Chers lecteurs,
On continue. Pour l'instant, j'ai un peu moins d'avance qu'avant, mais bon, on verra si je tiens le rythme.
Portez-vous bien, jouez à Pacman, à bientôt,
Al
PS : réponse à Garedelest : alors ? ton propre gratin, était-il bon ? celui de malefoy était délicieux.
« Salut…
- Ton serpent, Potter. »
Harry était légèrement déboussolé. Voir Drago Malefoy débarquer en pleine nuit et en robe de chambre vert bouteille dans sa cuisine, là où Harry prenait un chocolat viennois, n'était pas vraiment habituel.
Ni le voir débarquer avec Silencio dans les bras.
« Putain, Malefoy…
- Langage.
- Il est une heure du matin !
- Et je ne te réveille pas. Donc je ne suis pas si impoli que ça. »
Harry lui adressa un signe pour qu'il prenne place en face de lui. Drago lâcha le serpent sur la table et s'assit.
« Ton… boa s'est incrusté sous ma couette. »
Intéressant.
« L'autre humain sent bon, commenta Silencio en s'enroulant amoureusement autour du cou d'Harry.
- Je croyais que j'étais le seul à sentir bon, répondit Harry en fourchelangue.
- Il sent la citrouille. J'aime la citrouille.
- La citrouille ?
- La menthe. L'herbe. Le cube qui nettoie (Harry avait compris trois jours plus tôt qu'il faisait référence au savon en voyant Silencio la mousse aux babines). Le poisson. L'autre humain sent le poisson sur les mains. J'aime le poisson.
- Tu es impoli, Potter, à parler une langue que personne ne comprend.
- Ne prends pas ton cas pour une généralité, je te rappelle que tu es unique. Silencio me comprend, lui, répondit Harry en grattouillant la tête de son boa. L'autre humain est jaloux : il ne comprend pas.
- L'autre humain n'est pas un serpent. »
Harry ricana : Drago lui avait toujours paru la quintessence du Serpentard !
« Ne me dis pas que ton serpent te raconte des blagues, les coupa Drago.
- En tout cas, il ne se moque pas de toi, promis. »
Drago plissa les yeux.
« Insomnie ?
- Comme tu vois. »
Depuis la guerre, Harry passait parfois des nuits sans dormir. De longues nuits blanches contre lesquelles même les potions de sommeil ne pouvaient rien. Il avait demandé conseil à Dean, qui lui avait conseillé d'accepter ses insomnies et de ne pas lutter contre. Harry avait pris l'habitude, quand cela le prenait, de lire, de traîner, désœuvré, de surveiller le sommeil de ses enfants (il évitait, il avait l'impression d'être un psychopathe), de travailler sur ses dossiers. Il avait honte de l'avouer, mais il lui arrivait de résoudre des affaires compliquées en buvant du chocolat chaud à une heure indue.
« Tu crois pas que tes insomnies peuvent être liées à ta surconsommation de caféine ?
- Je ne pense pas. Ça faisait longtemps que ça m'était pas arrivé. »
Il se replongea dans ses notes. Il entendit Drago se servir une tasse de thé et faire comme chez lui. Pas que ça le dérange, hein, mais là, il devait vraiment se concentrer : il reprenait le boulot le lendemain, il devait déposer Ron & Co. à l'aéroport et l'absence de ses enfants, repartis le soir chez leur mère, commençait déjà à lui peser. Se plonger dans son affaire toujours non résolue de trafic d'elfes était un excellent moyen de tout oublier.
« J'ai une question, Potter. »
Bon, Drago devait, lui aussi, souffrir du manque de son fils. Il était prêt à faire la conversation à une heure aussi tardive.
« Vas-y, j't'écoute, répondit Harry sans lever les yeux de ses parchemins.
- Les serpents, ils nous comprennent quand on parle ?
- L'autre humain croit que je suis débile, siffla Silencio.
- Mais non, le rassura Harry. Oui.
- Tu as dit non. Puis tu as dit oui.
- Je lui réponds oui à lui, pas à toi.
- J'aime pas quand tu parles serpent, grogna Drago.
- Fourchelangue, corrigea Harry.
- Moi j'aime bien.
- Je sais.
- C'est insupportable.
- Va falloir t'y faire. »
Drago paraissait perdu dans ses pensées. Puis :
« Tu veux dire que les reptiles écoutent toutes nos conversations ?
- Ils les écoutent quand ils le veulent ou que ça les intéresse. Comme les chats, je suppose. Après, je ne parle pas la langue des chats. Heureusement. »
Harry enroula ses parchemins, se resservit en chocolat chaud et attendit. Apparemment, Drago voulait parler.
« Mais alors… Silencio sait ce que j'ai fait et dit cette nuit ?
- Oui.
- Et il peut te le répéter ?
- Je suppose. Enfin, à sa manière. »
Drago avait-il quelque chose à cacher ?
« Silencio, qu'a fait l'autre humain ?
- L'autre humain a joué avec son bâton. »
Harry fronça les sourcils.
« Son bâton ?
- Par la fenêtre. Des étoiles sont sorties du bâton.
- Arrêtez de discuter dans mon dos.
- Sois pas parano. Tu as jeté un sort à Astoria ? »
Drago eut un rougissement coupable.
« J'avoue. J'ai animé les chaises et les fauteuils juste au dessus de sa chambre pour que leurs pieds sur le parquet la tiennent éveillée le plus longtemps possible. »
Dans ces moments là, Harry savait qu'il n'aurait jamais pu terminer à Serpentard : il aurait fallu être beaucoup trop fourbe et vicieux.
Et il lui aurait fallu une trop grosse dose d'autodérision et de patience pour supporter Drago.
« Je vais interdire à ton serpent l'entrée dans ma maison, reprit ce dernier. En plus, il est dangereux pour les boursouflets.
- Je n'aime pas les petites boules de fourrure. Je digère mal.
- Silencio n'attaque pas les autres animaux. Il en a peur.
- Mais non ! Je n'ai peur de personne ! Je suis un grand serpent ! Je mange tout le monde. Mais parfois j'ai l'estomac fragile.
- Arrête de défendre ton… boa. »
Drago avait dû vouloir dire une méchanceté, mais maintenant qu'il savait que Silencio pouvait le comprendre, il s'en méfiait.
« Non, mais t'imagines ? Ton serpent peut m'entendre et te répéter ce qui se passe au manoir Malefoy ! C'est effarant !
- T'inquiète, je suis un des rares Anglais qui parlent fourchelangue. Et qui ose venir te voir chez toi. Silencio n'ira jamais raconter ton intimité à d'autres.
- Tu t'es déjà promené dans la tête de ma mère, j'aimerais bien que tu t'abstiennes de soutirer d'autres informations sur ma vie à ton serpent, dit Drago, ennuyé. Je vais croire que tu mènes une enquête sur moi.
- C'est vrai que j'ai un gros dossier te concernant.
- Je le savais. C'est vrai que je suis ton modèle. »
Harry fronça des sourcils. Les serpents entendaient et répétaient. Il était un des rares à parler fourchelangue. Les serpents avaient différentes tailles. Le basilic se promenait dans les canalisations à Poudlard. Et…
« Drago ! Tu es un génie !
- J'aime pas quand tu m'appelles par mon prénom, répondit l'intéressé. Mais j'aime bien les compliments, continue. »
OoO
« Redites ?
- Ron publie un livre. »
Harry soupira lourdement.
« Je crois que je ne vous comprends toujours pas.
- Ron a écrit un livre de recettes mexicaines, illustrées par des photos animées pour que les gens voient comment on fait. On a profité de notre passage en Angleterre pour trouver un éditeur. »
Harry rattrapa son bol et se resservit un café. L'insomnie avait été longue, même si elle était passée plus rapidement que les autres fois. Le fait que Drago était reparti à peine deux heures auparavant n'avait, bien entendu, absolument pas pesé dans la balance pour accélérer la temporalité.
« Donc vous aviez réellement des rendez-vous pour votre projet littéraire secret ? C'était de vrais rendez-vous ?
- Bien sûr que oui !, s'offusqua Hermione. Pourquoi t'aurions-nous menti ? Que croyais-tu que nous faisions ?
- Je sais pas, je croyais que c'était une excuse pour… profiter d'un moment d'intimité ? Sans les enfants, quoi…
- Harry, voyons, le corrigea Hermione en rougissant, Ron et moi on ne passe pas notre temps à… profiter d'un moment d'intimité, comme tu dis.
- De toute façon, « projet éditorial », c'est beaucoup trop subtil pour Hermione, commenta Ron. Pour la faire réagir, faut que je me balade à poil devant elle, sinon elle comprend pas.
- Ron !, s'exclamèrent en chœur Harry et Hermione.
- Harry n'a pas besoin de savoir !
- Hermione a raison ! Je n'ai pas besoin de savoir !
- Après, l'intimité, on peut la trouver partout… Le placard à balai du salon d'édition a des dimensions tout à fait respectables pour certaines activités.
- Ron, arrête, le coupa Hermione en rougissant.
- C'est bon ! On n'a plus quinze ans !
- Et ce n'est pas une raison pour étaler notre vie privée…
- C'est Harry ! Pas un inconnu !
- Imagine que je te raconte mon intimité avec Ginny. »
Ron grimaça à la remarque de son meilleur ami.
« Ouais, c'est vrai, c'est dérangeant.
- Ou pire, avec Malefoy, ajouta Hermione.
- Hé ! Il ne se passe rien avec Malefoy ! »
Hermione sourit, fière d'elle : elle avait changé de cible.
« T'es obsédée, ma pauvre ! Je pensais pas qu'il te faisait autant d'effet !
- Ne prends pas ton cas pour une généralité, Harry.
- Il ne me fait pas d'effet ! » glapit-il, perdant ainsi toute possibilité d'être pris au sérieux dans cette affaire.
Vu le regard entendu qu'échangèrent Ron et Hermione, il n'avait convaincu personne.
« Bon, ok, je l'apprécie.
- Rien d'autre ?, demanda Hermione.
- Bon, ok, physiquement, il est pas mal.
- Et ?, insista-t-elle.
- Bon, ok, il est fort possible qu'il me plaise bien. Beaucoup, même.
- Eh ben !, s'exclama Ron. Je pensais pas que tu reconnaîtrais aussi facilement que Malefoy te plaît ! Et en quinze jours ! Tu es trop forte, ma destructrice de magie noire, ajouta-t-il en se tournant vers sa femme.
- Hein ?
- Avec Ginny, elles ont préparé un plan d'attaque, avoua Ron.
- Vous étiez de mèche !
- Toujours. C'est pour ton bien. »
Hermione n'avait jamais tort, Harry et Ron s'étaient fait une raison, mais cette fois ci, Harry ne voyait pas où elle voulait en venir. Il décida de tenter la stratégie toute ronaldienne du changement de sujet pour réussir à reprendre un teint normal.
« Et donc du coup, tu publies un livre de recettes ?
- Oui, dit Ron en attrapant la perche (peut-être qu'il n'était pas prêt à entendre parler des goûts d'Harry en matière d'homme). On pensait te faire la surprise de te l'offrir dès sa parution, mais étant donné que tout n'a pas pu être réglé dans les temps et qu'on repart aujourd'hui au Mexique, on a préféré te mettre au courant. Il va falloir que tu nous rendes un petit service.
- Qui est ?
- Choisir la couv', décider de la police de caractère, vérifier que les photos sont bien animées. On y voit Ron en train de cuisiner étape par étape. Et surtout tester toutes les recettes du livre. »
Harry éclata de rire. Puis, voyant que ses amis restaient sérieux, il se calma et demanda, inquiet :
« Non, mais vous voulez vraiment que moi, je teste les recettes ? »
Ses deux amis hochèrent la tête.
« C'est une blague ?
- Non.
- Toutes les recettes ?
- Oui.
- Mais je suis nul en cuisine !
- C'est justement pour ça que tu es le cuisinier parfait pour vérifier l'intérêt du livre, répondit Hermione. Si toi tu y arrives, c'est que n'importe quel sorcier en est capable. On veut voir si l'image animée et expliquée aide ceux qui ne comprennent rien à un livre de recettes habituel. Tu seras le cuisinier-témoin. »
Harry grimaça. Il avait envie de refuser mais s'il y avait bien deux personnes sur Terre auxquelles il ne pouvait rien refuser, c'étaient ses deux amis. Et tous les trois le savaient.
« Bon. C'est d'accord.
- Parfait ! »
Hermione saisit son sac et en sortit un lot de fiches vierges. Elle expliqua :
« Pour chaque recette que tu testes, tu remplis cette fiche. Tu n'oublies pas de noter le nom de la recette que tu tentes. Et tu essaies de ne pas être de mauvaise foi.
- J'ai vérifié, ajouta Ron, tu possèdes tous les ustensiles nécessaires dans tes placards.
- C'est pour ça que tu voulais mon presse-ail le jour du procès ?
- Ben non, c'était bien pour les cookies à la pistache sauteuse… » répondit Ron avec tellement de sérieux qu'Harry ne savait plus si son ami se moquait de lui ou non.
Il regarda les colonnes des fiches qu'Hermione lui avait passées. Tout en haut, il y avait l'intitulé de ce qu'il devrait compléter : goût, texture, aspect, ressemblance avec la photo de présentation, approbation familiale…
« Et c'est tout ?
- C'est tout. Tu es notre dernière étape. Le test ultime. »
Harry fit une moue. Puis il comprit enfin ce que Ron et Hermione fomentaient :
« Vous allez faire du name-dropping ! Vous allez pouvoir mettre un petit macaron testé et approuvé par Harry Potter, sauveur du monde sorcier sur la couverture !
- Je t'avais dit qu'il nous grillerait ! Depuis qu'il est Auror, il est beaucoup moins naïf qu'avant…
- Ça ne nous a absolument pas traversé l'esprit, mais c'est vrai que maintenant que tu le proposes… »
