OOC : Bonjour à tous. Je vous présente l'avant-dernier chapitre de Suis-moi. A l'origine, cette histoire devait être un OS. Puis, elle est devenue une histoire entière beaucoup plus longue. Au final, j'ai décidé de séparer tout cela en trois parties, donc Suis-moi aura une suite. J'espère que vous apprécierez. Sur ce, bonne lecture.

« Bonjour, Nero. »

Le silence tomba lourdement dans la cellule.

L'ancien Tsviet était assis sur le banc quand la porte s'ouvrit sur quelqu'un qu'il n'aurait jamais espéré voir en ces lieux.

Il s'attendait à Reeve, à Vincent ou bien à ce Général qui l'avait pris en grippe dès leur première rencontre.

Mais pas à ce qui allait s'ensuivre.

Un homme grand, mince, aux cheveux blonds, habillé tout en blanc...

Les yeux de Nero se plissèrent tandis qu'il l'observait avec attention. L'homme blond lui adressa un sourire affable, comme s'ils étaient de vieilles connaissances.

« ...Je crois que nous ne nous sommes jamais rencontrés en personne. Mais j'imagine que tu dois me connaître. »

Nero se tendit à cette remarque. L'homme posa une main sur sa poitrine tandis qu'il se présentait à lui :

« Mon nom est Rufus. Rufus Shinra. »

Dès l'instant où le mot « Shinra » fut prononcé, la pièce se mit à brusquement s'assombrir. Un sourire mauvais se dessina derrière le masque de l'ancien Tsviet tandis qu'il se redressait sur son séant, les ténèbres devenant de plus en plus erratiques autour d'eux.

Alors, c'était cela, hein ?

Ils avaient vraiment du culot. Non seulement ils avaient déjà vaincu l'ancien Tsviet sur tous les points, mais en plus ils venaient se moquer de lui et le frapper alors qu'il était déjà à terre en ramenant une personne qui avait été responsable de tous leurs malheurs.

La fureur devenant apparente, Nero ne détacha pas son regard de Rufus qui demeura à sa place, une expression étrangement sereine sur son visage. Comme s'il se moquait bien d'être aspiré dans les ténèbres.

- ... Ou vous êtes un imbécile, ou vous êtes courageux, siffla le Tsviet.

Rufus lui adressa un sourire approbateur.

- Je préfère la deuxième option. Même si j'avoue que j'ai été quelques fois un imbécile.

- On m'en dira tant.

On dirait qu'il était prêt à mourir.

S'il le tenait tant, Nero allait accorder son souhait. Peut-être qu'au final, il n'aurait pas tout perdu en se rendant auprès des êtres humains.

Il pourrait éliminer l'une des personnes qui avait ruiné sa vie. S'il devait être exécuté par la suite, au moins, il emporterait quelque chose avec lui.

Mais avant même qu'il ne puisse absorber le nouveau Président de la Shinra, Vincent sortit brusquement de derrière Rufus Shinra et se planta entre eux, arme en main qu'il braquait sur Nero, l'expression dure sur son visage qui servait d'avertissement.

Son seul avertissement.

- Je te tirerais dessus avant que tu n'oses, Nero. Cela suffit, maintenant, lui déclara-t-il froidement.

- ... Vas-y. Mais j'aurais au moins ma vengeance.

Nero inclina la tête sur le côté, quand bien même ses ténèbres continuaient d'encercler l'homme blond. Il n'aura qu'à claquer des doigts pour l'aspirer.

Il dériva son regard de l'ex-hôte de Chaos à Rufus Shinra. Qu'avait-il à perdre de toute manière ? La vie ? Son sort était déjà scellé.

Il n'aurait qu'à le récupérer... En morceaux, peut-être, mais il le récupérerait.

De longues secondes s'ensuivirent. Il était prêt à ignorer Vincent, à fondre ses ténèbres sur le Président de la Shinra même s'il devrait se faire tirer dessus pour cela.

Mais au moment même où Vincent était sur le point d'appuyer sur la gâchette, la voix de Rufus Shinra s'éleva, le ton calme :

- Cela serait dommage de me tuer, Nero. Enfin, vous pouvez le faire. Et j'imagine qu'à vos yeux, je le mérite. Mais cela serait dommage de me tuer sans avoir entendu ce que j'ai à dire.

Nero réprima un pouffement amusé.

Vraiment ?

- Qui vous dit que j'ai envie d'entendre ce que vous avez à me dire ? Vous, à la Shinra, vous n'aviez fait qu'employer manipulation sur manipulation. Cela ne sera jamais qu'une de plus.

Vincent n'abaissa pas son arme. Rufus ne changea pas d'expression.

- Je comprends. Je comprends votre méfiance. Mais malheureusement pour moi, la Shinra fait partie du passé. Cette époque est révolue. A présent, le temps est venu pour l'ORM de dominer le monde.

- Oh ? Et vous pensez que je vais me sentir désolé pour vous ? Après ce que vous avez fait ?

Rufus croisa les bras sur sa poitrine, paraissant nullement impressionné par les menaces de Nero.

- Sachez que ce n'est pas moi qui aie décidé de Deepground, Nero le Sable. Le responsable était mon père, le feu Président Shinra. Deepground était un projet secret, gardé à l'abri de tous. A part de quelques scientifiques. Lors de la passation de pouvoir, je n'ai pas été mis au courant pour l'Ombre de la Shinra.

Bah voyons. Il croyait sincèrement qu'il allait avaler cela.

- Vous vous fichez surtout de moi, chuchota Nero. Vous osez me faire croire que vous n'étiez pas au courant ? Vous étiez le fils du Président. Vous alliez prendre sa suite. Et vous me dites que votre père ne vous a pas mis au courant de notre existence ?

- Oui, c'est vrai que dit comme ça, c'est bancal. Mais... Mon père et moi, on avait une relation très compliquée.

Rufus Shinra haussa simplement les épaules, quand bien même il jetait des coups d'œil sur le côté, constatant de lui-même que les ténèbres ne s'étaient pas éloignées. Qu'elles attendaient seulement le signal de Nero pour l'engloutir.

C'était le plus proche qui ressemblait à de la peur chez lui...

Et Nero ne pouvait s'empêcher de s'en délecter.

- Vous savez. Ce n'est pas parce que je suis né dans une famille privilégiée et puissante que c'était un foyer d'amour pour autant. Vous saviez que mon père avait plusieurs fils illégitimes ? Je n'en ai connu que l'un d'eux personnellement, et malgré tout, nous n'étions pas réellement proches.

- Je m'en moque, siffla Nero, nullement touché par ses mots.

- C'est quelque chose que j'envie un peu chez vous.

Nero fronça les sourcils, déconcerté par les mots de Rufus.

Il... osait lui dire qu'il l'enviait ?

- Comment... cela ? balbutia Nero, interloqué.

- Vous avez connu l'amour, vous. Avec votre frère. Bon, ce n'était pas un amour conventionnel et ce n'était pas un secret. Mais j'aurais aimé un frère comme Weiss qui prenait soin de son cadet. J'aurais même aimé avoir un frère aussi dévoué que vous, qui aurait été prêt à me faire revivre, plutôt qu'on s'entre-déchire pour l'Empire Shinra qui est, au final, tombé durant la crise.

Ah non.

Il n'allait pas se laisser avoir par des jolies paroles. Pas venant d'un monstre comme lui.

- Je n'en ai rien à faire de vos histoires, « Président ». Vous aurez beau me manipuler, vous avez laissé Deepground nous transformer en « ça ». Vous avez laissé Restrictor nous...

« Ne le dis pas à Nero ».

- Et plus que tout, vous avez laissé Shiro tomber entre les mains d'un déchet.

« Viens sur mes genoux, Shiro ».

- Alors... Vous n'avez aucune explication ou aucune excuse à me donner.

Ils avaient assez parlé. Nero avait déjà été suffisamment clément pour l'écouter. Rufus leva le bras en signe de reddition.

- C'est vrai. Je l'accorde. Je ne vais pas justifier ce que j'ai fait, ce qu'a fait mon père. Pour tous les malheurs qu'on vous a causé, Nero.

Son ton devint un peu plus sérieux.

- Au nom de la Shinra, je vous dois des sincères excuses. C'est le moins que je puisse faire.

Rufus fit un geste auquel l'ancien Tsviet ne se serait jamais attendu.

Il s'inclina devant lui, silencieusement, les yeux fermés.

L'air... presqu'humble, en position de soumission complète.

Le Président Shinra qui s'inclinait devant un Tsviet.

Que cherchait-il donc ?

Nero avait abandonné l'idée depuis longtemps. L'idée qu'un jour, les membres de la Shinra finiraient par se rendre compte des horreurs qu'on infligeait à Deepground. L'idée qu'on mettrait un terme à cet enfer.

Des excuses ? Nero s'en moquait éperdument. On réglait tout par un « je suis désolé » ? Non. A Deepground, tu commettais un seul pas de travers et c'était la chute. Tout était irréparable.

Et Restrictor disait obéir aux ordres de la Shinra, quand bien même sa position lui a permis de se livrer à un sadisme encore pire que ce dont avaient été capables les Tsviets durant leur règne.

Il se demanda s'il avait fait la même chose vis-à-vis de Shelke.

- C'est sincère, précisa Rufus, sans relever la tête vers lui.

- ... Cela m'est complètement égal. Sincère ou non, vous auriez dû vous incliner devant mon frère Weiss. C'était lui, l'Empereur de Deepground.

Nero laissa ses épaules redescendre.

Il se sentait... perdu. Il aurait aimé demeurer indifférent au geste de Rufus. Il l'aurait vraiment souhaité.

Au fond, il ne l'était pas tant que cela.

- Dans ce cas, quand il reviendra... Je ferais la même chose, déclara Rufus, le ton bas. Même si je sais que... c'est peu. Comparé à votre perte.

Nero garda le silence, sans répondre.

- Qu'est-ce que vous voulez de moi, Rufus Shinra ? Vous voulez mon pardon ? N'est-ce pas ? Vous croyez que vous l'aurez un jour ?

Ah non. Cela n'arriverait jamais.

- Je pensais que vous ne me poseriez jamais la question. Et non, je ne cherche pas votre pardon. Vous n'auriez jamais la force de me pardonner.

Rufus finit par se redresser, le fixant droit dans les yeux.

- Mais que vous le vouliez ou non, vous êtes un enfant de la Shinra. Vous et Shiro, vous étiez et vous restez sous ma responsabilité. Alors, je suis venu vous proposer quelque chose, Nero.

Nero effectua un geste de recul, la méfiance et le dégoût l'envahissant de nouveau.

- Je ne veux rien de vous, déclara-t-il d'un ton sans appel.

- Je pense que vous apprécierez peut-être ma proposition. Notre proposition, puisqu'il s'agit de l'idée de Reeve et de Vincent.

Vincent ?

Nero jeta un regard intrigué au concerné. Qu'avait-il encore en tête ?

- Votre procès est prévu pour dans un mois. Et je ne cache pas que vous connaissez l'issue du verdict. Votre exécution, Shiro emmené ailleurs dans une famille aimante. Tout cela était prévu. Mais... nous avons une plus grande menace à traiter actuellement.

Nero sursauta.

Tout cela était prévu... et ils avaient changé d'avis ?

- Oui. Les chiens de l'enfer. Les créatures des ténèbres. Le vieil homme. Nous ne pouvons pas laisser cette menace détruire la Planète si tel est son objectif. Mais malheureusement, nous ne pourrons pas y arriver sans vous, Nero. Pas sans vos pouvoirs.

Nero répondit par le silence.

S'il n'avait pas été aussi surpris, il aurait éclaté de rire. Mais d'un rire hystérique, incrédule tellement c'était drôle.

Etait-il en train de dire qu'ils ne pourraient pas le tuer parce que...

- Vous avez besoin de moi ? devina-t-il.

Rufus Shinra sourit en réponse.

- Nous avons besoin de vos capacités. Mais ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, Nero. Vous aussi, vous avez envie de vous débarrasser de cet individu qui s'en est pris à Shiro.

- Et comment, avoua Nero, le ton sinistre.

Mais il n'aurait pas pensé qu'on lui donnerait le feu vert.

- Mais si vous croyez sincèrement que je vais faire équipe avec des humains pour obtenir ma vengeance... commença l'ancien Tsviet, un ton d'avertissement à l'égard du Président. Il en est hors de question.

- Même si on vous laissait rester avec Shiro ?

Nero se figea.

Rufus hocha la tête.

Cet enfoiré l'avait percé à jour.

- Vous nous aidez, on vous aide. Echange de bons procédés. D'ici quelques jours, Shiro sortira de l'hôpital. A vous de décider avec qui il repartira. Avec des humains qui seront prêts à le traiter avec décence et à lui offrir une vie normale... ou avec vous, son modèle, sa seule famille.

Nero lui adressa une expression révulsée.

- Il est hors de question qu'on devienne vos esclaves.

- Oh non, Nero. Ce n'est pas du tout mon intention. Voyez-vous, j'ai décidé de laver le nom de Shinra. De lui redorer son blason, si vous préférez. C'est pour cela que je suis prêt à tout faire pour nous racheter auprès de vous. Que vous le vouliez ou non, vous avez aussi été victimes.

L'ancien Tsviet resta muet.

Rester avec Shiro ?

Il avait pourtant cru qu'il ne le reverrait plus jamais. Que les humains allaient les séparer définitivement, maintenant qu'ils avaient gagné.

Et il disait qu'il pourrait rester avec l'enfant ?

- Au lieu d'un enfermement complet dans cette cellule, je vous propose la liberté conditionnelle. Connaissez-vous-en le terme ?

Nero secoua la tête.

Non, il l'ignorait. Cela avait toujours été liberté ou prison pour lui et Weiss.

Mais pas un entre-deux.

- Vous aurez un appartement au sein de l'ORM, déclara Rufus. Un appartement normal. Non un baraquement, une prison ou une cage. Un appartement humain. Avec une chambre pour le petit, une chambre pour vous, un salon, une cuisine et une salle de bain. Et pas le pire. Vous aurez accès à une intimité familiale dans une moindre mesure. Néanmoins, vous ne serez pas complètement libre de vos mouvements. Vous porterez à votre cheville un bracelet électronique et si vous vous éloigniez à plus d'une certaine distance, nous vous arrêterons et nous vous enfermerons dans une cellule pour de bon. Et bien sûr, quelqu'un sera chargé de votre surveillance nuit et jour afin que vous ne vous en preniez pas aux civils. C'est quelque chose que je ne tolérerais pas.

- C'est naïf, déclara Nero, le ton acerbe. Vous savez très bien que j'ai des pouvoirs. Vous avez besoin d'une démonstration de mes ténèbres ?

Rufus haussa les épaules.

- Nul besoin, Nero.

Pourtant, cela le démangeait de le faire.

- J'ai réfléchi à vos pouvoirs. J'ai rappelé des hommes à mon service. Des hommes de la Shinra qui sont en train de mettre en œuvre quelque chose qui réduirait encore plus vos pouvoirs...

- Plus que ça ?

Il désigna sa propre apparence.

Plus qu'un masque sur sa tête ? Plus qu'une camisole ?

Ils allaient faire quoi de plus ? L'envelopper dans un sac ?

- Il vous faut une apparence humaine, Nero. Et vous n'avez rien d'humain. Vous serez conduit à sortir. Sous surveillance, certes. Mais vous serez amené à sortir dans le monde extérieur. Et si les gens vous voient, comme je vous vois actuellement... cela risque de provoquer une panique.

- ... Vous voulez dire « une apparence humaine ? » répéta Nero sans le croire.

Rufus approuva du chef.

- La technologie évolue de jour en jour, Nero. En échange de cela, nous vous contacterons quand nous aurons besoin de vous. Quand il y aura des chiens de l'enfer, ou cet homme, vous nous accompagnerez. A toute heure, sans discuter. Quant à Shiro, eh bien... lui ne doit pas être puni pour vos actes. Il ira à l'école mis en place par l'ORM. Il sortira. Il se fera des amis. Il vivra comme vous, vous n'avez pas pu vivre. Et à côté de cela, il apprendra à maîtriser ses pouvoirs. Il a une force surhumaine qui se développe et qu'on doit surveiller. Sans expérience, bien sûr, s'empressa-t-il d'ajouter en remarquant l'expression haineuse de Nero.

L'ancien Tsviet croisa les bras, songeur face à la proposition du Président.

Il avait du mal à croire que c'était aussi simple.

Une vie normale pour Shiro ? Une vie « humaine » pour Nero ? En échange de quelques services ?

Et si c'était un emprisonnement déguisé ? Une cage camouflée ?

- Vous n'avez pas vraiment d'autre option, Nero. A part celle de rester dans cette cellule et attendre votre procès. Pourquoi résister ? Il n'y a pratiquement que des avantages.

- Où est le loup ? demanda Nero.

- Il n'y en a pas. Vous cherchez l'escroquerie ? Je vous ai dit que vous seriez sous surveillance, Nero. N'allez pas croire que cela sera un centre de vacances. Ou que je vous donne l'amnistie. Il y aura toujours un procès qui se tiendra quand cette menace sera éradiquée. Mais il y a des possibilités d'atténuer votre condamnation... Sous réserve que vous nous avez aidé à empêcher la fin du monde alors qu'autrefois, vous aviez sciemment cherché à la provoquer.

Nero ne répondit rien.

A la botte des humains qu'il détestait ?

C'était un peu une humiliation. Surtout quand cette proposition venait d'un homme responsable de son malheur et celui de Weiss.

- Pourquoi ? finit-il par demander.

- On cherche tous à se racheter, Nero.

- Pas moi.

- Pour l'instant. Mais vous auriez tout intérêt à accepter. Vraiment.

Nero le toisa.

Il ne cherchait pas la rédemption. Non. La rédemption était pour les naïfs, pour les faibles. Nero assumait ce qu'il avait fait. Il serait prêt à recommencer si c'était nécessaire.

- ... J'ai une condition, finit-il par ajouter après un temps.

- Je vous écoute.

Rufus parut intrigué. Nero marqua un temps avant de déclarer :

- Je veux qu'on retrouve Weiss.

- J'ai failli l'oublier.

Il se moquait de lui, en plus ?

- On va chercher Weiss. C'est prévu. Peut-être même qu'on le cherchera ensemble. Je pense comme vous que Weiss doit être en vie quelque part. Je ne veux pas que Weiss s'en prenne à la Planète. Et s'il vous voit, bien traité... Avec votre fils heureux... Qui sait ? Il aura peut-être un changement de mentalité.

- Cela m'étonnerait.

Qu'ils n'y croient pas trop. Weiss haïssait les humains autant que lui.

Peut-être même qu'il en voudrait à Nero, d'avoir renoncé à sa liberté pour obéir à nouveau aux humains.

- Vous voyez, Nero. Vous avez tout intérêt à accepter.

Rufus sortit quelque chose de la doublure de son manteau. Nero remarqua qu'il s'agissait d'un document papier, enroulé. En même temps, il en sortit un stylo.

Il pourrait aisément lui trouer la gorge avec...

Mais à la place, Nero prit ce qu'on lui tendit. Il déroula le papier et lut le contenu du document.

Un accord.

Un accord avec toutes les conditions que Rufus avait présenté.

L'aide contre une vie pour eux.

- Je vous laisse réfléchir, Nero. Vous avez toute la nuit pour nous donner votre réponse.

Nero ne parlait plus.

Il se contentait de relire le document encore et encore, analysant la moindre faille, la moindre tromperie de la part d'un Shinra.

- Nero, ajouta Rufus.

L'ancien Tsviet leva les yeux du document.

- Je pense que si Weiss vous aimait réellement, il vous dirait sûrement d'arrêter de vivre pour lui et de penser un peu à vous-même.

- Vous êtes vraiment naïf, Rufus.

Rufus lui adressa un signe de tête, à titre de salut, avant de quitter la cellule, Vincent sur ses talons. Ce dernier échangea un regard avec Nero avant de disparaître à son tour.

Un regard qui signifiait qu'il avait le choix.

Que tout le monde avait le choix, quand bien même Nero ne l'avait jamais eu à Deepground.

Tout était entre ses mains, maintenant.


Une fois qu'ils eurent quitté la cellule de l'ancien Tsviet, Rufus et Vincent rejoignirent Reeve, Tseng et Elena qui les attendaient à l'autre bout du couloir.

« ... Alors ? » leur demanda Reeve, le ton inquiet.

Rufus haussa les épaules.

- Je pense qu'il a tout intérêt à accepter. Peut-être que de cette manière, il cessera de vouloir anéantir les humains. Il demeure sûrement un psychopathe. Mais j'ose croire que Shiro saurait le conduire sur le bon chemin, au contraire de Restrictor et de Weiss.

Vincent poussa un soupir alors que Rufus était sur le point de repartir avec les Turks.

- Vous faites réellement tout cela pour laver le nom des Shinra ?

Rufus lui adressa un coup d'œil par-dessus son épaule.

- Oui. Enfin... Peut-être que de cette façon, la Shinra cessera d'être diabolisée et saura renaître de ses cendres, de la bonne manière cette fois.

Donc, il y avait toujours l'intérêt de la Shinra qui était en arrière-plan.

Vincent aurait tort de croire que Rufus agissait par altruisme. Tout ce qu'il voulait secrètement était faire revivre son Empire.

Quand bien même il disait avoir appris de ses erreurs.

- Bien. Vincent. Ce fut un plaisir de vous avoir revu en tant que Turk. Reeve, leur adressa Rufus avant de s'éloigner.

Les derniers mots ne manquèrent pas de faire frissonner Vincent.

Un Turk protégeant un Shinra.


Nero relut le document une cinquantième fois.

Il avait beau l'étudier dans tous les sens... Il ne voyait pas l'ombre d'un os. Mais avec la Shinra, il y avait toujours un os.

Nero jeta un œil au stylo qu'il avait en main.

Vous avez tout intérêt à accepter.

Une vie avec Shiro...

Un sursis à son procès... Une échappatoire à son exécution...

Nero relut l'accord.

Il finit par retirer le bouchon du stylo.

A Deepground, lorsque Weiss lui avait confié le pouvoir en son absence, Nero avait été obligé d'apprendre les tâches administratives rudimentaires.

Mais du peu qu'il connaissait sur les contrats et les actes administratifs, tout devait être couché sur papier à titre de preuve.

Autrement, il était facile pour lui de voler ou de se faire voler.

Il n'avait qu'à simplement déchirer l'acte quand il voulait faire preuve de mauvaise foi. Mais à la place, il choisit de jouer le jeu.

Le jeu de Rufus.

Lentement, il commença à écrire. Sa condition.

« Weiss. »

Parce que si Weiss revenait, Deepground n'était pas perdu.

Rien n'était perdu pour eux. Ils ne seraient plus esclaves des humains.

Weiss le sauverait. Il sauverait Shiro aussi.

Alors, Nero pourrait montrer de la patience.

Il jouerait le jeu... jusqu'à ce qu'il retrouve Weiss. Jusqu'au jour où il serait réuni avec son frère bien-aimé.

Jusqu'au jour où Shiro serait définitivement en sécurité...

Nero se plierait à la volonté des humains, quitte à sacrifier sa fierté, le temps que Deepground renaisse de ses cendres.

En bas de la page, Nero signa.


Shiro rêva.

Il rêva qu'il volait.

Il volait au-dessus d'une ville, au-dessus des maisons, des habitants qui allaient et venaient...

Il reconnaissait Junon.

Il reconnaissait Edge au loin.

Denzel, Marlène, Vincent l'y attendaient là-bas... Ses amis l'attendaient là-bas...

Nero l'y attendait aussi sans doute.

Shiro passa près d'un nuage.

Au-dessus de sa tête, le ciel était sombre.

Un bleu sombre, infini...

Il put reconnaître une forme ronde, blanche et lumineuse dans le ciel.

La lune.

Mais... Shiro ne voyait toujours pas les étoiles.

Soudain, une voix l'interpella.

Une voix qu'il ne reconnaissait pas.

Ferme les yeux.

Ce n'était pas Vincent.

« Vous êtes... un ami ? » lui demanda Shiro.

On ne lui répondit pas immédiatement.

... Si on veut. Ferme les yeux.

Shiro voulut demander... demander des détails...

A la place, il obtempéra et ferma les yeux.

Quand il les rouvrit, il fut au sol.

Dans l'herbe, la nuit au-dessus de lui.

Lorsqu'il leva la tête, il vit des points scintillants dans le ciel.

Les étoiles.

Il remarqua qu'il n'était pas seul.

Il tourna la tête à sa droite. Nero était avec lui. Il ne le regardait pas. Ses yeux étaient fixés sur un point particulier dans le ciel.

Il paraissait tellement... paisible.

Mais quand il tourna la tête à sa gauche, Shiro manqua de sursauter, surpris.

Un autre homme était avec lui.

Un homme bien plus grand que Nero, aux cheveux blancs et aux yeux d'un bleu clair. Il était habillé d'un manteau blanc bordé de noir et bleu.

L'homme se tourna dans sa direction et Shiro comprit de qui il s'agissait.

Il ne lui adressa pas un sourire.

Mais dans ses yeux, il put remarquer malgré tout une certaine confusion, teintée d'une tristesse que Shiro ne saurait comprendre.

Mais l'enfant ne posa aucune question.

Il se retourna vers le ciel, se disant qu'il avait peut-être réalisé lui-même la promesse de Nero.

Voir les étoiles ensemble, tous les trois.


Quand Shiro se réveilla... Cela fut pour voir une peluche Moogle devant lui.

Les yeux piquaient, sa vision était brouillée... Il eut du mal à discerner qui était dans la pièce avec lui.

Mais lorsqu'il étudia la peluche avec plus d'attention, il comprit que ce n'était pas la sienne. Mais une autre, plus particulière.

« Coucou. »

Shiro leva la tête vers la petite fille aux cheveux noirs.

Cette dernière lui souriait, enchantée de le voir éveillé.

Lorsqu'il la reconnut, Shiro sentit une chaleur douce envahir son être.

- Lorraine, l'accueillit-il.

- Je suis contente de te voir.

A demain. J'ai hâte.

Elle ne lui en voulait pas. Elle ne lui en tenait pas rigueur pour ne pas être revenu au lieu du rendez-vous.

- Comment as-tu su ? lui demanda Shiro.

Lorraine baissa les yeux vers la peluche Moogle.

Mitsuko. C'était son nom, se rappelait-il.

- ... J'ai entendu des infirmières. Elles ont dit ton nom et... J'ai demandé où était ta chambre.

- Je ne suis pas sûr qu'on te laisse entrer ici si facilement, remarqua Shiro.

Lorraine haussa les épaules.

- J'ai dit qu'on était amis.

Amis...

- N'est-ce pas le cas ? le questionna Lorraine lorsqu'elle remarqua l'expression pensive de l'enfant aux cheveux blancs.

- ... Si. Bien sûr.

Shiro marqua un temps.

- Je suis désolé. Je ne suis pas revenu pour jouer.

- ... Tu paraissais triste.

L'enfant la regarda, confus.

- Triste ?

- J'ai vu que tu dormais, dit Lorraine. Donc, j'ai attendu. Mais... tu paraissais triste. C'était un rêve triste ?

Shiro ouvrit la bouche pour répondre.

Un rêve triste...

Il l'ignorait.

- Je ne sais pas... J'ai juste... rêvé de mon oncle et de mon père. Je n'ai jamais rencontré mon père et peut-être que je ne le rencontrerais jamais. Sauf en rêve, je crois.

Lorraine le dévisagea, une expression indéchiffrable sur son visage.

- Désolé, s'excusa-t-il, comprenant tout de suite pourquoi elle le regardait ainsi. Je... je te parle de mon père que je n'ai jamais connu et qui ne me manque même pas alors que toi...

- Je vais bientôt quitter les quartiers de l'ORM, lui déclara Lorraine.

Oh...

En voyant le visage de Shiro se décomposer, Lorraine baissa la tête.

- Désolée. On s'est vus que trois fois... C'était chouette. Même si c'était court. Celle qui s'occupe de moi va me ramener chez elle. Je ne sais pas combien de temps j'y resterais.

- Pardon. Si j'avais su... j'aurais tout fait pour qu'on joue plus longtemps.

Lorraine le regarda.

- ... Tu sais où tu vas habiter, toi ?

- Non, avoua tristement Shiro. J'ignore où je serais demain.

- Moi aussi. Je n'ai même pas de téléphone. Enfin, je peux demander à ma gardienne de m'en donner un mais...

- Je n'en ai pas non plus.

La petite fille garda le silence.

Ce fut à ce moment-là que la vision de Shiro se brouilla à nouveau. Il ne comprenait pas d'où cela venait.

Pourquoi il...

- Hé, Shiro ?

Lorraine lui rendit son regard. Elle parut... hésiter.

Shiro s'essuya les joues tandis qu'il inhala, exhala à plusieurs reprises.

- Cela te dit : on joue ensemble encore une fois ?

L'enfant aux cheveux blancs sourit à travers les larmes.

- ... Oui. Oui, bien sûr. Cela serait super.

- Tant mieux. Mais avant cela...

Lorraine se rapprocha de lui, le visage sérieux.

- Je peux te prendre dans les bras ?

Shiro la regarda, ne réagissant pas immédiatement.

A part Nero, et peut-être Marlène, on ne lui avait jamais demandé un câlin.

- Oui, bien sûr.

Après tout, les deux ignoraient où ils seraient demain.

Lorraine sourit face à sa réponse et entoura ses épaules de ses bras pour le serrer contre elle. Shiro lui rendit l'étreinte en fermant les yeux.

- Je suis sûre que... Même si c'est un rêve, ton père pense à toi, lui souffla Lorraine, sans le regarder.

Shiro posa sa tête sur son épaule.

- Je l'ignore... Mais j'espère que tu dis vrai.

L'étreinte dura une longue minute.

Et Shiro se surprit à vouloir demander à ce qu'ils restent comme cela plus longtemps.

- ... On joue ? lui proposa-t-il alors qu'il s'essuyait les yeux. Moogle et Mitsuko pour de nouvelles aventures ?

Lorraine sourit avant de prendre sa peluche.

- Je suis prête à jouer, alors.


Ni l'un, ni l'autre des enfants ne remarqua qu'ils étaient observés.

Au loin, Shelke les fixait, l'expression dévastée face à l'image de ces deux enfants qui jouaient ensemble.

Des enfants qui auraient pu être amis dans une autre vie, si les circonstances n'avaient pas été aussi cruelles.


Le jour du départ arriva.

Shiro quittait officiellement l'hôpital.

Installé dans un fauteuil roulant, Shiro avait amassé toutes ses affaires. Ses dessins, ses livres, ses crayons de couleur...

La chambre serait nettoyée sitôt qu'il serait parti pour accueillir quelqu'un d'autre.

C'était étrange... se dire qu'il quittait l'hôpital sans savoir où il irait.

Alors qu'une infirmière passa dans le couloir, Shiro l'interpella avant de fouiller dans ses dessins.

« Oui, petit ? »

Timidement, l'enfant lui tendit quelque chose.

« ... Vous pourriez donner cela à Lorraine ? La fille qui est venue me voir et qui a joué avec cela ? »

Il y avait dix pages de bande dessinée qu'il avait fait à lui tout seul.

Dix pages des aventures de Mitsuko et Moogle. Celles qu'ils avaient imaginé ensemble.

L'infirmière le reçut. Un peu hésitante à première vue, elle finit par hocher la tête, lui adressant un sourire rassurant.

« Je vais voir où je peux la trouver. »

Shiro hocha la tête.

Elle espérait qu'elle ne soit pas déjà partie.

Et que, de cette façon, elle ne l'oublierait pas.

Parce que l'enfant le savait. Shiro ne l'oublierait pas.

Au même moment où l'infirmière quitta sa chambre, la personne qui venait le chercher entra dans la pièce.

Shiro se retourna et lui sourit, tendant les bras pour un câlin.

Nero s'avança et l'étreignit fortement.

« Tu m'as manqué », lui souffla l'ancien Tsviet.

Shiro hocha la tête.

- Toi aussi, Papa Nero.

- Tu n'as rien oublié ? Tu as toutes tes affaires ?

- Oui.

- Bien. Alors, allons-y.

Nero se plaça derrière le fauteuil roulant de Shiro. Avec facilité, il le poussa devant lui, passant la porte de la chambre pour se diriger dans le couloir.

Alors que Shiro se laissait pousser, il demanda à Nero :

- Où est-ce qu'on va ?

Nero haussa les épaules.

- Je l'ignore autant que toi, répondit-il vaguement. Je suppose que cela sera notre maison. Pour un temps, du moins.

Shiro contempla le dessin qu'il avait fait avec Marlène et Denzel.

Donc, ils ne retourneraient plus là-bas... dans leur ancienne maison...

C'était un souvenir, à présent.

- Peu importe, déclara son oncle. L'essentiel est que, peu importe où on ira, on reste ensemble. C'est le plus important, non ?

Shiro hocha la tête.

Son oncle avait raison.

- Oui. Je suppose.

Ils n'eurent pas besoin de parler davantage.

Ensemble, ils n'avaient jamais réellement eu besoin de mot.

Ils quittèrent ensemble l'hôpital de l'ORM, sans savoir ce qui les attendait à l'extérieur.

Leur nouvelle vie.