gouvernement était tombé, nous savions vaguement qu'une autre organisation, l'Ordre du Phénix, menait la résistance, une vraie résistance cette fois, qui tuait et ne se contentaient pas de désobéir. Nous-mêmes menions la résistance, il est vrai, mais ce n'était qu'une dissidence d'élèves qui ne pouvait pas faire le poids contre Voldemort. Je n'ai plus peur de l'écrire maintenant. Nous entendîmes parler d'une radio indépendante et insoumise, la radio Potterveille, dirigée par un ancien élève de Poudlard, Lee Jordan, qui avait pour but de renseigner la résistance. La Gazette du sorcier ne nous était en effet d'aucune utilité, depuis que le Ministère de la Magie était tombé aux mains de Voldemort. Neville réunit un jour l'AD pour nous faire part d'un des projets de Lee : tenir les sorciers au courant de ce qu'il se passait à l'intérieur de Poudlard. Un des membres de l'AD devait s'en charger. Je rêvais d'être journaliste depuis toute petite, et je cherchais par tous les moyens, une manière de m'engager encore plus. Je n'osais cependant pas me proposer, mais Amber s'en chargea gentiment pour moi. Son allégation fut acceptée à l'unanimité, pour ma plus grande joie. J'étais maintenant officiellement le relais de Poudlard dans le monde sorcier et préparai tous les jours des comptes rendus à remettre à Lee Jordan. Je pris même la parole quelques fois, quand les évènements devenaient trop sérieux. J'eus notamment la lourde tâche d'apprendre à la communauté magique un tragique accident, la mort d'un petit deuxième année, que tout le monde appréciait, qui avait succombé aux blessures d'un Doloris. Nous nous fîmes un devoir d'honorer sa mémoire.

Au milieu de tout cela, les joies et les peines adolescentes persistaient. Je tombai vite amoureuse d'un membre de l'AD, Thomas Miller, qui avait la particularité d'être Serpentard, à un endroit où ils se faisaient très rares. Je crois qu'il m'appréciait assez, et me donnait régulièrement un coup de main pour rédiger ce que je devais rendre à Lee. D'une certaine façon, je crois qu'il me plaisait parce qu'il ressemblait à Nott. Il est vrai qu'ils étaient Serpentards tous les deux, mais la similitude ne s'arrêtait pas là. J'ai maintenant du mal à cerner, avec du recul, ce qui les rendaient si proches. Je crois que cela était dû aux immenses yeux bleus qu'ils partageaient, et qui semblaient renfermer un secret, comme le bleu d'un océan dans lequel on perdrait pied. Ce que je ne su que plus tard, après avoir revu Nott, ces yeux renfermaient aussi le même sentiment d'inadéquation et de pudeur candide.

Thomas quant à lui ne savait plus où donner de la tête. Amber lui faisait elle aussi des avances, et il était compliqué pour lui de faire un choix. J'en parlai avec elle à tête reposée, lui demandant ce qu'elle en pensait. « Ne t'en fais pas Mary, ce n'est qu'un flirt entre nous. Mais la plupart du temps, c'est de toi qu'il parle quand il est avec moi. Il veut en savoir toujours plus sur toi ». Avec la bénédiction de mon amie, je devins plus intime avec Thomas. En apprenant à le connaitre, je me surpris à le comparer régulièrement avec Theodore. C'était particulièrement dérangeant, dans la mesure où, si je voulais engager une relation amoureuse avec Thomas, je ne voulais absolument pas transférer sur lui l'affection que j'avais pour Nott. Mais là où Théo était timide et réservé, Thomas Miller était au contraire plein de gaité, enjoué, solaire. Thomas n'avait pas de secrets, rien à cacher, et surtout aucun rapport avec les Mangemorts. Il avait cependant une nette tendance à l'agressivité, et un esprit de compétiteur. Un vrai Serpentard, à la manière de ceux que je détestais. Mais comme un tournesol face à la lumière, je ne pouvais que me tourner vers l'homme tendre et chaleureux que je découvris. Nous restâmes ensemble même pendant la bataille finale.

En ce qui concernait Blaise, il s'était trouvé en la personne de Thomas un ami. Je me doutais que la ressemblance entre Nott et Miller ne lui avait pas échappé. Si les deux amis ne se complétaient absolument pas, ils se ressemblaient, tout d'abord parce qu'ils étaient tous deux charmants physiquement, et ensuite parce qu'ils irradiaient de ces deux personnages la même fougue, le même élan et le même enthousiasme. En faisant le deuil d'Opale, j'avais cherché une amie avec qui je pourrais m'apparenter. Blaise en avait fait apparemment de même, si bien que je le voyais très souvent. Dans nos conversations, les noms de nos anciens amis étaient tabous, et nous tâchions d'oublier que Blaise ne faisait pas partie de l'AD. Il n'avait choisi aucun camp, ni le nôtre, ni celui des Carrow, et cela semblait tout à fait lui convenir.

Il est vrai que Blaise semblait plus attiré par son apparence et par les femmes qu'à tout autre chose. Sa relation avec la Greengrass était houleuse et sans engagements apparents, puisqu'il avait cette fois jeté son dévolu sur mon amie Amber. Cela ne manquait pas de me gêner, parce que le caillou d'Opale semblait rayonner de colère à chaque fois qu'ils flirtaient ensemble. Mais Amber, malgré ses grands airs, était beaucoup plus timide qu'il n'y paraissait. J'avais longtemps cherché pourquoi elle m'avait d'abord paru très impressionnante au premier abord. Il se dégageait d'elle une aura mystérieuse qui suffisait à effrayer les jeunes filles et à attirer les hommes dès qu'elle tournait ses grands yeux noirs vers eux. Elle parlait peu, mais bien, et chacune de ses remarques étaient pertinentes. Je l'appréciais pour sa délicatesse et son charisme, mais percevait de plus en plus chez elle une forme de pudeur qui venait d'on ne sait où. Cela avait charmé Blaise. Elle était la lune, et il était son soleil. Il me suffisait de retirer la main de ma poche face aux protestations d'Opale.

Ces différentes intrigues pourraient sembler bien puérile pendant cette période de guerre. En écrivant tout ce qui se tramait dans l'ombre de nos actes de résistance, je ne pouvais que ressentir une certaine gêne en repensant aux drames à venir. Mais je pensais alors que nous n'étions, à cette époque-là, que des adolescents, qui ne demandaient qu'à vivre une vie normale de jeunes gens amoureux. Et je pensais tout à coup que ces histoires d'amour puériles étaient en elles-mêmes un acte de résistance. Nous protestions en demandant le droit à une jeunesse simple, où les drames amoureux seraient la seule peine, sans être entourés par une guerre environnante. De plus, ces amourettes et ces badinages ne furent pas sans conséquence sur la dissidence que nous menions. Si Blaise était exclu du groupe, il nous vient en aide plusieurs fois lors de petites attaques de Serpentard. Thomas m'aidait dans mon travail et me soutenait moralement : mes crises d'angoisse s'étaient calmées depuis que nous étions ensemble. Nous aidions Ginny à attendre Harry, nous calmions ses crises de larme, nous la rassurions. Les liens amoureux vinrent soutenir les liens d'amitié.

Ella parvenait on ne sait trop comment à nous adresser des missives. Elle nous expliqua qu'elle écoutait régulièrement Potterveille, en me félicita au passage pour mon travail. Elle aussi participait à sa manière à la résistance. La radio lui fournissait une aide considérable, puisque chaque bulletin précisait comment garantir au mieux la sécurité des moldus. Voldemort ne faisait rien dans la dentelle, et une attaque avait eu lieu près de chez elle. Ella avait lancé des sorts de protection pour aider les moldus, secrètement, comme le préconisait Potterveille.

Vinrent les vacances de Pâques, et Ginny nous annonça avec une grande tristesse, qu'elle ne reviendrait pas à Poudlard finir l'année scolaire. Ses parents étaient activement entrés dans la Résistance, la grande, il était trop dangereux pour elle de revenir à l'école. Ce fut pour moi un choc énorme. Je venais de perdre une nouvelle fois mon amie la plus chère. Les crises d'angoisse recommencèrent, et Thomas ne pouvait plus rien faire pour les calmer. Fort heureusement, contrairement à Opale, Ginny pouvait toujours m'écrire et elle s'acquittait de cette tâche tous les jours. Ses lettres étaient un précieux réconfort, mais elles ne parvenaient pas à combler le vide de son absence. Opale, Ella, Ginny. Je perdais tout le monde, petit à petit.

Amber et moi nous nous serrions les coudes, mais l'atmosphère à la rentrée était plus morose que jamais. Mes parties de Quiddich enflammées me manquaient, les yeux moqueurs de mon amie me manquaient, sa joie de vivre et son courage me manquaient. La résistance semblait perdre son sens si Ginny n'était plus là pour la mener à bien. La disparition de Luna avait déjà été un coup dur pour l'AD, mais sans Ginny, Neville se retrouvait seul pour gérer nos actes dissidents. De plus, la politique des Carrow s'était renforcée et Neville avait plus que jamais besoin de notre aide. Amber et moi, ainsi que Seamus et Hannah Abbot, décidâmes de nous remonter les manches, de participer encore plus activement au combat. Il fallait se battre comme Ginny l'avait fait, comme elle continuait à nous y inciter dans ses lettres.

Nous nous résolûmes à transformer la Salle sur Demande en refuge, en immense dortoir pour les élèves dissidents. Un souterrain offrait une entrée vers l'extérieur, via la maison d'Alberforth. La cohésion au sein de l'AD n'avait jamais été aussi forte. Dans la journée, nous nous battions contre les Carrow, le soir, nous organisions des grandes fêtes pour oublier la souffrance de la journée. Nous achetions de l'alcool, et la Salle sur Demande semblait se transformer le temps de la soirée en une immense discothèque. Nous dansions beaucoup, en criant sur les chansons. Je me rappelle de slows avec Thomas, de la Bière au Beurre qui coulait à flot, des danses effrénées avec Amber. Je relatai tout cela dans mes comptes rendus. Le monde n'avait pas arrêté de tourner, et tant que Voldemort ne serait pas vaincu, je ne m'arrêterai pas de danser. Je passai toujours la nuit avec Thomas, recroquevillée contre lui pour m'imprégner de sa chaleur et de son souffle tranquille. Nous continuions à nous entrainer. Je me battais contre Neville ou Seamus, la plupart du temps, depuis que Ginny était partie. Je pense pouvoir dire sans me vanter que j'étais l'une des meilleures du groupe.

Le temps passa, rythmé par des actes de résistance qui nous menaient toujours plus loin, par des punitions de plus en plus féroces, et par des soirées de plus en plus endiablées. Nous vivions dans la peur, mais cette peur nous aidait à nous sentir vivants plus que jamais. J'aimais Thomas avec l'impression de n'avoir toujours aimé que lui, je dansais avec Amber à en perdre la tête, je lançais des sortilèges de haut niveau. Le souvenir d'Opale et de Nott semblait s'être amenuisé dans le chaos de la bataille qui se préparait. D'une certaine façon, j'avais choisi d'oublier tous ceux qui ne se battaient pas à nos côtés, tous ceux qui ne dormaient pas dans la Salle sur Demande, tous ceux qui n'écrivaient plus de lettres. Le caillou était toujours là à mes côtés, mais j'avais l'impression que même lui ne brillait plus aussi fort. Que faisait Opale pendant que je me préparais à me battre ? Nott était-il en train de pactiser avec Voldemort ? Pourquoi n'était-il pas avec moi ? Est-ce qu'Opale continuai la résistance à sa façon, comme Ginny ou comme Ella ? Pourquoi ne m'écrivait-elle pas ? J'avais arrêté de me poser ce genre de question. Hormis pour Zabini, qui était un cas à part, et qui dormait de temps en temps aux côtés d'Amber dans notre dortoir, je ne faisais pas d'exception. J'avais choisi mon camp et je n'étais pas prête à admettre dans mon cercle d'amis tous ceux qui avaient fui. Ils étaient morts pour moi, ou alors plongés dans une forme de coma profond de l'amitié. Seuls Thomas, Ginny, Blaise, Amber, et mes amis de l'AD comptaient. Ils avaient eux aussi choisi de rester au milieu de la mêlée. Ils avaient fait le choix de ne pas poser un genou à terre.

Et puis un jour, en entrant dans la Salle sur Demande, une sorte de petite boule d'énergie rousse me fonça dessus. Ce fut la première impression que j'eus quand Ginny couru dans mes bras. Je la serrais très fort, tellement heureuse de l'avoir retrouvée. Nous parlâmes de tout très vite, parce que nous avions été séparées longtemps, et que nous avions du temps à rattraper. Je n'avais rien à lui apprendre, puisque je l'avais tenue au courant de tout ce qu'il s'était passé à travers mes lettres, et parce qu'elle écoutait tous les jours Potterveille, mais j'entrepris de tout lui raconter de nouveau en détail, pour le plaisir de voir ses réactions de mes propres yeux. Elle me raconta la vie ennuyante qu'elle avait vécu chez la tante Murielle, me parla vaguement des actions de ses parents et de celles de l'Ordre du Phénix en particulier. Elle avait été autorisée à revenir à Poudlard à condition de rester cachée dans la Salle sur Demande. Nous organisâmes alors un match de Quiddich pour fêter son retour, car rien ne pouvait plus lui faire plaisir, dans la Salle sur Demande qui s'était transformé en immense terrain de jeu pour l'occasion. Evidemment, son équipe gagna haut la main. La fête qui suivit son retour fut plus effrénée encore que d'habitude. Nous n'avions pas seulement retrouvé une amie, nous avions retrouvé la cheffe de la résistance. Comme Ginny l'avait annoncé, elle ne fut pas la seule à revenir se réfugier dans la Salle sur Demande. Dean Thomas fit aussi son apparition quelques jours plus tard, et une nouvelle fête fut organisée. Ce fut la dernière.

Vint le soir que je n'oublierais jamais. Le 2 mai 1998. Le soir de la bataille de Poudlard. Ginny, Dean, Luna, mais aussi Ella et de nombreux nés-moldus investirent notre dortoir, qui allait se transformer en véritable campement. Vint le retour de Harry Potter, Ron Weasley et Hermione Granger, escortés par Neville. L'ensemble de la Salle sur Demande poussa une exclamation de joie et de triomphe. Nous n'avions pas résisté pour rien, nous avions résisté pour sauver Harry et triompher de Voldemort. Réunis dans la Salle Commune, ce fut effectivement en commun, les Serpentards exceptés, que nous choisîmes alors de soutenir Harry. Il était hors de question de le livrer à Voldemort. Alors, une fois les Serpentards évacués, quand Ernie Macmillan lança son fameux « Et si on veut se battre ? », MacGonagall, devant notre résignation, ne put qu'accepter notre choix. C'est alors que la véritable bataille commença. Nous nous étions préparés toute l'année, et même lors des années précédentes, pour cette bataille. J'étais armée de tout mon courage, et saisissant la main de Thomas, j'en oubliai ma peur. J'allais me battre. J'étais prête pour ça. Luna partit avec Harry rechercher le précieux objet qui leur manquait. Seamus et Neville préparèrent l'explosion du pont. Ginny, Amber, Ella et moi aidions les professeurs à lancer des sortilèges de protection. J'eus le plaisir de voir que Blaise s'était joint aux côtés de Thomas. Eux aussi avaient choisi leur camp, Serpentards ou pas. Mêmes les inimités entre maisons semblaient s'effacer face au danger qui planait.

Je n'arrive pas à raconter la bataille dans sa globalité. Tout ce dont je suis capable est de raconter par fragments, par petites touches. De toute façon, personne n'avait vraiment eu une vision globale de cette bataille. Je me souviens avoir repoussé un Mangemort aidée par Ella et Amber. Je me souviens du regard angoissé de Thomas avant qu'il vienne nous aider. Je me souviens d'Amber se tordant de douleur, hurlant, les yeux révulsés, soumise à un sortilège Doloris, avant que Ginny et Blaise vienne à bout de son bourreau. Je me rappelle avoir vu la mort dans son regard et je crus l'avoir perdue à jamais. Ce n'était pas le cas. Je me souviens de la sévère entaille sur la joue que me fis une Acromentule contre laquelle je luttais désespérément. Je me souviens du surgissement de mon patronus pingouin pour protéger Hannah Abbot d'un Détraqueur. Avec du recul, je me rends compte à quel point la camaraderie que nous avions développée avait été utile ce soir-là. Ernie m'avait sauvée d'un Doloris, j'avais sauvé sa meilleure amie. Je revois, pendant l'accalmie, les cadavres qui s'entassaient, celui de Lavande, de certains des membres de l'Ordre du Phénix qui se tenaient encore par la main, et surtout de la mort de Fred. Je n'ai jamais pu oublier le cri de souffrance de Ginny et Ron quand ils virent leur frère. Je n'ai jamais pu oublier non plus le regard désespéré et inconsolable de George, qui venait de perdre la moitié de lui-même. Plus que tout, je me rappelle des larmes amères que nous avions tous versés, quand Hagrid avait apporté le corps mort d'Harry Potter. Nous venions de perdre la bataille, nous venions de perdre le Survivant, mais nous venions surtout de perdre un ami, et dans le cas de Ginny, l'homme de sa vie. Elle qui venait de perdre son frère, poussa un hurlement de douleur en voyant le corps d'Harry. Elle refusait de croire à sa mort, elle refusait de croire que tout avait été vain. Mais c'est aussi le sentiment qu'eurent tous les membres de l'AD, tous ceux qui s'étaient battus ensemble depuis des années pour triompher des forces du mal. Alors quand Neville proclama une fois de plus l'insoumission, nous étions des centaines à être de son avis. Même si Harry Potter était mort, jamais nous ne renoncerions. Et quand Harry se révéla être bien vivant, la bataille recommença. Je combattais avec Ella et Amber, quand je vis Ginny, Luna et Hermione s'attaquer à Lestrange. Molly la tua avant que nous leur venions en aide.

Et puis enfin le calme, la victoire. Harry Potter avait tué Voldemort, Neville avait tué le serpent.

Des années plus tard, alors que je relate la bataille, je me rends compte à quel point même la victoire était amère. J'écrivais exactement cinq ans après la bataille. Nous étions le 2 mai 2002. Si le monde des sorciers était maintenant délivré de la menace colossale qui pesait sur lui, il me semblait que tout le monde n'avait pas encore pansé ses plaies. Amber avait gardé quelques séquelles du sortilège qui avait failli la tuer, Dean pleurait encore la mort de son amie Lavande, Ginny et sa famille pleurait encore la mort de Fred, et s'occupaient maintenant du fils de Remus Lupin. La guerre nous avait tous changés, et même si nous avions gagné, la victoire n'allait pas sans conséquences. Encore maintenant, je sanglote en racontant ce qu'il s'est passé ce soir-là.

Nous étions rentrés dans la période que l'on appelait la période de « l'après-guerre ». Ce qui signifiait que tout le monde devait reconstruire ce qui avait été perdu. Où étaient passés mes amis ? Qu'étaient-ils devenus ? Je savais que Ginny préparait son mariage avec Harry, que Amber revoyait encore régulièrement Blaise. Je le fréquentais moi-même dans le cadre de mon travail. Il était devenu un mannequin au succès planétaire, et nous étions amenés à nous croiser dans le cadre de mon travail.

Mais plus que tout, une question subsistait : qu'étaient devenus les élèves qui avaient fui Poudlard en sixième année ? Qu'avait fait Opale ? Pourquoi s'était-elle cachée ? Pourquoi m'avait-elle abandonnée ? Avait-elle coopéré ? S'était-elle contentée de rester passive ? Mais surtout : pourquoi Nott m'avait-il trahi en choisissant d'aider les Mangemorts ? C'était la seule possibilité envisageable à son sujet. Son poste actuel au Ministère de la Magie ne laissait aucun doute possible. Les fanatiques de Voldemort étaient encore présents au Ministère, et Nott devait certainement son poste à son rôle pendant la guerre.

Lasse de toutes ces questions sans réponse, je choisis une fois de plus l'action. J'étais journaliste d'investigation pour le Chicaneur, et j'étais sûre que le père de Luna accepterait mon nouveau projet. J'allais retrouver tous les élèves de ma génération, et des générations ultérieures, pour enquêter sur l'impact de la guerre. Ce serait une façon de célébrer les cinq ans de la Victoire, et d'aider les uns et les autres à panser leurs plaies. Ce serait pour moi la seule manière de me reconstruire, puisque quelque chose était mort en moi le soir de cette bataille. Il fallait redonner un sens à toutes ces vies brisées.


Alors ? Qu'en avez-vous pensé ? Vous comprenez maintenant qu'il n'était pas facile pour un fan inconditionnel de la saga de raconter la bataille de Poudlard. Emotionnellement, c'est assez dur. En tout cas, j'espère que ce chapitre vous a plu, et j'attends vos retours avec impatience ! N'hésitez pas à mettre à follow mon histoire, pour être au courant des chapitres à venir, cela ne prend qu'une minute :)

Et maintenant…on va enfin pouvoir rentrer dans le vif du sujet !